#77 - n'aie pas peur si tu ne vois que du vide, je viens te chercher - Lee

Ce ne sera pas facile, ce sera même très compliqué pour nous trois. Je ne sais toujours pas comment intégrer le fait que Ciàn soit de retour dans nos vies. Je n’ai que très peu penser à moi, c’était à Maddie que je pensais tout le temps, le coeur à l’envers, le stress au ventre. Ma fille, ma petite fille chérie. Nous étions une équipe et au fond de moi, je ressens une petite forme de jalousie, je vais devoir la partager avec son père alors que ça toujours été elle et moi contre le monde entier. Que nous formions une équipe, mais en même temps, je ne me sens pas légitime de lui en vouloir, il est normal qu’elle veuille avoir des réponses à ses questions. Il est normal aussi que Ciàn veuille faire partie de sa vie, elle est son enfant après tout, même s’il n’a pas été présent quand nous en avions le plus besoin. Je tente de mettre mes sentiments de côté, d’oublier tous les sacrifices que je n’aurais pas eu à faire s’il avait été là. Je ne lui en veux plus, mais en même temps, notre vie aurait tellement été différente s’il n’avait pas pris la fuite. Tout ce qui compte c’est elle, je vais la soutenir contre vents et marées, elle est ma lumière et je ne veux pas que personne ne vienne assombrir sa vie, si elle choisit de le laisser entrer dans sa vie je l’accepterais, si elle choisit de ne plus le revoir je serais là aussi. Je hoche la tête, c’est la meilleure décision je crois, d’aller percer l’abcès et de s’ouvrir, de lui dire ce qu’elle ressent. La suite, on verra plus tard, ça ne sert à rien de se faire du sang d’encre tout de suite. Puis, on change de sujet passant à ce qui s’est passé dans ma vie à moi depuis son départ, mon sourire revient, un peu timide, mais emplie de chaleur quand je repense à Theo. Il est… celui qui me fait comprendre que j’ai une valeur et que je mérite le bonheur, je souhaite qu’il se sent aussi bien en pensant à moi que moi je me sens en pensant à lui. Je ne peux m’empêcher de rire en voyant sa réaction, une vraie petite fille. La mienne. “Et bien, oui, il s’agit bien de celui-là. Sauf que sur le coup, je ne savais pas qui il était puisque nous étions plongés dans le noir dans un des igloos. Je l’ai découvert ensuite quand on est sorti dans la lumière. ” Le sourire de ma fille me fait un bien fou et pour une fois, je me permets de me sentir aussi fébrile qu’elle est, parler de lui me fait du bien, j’avais tellement hâte de pouvoir tout lui raconter. “C’est un homme extraordinaire, je le trouve tellement beau. Je pense que c’est vraiment une bonne personne et chaque fois que je le vois c’est encore mieux que la fois d’avant. Je pense que tu pourras peut-être le rencontrer oui. S’il le veut bien tu pourras. ” Je ne suis pas du genre à tomber amoureuse facilement, mais j’ai l’impression que c’est ça qui se passe en ce moment. C’était si fort lors de cette nuit… Avec lui j’ai l’impression qu’on apprends mutuellement à s’apprivoiser et à se laisser aller. “J’ai du mal à le croire Maddie ! Je n’avais rien vécu de tel depuis tellement longtemps… ” Parce que j’avais d'autres priorités, elle était ma priorité. Je me penche de nouveau vers elle et la serre encore plus fort. “Je n’en pouvais plus de ne pas pouvoir t’en parler, de ne plus t’avoir à la maison. Tu m’as trop manqué. ”

L'arrivée de Ciàn dans nos vies, elle était bouleversante. Il était une nouvelle personne qui entrait dans mon existence, un père qui avait été absent de longues années et qui revenait là, bien vivant et qui plus est, prêt à rattraper le temps perdu avec moi. J'savais pas encore si j'lui en voulais ou si j'étais heureuse de l'avoir retrouvé. Parce que j'le connaissais déjà Ciàn et je savais que c'était quelqu'un de bien. Ca ne m'aidait pas à y voir clair. Et puis, ça venait aussi déséquilibrer la stabilité qu'on avait acquis avec ma mère, depuis toutes ses années. C'est sur elle que je m'étais reposée, c'était elle qui m'avait élevée, qui s'était occupée de moi, qui m'avait aimée. J'pouvais comprendre ses craintes concernant la place que mon père allait prendre mais j'étais tout à fait certaine que ma mère restera pour toujours la personne la plus importante de ma vie. Elle ne m'avait jamais abandonnée, elle m'avait toujours soutenue dans tout, elle avait sacrifiée beaucoup de choses pour moi et j'en étais vraiment consciente de tout ça. Durant ma vie, elle s'était presque interdit à vivre l'amour, à rencontrer quelqu'un, pour se consacrer entièrement à moi. Alors de savoir, aujourd'hui, qu'elle avait rencontré quelqu'un, ça me remplissait de bonheur. Elle le méritait ma mère d'être aimée, d'être choyée, d'être heureuse. Il n'y avait personne d'autre au monde qui méritait le plus de recevoir de l'amour. Je m'emballais assez vite à l'idée que ma mère avait un homme dans sa vie. Et de savoir que c'était Teddy Kelly, ça me faisait tout drôle. J'avais eu une longue période dans ma vie où j'avais été fascinée par lui et sa magie. Et j'étais assez heureuse de savoir que sa magie, aujourd'hui, elle opérait dans le coeur de ma mère. J'voyais bien à son sourire qu'elle était bien. "Woo, une rencontre à l'aveugle, rien de mieux pour découvrir les personnes telle qu'elles sont. J'suis vraiment pas étonné qu'il soit tombé sous ton charme, maman." que j'lui disais avec un petit sourire. Ma mère, c'était la plus belle femme du monde, aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur. J'en étais intimement convaincue. "Aloors, c'est sérieux entre vous?! J'aimerais beaucoup le rencontrer oui." J'étais un peu pensive, le sourire aux lèvres. J'essayais d'imaginer ma mère avec un homme. C'était assez nouveau pour moi cette image, mais j'voyais bien le sourire et l'air serein de ma mère. "Tu le mérite tellement maman, d'être heureuse, d'être amoureuse et d'être aimée." que j'lui dis tandis que j'serre un peu sa main dans la mienne. Puis, écoutant les mots de ma mère, j'me blotti contre elle, le sourire aux lèvres. "Tu m'as tellement manqué aussi maman! Maintenant que je suis rentrée, on va rattraper tout le temps perdu." C'était que quelques semaines, mais elles avaient été extrêmement longues, pour elle comme pour moi. "J'ai l'impression d'me sentir à nouveau entière, près de toi." que j'lui murmurais alors que j'me blottissais encore un peu plus contre elle. Ma place elle était là, et nul part ailleurs.

FIN