Wolf, are you here ? (Oliver)

À cause des arbres qui les entourent, Théia ne s'est pas rendue compte tout de suite que la journée touche déjà à sa fin. Des branches craquent sous ses pieds et son regard balaie les environs d'un air curieux malgré qu'au final, le paysage ne fait que se répéter à mesure qu'ils avancent. Fatiguée de marcher, elle se tourne vers Oliver en faisant voler ses longueurs brunes dans son dos.  « On peut se poser un moment ? Je ne sais pas si mon coeur supportera plus d'exercice, » ajoute-t-elle avec un sourire amusé avant de se rendre compte qu'Oliver n'est toujours pas au courant pour ses problèmes de santé. Elle préfère ne pas s'étendre sur le sujet, supposant qu'il ne risque de toute manière pas de trouver la phrase bizarre puisqu'elle aurait pu être prononcée par n'importe quelle autre personne normale. Théia prend place sur le sol terreux et étend ses jambes devant elle. La température diminue de plus en plus à cause de l'absence de soleil et à part la lune, aucune lumière ne peut leur permettre de voir plus loin qu'à deux mètres de distance.  « Finalement, ça ne me tente pas plus que ça de découvrir une tribu cannibale. » Elle rit discrètement pendant qu'un frisson lui parcourt l’entièreté du dos. Théia n'a jamais eu peur du noir, elle a d'ailleurs même passé bon nombres de ses nuits dehors quand elle avait un an de moins. Sauf que dans ces conditions, au centre d'une île déserte, elle n'est pas sûre d'être aussi courageuse que d'habitude. Heureusement qu'elle n'est pas seule, elle se serait certainement mise à flipper sinon.

Ça faisait un bon moment déjà qu'ils progressaient dans les bois, s'éloignant un peu plus de la population à chaque pas. Oliver aimait beaucoup le paysage de la plage, mais il adorait celui de la forêt. Les arbres aux feuillages différent, les troncs mort, le chant discret de quelques oiseaux... Disons que ça faisait changement du sable et de l'océan. La voix de Théia le tira hors de ses pensées et il hocha la tête en s'arrêtant. Le soleil qui descent rapidement vers l'horizon leur indique que leur temps restant avant la nuit est limité. Il s'installe parterre près d'elle en l'observant d'un air un peu inquiet, il n'était pas sur si elle était sérieuse pour son coeur ou qu'elle disait ça comme ça. Elle n'avait pas l'air trop en détresse, il se permit donc d'arrêter de s'en soucier. Il ne pu s'empêcher de sourire à la suite de son commentaire. « T'es chanceuse parce que je pense que mise à part des arbres et ... des arbres, il y a pas grand chose à découvrir. » Il balaya les alentours du regard, dû au manque de lumière du jour, on ne voyait plus grand chose. « Par contre vu la noirceur je pense qu'on aura pas le choix de camper ici, je sais plus vraiment par où est la plage. » Essayer de retrouver leur chemin dans le noir risquait de les faire s'enfoncer encore plus vers l'inconnu et il serait plus sage de rester où ils étaient. Il ne savait pas si Théia serait très enthousiaste à l'idée de passer la nuit dans les bois.

Elle rit à sa réflexion. Il a raison, ils n'ont rien vu à part ces immenses troncs qui montent jusqu'à plusieurs mètres depuis qu'ils se sont éloignés de la plage. Bien que Théia soit un peu déçue de ne pas avoir trouvé une sorte de vieux trésor de pirate ou quelque chose dans le genre, une part d'elle est ravie de ne pas avoir été dévorée par un animal sauvage. Quoi que, sur une île au milieu de l'océan, l'idée peut paraître assez ridicule. À sa seconde remarque sur la pénombre qui les entoure, Théia hoche la tête. « T'as raison, ce serait plus prudent. On pourrait faire un feu comme dans les films, mais j'ai peur de cramer toute la forêt. » Une moue dubitative relève le coin de ses lèvres pendant que son regard se pose sur Oliver. Bien qu'ils se connaissent depuis un moment déjà, c'est la première fois qu'ils passent autant de temps ensemble, rien que tous les deux. Ça ne le dérange pas, au contraire. Elle a même l'impression que plus le temps passe, plus elle arrive à petit à petit cerner qui est réellement Oliver. Évidemment, elle ne se doute pas de tous les secrets qui entourent encore ce garçon et qui sont si bien cachés. Théia rapproche ses jambes contre sa poitrine et les entoure de ses bras. « Par contre, je n'ai rien sur moi qui pourrait nous faire passer le temps. » Elle hausse ensuite un sourcil, au cas où lui aurait quelque chose. Un jeu de cartes, une barre chocolatée, n'importe quoi.

Dès que Théia proposa de faire un feu, il se releva pour préparer un trou pour faire le feu. Il avait son téléphone pour s'éclairer, mais plus il allait faire noir, plus il serait compliqué de chercher les éléments pour faire le feu. Il cherchait une grosse branche qui lui permettrait de creuser un trou sans le faire avec ses mains, il en trouva une un peu plus loin et commença à creuser. Il s'arrêta après quelques secondes pour se tourner vers Théia. « Si tu as faim, j'ai probablement quelque chose à grignoter dans mon sac. Sinon, j'ai une flasque dans la pochette avant. » Il était habitué avec ses voyages de se préparer un bagage léger de survie pour des expéditions. Il avait toujours de quoi manger, de l'eau, un vêtement de rechange, ses clopes, un canif et une caméra. Dans le cas présent, il n'avait pas apporter de caméra - geste qu'il regrettait amèrement - en se disant que ça l'obligerait à socialiser. À la place il s'était apporté de l'alcool qu'il avait déjà consommer presque à moitié, heureusement que c'était une grande flasque. Content de son travail, il arrêta de creuser et tapa le fond avec ses pieds. Il se tourna vers Théia de nouveau en se passant la main dans les cheveux, il avait eu un peu chaud à piocher comme ça. « Est-ce que tu as déjà campé dans le bois auparavant? » Il commençait à la connaître de mieux en mieux et il avait toujours besoin d'en savoir davantage. Ses anecdotes, ses qualités et ses défauts, qu'est-ce qui faisait d'elle un petit bout de femme si pétillant. Il s’affairait aux alentours à trouver du bois sec pour le feu avant qu'il soit complètement privé de la lumière du soleil.

À peine l'idée sous-entendue, Théia est étonnée de voir Oliver s'atteler pour préparer un feu. Elle le regarde d'abord sans savoir quoi faire, n'ayant jamais pratiqué ce genre d'activité autrefois. Elle se sent inutile, plantée comme une imbécile alors que ses yeux suivent ses gestes avec la plus grande des attentions. Ce sont ses mots qui la sortent de sa torpeur et, sans en attendre plus de sa part, elle marche à quatre pattes jusqu'à son sac à dos. Elle s'empare d'un sachet de biscuits et de cette fameuse flasque qu'elle regarde sous tous les angles. Curieuse, Théia dévisse le bouchon et hume. La forte odeur d'alcool la fait froncer les sourcils, elle referme donc la flasque et la cale dans l'espace entre ses jambes. « On a de quoi se faire un vrai dîner en tête à tête, » plaisante-t-elle avant de relever les yeux vers lui. Le voir transpirant et légèrement sali par son travail fait naître en Théia un frisson qui la parcourt dans toute la longueur de son dos. Elle sourit, mais baisse les yeux pour se concentrer sur cet objet qui brille sur le sol. La flasque. « Non, c'est une première pour moi. Décidément, vous me faites expérimenter de plus en plus de choses Mr. Doyle. » Elle attrape le contenant d'alcool, se redresse, et le dévisse avant d'en boire une gorgée comme pour se donner du courage. Cette chaleur dans sa gorge lui fait froncer le nez. Elle regarde autour d'elle à la recherche de bois qui pourrait servir pour leur feu et commence à ramener un amas de branches près de l'endroit où Oliver a pioché. Elle essaie, elle expérimente, elle veut montrer qu'elle est plus qu'une gamine de vingt ans trop fragile. Après avoir ramené de quoi faire brûler un feu, elle se frotte les mains avant de les poser fièrement sur ses hanches.

Il avait le sourire au lèvres suite à ce commentaire, c'est sur que c'était pas grand chose mais c'était mieux que rien. « Attend un peu, je suis entrain de nous bidouiller une chandelle. » Auparavant l'idée d'être autant isolé de la civilisation avec une autre personne l'angoissait, mais puisque c'était elle, il n'avait plus peur. Il se sentait plus en contrôle, il était davantage homme et moins bête sauvage. Il ne savait pas comment le reste de la population de Bowen s'en sortait, mais il était bien dans leur petit coin isolé. Il espérait que le feu allait bien prendre, ce n'était pas un expert des feu de camp, il n'était pas un scout après tout. « On a qu'un seule vie à vivre, pourquoi pas expérimenter un peu? » Son esprit ne pu s'empêcher de vagabonder dans les recoins obscure de sa tête, Beth et Fred n'auront jamais eu la chance de vivre pleinement, d'essayer de nouvelles choses, de sortir de leur phase sombre d'adolescents. Le souvenir d'eux venait encore le hanté quand il sentait qu'il était enfin heureux. Il contempla le petit tas de branches ramassés par lui et Théia, ils devraient être bon pour un moment avec ça. « Merci du coup de main. » Après avoir reprit son souffle un instant, il entreprit de placer les branches au fond du trou en position "Teepee". Il se tourna vers Théia. « Dans la pochette de gauche, je pense que j'ai un calepin, pourrais-tu me le passer s'il-te-plais? » Il sortit son briquet de sa poche pour mettre feu aux petites boulettes de papier qu'il avait déposer au centre de sa structure de bois. Il souffla pour alimenter le feu puis quand il constata que le bois sec allait bien prendre, il alla finalement se rasseoir en lâchant un soupir. Il contempla un instant le feu qui prenait vie avant de prendre une gorgée dans sa flasque. « On devrait être bon pour un bout de temps avant de devoir ajouter du bois. » il se tourna vers Théia, un sourire au visage. Il savait qu'il allait passer une bonne soirée en sa compagnie.

Théia, elle a toujours préféré la nuit au jour. Elle aime son côté rebelle, comme si elle permettait de faire revivre les plus timides, ou qu'elle avait cette capacité de révéler les réelles envies de ceux qui n'ont jamais osé durant le jour. Et puis, il y a les étoiles. La lune aussi, le ciel bleu foncé comparable aux fins fonds d'un océan. « Je suis totalement d'accord, » s'est-elle exclamée à la suite de sa remarque. Théia aime vivre, découvrir, et surtout partager des moments comme celui-ci avec des personnes spéciales. Des personnes comme Oliver. Une fois les branches ramassées, elle prend le calepin qu'il lui désigne et le lui tend avant de le regarder déchirer le bout de papier qui ne met pas longtemps avant de s'enflammer au contact de la flamme du briquet. Théia s'assied devant le feu qui prend petit à petit vie et se concentre dessus même lorsqu'Oliver revient s'installer vers elle. « On s'est pas mal débrouillés je trouve, bien joué partenaire. » Elle lève la main, mimant un high-five, mais se désiste au dernier moment et vole la flasque des mains d'Oliver. Un sourire amusé étire ses lèvres avant qu'elles n'entrent en contact avec le goulot, son regard toujours planté dans celui du brun. L'alcool est plus supportable que la première fois, même si il lui brûle encore un peu la gorge à son passage. Cette fois, elle ne grimace plus. À coté d'eux, les flammes du feu se mettent à danser et créent des ombres qui donnent l'impression d'être vivantes. « Tu crois que ça finira toujours comme ça à chaque fois qu'on se verra ? Toi, moi, la nuit. Comme si on était deux sortes de vampires incapables de survivre à la lumière du jour. Ou bien deux amants maudits qui se voient en cachette. » Sa dernière phrase lui tire un nouveau sourire amusé pendant que son regard se détache d'Oliver pour se porter sur leur feu.

Tandis que le feu prenait vie, Oliver avait son attention tournée vers la jeune femme assise à côté de lui. Il soutien son regard quand elle lui prend sa flasque des mains pour elle aussi profiter de l'eau-de-vie. Il a de la difficulté à trouver les mots pour décrire comment il se sent à ce moment là, il a souvent peine à bien comprendre ses émotions, c'est comme un handicap pour lui. Il a le sourire facile ce soir, ce qui fait contraste avec toute les fois où il doit en forcer un pour ne pas avec l'air étrange. Puisque la nuit est tombée, seulement le feu les éclaires, illuminant un coté de leur visage plus que l'autre. Il regarde toujours Théia même quand elle se tourne finalement pour contempler le fruit de leurs efforts, il cherche ses mots pour lui répondre. « Pas si on essaie de faire autrement, mais j'ai tendance à croire que les gens sont plus vrai la nuit, Il est plus simple de les voir pour qui ils sont réellement. » Il le pensait vraiment, même si ce n'était pas toute la vérité qui pouvait être exposé. Il reprit une goulée de boisson avant de continuer.« La nuit les gens ont tendance à agir de façon plus naturel, moins de retenu et de stress, ils vivent le moment présent sans trop d'artifice.» Il se tourna finalement vers le feu à son tour puis se redressa un peu pour être un peu plus confortable. « Je suppose que ça signifie qu'on s'apprécie pour qui on est, sans toute les paillettes et le superflus que le jour amène.» Il risqua un regard dans sa direction, ne savant pas trop comment elle allait prendre ses mots.

En entendant sa réponse, elle sourit, ravie de voir qu'il est effet du même avis qu'elle sur cette soit-disant nature humaine mise à nu seulement la nuit. Elle hoche la tête, son regard d'abord figé sur les flammes. Elle les trouve apaisante, et elle aime entendre le craquement des branches qui se consument lentement sous leurs yeux. « Sans vouloir casser l'ambiance, je crois que la plupart des gens dorment la nuit contrairement aux personnes étranges, comme nous. » Son sourire s'élargit un peu plus. Théia s'est toujours trouvée différente de la plupart des autres filles. Pas mieux, pas plus jolie ou plus intéressante. C'est plus sa façon de vivre et de penser qui a toujours suffi à mettre une barrière entre elle et la norme, qui la rend parfois étrange aux yeux de certains. Elle écoute le reste de ses paroles en hochant simplement la tête, puis ne peut s'empêcher de le regarder suite à cette dernière phrase qu'il a prononcée. Machinalement, Théia sourit, d'un sourire non contrôlé. « Je t'apprécie pour qui tu es Oliver, vraiment. » Elle le regarde quelques secondes en silence, puis coince sa lèvre inférieure entre ses dents en se rendant compte de la peut-être trop grande franchise de ses paroles. « Comment réagirais-tu si tu n'avais réellement plus que ces quelques jours à vivre sur une île ? » demande-t-elle comme pour effacer les mots qu'elle a prononcés trop rapidement quelques secondes plus tôt. Théia se tourne vers Oliver, à présent assise en tailleur. Elle le regarde sans arriver à tenir plus de quelques secondes, jonglant entre son visage et l'objet qu'il a entre les mains et qui contient l'alcool suffisant à lui amener ce peu de courage dont elle manque parfois. C'est étrange pour elle, différent de d'habitude. Jamais Théia n'a été gênée, ou même intimidée avec qui que ce soit. Et pourtant, devant lui, elle a de plus en plus l'impression de ne plus réussir à être aussi confiante qu'elle l'est d'habitude.

Il ne peut pas retenir le petit rire qui s'échappe de sa bouche quand elle dit qu'ils sont étrange. Il était certainement loin d'être normal. « Ils ne savent pas tout ce qu'ils manquent, les pauvres. » Il avait toujours été un oiseau de nuit, du moins aussi loin qu'il se souvienne. Il faisait des efforts maintenant pour se coucher tôt pour avoir des bonnes nuits de sommeil, mais il finissait toujours pas tourner en rond dans son lit pour finalement dormir en moyenne entre deux et quatre heures par nuit. Il n'était pas un lève tard pourtant. Le regard planté dans le sien, il avait les yeux un peu étonné par ses paroles. Il était déstabilisé plus qu'il était surprit, il avait cette sensation de chaleur tout autour de lui comme si une force invisible venait de le prendre dans ses bras. Rapidement cette sensation agréable fût remplacer par un sentiment glacial et dure. Elle appréciait un mensonge, un personnage qu'il jouait dans un éternel spectacle. Elle ne pourrait jamais l'apprécier pour lui même, l'homme qu'il était réellement. Cette pensée l'attristait énormément, parce que c'était réciproque. Son regard s'était un peu assombrit et il le détourna vers le sol pour ne pas qu'elle doive confronter la noirceur. Heureusement, elle reprit la parole avant qu'il puisse trouver quoi répondre. Suite à la question, il pensa d'abord à sa petite soeur, il aimerait passer ses derniers jours avec elle pour s'excuser et la revoir une dernière fois, c'était le seul membre de sa famille qui lui manquait. Malgré toute les réalisations sombre auxquelles il était parvenu quelques instant auparavant, il ne voulait pas s'éloigner de Théia, même si c'était jouer avec le feu. Elle était pour le moment ce qui se rapprochait le plus d'un peu de bonheur dans sa vie, en terme de contact humain. En dépit de ce qu'il tentait de se faire croire, il ne pouvait pas vivre seul avec la photographie comme seul passe-temps. Il se tourna de nouveau vers elle, prêt à lui faire face. « Honnêtement? Je pense que je changerais rien, je passe un bon moment, là, avec toi. » Il faisait tourner la flasque dans ses mains, soudainement conscient qu'elle était en effet plus légère qu'à son arrivé. Il la secoua doucement en la regardant. « Peut-être avec un peu plus d'alcool aussi, je dirais pas non. » Il avait un sourire amusé en pivotant la tête de nouveau vers elle. « Il en reste un peu moins que la moitié, comment on se sépare ça? »

Après ces paroles prononcées trop rapidement, cet aveu lâché sans qu'elle ne s'en rende réellement compte, Théia sent son ventre se nouer quand elle réalise qu'il n'a pas renchéri. Elle se sent stupide, à s'attacher petit à petit à une personne alors que celle-ci ne semble pas réellement s'intéresser à elle. Elle n'a jamais vraiment réussi à lire une quelconque émotion dans les yeux trop sombres d'Oliver, à comprendre ce qu'il se passe réellement dans sa tête. Certainement beaucoup de choses, mais rien qui ne la concerne. Elle ne le regarde pas, préférant se perdre dans l'admiration du vide plutôt que de devoir affronter la lueur de compassion qui anime certainement ses pupilles pour la pauvre petite Théia, trop émotive, trop sensible. Elle n'est pourtant pas comme ça, elle ne comprend pas comment elle en arrive à être si maladroite devant lui. Et puis, il prononce cette phrase qui la fait immédiatement sourire. Une suite de mots qui la rassurent d'une certaine manière, qui chassent ses pensées négatives et qui réchauffent ses joues autant que ça éveille les battements de son coeur. Elle a l'impression de vivre toutes ses émotions multipliées par dix. Lentement, Théia lève les yeux vers lui, se mordant la lèvre pour essayer de ne plus sourire. « Vraiment ? Waw, ça me fait plaisir, » dit-elle simplement avant de passer une main dans ses cheveux, puis d'enrouler une mèche autour de son index. Elle a l'air d'une gamine de quinze ans, sauf qu'elle s'en fiche royalement. À son tour, elle regarde la flasque en réfléchissant à ce qu'ils pourraient faire pour se partager équitablement le reste. Une idée germe soudainement dans son esprit, et elle se redresse les yeux grands ouverts. « On pourrait jouer à "je n'ai jamais", histoire de passer le temps. » Elle se tourne vers Oliver, curieuse de sa réponse. Peut-être refusera-t-il, trouvant ça trop immature de jouer à un bête jeu à boire alors qu'ils sont actuellement en plein milieu d'une forêt, la nuit. Mais Théia, ça l'a toujours amusé ce genre de divertissement. Et puis, peut-être que ça l'aidera à en connaître un peu plus sur lui.

Il se lève un court instant pour ajouter des branches dans le feu pour l'alimenter un peu plus. Il retourne s'installer au coté de Théia, peut-être un peu plus proche d'elle qu'auparavant. Il commence à faire un peu plus froid maintenant qu'il fait bel et bien nuit et il est bien content que le feu soit là pour les réchauffer en plus de les éclairer. Il ne peut que sourire en la voyant se jouer dans les cheveux, l'air touchée par ses paroles. « T'as pas trop froid j'espère? Sinon j'ai un autre chandail dans mon sac. » Il prend un moment pour réfléchir en fixant la flasque suite à sa suggestion, à quel point c'était une bonne idée? Au pire, il n'aurait qu'à mentir si ça devient trop risqué, comme d'habitude. Mais justement, il était fatigué de toujours mentir, surtout à elle. Il se tourna vers elle, le regard un peu joueur. « D'accord, mais d'abord je veux savoir comment toi tu passerais tes derniers jours sur l'île. » Il haussa les sourcils, toujours le sourire au lèvres. Elle lui avait posé la question en premier, il avait bien le droit de savoir lui aussi. Il déposa la flasque sur le sol devant eux. « Je vais te laisser l'honneur de la première question, puisque ça fait des années que j'ai pas joué. » En plus, il n'avait pas d'idées de questions, là toute suite. Il espérait qu'elle l'inspirerait.

Effectivement, l'air est plus frais. Théia ne s'en rend compte que lorsque le vent de la nuit vient entourer son petit corps, la faisant frissonner au passage. Comme si il venait de le remarquer, Oliver lui propose un pull à lui pour se réchauffer, ce à quoi Théia se dépêche de répondre positivement. « Je veux bien, j'ai pas trop envie de chopper un rhume en pleine forêt, » dit-elle avant de prendre le sac et d'en tirer le vêtement roulé en boule tout au fond. Théia l'enfile, et se retrouve à flotter dans ce chandail aux manches trop longues, mais qui reste malgré tout agréable à porter. L'odeur d'Oliver lui emplit soudainement les narines, l'enveloppant dans une sensation de confort devenu presque familier. À sa question, elle réfléchit un instant tout en tirant doucement sur les manches pour ne pas que ses doigts dépassent. « Je crois que j'en profiterais au maximum. Je ferais tout ce que je n'ai jamais eu l'occasion de faire à Bowen, comme me construire un radeau pour aller pêcher, ou jouer au bowling avec des noix de cocos. » Elle rit légèrement. « Le soir, je nous ramènerais de quoi manger et tu t'occuperais du feu, puis on mangerais jusqu'à en exploser dans notre tipi fait maison. » Elle sourit, amusé par ces images qui apparaissent l'une à la suite de l'autre dans ses pensées. Même sur une île, prête à vivre ses dernières heures, Théia sait qu'elle trouverait de quoi s'occuper. Après tout, elle est habituée à vivre sans être certaine de combien de temps il lui reste. Elle se concentre à nouveau sur la flasque, réfléchissant à une question, puis relève lentement la tête Oliver. « Je n'ai jamais volé un panneau de signalisation, » dit-elle pour commencer le jeu, ses yeux ne lâchant plus les siens, guettant sa réaction.

Une sensation étrange s’empare de lui en la regarder fouiller dans son sac et enfiler son chandail, il est habituellement très protecteur de ses possessions.Pas parce qu'il n'aime pas partager ou parce qu'il est égoïste, mais plutôt parce qu'il vit toujours dans le doute qu'une trace de lui même pourrait trahir sa vrai identité. Souvent, c'était irréaliste et stupide, mais il avait constamment cette peur qui le hantait. Il sourit en la regardant parler, il remarque à quel point elle semble petite dans son chandail, sans pourtant avoir l'air plus jeune ou plus faible. Elle à toujours ce petit feu en elle qui donne l'impression qu'elle est beaucoup plus forte que ce qu'on pourrait penser quand on la voit pour la première fois. Il rit un peu en imaginant la scène, ils survivraient surement sur l'île ensemble. « J'espère que tu t'engages à cuisiner, sinon je garantie pas que ça va être bon. » Il était en effet pas très doué question cuisine. Il attendait qu'elle pose une question, un peu nerveux de ce qu'elle pourrait demander. Il eu l'air un peu surprit en entendant la question, il ne s'attendait pas à ça. Il rit un peu avant de prendre la flasque pour y boire une petite gorgée, question de faire durer le plaisir. Il posa la flasque fièrement sur le sol en la regardant. « Est-ce qu'il faut que j'explique ou pas? » Il n'était vraiment plus sur des règles de ce jeu, ça faisait si longtemps qu'il n'avait pas jouer. Il se gratta la joue en songeant à ce qu'il pourrait bien demander. « Je n'ai jamais.... été à Disneyland. » C'était un peu nul comme question, et pourtant ça lui avait passé par la tête.

Sa réponse la fait rire, et elle lève sa main gauche en l'air avant de lâcher un « Je m'engage » comme si elle prêtait serment. Théia n'a jamais vraiment été une très bonne cuisinière. Elle a été obligée de se débrouiller lorsqu'elle a emménagé dans son chez-elle, mais jamais elle n'a été capable de préparer un plat digne de grands chefs. Enfin, de toute façon, elle se doute bien qu'ils ne seraient pas capable de s'offrir un repas gastronomique si jamais ils devaient rester ici. Ils se contenteraient de baies, poisson, et de produits sûrement peu ragoutants mais qui les empêcheraient de mourir affamés. En l'entendant rire, Théia sourit, curieuse. Elle attend impatiemment sa réponse et ouvre de grands yeux quand elle le voit boire à la flasque. Elle déplace ses jambes afin de pouvoir s'asseoir sur ses pieds et pose ses mains sur ses genoux. « Évidemment que tu dois expliquer, je veux absolument entendre ça ! » s'exclame-t-elle avec un sourire au coin des lèvres, sourcils haussés. Vient le tour d'Oliver, et Théia est surprise par sa question. Elle boit une gorgée d'alcool, fronce le nez à cause de la chaleur de la boisson dans sa gorge, puis repose la flasque. « Fun fact : pendant que toutes les petites filles étaient en robe de princesse, moi j'étais déguisée en pirate. » Elle hoche la tête pour appuyer ses propos, se revoyant à quatre ans avec des tonnes de maquillage noir sous les yeux et son bandana rouge qui entourait son front. Elle réfléchit à une nouvelle question et, lorsqu'elle en trouve une, son regard se met à briller. « Je n'ai jamais été me faire tatouer. » Elle aurait bien aimer passer un jour sous l'aiguille, la sentir traverser sa peau pour y graver un dessin à l'encre noire, sauf que jamais elle n'a osé faire le pas.