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Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.

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 [MAXYM & FELIX - UA] Aime-moi comme je t'aime.

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MessageSujet: [MAXYM & FELIX - UA] Aime-moi comme je t'aime.   [MAXYM & FELIX - UA] Aime-moi comme je t'aime. EmptyJeu 5 Juil 2018 - 6:22


Les lèvres pincées, le regard plein de larmes, tu attends sa réponse, la nuque offerte, le menton en contact avec ta poitrine dans une attitude de soumission qui pourrait te dégoûter de toi-même s'il n'y avait pas ces mots à l'autre bout du fil pour briser tout ce qu'il te reste d'espoir : J'peux pas. Ton corps glisse, s'affaisse contre la bibliothèque qui grince pour accompagner ta chute. Isaak Coalman mis à terre par le refus d'un gitan de lui ouvrir son cœur. Voilà, même Shakespeare doit se retourner dans sa tombe de voir un drame se terminer de cette manière. Le téléphone, ce moyen de communication des temps modernes. Avant, on se disait que l'on ne s'aimait plus droit dans les yeux. Toi qui ne connais l'amour que par le biais de la littérature, te voilà réduit à l'état de personnage que l'on sacrifie pour la passion des lecteurs. Le plus triste dans tout ça ? Qu'il n'y ait que Chad et toi pour s'émouvoir de cette tragédie. Toi plus que lui, apparemment.

Quelque chose se brise. Ce ne peut être ton coeur, puisque ce dernier est réduit à l'état de purée gluante qui s'écoule à travers tes parois intercostales. Plus certainement ta confiance en toi et toute celle que tu avais placé dans ce lien si particulier, si fort et pourtant si faible, trop fragile pour résister à un mois de silence. Lorsqu'il te demande si tu le plaques, l'heure n'est même plus à t'en vouloir de ne pas avoir pu appeler plus tôt. Il n'y a plus de remords ni de regrets, juste le vide intersidérale qui te happe comme un trou noir et te perd au milieu de nulle part, là où la lumière n'existe plus, où le bureau dans lequel tu te trouves se désagrège pour te laisser seul et creux, un vrai fantôme perdu dans l'au-delà. C'est toi qui me quitte, Chad. Ta voix se brise sur le bip que fait la tonalité au moment où tu raccroches, asphyxié par la douleur, liquéfié par la peine, anéanti par la perte.



* * * 2 ANS PLUS TARD * * *


14 février 2021 - Manderley Bar ; CHELSEA (New York City)

La salle est pleine de touristes et d'amoureux venus prendre un verre pour célébrer la Saint Valentin avant de se rendre au restaurant ou de rentrer s'isoler dans le cocon familial. Assis au piano, la silhouette en contre-jour, tu joues sans te soucier du regard d'autrui. Il y a bien longtemps que la presse ne parle plus d'Isaak Coalman. D'ailleurs, pour les habitués du bar, tu n'es qu'Isaak et seulement Isaak. Dehors, la neige tombe à gros flocons. Cela fait plusieurs semaines qu'elle parasite la ville et crée des problèmes de circulation mais, ce soir, tous les New Yorkais semblent plus enclins à faire preuve d'indulgence envers la municipalité. On s'aime, on se tient la main, on se dit des mots doux pendant que la mélodie que tu joues n'a jamais été aussi triste. A la fin du morceau, la salle applaudit ; standing ovation à laquelle tu réponds modestement, saluant sans rien dire avant de retourner en coulisses où d'autres musiciens attendent pour prendre le relais. Comme à chaque fois, le patron insiste pour te payer un verre que tu refuses poliment, prétextant que tu préfères rentrer chez toi, dans ton modeste appartement de Broolyn, à deux pas du métro que tu prends, le nez recouvert d'une écharpe, la main gantée et accrochée à la barre du plafonnier.

Dans la rue, les vitrines des magasins illuminent ton profil de couleurs rougeoyantes. Des coeurs, des chandelles, des bouquets de roses ... New York déborde d'amour quand ton coeur à toi est aussi froid que la neige craquant sous tes pas. Mains dans les poches, pianiste anonyme, tu t'efforces de ne penser à rien, comme tu t'y étais efforcé l'année précédente. La date est aussi symbolique que douloureuse pour ta mémoire qui ne bénéficie plus ni d'alcool ni de drogues pour s'anesthésier. Depuis cette cure de désintoxication, tu n'as cessé d'être clean. Peut-être pour ne jamais oublier tout le mal ressentit là-bas, peut-être aussi pour pouvoir revendre tes parts de l'entreprise et choisir de quitter Manhattan en même temps que ta vie de millionnaire. Lorsque tu pousses la porte de ton logement, rien ne laisse deviner qu'une partie de ta fortune dort sagement à la banque, boudée, reléguée au rang de poison auquel tu ne veux plus toucher si ce n'est pour payer le loyer quand tes concerts ne rapportent pas assez. Maurice, le chat retrouvé dans les poubelles, s'approche pour se frotter à tes jambes. Tu l'attrapes et le câlines en silence tout en avançant jusqu'à la cuisine. Le frigo est vide : tu as oublié de faire les courses. Bouge pas matou, je vais nous chercher une pizza.

Plutôt que de te la faire livrer par ce temps dangereux pour les scooters, tu préfères descendre au coin de la rue et attendre dans le froid qu'on te la serve. La cigarette reste ton seul vice, c'est pourquoi tu attends ta commande à l'extérieur, le col relevé, les épaules basses, l'esprit tourné vers nul part, envisageant vaguement de regarder un film sur le canapé en rentrant. Ce soir est comme tous les soirs, finalement : triste et solitaire.
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MessageSujet: Re: [MAXYM & FELIX - UA] Aime-moi comme je t'aime.   [MAXYM & FELIX - UA] Aime-moi comme je t'aime. EmptyJeu 5 Juil 2018 - 13:59





JUSTE LA FIN
DU MONDE





La nuit tombe sur la ville comme un voile délicat, laissant les lampadaires prendre le relais sur le soleil faible de l'hiver. Chad enfile son bonnet, garde sa tenue de travail bleue alors qu'il salue une dernière fois ses collègues en balançant quelques blagues sur le fait de devoir rentrer retrouver leur femme et leur vie de famille. Certains se plaignent de la bouffe, d'autres de leur vie sexuelle et le reste des mômes tandis que le colosse se contente de répondre mollement sans se mêler à la conversation. Il ne veut pas réduire Irène à l'état de mère au foyer qui ne mérite pas le respect de son mari. Ce que ces types ne savent pas, c'est qu'il lui doit la vie. Elle était là, elle n'a jamais cessé de l'attendre et de le soutenir après la perte d'Isaak. Il se souvient être resté dans la voiture, gelé, les larmes au bord des yeux, trop choqué pour réagir, trop blessé pour se redresser alors que le froid commençait à rougir ses doigts et son nez. Elle était apparue au milieu de la neige tel un ange, le regard compatissant. Elle s'était lovée contre lui, amoureuse inquiète jusqu'à ce qu'il lui déballe tout. Cela lui avait demandé un effort surhumain mais vivre avec ses sentiments lui semblait impossible. Alors Chad s'était exorcisé, mis fin au bail de son amour pour Isaak pour l'expulser sans préavis.
Si Irène n'avait pas insisté pour quitter leur monde, certainement qu'il se serait laissé broyer par ses semblables.
Elle est sa sauveuse.

Cette sauveuse qu'il aime dans toute sa retenue. Plus pudique et réservé qu'avant encore, ses pas traînent dans les rues tandis que l'obscurité l'encercle d'une douceur qui le réconforte. Le nez plongé dans son écharpe, les mains au fond de ses poches, les néons des magasins éclairent ses traits, mettent en avant la douceur fade de ses traits. Chad n'est plus le même, déjà qu'il manquait de vie quelques années plus tôt aujourd'hui, il est si calme qu'il en deviendrait inquiétant. Ses amis ne cessent de lui demander s'il va bien, de le ramener à la réalité tandis qu'il se perd dans des songes dont seul lui connaît les formes. Ses pensées froides se bousculent soudainement alors que le visage d'Isaak transperce la nuit de sa présence. Le colosse serre ses poings dans ses poches, partagé entre la joie de le voir et la tristesse de ses blessures. Les longs mois qui avaient suivi après son coup de fil sont un enfer dont il garde encore la brûlure.

Si Irène était avec lui, elle trouverait les mots juste pour l'empêcher de s'en approcher. Elle le tirerait par le bras d'une voix brisée et lui céderait pour ne pas la blesser. Mais ce soir, alors qu'elle l'attend pour leur saint valentin, qu'eux aussi ce sont transformés en citoyens et consommateurs modernes, Chad met en péril son bouclier. Ses pas lents s'arrêtent à quelques centimètres de lui. Entre son bonnet et son écharpe, seul son regard trouve sa place à travers les couches de tissu. Toutes les lumières de la ville semblent refléter dans ses pupilles, mettre en avant la fatigue cruelle incrustée sur ses traits. Il a ces airs de soldat fatigué ayant traversé la guerre. Une guerre sournoise qui ne s'arrête jamais vraiment et dont le volcan gronde déjà.
Vous n'auriez pas une clope par hasard ?
Sensation de déjà-vu.
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MessageSujet: Re: [MAXYM & FELIX - UA] Aime-moi comme je t'aime.   [MAXYM & FELIX - UA] Aime-moi comme je t'aime. EmptyJeu 5 Juil 2018 - 17:20


Le temps a cette capacité étrange à se distordre, tu t'en rends un peu plus compte chaque jour. Il y a deux ans, les minutes étaient des heures, les heures des jours entiers de souffrance et de tourments. Tout à l'heure, face au piano, les secondes n'existaient plus ; elles s'envolaient au gré des notes, légères, libératrices, comme souvent lorsque tu joues. Dans le métro, l'horloge avait accéléré au point de manquer de te faire rater ta station, t'obligeant à sortir de tes pensées pour sauter sur le quai avant que les portes ne se referment. Sur ce trottoir, tandis que tu bouscules la neige du bout du pied, la clope au bec, le regard vague, le temps semble s'arrêter.

Il y a d'abord ces autres chaussures que les tiennes qui apparaissent dans ton champ de vision, puis cette voix venue d'une autre vie et, pour finir, ce regard pour lequel ton monde vacille. Une fraction de seconde ce n'est rien à l'échelle d'une vie et, pourtant, il n'en faut pas plus pour tout remettre en question. Ce qui est valable pour les accidents de voiture l'est aussi pour les rencontres. Un instant vous êtes là, tranquillement perdu dans vos pensées, transit de froid et de solitude ; celui d'après, vous voilà au Mexique, gêné par la chaleur de vos joues qui s'embrasent, le corps en émois de sentir cette présence aussi familière qu'intimidante. Silencieux, tu l'observes un long moment sans rien répondre, la clope se consumant sans t'attendre au bout de tes doigts. Quelque chose grossit dans ta poitrine, compressant tes poumons contre tes côtes, réduisant subtilement le débit de ta respiration qui reste malgré tout calme, mesurée, panachée de vapeur à chacune de tes expirations. Bien sûr. Lourds de dix tonnes, tes bras se mettent en action pour sortir le paquet de cigarettes et le tendre à Chad. Il n'y a qu'en coupant le contact visuel que tu parviens à redevenir efficace, trouver le briquet et l'allumer pour le lui proposer en même temps que ses lèvres se referment sur le filtre.

Dans ton dos, la pizzeria est quasi déserte. Quelques New Yorkais patientent devant le comptoir en attendant leur commande à emporter tandis que tout le reste de la ville semble attablé dans des lieux plus romantiques, aux éclairages plus tamisés et plus intimistes. Ici, dans la lumière bleutée du réverbère qui domine la devanture, il n'y a personne d'autre que toi pour attendre dans le froid. Tu te sens seul face au passé, seul face à ce fantôme qui revient te hanter par le plus grand des hasards ; en témoigne sa tenue qui te laisse supposer qu'il rentre du travail. Pris dans la mélancolie, tu t'en grilles une autre et reprends ton jeu de pied avec la neige, relevant un peu plus ton col comme pour te protéger des températures nocturnes mais surtout des souvenirs qui refont surface. Ton cœur se préserve, ton visage est neutre, il n'y a ni rancœur ni sourire, seulement des coutures qui craquent à l'intérieur de toi comme craque le tabac incandescent chaque fois que tu en aspires la fumée sans plus chercher à croiser son regard.

Étrange comme le temps reste une notion abstraite. Le voilà qui redevient plus traînant qu'il ne l'a jamais été, plus lent encore que tous ces mois passés dans le fond du trou, à ne plus vouloir en sortir, à ne plus te battre pour revenir à la surface.
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MessageSujet: Re: [MAXYM & FELIX - UA] Aime-moi comme je t'aime.   [MAXYM & FELIX - UA] Aime-moi comme je t'aime. EmptyJeu 5 Juil 2018 - 18:34






JUSTE LA FIN
DU MONDE





Les clopes, il les lui tend sans faire de vagues. Derrière les quelques personnes défilent pour venir chercher leurs pizzas et sont témoins sans le savoir de deux ans de silence. La plupart son seuls, certainement célibataires, un peu blasé par ce genre de fête qui leur rappelle leur situation. Lui ça fait bien longtemps qu'il est en couple maintenant et il a prévu de la demander en mariage c'est pour ça qu'il a rien dans les mains. Pas de bouquets, pas de grosses peluches ; juste une boîte avec une bague à l'intérieur. Un je t'aime dans un bijou d'une valeur qu'il ne compte pas. Chad se saisit du paquet, le sang dans ses bras ne circule plus bien et ses mains se figent mais il lutte pour ne rien laisser paraître d'évident, de fort en émotion. Il s'imagine deux ans plus tôt derrière son téléphone à l'entendre raccrocher sans lui laisser le droit de s'expliquer, de lui dire combien il lui manque, à quel point il peut faire une bêtise s'il ne revient pas très vite. Il n'y a que maintenant qu'il se rend compte du chantage affectif que cela aurait donné, heureusement qu'il avait eu l'audace de se taire pour ne pas l'inciter à rester par pitié. La clope, donc, le colosse se concentre dessus, sort de sa poche son propre briquet pour l'allumer. Ses vêtements sont sales, un bleu de travail informe qui lui va quand même bien au teint. Sous sa veste bûcheron (la même qu'il avait cette nuit là) un t shirt au nom de l'entreprise écrit en gros. Un rat souriant imprimé avec rat reapers exterminators écrit sur son ventre. On lui a pas laissé le choix en sortant de prison, c'était ça où il y restait encore. Irène ne lui a pas laissé le choix, a cherché un boulot elle aussi pour les sortir de là. Leur appartement est grand mais l'isolation mauvaise. Il y fait froid et les factures d'électricité les font crouler de dettes. C'est pour ça qu'il sort si tard du travail, il enchaîne les heures supp pour venir à bout des mois difficiles, dératise toujours plus d'appartements et de locaux où la crasse entreposée est à vomir.

De sa place, il l'observe fumer sa clope, s'imagine quelques années plus tôt le trouver beau et charismatique. Rien n'a changé aujourd'hui si ce n'est ce coeur qui tombe à la renverse dans son corps, qui coule mollement entre ses organes sous la chaleur des souvenirs. Chad tire sur sa cigarette, lui accorde un regard sans savoir ce qu'il est venu faire jusqu'ici. Il avait peut-être des choses à dire, il y a pensé souvent après son appel mais n'a jamais eu les couilles de le rappeler. Alors, il se contente de lui faire des reproches en silence. Son regard navigue sur le comptoir à pizza derrière une vitrine parce qu'il pourrait jurer qu'un regard de lui suffirait à le faire retomber dans ses filets. Il a tellement aimé Isaak que la brutalité de ses mots lui avaient endormi le coeur. C'est à cause de lui que depuis, il aime Irène mais d'une lenteur impardonnable, d'une faiblesse symbolique. Depuis que le bip du téléphone a résonné dans son oreille, le coeur de Chad ne s'est jamais réveillé mais il suffirait de presque rien pour laisser Coalman lui endormir les sens et réanimer le reste.

Il ne parle pas, il a trop mal.
Ses mains absorbent toutes les tensions de son corps ce qui rend ses gestes plus lents et tremblants mais il peut mettre ça sur le dos du froid. Ses épaules sont lourdes, elles le font souffrir.
Il fume mais c'est lui qui se consume.
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MessageSujet: Re: [MAXYM & FELIX - UA] Aime-moi comme je t'aime.   [MAXYM & FELIX - UA] Aime-moi comme je t'aime. EmptyJeu 5 Juil 2018 - 21:10


Tout le paquet pourrait y passer pour que dure cet instant autant que ne se brise jamais ce silence. La bouche occupée, il devient plus légitime de ne pas parler. Paumé dans le tourbillon de tes souvenirs, tu hésites à t'en griller une autre où à rentrer à l'intérieur sans ajouter un mot. Tant que rien n'est dit, vous restez deux inconnus dont l'un offre un peu de mort express à l'autre ; rien de bien original, rien de bien perturbant. Tant que rien n'est dit, rien ne se brise, ni ta vie, ni le calme exaspérant de cette dernière depuis que tu as raccroché à de tout ça.

Ça : ce monde de strass et de paillettes, de fric et de champagne, de putes et de bagnoles. Celui de l'entreprise, du paraître, du mensonge et de l'hypocrisie. Tout cet univers qui n'existe plus mais qui reprend forme en la personne de Chad, posté à tes côtés, tremblant de froid, comme toi. Il t'aura fallu plus d'un an pour t'en remettre, en surface, tout du moins. Puis encore 6 mois pour te convaincre que la vie continue, que l'on survit à tout ce qui n'achève pas le corps. L'esprit en miette, le coeur en lambeaux, mais la carcasse toujours présente, opérationnelle pour respirer, manger, dormir, observer le monde en silence et se contenter d'exister, faute de réussir à vivre vraiment. Pas de job alimentaire, seulement quelques concerts et de la composition. Pour des films, des pubs, des séries : du boulot de presque rien, apprécié parce que nourrit de la tristesse qui ne t'a jamais réellement quitté, accrochée à toi comme une tique à un chien. Quelques rencontres également, loin de la foule déchaînée (héhé) de jadis : un guitariste en tournée qui s'appelait Tobias, un militaire en permission qui s'appelait Andrew. Jamais plus d'une nuit, pour tromper la solitude de l'un comme de l'autre. Une bande de potes aussi, rencontrés au bar, revus à quelques occasions, sans jamais réellement intégrer ce cercle faute de confiance en autrui, de facilités à te confier où à réconforter les autres comme le ferait un véritable ami. Des visites sur la tombe Nelson, enterré dans un cimetière à l'autre bout de la ville et un ultime voyage en Italie pour dire au revoir à cette famille qui n'en est plus une depuis que la maison a été rachetée par un riche propriétaire français. Une existence sans vagues et sans remous, comme un sommeil sans rêves duquel l'on oublie de se réveiller, dans lequel on se complait sans voir les mois passer, le sablier se vider grain de sable après grain de sable.

On frappe contre la vitre, tu sursautes et tournes la tête en direction du gérant qui te tend un carton en échange duquel tu lui donnes un billet sans attendre la monnaie. Dans tes mains, la chaleur de la pizza dont la moitié de la garniture sera pour le chat. Il est temps de partir, plus rien ne justifie que tu restes planté là. Observant le logo du restaurant sur la boite fumante, tu renifles puis remontes ton écharpe, prêt à retourner chez toi lécher les plaies à vif de toutes ces sutures qui viennent de sauter dans le silence indifférent de cette nuit qui promet d'être peuplée de cauchemars. Bon ... Tu redresses le regard, accroches le sien sans y être préparé. Je ... Tu ? Joyeuse Saint Valentin. Sourire contrit, tête rentrée dans les épaules. Il y a dans cet au revoir un relent de nouvel an qui réduit tes jambes à l'état de coton, leur donne bien du mal à se mettre en mouvement. A nouveau, le temps s'arrête et il devient impossible de quitter le rayon étourdissant de ses yeux bien trop bleus pour cette nuit sans étoiles. A croire qu'elles te boudent, déçues de tes choix et de cette existence que tu t'imposes sans plus savoir si elle te plait ou non, anesthésié par la routine et la solitude qui, peu à peu, ont eu raison de ta fougue. Ne reste plus qu'une déglutition difficile et une bouche entre-ouverte, incapable de dire quoi que ce soit, ni pardon, ni reproches, ni même que malgré la tourmente, ça t'a fait plaisir de le revoir.
Il à l'air d'aller bien, c'est le principal.
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MessageSujet: Re: [MAXYM & FELIX - UA] Aime-moi comme je t'aime.   [MAXYM & FELIX - UA] Aime-moi comme je t'aime. EmptyJeu 5 Juil 2018 - 21:50







JUSTE LA FIN
DU MONDE





Le regard d'Isaak est un cimetière et Chad marche au milieu de ses tombes. Elles sont toutes là, les une après les autres, pas de fleurs, pas de plaques, seulement des noms inscrits dessus. La première se nomme 'dignité', la seconde 'confiance', la troisième 'trahison' et ainsi de suite, jusqu'à peupler toute une âme et détruire celle du colosse qui tire sur sa clope pour ne pas s'écrouler. Du temps à ne rien dire c'est aussi du temps pour se préserver. Il sait qu'une fois que l'un d'eux brisera le silence, il faudra partir, accepter de décrocher, encore. Non, de raccrocher, comme cette dernière fois de derrière un téléphone qui lui avait donné suffisamment de courage pour le laisser seul dans sa voiture. Chad n'aurait jamais coupé court à la conversation si Isaak ne l'avait pas brusqué dans ses confidences, s'il n'avait pas seulement pensé à Irène et aux possibles trahisons que cela pouvait générer.

Et puis, ce qu'il n'attendait pas arrive, fend l'air d'une violence qui pourrait le couper en deux lui aussi. Ses tripes par terre à se laisser piétiner par les passants qui traversent le trottoir sans se soucier d'eux et de leurs rancoeurs communes. Il s'attendait à un au revoir froid, à de la condescendance, à une réaction sale qui fait mal mais celle d'Isaak est seulement assassine.
Joyeuse saint valentin.
Avec la simplicité d'un homme qui s'adresse à un inconnu plus par politesse que par envie. Chad avale la fumée de sa cigarette de travers et se met à tousser. Elle quitte ses poumons et son nez mais ça ne suffit pas. Un instant et il croit devoir vomir sur ses chaussures mais se reprend. Les joues rosées, le regard perdu, la ville ne lui dit pas quoi faire, la nuit ne lui donne pas de conseils. Il est seul. Avec une bague dans le sac. Une alliance qui existe dans l'unique but de lier Irène à lui pour la vie. Bientôt, elle prendra son nom de famille, lui rendra honneur alors que lui n'a fait que le salir, l'abîmer de sa bêtise flagrante. Ses yeux se perdent sur la pizza, l'observe trop longtemps comme si c'était elle la fautive. De sa faute s'il s'en va, quelle idée d'être déjà prête alors que lui vient à peine d'arriver. Et puis pourquoi ils n'ont pas terminé cinq minutes plus tard avec les gars ? pourquoi il a pas déconné un peu plus longtemps pour pouvoir l'éviter ?

Tu m'as jamais dit. Ses yeux se plantent dans les siens, soutiennent son regard. Il n'y a pas de haine, pas de colère dans sa voix, seulement de la curiosité, un besoin maladif de savoir pour faire taire ces questions éternelles qui commencent déjà à dégeler à son contact. Il avait mis des mois à les glacer pour ne plus ressentir leur effet mais tout revient à vitesse grand v. Il se rend compte que tout ce travail sur lui-même n'est qu'une tragédie de plus, un échec cuisant de sa part. Il croyait s'en être libéré. Pourquoi t'as fait ça ? Le quitter, lui reprocher d'être avec quelqu'un sans essayer de comprendre alors qu'ils savaient tous les deux que ce serait difficile. Pourquoi il lui a dit des mots sur le rebord de la piscine s'il les pensait pas ? Pourquoi ils sont pas ensemble, là, à se tenir la main et fêter la saint valentin alors qu'il aime personne d'autre plus que Lui ? Pourquoi s'être débarrassé de lui s'il en était amoureux ? Enfin, non, Chad avait du se faire des idées dans cette grande villa. C'est qu'elle était belle cette baraque, tellement immense qu'elle rendait tout plus joli alors dans les paroles d'Isaak il a cru entendre des je t'aime mais maintenant que ça lui revient, dans les détails, il n'y a rien eu de tout cela.
La voiture lui revient en tête.
Aime-moi comme moi je t'aime.
De loin et en te quittant par téléphone. Merci et au revoir.
Il avait pas compris ce jour-là que ces mots voulaient dire ça mais il a bien retenu sa leçon maintenant.


Dernière édition par Maxym Twist le Jeu 5 Juil 2018 - 23:31, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [MAXYM & FELIX - UA] Aime-moi comme je t'aime.   [MAXYM & FELIX - UA] Aime-moi comme je t'aime. EmptyJeu 5 Juil 2018 - 22:52


Ton pied se prend dans le file, le piège se referme autour de toi. Des questions, voilà tout ce que tu récoltes en retour. Essayer d'être courtois n'y change rien, Chad reste cette brute qui ne peut s'empêcher de mettre les pieds dans le plat. Pendant quelques secondes, ta lèvre inférieure se met à trembler, puis tu te reprends, inspires le plus profondément possible pour te donner du courage.

Contrairement à lui, tu n'as jamais cherché à savoir pourquoi. Pourquoi il t'avait remplacé par une femme. Pourquoi il n'était plus capable de te dire qu'il t'aimait alors que tu te serais contenté de ces quelques mots pour trouver la force d'essuyer les deux semaines d'internement qu'il te restait à subir avant de le rejoindre et de mettre les choses au clair, de poser des conditions, des règles, tout ce qui fait qu'un amour dure dans le temps. Après t'être effondré contre la bibliothèque, vaincu par la cruauté de sa sincérité, de ce " j'peux pas " meurtrier, le rappeler et lui demander pourquoi était au dessus de tes forces. Pas après qu'il ait retiré son amour de la table comme on reprend ses jetons au casino. Peut-être que cette fille représentait une plus grosse mise que toi. Peut-être qu'elle suçait mieux où était moins fatigante. Il fallait au moins ça pour qu'il décide de la suivre elle plutôt que toi, comme il l'avait dit dans la piscine. Mais, au fond, quelle importance de le savoir ? Les faits n'auraient pas changés pour autant : solitude, enfermement, privation du seul lien d'affection important à tes yeux. Il n'y avait qu'à se laisser couler, quelle qu'en soit la raison, et lui reprocher d'en aimer une autre n'aurait pas fait taire la douleur.

Une douleur si vive, si cuisante, qu'elle refait surface et t'oblige à détourner le regard. Si tu ne lui en veux plus de ne pas t'avoir attendu, tu ne peux le regarder dans les yeux sans avoir envie de pleurer. C'est pas le soir pour parler de ça. Pleurer à la Saint-Valentin : cliché. Même le manque de dignité affective a ses limites. Va la rejoindre, si t'es encore avec elle. Donne de l'importance à ton choix et laisse-moi tranquille, tu m'as fait suffisamment de mal comme ça. Le corps plus lourd que du plomb, tu le contournes et amorces un départ plein d'une souffrance que tu croyais anesthésiée. Chaque mouvement est douloureux, preuve que ce qu'ordonne la tête ne convient pas à au corps. Dans ton dos, un élastique se tend, te retenant à lui, ralentissant tes pas au fur et à mesure que tu t'en éloignes, comme si la force de ce qui vous unissait jadis tirait de son côté de la corde pour t'empêcher de disparaître. Tu lui avais promis de ne pas le laisser tout gâcher mais n'avais pas été à la hauteur de cette promesse. Trop affecté, trop amoureux, trop sensible aussi ; incapable de protester, tout juste bon à te fermer comme une huître sur laquelle il avait presser le citron de son détachement. Ce soir, tu te dois d'être plus fort que tes sentiments, de ne pas lui laisser une fois de plus l'opportunité de ruiner ta vie en choisissant de vivre la sienne sans toi. Il ne te reste plus assez de choses à perdre pour survivre à un nouveau " j'peux pas ".
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MessageSujet: Re: [MAXYM & FELIX - UA] Aime-moi comme je t'aime.   [MAXYM & FELIX - UA] Aime-moi comme je t'aime. EmptyVen 6 Juil 2018 - 0:04








JUSTE LA FIN
DU MONDE





C'est pas le soir pour parler de ça.
De ça, pas le soir pour parler de ça. Isaak parle de lui comme s'il n'était rien qu'un chewing-gum qui colle sous la semelle. Il met un mot sur leur histoire comme si c'était la chose la plus embarrassante qui existe et son regard tombe immédiatement sur ses pieds. Ses doigts pincent l'arrête de son nez pour calmer ses nerfs, ravaler ses larmes et prendre le temps de finir sa clope ici. Il ne le regarde même pas partir parce qu'il n'en peut plus des départs précipités, des fuites qui ne laissent rien derrière elles, même pas d'espoir. Chad a bien enregistré. Deux ans à espérer après un type qui se fiche de lui, c'est douloureux mais au moins, à partir de maintenant, il se sent apte à panser ses plaies correctement. Il s'y prenait tellement mal jusqu'à ce soir qu'il s'en veut d'avoir été aussi bête. Tous ces mois à négliger Irène qui l'aime réellement. Tout ce temps à se dire que ça ne peut pas être foutu. Toutes ces heures gâchées à vouloir se reconstruire dans des bras qui le rejettent d'un regard dur.
Pas le soir pour parler de ça.
Bien alors, il ne l'embarrasse plus de ça, ramène tous ses sentiments en boule dans ses bras pour les porter avec lui. Ils sont comme de vieux chiffons que l'on ne veut plus et qu'on recycle. Chad prend tout, ne fait pas le difficile, il y a l'amour d'Isaak au milieu, qu'il vient de cracher dans un ça devant une pizzeria parce qu'il ne mérite pas mieux. Même pas un semblant de respect.
Après tout c'est pas grave, un premier amour à la poubelle, y a pire. Pas de quoi en faire une montagne. Remets-toi Chad.

En rentrant, il doit y avoir quelque chose de différent sur son visage, des particules en plus ou moins, qu'est-ce qu'il en sait. Tout ce qu'il voit, c'est qu'Irène le remarque immédiatement et se met à pleurer comme si elle savait que son homme en aime un autre plus qu'elle. Comme si elle craignait de finir seule parce qu'après des mois à se promettre de ne pas trop s'attacher, elle se retrouve finalement plus amoureuse que jamais. Sur le canapé, Chad pose son regard sur sa nuque alors que ses cheveux attachés plongent sur son épaule. Il hésite un instant et s'approche d'elle. Dans sa main, l'alliance, il accepte de passer le cap alors qu'Isaak vient de l'abandonner une nouvelle fois devant cette pizzeria qu'il ne peut déjà plus voir en peinture. Il se met à genoux, le regard compatissant et tellement désolé d'avoir un grain. Sa main se pose sur son ventre gros de huit mois de grossesse alors qu'il lui offre un baiser. A l'intérieur un mini Chad-Irène dort tranquillement dans sa bulle.
Jamais d'enfant, c'est le discours qu'il avait tenu pendant de longues années jusqu'à ce que sa compagne lui annonce sa grossesse et qu'il ne sache se résoudre à la faire avorter. Savoir qu'un organisme est en train de se développer avec une part de sa génétique le fait frissonner, l'effraie autant que cela le fascine.
Un enfant.
Chad Graham, le taulard, bientôt papa.

[...]

Ses larmes ne cessent pas alors que les urgences bondées se fichent de savoir que son bébé pleure depuis des heures à cause d'une fièvre carabinée qui ne passe pas. Irène lui a dit de venir et de lui donner des nouvelles pendant qu'elle bosse de nuit dans une maison de retraite où elle ne peut se permettre de manquer à l'appel. A l'entrée, la porte ne cesse de s'ouvrir et se fermer tandis que le poupon pleure toujours plus fort. Les larmes de Jack semblent intarissables alors que Chad le tient fermement contre lui. Son coeur de père impuissant et brisé bat mollement tandis que ses lèvres se posent sur son front brûlant pour tenter de le calmer. Le grand colosse se sent tellement bête, là, débutant dans son rôle de père. Ses grosses mains cachent dans son entièreté le visage de sa petite tête blonde emmitouflé dans sa couverture en pilou. Les yeux rouges de fatigue, il doit être trois heures du matin et ses jambes commencent à sérieusement lui tirer après une journée de travail. Personne ne lui propose un siège, certainement qu'il n'inspire pas confiance avec sa tignasse décoiffée et son regard perdu.
La porte s'ouvre, un nouveau courant d'air les traverse.
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MessageSujet: Re: [MAXYM & FELIX - UA] Aime-moi comme je t'aime.   [MAXYM & FELIX - UA] Aime-moi comme je t'aime. EmptyVen 6 Juil 2018 - 1:04


- Isaak !
- Ca va.
- Qu'est-ce que ... Appelez les secours !
- Ca va je te dis.
- Mais tu saignes et tu ... tes mains !
- Me touche pas !

Titubant, le nez en sang, la chemise arrachée et les mains anesthésiées par la douleur autant que par l'alcool qui coule dans tes veines, tu repousses le bras du saxophoniste qui tente de te servir d'appui. Les types sont partis depuis plus d'un quart d'heure maintenant. Des casseurs de pédés, vingt ans à peine, probablement du Bronx ou d'un autre quartier craignos où les pianistes alcoolisé et en larmes deviennent des proies faciles, des mecs auxquels il faut faire payer d'aimer la queue plus que les chattes. Tu n'avais rien demandé à personne, ton verre à la main, adossé au mur de la ruelle derrière le bar dans lequel tu étais venu jouer ce soir. Tu voulais juste qu'on te foute la paix, qu'on te laisse retomber dans l'alcool et pleurer tranquille d'avoir une fois de plus repensé à ce 14 février maudit. C'est toujours la même histoire depuis ce soir là : impossible de sortir d'une représentation sans avoir la gorge nouée et l'estomac retourné. A croire que même la musique ne t'est plus d'aucune aide, qu'il n'y a plus rien de sain pour oublier le vide qui te happe de l'intérieur et le broie du matin au soir. L'enfer recommence, identique à celui de 2019, peut-être même en pire. Des nuits entières passées à mouiller l'oreiller, sans parvenir à trouver le sommeil ; d'où les concerts de nuit, pour tuer le temps. Chaque fois la même histoire : l'illusion de penser à autre chose, puis le retour violent à la réalité d'une vie qui n'a plus de raison d'être, existence gâchée de bout en bout. Les toilettes étaient occupés, il n'y avait que la rue pour cacher tes yeux rouge et ton nez qui coule. Un seul verre de whisky aura suffit à te rendre trop saoul pour te défendre, prendre la fuite ou appeler au secours.

- Isaak, s'il te plait, laisse-moi te conduire aux urgences. Ton corps rendu chancelant par l'alcool refuse de coopérer, se débat, mais les forces te quittent au fur et à mesure que la douleur se réveille. Ces petits cons ont bien compris que le plus intéressant à casser chez la pédale que tu es sont tes mains. Je vais chercher la voiture. Tu te retrouves entraîné de force à l'hôpital, un mal de crâne pas possible et le cœur qui palpite dans chacune de tes phalanges. Fractures, c'est évident au vue de l’œdème.

Arrivé là-bas, tu refuses qu'il t'accompagne, lui dit que tu as de quoi payer les frais d’hôpitaux et les chirurgies si nécessaire, qu'il n'a plus à s'inquiéter pour toi. A contre-cœur, il te laisse sur le trottoir où tu soupires lourdement, les joues salies de sang et de larmes. Il te faut encore quelques minutes à faire le point pour te recentrer et pousser la porte sans en toucher la poignée. Comme c'était à prévoir dans une ville immense comme New York : le hall est bondé. Ivrognes, SDF, fêtards, peut-être même des criminels et puis tout le reste de ce que la ville compte de citoyens en mauvais état, pour des raisons dont tout le monde ce fout puisque chacun est enfermé dans sa détresse, ici. Un peu perdu, tu t'avances jusqu'au bureau des admissions et réponds aux questions que l'on te pose sans te plaindre jusqu'à ce que l'infirmière de nuit remarque l'état de tes mains. Elle te demande de patienter avec les autres, promet de faire de son mieux pour faire venir un interne de toute urgence. Tu fronces les sourcils, contrarié d'avoir à en arriver là, toujours réticent lorsqu'il s'agit de ressortir les cartes de ton jeu de PDG déchu. Si le temps passe et que tout s'oublie, les contacts, eux, restent gravés dans ta mémoire. Tu sais que Davis travaille dans cet hôpital, qu'il y est chirurgien pour des permanences lorsqu'il ne reçoit pas dans son cabinet privé de Manhattan. Dites-lui que c'est de la part de Isaak Coalman, il comprendra. Bien sûr qu'il comprendra. Les membres d'une même confrérie se jurent une solidarité éternelle, c'est toute la force de ce réseau que chaque étudiant de bonne famille intègre à l'université. En attendant qu'elle te donne des nouvelles, tu t'éloignes et cèdes ta place à un type avec quelque chose de coincé dans l'oreille. Il a de la chance, ça lui évite probablement d'entendre les pleurs d'enfant qui résonnent dans tout le couloir.

C'est là que tu l'aperçois et que tu vacilles à nouveau, prenant appui contre le mur par réflexe et grimaçant lorsque tes doigts douloureux te rappellent qu'il n'est plus question de compter sur tes mains tant qu'elles n'auront pas reçues les soins adaptés. L'enfant qui pleure n'est autre que celui qu'il tient entre ses bras. Tu sens le sol s'ouvrir sous tes pieds mais ne peux rester insensible à son air aussi perdu que le tien, ses cernes kilométriques et la détresse qui se dégage de lui. Peut-être grâce à l'alcool, tu trouves le courage de t'avancer jusqu'à lui, complètement sonné de le revoir dans de telles circonstances, le regard fixé sur la couverture qui remue contre son torse. Qu'est-ce qu'il se passe ? Inquiétude incontrôlable, oubli total de ta sale gueule et de ta dégaine de type qui vient de se faire agresser.


Dernière édition par Felix Twist le Ven 6 Juil 2018 - 3:51, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [MAXYM & FELIX - UA] Aime-moi comme je t'aime.   [MAXYM & FELIX - UA] Aime-moi comme je t'aime. EmptyVen 6 Juil 2018 - 1:58









JUSTE LA FIN
DU MONDE





Savoir que Jack est brûlant dans ses bras, pleurant sa souffrance et son mal être occulte le reste du monde. Chad oublie les sdf, les malades, les énervés, les trouble fêtes et se concentre uniquement sur ce visage rouge de trop de colère. Il le berce, le dos rond alors qu'il se sent totalement désemparé face à tant de détresse. Il voudrait pouvoir se rebeller, user de son impressionnante carcasse pour qu'on l'entende, taper du poing et rentrer de force dans l'arrière boutique, se poser dans une salle d'attente et forcer un médecin à les prendre en charge. Comment peut-on laisser un bébé pleurer à chaudes larmes ? Comment est-ce seulement possible ? Graham oublie que des poupons fiévreux, les infirmières en voient chaque jour, à la pelle, en même temps que des parents débordés. La porte s'ouvre encore une fois et un soupir colérique s'échappe de ses lèvres. Si Chad ne fait pas de vague, c'est avant tout pour protéger son fils de la possibilité d'agressions extérieures. Il sait qu'ici personne ne prendra en pitié un bébé et qu'on lui sautera à la gorge s'il insiste trop pour sa tranquillité.

Son regard se redresse mollement lorsqu'une voix traverse la brouahah incessant de la salle. Il déglutit alors difficilement à la vue d'Isaak recouvert de sang. Que lui est-il arrivé ? C'est instinctif pour lui de s'en inquiéter, de se poser des questions même si aucune ne franchit le cap de ses lèvres. Chad inspire, le regarde et recule même d'un pas alors que Jack commence à se calmer. Peut-être ressent-il la tension qui dévore les muscles de son père et qui pourraient le mettre à terre. Cette même tension qui l'avait bouffé quelques mois plus tôt sur ce trottoir avant de se faire atomiser sur place. Protecteur, le colosse ne prononce aucun mot concernant son fils. Ses bras l'encerclent, empêchent Isaak de voir réellement son visage noyé par les larmes. La tension dans son dos est telle qu'il se doit de prendre appui contre le mur derrière lui pour se soulager un peu. Des heures qu'il porte son bébé dans ce couloir et que son corps commence à faiblir atrocement. Il a besoin de s'asseoir, de se dégourdir les bras parce que dans la panique, Chad n'a pas été suffisamment intelligent pour prendre une poussette ou quelque chose où le poser. Il n'a que ses bras pour le protéger et le réconforter.

Méfiant, Chad ne laisse rien paraître d'autre que son visage de père sur la défensive. Lorsqu'on devient parent, la vie s'écroule totalement pour se reconstruire d'une autre façon. On se rend compte qu'un rien peut-être un danger pour son enfant et la moindre variation autour de soi devient une inquiétude viscérale. Qu'est-ce que tu fais dans cet état ? Question pour question. Il ne veut pas parler de son fils, poser le moindre mot sur la prunelle de ses yeux. Son regard dégringole à nouveau sur son visage gonflé par les larmes alors qu'il commence enfin à trouver le sommeil. Toujours brûlant, ses lèvres se posent sur son front pour deviner sa température élevée. Doux comme un agneau, tendre comme un chaton mais féroce comme un ours, un alcoolo se redresse brutalement pour se mettre à gueuler sur tout le monde et réveiller le bébé qui parvenait enfin à trouver le sommeil. Les larmes coulent de plus belle et pour la première fois, Chad ne cherche pas à se rebeller. Là où il aurait attrapé ce vieux type imbibé d'alcool par le col pour le foutre dehors, lui se contente de baisser le regard, de se soumettre lorsqu'on le traite de connard sans raison apparente. Tout le monde y passe, personne n'est laissé au hasard.
L'avantage de l'inquiétude, c'est que le blond n'a pas le temps de se laisser avoir par ses sentiments.
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MessageSujet: Re: [MAXYM & FELIX - UA] Aime-moi comme je t'aime.   [MAXYM & FELIX - UA] Aime-moi comme je t'aime. EmptyVen 6 Juil 2018 - 4:33


Avant même qu'il ne te réponde par une autre question (certaines choses ne changeront décidément jamais !), c'est le fait qu'il recule d'un pas qui t'interpelle le plus. Dans le flou de l'ivresse, tu ne sais pas comment interpréter son geste. Veut-il protéger l'enfant ? A-t-il peur que tu l'agresses ? Est-ce que tu le dégoûtes ? Peu à peu, son attitude protectrice et affectueuse trace des sueurs froides le long de ton échine. C'est le sien. Ce bébé est à lui, c'est évident. A ton tour de t'adosser au mur. Tout à coup, une distorsion du son vrille tes tympans et étouffe le brouhaha du couloir. Autour de toi, tout te semble étrangement lointain, comme tenu à distance par la paroi d'un aquarium trop petit pour le poisson que tu es et dont la cervelle tourne en rond, encore et encore, à t'en donner mal au crâne et t'obliger à fermer les yeux pour calmer la nausée. Alcool ou état de choc, tu ne sais pas et ne veux pas savoir. Putain, Isaak, mais qu'est-ce que t'as foutu ? L'ampleur de la situation te laisse sans voix, incapable de répondre à sa question par autre chose qu'un haussement d'épaules. Au vue de sa paternité, tu ne te sens pas la force de lui avouer que tu pleurais sur son absence avant de te faire casser la gueule par une bande de zonards.

Un ivrogne choisit le moment où les pleurs ont enfin cessés pour foutre le bordel. Agacé, tu rouvres les yeux et l'assassines du regard. Ce con fait chier tout le monde et le choc de recroiser Chad en ces lieux après t'être fait taper dessus fait naître en toi des envies de meurtre que tu n'avais plus ressenti depuis longtemps. Incapable de contrôler ta colère, tu la laisses se déverser sur ce sale type en profitant qu'il se rapproche et insulte ton acolyte pour le repousser loin de vous. Handicapé par tes mains fracturées, tu le coinces contre le mur d'en face et l'immobilises de ton radius en travers de sa gorge, prenant soin d'appuyer suffisamment sur sa pomme d'Adam pour le calmer en moins de temps qu'il ne lui en faut pour présenter des excuses. Le type se laisse probablement impressionner par ton nez en sang et ta chemise arrachée car tu sais très bien que tous les coups que tu pourrais lui donner ne vaudraient rien en comparaison d'une claque Chadienne. Qu'importe, ton charisme se charge de soumettre le connard qui finit par aller emmerder l'infirmière de nuit. C'était tout ce qu'il fallait pour qu'il se fasse jeter dehors par la sécurité de l’hôpital.

Revenant en direction de Chad, tu murmures un" fils de pute " tellement badass qu'il tranche terriblement avec le raffinement dont tu sais faire preuve, en tant normal. A croire qu'alcool, dépression et violence réveillent en toi le bagarreur que tu n'as jamais été. Pourtant, ton attitude est calme et mesurée lorsque tu désignes la chaise laissée libre au blond. Assieds-toi, vous serez mieux. Vous. Lui et son gosse. Putain, Isaak, mais qu'est ce que t'as foutu pendant tout ce temps ? Accablé, tu détournes le regard et restes debout, attendant que Davis arrive, incapable de t'inquiéter pour tes mains dont les séquelles potentielles risquent d'enterrer le seul plaisir qu'il te reste dans la vie. D'un revers de manche, tu passes ton avant bras sur ton visage pour essuyer le sang mais surtout ce qu'il reste de larmes. Hors de question qu'il te voit pleurer comme le bébé qu'il tient entre ses bras. Tu as subis suffisamment d'humiliations pour cette nuit.
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MessageSujet: Re: [MAXYM & FELIX - UA] Aime-moi comme je t'aime.   [MAXYM & FELIX - UA] Aime-moi comme je t'aime. EmptyVen 6 Juil 2018 - 14:54






JUSTE LA FIN
DU MONDE





Comme toujours, ils posent des questions sans se répondre, lâchent des mots sans réellement se parler. Chad n'a même plus souvenir de la dernière fois où ils se sont compris. Certainement pas dans cette voiture en tous cas. Encore moins le jour de son départ où ses doigts se sont accrochés à sa chemise avec le désespoir de l'amant qu'on laisse sans essayer de le rattraper. Ce qu'il avait été stupide de ne pas avoir des gestes plus brusques, de ne pas l'avoir tout simplement attaché à lui. Il aurait pu fermé toutes les portes à clé mais il était trop brisé pour réussir quoi que ce soit. Ce soir aussi il ne sait pas quoi faire et se contente de bercer son petit alors qu'un type l'insulte et qu'Isaak est à ses côtés. Isaak qui lui saute dessus, qui le remet à sa place comme il aurait pu le faire presque trois ans plus tôt. Les rôles s'inversent, Chad n'a plus rien de son aplomb, de sa colère latente. Ce qui dort au fond de lui n'est qu'un mélange triste de désillusion et d'amour pour sa famille. Un amour mécanique, que l'on ressent pour son foyer mais qui ne nous fait pas rêver. Un amour qui sera toujours là au fond de nos tripes parce qu'on ne pourra jamais se résoudre à les abandonner. Un lien indéfectible qui le rassure mais le tue à petit feu. Il a abandonné toute sa personnalité, ses traits de caractère pour devenir un père de famille respectable. Il va aux rendez-vous chez le pédiatre, part bosser chaque matin en embrassant sur le front sa compagne qu'il croise à peine parce que leurs horaires sont à l'opposé. Il paye la crèche, y dépose Jack deux jours par semaine pour laisser maman se reposer. Chad ne fait pas de vague, se perd dans un quotidien qui ne lui laissait jusqu'ici pas le temps de penser à cet homme recouvert de sang et de vulgarité.

Le corps douloureux, le blond s'exécute et prend place sur le siège libre. Dans ses bras, bébé Jack dort enfin, certainement épuisé de fatigué alors qu'Isaak reste debout à quelques mètres d'eux. Il ressemble à un garde du corps sorti de nulle part après des années de silence. A quoi ressembleraient-ils aujourd'hui s'il lui avait laissé le droit d'avoir une place dans sa vie ? Si ça se trouve, ils ne seraient pas plus ensemble que maintenant. Si ça se trouve, ils se détesteraient aussi par dessus le marché. Ce soir il lui en veut, c'est certain, mais la colère n'est rien, elle est sous sédatif, l'inquiétude l'endort. A côté de lui, une autre chaise se libère, une vieille dame se redresse tant bien que mal, s'appuie sur sa canne en se mouchant dans un morceau de tissu. Il laisse son ex s'y asseoir alors que Chad se mure dans son silence. Ses mains retiennent toujours avec toute la délicatesse du monde la chair de ses chairs. Adorable poupon blond qui possède déjà ses traits, du moins ses yeux. Irène lui fait toujours cette remarque qui le fait sourire 'lui on ne nous l'a pas échangé à la maternité'. Cela le ramène aux longues heures de stress le jour de son accouchement, sa main qui broyait la sienne alors qu'elle transpirait à grosses gouttes. L'émotion de l'entendre pleurer pour la première fois alors qu'il était encore tout visqueux. L'appréhension de couper le cordon ombilical et le bonheur de le tenir pour la première fois dans ses bras.

Il s'appelle Jack. Sa voix est basse alors qu'il pousse le tissu pour dégager son visage. Jack, pour ce même films qu'ils avaient regardé dans l'avion pour le Mexique. Jack Twist, tel ce cowboy courageux et plein d'amour qu'il aurait aimé être dans une autre vie et qui le ramène indubitablement à cet amour perdu. Ses yeux croisent un instant ceux d'Isaak.
Ça ne doit même pas l'intéresser.
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MessageSujet: Re: [MAXYM & FELIX - UA] Aime-moi comme je t'aime.   [MAXYM & FELIX - UA] Aime-moi comme je t'aime. EmptyVen 6 Juil 2018 - 17:39


Une fois de plus, le temps fait des siennes et s’étire à n’en plus finir. Dans le calme relatif qui règne à nouveau dans le couloir, jamais tu ne t’es senti aussi seul et isolé. A quelques pas, Chad pouponne et, même si tu t’efforces de ne pas le regarder, tu ne peux t’empêcher de sentir sa présence ainsi que celle de son enfant. Son enfant … Le souvenir d’une conversation te revient, moins net qu’auparavant mais suffisamment précis pour te l’imaginer à nouveau, sur ce navire, en train de jouer au hockey sur table et de te dire que les mômes ne sont que les choses de leurs parents égoïstes, eux-mêmes accessoirisés par la société dans leur rôle de géniteurs qui fondent des familles et font des petits pour répondre à ce que l’on attend d’eux. A cette époque, il était le mouton noir refusant de se soumettre à ce genre de dictats tandis que tu étais l’archétype même de l’homme riche qui finirait fatalement par engrosser une femme pour donner à son empire un héritier, reproduisant ainsi le schéma familial. L’inversion des rôles te plombe l’estomac. Te dire que tu n’as jamais été aussi loin que faire se peut de former une famille te désole, toi qui a toujours adoré les enfants. En 2019, tu as cassé le schéma pour assumer celui que tu es vraiment mais cela ne te rend pas plus heureux que d’être un menteur hétéro enfermé dans un monde de faux semblant. Tu es juste plus libre. Libre d’apprécier à quel point tu as gâché ta vie.

L’ivresse se dissipe peu à peu, laissant dans son sillage fatigue et douleur. Les épaules basses, tu finis par prendre place aux côtés de Graham et regrettes d’être suffisamment lucide pour le trouver beau avec cette coupe de cheveux plus longue que dans tes souvenirs. Morose, les avant-bras en appui sur tes jambes écartées, tu laisses tes mains tuméfiées pendre dans le vide tandis que ton menton rencontre ta poitrine, torse penché vers l’avant dans une position de repli de sur toi-même.  Ton regard tombe sur les pans de ta chemise tâchée de sang. Qui es-tu ? Tu ne te reconnais pas. Il s'appelle Jack.

Du coin de l’œil, tu l'observes dégager la couverture et sens tes côtes se refermer en étau contre tes poumons. Le gamin a ses traits et tu devines le visage de la mère dans les quelques courbes de son visage qui n'appartiennent pas à Chad. Plus douloureux encore, le regard du père que tu croises sans l'avoir cherché et dont la profondeur à des couleurs de Wyoming. " Le Mexique ? Jack, le plus long voyage que j'ai fait de ma vie, c'est jusqu'à ma cafetière pour trouver la poignée ... " Les mots t'échappent, dépités, tremblotants, déformés par ta gorge qui se serre au souvenir de ce film que t'inspire le prénom. Tu détournes le regard et le reposes sur le poupon pour empêcher les larmes de couler. Il n'y a rien de plus dur que de constater à quel point tu es passé à côté de ta vie en pensant tout faire pour ne pas la laisser filer entre tes doigts. Aujourd'hui, ton bonheur dort dans le lit d'une autre et change des couches pendant que tu regardes les jours passé derrière la fenêtre.

Tout se mélange dans ton esprit embrumé et encore sous le choc, bouillie informe de couleurs et de sons qui te fait te demander si cet état d'esprit au bord du gouffre est le même que celui du personnage de Ennis au moment d'apprendre la mort de son amour. Qui sait dans quel état tu aurais pu ressortir de cette ruelle ? S'ils avaient été armés, la fin n'en aurait potentiellement été que plus funeste ... Un soupire t'échappe, désespoir innommable. Tu n'as plus la force de lutter. Absolument plus. Alors tu laisses ta tête lourde de fatigue prendre appui contre l'épaule de Chad, le visage tourné vers son fils endormi. C'est un beau bébé.

Il fallait au moins ça pour faire honneur à ce beau gâchis.
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MessageSujet: Re: [MAXYM & FELIX - UA] Aime-moi comme je t'aime.   [MAXYM & FELIX - UA] Aime-moi comme je t'aime. EmptyVen 6 Juil 2018 - 18:19







JUSTE LA FIN
DU MONDE





Il s'attend encore une fois à se recevoir l'agressivité silencieuse d'Isaak ou sa condescendance et continue de fixer son fils pour être persuadé de ne pas être plus blessé qu'il ne l'est déjà. L'anxiété le rend à fleur de peau tandis que les infirmières et malades défilent sans se soucier d'eux. Puis finalement.
Un léger rire.
A peine audible.
Un souffle, qui quitte ses narines alors qu'Isaak lui balance une réplique de brokeback mountain avec une complicité trop vieille pour ne pas être poussiéreuse et fragile. Cela lui donne envie de pleurer de l'entendre dire de telles choses et acquiesce d'un signe de tête en caressant le front de mini Jack qui fait la grimace sous ce contact. Merci. Quoi dire d'autre après tout ? Une infirmière l'appelle enfin, prononce Graham d'une voix pressée alors qu'il adresse un ultime regard à Coalman en se redressant. Bon courage. Pour cette nuit, pour ces mains, pour l'attente. Et puis ce bon courage, Chad se le souhaite aussi à lui-même parce qu'il se sent tellement mal qu'il est à deux doigts de tomber par terre. S'il tient debout, c'est avant tout par peur de blesser son enfant et disparaît dans les couloirs tandis qu'un médecin l'accueille, pose une main sur son épaule avec un regard compatissant.
Mini Jack n'est pas bien, c'est tout ce qui compte au final.

[...]

Il est pas loin de cinq heures du matin lorsqu'il quitte enfin la salle de consultation, le coeur lourd de fatigue et Jack apaisé dans ses bras. La fièvre est légèrement tombée alors que Chad quitte l'hôpital d'un pas lent. Il est venu grâce aux transports en communs car l'unique voiture du couple est occupée par Irène pour se rendre à son travail. En pleine nuit, le colosse se doute bien que ce n'est pas sécurisé de rentrer chez soi avec un petit dans les bras mais fait avec les moyens du bord. Sur le parking de l'hôpital, il le croise à nouveau. Isaak et ses mains bandées, sans compter d'autres pansements sur son visage qui attirent son regard sans qu'il ne puisse lutter. Dans l'obscurité et la mélancolie de sa vie, le  blond se stoppe à quelques centimètres de lui. Jack bouge encore un peu ses bras, saucissonné dans sa couverture pour qu'il n'attrape pas froid en plus de sa pharyngite. Chad n'a plus rien de son audace. Même ce jour là, à la pizzeria, il avait eu un élan de courage mais aujourd'hui, il n'y a plus rien de tout cela. Il ne posera plus de questions, plus jamais. Isaak lui a fait fermer sa gueule et depuis il se contente de se murer dans son silence. La nuit, il lui arrive parfois d'en rêver, de faire des cauchemars à son sujet, de se tordre de douleur. Il a des pics d'angoisse qui le font se recroqueviller sur lui-même, quitter ses draps et descendre boire de l'eau. Depuis que Coalman lui a fait fermer sa gueule, brûlé son amour sur ce trottoir, Chad a baissé les armes.

Bon bah ... Salut. Salut, tout ce qu'il parvient à cracher alors que son coeur saigne à ne plus en pouvoir, que ses mains lui tremblent et qu'il est pris d'une terrible envie de pleurer en sachant qu'il n'y arrivera jamais. Isaak l'a figé dans un bloc de glace et il lui en veut, de lui avoir tout volé, que ce soit son sourire, sa capacité à voir les choses autrement, à ne pas se fondre dans la masse. A cause de ces séquelles, Chad n'est rien de plus qu'un mouton au milieu du troupeau de la société. Il n'a plus ses réflexes d'autodéfense, plus sa liberté, plus son envie d'aller mieux. Il se complaît dans son rôle de père en le prenant terriblement au sérieux pour ne pas sombrer dans la dépression.

Il lui tourne le dos en silence pour commencer sa marche dans la nuit. Le chemin du retour sera long parce qu'à cette heure, les bus sont rares, que les taxis sont trop chers. Seuls ses pieds ne le lâcheront pas à moins que son corps décide de s'effondrer sous prétexte d'avoir suffisamment supporté jusqu'ici. La gorge nouée, si Jack n'était pas là pour le maintenir en vie, il se sentirait terriblement seul.
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MessageSujet: Re: [MAXYM & FELIX - UA] Aime-moi comme je t'aime.   [MAXYM & FELIX - UA] Aime-moi comme je t'aime. EmptyVen 6 Juil 2018 - 20:29


Fermant les yeux, tu inspires profondément en espérant secrètement capter son odeur. Tu n'oses pas plonger ton nez dans son cou comme à l'époque mais n'as rien à perdre à essayer de t'imprégner de sa fragrance. Le seul contact de ta joue contre son épaule est un réconfort à lui tout seul, une lumière qui déchire la nuit noire dans laquelle tu évolues depuis la pizzeria. Avant, ton ciel était gris et sans saveur mais, depuis, l'enfer est devenu ton quotidien et tu ne peux t'empêcher de chercher à te ressourcer par ce simple contact, n'en déplaise à ta dignité oubliée dans la ruelle. Malheureusement, l'infirmière arrive trop vite. Le voilà qui se lève et te souhaite bon courage. Plus insipide que jamais, rendu quasi transparent par le manque de consistance de ton âme, tu le regardes s'éloigner en hochant la tête.
Pourvu que le petit aille bien, c'est tout ce qui compte au final.

[...]

Davis a toujours été le plus doué de sa promo, un vrai magicien, c'est ce qui le rendait si insolent à l'époque de la fac. Par chance, vous étiez fait du même bois tous les deux, amis par intérêt mais aussi par la ressemblance de vos caractères de sales gosses pourris gâtés. Son application pour retaper ta carcasse portera ses fruits, c'est une évidence. Si tu ne lui ferais pas confiance dans bien des domaines touchant à la vie privée, tu sais que tu peux y aller les yeux fermés en ce qui concerne le travail. Mains bandées, nez cautérisé, arcade strapée et anti-douleur avalés, te voilà debout sur le parking à attendre ton taxi tandis que les premières lueurs que l'aube estivales ne devraient pas tarder à faire leur apparition. Déjà l'horizon se teinte d'un rai de lumière vert bleuté. Impossible de fumer quoique ce soit avec tes doigts collés les uns aux autres ; tu as l'interdiction de les plier avant plusieurs jours et l'obligation de suivi au sein du cabinet privé de Davis. C'aurait pu être pire, d'après lui. Pour toi, c'est le coup de grâce. Si tu ne peux plus jouer, alors que te reste-t-il à faire ? Attendre tout seul chez toi que le temps passe en te voyant dépérir jour après jour, hanté par les images de Chad et de son fils croisé aux urgences ? La perspective t'arrache une grimace tandis que des pas se rapprochent dans ton dos. C'est lui. A croire que le clou n'est pas suffisamment enfoncé, que la fatalité a décidé de se foutre de ta gueule encore un peu avant de te laisser rentrer dans ce chez toi qui finira par devenir un cercueil. Un boite dans laquelle repose une coquille vide. Une huître desséchée et sans perle, oubliée de tous, laissée là pour dire d'occuper l'espace. Bon bah ... Salut.

Dernier chapitre, fin d'une histoire. Une fois qu'il aura disparu, il ne te restera réellement plus rien de celui que tu étais autrefois. Pas la parodie de toi que tu servais à la presse, non, cet homme qui avait eu un rêve et dont les mauvais choix avaient changé la vie en cauchemar. Cet homme qui n'avait peur de rien, qui obtenait tout ce qu'il désirait parce qu'il savait qu'il le méritait et qui n'hésitait pas à prendre de sa propre initiative plutôt que d'attendre qu'on lui donne quoique ce soit. Ce leader, ce gourou, cet entrepreneur : son cadavre et là, agonisant à tes pieds, près à pousser à rendre son dernier soupir. Tandis que Chad s'éloigne, que tu regardes le bout de tes chaussures sans répondre, l'évidence s'impose à toi : Si tu le laisses partir maintenant, tu meurs.

- Chad ! Attends ... Le taxi s'arrête à ta hauteur, tu ouvres la porte sur la banquette arrière et la lui désigne du menton. Monte, je te dépose. Chaleur insupportable à tes pommettes, jambes tremblantes derrière le tissu de ton pantalon droit. Tu sais qu'un refus de sa part suffirait à te faire fondre en larmes. Les rues sont mal fréquentées cette nuit ... - en témoigne ta gueule cassée - Laisse-moi vous déposer devant chez toi. Tu imagines la fièvre du bébé sous la couverture qui le fagote, la fatigue de Chad qui a veillé toute la nuit en attendant qu'on les reçoive en consultation ... Si tu n'agis ni par pitié, ni par charité, tu dois bien reconnaître que les laisser rentrer seuls te donnerait mauvaise conscience en plus de t'achever dans tout ce qu'il reste d'humainement vivant en toi. Malgré cette solitude qui fait de toi un fantôme, tu n'en restes pas moins inquiet du sort de tout ce qui porte le nom de Graham.
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