Girl stuff (Alleen)

Je regardai ma mère qui montait à bord de l’immense paquebot. J’eus soudain cette peur irrationnelle que le paquebot coule comme le Titanic mais je savais qu’au fond, ce n’était pas possible. Elle partait en croisière pour quelques mois. Le temps que je remette tout en ordre. Je resterai donc seule à la maison avec toute l’animalerie. L’idée de retourner vers Cambera me prit mais je ne pouvais plus partir d’ici. Plus maintenant. J’avais retrouvé Alice et Oscar, j’étais donc chez moi. Et puis les souvenirs, ses fichues souvenirs qui m’empêchaient d’avancer. Je rentrai chez moi, lasse avant de me laisser tomber sur le canapé tandis que le chat vint se poser sur mon dos. On frappa alors à la porte. Je me souvins alors que j’avais convié Alice pour une soirée pyjama entre filles. On en avait bien besoin toutes les deux. Selon ses dires, elle aurait revu Chase, son ex et moi, avec la perte de mon père. Bref, les fêtes de fin d’année ne furent pas joyeuses de mon côté bien que j’avais gardé mon sourire. Eternelle optimiste. Je ronchonne alors pour dégager Miss Teigne qui dormait et qui s’en alla en me lançant un regard noir. J’ouvre la porte en m’étirant. « Alice, signai-je à l’intention de mon amie sourde. » Elle fut d’une grande aide quand je perdis l’audition après mon accident. Et elle fut ma meilleure amie au lycée. « Allez t’as des trucs à dire, amène-toi. » Après tout, je suis adepte des histoires d’amour. Alors bien que la mienne eut pris un tournant tragique, je voulais croire en celle de ma meilleure amie.

C’est le bordel à la maison. Entre toutes les bestioles, je me dois de ranger tout mon attirail avant qu’Alice n’arrive et ne tombe dans le trou du lapin. Sauf que je n’ai pas de lapin. Je cours partout dans la maison pour entendre un bruit qui manque de me percer les tympans. Putain de sonotone à la con. Mais bon, il n’y a pas beaucoup de monde avec qui je peux discuter de nos jours en langue des signes si ce n’est Alice ou son ex, Chase qui est devenu l’un de mes meilleurs potes également. Je ne sais même pas comment il fait pour me supporter car on a constamment l’impression que j’ai pris de l’ectasy. Je soupire avant d’entendre quelqu’un qui est à la porte. Je cours, manque de tomber et ouvre la porte à volée. Je fais un gros câlin à ma meilleure amie qui m’a terriblement manqué. Entre la mort de papa et maman, je devais courir partout pour tout régler. Nous avions passé les fêtes de fin d’année dans la joie et la bonne humeur. Paye ton ironie. Je la prends par la main en empêchant les chiens de sortir. « Désolée, ils sont un peu turbulents. » J’ai pris l’habitude de signer aussi vite que je ne parle. C’est assez déstabilisant en soi mais on s’en fout. Alice a l’habitude. Déjà au lycée, je courrais partout, les rendant chèvre Chase et elle. Insupportable. « Mais si y’a le feu. Je sais que tu l’as revu. Alors accouche, signai-je rapidement avant de lui servir un verre. Je m’ennuie toute seule alors fais-moi rêver par procuration. »