the road is long, we carry on. (libre)

the road is long,
we carry on

Charlie était toute excitée, comme tous les jours aurait-on pu dire, mais elle l’était pour une raison particulière aujourd’hui. Diego, un jeune patient de 10 ans qu’elle suivait depuis le début de son internat, allait enfin recevoir la greffe qu’il attendait. Rien que ça, c’était une nouvelle incroyable, attendue depuis des années. Une libération. Malgré tous les risques de complications et de rejet que cela impliquait, à cette heure-ci, c’était tout simplement un cadeau du ciel, qui tombait au bon moment. Et en plus, c’était la jeune brune qui allait mener l’opération. Cela faisait trois ans maintenant qu’elle était résidente en chirurgie et elle n’en était plus à sa première danse avec un scalpel. Ce n’était pas sa première opération où elle était en charge non plus, mais c’en était une incroyablement importante et c’était un vrai gage de confiance envers un résident que de le mettre sur une telle tâche. Il était sept heures et Charlie se préparait déjà mentalement tout en marchant d’un pas vif dans les couloirs, l’opération commençait à huit heures et elle allait bientôt se préparer au bloc. Elle décida de faire un crochet par la cafétéria, histoire de tout de même se mettre un petit quelque chose dans le ventre. Genre, prendre des forces avant sa mission héroïque, tout ça. En vrai, dans tous les cas, la brunette avait faim, pour la simple et bonne raison qu'elle avait souvent faim et qu'à cette heure-ci après s'être levée si tôt, c'était le moment du petit-déjeuner. Perdue dans ses pensées, Charlie rejouait mentalement l'opération, de a à z, tout en marchant vers le cafet' en passant par la réception. Les secondes ensoleillées semblèrent tout à coup ralentir, comme des flocons de neige. Des éclats de voix. Du mouvement, qui se rapprochait. Brutal. Du rouge. Des yeux terrifiants et terrifiés. Charlie eut l'impression que les trois secondes qu'elle mit à reprendre la pleine maîtrise de ses facultés mentales durèrent une éternité. Déjà, elle se retrouvait les deux bras agrippés par des mains puissantes, ensanglantées. On lui criait dessus, ou on l'appelait à l'aide, difficile à distinguer dans l'attroupement qui tentait d'intervenir dans la situation et le brouhaha tout à coup si fort. Tout ce qu'elle voyait, c'était les deux yeux désespérés face à elle et la douleur qu'elle sentait dans ses bras compressés.