is your name your destiny + althea

La journée était calme, les clients n'étaient pas à profusion, mais tu appréciais ce répit. Tu venais de t'empocher un bon petit montant avec ton dernier client qui venait à peine de terminer un projet d'envergure sur son corps. Un projet qui vous avait pris des semaines à accomplir et beaucoup de patience à s'armer. Les gens étaient bien trop souvent impatients. Ils entraient ici avec des idées grandioses, de beaux projets, en imaginant que le prix et le temps que tu leur proposerais seraient moindres. Mais ils ne comprenaient pas la complexité de la tâche. Il fallait élaborer les croquis, être certain que c'était parfait avant même de commencer à sortir les aiguilles. Puis, il fallait laisser du temps au corps. Les tatouages étaient loin d'être sans douleur, il serait impossible, et surtout surhumain, de supporter cette douleur durant plus de 5 heures de suite. Mais pour ton client, c'était parfait ainsi. Vous aviez fait plusieurs rencontres, plusieurs paiements et le tour était joué. Aujourd'hui, la boucle de refermait, laissant l'homme avec le bonheur de la nouvelle oeuvre qui ornait sa manche. Tu rangeais l'encre et les cartriges en prenant bien soin de jeter les aiguilles utilisées alors que la porte s'ouvrit laissant une belle blonde apparaître. Tu lui souris avant de retirer tes gants et de t'approcher de la jeune femme. Salut. Tu craquas ton cou en faisant une grimace, ce que tu détestais ce bruit, mais les tensions étaient parfois trop intenses à force d'être penché de longues heures. Tu avais besoin de le faire de temps à autre. Je peux t'aider ? Tu t'assoiyas sur le bord du bureau qui te servait de comptoir-caisse en agrippant ta bouteille d'eau par la même occasion.

Les tatouages, c'était un peu ton dada. Tu avais des petites pièces par ci et par là que tu avais faites par des amis lors de tes aventures dans les quartiers punks londoniens. Camden avait été ton repère aux conneries et maintenant tu vivais avec ces petits dessins sur ton corps que les gens ne voyaient pas forcément. Maintenant que tu étais à Bowen, tu voulais immortaliser le moment de ta venue ici pour rejoindre ton frère. Alors sur un coup de tête, tu partais vers un shop que tu avais repéré quelques jours plus tôt. C'était la première fois que tu rentrais réellement dans un shop de tatoueur, vu qu'avant tes amis te faisaient des dessins à l'encre de chine ou bien avec leurs machines à la maison. Lorsque tu rentras dans le shop, une demoiselle blonde faisait craquer son cou et te salua. « Salut ! » répondis-tu simplement avec un grand sourire comme on te connait bien. Tu attachais tes cheveux à la vas-vite car il faisait légèrement chaud dehors et tu t'approchas de la jeune femme toujours avec ton sourire. « Oui, je voudrais me faire un nouveau tattoo et j'ai un petit dessin » répondis-tu à la jeune femme en fouillant dans ton sac tes gribouillis. Chaque tattoo que tu avais, c'est toi qui les avais dessiné et tu en étais fière. « Grrr, il est où ? » grognas-tu dans ta barbe avant de tomber sur le dessin et de le montrer à la jeune femme. Alors c'était simple, une simple lettre "R" avec une belle rose en dessus, symbole de ton pays natal. Alors tu montrais le dessin à la tatoueuse, avec une appréhension pour savoir si elle voudrait bien tatouer une initiale. « J'ai fais le dessin moi-même, et je voudrais l'avoir sur les côtes. C'est possible ? » demandas-tu simplement un peu gêné.

Tu avais toujours été le mouton noir dans le monde du tatouage. Chaque fois que tu partais en virée rencontrer des gens du métier, tu faisais rire de toi. Une femme, l'air bien trop sage, de longs cheveux blonds ni ne portent aucun tatouage sur le corps ne pouvait pas s'improviser tatoueuse. Ils riaient jusqu'à ce qu'ils te voient à l'oeuvre. Tu étais une artiste, c'était ce que tu avais toujours été. Tu dessinais, tu peignais, tu avais même fait de la sculpture. Et pour le doigté, tu jouais du piano, chose que tes parents t'avaient obligé à faire même si ce n'était pas ta tasse de thé. Pourtant, aujourd'hui, cette stabilité dans tes doigts tu devais la remercier des longues années à pratiquer les accords sur les touches du grand piano qui était en plein centre du salon d'invité, chez les Cambridge. Tu penchas ta tête sur le côté, analytique, alors que la blonde devant tes yeux cherchait frénétiquement dans son sac un dessin de ce qu'elle voulait. En temps normal, tu étais difficile dans ta clientèle. Tu ne refusais pratiquement rien, connaissant des tatoueurs qui refusaient de faire du travail de moins de 30 minutes ou même d'utiliser certaines techniques artistiques. Toi, tu faisais de tout. Des dessins, du lettrage, des environnements sombres et des scènes plus romantiques. Mais, tu refusais de tatouer le nom de quelqu'un. Tu trouvais cela stupide. Les gens arrivaient ici, te demandant de tatouer le nom de leur conquête du moment, et ils revenaient te voir quelques mois plus tard en quête d'informations pour le retirer. C'était non négociable. Puis, tu devais avouer avoir un peu plus de difficulté à faire un tatouage que tu n'avais pas dessiné par ta propre main. Lorsque la jeune femme sortit l'oeuvre, tu lui souris. Elle semblait fière d'elle. Je ne fais pas les oeuvres des autres normalement. Dit-elle en secouant la tête. Mais je peux faire une exception, j'imagine... C'est très bien fait, les lignes sont belles et droites. C'est un travail de qualité sur lequel il ne me fait pas mal de mettre mon nom. Et le nom, dans ce métier, c'était tout ce qui comptait. Les gens allaient lui demander où elle s'était fait tatouer, si c'était chambranlant ils éviteraient la shop et tu aurais brulé ton nom. Tu n'étais pas méchante, lin de là, tu étais pourtant très sympathique, mais lorsqu'il était question de travail il fallait respecter quelques formalités.

Les tatouages représentaient énormément de choses pour toi. Et en faire un à Bowen, c’était assez symbolique. Cet instant représentait à la fois la find e ton enfance en Angleterre et ta débrouille en Australie, sans oublier ta famille que tu chéries plus que tout au monde. Alors c’est pour ça que cette après-midi, tu avais fais un arrêt dans ce shop. La demoiselle présente te semblait toute mignonne et était agréablement sympathique. Elle te regardais chercher dans ton sac ton petit dessin que tu avais fais avec amour. La blonde semblait sceptique à l’idée de tatouer quelque chose qui n’avait pas été dessiné par elle-même mais elle te confia qu’elle pouvait faire une exception tant ton dessin était bien fait. « Oh, merci beaucoup ! Je dessine à mes heures perdues » avouas-tu à la tatoueuse avec un sourire un peu gêné. En plaçant une mèche de cheveux derrière ton oreille, tu la regardais observer le dessin sous toutes ses coutures. « J’ai vu votre travail sur internet et j’ai beaucoup aimé, alors je suis passé » dis-tu timidement. Bon ok, le salon n’avait pas été choisi au hasard. Tu avais regardé sur internet la réputation de ce dernier après l’avoir vu en passant dans la rue. Et en effet, Blanche Cambridge était une très bonne tattoo artist et tu adorais ce qu’elle faisait. « Vous auriez de la place, un de ses jours pour moi ? » demandas-tu avec un grand sourire, prête à faire ancrer dans ta peau ta famille ainsi que ta patrie.

Tu avais une éthique de travail clair et bien à toi. Même si la boutique battait de l'aile un peu, tu ne dérogeais pas de tes valeurs dans le domaine. C'est à cela qu'on pouvait te reconnaitre. Toi et ton caractère un peu trop pointilleux. D'abord, tu ne tatouais jamais de noms. C'était une règle d'or à laquelle il ne fallait pas déroger. Puis, tu ne faisais jamais les dessins des autres. Pas de poursuite du travail d'un autre tatoueur ni même les dessins des enfants. Les gens étaient trop insoucieux quand il venait le temps de se faire tatouer. Ils choisissaient un peu n'importe quoi en se disant "c'est cool", en se basant juste sur le look. Et, les années finissent par passer, les choses changent et ces gens finissent par vouloir tout effacer ou recouvrir leurs erreurs. Tu pouvais paraître insensible et un peu trop snob pour le métier, mais pour toi les tatouages étaient un art et c'était un crime de vouloir s'en débarrasser aussi facilement. Des siècles après la mort de Picasso, personne n'a cherché à effacer ou corriger ses oeuvres, alors pourquoi le faire dans le domaine du tatouage ? Parce que c'est sur le corps de quelqu'un ? À ton avis, il fallait y penser deux fois avant de le faire faire. C'est d'ailleurs pourquoi tu n'en avais aucun sur le corps. Tu avais trop d'idées et tu voulais t'assurer d'être certaine avant de te les inscrire sur ta personne. La blonde te fit des éloges, tu souris silencieusement en reposant ta gourde d'eau sur ce qui te servait de bureau. Tu jetas un oeil à ton agenda. Je peux vous prendre maintenant. Vous êtes partante ? Tu ne sais pas ce qui te prenait, jamais tu précipitais les rencontres, mais aujourd'hui tu te sentais âme charitable. Ça prendrait environ une vingtaine de minutes. Ce que vous avez dessiné n'est pas trop compliqué à faire. Il n'y a pas trop de petits détails qui prennent de la précision et, surtout, du temps. On fait ça oû ? Et ici, on parlait bien de l'endroit sur le corps.

Ce tatouage te tenait vraiment à coeur, et tu voulais enfin ancrer sur ta peau un symbole qui parlait de ta famille et qui voulait tout dire pour toi. Tes racines, ta vie. Et tu n'en avais pas encore qui signifiait ton amour pour ta patrie et ta famille. Tu avais par-ci, par-là des tatouages discrets et petits. Un verre à cocktail, une fleur, un avion, un chiffre enfin tout ce genre de choses que tu pouvais cacher avec tes vêtements. Alors, heureuse, tu affichais un grand sourire lorsque la tatoueuse accepta de dessiner ton oeuvre sur la peau. Précisément sur les côtes, du côté du coeur. Parce que cela signifiait vraiment plus pour toi de l'avoir ici. Alors tu demandas, timidement, si Blanche pouvait avoir un rendez-vous pour toi au plus vite. Lorsqu'elle t'annonça avoir de la place, tu étais totalement heureuse et ton sourire s'afficha de nouveau sur ton visage. « Bien sûr que je suis partante, merci beaucoup de me prendre si tôt » avouas-tu à la jeune femme. C'était adorable de faire cela pour toi, d'accepter aussi vite alors tu allais la remercier un nombre incalculable de fois par!s cela. « Super, c'est génial ! Je le voudrais sur les côtes gauches, à côté de la poitrine » finis-tu simplement par dire à la tatoueuse. Pas de couleurs, quelques ombrages, c'est tout ce que tu rêvais.

Tu avais tes habitudes, jamais tu ne précipitais les séances avec tes clients. D'abord, tu prenais un premier rendez-vous avec eux où vous élaboriez ensemble des idées ce qui se retrouverait sur leur corps. Puis, au deuxième rendez-vous, tu leur montrais enfin les croquis que tu avais pondus. Ainsi, tu pouvais faire les modifications nécessaires avant de finaliser l'oeuvre d'art sur la personne la désirant. Finalement, tu prévoyais une dernière rencontre afin de valider le tout. Puis, tu passais à l'acte. Aujourd'hui, rien n'était réellement pareil à ton habitude. Tu avais accueilli ta nouvelle cliente, acceptant d'abord de produire son propre dessin alors que cela n'était pas dans tes pratiques, puis tu avais accepté de la prendre sur le pouce, sans même réfléchir. Tu te surprenais, toi qui dérogeais rarement de tes routines. Tu vas peut-être me trouver ridicule, mais j'aime bien tenir à jour mon agenda avec les clients que j'ai eu. À quel nom je peux inscrire ton rendez-vous ? C'était pour ta mémoire de poisson rouge. Tu détestais oublier tes clients, c'était d'ailleurs une des raisons pour lesquelles tu n'en prenais pas sur le pouce. Les rendez-vous, que tu notais toujours de la même façon dans ton agenda, te servaient d'aide mémoire. Il t'arrivait souvent de t'y référer. Même si tu te doutais que la blonde connaissait déjà ton prénom, elle t'avait d'ailleurs trouvé sur internet, tu tenais à te présenter en bonne et due forme. Tu lui tendis donc ta main. Blanche, en passant. Avant d'encrer sur sa peau ce qu'elle désirait, il te faudrait le reproduire sur un papier calque. Tu invitas donc la jeune femme à venir s'assoir sur le grand canapé juste à côté de ta table de dessin. Les murs étaient tapissés de tes oeuvres, autant celles que tu avais reproduites sur des corps humains que celles que tu avais créées pour le papier. Je peux te servir quelque chose à boire le temps que je prépare ton dessin ? De l'eau, du café... du thé, peut-être ? Tu avais reconnu son accent anglais, et face aux clichés britanniques, tu lui proposas une tasse de thé. Il s'avérait que tu étais une adepte de cette boisson, la préférant au café.
Assise à la tale de dessin, tu plaças le croquis de la blonde sous ton papier calque afin de le reproduire tel quel, sans changement. À l'aide d'un crayon à l'encre bleu, tu traças minutieusement les contours de l'oeuvre, appliquant une précision exemplaire sur chaque ligne et courbe du dessin. Tu tenais à ce qu'il soit identique à ce que la jeune femme avait fait, après coup tu voulais tout de même qu'elle soit satisfaite de ton travail. Et qu'elle en parle en bien.

Ce tatouage te tenait énormément à coeur, plus même que les autres que tu pouvais avoir sur tout ton corps. Peut-être que tu en ferais d'autres ici, par cette même tatoueuse surement mais tu voulais d'abord immortaliser ce moment familial. Alors quand Blanche te proposa de te prendre direct, tu arborais ton plus beau sourire. « Je m'appelle Althea, Althea Reynolds » dis-tu avec un sourire à la jeune femme qui te demanda ton nom pour son registre. Avec ta piètre mémoire, tu étais comme la jeune femme, tu notais tout pour ne rien oublier. Même des passages insignifiants. Donc qu'elle fasse cela ne te choquait pas le moins du monde, au contraire. La blonde te tendit la main que tu serras fermement. « Enchanté, Blanche ! » dis-tu gaiment à la femme qui venait de se présenter à toi. Certes tu savais qui elle était parce que tu avais fouillé sur le net pour trouver le meilleur tatoueur du coin et tu étais tombé sur elle. Tellement d'avis positif, tellement de belles pièces, que tu n'avais pu t'empecher de te tourner vers elle pour ce petit dessin qui te tenait à coeur. « Je veux bien un café, s'il te plait » demandas-tu suite à la proposition de la blonde. Pendant ce temps là, tu admirais tous les dessins qui arboraient les murs de la pièce où elle tatouait. Des petites comme des grosses pièces qu'elle avait fait des personnes. De vraies oeuvres d'art. « J'adore ton style, c'est magnifique » dis-tu, rêveuse, en observant chaque parcelle du mur qui se tenait devant toi, pendant que Blanche, dans son coin, était entrain de redessiner ton croquis sur un calque pour l'appliquer sur ta peau.

Reynolds, ce nom de famille à connotation britannique, autant que sa voix, ne surprenait pas la tatoueuse qui avait analysé l'oeuvre de la jeune femme. La lettre R représentant ses origines tatouées à jamais sur sa peau, l'encre qui coulerait dans ses veines comme le sang qui signifiait cette fierté de porter ce nom. Blanche ne connaissait rien de cette fille, mais elle pouvait imaginer les raisons qui la poussait à passer sous son aiguille, aujourd'hui, sans s'en être avertie. Pareillement. Répondit-elle alors qu'elles s'étaient mutuellement présentées. Après avoir inscrit son nom dans son registre, Blanche offrit à la blonde - quand nous avons commencé le rp, Althea était encore blonde (a) - quelque chose afin de patienter le temps que son dessin soit finalement prêt à trouver le chemin de sa peau. Tu es britannique ? L'accent trompait. Il la démasquait. D'où venait-elle exactement, c'était encore une bonne question, mais l'Australienne avait deviné que la jeune femme n'était pas du coin. Elle prépara la boisson de la femme et retourna s'installer à sa table de dessin, là où reposait encore le croquis d'Althea. Blanche l'avait calqué sur une feuille pouvant lui servir à transposer ce dessin en tatouage. Elle était concentrée, minutieuse dans ce qu'elle faisait pour le réaliser à la perfection. C'était son plus gros défaut, l'envie de la perfection, mais c'était aussi ce qui faisait d'elle une tatoueuse unique, et non pas l'une de celles qui étaient pressées par le temps. La blonde la sortir de ses pensées alors qu'elle s'exclamait des oeuvres sur les murs. Blanche sourit timidement. Merci. Il m'arrive de dessiner ou de peindre à temps perdu... Prête à marquer à l'encre la jeune femme, l'Australienne s'approcha d'elle. Prête ?

Au bout du compte, ce tatouage serait le plus représentatif de ta panoplie complète. Il était celui qui symbolisait tes racines ainsi que ton entourage. Quoi de mieux que de se l'encrer dans la peau ? Tu étais toute excitée à l'idée que Blanche te tattoo ça sur les côtes. C'était une pur excitation qui s'émanait de toi. Rêveuse, tu admirais son mur et la blonde te sorti de tes pensées lorsque les présentations furent closes. C'est vrai que tu avais hâte de la rencontrer, parce que tu l'avais stalker, elle et ses oeuvres sur les réseaux. Et la voir à l'oeuvre, c'était encore mieux. « Oui, je suis britannique, de Londres, je viens de loin » dis-tu avec un léger rire. C'est vrai que ton accent ne trompait personne, il était si prononcé, cela en faisait rire plus d'un. « Ca s'entends, c'est mon défaut » dis-tu avant de rire une deuxième fois. Tu t'en fichais, ça montrait que tu étais unique dans cette ville et que personne ne parlait comme toi. Après cela, tu reprenais ton admiration devant le mur rempli des oeuvres de la tatoueuse, qui te fascinait toujours autant. Tu lui fis le compliment comme quoi ses dessins étaient superbes. « Où est-ce que tu trouves toutes ces inspirations ? » demandas-tu à la jeune femme. Les dessins étaient tous dans un style différent, représentaient tous quelque chose de différents. Ils émanaient un style très particulier. « Oui, je suis prête ! » dis-tu en sortant de tes pensées et en souriant à Blanche. Tu t'installais alors sur la table, prête à te faire tatouer, tu entendais le doux bruit de l'aiguille que la jeune femme installait près de toi pour commencer le travail et cela te faisait un bien fou aux oreilles.

Gagné. Blanche avait vu juste quant aux origines de la belle blonde qui avait réquisitionné ses services. Toujours en travaillant, la tatoueuse s'enquit d'une nouvelle question pour la Britannique. De loin, oui c'est le cas de le dire. Tu es venue t'installer pour de bon ? Blanche ne pouvait s'empêcher de penser à la distance séparant l'Angleterre de l'Australie. Ça en faisait des kilomètres que pour un tatouage. Elle ne pouvait qu'espérer être une conséquence de son arrivée à Bowen et non une cause. Ce pour quoi Althea serait peut-être déçue. Les affaires n'allaient pas bien, depuis un petit moment déjà, ce qui posait Blanche dans un état de stress quotidien. Il lui arrivait d'être peu joviale, attitude causée par le stress et le manque de sommeil des derniers jours. La blonde espérait que sa façon d'être n'avait pas apeuré la voyageuse. Althea poursuit son discourt, ce à quoi Blanche secoua la tête frénétiquement. Un défaut ? Pas du tout, je trouve ça même adorable. C'est plutôt nous qui avons des défauts, ici, en Australie, avec cet anglais difficile à comprendre! Elle s'avança vers sa cliente qui semblait contempler ses oeuvres affichées sur les murs du salon. J'ai des origines françaises, je vais t'épargner la langue de Molière et la découverte d'un défaut de plus pour moi! Blanche gloussa avant d'installer tous les outils nécessaires à la réalisation du tatouage. Un peu partout, en fait. Dans ce que je vois, dans ce que j'entends. Mais ces dessins, c'est surtout pour le plaisir que je les fais. Blanche attrapa le papier calque et le déposa à l'endroit où sa cliente lui avait demandé d'apposer le tatouage. Ça te va comme ça ? Une main sur le dermographe, elle était prête à encrer la belle blonde de son talent.

Ton accent prononcé trahissait toujours tes origines, c'était certain. Une vraie anglaise du fin fond des quartiers underground Londonien. Personne ne doutait de ça, et Blanche avait trouvé sans hésitation d'où tu venais. « Oui, je suis venue rejoindre mon grand-frère ici » avouas-tu à la blonde avec un sourire. Ta venue à Bowen n'était pas que de la faute de ton frère, mais aussi de ton mal-être que tu voulais fuir. Mais dire que c'était grâce à Maddox était la raison officielle. La jeune femme qui tenait le shop de tatouage semblait nerveuse, peut-être avait-il un soucis dans son magasin ? En tout cas, tu étais sûre d'une chose, c'est que c'était une véritable artiste. Et qu'elle était vraiment doué dans son art, c'est cela qui t'as poussé à venir chez elle d'ailleurs. Après avoir épluché les tatoueurs et les artistes de la ville, ton choix s'était décidé sur Blanche. Déjà, c'était une femme, et tu préférais la plume des femmes que des hommes. « Hmmm, l'accent australien est étrange pour moi mais pas plus compliqué que l'accent britannique » répondis-tu à la jeune femme en haussant les épaules. Elle te confia alors avoir des origines françaises, tu trouvais ça charmant. « Le français, je trouve ça super beau ! » dis-tu à la blonde avec un sourire. C'était une langue très particulière que tu ne connaissais que très peu. Comme tout le monde, tu connaissais les phrases basiques. La tatoueuse prépara tout son attirail pour te tatouer et tu admirais toujours ses oeuvres. Tu acquiesças lorsqu'elle t'expliqua d'où venait toutes ses inspirations. Ensuite, Blanche t'installa le stencil sur la peau pour avoir l'endroit précis de ton tatouage. Tu regardas dans le miroir pour voir si la position de plaisait. Un beau sourire aux lèvres, tu admirais l'endroit. « C'est parfait ! » avouas-tu à la jeune femme avec ton sourire scotché aux lèvres.

La famille, c'était donc ce qui avait emmené la jeune Britannique à traverser les océans et les kilomètres jusqu'à l'Océanie, dans la petite ville de Bowen. Blanche était touchée par son histoire, et son affection pour son frère qui lui rappelait sa vie, à elle aussi. Son frère était tout son monde, outre ses histoires houleuses avec un photographe dont nous tairons le nom. Il était son autre moitié, sa raison de garder le cap, et il était loin d'elle à présent. Beaucoup trop loin. Alors que peu de kilomètres ne les séparaient réellement, du moins pas comme la distance à parcourir entre Londres et Bowen. Quelques villes, pas plus, séparaient cette relation fusionnelle. Il était en prison et depuis la terre avait arrêté de tourner. Blanche, tourmentée, ne savait plus où donner de la tête. Elle perdait la raison. À sa réponse, la blonde ne fit que lui sourire attendrit par les raisons de son emménagement ici. Puis, elle prit parole. Vous avez l'air d'avoir une belle relation, ton frère et toi. Tu sembles beaucoup l'aimer. Elles n'étaient peut-être pas si différentes que ça, finalement. La blonde devant elle lui semblait plus jeune qu'elle, mais malgré la barrière de l'âge Blanche pouvait voir les ressemblances. En réalité, elle se reconnaissait beaucoup dans sa jeunesse au travers d'Althea.
Alors, on y va. Une fois le travail apposé sur la peau de la Britannique, Blanche mit en marche son dermographe. L'aiguille entra dans la peau de la blonde, laissant derrière elle un chemin d'encre noir qui injectait son corps, permanent sur sa peau. Elle sentait les muscles de la jeune femme se crisper sous le passage de l'appareil, Blanche leva les yeux. C'est douloureux, je sais, lança-t-elle par empathie. Elle n'avait certes pas de tatouage sur le corps, cependant pour bien comprendre ce qui englobait le monde de son emploi la blonde s'était autotatouée, sans encre, histoire de reconnaitre la douleur de ses clients.

Discuter avec Blanche te permettait te détendre avant le tatouage en préparation. Elle t'avait demandé pourquoi tu étais venue ici et tu lui expliquas brièvement la raison de ta venue en Australie. Ton frère. C'était en partie pour lui, ton nouveau tatouage. Il représentait énormément de choses pour toi, et il avait tellement fait pour toi. C'était plus qu'un frère, c'était un ange gardien. Alors cette rose qui signifiait ton pays d'origine et ce petit R était dédié à lui précisément. Même si tu aimes tout autant les autres membres de ta famille bien sûr. « On est très fusionnel, c'est lui qui m'a élevé et je lui dois tout » répondis-tu simplement à sa phrase. Donc, tu vouais absolument venir ici pour voir à quoi ressembler le quotidien de ton frère au pays des kangourous. La blonde semblait s'intéresser à sa vie et tu trouvas ça génial qu'elle s'y intéresser comme ça. « Allons-y ! » répondis-tu lorsque Blanche t'annonça que vous alliez commencer. Tu t'allongeas alors sur la table du salon de tatouage et la jeune femme alluma son appareil et tu frissonnais à l'entente de ce bruit. C'était toujours comme ça quand tu te fais tatouer. L'aiguille se posa sur ton corps et ton corps se crispa légèrement. « Un peu mal en effet, mais bizarrement, j'aime bien la sensation » répondis-tu à la blonde avec un léger sourire avant de fermer les yeux et de profiter de cet instant.

Plus elle écoutait la blonde parler, plus elle pensait à Charles. Ils étaient fusionnels, eux aussi, à une certaine époque. Qu'est-ce qu'il lui manquait, son frère. Longtemps, elle lui avait tout donné : son temps, son argent. Tout ce qu'elle n'avait pas. Elle s'était endettée pour lui, elle s'était mis les pieds dans les plats, un peu dans la merde, pour le sortir de ses soucis à lui. Et depuis qu'elle avait mis une distance, depuis qu'elle avait accepté que son séjour en prison ne fût que de sa faute à lui, Blanche se portait mieux. Et son portefeuille. Et son salon. Et ses relations avec Anae, sa colocataire. Il est à Bowen depuis longtemps ? s'enquit-elle alors qu'elle faisait le travail qui lui avait été demandé : tatouer cette rose sur le corps frêle et parfait de la jeune femme. Elle lui donnait à peine vingt-cinq années, encore toute jeune et peu martelée par la vie. Bien avant que l'âge ne la frappe dans tout son corps, jusqu'à son esprit. Blanche était native de Bowen, elle connaissait beaucoup de gens et par curiosité elle lui demanda : Comment s'appelle-t-il ?
L'endroit choisi par Althea pour faire le tatouage était l'un des plus douloureux. La blonde trouvait sa cliente bien courageuse et elle ne s'empêcha pas de lui mentionner. Puis, elle pouffa de rire à la réponse de celle-ci. Oh, tu sais, pour beaucoup c'est la même chose. Les tatouages, ça devient une drogue. En faire comme en avoir sur le corps, crois-moi