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Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.

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 hear you, falling and lonely, cry out: "will you fix me up? will you show me hope?" (freja)

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Woody Rutkowski
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MessageSujet: hear you, falling and lonely, cry out: "will you fix me up? will you show me hope?" (freja)    hear you, falling and lonely, cry out: "will you fix me up? will you show me hope?" (freja)  EmptyLun 10 Sep 2018 - 1:51

Ne plus appartenir à quoi que ce soit, à qui que ce soit. Ne plus avoir de compte à rendre à personne. Ne plus sentir le poids du monde sur ses épaules face à des impasses insurmontables. C’aurait dû être un sentiment de liberté qui habite l’esprit de Woody et pourtant, le doute et la colère persistaient en lui. Une haine envers lui-même, mais aussi envers Léo pour avoir enfreint les règles même celles composées de non-dits. Un dégoût de sa propre personne et de ce qu’il devenait, celui qui tourne le dos à tous, celui qui frappe pour mieux détourner le visage des autres de sur sa personne. Ne plus avoir de sentiment d’appartenance à quoi que ce soit, c’était aussi se perdre, peut-être à tout jamais. Alors bien sûr, bien sûr, dès que l’occasion s’était présentée, Woody avait choisi de tenter de renouer avec lui-même à travers les autres. Il avait toujours vécu à travers le regard des autres, Woody. Et ne plus importer à qui que ce soit, ou du moins c’est ce qu’il croyait dur comme fer, avait été un coup plus dur à encaisser que ce qu’il avait imaginé. Que ce à quoi il s’était préparé. Reprenant donc ses droits sur sa forte personnalité, retrouvant le leader en lui, il avait décidé de joindre cette compétition sordide organisée par la municipalité. Il s’était retrouvé dans une équipe composée de battants, prêts à réaliser des défis tous plus ridicules les uns que les autres, et il s’était lié d’amitié avec certains d’entre eux. Ce n’était qu’éphémère, sans doute, Woody étant incapable de laisser quelqu’un réellement prendre place à ses côtés. Mais au moins, l’espace de quelques semaines, il ne se sentirait plus aussi seul. Complètement seul.

Ce soir-là, au coucher du soleil, un défi débutait dès que les derniers rayons du soleil disparaissaient à l’horizon. Un représentant par équipe devait se tenir debout, à côté de la grande et emblématique mangue de Bowen, la Big Mango, une main posée sur sa surface lisse et orangée. Être le dernier debout. C’était un doux rêve que Woody ne pourrait même pas ne serait-ce qu’effleurer, pour ce qui était du grand chemin, pour ce qui était de la fin de sa vie. Alors pour ce défi d’une nuit, Woody allait se battre jusqu’au bout. C’était du moins l’esprit qu’il avait en s’avançant jusqu’à la mangue, troisième à être appelé à se positionner autour de la mangue. Et la quatrième représentante, de la dernière équipe à appeler, s’avança à son tour. Freja. Évidemment qu’elle figurait parmi les plus compétitrices de son équipe. Évidemment qu’elle avait voulu se prouver. Ils étaient les mêmes, pour ça, et pour tellement plus encore. Son regard se posa sur elle quand elle vint poser sa main sur la mangue, à un mètre à peine de lui, la courbe du grand fruit ne permettant pas à leurs corps de s’oublier, à leurs yeux de se fuir. Il releva légèrement le menton, se donnant un peu de contenance malgré son soudain déséquilibre. « Tu me sembles aller bien. Aller mieux. » Déclara-t-il, surtout parce qu’il préférait se voiler la face quant à l’éclat de tristesse qui avait remplacé la malice dans le regard de Freja. Il préférait largement se faire croire à lui-même qu’il avait eu raison sur toute la ligne et qu’en effet, après quelques mois à peine sans Woody dans sa vie, Freja allait mieux. Qu’elle était bien mieux sans lui, et qu’il ne devait avoir aucun regret de l’avoir laissée aller, celle qu’il aimait de tout son cœur, celle qu’il rejoignait à toutes les nuits dans ses songes. C’était plus facile que d’admettre qu’il avait peut-être eu tort, et qu’ils ne seraient jamais heureux tant et aussi longtemps qu’ils ne seraient pas eux deux.

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Depuis que Woody avait quitté ta vie, rien n'avait changé. Rien n'avait évolué. Ton monde ne semblait toujours pas tourner rond comme ton esprit, d'ailleurs. Tu te sentais horriblement seule et perdue depuis qu'il avait décidé de mettre un terme à votre histoire. Une histoire que tu as toujours pensé sans fin. Tu as toujours cru que Woody ferait partie de ta vie jusqu'à ton dernier souffle. Malheureusement pour toi, l'australien ne partage pas tes convictions ni même tes désirs. Il préfère être seul dans un avenir qui s'annonce particulièrement difficile pour lui. Tu as essayé de lutter, en vain. Si tu es têtue, Woody l'est davantage. Il n'a jamais cessé de te repousser et finalement, il a obtenu ce qu'il voulait : la fin de votre histoire. Mais le voulait-il vraiment ? C'est une question que tu ne cesses de te poser et qui ne trouve jamais de réponses. Et les six mois qui ont passé depuis votre "rupture", n'ont pas arrangé les choses. Bien au contraire, même. Tu as l'impression d'être encore plus renfermée qu'avant même si tu n'en montres pas une miette. Tu ne veux pas alarmer tes proches, tu préfères qu'ils te voient souriante et spontanée, comme à ton habitude. Il n'y avait que Woody qui pouvait déceler une certaine noirceur chez toi mais aujourd'hui, il n'est plus là pour ça. Ou du moins, c'est ce que tu pensais jusqu'à ce que tu le vois, appuyé contre Big Mango, prêt à relever le même défi que toi : tenir le plus longtemps possible debout, main contre cette mangue. Tu n'es pas étonnée de le voir là. Pas étonnée du tout, même. Il aime autant que toi repousser ses limites et tenir debout, envers et contre tout, est sans doute encore plus parlant pour lui que ça ne l'est pour toi. Malheureusement pour lui, tu ne te laisseras pas attendrir parce que tu lui en veux encore beaucoup de te faire endurer tant de souffrances, tant de difficultés alors qu'il pourrait tout arranger en un claquement de doigts. Lorsque tu te positionnes contre Big Mango, l'australien attire ton attention, mentionnant que tu sembles aller bien ou du moins, mieux. Tu as envie d'exploser de rire face à l'ironie de la situation mais tu n'en fais rien, restant de marbre face à tant d'hypocrisie. Comment peut-il croire que tu vas bien ? Tu n'iras plus jamais bien et il le sait mais Woody refuse de l'admettre, une fois de plus. « Si ça te fait plaisir de le croire, alors oui je vais mieux. » Réponds-tu en haussant les épaules, feignant l'indifférence. « Tu devrais t'avouer vaincu tout de suite, je ne lâcherai cette mangue sous aucun prétexte. » Ajoutes-tu déterminée. Tu veux qu'il voit la rage de vaincre dans ton regard et surtout qu'il comprenne qu'après ce qu'il t'a fait, tu n'es pas prête à lui donner cette victoire. « Toi aussi tu sembles aller mieux. Faut croire que ces nuits passées dans les bras de femmes t'ont bien aidé, finalement. » Tu ne peux t'empêcher de lui lancer une pique, c'est plus fort que toi même si tu n'as entendu aucune rumeur au sujet de Woody ces derniers temps. Ou du moins, rien qui concerne les femmes. Et si d'un côté ça te rassure un peu, d'un autre, tu trouves cela plutôt suspect. Mais dans tous les cas, tu n'as plus aucune emprise sur lui, plus aucun droit ni pouvoir.

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Woody Rutkowski
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MessageSujet: Re: hear you, falling and lonely, cry out: "will you fix me up? will you show me hope?" (freja)    hear you, falling and lonely, cry out: "will you fix me up? will you show me hope?" (freja)  EmptyMer 12 Sep 2018 - 21:06

Freja lui faisait perdre tous ses moyens, à Woody, peu importe le contexte et peu importe où se situait leur relation ; même lorsque cette dernière flottait dans le néant, dans le brouillard, la brune savait le décontenancer de par un simple regard. Sa seule présence à ce défi venait de tout remettre en question, de foutre le doute dans l’être de Woody. Lui qui se jurait pourtant inébranlable sentait son cœur s’effriter à chaque fois qu’elle poussait un souffle. Il savait fort bien, Woody, que s’il montrait ne serait-ce qu’une parcelle de regret ou d’incertitude, il ne verrait pas le bout de cette nuit. Il tomberait en ruines sous les yeux de tous ses compétiteurs, de tous ses camarades de ridicule guerre amicale. Il s’éparpillerait au sol, sa fierté emportée par le vent, alors que Freja le regarderait de haut pendant qu’il la supplierait de le reprendre. Pour se protéger de lui-même, donc, Woody revêtit ses actes d’hypocrite, son regard de marbre et son air défiant même alors qu’il s’agissait de tenir tête à l’amour. Probablement son plus grand combat jusqu’à ce jour. Pire encore que de repousser le moment fatal où sa maladie emporterait tout ce qu’il était, chasser Freja de sa vie et de son cœur s’avérait inexécutable. La vie la remettait d’ailleurs constamment sur son chemin, comme pour lui faire comprendre que peu importe ce qu’il faisait, jamais ils ne s’oublieraient. Peu importe ce qu’il faisait, ils souffriraient. « C’est du moins l’image que tu donnes. J’crois que je t’ai jamais vue aussi active sur les réseaux sociaux. » Il aurait dû comprendre que c’était sans doute pour ériger le grand mur entre le réel et le faux, que Freja s’entêtait à poster autant de photographies d’elle, comme pour convaincre le monde entier mais eux-mêmes, aussi, qu’elle continuait à vivre. Qu’il n’avait pas réussi à la détruire. L’effet était toutefois de détruire Woody, à son tour. Lorsqu’il voyait des photos d’elle prises par d’autres hommes, sans doute. Lorsqu’il la voyait sourire ou lever son doigt d’honneur à la caméra, il ne pouvait que se sentir complètement visé par cette rébellion du cœur. Si elle avait trouvé comme moyen de se protéger de mentir sur son véritable état, lui, Woody, n’était plus que l’ombre de lui-même, devenu un vrai fantôme dans cette ville qui ne trouvait plus rien à dire sur lui. « Ils devront trouver un moyen de rompre l’égalité, alors, parce que je ne partirai pas d’ici non plus. » C’était le début de plusieurs heures éprouvantes, certes physiquement mais surtout émotionnellement. La dernière fois qu’ils avaient passé autant de temps tous les deux remontait à lorsqu’ils étaient ensemble – ou plutôt, à lorsque Woody n’avait pas encore choisi de tout décider à leur place. Et de mettre fin à ce qu’ils avaient de si unique, de si fort, de si beau. Freja reprit alors les mêmes paroles que lui, mais à son égard cette fois, une pique cinglante qui cette fois n’était pas là pour l’embêter avec humour. « Je sais que ça ne changera rien, mais, tu sais, je n’ai été avec personne depuis … » Depuis eux. Depuis elle. Un regard un peu plus triste, un peu plus vulnérable, se posa sur elle. Son air de glace pouvait bien tenir quelques minutes, mais au fil des heures, il savait fort bien que la froideur entre eux ne pourrait que laisser place à la vérité complètement mise à nue.

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Bien sûr que cette activité sans fin sur les réseaux sociaux n'était qu'une façade. Un moyen de montrer au monde et surtout à Woody, qu'on ne peut pas te détruire. Du moins, pas complètement. Mais ce n'est qu'artifices. Au fond, au plus profond de ton être, tu es détruite sans aucune issue pour te sortir de ce trou noir dans lequel il t'a laissé. Dans lequel il t'a poussé, de toutes ses forces. Sans doute inconsciemment, sans doute involontairement mais il l'a fait. Et malheureusement pour toi, pour vous, il n'y a aucun point de retour, aucun moyen de faire machine arrière. Pour cette raison, tu ne trouves pas la force de te montrer indifférente face à Woody, à la place, tu préfères être piquante, provocante voire même méchante. Tu veux qu'il ressente toute ta peine, ta rancoeur, ta souffrance. Tu te persuades que dans cette situation, lui, va bien. Pourtant, au fond de toi, tu sais que c'est complètement faux. Que ton meilleur ami souffre autant que toi de cette situation inexplicable dans laquelle vous vous trouvez. Alors oui, tu te caches derrière de belles photos pour faire passer un message au monde mais surtout à l'homme que tu aimes, de manière détournée. Et visiblement, ça fonctionne. Tu fronces néanmoins les sourcils face à cette réflexion, prise un peu au dépourvu. Il faut dire que tu espérais bien que Woody tombe sur ces photos mais ce n'était pas une certitude. Il aurait pu tout aussi bien te bloquer de partout pour tirer un trait définitif sur toi et sur votre histoire. « Faut croire que j'ai découvert un nouvel intérêt pour la photographie. » Dis-tu en haussant les épaules. En réalité, tu aimes réellement poser devant un appareil photo mais ce n'est pas tant nouveau. C'est juste qu'avant tu gardais les photos pour toi. « Tu as trouvé mon Snapchat divertissant ? » Demandes-tu en arquant un sourcil, l'air un peu moqueur. Tu ne sais pas pourquoi tu agis de la sorte alors que tout ton corps et même ton esprit réclament Woody. Tout en toi te conduit vers cet homme, inaccessible. Tu hoches la tête en entendant les paroles déterminées de l'australien, lui non plus n'est pas prêt à perdre ce défi. En ce qui te concerne, tu n'es pas prête à perdre une fois de plus face à Woody. Même si tu es compétitrice dans l'âme, au fond, tu t'en fiches un peu de ce défi. Mais perdre face au jeune Rutkowski alors qu'il t'a mis plus bas que terre six mois plus tôt et encore aujourd'hui, c'est hors de question. Tu n'en es tout simplement pas capable. « Alors ce défi risque d'être long, très long. » Et si à cet instant précis tu te sens reboostée et plus forte que jamais, tu sais qu'au fil des minutes et même des heures, ta motivation finira par s'effriter. Au fur et à mesure que tu prendras conscience de ce que tu as perdu en voyant Woody devant toi, tu risques bien de t'écrouler, une fois de plus. Lorsque l'australien reprend la parole et pose le regard sur toi, tu sens qu'il est différent. Bien moins compétiteur qu'au début de votre conversation, bien moins joueur, tu peux ressentir une certaine vulnérabilité dans ses paroles et si tu n'étais pas si déterminée à te montrer forte, tu succomberais sans aucun doute. Comment résister face à un Woody triste et vulnérable ? Lui qui se montre si fort habituellement... C'est difficile mais tu tiens bon parce que tu ne peux pas t'écrouler une fois de plus pour cet homme qui ne veut pas - ou plus - de toi. « Je ne sais pas quoi répondre à ça Woody... Que veux-tu que je te dise ? » Demandes-tu en secouant légèrement la tête, confuse. « Non ça ne change rien, absolument rien... Mais peut-être est-ce toi, qui finis par changer finalement ? » Même si l'idée qu'aucune autre femme n'ait touché Woody depuis votre "rupture" te plaît, tu ne peux t'empêcher de penser que s'il commence à changer, s'il commence à s'assagir, c'est peut-être pour se caser dans les bras d'une autre. Cette pensée te donne envie d'hurler, de vomir, de pleurer, tout à la fois et pourtant, ton corps ne trahit rien. Tu restes plus forte que jamais face à cette tempête qu'est Woody, pour toi.

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MessageSujet: Re: hear you, falling and lonely, cry out: "will you fix me up? will you show me hope?" (freja)    hear you, falling and lonely, cry out: "will you fix me up? will you show me hope?" (freja)  EmptyLun 8 Oct 2018 - 2:45

C’était sa seule manière, à Woody, de garder un certain contact avec Freja. Ce frôlement, pourtant superficiel et virtuel, de la vie de la norvégienne lui apportait un peu de confort. Il lui permettait de ne pas sombrer indéfiniment dans la noirceur de son être maintenant fissuré de part et d’autre de lui-même. Quand elle regardait la caméra, parfois, il se surprenait à s’imaginer que c’était lui qu’elle regardait, lui et personne d’autre. Comme lorsqu’ils se réveillaient après une nuit d’amour et de caresses, comme lorsqu’elle ouvrait faiblement ses paupières, en quelques battements fatigués, et que son regard hypnotisant se posait sur lui. Rien que lui. Malheureusement, la réalité reprenait souvent trop rapidement ses droits, le frappant de plein fouet pour le ramener sur terre. Lui rappeler qu’il l’avait laissée s’en aller, malgré son amour criant pour elle, malgré son besoin incessant de l’avoir auprès de lui. Ses souhaits s’étaient réalisés, ce soir, il l’avait auprès de lui, si près de lui ; il aurait pu tendre la main et laisser ses doigts dessiner l’espoir sur sa peau cuivrée. Woody devait toutefois à Freja cette retenue, ce combat contre lui-même de ne pas capituler face à son égoïsme. Il s’était assez joué d’elle, il avait déjà poussé trop loin ses chances. Il n’y avait plus aucun retour possible, maintenant qu’il avait posé la dernière brique du mur les séparant. « J’crois que t’es pas la seule, à en voir le nombre de photos où tu poses pour quelqu’un. » La jalousie n’était même plus camouflée, le ton de sa voix trahissait tout ce tremblement d’énervement qui émanait de lui. Freja semblait s’en délecter, de cette douce vengeance inopinée, de ce moment où elle pouvait enfin sentir avoir un contrôle sur lui. La vérité était qu’elle en avait toujours eu, du contrôle, sur Woody. Il était sa marionnette et elle aurait pu tirer les fils comme elle le voulait, si seulement elle ne les emmêlait pas à son tour. Ils étaient deux êtres bien trop maladroits en amour pour avoir su se guider l’un et l’autre, alors ils valsaient dans tous les sens sans jamais trouver le rythme. « Divertissant est pas vraiment le mot que j’aurais utilisé, mais, si ça peut te faire plaisir … » C’était la seule façon qu’il lui restait pour lui faire plaisir. S’avouer défait face à elle. Lui accorder ces petites victoires même anodines. Pourtant, le voilà qui la défiait quand même pour ce challenge des plus ridicules. Abandonner maintenant ne leur aurait donné aucune satisfaction, ni à l’un ni à l’autre. Son effacement n’aurait laissé qu’un goût amer à cette rencontre inattendue. Et puis, Woody représentait son équipe, il ne pouvait pas choisir de quitter alors qu’on comptait sur lui. « Je n’ai peut-être pas tout le temps du monde, mais au moins assez pour ça. » Que devait-on en comprendre ? Qu’il s’octroyait du temps pour gagner un défi stupide, mais qu’il n’arrivait pas à accorder quelques années de plus à une relation qui aurait pu être si belle, si unique ? Ça n’était pas ce qu’il avait voulu dire, mais Woody avait le don de se mettre les deux pieds dans le plat. Il tenta de se rattraper, peut-être, en avouant à Freja que malgré ce qu’elle puisse croire, il n’avait eu personne après elle. Il ne pouvait y avoir qui que ce soit après elle. Ce qui ne laissait présager que tristesse et solitude pour la suite de sa vie. « Je n’attendais aucune réponse, pas vraiment. Je voulais juste que tu le saches. » Il haussa lâchement les épaules, avant de l’écouter lui demander si, peut-être, était-ce lui qui changeait. « J’essaie juste d’être celui que t’as été la seule à voir. » Afin d’honorer Freja, et cette relation si spéciale qu’ils avaient eue. Afin de ne pas entacher l’image qu’il aurait voulu qu’elle garde de lui, d’eux. Au fond, ça n’était qu’à travers le regard de la norvégienne que Woody avait déjà pu avoir une quelconque estime de lui-même. Il ne l'avait jamais vraiment remerciée pour ça. Il y avait tellement de choses qu'il ne lui avait pas dites encore.

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S'il avait été un tant soit peu attentif, Woody, il aurait remarqué que durant ces derniers mois voire même ces dernières années, ton regard n'était qu'à lui. Qu'il n'était dirigé que vers le sien, sans cesse, sans interruption, sans pause. Cherchant continuellement une approbation, parfois du réconfort ou même de la tendresse et surtout, de l'amour. Tu t'es voilée la face pendant si longtemps avant d'accepter cet amour que tu portes à ton meilleur ami. Un amour puissant, que même Woody ne semble pas capable de détruire malgré toutes ces blessures qu'il t'a infligées. Même aujourd'hui, alors que tu tentes de te montrer forte, hargneuse et blessée, tu ne peux que ressentir tout cet amour qui t'habite pour l'australien. Tu t'étais promis de ne jamais être dépendante d'un homme à ce point mais Woody était arrivé telle une tempête dans ta vie pour tout dévaster sur son passage. Et ne laisser que le vide. Alors, lorsqu'il se montre jaloux sans même s'en cacher, tu sens une certaine colère t'envahir qui menace d'éclater d'un moment à l'autre. Vous vous êtes déjà disputés lors du bal organisé par la ville et tu ne veux pas reproduire ce schéma mais Woody ne t'aide pas à dissiper ta colère, bien au contraire. Tu lui en veux de t'avoir laissée et ça, ce n'est pas une blessure qui s'efface en un claquement de doigts. « T'as aucun droit d'être jaloux ni même de me faire ce genre de remarques. » Réponds-tu, sèchement, les sourcils froncés par cette colère difficilement camouflée. Aujourd'hui, cela semble difficile pour vous deux de cacher vos sentiments et vos ressentis. Contre toute attente, vous ne parvenez plus à camoufler la tristesse d'un côté et la furie d'un autre. La glace et le feu. C'est presque le résumé de votre relation. Une relation de montagnes russes. Une relation tantôt bercée par l'amour, tantôt bercée par les reproches et la jalousie. Des hauts, des bas. Woody qui d'habitude est si combattif, si hargneux, aujourd'hui, il semble presque vaincu face à toi. Comme s'il n'avait plus aucune force pour combattre ce que vous représentez, tous les deux. Pourtant, n'était-ce pas ce qu'il voulait, en mettant un terme à votre histoire ? Tu hausses les épaules en entendant la réponse de l'australien quant à ton Snapchat que tu qualifies de divertissant. Un mot qu'il ne semble pas partager avec toi. Un mot qui sonne faux, au final. Car ce réseau social n'est qu'artifices, une fois de plus et Woody le sait pertinemment. Tout comme toi. Alors qu'il t'explique n'avoir eu aucune relation depuis votre "rupture", tu ne montres pas que cela t'atteint. Tu ne montres pas que ça te fait plaisir plus que tu ne le voudrais. Parce qu'au fond, c'est vrai, ça ne change rien à l'issue. Ça ne change pas le fait qu'il t'ait rayé de sa vie du jour au lendemain alors que tu étais à l'hôpital. Alors que tu avais besoin de lui, de son soutien, de sa présence. Il t'a laissée tomber pour quoi ? Pour une vie meilleure, soi-disant. Mais Woody se voile la face autant que toi et tu espères qu'il s'en rendra compte avant que ça ne soit trop tard. « Je ne te comprends pas Woody... » Son comportement n'était qu'une suite d'incompréhensions et d'incertitudes à tes yeux. A quoi jouait-il ? « Parfois, j'ai l'impression que tu es serein et en osmose avec ta décision de me virer de ta vie... Puis, parfois, j'ai l'impression que tu m'envoies des signes contraires et que tu regrettes ta décision. Je ne te suis plus... » Murmures-tu en baissant la tête, perdue face à toutes ces questions qui restent sans réponses. « Je ne serai pas capable de t'attendre toute ma vie... » Ajoutes-tu plus bas, plus pour toi que pour lui. Parce qu'il est bien trop difficile à tes yeux de patienter dans le brouillard complet. C'est une souffrance constante qui te bouffe petit à petit et qui risque de t'achever à tout moment si tu poursuis dans cette direction.

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MessageSujet: Re: hear you, falling and lonely, cry out: "will you fix me up? will you show me hope?" (freja)    hear you, falling and lonely, cry out: "will you fix me up? will you show me hope?" (freja)  EmptyLun 22 Oct 2018 - 3:11

Il le savait, Woody. Il le savait, au fond de lui-même, comme un secret qu’il tentait d’enterrer dans les abysses de son âme, que Freja lui appartenait. Loin de lui l’envie de s’approprier cette femme sauvage et libre, loin de lui l’idée de l’objectifier en clamant haut et fort qu’elle était sienne, mais la vérité était que l’un et l’autre avaient décidé de s’abandonner aux bras de cet amour impossible, de cette relation destructrice. Ils étaient à la merci d’eux-mêmes, une fois courant l’un vers l’autre, l’autre fois se fuyant avec la peur au ventre. La crainte de souffrir, la lâcheté d’aimer. D’aimer fort, et d’aimer devant tous. Parce que s’aimer, ils le faisaient, Freja et Woody. Plus que les autres, moins bien que les autres. Ils s’aimaient avec animosité, ils s’aimaient avec maladresse. Ils s’aimaient d’une dangereuse force d’attraction qui les brûlerait au bout du compte. Au bout du rouleau, ils y étaient ; à cette toute fin, à la tombée du rideau. Et Woody sentait effectivement son coeur s’enflammer à la vue de Freja, mais pas de ces étincelles qui ravivent la flamme non, mais de ces éclats qui tailladent un homme au point de le laisser en lambeaux de désespoir et de regrets. Il avait été attentif, Woody. Il avait remarqué chaque regard, chaque besoin de Freja, ces dernières années. Il avait tenté de les ignorer, pour mieux écarter son propre besoin pressant de faire d’elle son monde. En vain. Peu importe où ils se trouvaient, physiquement, émotionnellement, peu importe si le vide les séparait ou si leurs doigts s’étendaient assez loin pour s’effleurer, Woody ne pouvait taire cette jalousie qui grondait en lui à chaque fois que Freja lui filait d’entre les doigts. Et pourtant, pourtant c’était sa faute. À lui. Il avait choisi. Choisi de marteler de ses poings le pont entre eux deux, jusqu’à ce qu’il s’affaisse dans le gouffre sous leurs pieds, les laissant chambranlant maintenant qu’ils n’avaient plus rien. Qu’ils ne s’avaient plus. « J’ai l’droit de ressentir et de dire ce que je veux. De toute façon, c’est bien ça qu’tu cherchais à faire, non ? Ne me dis pas que tu pensais sincèrement que ces photos-là ne me feraient pas de mal. Si ça avait été l’inverse, ça aurait été pareil. C’qui se passe entre nous c’est peut-être moi qui l’a déclenché, mais ça m’empêche pas d’être malade en te sachant avec un autre comme si ce qu’on avait ne voulait rien dire. » C’était pourtant lui qui l’avait poussée vers d’autres hommes, ça n’était même pas un argument caché ou déguisé, il avait clairement dit à la norvégienne qu’elle trouverait un homme mieux que lui. Elle l’avait peut-être trouvé trop rapidement pour le coeur de Woody qui avait du mal à suivre la tête qui le contrôlait si mal. Il n’avait pas eu le temps de guérir. Il n’aurait jamais le temps de guérir. Pour tourner le fer dans la plaie ou pour s’affranchir de son mal-être, Woody avait alors assuré à la brune que lui n’avait été avec aucune femme depuis. Son discours, son attitude, les hauts et les bas, rien n’avait de sens. Il pointait dans des directions différentes à tout coup, une girouette perdue au milieu de la tempête. Freja ne pouvait le passer sous silence. C’est un coeur bourgeonnant d’espoir et une raison alertée par cet ébranlement qui s’affrontèrent quand Freja sous-entendit qu’elle l’attendait encore. « Je t’ai dit de ne pas le faire. De ne pas m’attendre. » Souffla-t-il, sa main posée sur la mangue devenant de plus en plus tremblante, de plus en plus faible - comme tout son être face à Freja. « Je ne serai jamais en harmonie avec ma décision, Freja. Je ne pourrai jamais prétendre bien la vivre, et n’avoir aucun regret. Y’aura toujours cette partie de moi qui t’aimera comme le fou que tu me fais devenir. Il faut que j’apprenne à écouter l’autre. L’autre partie de moi. Je suis désolé que ça ne soit pas encore le cas … je sais que je rend ça encore plus difficile que ça l’est déjà. » Il baissa les yeux vers ses pieds, ses pieds qui comprenaient maintenant ceux de Freja dans sa vision. Sans même s’en rendre compte, il s’était rapproché d’elle. La dangereuse attraction.

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MessageSujet: Re: hear you, falling and lonely, cry out: "will you fix me up? will you show me hope?" (freja)    hear you, falling and lonely, cry out: "will you fix me up? will you show me hope?" (freja)  EmptyMar 18 Déc 2018 - 15:54

Evidemment que tu lui appartenais et que tu lui appartiendrais toujours, d’une certaine façon. Même après des mois d’éloignement, ton corps et même ton être ne cessaient de réclamer Woody. Tu donnerais n’importe quoi pour revenir en arrière et retrouver tous ces moments de complicité que vous partagiez. Des moments intimes, aussi, parce que tu dois bien reconnaître que Woody est le meilleur amant que tu n’aies jamais eu. Sans doute parce qu’à l’alchimie se mêle également l’amour. Et pour une femme indépendante et libre comme toi, c’est un grand pas. Un énorme pas, même. Jamais, tu n’aurais cru possible aimer un homme à ce point. A tel point que ça te crève le cœur à chaque minute qui passe quand tu es loin de lui ou quand tu l’imagines dans les bras d’une autre lui donnant tout ce plaisir que tu rêverais de ressentir à nouveau. Alors oui, Woody a raison lorsqu’il affirme que tu cherchais à lui faire du mal en postant toutes ces photos de toi accompagnée sur les réseaux sociaux. Oui, tu cherchais à l’atteindre pour tenter de lui faire regretter sa décision et surtout pour qu’il décide de faire marche arrière. Qu’il avoue enfin que pour trouver le bonheur, il n’y a qu’une issue possible : toi. Il est le tien, tu es le sien et bien que vous le sachiez, vous êtes toujours incapables de l’admettre et d’enfin y goûter. Goûter à ce bonheur pur, durable et inespéré pour lui, comme pour toi. « T’as perdu ce droit quand tu as décidé de me rayer de ta vie, Woody. » Dis-tu sèchement. « Bien sûr que je voulais t’atteindre et te faire du mal parce que tu m’as brisé. Complètement. Je ne suis qu’une coquille vide depuis que tu es parti et je ne suis pas sûre d’être capable de m’en remettre. Alors pour toutes ces raisons, oui, je veux que tu aies au moins aussi mal que moi. » Parce qu’au fond, tu restes persuadée que Woody ne souffrira jamais autant que toi, actuellement. Tu es persuadée qu’il passera à autre chose bien plus vite que toi et ça te rend malade. Mais malheureusement, c’est quelque chose que tu ne peux ni contrôler ni changer. Woody est un électron libre, tout comme toi. Lorsque tu lui fais comprendre que tu attends toujours qu’il change d’avis et te revienne, l’australien est sans équivoque, tu ne dois pas l’attendre. Ce n’est pas la première fois qu’il prononce ces mots mais ils ont du mal à entrer dans ta tête et surtout dans ton cœur. Comme si tu ne les acceptais pas et les réfutais. Pourtant, le jour où ils seront bien ancrés en toi, il sera trop tard pour Woody, trop tard pour faire demi-tour et revenir vers toi. Ce jour-là, tu espères que le jeune homme sera en paix avec sa décision car cette fois-ci, elle sera définitive. Il te faudra du temps, bien sûr, mais lorsque ce jour arrivera, tout sera définitivement terminé entre vous. « Je ne comprendrai jamais ce qui te pousse à agir de la sorte… A t’autodétruire… » Dis-tu en soupirant et en baissant la tête. Tu soupçonnes sa maladie d’y être pour quelque chose mais ça ne devrait pas être un frein à tes yeux. Bien au contraire, ça devrait vous pousser davantage à passer du temps ensemble et à profiter de la vie tant qu’il est encore temps. « A chaque fois que j’essaie de t’oublier, tu réapparais dans ma vie, rendant encore plus difficile cette séparation. Alors dis-moi, comment je fais pour m’en sortir et pour sortir de ce trou noir dans lequel je suis depuis des mois ? » Demandes-tu, la voix tremblante et prenant conscience que l’espace entre vous se réduit au fil de la conversation. Même après avoir brisé votre relation, Woody ne peut s’empêcher d’être proche de toi. Et toi de lui. Foutue attraction.

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MessageSujet: Re: hear you, falling and lonely, cry out: "will you fix me up? will you show me hope?" (freja)    hear you, falling and lonely, cry out: "will you fix me up? will you show me hope?" (freja)  EmptyDim 23 Déc 2018 - 1:37

Pour trouver son propre bonheur, oui, la seule issue possible était d’être aux côtés de Freja. Elle était celle qui arrivait à le faire ressentir quoi que ce soit. Elle était celle qui arrivait à le faire sentir vivant, malgré la mort qui traversait son système nerveux, détruisant sur son passage tout ce qui permettait à Woody de fonctionner correctement. Mais son bonheur à elle, Woody se bornait à croire que ce n’était pas à ses côtés qu’elle le trouverait. Il savait ce qui les attendait, autrement. Il avait lu sur le sujet, il avait entendu des témoignages de gens atteints de la sclérose en plaques parler de leur relation qui s’effrite jusqu’à ce que l’attirance disparaisse complètement. D’amoureux à aide-soignant, d’amants à amis et pire encore, certains en venaient à se haïr pour ce que l’autre était devenu, ou les faisait devenir. Freja avait beau répéter que cette passion fusionnelle entre eux n’était pas ce qu’il y avait de plus important, Woody savait que leur attirance était l’oxygène de leur amour, en quelque sorte. C’est de cette manière-là qu’ils s’aimaient le mieux, qu’ils s’aimaient le plus, et bientôt Woody ne pourrait plus la combler comme il l’avait fait tellement de fois. Ce qu’ils avaient un jour été ne serait plus qu’un douloureux souvenir hors de portée de leurs mains. Woody ne serait qu’un malade, il serait réduit à cela et plus rien d’autre n’importerait. Ce serait leur quotidien, ce serait le boulet autour de leur cheville. Et Woody avait la ferme intention de ne devenir le fardeau de personne, encore moins de Freja. « Et bien je souffre ! C’est ce que tu veux entendre, Freja !? Je souffre, t’as aucune putain d’idée à quel point je souffre. Jour et nuit. Every fucking minute. Je t’avais dit de laisser le temps faire ce qu’il avait à faire et pourtant c’est moi qui me retrouve là comme un con à te regarder dans les bras des autres alors que moi, j’n’arrive pas, j’n’arrive pas à être avec qui que ce soit d’autre que toi ! » Lâcha-t-il fermement. Il ne voulait même pas savoir combien d’autres hommes ou combien d’autres femmes avaient pu passer après lui. De son côté, c’était le vide total, il n’avait plus de désir envers personne. À tel point qu’il en venait à se demander si ce n’était pas un symptôme de sa maladie, un autre qui s’ajoutait. Ou alors peut-être que la déprime le plongeait dans un état léthargique qui lui enlevait même ses instincts les plus basiques. Pourtant, malgré cette souffrance et cette tristesse qui l’habitaient, Woody ne démordait pas : Freja perdait son temps à l’attendre. « Non, tu ne le comprendras sans doute jamais, c’est vrai. Parce que tu n’es pas à ma place, tu ne sens pas ce qui me … ce qui me change en-dedans. Personne ne comprend. » Pas dans son entourage, du moins. Et le jeune homme n’avait aucun intérêt à partager ses états d’âme avec des gens comme lui. « Peut-être que c’est moi qui devrais partir. » Conclut finalement l’homme. Il avait tous ses amis et sa famille ici, et sa pratique, mais au fond, à quoi bon, s’il savait pertinemment qu’il perdrait tout ça dans quelques années ? Aussi bien rendre à Freja sa liberté. Celle qu’il ne cessait de lui voler, même en ce moment, alors que leurs corps se rapprochaient, alors qu’elle retrouvait la prison qu’était l’emprise de Woody.  

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Les gens qui pensent que l'amour est plus fort que tout et qu'il triomphe toujours ne vous ont jamais rencontrés. Depuis le début de votre relation, ça a toujours été complexe et tordu entre Woody et toi. D'aussi loin que tu te souviennes, vous n'avez jamais pu envisager une relation stable et "normale". Tantôt à cause d'autres personnes, tantôt à cause de vous. Et surtout à cause de cette peur lancinante de s'engager. Et maintenant que tu as dépassé ce stade, c'est une autre réalité qui vient faire obstacle à votre relation : la maladie. Du moins, c'est l'idée que tu te fais du blocage de Woody. Quelle autre raison aurait-il, sinon, de se rendre si malheureux ? L'australien n'a jamais réussi à s'apprécier, se voilant la face sur celui qu'il est vraiment, au plus profond de son être. Mais au-delà de ça, il voit un futur tellement tragique qu'il s'oblige à fuir et à faire fuir ses proches. La preuve est là, encore aujourd'hui, alors qu'il ne cesse de te repousser, de t'obliger à ne plus le voir comme l'une des personnes les plus importantes de ta vie. Si ce n'est la plus importante. Lorsque le ton monte et que Woody te dit souffrir, tu mets quelques secondes à assimiler ses paroles. Comme si tu n'étais pas capable d'y croire. Tu as toujours eu l'impression de compter pour Woody mais pas assez. Tu n'as jamais eu l'impression d'être à la hauteur face à lui sans comprendre pourquoi. Peut-être est-ce ça, l'amour, finalement ? Tu n'en as aucune idée car avant Woody, tu n'as jamais aimé quelqu'un à ce point. Au point de ne plus avoir envie de sortir du lit le matin ni même d'aller jusqu'au frigo pour se nourrir. Pourtant, le soir venu, tu tentes de combler le manque dans les bras d'autres personnes pour oublier, le temps de quelques instants, cette douleur à la poitrine. Malheureusement pour toi, cette bouffée d'air frais n'est que temporaire et lorsque la réalité te rattrape, elle t'emporte avec une violence encore plus grande. « J'pensais que ça m'aiderait d'entendre que tu souffres autant que moi mais finalement... ça ne fait que renforcer mes doutes et mes incompréhensions. » Dis-tu faiblement, n'osant pas regarder Woody de peur de lire toute la souffrance qu'il endure et qu'il masquait jusqu'ici. Tu ne comprends pas pourquoi il s'inflige tout ça et d'ailleurs, tu ne tardes pas à le lui dire. Espérant avoir des réponses pour mettre, peut-être, un point final à votre histoire. Si seulement cela est possible. « Alors tu me punis parce que je ne suis pas malade, comme toi ?! » Demandes-tu en soupirant. « Si tu n'expliques à personne ce que tu ressens, ce qui t'arrive, alors non, personne ne pourra jamais comprendre. Et tu finiras seul, complètement seul et mourant. Mais c'est ce que tu veux, non ? C'est ce que tu cherches en me repoussant, encore et encore toujours plus loin ? » Tes yeux se posent sur les siens, ta main effleurant presque la sienne alors que Woody ajoute qu'il faudrait peut-être qu'il s'en aille, lui, pour que tu puisses faire ton deuil de votre relation. Tu secoues la tête, trouvant cette idée complètement stupide. « Tu es né ici, toute ta vie est à Bowen, tu ne peux pas partir. » Affirmes-tu. Tu ne veux pas qu'il tire un trait sur ses proches, ici, à Bowen, en plus d'avoir tiré un trait sur toi. Si tu ne peux pas être auprès de lui, d'autres prendront le relais. Du moins, si Woody les laisse s'investir un minimum dans sa vie.

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Il n’avait que ce qu’il méritait, Woody. Cette souffrance qu’il était en train de cracher au visage de Freja, il l’avait cherchée, il l’avait inspirée. Tous ses gestes, toutes ses paroles, conduisaient jusqu’à ce point de non-retour des plus douloureux. Personne n’était à blâmer excepté lui-même pour ce trou béant dans sa poitrine, ce vide qui dévorait tout ce qui lui restait de vie et de bonheur pour le laisser complètement seul, avec rien du tout. Pourtant, ça ne l’empêchait pas de continuer à pleurer en silence, ça ne l’empêchait pas de croire le monde entier contre lui et de se battre contre tous ceux qui osaient lui remettre la vérité en face. Il préférait sortir les poings plutôt que d’entendre la raison. Il criait, criait, sans plus finir, et continuait de tomber, encore plus bas tomber. Way down. « J’aurais préféré que ça te réjouisse, plutôt, moi aussi. » Il soupira en baissant le regard. De toute façon, elle ne le regardait pas non plus. Ils étaient comme incapables de soutenir le regard de l’autre plus de quelques secondes, dévorés à la fois par l’attraction et par la douleur. « Ce que tu vois comme une punition, je le vois comme une faveur. » Il lui faisait cadeau d’une liberté qu’elle était prête à s’arracher à elle-même en demeurant auprès d’un homme comme lui. D’un homme qui n’en serait bientôt plus un. Qui ne deviendrait que l’ombre de lui-même. Incapable de donner, incapable de recevoir. Incapable de vivre une vie digne de ce nom. Il hocha la tête à la question de Freja, lentement, distant. « C’est ce que je veux. » Murmura-t-il tristement, la gorge nouée, la voix bloquée. Parce qu’elle commençait à s’ouvrir sur ses motifs, elle ne les comprenait peut-être pas, mais elle les voyait. C’était déjà une étape de franchie par rapport à quelques mois plus tôt. C’était donc une étape de plus vers sa délivrance, à Freja. Vers ce moment où elle s’émanciperait enfin de ses chaînes qu’il retenait autour d’elle sans même en contrôler l’emprise. Ses yeux s’embuèrent légèrement alors que leurs doigts s’effleuraient maintenant pendant que leurs paumes touchaient encore et toujours la mangue dans ce défi qui avait pris un tout autre sens. « Quelle vie ? Nevaeh est partie travailler à l’étranger, Felix est en cavale, comme toujours … et mes parents ne vivront pas éternellement. J’ai réussi à me mettre à dos la plupart de mes amis, qui se sont ajoutés à tous ceux qui me détestent à Bowen. Et ce n’est qu’une question d’années avant que je ne puisse plus travailler, plus comme je le fais actuellement du moins. Je n’en ai pas, de vie, Freja. » Déclara-t-il, avant de détourner le regard avant qu’une larme ne s’échappe de son œil. Il porta rapidement sa main libre contre sa peau pour effacer toute trace de faiblesse. Il posa à nouveau les yeux sur la norvégienne. « But you do. » Et il espérait qu’elle puisse en profiter au maximum, puisque lui ne le pourrait plus.

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Une faveur ? Tu as un mouvement de recul de la tête en entendant ce mot, comme interpellée que Woody puisse l'employer dans votre cas. C'est tout sauf une faveur d'avoir perdu ton meilleur ami, ton pilier à Bowen, l'homme de tes rêves et même de tes cauchemars. Souvent, dans tes rêves, Woody est auprès de toi, chevauchant le monde à tes côtés. Mais dans tes cauchemars, tu revis perpétuellement ce jour à l'hôpital où tout s'est brisé et tous ces mois, si difficiles, qui ont suivi. Alors non, en mettant un terme à votre amitié, à votre relation, Woody t'a tout fait sauf une faveur. « Ah bah super cadeau, je suis gâtée. » Rétorques-tu un peu plus sèchement que tu ne le voudrais. « Quelle faveur peut bien nécessiter qu'on vous ôte votre âme soeur ? » Demandes-tu sans vraiment attendre de réponse. Parce que oui, à tes yeux, Woody est ton âme soeur, ta moitié, celui qui te complète mieux que n'importe qui d'autre et qui te comprendra toujours peu importe les obstacles. Il est ton reflet dans le miroir et il le sera toujours malgré la distance et la séparation. Malgré qu'il tente, sans cesse, de vous éloigner l'un de l'autre pour "ton bonheur". Tu comprends pourquoi il agit de la sorte mais tu ne l'accepteras jamais. Et les mots de Woody ne font que renforcer ce sentiment d'injustice que tu éprouves. Ta vie a été si compliquée avant d'arriver à Bowen et aujourd'hui, alors que tu as évolué, changé, mûri, tu n'as toujours pas le droit d'être heureuse. Tu n'as toujours pas le droit d'effleurer le bonheur du bout des doigts sans qu'on te le retire ou plutôt te l'arrache avec violence. « Pourquoi ne peux-tu pas comprendre et accepter qu'on ait simplement envie d'être à tes côtés, Woody ? » Demandes-tu alors que ta voix se brise sous l'émotion. C'est si difficile pour toi d'accepter que plus jamais tu ne goûteras à ses lèvres et  que plus jamais tu ne partageras ses draps. Tu refuses de patienter jusqu'à ce que la vie t'ôte Woody et qu'il soit trop tard. Ce ne serait que du temps perdu impossible à rattraper et tu refuses de vivre avec des regrets. Mais ça, l'australien est bien trop borné pour le comprendre. Il se convainc que ce qu'il fait est bien et qu'il n'existe aucune autre solution. Mais il a tort. Complètement tort. « Si tu n'as plus de vie, c'est ta faute. Tu pourrais en avoir une, belle et heureuse mais tu te le refuses. Pourquoi ? » Parce qu'à ses yeux ce serait trop égoïste de faire vivre une vie bercée par la maladie à ses proches ? C'est ridicule. « Tu devrais profiter, justement. Tu es bien placé pour savoir que la vie est courte Woody alors bats-toi, fais ce dont tu as toujours rêvé. Pars à l'aventure tant qu'il est encore temps, profites avant qu'il ne soit trop tard. Si ce n'est que quelques mois, peu importe, au moins tu n'auras aucun regret. » Ajoutes-tu en essayant de bousculer ton meilleur ami pour qu'il enlève ces idées reçues de sa tête. Qu'il voit à quel point c'est ridicule d'agir de la sorte. Tes doigts caressent légèrement les siens alors que ta main est toujours fixée à la mangue de Bowen. Et tes yeux trouvent enfin refuge au creux de ceux de Woody, espérant y lire un peu d'espoir même si tu sais que rien n'est gagné.

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Woody leva les yeux au ciel. Elle était bornée, Freja, et si d’habitude ce trait de sa personnalité en était un de ses préférés, depuis quelques mois, depuis leur rupture, il aurait préféré qu’elle se montre davantage compréhensive, qu’elle tente de voir l’autre côté de la médaille plutôt que de s’entêter à lui reprocher d’avoir tout gâché. Sur le court terme, c’était le cas, Woody ne le niait pas, mais il savait que sur le long terme, c’était le mieux à faire pour elle. Là, face à elle, le jeune homme aurait eu envie de crier, de rugir sa rage, celle qu’il tentait de contenir pour ne pas montrer à quel point il était lui aussi perturbé par la distance entre eux. Il savait que s’il laissait sortir le mal, alors il perdrait le contrôle, et son désespoir se transformerait en regrets s’il laissait son cœur parler à la place de sa raison. Quand Freja utilisa le terme âme sœur, Woody se figea dans la tristesse, son regard rivé sur le sien. Il savait qu’elle l’aimait. Il savait qu’ils s’aimaient d’un amour incommensurable qu’ils ne retrouveraient sans doute jamais. Mais il n’avait jamais songé au concept d’âme sœur. Ça le déstabilisa. Ça le désarma. Et il eut envie de les déposer, ses armes, tant qu’à les avoir braquées sur la mauvaise personne. C’est à lui-même qu’il devait s’en prendre, pas à Freja. « Ça ne me sert à rien de continuer à me répéter. On ne se comprend pas. J’doute que cette conversation puisse évoluer d’une quelconque façon. » Ils étaient face à un mur, Woody et Freja. Un insurmontable mur de pierre. Pourtant, ils s’entêtaient encore et encore à frapper dedans, à poings serrés et fermés, dans l’espoir d’en faire tomber la poussière. Mais la poussière ne retombait pas et ils demeuraient aveuglés par leur propre perception de ce qui les attendait. De ce qui les attendrait, s’ils s’en laissaient la chance. Si Woody leur en laissait la chance. « Parce que le Woody auprès de qui tu veux être, ce ne sera pas le Woody auprès de qui tu seras, Freja … Combien de fois devrai-je te le dire ? Combien de fois devrai-je te rappeler que bientôt, trop tôt, je ne serai plus jamais le même ? » Lui plus que quiconque. Woody était trop fier, trop orgueilleux, il était le pire candidat pour cette putain de maladie, parce qu’il laisserait d’abord la honte l’emporter. Alors plutôt que de laisser les autres le voir s’effacer à petit feu, il préférait éteindre toutes les flammes qui pouvaient illuminer sa vie avant de les emmener dans le noir avec lui. Avec ses dernières paroles, avec sa vérité qui le tuait, Freja acheva Woody. Les larmes roulèrent le long de ses joues, trop pour qu’il puisse les cacher à présent. Elle caressait ses doigts des siens, et s’il n’était pas habité de cette putain d’arrogance, il aurait retiré sa main pour ne pas subir ce réconfort qu’il assimilait presque à de la pitié. Et surtout pour ne pas se laisser retomber dans ce besoin de contact avec Freja. Il n’avait pas senti sa peau contre la sienne depuis si longtemps, trop longtemps. Cette proximité était dangereuse et maintenant qu’il était complètement mis à nu, il se sentait plus vulnérable que jamais. « Je suis tellement … je suis tellement déchiré, en-dedans, j’suis en constant conflit avec moi-même … parce que si j’fais comme tu dis, Freja, si j’vis mes rêves et que j’écoute mon cœur, alors je sais que dans dix ou vingt ans, j’serai prisonnier de mon propre corps et je ne pourrai que me réfugier dans ces souvenirs-là, et ça me fera tellement mal de savoir que ça m’aura été arraché, volé. J’en viens à me dire que je préfère ne rien vivre parce que comme ça, rien ne pourra me manquer. J’préfère regretter de ne pas avoir agi que de regretter la vie que je ne peux plus vivre. Tu comprends ? Dans tous les cas … dans tous les cas je perds. » Lâcha-t-il. Son regard se tourna vers leurs doigts entrelacés, puis, lentement, hésitant, il la retira complètent de la mangue. Il se délia de Freja, et de la victoire. « Et toi tu gagnes. » Il regarda Freja. « Tu gagnes. » Réitéra-t-il dans un murmure, contrastant avec les soudains cris de l’équipe de la norvégienne.

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« Je ne crois pas non plus parce que je n'accepterai jamais de tirer un trait sur toi. Tu feras toujours partie de ma vie même si je fais tout pour t'oublier. » Dis-tu sans voir que Woody est désarmé par tes mots. Sans lire la souffrance dans ses yeux parce que tout ce que tu vois, toi, c'est de l'injustice. Tous les jours, en pensant à ton meilleur ami, tu ne peux que ressentir une énorme boule dans ta gorge de peine mais surtout de colère. Tu es en colère que la vie te le retire de cette façon et qu'elle l'empêche, lui, de vivre la vie qu'il mérite. Parce que peu importe ce que Woody pense de lui-même, il fait sûrement partie des plus belles personnes sur cette Terre. Alors oui, tu es en boucle sur cet abandon mais tu ne peux pas faire autrement. Il y a déjà tellement de gens qui t'ont laissé tomber dans ta vie que tu ne supportes pas l'idée que Woody en fasse également partie. Tu n'accepteras jamais qu'il se range du côté de ton passé et non de ton présent. « Même si ton physique ne suit plus, Woody, je te verrai toujours comme un homme bon, généreux et gentil. La maladie ne sera pas capable d'ôter cette image-là de ma tête. Combien de fois devrais-je te le dire ? » Si tu ne veux pas comprendre que Woody va changer et veut construire cette nouvelle vie seul, lui ne comprend pas que tu es capable d'aller au-delà de la maladie et de continuer à le voir tel qu'il est, actuellement. Mais depuis qu'il a mis un terme à votre relation, vous ne parvenez plus à vous comprendre. C'est un vrai dialogue de sourd que vous vous acharnez à continuer. Tu sens cette boule grossir dans ta gorge au fur et à mesure de la conversation mais Woody la fait exploser, littéralement, avec ses larmes. C'est la première fois qu'il se montre aussi vulnérable devant toi. Qu'il ose exposer clairement ce qu'il ressent et toute cette souffrance qu'il endure. C'est assez pour que toi aussi, tu lâches toutes ces larmes que tu retiens depuis que ton regard a croisé le sien en prenant place contre The Big Mango. Tout ce que tu comprends, en entendant les paroles de Woody, c'est qu'il est complètement détruit par la maladie. Que ça le bouffe d'imaginer une vie où il n'aura plus aucun contrôle. Lui qui est si libre, si sauvage. Comme toi, il a besoin de son libre arbitre pour vivre, c'est comme avoir besoin d'oxygène. C'est essentiel. Alors quelle vie peut-il imaginer sans tout ça ? Après quelques secondes, l'australien retire sa main de la tienne et surtout de la mangue ce qui t'offre la victoire. Mais tu es bien incapable de la savourer avec ton équipe parce que tu as perdu bien plus gros. Une chose essentielle à ta vie et à ton bonheur. « Tu ne comprends pas... j'ai perdu moi aussi. Tout perdu lorsque tu es parti. » Tes repères, ton oxygène, ton sourire, ta vie, tout s'était envolé ce fameux jour à l'hôpital. Tout avait disparu à la minute où Woody avait passé la porte. Alors ce n'est pas seulement à sa vie qu'il met un terme en s'écartant de toi, mais également à la tienne. Même s'il n'en a certainement pas conscience. « C'est bête de croire que tu n'auras aucun regret, Woody. Bien sûr que tu en auras parce que tu as déjà vécu un tas de choses jusqu'ici. Ces souvenirs, tu ne pourras jamais les effacer même si tu essaies de toutes tes forces. » Dis-tu en soupirant légèrement avant de finalement retirer ta main, toujours collée à la mangue. Tu fais un pas en avant, rompant la distance qui te sépare de l'australien. « Mais je vois tout ce que tu perds à cause de la maladie et évidemment que je trouve ça injuste mais... mais tu te retires bien plus de choses par toi-même. Tu t'ôtes tout moment de bonheur alors que tu as encore le contrôle. Tout n'est pas encore perdu. » Tu n'es pas encore perdue. Tu es toujours là, malgré cet éloignement et malgré cet énorme trou dans ta poitrine. Tu sèches quelques-unes de ses larmes du bout des doigts, caressant doucement sa peau qui t'a tant manquée. « Mais je ne peux rien faire pour toi tant que tu ne m'acceptes pas dans ta vie. Alors même si tu ne veux pas que je patiente, je ne serai jamais bien loin. Sache-le. Et au moment où tu seras prêt, je serai là, prête à lier ma vie à la tienne. » Dis-tu avec un faible sourire, effaçant d'un revers de la main tes propres larmes. Et si cette conversation doit s'achever de cette façon parce que Woody refuse de voir l'évidence et bien peu importe. Maintenant que tu as posé des mots sur ton ressenti et que tu as un peu mieux compris le sien, tu es prête à lui donner le temps et l'espace dont il a besoin.

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Ils tournaient en rond, de petits cercles d’incompréhension qui donnaient cette triste impression de faire du surplace alors que tout ce qu’ils se souhaitaient l’un à l’autre, c’était d’avancer. Mais l’un désirait avancer à deux, et l’autre priait pour qu’elle fasse son chemin seule. Woody préférait garder ses fantasmes d’une vie de couple avec Freja pour ses rêves, parce que ceux-là ne quitteraient sans doute jamais ses nuits, tandis que la réalité, elle, aurait tôt fait de les séparer. Il préférait largement pouvoir s’endormir la nuit avec des images de ce qu’il aurait pu avoir, plutôt que de faire des cauchemars à propos de celle qu’il avait perdue en devenant infirme. Elle avait beau prétendre, Freja, que la maladie ne changerait rien à la manière dont elle le percevrait, Woody savait que ce n’était que de belles paroles d’espoir. Des mots auxquels elle voulait réellement croire, mais dont elle ne comprenait pas le poids. Woody le sentait déjà, lui, le poids. Le poids des mots, le poids de sa condition, le poids des années qui s’écoulaient. Au-dessus de sa tête, ce n’était pas une épée de Damoclès, c’était un énorme sablier dont les grains se déversaient sur lui jusqu’à l’enterrer vivant. « Ce n’est pourtant pas ce que je suis, Freja ! Demande à n’importe qui ici. À n’importe qui. Ils te le diront tous. Je ne suis pas bon. Je ne suis pas généreux. Je ne suis pas gentil. Et je ne sais pas si c’est l’amour qui te rend aveugle mais une chose est sûre : un jour tu me verras comme je suis vraiment et alors ça ne suffira plus. Et j’redoute tellement ce jour où tu n’te feras plus d’illusions sur ma personne … j’le redoute tellement que je préfère te le servir sur un plateau d’argent. » De par lui-même, Woody levait le voile sur qui il était vraiment aux yeux de tous et sans doute bientôt aux yeux de Freja : un monstre. Il le savait, Woody, il le savait fort bien, qu’il méritait toutes les insultes qu’on pouvait dire de lui dans son dos ou en face. Il ne se battait que pour les gens qu’il aimait vraiment, et ceux-là il les choisissait avec soin, parce que tous les autres ne recevaient que sa hargne, son dédain, son arrogance. Et si toute sa vie il avait su gérer ce monstre en lui, aujourd’hui, Woody n’en pouvait plus d’être ce qu’il était. Alors il explosa. En un torrent de tristesse incontrôlable. En une avalanche de regrets. Il ouvrait ce barrage de fierté qui trop longtemps avait barré le chemin à ses émotions les plus vulnérables. Avec le déversement s’envola la victoire, mais ça, Rutkowski n’en avait que faire. Les cris, il les entendait à peine. Seules les paroles de Freja importaient. C’était ce qui lui avait toujours importé. Et pour une fois, pour la toute première fois lorsqu’il était question de sa maladie, il l’écoutait vraiment. Il était pendu à ses lèvres, ses yeux cherchant l’espoir dans ceux de Freja. Il aurait tellement voulu y croire, il aurait tellement voulu y puiser le même espoir et le faire sien. Au lieu de ça, il soupira. « Tu dis que tout n’est pas perdu et j’en ai bien conscience. Mais je n’ai pas envie d’faire de notre vie le tout le plus magnifique, pour ensuite le perdre d’un coup … Tu sais, j’ai déjà commencé à perdre des morceaux de moi-même. À commencer par ma passion. Et je me dis que le coup sera peut-être moins difficile à encaisser si j’les perds petit à petit plutôt que de voir tout s’effondrer en un claquement de doigts. » Lorsque Woody avait dû cesser de faire du vélo de montagne, il avait été des mois durant en train de s’apitoyer sur son sort, il n’en avait jamais totalement fait le deuil d’ailleurs, il suffisait de se remémorer cette fois avec Nevaeh où il avait tenté de remonter sur son vélo de compétition pour ensuite finir à l’hôpital. Il ne pouvait s’imaginer vivre à la fois le deuil de son métier, le deuil de son corps, le deuil de son amour avec Freja. Ce serait trop pour lui. Trop. Il en crèverait. « J’espère de tout mon cœur que tu ne perdras pas ta vie à m’attendre. Mais je m’accrocherai quand même à tes paroles. » Il posa son front sur celui de Freja, prenant enfin ses mains dans les siennes sans chercher à fuir. « Just in case. » Ajouta-t-il dans un murmure, les yeux fermés.  

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