Ce n’était sincèrement pas un début de journée rêvé pour Lily-Rose. Elle s’annonçait sous le signe des galères et de nombreuses contrariétés. Pour commencer, elle n’avait plus d’eau chaude. Son plaisir du matin était de prendre une douche brulante, pas longtemps bien sûr, juste le temps de se réveiller et de se laver ce qui ne prenait pas plus de dix minutes – elle pensait évidemment à sa consommation d’eau. Mais ce matin, sa douche ne prit que trente secondes tout au plus. Lorsqu’elle s’aperçue qu’il n’y avait plus que de l’eau glacée qui s’écoulait depuis le pommeau, elle s’était très rapidement mouillée, lavée et rincée. Là c’était sûr, ça ne serait certainement pas la journée qui lui coûterait le plus cher dans la consommation d’eau. Encore toute savonneuse, elle s’essuya du mieux qu’elle le pouvait, et tenta de consulter sa messagerie. Pas de chance, son portable avait décidé de refaire une crise et de refuser de s’allumer.
« Merde. » s’exclama-t-elle en balançant son portable dans son sac. Il était peut-être grand temps de le changer, après trois ans de bons et loyaux services. Mais elle verrait ça plus tard. En jetant un coup d’œil à l’horloge dans sa cuisine de misère, elle décida d’appeler son propriétaire – oui à huit heures du matin – pour tenter de négocier une rapide réparation de la chaudière. Après une demi-heure de débat, elle réussit à obtenir gain de cause et avait rendez-vous avec le réparateur le lendemain. Bon, elle pouvait survivre sans eau chaude d’ici-là, heureusement qu’elle n’avait pas décidé de faire son grand ménage mensuel de son appartement cette semaine.
L’heure de son travail de baby-sitter approchant à grands pas, elle décida de se préparer pour se rendre chez sa patronne. Elle attrapa son manteau, ses clefs d’appartement et jeta un rapide coup d’œil dans le miroir avant de partir. Lily se trouvait acceptable. Suffisamment prête pour aller travailler chez les Rhodes du moins. Elle n’avait pas besoin de se maquiller à outrance pour simplement garder une petite puce de trois ans. Pas comme Arielle Rhodes qui passait minimum une heure dans la salle de bain simplement pour aller chercher le pain – si évidemment ce n’était pas à Lily d’aller le chercher. Rien que de penser à sa patronne, la brunette leva les yeux au ciel. Heureusement elle aurait certainement des rendez-vous à des castings, dont elle échouerait sans doute l’entretien pour ensuite se plaindre auprès de son agent pendant trois heures, alors que sa fille attendrait qu’elle s’occupe d’elle. Bref.
Sur le chemin, Lily-Rose tenta en vain d’allumer son portable. Etant donné que sa journée du lendemain serait son jour de congé dans le baby-sitting, elle pourrait sans doute faire un tour en ville pour en acheter un neuf. D’ici-là, elle se retrouvait coupée du monde, n’ayant aucune opportunité de prévenir qui que ce soit avant son rapide retour dans son appartement, avant de repartir bosser au bar.
« Tant pis » se disait-elle, alors qu’elle arrivait enfin à la maison des Rhodes. Une imposante maison, tout comme sa propriétaire et son ignoble chat. Imposante au niveau du caractère hein, quoi que ça présence physique était elle aussi presque insupportable pour la jeune femme. Mais elle n’avait pas le choix, c’était son deuxième gagne-pain pour économiser de l’argent en cas de soucis majeur. Même si elle vivait dans un appartement miteux, peu de personne savaient qu’elle pourrait se payer mieux si elle le voulait. Mais grande économe depuis l’enfance, elle gardait tout dans un compte en banque, attendant le moment où elle en aurait vraiment besoin. Pour l’instant elle se débrouillait parfaitement avec ce qu’elle se donnait, pourquoi en utiliser plus ? Elle ne vivait pas dans l’excès, elle.
Arrivée à la porte de la maison, elle appuya sur la sonnette. Moins de quelques secondes plus tard, une véritable furie apparue devant Lily, qui se retint de faire une quelconque réflexion sur l’habituelle mauvaise humeur de sa patronne. Néanmoins, à regarder son accoutrement, ses cheveux sans volume et son absence de maquillage de starlette, Lily se doutait qu’il se passait quelque chose. A cette heure-ci, Mia serait déjà en train de courir vers elle, et Arielle serait sur le départ, et son abrutit de chat se prélasserait sur le canapé comme un sac à pomme de terre. Ce changement de situation ne lui valait rien de bon.
« Tu ne lis pas tes messages ? Je viens de t’envoyer un pour te dire de ne pas sonner. Mia a été malade toute la nuit. Elle dort depuis heures tout juste ce n’est pas le moment de la réveiller. » Le cœur de Lily fit un saut dans sa poitrine. Mia malade ? Avec cette pauvre cruche pour s’occuper d’elle ? Elle fit de son mieux pour garder son calme, bien qu’elle n’avait aucun mal à considérer Mia comme sa propre fille. Après tout avec tout le temps qu’elle passait avec elle, elle l’avait vu grandir comme toute bonne mère devrait voir grandir ses enfants. Tout en entrant dans l’antre du dragon, Lily répliqua.
« Mon portable m’a lâché ce matin, je peux le changer que demain. Qu’est-ce qu’elle a ? » La jeune femme se permit de retirer son manteau et de le mettre sur la chaise près de l’entrée, comme elle en avait l’habitude. Elle se tourna ensuite vers Arielle, attendant sa réponse de pied ferme, refusant d’admettre l’idée qu’elle devrait passer la journée avec cette pimbêche.
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