après avoir fait l'tour du monde tout c'qu'on veut, c'est être à la maison - aura

Italie. Quelque part en Sicile. Le retour aux sources, parfois, ça a du bon. Je n'étais pas retourné à la maison depuis si longtemps. Mais quand tout avait foutu le camp dans la vie d'Aura, quand elle avait suggérer qu'elle retournerait bien un peu à la maison familiale, j'y avais vu comme une bonne occasion aussi pour moi, d'me reconnecter un peu aux racines. Ma vie partait un peu en couille depuis quelques semaines - ou mois peut-être. J'avais plus trop la notion du temps. J'étais tombé assez bas cet hiver, mais j'crois que je remontais un peu la pente. Grâce à Arielle, qui agissait à nouveau dans mon monde. Et puis, j'pouvais pas tout envoyer valser. C'était le pire des moments, Aura avait besoin de moi - et j'avais aussi besoin d'elle. On s'était pas éloigné, on s'était pas perdu de vue, juste, on avait chacun dealer dans nos coins et ce retour à la maison, c'était aussi l'occasion pour elle et moi de reconnecter, de sceller encore un peu plus notre relation. Ca faisait déjà trois jours qu'on était de retour à la maison. Notre mère, elle avait vu les choses en grand. Elle nous avait accueilli comme des rois, j'crois qu'on avait jamais autant mangé en si peu de temps. Les enfants aussi étaient contents de passer du temps avec leurs grands-parents et j'crois que ça faisait du bien à Aura aussi tout ça. Ce matin là, alors que les enfants dormaient, j'me levais, silencieusement. J'enfilais un t-shirt (assez rare pour qu'on le remarque) et un short et j'me glissais dans la chambre d'Aura. Elle dormait encore et j'm'affalais à ses côtés, avec une douceur totalement inexistante. "Non dormo più, quindi non c'è motivo per cui tu non debba farlo!" (Comprennez : J'dors plus alors il n'y aucune raison que ça soit pas le cas pour toi!) Mais au lieu d'me lever, j'me rapprochais d'elle et j'la prenais dans mes bras. "Tu t'rends compte que ça fait que trois jours qu'on est là et j'suis déjà gavé d'arancini et de cannoli." J'souris, bien conscient que le réveil que je lui imposais était tout sauf doux. Mais j'étais juste heureux d'être avec ma soeur. Voilà.

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Si, plus jeune, je ne me suis jamais imaginée en couple, aujourd’hui, j’ai vraiment du mal à réaliser que je suis divorcée. Livio a été mon seul et unique Amour. Il l’est toujours. Nos chemins se sont séparés, c’est tout. L’avenir m’apparait complètement flou désormais. Nous nous étions mis d’accord avec Livio pour faire du bien-être de nos deux enfants un priorité et de faire en sorte qu’ils soient le moins possible perturber par notre séparation. Pour le reste, c’est le brouillard total. Milla, notre fille, n’a que quelques mois et ne se rend pas compte de la situation, mais je sens que Leandro ne comprend pas toujours bien ce qu’il se passe. Un petit garçon de deux ans et demi qui voit son Monde s’écrouler, comme ça, du jour au lendemain, a sans doute besoin d’un peu de temps, de beaucoup d’Amour et d’écoute pour appréhender la situation.
La seule chose qui m’a semblé claire, après la signature des papiers du divorce, c’est de prendre un billet pour la Sicile. J’avais besoin d’un retour aux sources, d’un moment hors de mon quotidien. Alors j’ai embarqué les enfants, mon jumeau et nous sommes partis passer quelques jours chez nos parents.
Au matin du troisième jour, je commence tout juste à ouvrir l’oeil quand la masse indélicate de mon frère vient se vautrer sur mon lit. Il est réveiller, alors il n’y a aucune raison que je continue de dormir. Je proteste pour la forme et grogne, même si, en réalité, son attitude me fait du bien. Je sais que c’est sa manière de me témoigner son affection. Avant d’emménager avec Livio, j’avais toujours vécu avec Orso. Je réalise, depuis trois jours, à quel point ça me manquait de vivre sous le même toit que lui. On se voyait tous les jours à Bowen, ou presque, et on passait notre temps à s’envoyer des messages, ou des conneries sur Whatsapp, mais cela n’était pas pareil.
Ses bras m’entoure et je me laisse bercer. J’ai l’impression d’avoir 8 ans à nouveau, comme lorsque l’un de nous faisait un cauchemar et qu’on se réfugiait dans le lit de l’autre pour finir la nuit. Sa présence me rassure. J’ai le sentiment que rien de mal ne peut m’arriver quand il est là. « En même temps, tu t’es resservi trois fois hier soir…tu vas finir par rouler » je le taquine, sans même bouger ou ouvrir les yeux. Hélas, mon fils a décidé de ne pas me laisser ce loisir plus longtemps. Mes parents s’occupaient des enfants depuis leur levé - à 7h du matin - mais Leandro avait décidé de mettre fin à ma grasse mat’ - il était à peine 9h… - en s’engouffrant dans ma chambre et en sautant sur mon lit avec la même délicatesse que son oncle. « Mamaaaaaa ! ouv’ tes nyeux. oh lolé chaud » Je me redresse légèrement et souris à mon fils. « Merci mon chéri, maman préfère un café plutôt que du lait chaud, mais j’arrive. » J’ai à peine fini ma phrase que mon fils aperçoit Orso et se jeta sur lui en criant « Ziooooooooooo » Il lève la tête et regarde mon jumeau avec sérieux « Oh lolé chaud, toi ? »  

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Spoiler:

De se retrouver comme ça, avec Aura, en Sicile, dans notre fief, c'est assurément ce dont j'avais besoin. Pour me débarrasser une bonne fois pour toute de mon addiction à la poudre blanche déjà, et pour me reconnecter à mes racines, pour renouer avec Aura, pour prendre juste le temps de respirer et d'me sentir en vie. Ca avait bien fonctionné, et même si j'avais tenté de cacher au maximum mon manque les trois premiers jours, j'me sentais beaucoup mieux maintenant. J'avais pas mal diminué, déjà, avant notre départ pour la Sicile, grâce à Arielle, alors j'avais juste un dernier petit pas à faire pour me sortir de tout ça. Nos parents n'avaient rien vu, Aura, elle, elle avait bien compris, mais elle avait été parfaite. Discrète par rapport à ça, elle m'avait juste laissé le temps d'extériorisé le manque avant que j'revienne, bien, en forme. Fallait encore que j'me remette en forme physique, c'était une évidence, mais j'comptais bien me remettre au sport plus que jamais en Sicile. Pour attaquer la saison de canyoning dans de parfaite condition, à mon retour à Bowen. Aura, elle avait besoin aussi de tranquillité, de faire le point après son divorce. Et elle savait, de toute façon qu'elle pourrait toujours compter sur moi. Quoi qu'il arrive.

Alors que j'arrive dans la chambre d'Aura, j'me vautre sur son lit avec une délicatesse inexistante et je la réveille. Elle grogne et moi ça me fait sourire. J'lui donne un câlin, parce qu'avec Aura, ça avait toujours été ça. On était fusionnel, et d'la retrouver là, dans sa chambre d'enfance, j'avais l'impression de renouer avec un truc fort. Un truc qu'on avait un peu perdu. On s'voyait toujours à Bowen, mais jamais comme ça. C'était différent. C'était elle et moi. Et ses deux enfants, bien évidemment. J'commence ma journée en me plaignant, que j'ai plus de place dans mon estomac pour manger toutes les délicieuses choses que nous prépare notre mère. Et sa réponse, elle m'arrache un rire. "Héé, tes p'tits jugements là, tu tu les gardes." que j'dis en la serrant très fort, comme si j'voulais l'écraser. Mais j'modère ma force, c'est juste une façon d'lui montrer mon mécontentement. Finalement, c'est Leandro qui fait son entrée, et j'vois bien que sa délicatesse matinale, il l'a tient de moi et ça me fait sourire. Il saute sur sa mère et mon dieu, ce qu'il est adorable. Avec son p'tit air de mignon et son histoire de chocolat chaud. Aura décline son offre et finalement, Leandro m'aperçoit. Il me saute dessus à mon tour et j'l'attrape couvrant sa joue de bisous bien bruyant. "Saluut p'tit lapin." que j'dis avant qu'il me propose son fameux lolé chaud à moi aussi. J'fais mine de réfléchir une seconde. "Hmmmmm, non, moi j'vais prendre.." je laisse ma phrase en suspens et j'me mets à le chatouiller pour le faire rire. "...j'vais prendre un p'tite côte grillée de Leandro pour le petit déj moi .." Et j'le chatouille, encore et encore, pour que ses rires emplissent la pièce. Ouais, j'suis un grand gamin avec mon neveu, mais il faut dire qu'il est tellement adorable que j'peux pas résister. Finalement, j'arrête, toujours en riant et j'me redresse. "Hé, Leandro, tu vas demander à Nonna qu'elle nous prépare le meilleur café du monde?" J'regarde Aura alors que Leandro quitte la chambre avec entrain, nous laissant trois minutes de répit. "J'sais vraiment pas de qui il tient toute cette énergie ce p'tit." que j'dis amusé. Le réveil pour Aura, il a été un peu violent, alors j'me calme, moi aussi, une seconde, pour lui laisser le temps d'émerger. Une nouvelle journée en Sicile, juste elle et moi. Quel bonheur.

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hj : ne t'en fais pas pour le délais, j'suis si heureuse de rp avec toi

Si seulement il n’y avait que notre mère qui nous gavait…mais il y a aussi notre grand-mère maternelle pour en rajouter une couche. On dirait qu’elles ont peur qu’on crève de faim. Au fond, je sais que c’est leur langage de l’Amour, comme c’était le mien. Je cuisinais pour ceux que j’aimais et je tenais indubitablement ça de ma mère et de la sienne. Je me moque gentiment d’Orso lorsqu’il évoque son ventre plein, il n’est jamais le dernier pour se resservir à manger celui-là. Il aurait bien tord de se priver des mets savoureux qu’on nous sert depuis le début de notre séjour en même temps. Notre querelle feinte de frère et soeur s’achève au moment où mon fils de deux ans et demi déboule dans ma chambre, il saute sur le lit pour nous demander si on veut déjeuner. S’en suit une session de chatouilles orchestrés par tonton Orso, qui finissent par me réveillée complètement. Les rires de mon fils ne sont pas facile à ignorer et, en même temps, ils m’emplissent le coeur de guimauve. Je savoure le bonheur de l’instant, tout en me redressant dans la lit pour m’étirer. Orso envoie mon fils dire à notre mère que nous sommes prêt pour le petit déjeuner, puis s’étonne de l’énergie débordante de Leandro. Je lâche un petit rire. « Tu te poses vraiment la question ? » Orso, lui-même, était une pile électrique petit, et Livio en débordait aussi, mon fils était un joli mélange de mon jumeau et de mon ex-mari.
On descend finalement prendre notre petit déjeuner et un peu plus tard dans la journée, alors que mes enfants font leur sieste et que leur grand-parent les gardent, Orso et moi décidons de nous rendre à la plage où nous allions souvent quand nous étions ados. En réalité, c’est un crique un peu rocheuse, pas très grande, mais elle a l’avantage d’être peu fréquenté. Je fais attention où je mets les pieds pour ne pas tomber et me râper les fesses sur la roche, n’ayant pas autant d’aisance que mon frère. « Attends-moi ! » je lui cris tandis qu’il avance devant moi, sans se rendre compte que je suis à la traine.

Ce genre de p'tit réveil là, entouré de ma soeur et bientôt de mon neveu, c'est exactement ce qu'il me fallait en ce moment, pour reconnecter à la vie. Juste pour me rappeler que ouais, c'était bien la vie, que ça servait à rien de se détruire, et encore moins pour une nana. J'avais ce truc là, ce penchant bien naze de me laisser avoir par mes sentiments. Fallait plus que ces conneries ne contrôlent ma vie. Des sentiments, de l'amour, j'devais en avoir pour ma famille, et personne d'autre. Ca me semblait bien plus safe comme ça. Alors que Leandro file dire à notre mère qu'on arrive, on prend le temps de se lever. Je hausse les épaules à la question rhétorique d'Aura concernant l'énergie de Leandro. C'est vrai qu'avec les gênes de son père et un peu des miens, il pouvait difficilement être un enfant calme. Cela dit, Aura, et même Fede, étaient bien plus posés que moi. J'avais pris toute l'énergie disponible des Luciano. Et j'étais bien content de constater que Leandro reprenait le flambeau. Le petit déjeuner se déroula tranquillement, c'était d'la bonne humeur qui nous entourait là. On avait retrouvé toute la famille, ça parlait italien, ça riait, ça s'mouvait dans tous les sens, c'était la vie tout simplement. La journée défila à une vitesse folle et très vite, avec Aura, on se retrouvait en chemin pour la petite crique de derrière chez nous. On y avait passé une bonne partie de notre adolescence, alors ce lieu, il était vraiment spécial. J'étais impatient, vraiment. Quand il s'agissait d'eau, de roche, de sable, j'étais toujours le premier. J'dévalais avec une belle aisance les rochers, trouvant mes appuies presque instinctivement, comme si l'appel de l'océan était plus fort que tout. Et j'entendais alors dans mon dos la voix de ma jumelle me parvenir. J'm'arrêtais, me retournant vers elle. Elle est encore bien haut dans les rochers. "Come on!" que j'lui cris, le sourire aux lèvres. Quand elle arrive presque à ma hauteur, je lui tends la main avant de l'encourager dans la dernière distance qui nous sépare. Quand elle arrive à ma hauteur, j'me baisse, dos à elle. "Grimpe ici, on ira plus vite. J'peux pas attendre moi." Il reste encore une bonne vingtaine de mètres avant d'arriver dans le sable, alors elle monte sur mon dos. Et j'me remets en route, maintenant toujours une belle vitesse, même avec Aura sur mon dos, c'est un jeu d'enfant. "Leeeets go!" que j'cris, galvanisé par ce moment. Un subtil mélange d'excitation liée à la présence de nature autour de moi, et par le bonheur d'être avec ma soeur.

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Cela fait tellement longtemps que je ne suis pas venue ici, dans le village de mon enfance. J’ai la sensation que cela fait une éternité, et encore plus que je ne me suis pas retrouvée là, en compagnie de mon jumeau. Cela me fait bizarre, soudain, tandis que cette pensée me traverse. On prend le chemin de la plage où nous avons passé la plupart de notre temps libre pendant l’adolescence, Orso devant moi. La nostalgie me choppe et je me concentre sur mes foulées pour ne pas me mettre à pleurer d’émotion. Je reste focus sur mes mouvements, si bien que je m’épuise plus vite que je ne l’aurais dû. Je demande à Orso de ralentir et aussitôt, mon frère pivote vers moi pour protester. Il me tend la main pour m’aider à faire les derniers pas qui me sépare de lui, puis me propose de grimper sur son dos. J’hésite un bref instant, mais je sais que refuser ne sert à rien. Orso trouvera des arguments pour me convaincre de le suivre de toute manière, je connais trop bien mon frère. Soupirant, je finis par me hisser sur lui, les bras autour de ses épaules. Il se met à avancer, et je me demande comment il trouve la force de courir avec mon poids sur son dos. Lorsqu’on arrive enfin à destination, je redescends sur terre. Littéralement. Le sable sous mes chaussures, l’odeur des embruns, tout ça me ramène à mes jours heureux. Ca me ramène aux saisons de l’insouciance. C’est agréable, le temps d’un instant. "Tu veux te baigner ?" Je demande à Orso, décrochant mon sac à dos de mes épaules.

Aura, elle a toujours été beaucoup plus rêveuse que moi, beaucoup plus ailleurs. Elle était très certainement très nostalgique de se retrouver là en Sicile, après tout ce qui lui était arrivée dernièrement, dans sa vie et surtout dans son couple. Moi, j'avais toujours pris les choses beaucoup plus frontalement. J'étais nostalgique aussi, mais ça m'procurait pas la même chose. Ca m'donnait une nouvelle force. Comme un regain d'énergie. J'revenais de loin, de très loin même et depuis que j'me sentais mieux, depuis que j'étais plus prisonnier de mes addictions, j'me sentais enfin en vie. Et j'voulais profiter de chaque seconde. J'avais toujours été l'intrépide. Ca m'paraissait bien normal qu'Aura monte sur mon dos à ce moment là. Elle soupirait mais elle tentait même pas d'aller à l'encontre de cette proposition. Une fois bien en place, j'me mets en route, arpentant les petits rochers avec une facilité déconcertante. Aura, elle pesait trois fois rien, et comme j'm'étais bien remis en forme, ça me coutait à peine d'équilibre pour nous faire arriver vers la plage. Aura, elle semblait un peu ailleurs. Ou alors elle était juste calme. Normale. Alors que moi j'étais monté sur ressort. Comme d'habitude. C'était notre façon d'être à nous. Elle me canalisait et j'la dynamisais. Et comme ça, on trouvait le bon centre, le point d'équilibre. Une fois face à la mer, j'me sens bien. Les bruits des vaguelettes nous bercent, les embruns, l'air frais, ça me vivifie. Aura propose une baignade. Je hoche la tête vigoureusement. "Ouais, carrément, elle était bien fraiche hier, pas certain que ça ait changé." que j'dis alors que j'suis déjà en train de retirer mon jogging et mes chaussures d'un même mouvement. Comme on allait à la mer, j'avais bien évidement mis un short de bain. Toujours prêt à aller à l'eau. Peu importe le temps et les conditions. J'm'approche de l'eau, et j'me retourne pour tendre à nouveau la main vers Aura. On avance dans l'eau, silencieusement. J'tarde pas à m'immerger entièrement. L'eau est froide, bien froide, mais j'suis habitué. J'nage un peu, j'tente de me réchauffer. "Franchement, l'eau à Bowen, elle est cool, mais rien ne vaut la Méditerranée." Un peu chauvin sur les bords certes mais assurément, rien n'égalera jamais la Sicile et tout ce qui j'y rattachais de souvenirs et d'amour.

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La nostalgie me rendait quelque peu morose, d’autant plus ces derniers temps où j’avais le sentiment que la vie devant moi était bien moins colorée que celle que je voyais quand je jetai un regard en arrière. Mon job de rêve avait été laissé à Florence, des années plus tôt, quand Orso et moi étions parti pour rejoindre Fede à Bowen. J’aimais mon travail actuel, et je m’y épanouissais aussi, mais ça n’était pas celui que j’avais rêvé, petite. J’avais connu l’Amour, le Grand, celui qui m’avait fait passer par toute une palette d’émotions, qui m’avait fait vibrer qui m’a rendu si heureuse. Et aujourd’hui, il n’en restait que des miettes que je conservais comme des souvenirs. Il restait que mes enfants, comme constante dans ma vie, mes Amours que je ne voyais plus qu’une semaine sur deux. Ce rythme me coûtait, il me rendait malheureux, en plus d’avoir à panser mon coeur blessé. Passer du temps avec mon jumeau aidait à chasser les pensées négatives de mon esprit, et j’en avais grand besoin. C’est donc tout naturellement que je proposai à Orso d’aller nous baigner, dès que nous atteignîmes la plage. Ayant revêtu mon maillot de bain une pièce sous mon short et mon t-shirt, je me retrouvai rapidement en tenue pour foncer dans l’eau à la suite de mon frère. Elle était plus fraiche qu’à Bowen, mais elle avait, visiblement, la préférence de mon jumeau. Mon corps ne s’est pas encore habituée à la température, et j’ai la sensation que des milions de petits insectes me pique la peau. « Ouais ? Elle est quand même meilleure, non » Je taquine Orso. Bien sûr que la Méditerranée occupe une place toute particulière dans mon coeur et qu’aucune autre mer, ni aucun autre océan ne l’a remplacera. « Tu crois qu’on peut trouver des yeux de Sainte Lucie à cette période de l’année ? » Il nous était arrivé, parfois, de trouver ces coquillages lors de nos nombreuses escapades adolescentes. À chaque fois qu’on tombait sur l’un d’eux, on avait le sentiment d’avoir dénicher un trésor.  

Ce p'tit moment suspendu en Sicile, il est bénéfique. Pour moi et pour Aura. J'crois qu'on était resté trop longtemps loin de nos racines. On s'reconnectait, on faisait un point sur nos vies. Si moi je m'étais sorti d'affaire en coupant ma consommation de poudre blanche, c'était plus difficile pour Aura. Elle vivait un grand chamboulement. Alors j'tentais d'égayer ses journées, j'tentais d'apporter un peu de dynamisme, pour empêcher la nostalgie de la ronger. C'était pas chose facile, parce que c'était dur pour elle. Mais j'étais là. Cet après-midi, rien que nous deux, ça faisait du bien. On redevenait des adolescents, on renouait avec le contact de la Méditerranée. On s'retrouve vite dans l'eau, elle est clairement plus fraiche que le Pacifique de Bowen, mais elle aura toujours une place spéciale, cette mer. Cette crique, juste en contre-bas de la maison familiale, on la connait par coeur. J'regarde Aura, et je hoche la tête en souriant un peu. "Ouais, plus fraiche mais c'est la maison ici." J'me sentirais jamais mieux que dans cette mer là. Même l'eau claire et froide de la rivière dans laquelle je passais tout mon temps à Bowen, pour le boulot et pour les passe-temps, elle valait pas celle là. La question d'Aura me fait sourire. "Attend, on va voir." que j'dis alors que j'retiens ma respiration et que je plonge tête la première pour aller ramasser, dans mes mains, une grande poignée de sable, coquillage et divers morceaux d'algres avant de remonter. J'secoue la tête pour en libérer l'eau et j'réouvre les yeux. Le sel de la mer me pique un peu. J'me rapproche d'Aura, tendant mes deux mains jointes, remplis de sable et de cailloux. "La proba pour qu'il y en est une là, elle est pas dingue. Mais on est p'tete chanceux." que j'dis alors que je l'incite d'un geste de la tête à farfouiller dans le sable que je retiens toujours entre mes doigts.

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