Un peu d'escalade - Libre

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En effet, c'était plus affectueux qu'autre chose venant d'Orson de donner des surnoms de ce genre-là. Il ne faisait pas dans la niaiserie, préférant laisser ça à des personnes capables de comprendre ce qu'est l'amour et de savoir le vivre. Lui, il aime plutôt sa liberté, et appeler des gens qu'il apprécie par ce genre de petit nom faisait partie de sa liberté. De plus, le petit brun n'était pas dégueulasse à regarder, en tout cas, Orson appréciait la vue. Mais il lui semblait quand même assez jeune, alors il se promit de ne rien toucher.

Orson sortit son paquet de cigarettes pour lui en offrir une et la lui alluma puisque visiblement, il n'avait absolument rien sur lui. L'écrivain se baladait toujours avec tout ce qu'il lui fallait dans ses poches, histoire de ne jamais être à court. En somme, cela se résumait à un paquet de feuilles, une petite tête de weed et un briquet, le tout, savamment coincé dans son paquet de cigarettes à moitié vide. Tout compacté pour que cela rentre toujours dans la poche de son jean. Orson leva un sourcil aux paroles du plus jeune et l'observa longuement. « C'est tout ? Et t'en as déjà marre d'être là ? Pourquoi ? Y'a plein de gens cool pourtant. » Il ne parlait pas forcément pour lui, mais c'est vrai que des rencontres, il en a eu beaucoup ici. Des bonnes comme des mauvaises, d'ailleurs. Mais la plupart du temps, elles étaient plutôt bonnes.

A ses mots, Orson fronça les sourcils et secoua la tête. « Les intellos sont pas obligés d'avoir des pustules partout, un appareil dentaire et des lunettes avec des cheveux gras, des chemises boutonnées jusqu'au menton et des bretelles ringardes. Mais je vais prendre ça pour un compliment. Du coup, je te remercie ! » Il lui adressa un large sourire avant de terminer son joint et de l'écraser sur le rebord de la falaise. Il le lâcha en entendant les paroles de Max, un peu choqué du mot qu'il avait utilisé. Et aussi pour son âge. « Attends, quoi ? Qui t'a kidnappé ? Comment ça ? Et pourquoi elle a pas voulu t'inscrire à l'école ? C'est quoi ces parents, sérieux ... » Il était si surpris qu'il en oublia de préciser son âge. Alors il se reprit rapidement et en profita pour s'allonger sur le sol en soupirant, blasé par son récit. « J'ai 22 ans. T'es bien jeune quand même ... »

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« C’est tout ? ». Le regard que je lui lance suffit à lui faire comprendre que c’est déjà beaucoup pour moi. J’exagère peut-être un peu, mais c’est difficile de me réjouir quand je sais qu’être à Bowen est l’ultime conséquence des bouleversements que j’ai vécu au mois de mai : la mort de mes parents adoptifs. Putain, je m’y ferai jamais je crois bien. Savoir que j’ai été adopté, c’est pire que de se recevoir un coup de massue dans la tronche. Les Boweniens ne sont en aucun cas responsable de ma mauvaise humeur, ni de ma non intégration, c’est moi qui fait tout pour ne pas me lier. A part avec Fleur, mais ça c’est une autre histoire, on a les mêmes racines. « Je n’ai pas envie d’être là. Difficile d’aller vers les autres quand on a qu’une envie, s’est d’être ailleurs. » dis-je doucement, et malgré moi, plus sérieusement. « je remets pas en cause les autres » marmonnais-je avant de reprendre une taffe de ma clope qui s’était considérablement consumée.

Tiens. On dirait qu’il est limite vexé. Je souris à la description qu’il dépeint des intellos. Très cliché séries américaines je trouve. Mon air narquois prends le dessus, et je lui balance. « Je parlais de ta consommation de joints et de ton côté connard…. » le raillais-je un peu. « Mais maintenant que tu en parles, j’suis sur que les bretelles ringardes t’iraient bien au teint. » continuais-je sur ma lancée.

La discussion finit par parler d’Eibell. Pas vraiment étonnant quand on sait que c’est à cause d’elle que ma vie à voler en éclat. « Eibell… J’ai fini par découvrir que j’avais été adopté et que c’était ma mère biologique… Juste après, mes parents sont morts et elle m’a amené ici. Depuis, j’habite chez elle, mais disons que… moins on se voit, mieux je me porte. Et je ne sais pas pourquoi. P’tre qu’elle l’a fait, mais en tout cas, elle ne m’a rien dit. » grognais-je de mauvaise humeur rien qu’à penser à elle. « Enfin j’ai pas envie de parler de ça. » grognais-je avant de repartir sur une conversation plus légère. « Bien jeune ? Euh ouais, m’enfin… J’suis pas un gosse non plus. Tu croyais que j’avais quel âge ? » lui demandais-je avant de prendre une dernière taffe de ma cigarette.

Après cela, j’écrasais comme lui le mégot sur le bord de la falaise, mais je gardais celui-ci dans mes mains pour le mettre plus tard à la poubelle. Réflexe de montagnard. « Oh, mais c’est que tu es un papy toi ! » dis-je moqueur en découvrant son âge.

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Orson ne comprenait pas bien les gens qui fuient un endroit en particulier sans même le connaître. Lui, il aimerait voyager partout tout le temps. Il en avait la possibilité, ce n'était pas les moyens qui manquent, mais il avait aussi quelques obligations ici. Du genre, ses études, ses amis, sa famille. Sa famille loin d'être stricte d'ailleurs, mais il n'avait pas très envie d'aller trop loin sans elle. Il écouta attentivement ses paroles en tentant de deviner la raison pour laquelle il n'avait pas envie d'être ici, mais désespéra bien vite de chercher et préféra poser la question. « Pourquoi t'as pas envie d'être là ? Ouais, j'avais deviné que tu remettais pas en cause les autres. Mais quand on n'aime pas un endroit, et qu'on est obligé d'y vivre, il faut voir le bon côté des choses. » dit-il en haussant les épaules.

Restant quelqu'un d'assez fier, Orson ne s'imaginait pas autrement que comme il était. Alors lui dire que pourtant, il n'avait pas la dégaine d'intello revenait à lui dire qu'il devrait s'y mettre pour qu'on le reconnaisse un peu plus facilement. Il adressa son majeur au jeune et leva les yeux au ciel. « Le jour où tu me vois porter ces ... Trucs, c'est que j'ai forcément perdu à un jeu. » Bien qu'il ait un style assez simple - dans le genre jean T-shirt basket -, il savait quand même quelques trucs en rapport avec la mode. Et lui imposer de mettre des bretelles serait comme lui brûler la peau au troisième degré.

Quant à cette histoire de kidnapping, Max se mit à lui raconter son histoire qu'Orson écouta avec attention. Les sourcils froncés montrant sa concentration, il réfléchit un peu. « Ah, c'est donc pour ça que t'as pas envie d'être là. Par contre, le fait qu'elle t'inscrive pas à l'école, ça me fout en boule. C'est important, quand même. » Il se tut ensuite, décidant de faire mourir ce sujet de conversation puisque son interlocuteur n'avait pas très envie d'en parler, ce qu'il respectait. Il finit par s'allonger sur le sol, soupirant légèrement puis haussa de nouveau les épaules. « Je sais pas. 18 ans ? Dans ces eaux-là. » Bon, il faut dire aussi qu'Orson n'est pas très très bon aux devinettes en ce qui concerne les âges. Il va toujours soit faire plaisir en rajeunissant, soit blesser en vieillissant. « Le papy t'emmerde, petit con. »

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La conversation prenait une tournure étrange : sérieuse et presque civilisée. La question qu’il posa était censée. Je n’avais rien contre Bowen et dans d’autres circonstances, j’aurais presque était heureux de visiter l’endroit. Mais voilà, les raisons de ma venue en Australie ne me motivaient pas à apprécier l’endroit à sa juste valeur. « J’suis pas ici par choix. Difficile d’apprécier l’endroit quand on connait les circonstances qui font que je me retrouve ici. » commençais-je honnête, « T’es du genre optimiste toi. Tu vois plutôt le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. » constatais-je presque surpris. Enfin, tant qu’on parlait pas pas de tenue vestimentaire. C’était visiblement un problème à en croire le doigt d’honneur qui me fait clairement sourire. « Intéressant. Donc… Je sais ce qui me reste à faire pour te voir porter des bretelles. » ricanais-je. J’avoue que ça me botterait le voir avec des bretelles juste pour lui faire ravaler sa fierté.

J’hausse les épaules, pas vraiment intéressé par les cours pour le moment. C’est pas le plus important pour moi et je comprends pas pourquoi ça met l’enfoiré dans cet état. « Relaxe enfoiré, c’est pas la fin du monde » dis-je sur un ton détaché. J’étais moins à cheval sur l’école personnellement. Je m’étais jamais permis de sécher les cours bien sur, ma mère (adoptive) m’aurait probablement tué, mais là, j’avais de compte à livrer à personne, alors j’étais tranquille. « c’est que des cours… Et puis… suivre des cours en anglais… je pense que je péterais un cable. » dis-je amusé. Je parlais anglais oui, mon père avait toujours parlé anglais à la maison me permettant d’être bilingue, mais j’en oubliais pas pour autant que j’avais jamais suivi des cours en anglais, et je doutais d’arriver à suivre. Bien sur, j’allais jamais, Ô grand jamais, l’avouer à l’enfoiré. « 18 ans ? Ah quand même, je savais pas que je faisais si vieux. Enfin p’tre que je pourrais me bourré la gueule du coup sans avoir d’emmerde. C’est quoi l’âge légal pour boire de l'alcool en Australie ? » commentais-je intéressé. Et bien entendu, la dernière phrase d’Orson me fit sourire. « Je sais. Et je suis toujours là pourtant… Comme quoi… M'emmerder ne suffit pas à me faire fuir. » lui fis-je remarqué en le regardant, moqueur.

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Il est vrai que parfois Orson pouvait être surprenant. Un moment, il était insolent, mais l'instant d'après, il pouvait être le plus sérieux du monde. Il y avait des sujets sur lesquels il ne voulait jamais rire. La famille pour lui, c'était très important. Alors de voir que quelqu'un comme Maxim ne pouvait pas bénéficier d'une famille stable provoquait en lui une certaine peine mêlée à un peu de rage. Cette histoire de kidnapping ... Qui n'en était pas vraiment un puisqu'il s'agissait de la loi. Mais il n'aimait pas trop sa situation et tentait fort de se mettre à sa place. C'est bien pour ça qu'il devint si sérieux. « Essaie de découvrir la région pour choisir d'être ici alors. Y'a plein de gens cool qui te feraient oublier tes malheurs. T'as une famille que tu peux pas choisir mais tu peux t'en construire une autre que tu choisiras bien. » Orson tenta de le conseiller, il se disait seulement qu'il était dommage de vivre dans une si belle ville sans l'avoir choisi et d'en vouloir au monde entier pour ça. Ca ne ferait que gâcher des années de sa vie, des années qui pourraient être belles malgré tout. « Ouais voilà. Quand il est à moitié plein au moins ça veut dire qu'il reste de l'alcool quelque part. » Un petit rire de sa part allégea la conversation, il sourit ensuite et lui lança un coup de poing très léger dans l'épaule. « Braces are lava. »

Ils se mirent à parler de cours, et Orson ne supporta pas bien l'idée que ce petit con se retrouve sans cervelle et sans une once de culture générale. Allongé sur le sol, il soupira longuement et fronça les sourcils en secouant la tête. « Mais t'es déjà un petit con. Soit au moins un petit con instruit, bordel ! » Bon, il le taquinait un peu mais c'était tout de même important pour lui. Cependant, il n'avait aucune envie de commencer à se prendre la tête pour une histoire d'études, ça ne le concernait pas vraiment de toute façon. Orson finit par se redresser et le regarder en fronçant de nouveau les sourcils. « C'est 18 ans, justement. C'est vraiment dommage que tu ne les aies pas vraiment, du coup ... » Dit-il ensuite d'un air innocent. Il se releva complètement et s'étira un moment avant de regarder autour de lui. « D'ailleurs j'ai soif, ce serait pas mal que tu m'offres un verre pour me remercier de t'avoir sauvé de ce connard qui t'agrippait la jambe. »

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L’enfoiré avait raison, je ne pouvais pas choisir ma famille biologique, mais je pouvais toujours choisir d’en construire une autre. Ce que j’aurai fait si j’étais resté en France. Ici, tout était plus compliqué. Je ne connaissais personne, je n’avais aucun lien avec la communauté, et l’idée de perdre mes amis en plus d’avoir perdu mes parents adoptifs, c’était juste presque insurmontable. Mais ce n’était pas comme si j’avais le choix de toute façon. Je n’avais aucun moyen de repartir en France ou même de quitter la ville. L’ambassade française se trouvait à Canberra, à environ vingt trois heures de route de Bowen. « Donc, c’est ça ta solution ? Accepter d’être ici et faire avec ? » grognais-je plus par dépit que mauvaise humeur. « Le problème, c’est que pas tout le monde apprécie la présence d’un petit con, tu vois. Toi, t’es à part… T’es un enfoiré. On fait la paire visiblement. » lançais-je un brin moqueur. Je devais admettre que mon caractère d’asocial ne me facilité pas ma tâche d’adaptation.

Sa vision du verre à moitié plein me fait sourire malgré moi. Sourire qui se transforme en grimace lorsqu’il me frappe l’épaule. Pas qu’il a de la force, mais… merde ça fait un peu mal quand même. Et la, il baragouine quelque chose et je ne trouve rien d’autre à répondre que « Hein ? A tes souhaits ? » ma tête doit lui faire comprendre que j’ai pas compris ce qu’il avait dit, c’est probablement du latin ou une connerie de ce genre…

Et ça n’y coupe pas. De petit con, il faut que je sois instruit. Au pire, je reste le petit con, et lui l’enfoiré instruit, parce qu’il faut se rendre à l’évidence, j’aime pas l’école. J’suis pas mauvais non plus hein, mais disons que j’en fais pas ma priorité. « Bah, au pire, tu me donneras des cours pour m’instruire…Je vois bien ça d’ici. Comment préparer un joint en dix secondes. Comment acheter de l’alcool sans avoir l’âge requis… » Je le regarde amusé par la situation. « Et ? C’est pas parce que j’ai pas dix-huit ans que je peux pas boire… Faut juste qu’une personne majeur achète pour que je puisse consommer… Ou sinon… des faux papiers… » suggérais-je sérieusement.

Il est sérieux là ? Je le regarde abasourdi par le toupet dont il fait preuve. « Je te signale que je t’ai aidé à reprendre équilibre lorsque tu as décidé de te prendre pour spiderman et que tu as failli te viander. » lui rappelais-je presque vexé qu’il ait oublié cette partie là. « mais soit, si tu veux… je paies, mais tu passes commande pour que je puisse avoir une bière, marché conclu ? » dis-je sans me laisser démonter. Je finis par me lever, quittant le rebord de la falaise avec précaution. Avant toute chose, faut revenir à la plage pour que je récupère mes affaires.

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La situation de Maxim avait l'air très compliquée. Trop compliquée pour qu'il ne puisse y remédier tout de suite, en tout cas, Orson constatait qu'il n'avait pas tellement envie d'y remédier. « Oui, c'est ça ma solution. » Et lorsque Max évoqua qu'Orson était un être à part, ce dernier rit aux éclats avant de reposer son regard sur lui. « Tu me fais rire. Viens dans ma bande si tu veux, tu verras qu'il y a plein de gens comme toi et moi dans cette ville aussi pourrie soit-elle pour toi. » C'était une proposition comme une autre, libre à lui de la refuser ou non. « Mais si tu viens, je te préviens, on fait souvent des soirées. Peut-être que tu pourras chercher une minette ou un minet à ton goût là-bas. Non, en fait c'est certain. » Orson sourit, lui ne revenait pratiquement jamais seul de ces soirées là, et il n'en était pas mécontent.

Il rit de nouveau en entendant Max qui ne semblait pas comprendre ce qu'il avait dit. Orson s'expliqua alors. « Les bretelles sont de la lave. En référence au jeu en vogue, tu connais ? The floor is lava. Quand tu entends ça, il faut te percher, parce que le sol devient de la lave. Enfin, dans notre imaginaire, ce n'est qu'un jeu. Mais c'est assez comique en réalité. » Il haussa les épaules. Ce jeu pour lui était fun, car avec ses amis, cela pouvait arriver n'importe quand, même au magasin. Et dans ces cas-là, il était compliqué de trouver une plateforme en hauteur sans foutre un gros bordel pas possible et se faire virer.

Vint la discussion sur les cours. Orson était meilleur élève qu'il ne semblait l'être au premier abord. Il aimait étudier, se cultiver, pourtant, il gardait inébranlablement cette image de sale con dragueur et mauvais perdant. Oh non tu te trompes, petit con. Si je te donne des cours pour t'instruire, tu risque de t'emmerder autant qu'à l'école. Enfin, peut-être un peu moins, finalement. » Un sourire aux lèvres, il haussa de nouveau les épaules. « Mh ... Mauvaise idée pour les faux papiers. Mais je peux acheter de l'alcool et me le faire "voler" par un inconnu qui m'offrirait un verre ensuite. » Il lui fit un clin d'oeil complice. Après tout, entre petits cons, il faut bien s'entraider. D'ailleurs, lui-même proposa une entraide qu'Orson ne pouvait refuser. « Marché conclu. On descend en rappel ou on emprunte le p'tit sentier pour les mauviettes ? »

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L’enfoiré. Nous venions juste de nous rencontrer. Une rencontre assez houleuse aux premiers abords. J’admets avoir voulu lui en coller lorsque nous grimpions la falaise, et maintenant ? Et bien… Il m’apparaît différent, sympathique. C’est pas pour ça que je vais l’appelé différemment, j’ai ma fierté, et renoncé à l’appelé enfoiré revient à admettre que je l’ai jugé trop vite et que j’ai eu tort. J’en suis pas encore là ! « T’as bande, ils sont tous aussi vieux que toi ? ». Vieux ? Tout est relatif, pas vrai ? Par rapport à toi, ils sont vieux, c’est sur. Et le ton moqueur ne trompe pas. Par contre, je reste quelques secondes surpris par la suite de sa phrase. Contrairement à lui, je n’ai aucune expérience à mon actif. Jusqu’à maintenant, je passais mon temps libre à parcourir les montagnes, et quelques fois, je traînais avec mes potes, mais j’avoue ne m’être jamais intéressé aux filles. Et je reste interdit lorsqu’il mentionne une possible attirance envers les hommes. Là non plus, je n’y ai jamais songé. Ça me paraît bizarre, et ça me met un peu mal à l’aise. Le silence qui règne depuis un certain temps à du faire comprendre à l’enfoiré mon inexpérience dans ce domaine qu’est la séduction et tout ce qui va avec. Je cherche quelque chose à dire pour masquer ma gêne, mais rien ne vient. Quel con je suis quand même. Je rougis, la honte.

Il m’explique l’allusion au jeu en vogue. Un jeu qui n’a pas du atteindre le bled d’où je viens car je connais pas. Je ne vois pas tellement ce qui a de marrant, peut-être qu’il faudrait que je vois des personnes y jouer pour réaliser. « Je vois. Non, c’est la première fois que j’en entends parler » lui dis-je en le regardant. En parlant des cours, il semble avoir une très haute estime de lui-même. Ça me fait sourire. « Et pourquoi ça ? Tu penses que t’es capable de m’apprendre plus de choses qu’à l’école ? » me moquais-je narquois. « ça va les chevilles ? » ajoutais-je en baissant mon regard vers ses pieds. « Je suis sur que je m’endormirai avec toi en prof. » dis-je en le provocant un peu.

Nous nous mettons d’accord sur l’alcool. Braver les interdits, c’est marrant, même quand y a personne pour nous engueuler si on se fait prendre. Je compte pas sur Eibell pour ça, c’est sur. De toute façon, j’en ai rien à carrer de ce qu’elle pense. « Ca marche, on y va. » dis-je en m’apprêtant à suivre le sentier. Il me propose de descendre en rappel, suggérant que le sentier c’est pour les mauviettes, je le dévisage et il comprends que je suis clairement entrain de me foutre de sa gueule. « Et avec quoi tu veux descendre en rappel enfoiré ? Pas d’équipements… » lui rappelais-je hilare. « Puis si le sentier c’est pour les mauviettes, tu te sentiras dans ton élèment » balançais-je moqueur.

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