In a perfect world, I am here with you and we're so damn happy, and I'm not confused + Marcasia

Cet après-midi shopping devait être un moment agréable entre Ana et Marcus. Un petit moment hors de la maison, pour faire plaisir à la belle écrivaine qui voyait bien que son compagnon lui échappait depuis quelques mois. Elle avait remarqué qu’il rentrait toutes les nuits un peu plus tard, que parfois il découchait. Elle avait senti son haleine chargée de rhum et sa démarche chancelante quelques fois. Pourtant elle n’avait jamais rien dit jusqu'alors. Parce que Marcus restait cet homme charmant et tendre envers elle, parce que quand il était là, il n’y avait qu’elle qui comptait, elle et cette histoire qu'ils écrivaient ensemble. Parce qu'il le disait peu, mais il l’aimait et ça se voyait. Pourtant quelque chose s'était brisé en lui lors de cette lourde nuit de juillet, quand il s'était retrouvé contre le corps de son ex, incapable de lui résister. Depuis il se sentait sale, ni plus ni moins. La promenade en ville s'était soldée par une rencontre entre le couple et Pénélope, il n’avait pas fallu longtemps à Ana pour qu'elle comprenne que Marcus lui avait caché son retour. Et il n’avait pas essayé de cacher davantage la vérité. Mais ensuite il avait paniqué, plantant sa compagne pour aller toucher deux mots à son ex, lui demandant de rentrer à la maison. Mais à quoi s'attendait-il ? Pas à grand chose, en vérité. La confrontation avec Penny s'était mal passée, évidemment. Il était parti en faisant comprendre à son ex-femme qu'il choisissait la britannique. Bien qu'il aimait toujours son ex-femme, bien que l’attirance physique soit toujours aussi forte, il était conscient du mal qu'elle avait fait et il n’avait plus confiance en elle. Il avait fait le choix de la raison, quand son cœur, lui, ne savait vers qui se tourner. Mais il se doutait qu'à son retour au nid, Anastasia ne l’accueillait pas à bras ouverts. Il avait marché dans les rues, hésitant à passer par le Elm Street pour descendre une bouteille avant de rentrer. L’envie était là, très forte, mais il avait résisté, parce qu'il ne voulait pas imposer son alcoolisme en plus de sa lâcheté à la jolie brune. Il n’avait pas le droit d'être lâche cette fois. Alors il rentra à l'appartement, poussa doucement la porte, retira ses chaussures et s’avança sans se presser vers la grande pièce à vivre. Mains dans les poches, mine boudeuse du gamin qui savait qu'il avait fait une bêtise. Ana était installée dans le canapé, tasse de thé et feuilles de papier éparpillées tout autour d’elle. Marcus râlait toujours avec douceur quand elle faisait ça, affirmant qu’un jour, elle renverserait son thé sur son manuscrit. En cette fin d’après-midi, une boule se formait dans son estomac, il avait déjà la nostalgie de ces disputes pleines de tendresse, comme s'il savait qu'il l'avait déjà perdue. Tu vas renverser ton thé Ann. Il esquissa un sourire un peu triste. Ne sachant par où commencer. Il n'avait pourtant qu'une seule envie, venir se caler contre elle et la serrer dans ses bras.

@Anastasia Foster

Tu redresses la tête à l’entente de sa voix, mais ce n’est pas une lueur de surprise ou de soulagement qui traverse ton regard. Non, c’est autre chose. Un mélange de fatigue et de douleur sourde qui s’attarde depuis trop longtemps, que tu ne sais plus dissimuler. Tu baisses lentement la tasse que tu tiens, la déposant sur la table basse, soigneusement éloignée des feuilles éparpillées.

« Ne t’inquiète pas, je fais attention »

Ta voix est douce, presque trop calme, comme une mer juste avant la tempête. Tu ne relèves pas son sourire triste, ni son ton qui semble mendier un pardon silencieux.

Les secondes s’étirent, lourdes. Tu le regardes enfin, de tes yeux encore un peu rougis d’avoir trop pleuré. Tu le regardes lui, debout au milieu de la pièce, les mains enfouies dans ses poches, comme s’il cherchait à cacher sa culpabilité derrière une posture trop détendue. Il est là, mais il semble ailleurs, comme il l’est si souvent ces derniers mois. Ton cœur se serre, mais tu refuses de laisser la douleur t’envahir davantage. Pas cette fois.

« Tu es rentré. C’est déjà ça je suppose » dis-tu en inspirant profondément tout en ramenant tes jambes sous toi, te redressant légèrement dans le canapé. Ton regard ne le quitte pas.

« Qu’est-ce que tu veux, Marcus ? Me rassurer ? Me mentir à nouveau ? M’expliquer pourquoi tu es parti retrouver ton ex, alors que je t’attendais là, en me demandant combien de vérités tu me cachais encore ? »

Ta voix tremble légèrement, mais tu refuses de baisser les yeux. Parce qu’il te doit des réponses. Parce que tu mérites bien plus que cette douleur constante, ce poids sur ta poitrine qui ne te quitte plus. Tu te forces à garder ton calme, mais l’amertume perce malgré toi.

« Où étais-tu ? »

Tu ne cries pas. Tu ne veux pas crier. Mais la question plane entre vous, lourde de sens. Tu veux savoir s’il a encore assez de respect pour toi pour dire la vérité, cette fois.

@Marcus O'Brian

Entre le moment où Marcus avait planté Ana face à la terrasse et celui où il rentrait à l’appartement, il devait s'être écoulé moins d’une heure. Il fallait dire que Penny avait expédié leur conversation, le temps de se brûler la gorge avec son expresso et le barman avait quitté la table après dix minutes montre en main. Il n’en fallait pas plus sinon les deux ex se seraient entretués. Il ne s'agissait plus de la tension qui les avait poussés à se rapprocher l’autre soir, de cette attraction trop forte que Marcus n’assumait pas. Non, aujourd'hui il y avait énormément de colère et de rancœur entre le brun et la blonde. En vérité tout était plus ou moins tourné contre lui, elle lui en voulait de l'avoir prise dans ce moment suspendu pour la rejeter quasi instantanément juste après. Et elle avait raison, il fallait être deux pour ce genre de chose et le premier à avoir flanché ç'avait été lui. Marcus, lui, s'en voulait terriblement d'avoir été aussi faible face à son ex, d'avoir été incapable de dire stop lorsqu'elle avait laissé sa main se balader sur son torse. Il retournait cette colère contre elle, la traitant de vile tentatrice, mais au fond il le savait, celui qui avait fauté c'était lui. Il savait que la vérité éclaterait un jour face à Anastasia, il avait voulu la préserver au maximum, conserver leur bulle rien qu'à eux jusqu'au bout. Dans un monde idéal, Pénélope serait repartie, lassée d’attendre après son ex-mari, ou bien attirée par un nouveau soleil, ainsi il aurait pu enfouir cet écart au plus profond de lui et continuer à construire son histoire avec la britannique sans se soucier de la concurrence. Mais le monde idéal ce n'était pas la réalité et elle avait fini par comprendre pourquoi il était devenu si distant depuis des semaines. Tandis qu'il s’avançait dans le salon, Marc affrontait le regard encore rougi d’Ana, elle avait pleuré et face à cette vision, son cœur se serrait. Bien-sûr que je suis rentré. A quoi s'attendait-elle ? Qu'il s'enfuit avec sa conquête, qu'il la plante là ? Elle le connaissait mal, visiblement. Ana attaquait, sa voix était calme mais ses mots tranchants ne cachaient rien de la douleur et de la colère qui grondait en elle. Il enfonça encore un peu plus ses mains dans ses poches, comme si, par ce geste, il pouvait entrer complètement à l’intérieur, se terrer dans l’obscurité en attendant que l’orage passe. Je pense que je te dois une explication. Voilà ce qu'il voulait. Celà faisait des mois que Pénélope était revenue, qu'il avait tout fait pour l’éviter, en vain, visiblement. Des mois qu'il se demandait comment l’annoncer à Ana, ç'aurait été tellement plus simple qu'il le lui dise dès qu'il l’avait appris. Peut-être que le pire aurait été évité. La question de l’écrivaine le laissa pantois, où il était ? Elle l’avait vu, se diriger vers la table, il n’avait rien fait de plus, parler à Penny et rentrer. Qu’imaginait-elle ? En même temps, en une heure, il pouvait s’en passer des choses, le barbu était bien placé pour le savoir. En quelques minutes même, tout pouvait basculer. J'étais à cette terrasse. J'avais dit à Pénélope que j'avais quelqu'un. Mais elle ne savait pas que c'était toi. Alors je suis allé la voir, lui dire que tu me rendais heureux et qu'elle ne devait pas attendre après moi. Et après je suis rentré, j'avais besoin de marcher. Est-ce que ça allait suffir pour qu'elle reprenne confiance en lui ? Allait-il éviter les questions qu'il redoutait ? Et quand bien même, ne serait-ce pas le moment pour lui avouer, être franc, pour espérer qu'elle pardonne. Parce qu'il considérait que c'était une erreur et qu'il ne voulait jamais recommencer.

@Anastasia Foster

Tu te redresses lentement du canapé, laissant tes feuilles s’éparpiller sans y prêter attention. Le thé dans la tasse refroidit, abandonné, comme tout le reste depuis qu’il a franchi la porte. Tu inspires profondément, mais ton cœur tambourine avec la même insistance que les mots qui te brûlent les lèvres.

« Alors… tu lui as dit que j’existe. Après tout ce temps, après tout ce que j’ai senti, deviné, encaissé… il aura suffi d’une heure à cette terrasse pour que tu trouves enfin le courage ? »

Tu l’observes, debout, les mains enfouies dans ses poches, la tête basse comme un gosse pris en faute. Mais ce n’est pas un enfant, et toi, tu n’as plus l’énergie de jouer à la mère indulgente.

« C’est drôle, tu sais. Pendant des semaines, je t’ai vu t’éloigner, rentrer tard, parfois pas du tout. Je me suis demandé si j’avais fait quelque chose de travers. Si c’était moi, le problème »

Ta voix tremble à peine, tenue par un fil tendu entre douleur et colère.

« J’ai fermé les yeux, encore et encore. Parce que chaque fois que tu revenais, avec ce sourire, avec ces petites attentions, j’arrivais à me convaincre que tout allait bien. Que tu m’aimais encore. Que… »

Tu secoues la tête, cherchant à reprendre le contrôle. Mais les larmes qui menacent de couler depuis qu’il est là te trahissent. Sauf que tu ne veux pas pleurer. Tu ne veux pas te montrer faible. Pas maintenant. Et tu as assez versé de larmes pour lui. Tu inspires profondément avant de planter ton regard dans le sien.

« Et aujourd’hui, tu rentres et tu me dis quoi ? Que tu étais à cette terrasse, que tu as vu Pénélope, et que tu lui as dit que j’existais. Que je te rends heureux »

Tu laisses un rire amer s’échapper, coupant le silence comme une lame.

« Mais ça, Marc, c’était censé être acquis, non ? Tu ne crois pas que ça aurait dû être clair dès le début, avant qu’elle n’ait la moindre chance de s’immiscer entre nous ? »

Tu fais un pas en avant, réduisant la distance qui vous sépare, mais tu t’arrêtes, le cœur au bord de l’explosion.

« Je ne suis pas stupide. Je sais qu’il y a plus. Tes silences, tes absences, ta façon d’éviter mon regard… Je sais qu’il s’est passé quelque chose entre vous »

C’est évident, n’est-ce pas ? Et tu te sens stupide de ne pas avoir réagi avant. De ne pas avoir écouté ton ressenti, cette petite voix qui n’a cessé de résonner à tes oreilles à mesure qu’un fossé se créait entre vous. Tu t’es mis des œillères. Tu serres les poings, comme pour te retenir d’aller plus loin, de déverser tout ce que tu ressens d’un coup.

« Et moi, dans tout ça ? Je suis quoi ? Ta distraction ? Ton échappatoire ? Parce que c’est ce que je ressens, là, maintenant. Comme si je n’avais jamais vraiment compté, comme si j’étais juste une parenthèse entre toi et elle »

Tes épaules s’affaissent légèrement, ton masque de froideur se fissure. Tu inspires profondément, cherchant à rassembler ce qu’il te reste de forces pour ne pas craquer.


@Marcus O'Brian

Il était évident que la brune avait compris que son compagnon avait un comportement différent depuis quelque temps. Anastasia était loin d'être aveugle ou stupide, elle restait toujours calme, toujours égale, elle restait douce et patiente, mais elle savait. Et aujourd'hui elle comprenait enfin. Elle avait pris la vérité en pleine figure, comme une gifle monumentale de la part de son ancienne rivale. Bien que Penelope ait certifié à Marcus qu'elle ne s'était pas installée à cette terrasse dans le but que le couple la croise, le fait est qu'elle s'était assise là, alors qu'il y avait de grandes chances qu'ils finissent par passer, au soleil, sur une table un peu en avant, face au monde. Elle ne l'avait peut-être pas fait exprès, pas volontairement non, mais inconsciemment, ça c'était autre chose. Le barman en était persuadé. Mais là n'était pas la question, à présent il devait affronter la colère d’Ana et ça le rendait malade. La raison pour laquelle je ne lui ai pas parlé de toi c'est que je me méfie d'elle. C'était plus simple de ne pas lui dire avec qui j'étais, comme ça elle ne pouvait pas venir te trouver. Et c'était l'exacte vérité. Pour Marcus, la blonde était imprévisible et fourbe, elle le lui avait prouvé plusieurs fois. Il avait eu peur qu'elle s’en prenne à la britannique, d'une façon ou d’une autre. Il soupira lourdement, qu'il était difficile d'encaisser la douleur de celle qu'il aimait en sachant qu'il en était responsable. J'avais du travail par-dessus la tête. Il allait continuer avant de se raviser. Le travail, évidemment que Marcus en avait, le Elm ne désemplissait jamais. Mais ils savaient tous les deux que ce n'était qu'une excuse, ça n'expliquait pas son air soucieux quand il rentrait… quand il rentrait oui. Alors qu'avant le retour de Penny, même s'il bossait comme un fou, il rentrait toujours et avec le sourire aux lèvres de s'être amusé derrière son bar. Tu n'as rien fait de mal, c'est moi qui… il avait merdé, tout gâché, tout fait de travers. Anastasia continuait, la voix de plus en plus tremblante, le visage de plus en plus fermé et les yeux de plus en plus brillants. Il eût envie de lui dire, de lui crier que oui, évidemment qu'il l'aimait, comment pouvait-elle en douter ? Marcus lui cachait des choses mais il n'était pas menteur et clairement pas acteur, il était incapable de jouer la comédie. L'écrivaine, il en était amoureux, personne ne pouvait en douter. Seulement les choses n'étaient pas forcément aussi limpides et visiblement le cœur du barman était incapable de choisir entre Ana et son ex-femme. Alors il encaissa les mots de plus en plus durs, la colère de celle qui s’éloignait de plus en plus de lui. Il secoua la tête en passant une main sur son visage lasse. Elle avait raison, il n'aurait jamais dû laisser à Penny la moindre chance de s'immiscer entre eux, ne jamais lui offrir à croire qu’il pourrait y avoir une ouverture possible. Parce qu'elle s'était engouffrée dedans. Marcus n'était pas le genre d’homme qu’on séduisait facilement, en dix années de célibat, après le départ de sa femme, il avait eu peu de femmes dans sa vie, en vérité il n'y en avait eu aucune avant Ana, seulement quelques femmes de passage pour rompre sa solitude, l'espace d’une nuit, tout au plus. Il aurait pu combler le vide plus d’une fois, les propositions avaient été nombreuses, mais le barman, aussi sexy soit-il, n'était pas un homme à femmes. Son seul défaut dans cette histoire étant que quand il tombait amoureux, il restait incorrigiblement fidèle, même malgré lui. Ainsi il n’y avait eu que deux femmes qui avaient compté dans sa vie, malheureusement elles étaient à nouveau en concurrence aujourd'hui et il savait combien il faisait du mal à être incapable de faire un choix. Par contre, là où Anastasia se trompait, c'était en pensant qu’elle n'était qu'une récréation, rien de plus qu’un amusement pour combler la solitude. Elle était tellement plus que ça. Elle était celle qui lui avait redonné goût à la vie et ses plaisirs, celle qui avait réveillé l’amoureux qu'il était. Mais le retour de Penny n’avait rien changé aux sentiments qu'il éprouvait pour Ana. Il s’est passé quelque chose à la soirée d’anniversaire de John. Et depuis je suis incapable de me regarder dans une glace. Je l'ai regretté à la seconde où c'est arrivé mais le mal était fait. Il releva sur sa compagne un regard tout aussi brillant que le sien. Il aimerait qu'elle comprenne qu'il était sincère et qu'il regrettait terriblement. Ce serait plus simple que tu n’aies été qu’une récréation, une parenthèse comme tu dis. Mais c’est pas aussi facile, parce que je t’aime, j’ai peur de te perdre, je sais que je te perds et ça me bouffe. Je sais combien tu me fais du bien, je sais que je suis meilleur homme avec toi. J’voudrais ne jamais l’avoir revue, qu'elle ne soit jamais revenue. Tu es celle dont j'ai besoin. Elle était si proche de lui, qu'elle pouvait le gifler, qu'il pouvait tendre la maison pour la serrer contre lui. Tout pouvait s'arrêter sur le champ, mais il gardait une once d'espoir, comme si l’amour pouvait triompher.

@Anastasia Foster

Tu l’écoutes parler, chaque mot s’enfonçant un peu plus profondément, comme une lame que tu ne sais pas retirer. Il t’aime, il a peur de te perdre, il regrette… Tout ce que tu voulais entendre, n’est-ce pas ? Et pourtant, ça sonne creux maintenant, comme un écho trop lointain.

Il s’est passé quelque chose

Ces mots résonnent encore, accrochés à tes pensées. Ils détruisent tout ce que tu as construit, tout ce que tu croyais être encore possible. Tu inspires profondément, mais la brûlure dans ta gorge ne disparaît pas.

« Alors, c’est arrivé »

Ta voix est basse, presque inaudible, mais tu sais qu’il t’a entendue. Ses yeux cherchent les tiens, mais tu refuses de croiser son regard.

« Tu regrettes… Mais tu l’as fait quand même. Tu l’as laissée entrer, Marc. Dans ton esprit, dans ton cœur, dans… »

Tu t’interromps, incapable d’aller plus loin. Ton souffle est court, ton esprit se bat pour ne pas sombrer dans une tempête de larmes. Tu avances d’un pas, les bras ballants, mais tes poings sont serrés, comme pour contenir toute l’émotion qui menace d’exploser.

« C’est elle qui est imprévisible, qui est dangereuse, c’est ça ? »

Tu ris doucement, un rire sans joie, secoué par l’ironie.

« Mais c’est toi qui lui as donné une place, toi qui as ouvert la porte. Et moi, pendant ce temps-là… »

Tu fais un geste vague vers le canapé, vers la tasse oubliée, vers toutes ces petites choses qui témoignent de ton attente. Tu refuses de craquer, pas encore, pas devant lui.

« Et maintenant, tu veux quoi, Marc ? Que je te pardonne ? Que j’oublie ? Que je fasse comme si rien de tout ça n’avait d’importance ? »

Tu fais un pas en arrière, mettant de la distance entre vous, même si chaque fibre de ton être hurle de douleur en le faisant, parce que c’est comme si tu ressentais physiquement cette distance que tu imposes entre vous.

« Tu dis que tu as besoin de moi, que je te rends meilleur, mais moi, Marcus ? Moi, est-ce que tu te rends compte de ce que tu m’as fait ? De ce que je ressens, là, maintenant ? »

Tu le fixes enfin, et ce que tu vois te donne envie de hurler. Ce mélange de culpabilité, de regrets et de douleur dans ses yeux… Tu détestes ça, parce que ça te fait vaciller, parce que malgré tout, une part de toi veut croire qu’il est sincère. Les larmes que tu t’étais promis de ne pas laisser couler brouillent ta vision, mais tu refuses de détourner les yeux.

« Tu as tout détruit. Pas elle. Toi »

Tu secoues la tête, les épaules basses, épuisée par le poids de ces mots, de cette vérité qui te déchire.

« Je t’aime, Marc. Mais je ne sais pas si ça suffira… Tu ne peux pas prétendre m’aimer, pas comme ça. Pas en gardant une partie de toi ailleurs, avec elle. Parce que c’est ce que tu fais, que tu le veuilles ou non. Et moi, je mérite mieux que ça »

Les derniers mots sortent dans un souffle, un mélange de résignation et de défi, comme si tu te raccrochais à la seule chose qui te reste : ta fierté.

@Marcus O'Brian

La révélation de l’infidélité de Marcus sembla porter un coup à Anastasia, son visage se durcit encore davantage. Elle était devenue cette beauté froide qu'il  ne connaissait pas. Elle avait pourtant déjà deviné alors à quoi bon tourner autour du pot ou pire, mentir ? Puisqu'il en était aux révélations, autant être honnête finalement. Il n’y avait rien de creux dans les mots d’O’Brian, ils vibraient au contraire d’une sincérité nue, il était totalement vulnérable face à celle qu'il aimait. Conscient plus que jamais qu'elle avait leur histoire entre les mains. Qu'elle seule pouvait décider de pardonner et d'avancer, ou de tout arrêter parce que c'était inacceptable. Marcus n'avait plus aucune main sur la suite et il était pendu à ses lèvres. Elle n’a jamais quitté mon cœur Ann, j'ai été clair avec toi sur ce point dès le départ. Il se défendait mal, mais il avait encore un minimum de fierté. Elle le savait, Ana, que son amant avait sa femme dans la peau. Il avait passé dix années à l'attendre, envers et contre tout, contre la raison, contre sa santé aussi. Il s'était oublié dans l'espoir fou qu'elle revienne. Et il avait arrêté d’y croire quand il avait reçu les papiers de divorce. Jamais il n’avait caché tout ça à Ana. Seulement au moment où il lui avait avoué, elle l’avait trouvé charmant, adorable, incorrigible romantique, c'était facile à l'époque, il venait officiellement de divorcer et la menace d'un potentiel retour de Penny était quasi nulle. La brune continuait ses salves de reproches, visiblement elle avait un énorme sac à vider et Marc la laissa faire, encaissant en serrant les mâchoires. Je ne veux pas que tu oublies non. C’est impossible et je le sais. Le mal est fait et il est irréparable. Si seulement elle savait, si elle le croyait, le fait qu'il ait repoussé son ex-femme, que jusqu'à la dernière seconde tout ce qu'il avait ressenti pour elle c'était cette colère froide. Jusqu'à ce que le désir prenne le dessus, une envie incontrôlable, mêlant frustration, attirance et un reste d'amour enfoui, qui avaient fait des étincelles. Mais il ne comptait pas recommencer. Alors oui, c'était facile à dire, il avait craqué une fois, pourquoi pas deux après tout ? Ça il ne pouvait pas le promettre, c'était une affaire de confiance et de savoir si la belle anglaise en avait encore en lui. Il baissa le regard en voyant les larmes couler. Si elle commençait, il allait flancher à son tour. C'était insupportable de se sentir illégitime et de ne pouvoir la prendre dans ses bras pour la consoler. Sa dernière sortie lui fit l'effet d’un coup de poignard en plein cœur. Ana avait raison, évidemment, seulement c'était ainsi qu'elle l’avait aimé, même avant le retour de Penelope, il avait toujours gardé une partie d'elle, il n'avait jamais cessé de l’aimer et ce n'était pas quelque chose qu'il pouvait changer, pour son plus grand malheur. Il finit par hocher la tête, rompu. Effectivement, tu mérites mieux que ça. Il se retourna et ouvrit la baie vitrée qui menait au petit balcon. Se reculant de quelques pas, il sortit son paquet de cigarettes, puis une clope qu'il porta calmement à ses lèvres. Il pourrait pleurer, crier, supplier, Marcus savait que la balle était dans le camp d’Ana. Il n'était pas doué pour se battre, plutôt du genre à se résigner. Il ne se voyait pas la retenir si elle n'en avait pas envie. La cigarette calmait les nerfs de ce faux calme perclus par ses angoisses. Sous ses yeux, la plus grosse de ses peurs se répétait encore. La personne qu'il aimait s'éloignait de lui. Il n'était pas assez bien, il avait encore tout fait de travers. Lui qui avait l'habitude d'être abandonné, d'être laissé de côté, avait finalement tendu la perche à la seule qui avait sincèrement voulu de lui. Il inspira une première bouffée avant de reprendre la parole. Avant toi j'étais une épave. J'ai traîné ma peine durant des années avant que tu reviennes. Et j'allais mieux grâce à toi, vraiment. Tout ça tu le sais déjà… il reprit sa cigarette un instant et laissa la fumée s'échapper sans se presser. Mais il aura suffit qu'elle pousse la porte pour que je replonge, l’alcool, les doutes, la peur que vous vous croisiez. Et puis cette nuit, ces quelques minutes d’abandon pour tout foutre en l’air. T’as raison c’est moi le coupable, c'est moi qui ai été trop faible et qui te fait du mal. Ce que je sais c'est qu'elle me rend misérable et toi tu me rends meilleur. Mais je ne veux pas t'entraîner dans mes ténèbres parce qu'ils sont bien trop sombres. Toi tu mérites la lumière, tu mérites d'être adorée. Il esquissa un sourire triste tandis qu’il sentit une larme rouler sur sa joue. Il l'avait adorée, il l'adorait toujours, bien plus que ces autres qui avaient partagé sa vie et qui ne l'avaient pas respectée. Tu mérites mieux qu'une épave. Oui. Qu’il conclut en hochant la tête.

@Anastasia Foster

Alors qu’il se tient près de la baie vitrée, la fumée de sa cigarette s’élevant lentement entre vous, comme un écran qui semble amplifier la distance déjà palpable, tu le regardes. Tu observes chaque détail : la tension dans ses épaules, la manière dont ses doigts tremblent légèrement, sa mâchoire serrée pour contenir un tourment qu’il ne cache qu’à moitié. Et malgré tout, malgré la trahison, la douleur qui te déchire, tu sais que tu l’aimes toujours. Tellement. Au-delà de ce que les mots peuvent exprimer.

Tu avances doucement vers lui, le poids de chaque pas amplifiant cette bataille interne entre ton cœur et ta raison. Quand tu arrives à sa hauteur, tu tends la main, hésites un instant, puis la poses doucement sur son bras. Il se fige, mais ne se détourne pas. Alors, sans lui laisser le choix, tu te places devant lui, prenant son visage en coupe entre tes mains tremblantes sous le tourbillon d’émotions qui s’est emparé de toi.

« Regarde-moi »

Ta voix est douce, mais ferme. Il lève les yeux vers toi, et ce que tu y vois te serre le cœur. C’est là, dans ses pupilles sombres : le regret, la honte, mais surtout, cet amour désespéré qu’il ne sait plus comment exprimer. Tu inspires profondément, sentant les larmes te monter à nouveau aux yeux, mais tu les retiens encore une fois.

« Je t’aime » souffles-tu en gardant tes yeux encrés dans les siens. Ce n’est pas une déclaration, c’est une vérité brute, lourde de tout ce que tu ressens.

Cette année passée ensemble n’a pas été parfaite, mais elle a été belle, si belle que tu n’avais jamais douté de votre avenir. Emménager chez lui, demander ce visa permanent : tout cela te semblait naturel, évident. Avec lui, tu avais trouvé un foyer, une sécurité que tu n’avais jamais ressentie ailleurs. Jusqu’à ce que Pénélope revienne et déchire ce que vous aviez construit. Pénélope, avec son charme destructeur et ce pouvoir qu’elle semble avoir sur lui. Comme si les leçons du passé n’avaient servi à rien, comme si elle avait une emprise sur lui que toi, malgré tout l’amour que tu lui portes, tu ne pourras jamais comprendre.

« Tu as fauté, oui. Et je te déteste pour ça. Mais je ne peux pas arrêter de t’aimer »

Tu refuses de laisser cette histoire s’effondrer. Pas comme il y a dix ans. Pas cette fois. Tu ne veux plus être cette femme qui fuit quand les choses deviennent trop douloureuses. Marcus, c’est l’homme de ta vie. Et même si chaque fibre de ton être hurle de douleur en ce moment, même si la trahison te laisse une plaie béante, tu sais que tu vas te battre. Parce que tu l’aimes. Parce qu’il t’aime aussi, même s’il a chuté, même s’il s’est laissé happer par cette emprise toxique que Pénélope semble avoir sur lui.

« Mais je ne peux pas porter ça seule. Si on a une chance de réparer ça, il faut que tu te battes avec moi. Je veux qu’on s’en sorte. Je veux qu’on reconstruise ce qu’on a perdu. Mais je ne peux pas le faire si tu n’es pas à mes côtés »

Tu vas te battre pour lui, pour vous. Mais il doit aussi faire ce choix.

@Marcus O'Brian

C’était fini, tout allait s'arrêter ici, ainsi, Marcus le sentait. Il était vaincu, il avait arrêté de se battre. S’était-il battu, en vérité ? Pas vraiment. Il avait laissé Ana l’accabler, lui rejeter toute sa faute à la figure parce qu'elle avait raison, il était l’unique coupable. Penelope avait beau être la pire des tentations, sa kryptonite comme le disait Jude, elle avait beau avoir joué de son charme pour le faire flancher, au fond elle avait simplement tenté sa chance et il avait été le seul à décider de franchir la limite. Alors, avec de tels arguments, que pouvait-il répondre ? Qu'il l'aimait ? Visiblement pas assez pour résister. Qu'il ne recommencerait jamais ? Évidemment qu'il le pensait, qu'il l’espérait, mais O’Brian lui-même ignorait s’il pourrait tenir ce genre de promesse. Il n’avait, au fond, aucune arme pour se battre et encore moins l'aplomb pour défendre sa cause. Ce n'était pas un manque d’amour ni de tendresse, ce n'était pas non plus un trop plein de fierté. Il ne savait simplement pas quoi dire. Alors il résuma la situation, comme une triste conclusion à la thèse de sa vie, des faits mais pas de solutions, pour le physicien qui n’avait définitivement rien compris à la science de l'amour. Anastasia aurait pu le sauver, elle l’avait fait, un temps, avant qu'il ne se coule lui-même. Il était son propre bourreau au fond. Il avait saboté leur histoire et à présent elle allait partir, c'était bien fait O’Brian, bien joué mon grand. Il tira sur nerveusement sur sa cigarette en silence, tout son être était tendu, l’ambiance dans l'appartement était insoutenable. Et quand la brune s'approcha de lui, il crut qu'elle venait lui asséner le coup de grâce et n’avait pas le courage d'y faire face. Marcus était lâche, quinze ans plus tôt il l’était déjà, quand il l’avait laissé partir sans la retenir. Pourtant il releva vers elle un regard empli de tristesse. Il n'était pas heureux de perdre celle qu’il aimait, bien que son cœur balançait entre deux femmes, il avait fait son choix, il ne voulait pas d’une femme qui l’avait abandonné lâchement et qui n’avait pas donné de nouvelles durant dix ans. Même si Penny revenait ventre à terre, se confondait en excuses, comment pouvait-il avoir encore confiance en elle ? Au fond, Ana et Marcus voulaient la même chose, ils étaient autant brisés et insécures l’un que l'autre, ils voulaient être aimés à leur juste valeur. Quand la fumée se fut dissipée, la brune souffla qu'elle l’aimait. Ça n’avait en effet rien d’une déclaration d’amour ou d’un cri du cœur. C’était presque une complainte, elle l’aimait, bien malgré elle, elle aurait préféré ne rien ressentir probablement, ou que la colère l'emporte, mais elle était condamnée à aimer un homme qui ne la méritait pas. Pour toute réponse Marcus esquissa un sourire triste, ils en étaient au même point. Néanmoins, contre toute attente, Ana lui demanda de se battre avec elle, elle lui parla de reconstruction. Le barbu, surpris, fronça les sourcils en la fixant interdit. Tu restes ? Il se leva alors d'un bon, comme piqué à vif. Bien-sûr que je suis à tes côtés. C’est tout ce que je veux, cette vie avec toi. Nous. Il lui fallut encore un instant pour comprendre qu’en fin de compte elle ne le quittait pas, que malgré le mal qu’il lui avait fait, elle restait, elle se battait pour lui. Ana était la première personne à faire ça et c'était quelque chose qui touchait particulièrement cet homme tellement effrayé par l’abandon. C'est pour toi que je veux me battre Ann, c'est pour cette raison que je me suis arrêté parler à Penny tout à l’heure. Pas pour faire plus de mystère ou pour te faire plus de tort. J’ai agi comme un idiot parce que j’ai paniqué et je te demande de me pardonner. Mais je ne veux plus de mensonges, je ne veux plus te faire de mal. Et dieu sait qu'il était sincère, que tout son être le criait, son regard brillant, ayant repris espoir, fixant Ana en était la preuve. Il crevait d’envie de la serrer dans ses bras, de l’embrasser, de ne plus jamais la lâcher. Mais tout ça était encore si fragile et il y avait encore tant à faire.

@Anastasia Foster

Tu ris doucement quand tu vois la surprise éclore sur son visage, ce mélange de soulagement et d’incrédulité dans ses yeux. Il ne s’attendait pas à ce que tu restes, à ce que tu sois encore là malgré tout. Beaucoup n’auraient pas cherché à comprendre et auraient déjà claqué la porte sans se retourner. Et pourtant, tu es là. Pas par faiblesse, pas parce que tu manques de courage pour partir, mais parce que tu refuses de réduire cette année de bonheur à néant. Parce que, malgré ses erreurs, malgré la douleur, tu l’aimes. Et ça, personne ne pourra jamais te l’enlever.

Tu hoches doucement la tête, laissant ses mots flotter dans l’air entre vous. Plus de mensonges. Tu sais que lui refaire confiance sera un chemin semé d’embûches, mais tu ne peux pas simplement claquer la porte. Ce n’est pas qui tu es. Pas avec lui. Doucement tu réduis la distance qui vous séparait, venant te blottir contre lui. Tes bras glissent autour de sa taille, ton visage se niche contre son torse. Tu sens sa chaleur, le rythme irrégulier de son cœur contre ta joue. Et pour la première fois depuis que tout a éclaté, tu sens ce mur invisible entre vous commencer à s’effriter.

Tu inspires profondément, laissant son odeur te remplir, comme un rappel de tout ce que vous avez partagé, de tout ce que vous avez construit. Tu veux y croire. Tu veux croire que, cette fois, il se battra vraiment. Pour toi, pour vous.

Mais alors que tes doigts se crispent légèrement sur son haut, la pensée de Pénélope revient te frapper, comme une ombre menaçante tapie dans un coin de ton esprit. Tu sais qu’elle est toujours là, qu’elle représente cette épine dans votre histoire, cette faille qu’il a laissé s’infiltrer.

« Marcus… » murmures-tu doucement contre lui, ta voix à peine audible. Tu recules juste assez pour relever la tête et croiser son regard.

« Tu dois la laisser partir. Définitivement »

Tu ne menaces pas, tu n’imposes rien. Mais tu poses une vérité. Une condition indispensable pour que vous ayez une chance de réparer ce qui est brisé. Tu veux croire en lui, en vous, mais il doit te montrer qu’il est enfin prêt à tourner la page de ce chapitre.

@Marcus O'Brian