Missa brevis et spiritus maxima ft Jamie Rankin

Jamie aimait parfois rester un peu plus tard au bureau. C’était calme et silencieux, les outils essentiels pour un travail efficace. Elle avait sa tasse de thé à côté d’elle, alors qu’elle bossait sur une affaire. Ce soir, Carter avait Thaïs et Jamie avait décidé de les laisser entre eux. Il leur fallait des moments entre père et fille pour créer du lien. Ça permettait à Jamie de travailler pour être prête demain. Peut-être qu’elle commanderait même à manger ou elle récupérera sa nourriture quand elle rentrera. Enfin, pour l’instant, elle n’avait pas faim. Après quelques sms échangés avec son anglais, Jamie se concentrait sur ses papiers. Il s’agissait d’une nouvelle affaire environnementale, le sujet préféré de l’avocate. Pour ça, elle était capable de ne pas dormir tellement ça semblait important pour l’avocate. Quand elle avait commencé ses études, Jamie voulait faire du pénal, comme la plupart des autres étudiants. Les crimes c’étaient à la fois passionnant et intéressant. Mais il avait suffit d’une professeure et d’un cours, celui sur l’environnement. Elle qui depuis toute petite protégeait les animaux et la nature, ce cours lui paru être une évidence. Il n’y avait pas mieux pour elle. Evidemment, elle ne faisait pas que ça, mais ces affaires étaient celles pour lesquelles elle passait le plus de temps. Jamais elle n’imaginerait que sa soirée allait se terminer ainsi. Jamais Jamie pensait que son métier pouvait être dangereux. Elle ne faisait que son travail, qu’une défense juste et équitable. L’avocate n’était pas le genre de professionnel à vouloir les clients les plus riches, loin de là. Elle voulait des affaires qui respectaient ses valeurs à elle. On pourrait lui dire que l’affaire Keynes n’était pas dans ses valeurs, mais c’était tout le contraire. La procédure n’avait pas été respectée et Jamie croyais en une justice juste. Peu importe les crimes, chaque personne devait avoir le même traitement. Peut-être que si elle avait su ce qu’il lui arriverait, elle n’aurait jamais accepté de défendre un tel homme. Plongée dans les textes de loi, elle n’entendait pas le bruit et c’est une voix grave et lourde qui la fit sursauter. Deux armes blanches en face d’elle et le visage de Jamie se blanchissait instantanément. Dans le but de lui faire peur, il renversait ce qu’il y avait sur son bureau, un avertissement de la violence à venir. Elle ne savait pas qui étaient ces personnes. Mais ils ne plaisantaient pas et un des gorilles s’approchaient de Jamie pour l’obliger à se lever. Les questions commençaient et Jamie commençait à avoir peur. Ils parlaient de Keynes. Putain. Pensa-t-elle. Cette affaire était maudite, elle n’aurait jamais dû l’accepter. Le fils n’avait pas tort au final, le père était un immonde salopard. Elle allait répondre. Après tout, elle n’avait rien fait, rien dit à cet homme. Homme qu’elle vit, il était là, dans son bureau, derrière les deux autres hommes. La soirée de Jamie tournait au cauchemar. Il lui fit un signe de silence. « Il venait juste pour une question juridique. » Mentait Jamie. Elle avait un instinct de survie proche de zéro, et évidemment il ne la croyait pas. L’un des hommes s’approchait d’elle la menaçant d’une arme et Jamie priait pour que Manwë avec sa brillante idée se grouille (si seulement il en avait une d’idée). « Je vous jure, il voulait connaître la législation concernant le droit de la mer. » Elle ne savait pas pourquoi elle avait sortit ça, mais l’arme était menaçante et que derrière elle se tenait Manwë. Elle voyait la fin de sa vie arriver vite et évidemment elle eut une pensée pour Carter, mais également pour son frère qui serait très malheureux sans parler d’Arthur. Puis d’un seul coup, c’était le noir total.

Elle avait peur Jamie. Peur pour sa vie et pour son intégrité. Il y avait tellement de choses qu’elle n’avait pas encore fait. Evidemment qu’elle pensait à Carter, son Carter. S’il savait ce qui lui arrivait, elle savait qu’il aurait tué ces hommes. C’était mieux ainsi, qu’il soit loin, en sécurité. Elle pensait aussi à Thomas et à Arthur. Les deux premiers hommes de sa vie. La courageuse avocate retenait ses larmes, alors qu’elle vit le fils de son client. Manwë. Il avait plaider sa cause, insulter son père et Jamie avait tout refusé. C’était une avocate honnête et professionnelle. Elle aurait dû réfléchir à deux fois. Ces deux hommes la menaçaient à cause de Manwë qui était derrière eux. Noir total ! Elle sent son cœur s’arrêter et la seule chose qui lui semble logique est de se cacher sous le bureau. Elle devrait fuir l’avocate, elle aurait plus de chance. Ces deux gorilles ne feront qu’une bouchée du mince Druid. Ils n’auront qu’à regarder sous le bureau pour la menacer. Elle devrait fuir, mais elle est tétanisée. La peur paralyse et Jamie s’en rendait compte. C’est la voix grave de son sauver qui réveille Jamie. Elle doit fuir, elle doit l’aider, elle doit vivre. Toutes ces pensées ne s’arrêtent pas. Quoi faire … Elle entend les cris, il se débrouille. Elle avait un avantage Jamie, elle connaissait par cœur son bureau. Alors elle se lève, alors que le bruit de l’autre côté de son bureau est fort. Elle les entend souffler, crier, geindre et Jamie elle en profite pour prendre un livre sur la bibliothèque derrière elle. Le droit avait un avantage, les livres étaient aussi imposant et dangereux qu’un pavé. Un bon revers dans la tronche du mec peut faire mal (true story ). Elle sent une personne passer devant elle et sans réfléchir elle lâche un bon coup sur la personne. Le cri lui arrache les oreille. Ils partaient … Ils en avaient eu assez. Le cœur de Jamie ne battait toujours pas. Elle ne le savait pas encore, mais ces hommes allaient la traumatiser pendant un moment. Plus jamais elle ne se sentirait en sécurité dans ce cabinet auquel elle tenait. Et après tout ces bruits, plus rien. Il n’y avait que le souffle de Manwë. Ils étaient partis, loin d’elle. Les mains tremblantes, tâte son bureau pour essayer de trouver l’interrupteur de la lampe de son bureau. Lumière. La première chose qu’elle voit c’est du rouge. Du sang sur le bois clair de son bureau. Il saigne. Merde. Sans réfléchir elle ouvre un tiroir et sort des mouchoirs. « Je suis désolée. » Disait-elle alors qu’elle s’approche de lui. Elle pose le tissu de papier sur l’épaule de l’homme. « On devrait appeler les policiers. » Elle tremblait, ses mains avaient du mal à ne pas bouger.

Parfois, une montée d’adrénaline suffisait pour faire faire aux gens des choses impossible. A aucun moment, elle n’avait pensé qu’un jour ses livres seraient utiles pour se défendre. Il l’aidait dans la défense de ses clients, mais pas dans la défense de son propre corps. Pour le moment, elle agissait par automatisme, mais la chute serait terrible. Elle se souvenait de cette agression qu’elle avait eu il y a quelques temps et du traumatisme. Encore aujourd’hui, elle avait peur le soir dans la rue, se retournant dès qu’il lui semblait qu’elle entendait des pas. Ils étaient partis. Son premier cauchemar s’arrêtait. Maintenant, elle allait devoir se soigner, mais pour l’instant elle avait encore la tête ailleurs. Son sauveur, Manwë saignait. Alors les mains tremblantes, elle compressait sa blessure. Ça ne servait peut-être pas à grand-chose, mais elle devait appeler les services d’urgence et les policiers. Confiance ou non, elle devait se plaindre. Ils l’avaient menacé pour quelques choses qu’elle n’avait pas fait. C’était de la faute de cet homme s’ils étaient venus, de sa faute parce qu’il voulait des renseignements sur son père. Il avait peut-être raison, c’était un connard. Mais en venant ici, il savait qu’il la mettait dans une situation dangereuse et c’était tout autant égoïste. Elle secouait la tête. Non elle n’allait pas bien. En dix minutes, elle avait vu toute sa vie défiler devant ses yeux. En dix minutes, elle a cru qu’elle ne verrait plus jamais son frère, Arthur, Carter et le reste de ses proches. Il prenait le relais et elle récupérait son téléphone en tremblant. Alors qu’elle composait le numéro il se levait, comme un héros voulant rattraper les malfrats. Mais dans la réalité, il voyait trouble. « Vous pouvez vous poser dans le canapé. » Oui, Jamie avait un petit salon de bureau, pour des moments de pause ou des petites réunions. Ça serait plus confortable pour lui. « Non ! » Disait-elle en se retournant alors qu’il voulait partir. « J’ai besoin de vous ! Ils sont venus à cause de vous … » Elle avait la voix qui tremblait et les yeux qui brillaient.

Evidemment qu’il fallait quelqu’un de coupable. Sans la visite imprévu de cet homme quelques jours plus tôt, ces hommes ne seraient jamais venus dans son cabinet. Elle se demandait au milieu de quoi elle avait atterrit Jamie, elle qui aspirait à une vie tranquille. C’était bien trop compliqué pour elle et surtout dangereux. Il n’appréciait pas qu’elle l’ait dit, mais elle avait eu peur, beaucoup trop peur. Sa vie n’avait pas forcément défilé devant ses yeux, mais voilà qu’on violait son cabine, un endroit où elle ne se sentirait plus en sécurité. « Je ne les connais pas moi et puis qu’est-ce que vous faisiez devant mon cabinet ? » Ce n’était pas une enquêtrice, mais il était quand même arrivé très vite. Mais elle tremblait, alors qu’elle lui proposait de s’asseoir sur le canapé. Elle tremblait parce qu’elle avait eu des armes blanches pointées contre elle. Surtout qu’elle n’avait rien dit à Manwë sur le dossier de son fils. Elle savait respecter ses règles et ses clients, mais pas à ce point là. Les larmes coulaient sans qu’elle ne s’en rende copte parce qu’elle avait tout simplement peur Jamie. Elle avait entouré ses bras autour de ses épaules comme un signe de protection. Elle voulait se protéger de ce monde et de cette violence gratuite. Il paraissait un peu austère et pourtant il trouvait les bons mots pour faire sourire Jamie. « Malheureusement ce n’est pas une chose qu’on apprend à l’université. » Mais il devrait, ça servait bien. En tout cas, elle avait dû en amocher un parce qu’il s’était prit plusieurs kilo de droit. « Pourtant c’était bien pratique aujourd’hui ! » Elle riait légèrement décidant de relâcher un peu la tension. Il fallait qu’elle en parle à Carter ce soir. Mais il allait s’inquiéter. Ce n’était pas forcément une bonne idée, surtout qu’il allait vouloir venir la chercher. Et Jamie était bien trop indépendante pour ça. « Ce n’est pas de votre faute. » Elle avait bien saisit Jamie qu’il s’agissait d’une plus grosse histoire que seulement le meurtre pour lequel elle avait réussi à le faire sortir. Puis elle l’écoutait, il avait des choses à sortir. Cet homme il le détestait vraiment. Puis elle souriait à ces deux dernières phrases. « Non pas vraiment. » Ami c’était un grand mot et surtout qu’avec ce qu’elle venait de vire, elle ne comptait pas laisser cet homme trop rentré dans sa vie. Mais pourtant, ça l’énervait qu’il y ait un homme comme son père qui vienne faire sa propre justice. Elle avait tout fait pour le défendre et voilà qui la remerciait en envoyant deux de ses sbires pour la menacer. « Je ne porterais pas plainte ! » Ce soir, elle était encore sous le choc mais demain Jamie allait s’énerver. Demain, Jamie comptait faire en sorte que ce mec retourne en prison.

Il y avait peut-être des milliers de raison qui faisait que Druid se retrouve devant son cabinet. Peut-être voulait-il voler les dossiers de son père ou était-il un mec creepy à épier les jeunes avocates blondes. En attendant, heureuse qu’il avait été là, sans lui, la soirée de la blonde aurait été tout autre. Cette famille Keynes-Druid était des gens à éviter lui semblait-elle. Mais ce soir, Manwë avait été là, face à ces deux gorilles. « Non je ne vous crois pas. » Répondait-elle en haussant des épaules. De toute façon le mal était fait, et lui il avait été là, la protégeant d’une situation bien plus complexe qu’un seul homme qui surveillait son bureau. Elle devrait porter plainte, et elle comptait le faire. Même si elle ne connaissait pas leur nom, elle savait pour qui il travaillait. Malheureusement pour eux, ils avaient dit un nom, et Jamie était peut-être effrayée mais elle n’avait jamais été bête. Le rapprochement avait été assez facile, entre la visite de Manwë Druid ce matin, l’arrivée de ces deux bourreaux et le retour de l’enfant prodigue. Elle se trouvait au milieu d’une situation qu’elle ne contrôlait pas et dont elle ignorait presque tout. Ça lui apprendra à prendre n’importe quel client pour le pénal, elle se promettait la prochaine fois de vérifier un peu le passé de ses futurs clients. « Je serais stupide de porter plainte contre celui qui m’a quand même protégé. » Elle était une femme de la justice Jamie, mais elle restait logique. Parfois, la justice personnelle comme le pardon suffisait à la justice légale. Puis, il n’avait presque rien fait de mal mise à part l’intrusion dans le cabinet. Elle souriait, il commençait à la convaincre de porter plainte. Puis il mentionnait son excuse de plus tôt. « Oui heureusement, si j’avais su qu’ils habitaient sur un voilier j’aurai parlé du droit de la montage. » Puis elle pouffait de rire. Ça lui faisait presque du bien de rire après ce qu’il se passait, même si Jamie tremblait encore. C’était presque pour oublier qu’elle préférait rire. Mais il avait raison, pourquoi n’avait-elle pas fui ? Jamie la justicière et la courageuse aurait dû partir. « Je ne sais pas … » Avouait-elle. L’adrénaline sûrement. « Je n’allais pas vous laisser seul avec eux, puis s’ils viennent ici, ils doivent bien savoir où j’habite. » Ce qui serait une très mauvaise idée pour eux de venir chez l’avocate. Il y avait un agent secret à ses côtés et ces deux hommes ne lui feraient sûrement pas peur.

Elle aurait été bête Jamie de le croire. Elle avait cette tendance pourtant à voir le bon chez les personnes mais les derniers événements semblaient trop évidents pour que l’avocate ne se doute pas que la visite de Manwë ne soit pas le cause de celle de ce soir. Il n’avait peut-être pas tort le fils quand il disait que son père était le pire des monstres. Il n’avait même pas fallu douze heures avant que ses sbires ne viennent menacer l’avocate pour savoir ce que le fils avait dit. Dans quel merde s’était-elle retrouvée ? Elle se disait que peut-être, elle devrait en parler à Carter, avant de se rendre compte qu’elle inquiéterait son meilleur ami pour rien. Elle riait légèrement. « Pas sûr que le procureur soit le meilleur ami qu’il soit. » Il était plutôt connu comme un homme froid et austère qui n’aimait pas trop les secondes chances. Jamie étant toujours de la partie adversaire, leur relation se résumait à des conventions très hypocrites. Evidemment, elle tremblait encore, ce qui était arrivé n’était pas anodin, se demandant presque si Bowen n’était pas une ville maudite. Il lui était arrivé plus de catastrophe dans cette petite ville qu’à Perth. Elle avait peut-être vu trop de film. Lui il était conscient que ces idiots n’avaient aucune idée où l’avocat habitait, pourtant elle le savait, son trajet de retour sera accompagné d’angoisse et pas sûr qu’elle arrive à fermer un œil, sursautant au moindre bruit. « Eux peut-être pas mais votre père si … » Et ça c’était la triste vérité. Il la remerciait ce qu’elle ne comprenait pas forcément. C’était lui qui avait éteins la lumière pour lui permettre de s’enfuir, lui qui était venu tel un grand chevalier à son secours, même s’il était la cause de cette histoire. Peut-être qu’elle lui en voulait, mais jamais elle ne laisserait une personne en danger pour sa propre sécurité. Zéro instinct de survie pour Jamie, mais elle était comme ça. « Je n’allais pas vous laisser seul et ce sont mes codes de droit qui les ont un peu assommés. » Elle pouffait un peu de rire se souvenant qu’elle avait quand même utilisé un livre pour se défendre. Elle préférait rester, voir les policiers, qu’elle n’aimait pas forcément habituellement, pour prendre sa déposition. En pensant à eux, ils arrivaient peut surprise de voir Manwë dans le bureau. On la prenait à part, et elle expliquait les derniers événements Jamie, omettant néanmoins le fait que Manwë était venu plus tôt dans la journée. Pour une fois, ils étaient plutôt tendres avec elle connaissant malheureusement la réputation de Keynes. En un instant, elle se retrouvait avec Druid dans les bras. Il allait bien, tu parles, le pauvre homme tenait à peine debout. « Quelle belle preuve ! » Disait-elle en riant. De toute façon ce n’était pas négociale, ils obligeaient Manwë et Jamie à monter dans une ambulance malgré leur plainte. « Le prochaine fois, essayez de tenir debout ça nous évitera un tour à l’hôpital. » Disait-elle ironiquement mais sans once de méchanceté. Elle s’inquiétait quand même pour celui qui ce soir avait fait preuve de courage pour aider Jamie.

Manwë était une personne qui ne laissait personne indifférente. Jamie ne loupait pas à la règle, elle ne savait pas comment réagie avec cette personne. Au matin, il avait été insupportable, mentant sur ses liens avec le procureur (comme si elle en avait quelque chose à faire). Il aurait été plus judicieux pour lui de prendre une autre personne. Jamais l’avocate ne passerait des informations au procureur, ils n’étaient jamais dans le même camp. Elle relevait un sourcil. Un balais dans le cul comme … Il laissait sa phrase en suspens. Et Jamie ne pouvait s’empêcher de penser qu’il l’avait comparé à elle. Après tout, il ne serait pas le premier à dire ça d’elle. Peut-être devrait-elle appeler Carter pour qu’il vienne la chercher. Les idiots avec leurs armes étaient partis, mais ça n’empêcherait pas le père de Manwë d’envoyer d’autres sbires à ses trousses. Jamie avait peut, mais elle jamais elle ne s’arrêterait de défendre les gens et ses convictions. Depuis toujours, elle pensait qu’elle mourrait à cause de ses idées et c’était presque une belle mort. Alors non, elle ne porterait pas plainte contre Manwë. « Je suis étonnée de ce geste si grand seigneur, mais ça va je me débrouillerais seule. » Répondait-elle alors que les policiers arrivaient au même moment avec les ambulanciers. Tout allait bien, enfin c’était ce qu’elle pensait. Manwë tombait dans ses bras. Sans qu’aucun ne puisse dire quoi que ce soit, ils se retrouvèrent devant l’ambulance. Jamie râlait parce qu’elle avait laissé son bureau en bazar et que demain elle ne retrouverait pas ses dossiers. Elle se dépêchait d’envoyer un message à ses collègues pour les avertir, histoire qu’ils ne paniquent pas pour rien. Ma maladie. L’avocate tournait la tête mais ne vit que le dos de Keynes junior. Puis pourquoi s’intéressait-elle à sa maladie ? Pourquoi ferait-elle preuve d’empathie ? Peut-être parce que Jamie était comme ça. Rien n’excusait les actions mais ça n’empêchait pas qu’elle ressentait quelques sentiments partagés à l’égard de Manwë. Enfin, jusqu’à ce qu’il décide de fumer une clope. « Non on y va, je n’ai pas que ça à faire que Monsieur se décide de fumer. » Elle non plus ne voulait pas se retrouver dans ce camion. Chacun recevait des soins. « Je suis enceinte. » Informait Jamie, cette information pouvait être pertinente en fonction de ce que les soignants pouvaient faire sur elle. A ce stade, elle ne savait même pas si elle gardait l’enfant, peut-être même que ce traumatisme allait tout changer. Rien que de penser aux conséquences, les larmes commençaient à monter, alors qu’elle ne savait même pas si elle le voulait cet enfant. Manwë perdit une nouvelle fois connaissance et ils furent pris en charge par les médecins de l’hôpital. Jamie eut le droit à une échographie, tout allait bien, ce qui soulageait tout de même l’avocate. Elle aurait pu repartir, mais Jamie voulait quand même prendre des nouvelles de son faux sauveur. Ses yeux se levèrent quand elle arrivait près du box et qu’elle entendit la voix de Manwë. « La grande bécasse brune va bien ! Je vois que mon sort vous importe quand même un peu. » Elle levait les yeux au ciel. « Est-ce que tout va bien ? Je peux appeler quelqu’un pour vous ? » Jamie avait commandé un taxi pour elle, il n’y avait pas de raison d’inquiéter Carter et Thomas de cet épisode.

La journée a été longue, même pour un gars comme lui, franchement habitué aux embrouilles. Il se passerait bien de cette habitude, mais il sait que la plupart des choses dans la vie ne se décident pas seules. Le voilà rendu dans un endroit qu’il déteste terriblement : l’hôpital. Pourtant, il en passe du temps ici…

On examine sa plaie, désinfecte, recoud. Ça ne prend pas beaucoup de temps, mais malgré tout il trouve chaque seconde trop longue. On le pique, prise de sang, pose d’hydratation intraveineuse pour réaugmenter son volume sanguin. Il doit attendre la fin de cet interminable goutte à goutte pour commencer à voir la sortie et surtout, la note supra salée de ses soins médicaux. Il se demande s’il ne va pas vendre l’un de ses reins pour pouvoir continuer à vivre décemment le temps qu’il lui reste.

Avant toute boucherie supplémentaire, il voulut malgré tout s’assurer de l’état de santé de la brune… Qu’il a par ailleurs entendu dire être enceinte… Il aurait peut-être dû employer ce qualificatif-là quand il a demandé des nouvelles de l’avocate. Il était prêt à prendre ses responsabilités, mais curieusement elle ne voulait pas porter plainte contre lui, il espérait seulement qu’elle ne lui ferait pas le coup dans le dos, déjà qu’il n’avait initialement que peu d’estime pour elle. “ A la bonne heure…. “ Qu’il répondit à Jamie qui affirma aller bien, pas si bête pour une bécasse. Il retient un rire lorsqu’elle lui demande si elle peut contacter quelqu’un pour lui. “ Si vous avez le numéro de mon père, j’pourrais lui dire que son fils adoré est en pleine forme. “ Un simple numéro, ça l’aiderait beaucoup ! Il adresse un sourire à l’avocate, bien conscient d’être une effroyable tête de mule. “ Ça ira… Et pour ce que ça vaut, j’suis désolé pour cette situation. “ Lui a plutôt l’habitude d’encaisser que de faire des dommages collatéraux. “ Félicitations d’ailleurs… Pour le bébé. “ Ou pas… Mais elle a l’air d’y tenir à ce petit haricot dans son ventre.

- Bonsoir !

Un homme en blouse blanche vient également pénétrer le box “ Mais c’est pas vrai ! Foutez l’camp vous ! ou j’me lève vous mettre mon pied au cul ! “ Il connait bien les ophtalmo de l’hôpital, il ne veut pas d’examen oculaires ! Tous des rapaces qui viennent ajouter leur patte pour alourdir la note de soins, il les connait beaucoup trop bien !

- Monsieur Druid, vous n’avez pas respecté votre suivi ophtalmique déjà bien allégé et votre maladie semble avoir évoluée au vue du rapport des urgences et je…

“ J’lui ai dis ou j’lui ai pas dis que j’lui mettrais mon pied au cul, hm ? “ qu’il demande à Jamie sans perdre de temps pour se lever et mettre sa menace à exécution.