you know it's not the same as it was (aisran)

Cela fait déjà quelques mois que tu es de retour à Bowen et tu n'as fait que courir entre : trouver un nouveau logement, un nouveau travail, gérer ton autre travail qui demande une implication hors normes et retrouver quelques proches, quelques amis, laissés ici lors de ton départ. Mais il y en a une que tu n'as pas encore eu la chance de revoir, c'est Aisling. Lorsque tu as décidé de reprendre le chemin de l'Italie, vous avez gardé contact, vous envoyant quelques messages de temps en temps afin de prendre des nouvelles de l'un comme de l'autre. Mais rien ne vaut des retrouvailles en face à face, en bonne et due forme. Cela fait donc quelques jours que tu lui as envoyé un message afin de convenir d'un rendez-vous et d'un lieu où vous retrouver. Tu aurais pu débarquer chez elle, tout simplement, mais tu n'es toujours pas fan de l'homme qui partage sa vie. C'est physique, sans doute, mais tu ne peux pas aller à l'encontre de cela. Quoi qu'il en soit, vous avez décidé de vous retrouver sur la terrasse d'un petit café, sur la place de la ville. Un endroit chaleureux et où vous pourrez discuter tranquillement de vos vies respectives. La connaissant, tu dois avoir pas mal de choses à rattraper. Arrivé le premier, tu t'installes à une table, sortant tes lunettes de soleil au passage. Le soleil tape pas mal alors tu t'assures de laisser une place à l'ombre pour Aisling. C'est au moment où tu relèves la tête de ton téléphone que tu vois la blonde arriver. Tu souris en te levant pour venir la saluer. « Ma che è bella. » Souffles-tu avec ton éternel rictus au coin des lèvres. Avec les années, tu t'es quand même adouci face à Aisling. Elle, qui a connu le Ciàran bien plus dark et mystérieux que tu ne l'es aujourd'hui. « Contente de me retrouver ? Avoue que tu étais impatiente d'être aujourd'hui. » Ajoutes-tu, taquin. Tu sais qu'elle va te rentrer dedans comme elle le fait toujours parce que c'est votre façon de fonctionner. Cela a toujours fait des étincelles entre vous deux.

@Aisling M. Callaghan

Ciàran était tout un pan de la vie d'Aisling. Toute la représentation de son autodestruction. Ils avaient eu une relation plus que toxique dont ils s'étaient finalement défaits. Elle avait même pu, à un moment, se montrer vulnérable sans recevoir de retour de bâton en pleine face. Les choses s'étaient assez améliorées pour qu'ils puissent entretenir des rapports à peu prés normaux, que l'idée de se donner des nouvelles même à distance ne soit pas trop saugrenue. Ils n'auraient jamais ça avant. Ils se seraient ignorés, pour s'insulter au retour de l'un ou de l'autre. La vie faisait du bien à Aisling, Isaiah, ses filles... Elle était aujourd'hui plus sereine qu'elle ne l'avait jamais été.

Et pourtant, elle ne l'était pas tant que ça pour ce rendez-vous. Ses rapports avec Ciàran avaient beau être devenus plus lisses, ils n'en restaient pas moins spéciaux. Et bien qu'elle n'ait pas caché à Isaiah ce qu'elle allait faire de son après-midi, elle savait que ça ne devait pas vraiment lui faire plaisir. Et d'ailleurs, elle ne s'était absolument pas donné comme mission de réconcilier les deux hommes - c'était à son sens complètement impossible. Elle n'était même pas certaine que ce soit souhaitable. Elle s'était glissée dans une robe ample, simple - propre.

Arrivée sur la place, au niveau du café, elle repéra rapidement Ciàran qui ne la vit pas immédiatement. Et elle ne put que remarquer, qu'il n'avait pas beaucoup changer. Elle arqua un sourcil à ses propos.

-Tu prends toujours autant tes désirs pour la réalité, je le crains.

Elle déposa un baiser sur sa joue avant de s'asseoir sur la chaise de libre.

-Alors qu'est-ce qui t'as décidé à revenir par ici, tu te lasses de l'Europe ? Tu es déjà passé sur toutes les Italiennes ?

Maintenant que tu vois Aisling arriver, que tu l'as devant toi, c'est comme si une partie de toi resurgissait. C'est comme si une partie de toi était bloquée avec elle, quelque part, en ton fort intérieur. C'est difficile à expliquer mais il y a une facette que tu ne montres qu'à elle. C'est peut-être à cause de ce que vous avez vécu, ensemble, que la blonde est la seule personne capable de faire remonter cette partie de toi. Tu ne sais pas si tu l'aimes ou non, cette facette, mais elle est là. « Mes désirs sont souvent la réalité. » Rétorques-tu, taquin avant de saluer la jeune femme qui s'assied à tes côtés. Votre relation est totalement différente d'il y a quelques années et malgré le temps qui passe, tu ne sais pas encore tellement sur quel pied danser avec Aisling. C'est spécial, ce qu'il y a entre vous. En bien ou en moins bien, tu ne sais pas vraiment. « Si seulement. » Rétorques-tu à propos d'être passé sur toutes les italiennes. « Beaucoup ont été ravies du charme à l'Adreani, tu sauras. » Ajoutes-tu en arquant un sourcil. « Non, plus sérieusement, je crois que Bowen me manquait. Puis, l'un ou l'autre problème en Italie qui m'ont poussé à retrouver le calme de cette ville. » Expliques-tu sans en dire trop sur les problèmes que tu as pu rencontrer. La mort de ton père n'est pas quelque chose dont tu parles facilement. « Puis, Gabriel me demandait depuis un moment de revenir. Alors j'ai décidé de l'écouter. Tu vois, je peux me montrer à l'écoute, parfois. » Piques-tu la blonde en souriant du coin des lèvres. Par le passé, tu n'as pas toujours écouté Aisling ou plutôt pas de la bonne façon. Tu as toujours mis au centre de tes pensées sa sécurité, son bien-être mais au détriment de ses envies, parfois. Tu ne doutes pas que tu lui aies fait vivre des moments compliqués mais tu espères qu'elle retient les meilleurs, à présent.

Aisling leva les yeux au ciel à sa réponse. Ciàran avait le pouvoir de faire d'un certain nombre de ses désirs la réalité, c'est vrai, et ça en était particulièrement agaçant. Elle eut un léger rire à sa précision sur sa relation avec les Italiennes. On ne se refaisait pas, comme on dit. Comment pouvait-il en être autrement, le connaissant ?

-Ca ne me surprend pas, j'y ai déjà goûté.

Il aurait été malhonnête de dire qu'elle ne lui en trouvait pas, de charme. Et si elle aimait lui tenir tête et arranger la vérité à son avantage, elle ne pouvait nier ça, et ce qu'ils avaient pu faire ensemble il y a quelques années.

-Bowen te manquait ? Ou certaines personnes à Bowen te manquaient ?

Aisling se montrait intrusive, taquine. Mais c'était comme ça entre eux, ils n'avaient pas appris à respecter l'intimité de l'autre. Ils cherchaient toujours à se provoquer, et la blonde avait bien envie de connaître la vraie réponse.

-Tu as des problèmes dans tes affaires ?

Elle s'est toujours bien gardé de mettre le nez là-dedans, à bien des titres. Et elle n'allait pas commencer aujourd'hui. Sa question n'appelait pas grand chose de plus qu'une réponse floue.

Elle esquissa un sourire, non pas à sa pique, mais à l'évocation de son fils. Il lui était difficile, aujourd'hui, de faire l'impasse sur la question. Avant de répondre, elle commanda un jus de fruit au serveur qui passait puis reporta son attention sur Ciàran.

-Je sais bien qu'il est difficile de refuser quelque chose à ses enfants. On n'écoute bien que ce qui compte pour nous.

Et qu'est-ce qui comptait plus que la chaire de sa chaire ? Enfin évidemment, il y avait tout un tas d'exception, de personnes qui battaient leurs enfants, les tuaient parfois. Mais malgré tous ses griefs contre lui, elle savait bien que Ciàran ne serait pas ce genre d'homme.

Tu n'as jamais vraiment eu l'occasion de montrer le plus beau côté de ta personnalité à Aisling. Avec elle, c'est plutôt ton côté dominant qui ressortait parce qu'elle avait le don de te chercher, de te provoquer. Bien sûr, tu étais loin d'être innocent de ton côté et tu as sans doute accepté bien moins avec elle qu'avec d'autres. Alors, la blonde ne sait pas à quel point tu as évolué, changé, mûri. A presque quarante ans, il était peut-être temps. Tu souris du coin des lèvres lorsqu'Aisling affirme ne pas être surprise, ayant déjà goûté à ce charme à l'italienne. « Sans doute un peu des deux. » Dis-tu en haussant doucement les épaules. « Puis, j'étais impatient de retrouver ma Megane chérie. » Ça sonne tellement faux que c'en est risible. Mais c'est tout le but recherché derrière ces mots. Tu es heureux de retrouver Aisling, là n'est pas la question. Mais votre relation n'est clairement plus ce qu'elle était et des contacts par-ci par-là que ce soit par téléphone ou en face à face vous suffisent à présent. Vous pouvez passer quelques mois sans vous voir, sans vous parler, ça n'en sera pas un drame pour autant. « Nan, c'est plutôt du côté personnel que ça a coincé. » Réponds-tu en détournant le regard avant d'expliquer : « Mon père est mort. Son cancer aura eu raison de lui, finalement. » Tu as déjà parlé du cancer de ton père à Aisling, il y a quelques années. Ton père se sera battu jusqu'au bout. Et même si tu fais le dur, comme ça, sa mort ne t'a pas épargné. Ni épargné ton fils. C'est sans doute aussi pour cette raison que tu as cédé et que vous êtes revenus à Bowen. Si ça peut le rendre heureux... « C'est ça. » Dis-tu en hochant la tête. « Mais j'en ai un peu marre de ces aller-retours. J'aimerais bien me poser pour de bon. » Finis-tu par dire en posant ton regard sur la blonde, curieux de connaitre son avis à ce sujet. Elle qui t'a tant vu revenir et repartir durant toutes ces années.

Aisling pouffa de rire à ses mots. Ca faisait longtemps qu'elle n'avait pas entendu ce surnom, et elle mentirait si elle disait que ça ne lui faisait rien. Elle ne le dit pas donc, mais elle préféra simplement taire ce sujet, et cacher son trouble momentané derrière de l'amusement.

-Evidemment. Qui d'autres ?

Elle voit le regard de Ciàran se détourner, et elle sent que l'heure n'est plus vraiment à la plaisanterie. Elle reprend donc son sérieux pour l'écouter - elle n'est pas venue pour le blesser c'est évident. Elle resta silencieuse quelques instants à son annonce, cherchant les mots. Le cancer de son père n'était pas une découverte, ils avaient sûrement vus sa mort venir, mais ça n'en était pas moins douloureux. Elle-même redoutait le jour où elle perdrait ses parents. Elle hocha donc la tête de haut en bas avant de lui répondre.

-Toutes mes condoléances, Ciàran. C'est vraiment une horrible maladie...

Se poser pour de bon ? Est-ce que Ciàran s'assagissait vraiment ? Ou bien tout cela n'était-ce dû qu'à la présence de son fils ? Les gens changent - un peu - avec le temps, elle le savait bien. Visiblement, ils prenaient tous les deux la même direction, de loin.

-On dirait que l'Adreani que je connais a beaucoup évolué. Au plaisir de t'accueillir comme citoyen permanent de Bowen.

Au même moment on leur amène leur commande, et Aisling en profite donc pour trinquer.

-Tu n'as pas peur de t'ennuyer ?