Nothing's going to save us from the big drop || Zach

La tempête commençait à faire rage. Et toi, ça t’empêchait de dormir. Déjà que tu ne dormais pas beaucoup, t’étais du genre insomniaque. Alors que t’étais entrain de dessiner à ton bureau, tu voulais aller chercher quelque chose à manger dans le frigo. Mais bingo, plus rien. Il fallait que ça arrive ce soir. Phoebe était surement déjà entrain de dormir, tu savais même pas si elle était dans sa chambre alors t’essayais de faire le moins de bruit possible pour ne pas la réveiller. T’enfilais tes chaussures, ta veste en jean et tu partais clefs en main.

Le vent soufflait déjà fort, les embruns tu pouvais les sentir même si tu n’étais pas très proche de la mer. Tu allais t’engouffrer dans l’épicerie du coin, ouverte 24/24 pour ton plus grand plaisir. Tu étais même étonné qu’elle soit ouverte avec ce temps à l’extérieur. Il te connaissait bien le gars à la caisse, tu venais souvent la nuit. Mais cette fois, tout n’allait pas se passer comme d’habitude. Tu entendais un bébé pleurer au loin. C’est à ce moment là où tu te demandais si Nora et Isaac allaient bien, avec ce temps. T’allais envoyer un message, mais tu n’osais pas. Et puis… Tu les voyais finalement en face de toi. Le bébé qui pleurait, c’était le tien. Elle semblait perdu, la blonde. Tu voyais bien qu’elle était désemparé. « Nora, mais qu’est-ce que vous faites ici ? » dis-tu un peu interloqué. C’est dangereux, ne serait-ce que pour elle ou pour le bébé. « Ça va… ? » demandas-tu, regardant les cernes sous ses yeux. Elle semblait vraiment à bout, la pauvre et elle te faisait de la peine.

Elle était bien la dernière personne sur qui tu pensais tomber, Nora. Mais pourtant, vous voilà là, tous les deux l’un en face de l’autre à ne pas vouloir s’approcher. Deux, plutôt trois puisqu’elle portait votre fils dans ses bras. Votre fils, c’est si étrange à dire. Elle répondit avec un ton très acerbe, et tu roulais des yeux en soufflant, marre de son comportement. Mais sans que tu puisses répondre quoi que ce soit, elle reprenait sur un ton plus sympathique. « Insomnie et… fringale » dis-tu en lui montrant le paquet de chips que tu avais dans les mains. Elle connaissait tes insomnies, vous aviez quand même vécu quelques années ensemble. Tu voyais bien qu’elle était entrain de craquer. En même temps, elle venait d’emménager dans un nouveau pays, ne connaissant personne et en plus avec un bébé. « Je… j’peux t’aider Nora » dis-tu simplement. Oui, t’allais pas la laisser comme ça et puis tu avais réfléchie. Quel genre de père serais-tu si tu n’apprenais pas à connaître ton fils ? Le mec à l’entrée du magasin décidait de fermer, pour que tout le monde soit en sécurité puisque les vents devenaient de plus en plus fort. Tu te reprochais de Nora et tu tendais tes bras vers elle. « Laisses-le moi quelques secondes, peut-être qu’il va se calmer » proposas-tu à la jeune femme avec le ton le plus bienveillant possible.

Son petit sourire trahissait sa nostalgie. Tu t’étais retrouvé un nombre incalculable de fois à bosser sur des nouvelles compositions musicales ou sur tes dessins des nuits durant et elle avait l’air de s’en souvenir. Non, certaines choses ne changent jamais. Tu lui proposais de prendre le petit dans tes bras, pour lui donner un peu de répit. Et au moment où tu prenais le bébé dans tes bras, ça te faisait une sensation étrange. C’est ton fils, et tu le ressentais dans tout ton corps. C’est la première fois que tu le prenais dans tes bras, et tu t’en souviendrais. Tu souris à sa réponse, quand elle te dit que tu pouvais le garder plus de quelques secondes. Il se calmait, quelques instants, avant de chouiner de plus belle. Mais les lumières du magasin venaient à s’éteindre, et ça surprenait un peu. Rapidement, elles se rallumaient. « On va se poser là » dis-tu en montrant avec ton menton une place entre les rayons. Tu te posais délicatement sur le sol, toujours avec le petit dans les bras, en essayant de le rassurer au maximum. T’avais cet instinct paternel qui venait très vite en toi. « Je pense qu’il y en a, oui » dis-tu avec un petit sourire, sans lâcher tes yeux de l’enfant. T’étais obnubilé par ce bébé, qui était le tien. Et tu ne réalisais pas trop que c’était le tien.