In the eye of the storm (emilia)

Une main sur le bas de mon ventre, je serre les dents et inspire pour finalement bloquer ma respiration. Cela plus d’une heure qu’Emi et moi attendons dans la salle d’attente de l’hôpital. « Il faut que je marche un peu » je déclare en grimaçant. Ma fille doit en avoir marre d’être compresser à cause de ma position assise et elle me fait savoir. C’est du moins ce dont j’essaie de me convaincre. En réalité, je connais très bien cette douleur qui m’électrise le bas ventre. Je préfère ne pas y penser. C’est le choc, surement. Oui, c’est surement le choc. Je commence à faire les cent pas en massant mon ventre. Il est presque minuit. On ne nous a encore donné aucune nouvelle de Livio, mais lorsque le médecin entre dans la salle d’attente et que mon regard croise le sien et qu’il approche, mon coeur manque un battement. Je sens qu’Emilia se lève et j’attrape aussitôt sa main. « Madame Manzoni ? » commence le médecin. Je hoche la tête. « Votre mari est sorti du bloc opératoire. Son état a été stabilisé, nous l’avons placé dans un coma artificiel pour l’instant. » « Oh…d’accord. » Je serre la main de ma belle-soeur et grimace de douleur alors que je sens mon utérus se contracter. « On…on peut le voir ? » je demande tout de même. La douleur est si vive soudain qu’elle manque de me faire tourner de l’oeil, mais je serre davantage la main d’Emilia. « Tout va bien, Madame Manzoni ? » Je souffle, puis serre les dents. « Oui oui…merci. J’ai besoin de m’asseoir. » Je recule de quelque pas et m’assoie, puis tâche de trouver une position confortable, sans succès. Le spasme finit par passer, puis je me concentre à nouveau sur le médecin. « Vous pouvez le voir, bien sûr » reprend-t-il. « D’ici quelques minutes, il sera transféré dans une chambre, mais je vous préviens que cela peut être un peu éprouvant pour vous. » Je secoue vigoureusement la tête de haut en bas. « Oui, je comprends, mais je veux le voir. » Je regarde à peine le médecin. En réalité, j’essaie de me concentrer sur un détail, quelque chose qui me détache de ce qui menace de me submerger. L’accident de Livio, l’impression qu’on a ouvert une trappe sous mes pieds et que je tombe dans le vide depuis. Je ne sais pas comment le gérer. J’ai peur. Je suis terrifiée, et j’ai l’impression qu’une main de fer enserre mon coeur. Leandro a pleuré tout le trajet alors que je l’ai conduit chez Fede pour qu’il s’occupe de lui pendant que je serai ici, à l’hôpital. Mon coeur de maman s’est déchiré. Je ne sais pas ce que je pourrais dire à mon fils si jamais il arrivait malheur à Livio. Je ne peux pas. Je ne sais pas.
Dans un état second, je suis le médecin jusqu’à la chambre de Livio. On nous explique qu’il sera surveillé en permanence. Mon coeur tambourine dans ma poitrine tandis qu’on approche de l’endroit où se trouve mon mari. Je jette un oeil vers Emilia. Sa mine fait peur à voir, et je ne dois pas être mieux. Je suis tellement reconnaissante qu’elle soit là, je ne sais pas comment j’aurais traverser cette épreuve sinon. « Mesdames, je tiens à vous prévenir, il a été entubé, cette vision peut vous éprouver un peu, il se pourrait que… » « On veut le voir » je répète un peu sèchement. Le médecin pince les lèvres, puis m’invite à entrer. J’ai l’impression de flotter alors que j’avance dans la chambre. Je ne fais pas attention à l’environnement, aux bips incessants, mais je fonds en larme aussitôt que mon regard tombe sur Livio. « Oh Amore Mio… » Je me précipite sur son lit, ne m’occupant pas des tubes et des fils qui pourraient m’entraver. Je lui parle en italien, lui dit de tenir bon, qu’il doit se battre pour nous, que j’ai besoin de lui. Je lui dis que tout va bien, le rassure, caresse ses cheveux. Puis je me tais, de longue minutes. Dix. Peut-être plus. Je ne dis rien. Respire à peine, ma bouche contre le front de mon époux. On nous a laisser un peu d’intimité. Seule Emi est là, avec moi. On se tient la main toutes les deux. Un pic de douleur me saisit à nouveau, je laisse échapper un soupir, puis serre les dents. Mes doigts serrent davantage ceux de ma belle soeur. Ca recommence.

@Emilia Manzoni  

Aura avait fini par arrivé à l'hôpital, t'avais donc laissé Beckham tu le savais que Elijah et Elmo allaient finir par arrivé pour lui tenir compagnie. Toi tu ne pouvaient surtout pas laisser Aura seule, t'avais besoin d'être son pilier actuellement qu'elle puisse se tenir à toi et compter sur toi dans cette épreuve. Vos mains ne se lâchent presque pas, un peu comme ci vous preniez de la force chez l'une comme chez l'autre. Tu vois que Aura n'est pas forcément dans son assiette mais tu ne dis rien, la laissant se lever marcher quelques instants. A 8 mois de grossesse il est certains que cela devait tirer un peu plus surtout avec les émotions qu'elle est entrain de vivre. Bien que tu bosses dans cet hôpital personne ne te donnait aucune information. Ta supérieure t'avais invité à reposer ta blouse pour le reste de ta garde, comprenant parfaitement que tu n'étais juste pas capable de gérer le boulot actuellement. Le médecin fini par arrivée et toujours muté dans ton silence tu t'approches de lui attrapant à nouveau la main de ta belle soeur, main que tu sens se resserrer un peu trop fort dans la tienne. Aura cachait définitivement quelque chose mais tu ne comptais pas la brusquer. Tu la vois réclamer au médecin de voir ton frère. "Vous inquiétez pas, j'ai l'habitude..." Dis-tu au médecin, tu travaillais ici tu avais donc l'habitude de voir des patients dans la même situation, mais par contre voir ton frère dans cette situation tu ne sais pas si au final tu allais être prête. Ta main toujours dans celle de ta belle soeur, instinctivement tu lui caresses délicatement comme pour l'apaiser et lui montrer que tu étais tout de même présente malgré ton apparence absente. Le médecin vous conduis alors vers la chambre où Livio a été transféré, il insiste à nouveau sur le fait que vous alliez le trouver intubé, ton regard froid se plonge dans celui du médecin, tu comprenais pourquoi il faisait ça, mais tu n'en avais que faire de ce qu'il te dit et Aura également. Vous entrez alors toutes les deux dans cette chambre et tel un robot tu entends déjà le son des machines et te laisse porter par Aura qui s'approche aussitôt du lit de ton frère aîné. Tu sens ton coeur se resserrer un peu comme ci tu recevait un coup de poignard. Le voir comme ça te faisait si mal mais tu ne pouvais pas craquer, tu devais être forte pour lui, pour Aura, pour Leandro. Malgré tout, tu te mets à pleurer en silence, laissant l'espace nécessaire à Aura d'être comme seule avec Livio, ne voulant pas t'interposer entre eux. Tu l'espères du fond de ton âme qu'il allait s'en sortir, tu ne pouvais juste pas imaginer ta vie sans Livio dans celle-ci, tu pouvais pas te résoudre à le perdre. Le silence s'installe, tu essuies tes larmes du revers de ta main libre ne voulant pas montrer à Aura tes larmes. Tu ne sais combien de temps vous rester ainsi avant que tu ne ressentes à nouveau Aura te serrer la main. Tu la laisses faire et une fois qu'elle la dessert tu t'écartes d'elle et va attraper la chaise non loin de toi pour la lui donner "Assis toi Aura s'il te plaît!" Presque instinctivement tu viens t'accroupir face à elle et plonge ton regard dans le sien "T'as des contractions c'est ça?" Tu ne voulais pas qu'elle te mente c'est pourquoi tu la regarde ainsi. "T'es en travail tu penses?"

On n’est jamais vraiment préparé à ça. Il n’y a rien qui peut nous préparer à voir quelqu’un qu’on aime dans la souffrance. Voir mon mari intubé me fait un choc que je ne me suis pas vraiment préparer à encaisser. Depuis l’annonce de l’accident, j’ai l’impression de vivre dans une autre dimension. De vivre un cauchemar duquel je ne parviens à pas me réveiller. J’ai l’impression de flotter hors de mon corps, de vivre la situation du dessus. Peut-être que c’est un moyen qu’utilise mon cerveau pour me protéger. Peut-être que tout ça est bien trop dure à encaisser. En arrivant devant la chambre où se trouve Livio, le médecin nous préviens que cela ne va pas être facile, mais je balais sa remarque aussi vite qu’elle me parviens. Même si je n’y suis pas préparée, même si je sais que je vais avoir mal, j’avance. J’ai besoin de le voir. J’ai l’impression qu’une main de fer se glisse à l’intérieur de ma poitrine, et sans la moindre douceur enserre mon coeur. C’est pire encore lorsque je l’aperçois. J’ai soudain l’impression d’être en plein cauchemar. Ce n’est pas réel, cela ne peut pas être réel… Livio est étendu sur ce lit d’hôpital, branché à des machines et intubé. Cette vision m’est douloureuse, pourtant, je m’approche de lui et me penchant pour embrasser son front. Je reste un moment ainsi, ignorer la douleur qui continue de me vriller le ventre. Ce n’est que lorsqu’Emilia me fait asseoir que je me rends compte à quel point elle est intense, cette douleur. Je n’ai pas envie de lui accorder de la place, ça n’est pas important. Elle va passer. C’est le stress, le choc. Ce n’est pas la première fois que cela m’arrive. C’est juste une petite alerte. C’est du moins ce dont j’essaie de me persuadé. Emilia utilise un mot que j’essaie d’ignorer depuis le début. « Non… » je réponds tout en serrant les dents face à une nouvelle vague de douleur. « C’est beaucoup trop tôt… » Ma fille doit encore passer quatre semaines au chaud, je n’arrive pas à me dire que je suis bel et bien en travail. C’est impossible.

Tu l'avais vu débarquer ton frère, tu l'avais vu passer ces portes aux urgences, tu le savais que ça n'allait donc pas être simple que ce qu'il avait été bien trop grave. Tu as eu heureusement la présence de Beck avec toi pour surmonter un peu de cette attente, en attendant qu'Aura n'arrive. Tu te devais d'être forte pour elle, pour ton frère alors tu as pu craquer heureusement avant qu'elle n'arrive. Une fois en sa présence, tu as donc aussitôt porté ce masque de Emi la médecin, Emilia celle qui devait prendre soin de sa belle soeur. Tu voulais être une épaule pour elle si jamais elle en avait besoin, tu te devais de l'être forte et solide, alors il t'ait juste interdit de craquer en sa présence. Même si voir ton frère allongé dans ce lit intubé te fais échapper quelques larmes. Il ne méritait pas d'être ici, si tu le pouvais tu ferai tout pour être à sa place. Il devait se réveiller pour être auprès de sa femme et de Leandro. Tu priais au fond de toi pour qu'il se réveille et vite, mais en même temps pas trop vite pour qu'il ne souffre pas trop. Tu attrape une chaise pour que Aura puisse s'assoir proche de Livio, tu sentais bien depuis tout à l'heure la façon dont elle te sert la main, dont elle tient son ventre ou se plie. Les traits de son visage exprimait clairement qu'elle avait des contractions mais qu'elle ne te disait rien. Alors toi, tu t'abaisses et la regarde dans les yeux, est-ce qu'elle est en travail? Toi tu ne pouvais pas ressentir ce qu'elle ressentait elle. C'était trop tôt, oui tu le savais qu'elle ne devait accoucher que dans un mois, mais parfois les chocs peuvent provoquer bien plus de chose et justement, peut-être que la petite a senti que sa maman avait besoin de bonheur dans cet instant douloureux. "Aura..." Tu portes un regard doux sur ta belle soeur et penche légèrement la tête. "Tu veux bien me rassurer et qu'on aille contrôler justement que tu ne sois pas en travail?" Tu ne voulais pas l'inquiéter plus alors tu tentes de trouver un moyen pour qu'elle puisse te suivre pour aller faire un contrôle auprès d'un collègue à toi.