(Libell) Stay away from me.

J’en voulais à la Terre entière. Pas à Jeremy et pas à ce gamin. Ils ne savaient rien, eux. Mais j’en voulais à Eibell. Elle était venue me voir il n’y a pas longtemps avec des cadeaux. On avait discuté, je lui avais parlé de Jeremy, du fait que pour la première fois de ma vie, j’étais amoureuse de quelqu’un. Et elle m’avait dit : méfie-toi. Ma paranoia et mon manque de confiance me disaient que c’était pour le récupérer. Car elle le voulait pour elle toute seule. Alors sans le dire à mon copain, confiant Mélodie à un ami, je suis allée chez Eibell. Comme j’étais allée chez Sawyer l’autre soir. Je toque chez elle sans me soucier qu’on puisse me voir ou autre. Et dès qu’elle ouvre la porte, je lui flanque un coup de poing dans la figure. « Ça c’est pour m’avoir menti toutes ses années, crachai-je à son visage. » Puis, je lui lance les cadeaux qu’elle m’a fait et qui atterrissent à côté d’elle. « Ne t’approche plus de ma famille. Jeremy, compris.»

Je pense qu’Eibell était maintenant sur ma liste de gens que je pourrais buter. N’oublions pas que la malade mentale qui m’a enlevée m’a séquestrée comme Mère Gothel et a fait de moi une sociopathe. Enfin quasiment. Je dirai que je suis sociopathe dans le sens où je n’ai aucune notion du bien et du mal. Je pourrais saigner cette conne à blanc rien que pour m’avoir menti. Tandis que je lui fais face, elle me fait vomir. J’ai envie de lui gerber dessus. « Non. » Je lui en remets un, prête à en découdre. « Tu te fous de ma gueule ? On s’est toujours tout dit, Eibell. Tout. Tu savais ce qu’on m’a fait subir et toi, pauvre conne que tu es t’as pas trouvé le moyen de me dire « hé, j’ai un gosse. » Je fous mon poing sur les hanches avant de me retenir d’aller plus loin. « Ah et ça a pas effleuré ton esprit de gourdasse décolorée quand je t’ai dit que je sortais avec Jeremy Strauss QUE T’AVAIS BAISE AVEC. » Rien à lui reprocher, rien à lui reprocher. J’éclate de rire avant de la pousser de nouveau. « T’aurais pu détruire mon couple, espèce de salope décérébrée. Ça je peux te le reprocher. Je suis devenue maman et t’étais là, t’as rien dit. Je peux te le reprocher. Putain Eibell, je suis Squirrel la hackeuse la plus recherchée sur cette putain de planète si quelqu’un pouvait comprendre c’est bien moi. » J’en ai encaissé des coups. Dans les deux sens du terme. La maltraitance physique et psychologique. Le viol à l’âge de seize ans, le conditionnement. Je suis sans doute une des plus grandes malades mentales présentes à Bowen. « Je suis pas ton amie. Tu m’aurais dit pour Jeremy, pour le bébé si j’avais été ton amie. La dernière personne à m’avoir menti, j’ai fini à l’asile, enceinte et toute seule. Et je te garantis que si je te vois parler à Jeremy, le toucher, même le regarder, enfant ou pas, je te saigne à blanc. Et tu sais que j’en serai capable. » Mon regard se fit de plus en plus sérieux tandis que je lançai des éclairs. Que Jeremy ait un contact avec son gamin, ok. Mais plus jamais avec cette immonde trainée. Plus jamais.