Everywhere I go brings me back to us - Alexis

Alexis & Kay

Citation :

What if, après de nombreuses disputent, Kay et Alexis se sont séparés. Kay à quitté Bowen peu après ça et reviens en ville, des années plus tard.

Début décembre 2030

En voilà un bout de temps que Kay n’avait pas mis le pied sur le sol australien. Quitter Bowen, ça s’était fait par la force des choses. Une rupture, celle de trop, celle qui fracasse et ne laisse derrière que des miettes. Un cœur dépéri, une âme en peine et des opportunités ailleurs, c’est tout ce qu’il avait fallu pour que le Britannique fasse ses bagages. Lorsque le temps est venu de bouger, on le sent. En-tout-cas, il l’avait senti Kay. Son temps dans cette ville était révolu. Après tout, cet endroit n’avait jamais vraiment été le sien. Il n’avait été qu’un voyageur de passage, comme un être présent dans une maison usurpée. Il était arrivé là pour des vacances chez son frère et au fond de lui, il n’avait jamais vraiment prévu d’y faire sa vie. Le courant qu’il avait suivi avec plaisir l’avait conduit à rester plus qu’il ne l’aurait pensé et ça avait été pour le meilleur. Revenir ici, après presque sept ans d’absence, ne pouvait que le bouleverser. Chaque coin de cette petite ville perdue au fin fond de l’Australie semblait murmurer les échos des aventures qui avaient marqué son âme et redéfini sa trajectoire à tout jamais. Bowen, représentait à jamais un moment pivot dans la vie d’un jeune britannique complètement paumé. Dans cette ville, et à travers les âmes qu’il y avait croisées, il avait retrouvé pied, reconstruit ses fondations et découvert une force qu’il ignorait en lui. Si son départ s’était fait dans la douleur, son regard sur cette époque était aujourd’hui bien plus nuancé. Le déchirement d’une relation et la réalisation qu’on est plus à sa place, c’est difficile à accepter, mais pour lui ça avait été une évidence. L’éloignement pour le bien de tous, mais aussi par respect. Il n’avait toujours été qu’un invité temporaire, un spectateur éphémère, heureux d’être accepté pour un temps, mais lucide quant à la précarité de sa présence. Il n’avait jamais osé revendiquer une place plus solide, conscient que son rôle était celui d’un passager, et non d’un pilier. Pour toutes ces raisons, le courage lui avait longtemps manqué pour venir voir son frère. Ce dernier, bien compréhensif, avait dû faire le chemin dans l’autre sens.  Sauf qu’il y a toujours un moment dans la vie où on se sent suffisamment à l’aise pour faire face à la nostalgie du passé, sans crainte. Voilà donc quelques jours qu’il était arrivé chez Percy, profitant de show en Australie pour s’octroyer des petites vacances. Sûrement que son frère lui aurait sûrement reproché de ne pas s’arrêter alors qu’il se retrouvait de nouveau dans ce pays. Il était passé de Sydney à Brisbane et maintenant Bowen. Changement de scène total, mais le calme réussissait à être bénéfique pour le DJ à la vie effrénée. Entre plages, marche et discussion avec son aîné, Kay se rendait compte à quel point cette atmosphère de petite ville lui avait manqué, mais aussi à quel point c’était agréable de revoir ces lieux qui avaient marqué un long moment de sa vie. Accoudé au comptoir du Wojna’s, sirotant son verre de Rhum après avoir accompagné son frère pour le début de son shift, il se revoyait, presque 10 ans plus tôt, en train de faire la même chose. Le jeune insouciant de l’époque, qui n’avait d’autres ambitions que de parler de musique, de faire la fête et de charmer des filles, aurait pris pour un fou quiconque lui aurait dit qu’un jour, il serait de nouveau là, submergé par la nostalgie, la ville tout autour de lui devenant un poème vivant, où chaque détail était une strophe d’un passé révolu, mais encore vibrante en lui. En ville depuis trop peu de temps pour avoir prévenu ses amis, il profitait du calme avant la tempête. Il avait envie de laisser le destin faire les choses. Déjà, par hasard, il avait croisé des collègues du store, ceux avec qui il avait commencé ici. Il espérait retrouver les autres de la même manière, en mode surprise, pour s’émerveiller du moment. Peut-être aussi par flemme, car il n’avait pas pris le temps de se poser depuis longtemps, et l’idée de n’avoir rien à faire de précis lui convenait parfaitement. Pourtant, une petite contrainte dans cette façon de faire, c’est qu’on ne choisit ni le moment ni l’endroit pour revoir certaines personnes. Forcément, il s’était préparé mentalement à l’idée de pouvoir recroiser Alexis. N'ayant pris contact avec aucun de ses amis, il n’était pas certain qu’elle soit encore à Bowen. Il avait préféré se dire que non, par crainte ou pour ne pas être déçu par la potentielle réponse qu’on aurait pu lui donner. Comme bien souvent dans sa vie, et parce que le temps ne fait pas tout, il avait préféré enfouir toute réflexion au fond et se voiler la face jusqu’à ce que le problème lui explose au visage. Un pattern encore bien ancré malgré le poids des années. Cette bombe, elle venait le saisir dans ce moment de quiétude, sous la forme d’un rire. Ce fameux rire qu’il pourrait reconnaître entre tous et qui se faisait entendre dans son dos. Ce rire, si familier, si propre à elle, celui qui en un éclat le transportait instantanément à une époque où tout semblait plus simple et plus léger, celui qui avait toujours réchauffé son cœur et qui, étonnamment, le faisait encore après cette si longue absence. Son premier réflexe fut de se figer, complètement saisi par la surprise, mais rapidement, un petit sourire se faufilait sur son visage à l’écoute de cette mélodie, si douce à ses oreilles. Comme un adolescent pris de honte, il ne se retournait pas tout de suite, paralysé par une crainte sourde. L’envie était pourtant là, brûlant en lui comme jamais, mais l’incertitude quant à l’accueil de sa présence le poussait à envisager la fuite. Un réflexe de protection qui lui collait encore à la peau. Lui, il s’était préparé mentalement à la possibilité de la croiser, malheureusement, il ne lui avait pas laissé cette chance à elle. Alors, il prit un petit temps pour se retourner discrètement et poser ses yeux sur la scène. Juste pour s’assurer que sa mémoire ne lui jouait pas un mauvais tour et qu’elle était bel et bien là. Après tout, son subconscient aurait pu projeter l’image de son ex, comme un rappel amère du gouffre qu’avait créé leur éloignement. Au lieu d’aller de s’enfuir ou d’indiquer sa présence directement à Alexis, Kay choisit une autre option. Celle qu’il voyait comme plus ouverte pour la Brésilienne. Il demanda doucement au barman face à lui d’aller offrir une bouteille de rhum à la table d’Alexis et ses amis, accompagné d’un petit mot simple, gribouillé sur un bout de serviette. “Je te devais bien ça depuis le temps.” Simple, pas prise de tête et qui laissait la possibilité à la brune de l’ignorer totalement. Une façon de ne pas trop imposer sa présence, mais de pas non plus la prendre trop au dépourvu.

Alexis & Kay

Un an avait passé depuis son retour à Bowen. Alexis avait réappris à connaître sa ville natale, avait reconnecté avec certaines personnes. Elle avait tout de même gardé contact avec quelques personnes pendant ces années ailleurs, mais elle avait eu ce besoin de faire une coupure générale, six ans auparavant. Elle avait passé près d'une année entière à tenter d'se remettre de cette rupture, de ce départ, son départ. Une année à se remettre en question, à passer bien trop de nuits à pleurer, à tenter d'se reconstruire, à essayer d'éviter tous les endroits qui lui ramenaient bien trop de souvenirs douloureux. Une année de perdue puisque ça n'avait rien donné, tout ça avait été en vain. Incapable d'oublier presque deux ans de moments, de discussions, de sensations alors qu'elle découvrait enfin c'était quoi aimer réellement. Fallait qu'elle quitte Bowen, y'avait pas d'autres solutions pour elle parce que chaque chemin qu'elle empruntait pour aller à la plage, chaque bar qu'elle visitait pour oublier tout ça à l'aide d'un verre, chaque chanson qu'elle entendait alors qu'elle attendait son café et son croissant lui rappelait Kay. Ils avaient trop vécu pour qu'elle continue sa vie sans plus jamais lui accorder une pensée et ça lui faisait trop mal de se ressasser tout ça pour qu'elle ait envie d'y rester. L'offre d'emploi du Sydney Dance Company était tombée à point, lui avait donné deux échappatoires en un : sortir de Bowen, puis vivre de la danse. Elle avait acceptée en un clin d'oeil, Alexis. Dire aurevoir à ses proches avait été horrible, mais ils avaient compris. Puis, ça avait été tout de même bien moins difficile que de continuer à avoir aussi mal. Elle avait même laissé Gizmo à Elijah, incapable de s'occuper de son chien sans que ça lui rappelle sa relation passée. La distance, puis se mettre la tête dans le boulot, ça avait éventuellement aidé, ça avait apaisé ses blessures, lentement mais sûrement. Assez pour qu'elle puisse revenir au moins à Noël, voir son père, voir Elijah, voir les filles. Toujours un peu dans l'espoir de le croiser, qu'il revienne voir son frère. Ce n'était jamais arrivé, puis à un moment elle a arrêté d'espérer. Ça aussi, avec le temps, ça s'effaçait. Puis, après presque cinq ans à vivre à Sydney, il fut temps pour Alexis de revenir à la maison. La grande ville, ça avait été excitant un moment, mais elle était une small town girl la danseuse, la tranquillité, l'hospitalité, ça lui manquait. Elle ne s'était même pas posé la question si elle était prête ou non. Le temps avait passé, ses blessures n'étaient plus aussi vives, même qu'elle avait tassé tout ça dans un coin de sa tête et n'y avait plus pensé après un moment. Elle était prête. Bowen, c'était sa ville à elle, après tout. Alors elle était revenue, avait repris les choses là où elle les avait laissé, à peu près en tout cas. Et ça l'amenait aujourd'hui, au Wojna's avec des amis de l'école de danse. Comme dans le temps, mais sans perdre le contrôle comme elle l'avait fait un peu trop souvent. Elle sirotait son cocktail sans exagération et riait d'un rire sincère, comme elle ne l'aurait jamais fait cinq ans ou six ans auparavant. Tout allait au mieux, tout était en place. Jusqu'à ce qu'elle reçoive une bouteille de rhum. Son coeur manqua certainement un battement tandis que ses doigts s'accrochaient davantage à la serviette où était écrit le mot qu'à la bouteille que se passaient ses amis. Elle aurait reconnu la calligraphie parmi plusieurs, elle savait de qui ça venait, Alex. Y'aurait fallu que quelqu'un lui dise de rester là, d'ignorer, de ne pas se replonger là-dedans, mais presque sept ans plus tard... Il était où le mal? Elle leva la tête et n'eut même pas à chercher, ses yeux se posèrent directement sur Kay qui se trouvait au bar, qui la regardait elle aussi. Kay dans toute sa simplicité avec son hoodie noir. Simplicité. La bonne blague. Il était tout sauf simple celui-là, c'était plutôt une âme bien complexe et c'est exactement pour ça que celle d'Alexis s'y était accroché. Elle lui fit un sourire, le regardant quelques instant à distance avant de trouver le courage de se lever. Sept ans, c'était long quand même. Trop long? Pas assez? Aucune idée parce qu'elle venait de perdre contact avec la réalité tandis que ses jambes la menaient jusqu'à lui. « Armstrong. » le salua-t-elle avec un sourire confiant.

Alexis & Kay

C’est avec un peu d’appréhension qu’il regardait en direction d’Alexis. Un petit regard, un brin timide, pas franc, pas vraiment complètement tourné vers elle, comme s’il avait encore la possibilité de se cacher dans un coin. Après tout, il voulait faire ça discrètement. Ça continuait dans sa démarche de lui laisser l’espace suffisant, tout comme au moment de son départ de Bowen. Il n’avait pas envie de prendre trop d’espace, d’imposer sa présence et de rendre les choses plus difficiles qu’elles ne devraient. S’effacer dans le décor, c’était un peu son but, attendant timidement la permission de sortir de l’ombre. S’il n’avait jamais été le plus exemplaire dans leur relation, il tâchait au moins de l’être dans la rupture. C’est pour ça qu’il était parti, laissant à Alexis le loisir de son espace sans lui, parce qu’ils avaient bien fini par comprendre tous les deux qu’à cette époque, malgré l’amour, ils étaient bien plus doués pour se déchirer qu’autre chose. Incapable d’être ensemble et incapable de ne pas l’être. C’était bien paradoxal, mais plutôt que de se faire du mal mutuellement sur le long terme, ça avait été une évidence de mettre de la distance. Comme s’il leur fallait au moins un océan entre eux pour se sortir de cette spirale sans fin qu’avait été leur amour. Les années auraient dû faire effet et estomper cette attirance, ils auraient dû être capables de faire leur vie sans penser à tout ça. Naïvement, c’est ce qu’il essayait de se dire Kay, mais il suffisait d’un regard pour le replonger dans le magnétisme de la Brésilienne. Son cœur manqua un battement lorsque ses yeux croisèrent les siens. Rassuré par le sourire d’Alexis, il s’autorisait à son tour à le faire. Cet effet de mimétisme qui avait longtemps forgé leur relation semblait toujours présent. Un simple sourire avait le don de détendre tout son être. Patiemment et soudain plongé dans un silence surréaliste, il la regardait approcher, comme si le temps s’était arrêté, comme s’il n’y avait plus qu’elle dans ce bar. Elle et lui. “Silveira” Murmurra-t-il à son tour, pris dans une tempête d’émotion et de souvenir. Son regard ne dérivait plus de la Brésilienne, comme s’il se sentait le besoin d’analyser la scène pour mieux la retenir plus tard. À l’instar d’une illusion ou de souvenir flou d’un rêve auquel on s’accroche farouchement. Il laissait sans crainte le silence s’installer, un besoin de connecté avec la réalité, se doutant que pour elle aussi ça devait être un sacré choc. “Je ne voulais pas te déranger… Je trouvais ça juste étrange de pas signifier ma présence.” Dit-il doucement pour se justifier de son geste. Après tout, elle avait peut-être envie d’être avec ses amis, venant à sa rencontre par politesse. Elle avait peut être réussi à faire ce dont lui était incapable, c’est-à-dire effacer de sa mémoire l’importance de leur relation. Il se sentait un peu con d’ailleurs. Con d’être comme ça, avec un sourire béat sur le visage, con de s’être mis dans cette situation par excès de confiance, con d’avoir empiété sur son espace sans avoir de chose plus intelligente à dire. Il avait évolué sur plein de choses Kay. En quelques années, travailler sur lui était devenu une force. Pourtant, quelques mauvaises habitudes restaient tenaces et agir avant de penser en était une bonne. Alors qu’il restait subjugué par la vue de son ex, dans un silence un peu gênant, il regrettait de ne pas avoir réfléchi à un discours avant de lui indiquer sa présence. “Ça fait plaisir de te voir en tout cas.” Sa bouche s’ouvrait finalement dans un élan de panique. Il tentait, de façon pas très habile de lui signifier que tout ça était positif pour lui et qu’il n’avait pas en tête de foutre la merde par sa présence. Pourtant, tous les mots qui sortaient lui semblaient débiles et pas naturels, comme si les interactions sociales n’étaient plus une de ses forces.

Alexis & Kay

Cette confiance, c'était qu'en apparence, qu'une façade. Elle avait toujours été douée pour ça, Alexis. Elle avait laissé tomber ses apparences de fille qui n'a peur de rien pendant sa relation avec Kay, le laissant apprendre à la connaître sous toutes ses facettes, incluant ses nombreux défauts, son insécurité. Il l'avait connu mieux que quiconque à une époque, mais p'tête que le temps avait effacé ça. P'tête qu'il pouvait être floué à nouveau et qu'il ne se doutait pas que sous son sourire se cachait un choc immense, plusieurs questionnement sur sa présence, sur ce que cela signifiait. Elle aurait cru qu'après presque sept ans, son coeur réagirait différemment à ces retrouvailles, qu'elle ne serait pas assaillie de nostalgie, de souvenirs, de sentiments. Elle avait été naïve sur ce coup, Alex. Un amour comme ça, ça ne s'oubliait pas. C'était le genre qui te poursuivait jusque dans tes rêves, les tournant en cauchemars parce que si t'osais le repousser, ça se donnait comme mission de te hanter. Le genre d'amour dont tu ne te remets pas, jamais. C'est pas un truc qui arrive deux fois dans une vie. Alex, peu importe avec qui elle peut avoir été, avec qui elle sera peut-être dans le futur, rien ne sera égal à cette relation avec Kay. Et c'était un peu le but, d'ailleurs, de ne pas revivre ça. C'était pas que beau et passionnel, cet amour. C'était aussi destructeur, déchirant, trop intense pour pouvoir se vivre sans que ça pète à un moment. C'était ce qui leur était arrivé, ce qui avait mené à leur séparation, n'en pouvant plus de ces engueulades, de ces ruptures qui ne tenaient pas, de ces montagnes russes qui allaient à un rythme insoutenable. Ils avaient fini par tout lâcher, même s'ils ne savaient pas comment ne plus être ensemble, encore moins en restant dans la même ville. Elle lui en avait tellement voulu, Alexis, d'être capable de s'en aller sans se retourner. Elle l'avait tellement haït. Haït de la seule façon qu'on peut haïr quelqu'un qu'on aime un peu trop. Ces deux émotions s'étaient longtemps chevauché jusqu'à ce qu'elle comprenne que ça avait été le meilleur choix. Ils n'auraient jamais pu, sinon. Ça aurait fait comme à toutes les fois où ils revenaient l'un vers l'autre, comme les deux aimants qu'ils savaient qu'ils étaient. Un départ déchirant, mais nécessaire pour se donner la chance d'un futur plus sain. C'est pas qu'elle oubliait tout ce qu'elle avait traversé pour se rendre à ce moment, Alexis, mais en plongeant ses yeux dans les iris bleues de Kay, c'est surtout les beaux moments qui lui revenaient. C'est la petite chaleur au bas de son ventre, signe que non, elle ne pourrait jamais oublier à quel point il avait été important, à quel point il le serait toujours. Le simple fait d'entendre sa voix prononcer son nom, comme avant, ça la fit sourire. Même en étant confuse et surprise de le voir la, c'est juste de la joie, voir même un soulagement qui la traversait. Comme si elle pouvait respirer à nouveau, maintenant qu'il était là, de retour. « Non, non. Tu ne me déranges pas. » le rassura-t-elle. Au contraire, de le savoir en ville et de ne jamais le croiser, ça aurait probablement détruit une partie du cheminement qu'elle avait fait. Elle préférait cette option. Puis soyons honnête, il ne la dérangerait jamais, Kay. Elle aussi, elle restait avec un air un peu con devant lui. Elle aurait eu tellement de choses à lui dire, s'ils avaient été sept ans auparavant, s'ils avaient été encore à l'aise l'un avec l'autre, s'il n'y avait pas eu toute cette distance accumulée au fil des années. Là, elle se sentait bête, surtout qu'elle n'avait pas envie de tourner les talons ou de lui dire au revoir. « Je suis contente de te voir aussi. » dit-elle, confirmant ses paroles. Dur à dire s'il essayait de clore la conversation, s'il regrettait de l'avoir abordé. Alexis hésitait à se retirer, ne sachant plus comment le lire. Elle se sentait comme si elle était de retour dans le passé, alors qu'elle avait quand même fait du cheminement depuis. Elle souffla doucement, tentant de ne pas retomber dans ses yeux patterns. « T'as le temps pour un verre? Ou c'est bizarre? » demanda-t-elle avec un petit sourire, désignant le banc à côté de lui. Elle lui laissait un échappatoire. Suffisait qu'il lui dise que c'était weird, qu'il n'avait pas envie, qu'il n'avait pas le temps et Alexis était prête à le laisser disparaître à nouveau.

Alexis & Kay

Il y a un côté étrange à être là, dans ce bar qu’il avait tant fréquenté auparavant. Le staff avait bien évidemment changé, mais le reste semblait figé dans le temps. Le bruit, l’odeur de rhum, la musique de fond complètement couverte par les discussions, l’odeur des tapas, la chaleur du lieu… Tout semblait similaire et si différent à la fois. Un peu comme si franchir la porte de ce bar l’avait transporté dans le passé. Un passé lointain et proche à la fois, amplifié totalement par la présence d’Alexis devant lui. Comme une piqûre de rappel de tout ce qu’il avait laissé derrière lui en partant. Étrangement, en voyant la Brésilienne, il en oubliait presque les raisons qui l’avaient poussé à partir, ne se rappelant sur l’instant que de cette sensation de chaleur qui emplissait son âme lorsqu’elle lui souriait. C’est fou comme le cœur et le cerveau ne retiennent que ce qui fit bien avec le moment, se raccrochant au positif et en oubliant tout le reste. Kay restait planté face à la Brésilienne, le sourire bien ancré sur son visage, mais avec un peu de tristesse en lui alors qu’il n’arrivait plus à faire la part de choses pour se raccrocher aux bonnes raisons qui l’avaient poussé à partir. Il était juste content de la voir. Content de ne pas la déranger, aussi, même si elle pouvait bien dire ça pour être polie. Après presque sept ans sans se voir, sans réellement re discuté de cette fin qu’ils avaient eue, la rancœur pouvait toujours être là, après tout. Bien que le sourire d’Alexis lui indique le contraire, ça pouvait tout aussi bien être un mécanisme de défense suite à la surprise. C’est ce qu’il essayait de se dire, Kay, alors que son cerveau tourbillonnait comme un ouragan. Il avait beau être quelque peu silencieux, ça n’enlevait rien à la machine qui était lancée dans sa petite tête. “C’est peut-être un peu bizarre, ouais… Mais j’ai le temps.” Répondit-il finalement à son invitation de prendre un verre. Forcément, que ça allait être étrange, comment faire autrement après toutes ces années et le passif qu’ils avaient ? Pourtant, ça semblait aussi nécessaire, maintenant qu’ils se tenaient l’un face à l’autre, ce serait sûrement encore plus étrange de partir chacun de son côté en s’ignorant. Alors le Britannique se décalait un peu pour laisser place à Alexis sur le siège près du sien. “Plutôt cocktail où tu fais sage maintenant ?” Demanda-t-il avec un petit sourire en coin, insinuant qu’elle avait dû se calmer avec les années. Fut un temps, c’était leur jeu d’essayer de tenir plus que l’autre, souvent dans ce même bar d’ailleurs. Kay, lui, continuait d’évoluer dans un milieu de fête, ne freinant pas trop là-dessus, mais c’était peut-être le cas pour Alexis. Ça le rendait curieux. Était elle toujours la même personne ou bien une version totalement différente qui s’était épanouie après son départ. Au fond de lui, il espérait sincèrement qu’elle se soit épanouie, juste pour que ce déchirement qu’ils avaient vécu n’ait pas été en vain. Mais bon… Il espérait aussi qu’elle n’ait pas trop changé ou que sa mémoire n’ait pas altéré certains souvenirs. “C’est drôle, je repensais tout à l’heure à la fois où t’avais volé une bouteille en plein rush sur ce même bar…” Dit-il, plein de nostalgie, en laissant son regard se perdre sur le bois foncé du comptoir. Ses souvenirs du Wojna’s étaient souvent partis aux oubliettes, dissipées par des soirées bien trop arrosées. Pourtant, certains flash lui revenaient constamment. C’était le cas pour chaque lieu qu’il faisait depuis son arrivée chez son frère. “C’est juste bizarre d’être là en fait… À Bowen j’veux dire.” À demi-mot, par cet aveu, il en profitait aussi pour sous-entendre ne jamais être revenu avant, comme si cette information était nécessaire. Il ne sait pas vraiment comment il aurait agi s’il ne l’avait pas croisé pendant ses vacances, mais il n’avait pas envie qu’elle croit non plus qu’il avait fait ça régulièrement.

Alexis & Kay

C'était bizarre, mais il avait le temps. Alexis n'était pas certaine de comment interpréter ses paroles. Classique Kay, il n'arrivait pas à lui envoyer un message bien clair alors elle dût assumer que lui qui se tassait voulait dire qu'il voulait bien un moment en sa compagnie. Au pire, elle ne s'éterniserait pas, selon comment le moment allait. '' Okay. '' dit-elle avec un petit sourire devenu un peu plus timide maintenant. Elle prit place à ses côtés tandis que sa jambe frôla la sienne, elle tourna la tête vers son ex qui lui posait une question, semblant déjà moins mal à l'aise. Sage. Est-ce qu'Alexis pourrait l'être un jour? Jamais complètement. Ça faisait parti de sa personnalité d'être souvent dans les extrêmes. Elle n'était pas vraiment Alexis si elle ne dérapait pas un peu. Malgré les années qui s'accumulaient, elle restait fan de faire la fête, de boire un bon cocktail, de danser avec ses amis dans un autre contexte que celui professionnel. Est-ce qu'on la retrouvait complètement torchée ou en plein black out à chaque week-end comme y'a quelques années? Absolument pas, mais on ne pouvait pas la qualifier de sage non plus. Sydney n'avait pas calmé ses envies de sortir, sa quête de fun, sa rupture avec Kay non plus, cherchant surtout à panser ses blessures un drink à la fois. Après un certain temps, elles étaient camouflées, presque guéries même, mais les habitudes restaient. C'était juste pas l'idéal d'évoluer professionnellement en prenant aussi peu soin de son hygiène de vie alors elle n'avait pas eu le choix de ralentir, elle se l'était fait dire. Puis, petit à petit, elle avait repris le dessus et était revenue à un certain équilibre. '' Tu sais plus distinguer quand j'suis cocktail et quand j'le suis pas? '' lui demanda-t-elle avec un petit air de défi. Il fut un temps où Kay pouvait parfaitement la lire, savoir son état en une seconde, savoir exactement de quoi elle avait besoin. Ils étaient bien loin de ça, mais certains trucs ne se perdaient pas quand même, right? Il restait celui qui la connaissait mieux que quiconque, qui avait connu profondément toutes ses facettes. Était-il encore cette personne-là? Ou était-il simplement devenu quelqu'un qu'elle avait connu. Elle avait foi quand même Alexis, elle était presque certaine qu'ils ne pourraient jamais n'être qu'à ce stade, qu'il y aurait toujours ce petit plus. Enfin, elle avait foi ou elle était simplement désillusionnée. Dans les deux cas, ça lui fit plaisir qu'il ramène un souvenir d'une de leur première soirée, signe que Kay aussi y repensait parfois. Pour l'instant, ça la réconfortait, ça lui suffisait. Un rire s'échappa de sa bouche tandis que son regard traina aussi sur le bar. '' C'était la chose logique à faire.'' commenta-t-elle avec un petit rire. Sa tête se retourna instantanément vers lui lorsqu'il sous-entendit ne jamais être revenu depuis leur rupture. Ça rassurait Alexis, quand même. Elle n'avait pas été là pendant les cinq dernières années, il aurait pu venir visiter et elle ne l'aurait jamais su. Mais non, elle ne l'avait pas manqué. '' Ça m'a fait bizarre aussi, quand j'suis revenue l'année dernière. '' déclara-t-elle, juste pour lui faire savoir qu'elle aussi n'avait pas été là. '' Percy doit être content de te voir ici. '' dit-elle ensuite, même si son frère avait dû venir le voir où il était. Londres, peut-être. Ou Bristol. Elle ne savait pas. '' Tu visites ou t'emménages? '' ajouta-t-elle finalement, bien trop curieuse de la réponse. Ça avait le mérite d'être direct, mais c'était le genre d'information qu'Alexis voulait savoir sans passer par mille chemins. Qu'est-ce que sa présence ici impliquait? Elle ressentait ce besoin de savoir.

Alexis & Kay

Forcément, s’asseoir avec Alexis pour un verre, ça n’avait rien d’anodin, plus après tout ce temps. Ils n’avaient pas fait ça depuis son départ et ça rajoutait encore un peu plus d’étrangeté à son séjour à Bowen. Déjà que le cadre de cette ville le replongeait dans des souvenirs bien lointains, alors être là, à proximité de son ex, c’était le clou du spectacle. Pourtant, malgré cette sensation bizarre, entre nostalgie, plaisir et sentiment d’interdit, Kay ne pouvait s’empêcher de penser que c’était la bonne chose à faire. Du moins, de son côté, c’était la bonne chose à faire. De un, parce qu’il n’avait rien d’autre de prévu, alors passer le temps avec la Brésilienne, c’était toujours un bon plan. Mais surtout, il savait que de la croiser sans discuter avec elle l’aurait laissé plein d’interrogation et de regrets. Chaque parcelle de son être avait un besoin profond de savoir ce qu’elle était devenue, ce qu’elle avait fait ces dernières années et surtout la question qui le taraudait le plus: est-ce que son départ avait finalement été bénéfique pour elle. Quand bien même cette entrevue allait le retourner émotionnellement, il espérait au moins avoir cette bonne nouvelle. Pour l’heure, il n’osait pas vraiment poser des questions trop brutalement, testant encore la température, mais s’autorisant à être un peu plus lui-même. “Distinguer, je peux faire… Mais pour savoir si t’en as toujours envie ou non, là j’suis pas assez à jour pour ça, je crois.” Admit-il, toujours souriant, mais piqué par la réalité du temps qui les avait séparés. Il y a des choses qui ne changent pas, les mimiques corporelles en font partie. Avec ça, il était certain qu’il pouvait encore lire Alexis, n’ayant rien oublié de leurs années ensemble. Pour savoir ce qu’elle voulait vraiment, intérieurement, c’était un autre débat. Là, il s’agissait de comportement et d’envie qui peuvent différer avec l’âge, le planning, les habitudes et encore plein d’autres facteurs. Si sortir un soir de semaine à vingt-sept ans, c’est pas si pire, à trente-sept, c’est souvent bien différent. Kay, n’avait aucune idée du quotidien d’Alexis, c’était un fait. Lui était en vacances, libre de profiter tant qu’il souhaitait, mais peut-être était-elle attendue quelque part à l’aube, pour un cours, un rendez-vous ou bien même un repas chez sa belle-famille…. Il n’avait aucune idée de sa réalité et honnêtement, ça le peinait un peu. Bien qu’ils n’auraient jamais été capables de rester juste amis tous les deux, le jour où ils s’étaient séparé Kay n’avait pas seulement perdu sa petite amie, mais aussi sa meilleure amie. Alexis détenait encore à ce jour une partie de son cœur. Alors entre tristesse et nostalgie, le Britannique ne trouvait pas mieux à faire que de se remémorer le passé. Il semblait ne faire que ça depuis son arrivée, rendant l’atmosphère de ses vacances bien étrange. “T’étais à Sydney, right ?” Demanda-t-il curieusement, après qu’elle ait partagé son sentiment. Il dévoilait par là qu’il était un peu au courant de son parcours, même s’il l’avait fait de loin. Avec les réseaux sociaux, durs de se couper totalement de l’autre. Même s’il s’était mis un point d’honneur à ne pas regarder trop souvent et qu’il avait même bloqué toutes les publications de la Brésilienne au début, il avait forcément vu passer quelques trucs. Il avait même cherché parfois, dans un élan de tristesse et de recherche de validation. “Il est toujours ravi de recevoir son petit frère préféré.” Annonça-t-il avec un énorme sourire satisfait sur le visage. Se vanter pour rien, c’était un peu sa marque signature à Kay, ça n’avait pas vraiment changé. Vrai ou pas, il s’en foutait bien, ça l’amusait juste de le souligner. “Tu demandes pour savoir si je vais revenir hanter tes pensées Silveira ?” Répliqua-t-il à sa question bien franche en riant légèrement. Il n’était pas vraiment sûr de pouvoir rire de ça, mais avec le temps, de l’eau avait coulé sous les ponts, ça devait rendre la chose acceptable, nan ? En-tout-cas, il reprenait assez vite son sérieux pour lui donner une vraie réponse. “T’inquiètes pas, je suis juste de passage. J’ai quelques semaines avant de partir pour Melbourne. J’ai quelques shows là-bas, c’est possible que je revienne passer les fêtes ici, mais rien d’acté encore.” Annonça-t-il, encore incertain quant à son avenir. Il s’était fait à l’idée de voyager pour des petites résidences, ça lui plaisait pas mal, même si ça pouvait devenir effréné comme rythme de vie. Il appréciait d’autant plus de revenir en Europe dans ces cas-là. Puis honnêtement, peu importe son pied-à-terre, il avait l’avantage de pouvoir travailler de n’importe où. “Et toi ? De retour à Bowen pour de bon ? ” Sur ces mots, il reposait les yeux sur Alexis, bien curieux d’en savoir plus. Il avait toujours été bien plus à l’aise à parler des autres que lui et ça non plus n’avait pas beaucoup changé.

Alexis & Kay

Pour Alexis, passer du temps avec Kay, c'était presque un truc contre son gré. Quelque chose d'obligatoire parce que son corps l'y poussait, souhaitant retrouver cette proximité avec celui de l'Anglais. Aussi parce que son esprit, son subconscient souhaitait juste retrouver ce confort qu'elle avait pu avoir en sa présence. Ce soulagement d'être en présence de quelqu'un qui lui fait ressentir tellement de choses à la fois. Y'avait rien de logique dans sa décision de prendre un verre avec Kay, rien de pragmatique. Elle s'était bien portée ces dernières années, pas toutes, mais les plus récentes, à ne rien savoir de sa vie, à l'effacer de son cerveau (comme si c'était possible). C'était pas un besoin de savoir où il en était, si la rupture avait eu un effet positif sur sa vie, surtout parce que d'y penser rendait le tout douloureux, encore à ce jour. Mais là, ce soir, c'était comme viscéral, comme si de passer un moment avec lui était la seule option possible, la seule façon de ne pas retomber dans ce tourbillon sans fin qui avait bien failli l'aspirer pratiquement sept ans auparavant. Tellement bizarre, mais Alexis avait arrêté depuis un bon moment d'essayer de comprendre tout ce qui pouvait se passer dans sa tête et dans son coeur lorsqu'il s'agissait de Kay. « Je ne crois pas non plus. » admit-elle également pour aller dans son sens, tout de même déçue d'en arriver à cette conclusion. Au final, elle n'avait pas trop répondu à sa question, mais sur le moment elle était un peu portée par l'alcool, sans plus. Il pouvait au moins voir ça dans ses agissements, l'ayant vu dans de bien pires états. Alex fut surprise de voir que Kay avait un peu suivi sa vie sur les réseaux sociaux. Elle, elle avait totalement bloqué ses publications, à défaut de bloquer son profil. C'est pas comme s'il était la personne la plus active sur les réseaux, mais ça lui évitait de se torturer en voyant des trucs passer. Ça avait été sa façon à elle de s'en sortir. Elle resta quelques secondes bouches bées devant sa question avant de finalement hocher de la tête. « Je... Ouais, ouais. À Sydney. » confirma-t-elle. Elle non plus n'avait pas été si active que ça, prenant une pause, puis perdant l'intérêt de partager sa vie avant de finalement se laisser aller à quelques photos de la grande ville et de l'académie. Elle n'élabora pas plus sur le sujet, se disant qu'il savait pourquoi elle avait été là-bas, préférant se renseigner sur les raisons de sa venue ici, c'était surtout ça qui intéressait Alexis sur le moment. Sa réponse lui remit un sourire sur les lèvres, reconnaissant certainement le Kay d'autrefois, le p'tit con vantard, mais qui était certainement le préféré. Il avait bien été sa personne préférée à elle à un moment, après tout. « Peut-être, ouais. » répondit-elle à sa question. Sa réponse était sérieuse, mais son petit rire qui se joignit à celui de Kay faisait en sorte qu'on se posait la question quand même. La réponse de Kay la déçut un peu, pour ne pas mentir. Elle s'en rendit compte à cause de la petite boule de tristesse qui fit son apparition dans son ventre, le même genre de sentiment qui avait ressurgi à chaque fois qu'elle croyait qu'il allait partir, puis lorsque ce fut le cas pour de vrai. Elle ne s'attendait pas à ça sept ans plus tard, Alex. Elle s'attendait à s'en foutre parce que c'était normal qu'il ne revienne pas vivre dans la ville qu'il avait fait le choix de quitter. C'était pourtant le contraire et ça lui indiquait qu'aussi nécessaire cette conversation pouvait être, elle aurait du mal à s'en remettre la Brésilienne. « Des shows à Melbourne? Okay, superstar. » dit-elle en riant, ignorant absolument tout ce qui se passait en dedans. Elle ramasserait les pots cassés plus tard, il était trop tard pour changer d'idée de toute façon. « Tu dois être content de pouvoir bouger autant pour le boulot, éviter la routine. J'espère que tu arrives à... Prendre du temps pour toi. » souligna-t-elle avec un sourire, ne voulant pas trop assumer sur sa vie personnel. Peut-être qu'il avait quelqu'un qui voyageait avec lui en général, ou quelqu'un qui l'attendait ailleurs. Elle espérait qu'il aille bien, Alexis, malgré tout. Jamais elle ne lui souhaiterait du mal. Elle n'était juste pas certaine de vouloir tout savoir, au fond. Kay, lui, ne semblait pas trop perturbé par la rencontre ni par la possibilité d'avoir des infos sur la vie d'Alex, retournant la conversation vers elle. « Depuis quelques mois. » confirma-t-elle en hochant la tête. « Ramsay m'a proposé de racheter l'école de danse avec lui, c'était comme un full circle moment, j'ai pas pu dire non. » déclara-t-elle, en dévoilant finalement un peu plus sur sa vie maintenant. « Tu viendras prendre un cours de danse, si jamais tu t'ennuies pendant tes vacances, histoire de voir si tes réflexes se sont améliorés ou détériorés. » dit-elle à la blague en riant, faisant référence à la fois où ils avaient échangé leur premier baiser. C'était même pas volontaire de parler de ce moment, pensant surtout à la danse, mais mine de rien ça replongea Alex dans cette nostalgie. Elle se trouva même un peu bête de cette proposition, cherchant volontairement une excuse pour le revoir, retombant dans ses vieux patterns. C'était con, mais c'était dit, autant assumer.

Alexis & Kay

Comment vraiment oublier son ex dans une société aussi connectée ? Même avec des milliers de kilomètres de distance, un simple regard sur l’écran d’un téléphone peut vous replonger en arrière. Il y a des solutions simples pour s’éviter les problèmes. Sur le papier, tout le monde les connaît : bloquer et éviter la tentation. Le truc, c’est que Kay, il n’a jamais vraiment été bon pour se sevrer. Il en fallait des efforts pour que le Britannique s’enlève complètement quelque chose de la peau. Avec Alexis, ça n'avait pas été bien différent. C’est bien pour ça qu’il avait dû fuir Bowen, se sachant bien incapable de faire quoi que ce soit de censé en étant aussi proche. Kay, c’est le genre de gars qui se convainc facilement qu’il est immunisé. Il prend la confiance trop facilement. Une façon déguisée de s’autoriser la dose qui lui suffisait pour replonger totalement. Alors forcément que durant ces années loin d’elle, il avait eu des moments de rechutes facilités par la proximité digitale. C’est si simple de se faire du mal par simple curiosité, de se poser tout un tas de question après la vue d’une simple photo, de se remettre en question et de se demander si on n'a pas foiré sa vie, s’il on n'est pas passé à côté de quelque chose par lâcheté… Une spirale infernale dans laquelle il était souvent tombé, tard le soir, pris par une tristesse profonde et un manque encore plus grand. Alors il souriait tout doucement, pas forcément fier d’être au courant de certains trucs, mais content de pouvoir un peu en parler. L’avouer à demi-mot, c’était se délester d’un poid, car il n’aurait pas été capable de faire semblant bien longtemps. Surement même qu’elle devait se douter qu’il avait checker de son plein gré, mais il était bien ok avec ça. Après tout, c’est humain. Pourtant, il n’était pas au courant qu’elle était revenue pour de bon. Avec ou sans cette information, il avait pris le risque de venir et de la croiser, sans avoir aucune intention de venir s’installer ou quoi que ce soit. “C’est pas grand-chose, juste une petite résidence.” Minimisa-t-il alors qu’ils parlaient de Melbourne. S’il était plus qu’à l’aise à se vanter pour des conneries et à la blague, quand il s’agissait de sérieux et surtout de musique, tout de suite ça semblait moins évident. Sa carrière, sans être non plus devenue immense, c’était une fierté pour lui. Il avait aujourd’hui la chance de vivre de sa passion et c’est bien tout ce qui l’importait, sans avoir un besoin immense de reconnaissance ou de plus. “Ça tue, mais c’est vraiment cool ouais… Puis… Tu me connais… Même quand j’ai du temps pour moi, je fais de la musique donc autant voyager en le faisant.” C’est sûr que son rythme était loin d’être l’idéal pour une bonne qualité de vie, mais il n’avait vraiment pas à se plaindre de ça. Tout le monde n’a pas la chance de faire ce qu’il aime et de voyager en même temps, il pouvait bien faire l’impasse sur un semblant de stabilité. Ce n’est pas vraiment comme si quelque chose le retenait quelque part de toute façon et cette mentalité-là, il l’avait depuis quelques années maintenant… Alors c’était facile pour lui de prendre l’avion, faire quelques shows et prendre son temps dans certains pays. Il n’était pas non plus parti neuf mois de l’année, c’était assez périodique. Du moins, ça pouvait l’être. Il aurait pu faire le choix de s'installer pour de bons quelque part, mais il avait préféré garder un lifestyle de nomade. Parfois six mois à Londres, à Barcelone, à Amsterdam… Les villes pouvaient changer lors de ces “pauses”, peut-être bien qu’il s’attarderait à Melbourne après ça. Il avait l’avantage du choix. Bien que lui aime cette vie de citadin, il pouvait comprendre le besoin d’Alexis de revenir aux sources dans sa petite ville, surtout avec ce qu’elle lui annonçait. “Oh… Wow!” Dit-il, bien surpris et encore en train de process l’information. “C’est huge !” Ajouta-t-il, impressionné par ce move de rachat. “Félicitations !” Un sourire sincère se faufilait sur son visage avant que son regard ne file sur son verre devant lui. Comme dans un réflexe, un rire gêné passa ses lèvres à l’écoute de la proposition de la Brésilienne. “Je vais rester loin des salles de danse… Ça semble vraiment pas bon pour moi.” Dit-il, incapable de cacher sa gêne du moment. Pas qu’il n’ait pas envie de passer du temps avec elle. Bien au contraire. C’est simplement que leur passif faisait qu’il redoutait bien ce qu’un moment pareil pourrait lui faire. Il lui suffisait d’être en présence d’Alexis pour comprendre que rien n’était réellement résolu quant à cette relation et se mettre dans une situation qui pourrait lui faire plus de mal qu’autre chose, ça ne semblait pas vraiment bon. “Je suis encore un peu trauma de la dernière fois qu’on a fait ça, j’ai pas envie de risquer ta vie encore une fois.” Ajouta-t-il en riant, dans une tentative désespérée de camoufler la vraie raison de son refus. Ça lui semblait assez cohérent de dire ça lorsqu’il réfléchissait à ces portés ratés dans lesquels il avait joué le plus gros rôle. “Mais je suis quand même curieux. Ça se passe comment cette collaboration ? Avec Ramsay, je veux dire… Vous êtes genre… Le power couple de bowen ou encore à vous prendre la tête pour rien constamment ?” Ajouta-t-il en levant ses yeux curieux vers elle. Le passif entre Ramsay et Alexis, il ne lui avait pas toujours fait bien plaisir, la question n’était donc pas vraiment anodine. Que ça se passe bien ou non entre eux, il ne s’attendait pas vraiment à ce que ce soit dans le milieu, avec eux ça semblait être toujours tout ou rien.