on the moonlight -r.

Tu avais appris pour Théia, pour Lou. Tu t'étais rendu au chevet de l'une priant pour qu'elle se réveille et contacté l'autre pour la voir. D'ailleurs non, tu ne lui avais pas proposé que de se voir, tu lui avais proposé de faire une folie, de faire du sport avec toi. Tu n'étais pas un grand sportif, mais tu trouvais qu'elle serait une partenaire adaptée pour partager ce moment avec toi. Et puis ce serait l'occasion d'en savoir plus sur sa relation amoureuse depuis la dernière fois où tu l'avais vu. « Hey, Théia ! » Tu la conviais à te rejoindre d'un signe de la main. Une fois proche de toi tu l'attrapais pour lui déposer un doux baiser sur la joue. Tu étais vraiment content de la revoir et surtout de savoir qu'elle allait bien. Enfin, ça c'était un grand mot parce qu'elle avait quand même subi une opération à cause du séisme, mais elle était vivante. « Tu vas bien ? » demandais-tu un fin sourire aux lèvres. Plus un réflexe qu'une envie sincère, même si tu t'inquiétais de son état de santé. Tu avais beau vouloir mettre de côté son problème cardiaque, il avait quand fini par te sauter aux yeux et tu ne pouvais pas toujours l'ignorer. « Je sais que je t'avais promis un saut en parachute mais vu ton état de santé, j'ai pensé qu'on pourrait faire autre chose ! » Tu espérais qu'elle ne t'en veuille pas d'en faire mention. Mais tu t'en voudrais de lui faire prendre un risque inutile. Peut-être que dans quelques semaines ça serait possible, mais pour le moment tu ne devais pas y songer, en tout cas tu ne pouvais pas, pas sans penser qu'elle pourrait y laisser la vie. « T'es partante ? » demandais-tu, gardant encore le mystère quelques instants sur l'activité du jour. Ou du moins, de la soirée puisque le jour se couchait doucement.

Voilà déjà plusieurs semaines que Théia a subi son opération, plusieurs semaines qu'elle se balade avec le coeur de quelqu'un d'autre dans la poitrine et qu'elle est forcée de prendre tout un tas de médicaments afin d'éviter une quelconque infection. L'appel de CJ lui a fait énormément plaisir, elle n'a pu qu'être ravie d'apprendre que cet être qu'elle affectionne tant est sain et sauf. Elle ne sait pas si nouveau coeur aurait supporté d'être présent à ses funérailles. Arrivée au lieu de rendez-vous, un grand sourire étire les lèvres de Théia lorsqu'elle le voit. « Salut toi, » dit-elle avant de l'entourer de ses bras, posant quelques secondes sa tête contre son torse afin de montrer qu'elle est sincèrement contente de le voir là, devant elle. Elle s'écarte ensuite, levant les yeux vers son visage sans perdre son sourire. « Je vais bien, très bien même ! » Oh que oui, elle va bien. Elle se sent revivre, elle a l'impression d'avoir traversé le tunnel de la mort et de pourtant en être ressortie indemne. Et puis, il y a Oliver. Lui qui était là lors de son réveil à l'hôpital, lui qui l'a accompagnée à cette fête d'Halloween un peu étrange. « Et toi ? Et Nevaeh ? » demande-t-elle immédiatement, se surprenant elle-même d'avoir réussi à retenir le nom compliqué de sa petite copine qu'elle n'a toujours jamais vue. À la première partie de son aveux, Théia hoche la tête, compréhensive. Elle est elle-même consciente qu'elle ne pourra pas faire de folies dès les premiers mois qui suivront l'opération, mais elle espère pouvoir essayer de nouvelles choses une fois qu'elle sera entièrement rétablie. La suite de ses paroles la font cependant hausser un sourcil. « Tu m'intrigues là, » dit-elle avant de plisser légèrement les paupières, laissant un sourire venir étirer ses lèvres. « Évidemment que je suis partante ! » s'exclame-t-elle ensuite, trop curieuse de savoir ce que CJ lui prépare.

Très vite elle était à ta hauteur t'enlaçant dans ses bras. C'était une étreinte agréable, tu étais vraiment heureux de la voir se tenir debout devant toi. Quand tu avais appris pour son opération tu avais été dans tous tes états de la savoir à l'hôpital. Tu t'étais imaginé le pire et tu n'avais pas été loin puisque son coeur avait été défaillant. Elle avait manqué de mourir ce jour là. Par chance une personne c'était soucié d'elle, de son bien-être, sûrement une personne qui connaissait son problème. Ou peut-être pas du tout même, tu n'en savais rien au fond, puisque tu n'avais pas été là quand c'est arrivé. « Je suis content de te l'entendre dire. » Elle avait l'air d'aller bien, mais l'entendre te le dire était quand même mieux. Ça te semblait plus concret, plus réel. Tu pouvais chasser plus facilement les mauvaises pensées que tu avais en tête. D'autant plus qu'elle ne te mentait pas pour te rassurer. « Je vais très bien et pour Nev, elle se rétablit tout doucement, mais ça va. » C'était un petit mensonge parce qu'elle n'allait pas bien à cause du secret de Woody. Mais tu n'étais pas obligé d'en parler à Théia, ça ne la regardait pas, elle ne connaissait pas assez la jeune brune pour que tu te permettes de lui en parler.  « J'en suis ravi alors, c'était le but ! » Très vite tu préférais passer à ce que tu avais prévu pour cette fin de journée. Bien sûr tu avais eu plusieurs idées en tête, tu t'étais creusé afin de trouver une activité qui pourrait être comme un saut en parachute sans le côté saut puisque c'était plutôt contre indiqué dans ce cas là. « Aujourd'hui on va faire du parachute ascensionnel ! » Tu lui offrais un grand sourire, c'était seulement interdit aux femmes enceintes et aux porteurs de pacemakers, ce qui n'était pas son cas. Et puis avec le coucher de soleil qui approchait, ça allait être une superbe activité.

Si Xavier n'avait pas été présent ce jour-là, Théia ne sait pas si elle serait encore présente ce moment là, debout devant lui, à respirer comme n'importe quelle personne vivante. Elle aimerait le revoir d'ailleurs, le remercier de ne pas seulement l'avoir emmenée jusqu'à l'hôpital, mais aussi pour la façon dont il lui parlait, pour ce ton qu'il y avait dans sa voix et qui permettait à l'étudiante de s'accrocher à quelque chose du monde réel. En parlant de Nevaeh, un souvenir de leur dernière conversation ne tarde pas à jaillir dans son esprit, faisant s'écarquiller grands ses yeux. « Oh, et, tu as fait ta demande ? » demande-t-elle avant de se mordre la lèvre, joignant ses deux mains l'une contre l'autre. Elle est trop impatiente d'entendre sa réponse, Théia n'a absolument aucun mal à imaginer CJ vêtu d'un magnifique costard, heureux, avec la femme qu'il aime. Il mérite ce bonheur, et elle espère bien qu'un jour elle pourra y assister, à ce mariage. Évidemment, Théia n'arrive pas à garder sa patience plus longtemps. Elle veut savoir ce qu'il lui réserve, et elle se pend à ses lèvres en attendant d'entendre cette fameuse surprise pour laquelle elle trépigne presque. Quand, enfin, CJ lui annonce qu'ils sont sur le point de faire du parachute ascensionnel, un air de surprise mélangé à de la joie se dessine petit à petit sur son visage. « Sérieusement ? CJ, ça a l'air juste... trop génial ! J'en ai jamais fait comme tu dois t'en douter, je suis trop impatiente ! » Elle sourit comme un enfant devant le Père Noël, comme un aveugle qui retrouve soudainement la vue. Théia n'a jamais pu se permettre ce genre de sensations fortes et pourtant, elle en a bien trop souvent rêvé. Voler dans les airs, voir le monde devenir minuscule sous ses pieds. « Dis-moi, que dois-je faire ? Où aller ? » Elle le regarde lui, puis tourne sur elle-même à la recherche d'un quelconque équipement qui pourrait être à lui. Enfin, à eux.

Sa question ne s'était pas faite attendre. Tu pensais qu'elle l'aurait oublié, mais il ne fallait pas le croire. C'était un peu comme une enfant, il ne fallait pas lui faire de promesse qu'on ne pouvait pas tenir. Ton sourire s'effaçait un peu laissant une moue sur ton visage. Elle devait déjà avoir compris la situation mais tu comptais bien y mettre des mots. « Elle ne m'a pas dit oui, mais elle n'a pas non plus dit non !  » Tu avais l'impression de perdre un peu pied en lui avouant ça, comme si tu lui montrais que tu avais perdu, que tu n'avais pas été capable de gagner son coeur comme tu l'aurais aimé. Pourtant son cœur tu l'avais, c'était pas ça le problème. Le problème c'était que c'était trop tôt pour envisager ça sérieusement. « Mais c'est en bonne voie ! » Tu gardais un grand sourire sur le visage. Tu n'allais pas t'avouer vaincu. Tu étais peut-être reparti avec ta bague le soir de la demande, mais a chaque fois que tu as eu un rendez-vous avec elle, elle était sur toi, tu la gardais précieusement pour le prochain jour où tu te lancerais. Tu lui demanderais autant de fois qu'il le fallait jusqu'à ce qu'elle dise oui parce que c'était la seule chose que tu attendais d'elle pour l'instant. « Et toi avec ton Don Juan ? » demandais-tu avec un petit sourire un coin. Tu n'avais plus son prénom en tête, tu n'étais même pas certain qu'elle te l'ait dit l'autre jour, mais tu avais retenu que c'était un artiste, que ce n'était pas vraiment un mauvais garçon mais qu'il était craquant. « C'est très simple, tout ce qu'on à faire c'est aller s'asseoir sur le bateau, le chauffeur nous attache avec les sécurités et après on se laisse porter par le vent ! » Pas grand chose à faire que d'admirer la vue, se languir du paysage et de se dire qu'on est vraiment bien en Australie parce que le cadre est idyllique. C'est tout à fait le faire d'activité que tu aurais pu proposé à Nevaeh pour renforcer votre couple, le truc à faire en couple parce que justement c'est idyllique. Tu avais pourtant opté pour Théia, parce qu'elle avait plus besoin de ça que Nevaeh.

Comment aurait-elle pu oublier cette bombe qu'il lui a lâchée la dernière fois qu'ils se sont vus ? Impatiente, Théia le regarde avec les yeux grands ouverts jusqu'à ce que sa moue lui fasse froncer les sourcils. Dans un premier temps, sa réponse la déçoit. Elle aurait aimé plus d'entrain, un immense "oui" qui l'aurait rendu lui heureux, et donc elle aussi par la même occasion. Car pour elle, CJ fait partie des personnes qui méritent le plus d'avoir tout le bonheur possible sur cette Terre. « Bah, je suis certaine que ça ne tardera pas ! » s'exclame-t-elle en accompagnement ses paroles d'un haussement d'épaules avant qu'un nouveau sourire ne vienne étirer ses lèvres. En bonne voix, ces mots la rassurent peut-être plus que lui. Théia a toujours été trop impliquée dans le bonheur des autres qu'elle a d'ailleurs toujours fait passer avant le sien. Elle ne répond pas, craignant de le faire paniquer avec un mot mal placé, et se concentre donc sur cette fameuse surprise. Sauf qu'elle n'en a pas l'occasion, c'est au tour de CJ de la questionner sur sa vie sentimentale un peu bancale. Sans s'en rendre tout de suite compte, Théia sourit d'un air béat. « Mon Don-Juan, » répète-t-elle en riant. « Et bien, il était là à l'hôpital, quand je me suis réveillée. On est aussi allés ensemble à la fête d'Halloween organisée par le Maire et... Je l'aime vraiment bien, et je me sens ridicule ! On dirait une de ces filles dans les films à l'eau de rose, j'aime pas ça, » ajoute Théia en souriant de plus belle, les joues légèrement rougies. Elle le sent quand elle parle de lui, Théia s'est beaucoup attachée à Oliver durant ces dernières semaines. Elle apprécie de plus en plus sa présence et puis, elle sait que lui non plus n'est pas insensible à elle. Enfin, elle le croit, et elle l'espère. Tout en l'écoutant, elle dirige son regard vers le bateau et sent son ventre se nouer. « Qu'est-ce qu'on attend ? » demande-t-elle en se mettant déjà en route vers l'embarcation.

Tu étais vite passé à autre chose. Certes ça n'avait pas marché comme tu le voulais mais ce n'était pas non plus la fin du monde. Ca aurait pu être pire, elle aurait pu refuser de passer du temps avec toi, de te laisser une chance alors qu'elle voulait que les choses aillent progressivement entre vous. C'est ce que tu faisais, tu lui donnais du temps et de l'espace, tout en mettant en place ton plan de séduction parce que tu étais tout de même fou amoureux de cette fille. A son tour, Théia en racontait un peu plus sur Oliver, qui était là à l'hôpital. Cette phrase te fit sourire parce qu'au moins à son réveil, elle n'était pas seule et l'homme qu'elle appréciait fortement était à son chevet. Si après tout ça elle continuait de penser qu'il ne l'aimait pas, elle se trompait fortement. Ce n'est pas n'importe qui, qui aurait fait ça. Peut-être que si tu avais été présent, tu aurais aussi attendu à son chevet, après avoir pris soin de Nevaeh. Tu aurais pu être aussi présent pour Lou, qui était toujours entre la vie et la mort, présentement. « Parce que t'es amoureuse et que tu te sens niaise ? » demandais-tu en rigolant. Tu n'aimais pas ce que tu avais ressenti non plus au début, tu avais eu l'impression d'être à sa merci et que si elle voulait te briser le cœur, elle pouvait le faire en trois mots. « Change la donne, après tout, tu es la seule à pouvoir contrôler ton destin. » Ce qui semblait facile à dire comme ça, mais qui pouvait paraître plus compliqué. Tu avais juste accepté de vivre en étant plus ou moins vulnérable en ce qui te concernait et tu avais aussi contrôlé ce côté guimauve qui pouvait ressortir parfois. « Que tu le demandes. » Dans un sourire, tu te dirigeais aussi vers le ponton pour prendre place à l'arrière du bateau. Une fois assis, on s'occupait de vous équiper correctement. Le chauffeur venait de s'installer à son tour et tu lui lançais un dernier regard alors qu'il démarrait les moteurs. « T'es prête ? »  

Théia, amoureuse ? N'est-ce pas peut-être un peu tôt pour le dire ? Oui, elle a déjà ressenti de forts sentiments pour quelques garçons avec qui elle est sorties, sauf que jamais elle ne s'est sentie comme ça pour quelqu'un avec qui elle n'est même pas en couple. Éprouve-t-elle vraiment des sentiments pour Oliver ? Après que CJ n'aie prononcé cette phrase, plusieurs flashs apparaissent l'un après l'autre dans sa tête alors que son regard se perd dans le vide un instant. La fois sur le toit, celle dans sa chambre noire, puis cette nuit sur l'île déserte où ils n'ont fait que s'allonger l'un à coté de l'autre, à contempler les étoiles. Se remémorer ces images suffit à lui retourner l'estomac. Lentement, un sourire étire ses lèvres et elle lève les yeux vers CJ. « T'as raison. Je vais faire quelque chose. Je sais pas quand, ni où ou comment, mais je le ferai. » Et elle en est toute nerveuse Théia. Elle qui n'a jamais eu la moindre gêne devant qui que ce soit, elle qui est toujours à crier haut et fort ce qu'elle pense, la voilà qui se met à stresser à l'idée d'une simple discussion qu'elle n'aura même pas dans l'immédiat. Préférant se focaliser sur leur activité pour le moment, elle suit CJ jusqu'au ponton en sautillant presque. Elle se laisse attacher, amusée par cette soudaine sensation de légèreté, puis se sent tressaillir lorsque le moteur démarre. « Totalement prête ! » s'exclame-t-elle en regardant brièvement dans sa direction. Le bateau démarre, et elle sent petit à petit se pieds décoller du sol. Ses deux mains se serrent autour des tenants, et son regard se pose partout autour d'eux alors qu'ils s'élèvent de plus en plus haut. « Waw, j'ai l'impression d'être Peter Pan ! » dit-elle en riant, assez fort pour qu'il puisse l'entendre malgré le bruit du moteur.

Ton regard ne la quitte pas, tu guettes, tu essayes de distinguer la moindre réaction sur son visage après tes mots, mais tu ne vois pas grand chose jusqu'à ce qu'elle se mette à sourire, disant d'un air assez déterminée qu'elle allait faire quelque chose. Elle ne savait pas quoi mais elle allait tenter oui. Cette idée te plaisait bien, elle était tout à fait capable de se lancer dans quelque chose pour savoir ce qu'il y avait entre eux, et même si ce n'était pas le résultat qu'elle voulait, elle serait assez forte pour s'en remettre, ça tu n'en doutais pas une seule seconde. Elle était comme ça ta petite Théia. Et si ce n'était pas le cas, tu serais là pour sécher ses larmes, pour lui remonter le moral parce que c'était ce que faisait les amis. Quoiqu'il en soit tu verrais, pour le moment ça n'allait pas arriver maintenant. Puisque maintenant elle était avec toi sur un bateau, en train de se faire attacher correctement pour s'envoler dans les cieux. Le bateau démarre et tout doucement vous prenez de la hauteur. C'est assez lent pour commencer, ce qui vous donne l'occasion de vraiment apprécier la sensation de pesanteur qui joue sur vous, jusqu'à vous retrouver dans le ciel. Tu étais à pas grand chose de pouvoir toucher les nuages. « C'est magnifique ! » t'exclamais-tu en regardant à droite puis à gauche, le paysage s'étendait devant vous, tu avais l'impression d'être le maître de ciel, de pouvoir avoir un certain contrôle sur le paysage, sur la ville, comme si tu pouvais la réduire en miette en marchant dessus tellement elle te semblait minuscule. « Bowen parait si petit de haut. » Tu n'étais pas certain de pouvoir distinguer les différents quartiers de la ville à cette hauteur, la seule chose qui sortait du lot c'était la mangue géante parce que ça, tu n'avais pas l'impression que ça avait réduit. Ou alors peut-être qu'ils l'ont refait plus grosse lorsqu'ils l'ont remis en place.

Son regard balaie les alentours aussi vite qu'elle le peut tant elle est fascinée par tant de beauté. Théia ne sait pas si CJ a déjà fait quelque chose d'aussi exaltant, seul ou avec quelqu'un d'autre, mais il est évident qu'elle ne l'a jamais pu. Elle n'a même jamais oser l'espérer alors qu'au fond, elle savait très bien qu'elle aurait adoré tout ce qui touche aux sensations fortes. Là-haut, Théia pourrait pleurer de joie. Elle a mal aux joues à force de sourire, elle en oublie tout. Le séisme, l'opération, ses pensées se vident pour laisser les images de ce magnifique paysage s'encrer toutes dans sa tête à vie. Aux paroles de CJ, elle hoche la tête et regarde en effet les bâtiments qui lui semblent minuscule. Elle s'imagine déjà perdre une chaussure et la voir s'écraser sur la tête de quelqu'un, là en bas. Serrant fort les tenants du parachute entre ses poings, Théia tourne la tête vers son ami pendant que ses yeux s'humidifient. « Tu sais que t'es vraiment le meilleur ? » lui dit-elle avant d'à nouveau porter son attention sur ce qui fait battre son coeur à toute vitesse. Elle ne se sent pas en danger, même si elle sait qu'elle est censée y aller doucement. Faire attention quand elle pratique du sport, ne pas consommer de drogues, toutes des recommandations que son médecin lui a prescrites et qu'elle lui a promis d'accomplir en croisant les doigts dans son dos. Car pour la première fois de sa vie, Théia peut enfin vivre sans se mettre de limite.

Le paysage continuait de défiler sous vos yeux, le ciel était presque bleu nuit, le soleil couchait ses derniers rayons, le rouge orangé allait disparaître jusque demain matin lorsqu'il se lèverait à nouveau. C'était tout simplement à coupé le souffle. Théia te disait que tu étais le meilleur et tu te contentais de sourire simplement. Tu n'étais pas trop vantard, tu n'étais pas le meilleur, tu avais juste su trouver la bonne idée, lui faire plaisir sans la mettre trop en danger. « Prête à redescendre sur terre ? » demandais-tu en la regardant. Le voyage avait été agréable, la sensation de voler dans les airs, de pouvoir effleurer du bout des doigts les nuages, d'être immense. Tout ça allait prendre fin dans quelques secondes. Ce qui était dommage dans ce genre de sensation c'était qu'il fallait que ça s'arrête à un moment. La fin ne te faisait jamais plaisir, tu aimerais que ça dure toujours plus, mais tu en avais eu pour ton argent. T'étais d'autant plus gagnant que cette activité avait plu à ton amie. En parlant d'elle, tu dessinais un sourire sur ton visage alors que vous veniez de vous reposer dans le bateau, tout en douceur, comme des petites fleurs en cristal. Tu détachais la sangle de sécurité pour vous libérer tous les deux de l'emprise du harnais. « Ça va ? » Tu avais le coeur qui battait encore à toute vitesse, des étoiles dans les yeux. Tu réalisais que c'était fini puisque le bateau venait de regagner le ponton et qu'il était temps pour vous de vous lever et de remonter le long de la plage. Peut-être profiter pour faire autre chose, il faudrait voir ce qu'elle aimerait faire maintenant.

Pourtant ce qu'elle lui dit, elle le pense réellement, et pas seulement parce qu'il vient de réaliser un ses rêves les plus fous. CJ a toujours été si gentil avec elle, si prévenant, et Théia aurait tant aimé pouvoir lui rendre autant que ce qu'il lui donne. N'en ayant pas été capable autrefois, elle se promet de se rattraper plus tard et d'être pour lui une aussi bonne amie qu'il est un excellent ami pour elle. Ses paroles la tirent de ses pensées, et elle hoche la tête après avoir admiré une dernière fois le paysage autour d'elle. Théia a la chair de poule à cause du froid de l'air, mais aussi grâce à toutes ces sensations que produit cet envol dan l’entièreté de son corps. Et bien qu'elle se soit fortement amusée, toute bonne chose a une fin. Ils redescendent lentement, tels deux oiseaux qui se laissent glisser sur la surface d'un lac. Retirer le harnais de sécurité lui donne une sensation de légèreté étrange, comme si elle était sur le point de s'envoler à nouveau mais sans rien pour la retenir. CJ lui demande si ça va, pourtant la réponse est évidente vu la lueur qui illumine son regard. « Carrément ! C'était génial ! » s'exclame-t-elle alors qu'elle a encore les mains qui tremblent un peu sous l'effet de l'adrénaline. D'un geste rapide de la main, elle recoiffe sa tignasse emmêlée avant de nouer ses cheveux en une longue queue de cheval, les faisant tenir grâce à un élastique qui entourait son poignet. « Toute cette aventure m'a carrément ouvert l'appétit ! Tu crois qu'ils vendent des trucs bien gras dans le coin ? » Elle se tourne vers lui avant d'ajouter « Sauf si tu fais attention à ta ligne, avec la danse, tout ça. » Elle hausse un sourcil, sans le juger mais espérant tout de même qu'il ne la forcera pas à se contenter d'un repas trop équilibré.

Elle était contente. Toi aussi. Tu n'avais pas eu le temps de faire ça depuis longtemps. De prendre le temps de pratiquer une activité physique qui procurait des sensations fortes. Tu n'étais pas un grand fan de sport mais pour le coup, c'était bien la seule chose qui pouvait t'attirer dans une activité physique. Le frisson que ça te provoquait. Comme la danse. Tu en avais la chair de poule à chaque moment, à chaque pas. C'est d'ailleurs pour ça que tu avais repris. Tu esquissais un sourire à sa question, hochant la tête avant de lui répondre. « Je pense que oui ! » C'était Bowen, pas Los Angeles mais tu pensais qu'il pourrait toujours y avoir un truc d'ouvert et si jamais elle avait vraiment les crocs, tu pourrais l'emmener chez toi et lui faire plaisir. Ton frigo était rempli à ras bord de bouffe, tu trouverais bien de quoi satisfaire sa faim. « Ne t'en fais pas pour ma ligne, je trouverais un moyen de brûler les calories sans problème. » Tu esquissais un nouveau sourire, vous étiez presque arrivés en haut de la plage. Bientôt à vous le centre-ville et les divers restos. En espérant que tout soit encore ouvert. Mais avant même d'y arriver, tu allais la sonder, histoire d'avoir une idée de quoi chercher. « Hot-dog ou burger ? Sauf si tu préfères une pizza ? » Les trois t'allaient, ce n'était pas toi qui allait jouer au difficile. Tu mangeais de tout, sans problème. Merci les voyages. Tu avais pu découvrir de nouvelles saveurs et tu avais pu apprendre à cuisiner certains aliments que tu ne connaissais pas forcément. Comme le chou. Il y avait tellement de façon de décliner le chou que tu savais l'apprécier maintenant et que tu étais tout aussi capable de le cuisiner de dix façons. Mais ce n'était pas la seule chose que tu savais faire.

Doucement, elle pense à reprendre le sport. Elle ne veut plus utiliser des excuses comme "je suis fatiguée", ou "ce n'est pas bon pour mon coeur". Elle veut vivre Théia, pouvoir se mettre à courir sur le sable de la plage de Bowen si l'envie lui prend, être capable de vivre tout genre de sensations fortes et d'en avoir le coeur serré par excitation, pas à cause d'une possible crise cardiaque. Et même si cela lui coûtera trente années de sa vie ou plus, et bien tant pis. Au moins, elle en aura vécues quarante au maximum de ses capacités. L'affirmation de CJ fait s'étirer ses lèvres en un immense sourire. « Super ! Je deviens désagréable quand j'ai faim, comme ça t'es fixé. » Elle lève vers lui un visage aux airs angéliques, bien qu'elle s'imagine très mal commencer à s'énerver sur lui après toutes ces sensations qu'il vient de lui offrir. Là, tout de suite, Théia se sent vraiment bien. Elle est heureuse, heureuse d'être en vie et heureuse de pouvoir passer des moments comme celui-ci avec son ami malgré les malheurs qui se sont abattus sur la ville. Il lui confirme qu'il saura brûler ces dites calories, et elle se remémore qu'il danse et qu'il lui a même offert une démonstration il y a quelques mois. Ce souvenir la fait sourire un peu plus. « J'ai pas intérêt à me laisser aller de ce coté-là, je peux plus utiliser l'excuse du traitement pour éviter le sport. » Elle regarde son ventre plat, s'imaginant avec des bourrelets qu'elle n'a jamais eus. « Si je deviens grosse, tu me rouleras hors de chez moi pour partir en balade ? » demande-t-elle avant de lever les yeux vers lui le plus sérieusement du monde. Même si la question est drôle, ce sera un nouveau train de vie auquel Théia va devoir s'habituer. Une fois plus près de la ville, CJ pose la question qui suffit à déjà la faire saliver. « Tu me posais une colle, jusqu'à ce que tu prononces le mot magique. Pizza, » ajoute-t-elle en plissant les paupières comme un chaton dont on caresse le haut du crâne. Sans même attendre son approbation, Théia marche d'un pas décidé vers la pizzeria la plus proche.

« Alors on sera deux grincheux ! » ajoutais-tu en rigolant. Tu n'aimais pas avoir faim, tu n'aimais pas attendre pour manger. Pourtant tu avais connu des cultures où tu n'avais pas à manger à ta guise, c'était un luxe que tu pouvais te payer dans cette vie parce que tu en avais les moyens. Tu ne gagnais pas grand chose, mais ce que tu avais, des millions de gens aimeraient l'avoir. Tu ne demandais pas grand chose de plus qu'un toit et un ventre plein. « On peut s'y mettre doucement à deux, si tu veux ? » proposais-tu en retrouvant ton sérieux. Tu n'étais pas un très grand sportif mais parfois tu voulais t'y mettre. Tu prenais souvent de la sensation, mais rien qui ne pourrait te faire maigrir ou encore moins de te muscler. Alors pourquoi se mettre avec elle pour faire du vélo ou du footing. « Si tu deviens grosse, je ferais mon possible pour t'aider à vivre ta nouvelle vie et si ça ne te plait pas, on fera tout pour la changer. » affirmais-tu avec un léger sourire. Tu te voyais bien lui installer un escalier électrique avec un fauteuil comme pour les vieux. Et les fauteuils à moteur pour se déplacer dans la rue. Tu pouffais de rire rien qu'à ces pensées. « Partons pour une pizza dans ce cas. » Elle était partie comme une fusée lorsqu'elle avait accepté l'idée de manger une pizza. Tu te mettais à trotter légerement pour réduire la distance entre vous. Tu la rattrapais tandis qu'elle dans la pizzeria. Tu l'emmenais vers une table pour s'installer en face d'elle. Un serveur venait vous saluer avec les menus. « Qu'est-ce qui te ferait envie ? » Tu attrapais la carte pour y jeter un coup d'oeil, sans savoir ce que tu allais choisir.