#17 - there is something inside you, its hard to explain (conja)

Cinq mois. Cinq mois que vous êtes (re)tombés dans les bras l'un de l'autre avec Conchobáhr. Tu n'en reviens pas à quel point le temps peut filer et que vous n'ayez pas encore eu l'occasion d'en discuter. Cela n'a pas entaché votre relation mais c'est surtout parce que vous avez eu des emplois du temps chargés l'un comme l'autre. La discussion n'a pas pu avoir lieu avant sinon, vous l'auriez sans doute fait. Mais vous ne pouvez pas laisser passer ça comme si ça ne voulait rien dire. Vous savez, tous les deux, que ça voulait forcément dire quelque chose. Le tout est de savoir quoi. Comme prévu par sms, tu attends Concho dans le salon, un verre de vin rouge à la main, la télécommande dans l'autre. Tes enfants sont déjà au lit, épuisés par une journée à jouer à la plage, un endroit qu'ils aiment par dessus tout. Tu zappes sans vraiment réfléchir, sans t'arrêter sur quelque chose de précis. Tu ne vas pas mentir, tu ressens une petite appréhension à l'idée de discuter de ce qu'il s'est passé, surtout cinq mois plus tard. En cinq mois, il s'en est passé des choses de ton côté et tu ne peux qu'imaginer qu'il en est de même pour ton colocataire. Bref, lorsque tu entends la porte d'entrée, tu éteins la télévision, prenant une gorgée de ton verre de vin avant de te retourner pour voir Conchobáhr apparaitre. Tu souris, comme toujours lorsqu'il entre dans une pièce. Il a une aura comme il n'en existe nulle autre. Il a toujours été ton rayon de soleil. Sa simple présence a bien trop souvent apaisé ton coeur et aujourd'hui ne fait pas exception. « Hey. » Dis-tu simplement en souriant. Tu as fait le premier pas via vos sms, alors, égoïstement, tu le laisses faire le premier pas pour lancer le sujet. Du moins, tu espères qu'il le fasse. Mais s'il y a bien quelque chose qu'on ne peut pas vous enlever, à tous les deux, c'est que vous avez toujours pu communiquer librement. En couple ou séparés.

@Conchobáhr Rosenbach

J’pouvais pas croire qu’on avait laissé cinq mois s’écouler avant d’enfin se poser pour reparler de cette nuit passée ensemble, le soir même de ma rupture avec Pippa. J’savais bien que j’avais un grand rôle à jouer là-dedans, parce que ouais, même si c’est vrai que j’avais été très occupé récemment, au départ c’est que j’avais repoussé le plus possible. J’avais évité Freja les premiers jours, les premières semaines même, espérant réussir à mettre de l’ordre dans mes idées et dans mes sentiments avant de devoir aborder tout ça. C’est que j’avais honte, tellement honte, de m’être jeté dans ses bras alors que je sortais d’une importante relation avec la mère de ma plus jeune fille, avec ma meilleure amie, que j’aimais, avec qui je vivais depuis quelques semaines. Je lui devais tellement plus de respect que ça, à Pippa, peu importe les sentiments que j’éprouvais à l’égard de Freja. Pis finalement, au bout de ces semaines à éviter Freja, j’avais vécu des moments assez intenses avec Joan, assez pour que ça brouille les cartes dans mon coeur, assez pour que je sois en train de développer des sentiments pour elle, aussi. Bordel. Et pis Freja, de son côté aussi, avait évolué dans une toute autre direction que celle à laquelle on aurait pu s’attendre, cette nuit du deux juin. Nous étions colocataires, alors évidemment, nous étions au courant un tout petit peu au moins de ce qui se passait dans la vie de l’autre. Surtout avec Perry qui avait généralement une grande gueule. Je ne savais pas tout, mais je savais qu’elle entretenait une autre relation. J’ignorais si c’était officiel, j’ignorais si c’était sérieux - tout comme j’ignorais tout ça par rapport à ma propre relation avec Joan. En plus, depuis Halloween, j’avais encore plus de remises en question. Le sms de Freja tombait donc dans un bon moment, finalement, pour enfin aller au fond de toutes ces questions. Je lui avais envoyé un message y’a quinze minutes, en quittant Head Ahead, alors c’est sûrement sans surprise qu’elle m’entendit rentrer. C’était probablement la première fois, depuis cinq mois, qu’on se retrouvait seuls dans la même pièce ici. Je lui souris en la voyant, malgré l’appréhension qui m’habitait. Au fond, Freja et moi, on arrivait toujours à communiquer, peu importe le problème. J’pense qu’on voulait tellement le bien de l’un et de l’autre, que ça pouvait juste se passer correctement. « Hey. » Je baissai les yeux vers son verre de vin et je le désignai de mon index. « Bonne idée. » Avais-je juste lâché en allant m’en servir une coupe, moi aussi. En reposant la bouteille sur le comptoir, je la regardai un moment, avant de dire : « Avant toute chose, je tiens à m’excuser, Frej’. J’aurais pu prendre le temps, bien avant ça, de te parler. Mais j’ai eu tellement honte de moi. J’savais pas trop comment dealer avec ce que j’ai fait. » Admis-je.