#12 - have you ever loved someone so much it tears your heart apart? (detlev)

J'me sentais un peu vidée depuis quelque jours. Vidée d'énergie, vidée de bonne humeur. Je bossais en malade depuis quelques semaines déjà, prenant tous les quarts que je pouvais. J'évitais le plus possible d'être à l'appartement depuis cette nuit-là. Cette fameuse nuit. J'avais cédé, j'avais pas su résister au charme d'Orso, sous les effets de l'alcool. Ça n'aurait pas été une si mauvaise chose si ce n'était pas du fait qu'il m'ignorait depuis. Pas un mot, pas un regard, c'était le froid polaire. J'avais l'impression d'avoir tout gâché, j'me questionnais, doutais de moi-même. J'savais pas comment agir alors j'avais un peu fui, ça me semblait plus simple. P'tête qu'il avait besoin de digérer le moment, de se questionner lui aussi sur ce que ça voulait dire. Enfin, c'était ce que j'avais cru. Puis je l'avais entendu, une nuit, avec une fille. Je l'avais vu aussi cette fille, une jeune brune. Elle me semblait bien bien jeune, justement. Et ça m'avait brisé le coeur parce qu'il avait l'air de care bien plus pour elle que pour moi. C'était bête de ma part de m'être imaginé une seule seconde qu'il pourrait y avoir plus quand même. J'm'étais fait de faux espoirs, j'm'étais montée la tête alors que j'savais très bien. J'avais pas évité tout ça depuis trois ans pour rien. J'sentais, à présent, que j'savais plus où me mettre à la coloc et ça faisait aussi en sorte que j'voyais à peine Detlev. Puis Det, je le considérais comme mon meilleur ami donc ça m'faisait bien de la peine tout ça. Ce soir, j'avais congé et quand j'avais congé, ça voulait généralement dire qu'Orso s'arrangerait pour ne pas être là. J'étais allée en randonnée durant l'après-midi, toute seule pour me vider la tête, puis j'étais rentrée. J'avais pris une petite douche et j'avais enfilé un short et un grand pull pour être bien confortable. En sortant de ma chambre, j'avais remarqué que l'Allemand était sur le canapé, en train de regarder la télé. J'allai à la cuisine pour prendre un sac de croustilles et j'allai m'écraser à côté de lui. C'était rare, une soirée de congé en même temps, mais j'allais pas laisser l'occasion passer. « Hey. » lui dis-je avec un petit sourire avant de lui tendre le sac. « Tu regardes quoi? » demandai-je en pointant la télévision du nez. J'savais même pas si Detlev avait été conscient du froid entre Orso et moi ou si lui aussi, avait été trop occupé avec ses trucs pour remarquer. Dans tous les cas, le simple fait d'être en sa présence me réconfortait. Je tournai la tête vers lui, le regard un peu triste. « J'suis contente que tu sois là ce soir. » lui dis-je simplement. Il devait au moins avoir remarqué qu'on se voyait moins, ne serait-ce qu'à cause du boulot et j'osais bien croire que moi aussi, j'lui manquais un peu. On était habitué de se voir tous les jours quand même, là c'était à peine si on se croisait.


@Detlev Schröder

Y’a rien qui ne va plus j’ai l’impression, il y a quelque chose de pesant dans l’ambiance de l’entourage et je n’arrive pas à mettre le doigt dessus. J’ai l’impression qu’il s’est passé de quoi dans la vie de mes colocs et ils sont un peu comme des fantômes en ce moment, quand l’un est là, l’autre n’y est pas. Arielle travaille des heures pas possible et rentre à peine pour dormir, manger et se doucher avant de repartir pour faire un double ou je ne sais quoi. Peut-être aussi qu’elle traîne un peu plus avec sa copine Lily, mais je ne saurais dire parce que je ne fais que croiser mon amie. Je travaille pas mal au resto, sans compter que je passe un peu plus d’heures à la salle de sport, j’ai trouvé quelques clients pour 'entraîner en tant que débutant de boxe. J’suis content, au moins pendant ce temps-là, ça me permet de focaliser sur autre chose, ne pas avoir que Agnes en tête et ne pas trop penser que c’est vide a la maison, qu’il n’y a pas cette ambiance aussi légère que d’habitude. Ce soir, je suis rentré et encore une fois il n’y avait personne. J’avais cuisiné un repas rapide pour moi, pris ma douche et j’étais maintenant devant la télé a essayer de trouver un truc intéressant à regarder. Il n’y avait pas grand chose, je suis tombé sur une émission du type survivor et c’est ce que je regarde sans trop d'intérêt ! J’me suis fumer un joint sur la terrasse et c’est ce qui me permet de me perdre dans l’émission. Je suis perdu dans la contemplation de mon émission, perdu dans le vague en fait quand Arielle sort de sa chambre. Je fronce les sourcils, depuis combien de temps elle est là ? Je l’ai pas croisé ? J’pensais que j’étais seul, mais je suis pas mécontent de la voir, elle vient me rejoindre. Je plonge ma main dans l'sac de chips. “J’sais pas c’est un truc genre survivor ? ” Pas trop convaincu, je ne sais même pas où ils sont, ni ce sont des participants de quel pays. Je tourne la tête vers elle, en même temps qu’elle le fait et je vois son regard un peu triste, sa phrase aussi mélancolique. “Moi aussi j’suis content de te voir, mais ça va ? Pas de mensonge hein ? ” Que je dis en me rapprochant d’elle pour passer un bras autour de ses épaules et la serrer contre moi. Avec elle, y’a rien d’autre qu’une très forte amitié, c’est elle qui est ma meilleure amie ici et qui est là pour moi depuis le début. “ J’ai l’impression d’être pas au courant de quelque chose ici… L’ambiance est étrange, c’est ça pour toi aussi ? ” Je questionne la blonde.

Detlev, c'était ma comfort person. J'me rendais compte ce soir, en le voyant sur le canapé, que j'aurais p'tête dû aller vers lui bien avant. J'aurais p'tête dû me confier à lui sur mes sentiments pour Orso biiiiien avant de faire cette gaffe. Ça m'aurait p'tête éviter un trop plein. Évidemment, j'en avais parlé à Lily, mais avoir une opinion de quelqu'un qui vivait avec nous, ça aurait pu m'être utile. Il devait bien l'avoir vu, Detlev, qu'Orso il se fichait de moi. Dans tous les cas, il était là ce soir et même si c'était pas pour lui déverser mon mal être, j'sentais que j'avais juste besoin de sa présence réconfortante. C'est donc sans surprise que je me retrouvai à ses côtés sur le canapé. Il regardait la télé, j'savais pas si je le dérangeais, mais il avait l'air un peu ailleurs, comme s'il était dans sa bulle. « Ah. Ça l'air ennuyant un peu, j'sais pas? » demandai-je sans réellement m'en soucier. La question c'était plus ''est-ce que je te dérange?'' La réponse semblait être non puisqu'il n'était même pas certain de ce qu'il regardait. J'me contentai d'engager la conversation au minimum, juste au cas, juste pour voir. Detlev, il remarqua tout de suite mon regard ou bien mon ton de voix, il remarqua que ça n'allait pas si bien que ça, mais sans me confronter non plus. Je soupirai en regardant le plafond deux trois secondes avant de reposer mes yeux sur le blond. « Ça pourrait aller mieux. » lui dis-je bien honnêtement. Ça ne prit qu'une seconde avant qu'il m'attire contre lui, son bras par dessus mes épaules. Son simple contact me faisait du bien. Ça avait toujours été platonique entre lui et moi, dès le premier regard. J'lui rappelais Agnès, sa défunte fiancée, mais d'une façon non-sexuelle et sans sentiments amoureux. Juste une bonne présence pour lui, je pense. Un genre de lien cosmique nous unissait et faisait en sorte que cette amitié, elle était bien puissante. « Ouais elle est étrange... J'ai bien peur que ce soit ma faute d'ailleurs. » dis-je en grimaçant. Il allait certainement tout comprendre sous peu. Mon humeur, l'ambiance, l'absence récurrente de ses deux colocs. Fallait que j'vide mon sac. « Orso et moi... On a p'tête couché ensemble y'a plusieurs jours. » dis-je en fixant le vide. Ça sorti tout seul, de façon neutre presque, pourtant j'avais absolument pas fait la paix avec ça. « J'ai merdé, j'ai tout foutu en l'air. » rajoutai-je en posant finalement mes yeux sur lui. « Il t'en a parlé? » demandai-je rapidement alors que la pensée me traversait l'esprit pour la première fois. P'tête qu'Orso s'était confié à Detlev avant moi, p'tête que le blond avait des infos. Ça m'donnait même un peu espoir que peut-être, j'étais pas la seule que ça affectait.

TW:

Je vis beaucoup trop dans ma tête depuis quelque temps, comme en plus l’ambiance de la coloc est loin d’être la même qu’auparavant, j’ai l’impression que ça ne fait que nous pousser un peu plus dans de sombres pensées. Je suis encore un peu sur la corde raide, à tenter de combattre mes démons, mais mes amis me manquent, ce qu’on avait avant ici me manque tellement. C’est donc avec plaisir, même si je n’ai pas l’air complètement là, que j’accueille Arielle à mes côtés. Je tourne lentement la tête en haussant les épaules, un petit sourire au coin des lèvres. “Un peu ouais… ” Il faut dire que je prends rarement le temps de regarder la télévision et que bon, je n’avais rien trouvé de mieux pour me vider la tête que de voir des gens essayer de survivre sans papier de toilette sur une île. Par contre, en voyant l’expression de mon amie, je me doute qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Il y a quelque chose d’éteint sur son visage, elle ne dégage pas la même énergie que d’habitude. De toute façon, avec Arielle c’est toujours comme ça, on se comprends facilement sans avoir besoin de parler, je me doute qu’il y a quelque chose, mais même si elle avait affiché un grand sourire et une joie débordante, j’aurais pu lire la tristesse au fond de ses yeux. En tout cas, je l’espère, parce qu’elle compte beaucoup pour moi. Je lui fais un signe de tête de continuer quand elle me répond. Je mets le téléviseur sur mute pour pouvoir me concentrer sur ce qu’elle dit, la télé vient de passer au second plan. “Ta faute ?” Je ne comprends pas comment ça pourrait être de sa faute. Je l’encourage à continuer pour que je puisse prendre connaissance de tous les éléments. Je reste un peu sur le cul quand j’entend le reste des explications de la demoiselle, ce n’était pas un secret qu’elle ressentait quelque chose pour Orso, je pense qu’il n’y avait que lui pour ne pas le comprendre. Bon, elle l’avait jamais dit clairement, mais y’avais sa manière de le regarder, sa façon de toujours être là pour lui et comment elle pouvait lui balancer certaines conneries quand il commençait à jouer au lourd, lui il jouait, elle se protégeait. Je crois que ma bouche s’est ouverte à sa révélation et j'ai fini par secouer la tête. “Non il ne m’a rien dit. C’est pas le genre de truc qu’il me raconte.” J’adore Orso, mais je n’ai pas la même proximité qu’avec Arielle. En ce moment, Orso à ses propres démons à combattre, la coke…. “T’as rien foutu en l’air, voyons c’était évident que ça finirait par arriver, je suis même surpris que ça ne soit pas arrivé avant. ” Je resserre mon étreinte autour des épaules de la blonde. “Il s’est passé quoi après ? Vous vous êtes engueulés ? ” Parce que je ne sais pas en quoi coucher avec quelqu’un peut faire que l’ambiance soit si bizarre après ça. Pourquoi ça se ressent dans toute la colocation quoi. À moins qu’il se soit passé quelque chose après… C’est dur à dire et je ne suis pas dans la tête de Orso non plus, est-ce qu’elle le sait qu’il combat son envie de consommer, ça c’est un secret que je vais garder pour moi, mais c’est peut-être un des trucs qui fait que c’est bizarre, m’enfin ce ne sont que des suppositions.