I'm used to you bad mood (Theodore)

L’affaire Kelly commençait à lui prendre bien la tête. Terrence n’était pas simple comme homme et pour autant elle l’appréciait de plus en plus. Il avait un caractère difficilement appréciable ce qui rendait le travail de Jamie plus compliqué. Rafael venait de revenir au cabinet après ces quelques mois en cure. Il y avait pas mal de boulot et Jamie avait surtout besoin d’une pause. Son cerveau ne réfléchissait plus correctement, à force d’avoir été concentrée trop longtemps sur un même problème. Elle regardait vite fait ces rendez-vous pour la journée. Le prochain arrivait dans une heure, l’avocate avait donc le temps de sortir un peu du cabinet pour aller chercher un café au magasin bio à quelques pas d’ici. « Rafael je sors, je reviens dans une demi-heure. » Disait-elle à l’entrée du bureau de son confrère et ami. Lunette de soleil sur le nez, elle sortait du bâtiment avec détermination. Elle marchait un peu avant d’aller à la boutique préférant profiter de l’air australien. Il ne faisait pas encore trop chaud à cette période, ce qui était agréable. Il y a encore quelques semaines, la canicule avait vraiment eu un impact négatif sur Bowen et sur toute l’Australie. Une fois dans la petite boutique bio, elle demandait un café allongé qu’ils servaient dans le thermos qu’elle leur avait amené. Cette pause lui fit du bien, regardant sa montre, elle se disait qu’elle avait encore assez de temps pour faire un petit détour. Alors l’avocate marchait quelques longues minutes dans les rues australiennes. Sauf qu’elle se sentait mal à l’aise, un peu comme la fois où elle s’était fait agresser en plein milieu dans la nuit. Discrètement elle jetait un coup derrière elle. Tournant dans une nouvelle rue, un homme la suivait. Jamie sentait déjà la panique monter en elle. Essayant de ne pas céder à l’angoisse elle se forçait à se dire des pensées encourageantes pendant qu’elle accélérait le pas vers le cabinet. Et une fois devant la porte, elle vit l’homme qui la suivait encore. Au final, c’était une Jamie énervée qui se retournait vers lui, l’avocate en avait marre de devoir toujours faire attention en ville. Elle lui fit face avec un regard sombre. « Pourquoi vous me suivez ? » Demanda-t-elle avec détermination.

Son agression était encore trop récente pour que Jamie ne stresse pas à l’idée d’être suivie. Tout un tas de scénario catastrophe se faisait dans sa tête. Peut-être qu’un des deux homme l’avait retrouvé, cherchant à se venger. Après tout, elle se souvenait de la scène et de la fureur de Sacha quand il les avait chasser avec son arme blanche. Bowen n’était pas si sécurisée que ça. Jamie se souvenait très bien de leur odeur d’alcool et y repenser fit naitre un frisson d’angoisse. Elle préférait ne pas trop traîner, parce que même si ce n’était pas eux, on la suivant quand même. Peut-être qu’elle devrait appeler Rafael et lui expliquer la situation. Le connaissant, il serait capable de l’attendre en bas de leur immeuble jetant un regard froid au mec inconscient qui la suivait. Sauf que Jamie était bien trop têtue et puis elle en avait marre de devoir changer son comportement pour des hommes. L’avocate des droits humains et de l’environnement n’en pouvait plus de cette politique de la terreur instaurée par les hommes. C’était l’après-midi, elle prenait son café et elle ne pouvait pas être tranquille. Toutes ces pensées sur le chemin de son bureau fit naître en Jamie un effroyable sentiment d’injustice mêlé à de la colère. Il en fallait beaucoup moins à l’avocate pour créer toute une manifestation. Elle en parlerait à Isaiah et Thomas. Peut-être que les deux hommes allaient être motivé pour créer une journée de sensibilisation de la place des femmes dans l’espace public, c’était important. Enfin pour le moment, la rousse essayait de le semer sans réussite. Elle tournait dans la rue de son bureau, la rousse aurait pu se précipiter, vite passer son badge et rentrer avant qu’il la rattrape. Mais cette fois-ci Jamie décidait d’affronter l’homme. Ce n’était pas le genre de personne intimidante Jamie. Avec ses beaux yeux bleus et son sourire d’ange, elle avait plutôt tendance à apaiser les autres. Mais elle avait un regard noir assez imposant, Thomas son frère en avait fait les frais plusieurs fois. Le brun en face d’elle se reculait un peu, ne disant pas grand-chose. L’avocate était prête à lui donner un coup de poing s’il le fallait. Jamie fut toutefois décontenancée face à la remarque du type. Ses yeux se posèrent sur son portefeuille. D’un seul coup elle comprit l’erreur qu’elle avait faite. Cet homme ne cherchait pas à l’agresser, il souhaitait juste lui rendre son portefeuille. Aussitôt son visage se redoucit. « Je suis désolée. Vraiment désolée. » Disait-elle rougissante, attrapant son portefeuille. « Merci beaucoup ! » Il avait un sourire très charmant et doux, comme pour lui signifier qu’il ne lui en voulait pas. En même temps, c’était légitime d’avoir peur. Elle relevait son sourcils à son affirmation. « Ah bon ? Vous venez voir qui ? » Il était son rendez-vous, mais elle n’avait pas encore compris Jamie vu qu’il était en avance.

Alors qu’elle se promenait pour retourner à son bureau, elle sentait l’angoisse monter en elle. Ce sentiment d’être épié et suivi lui était familier et Jamie détestait ça. Elle sentait un nœud dans sa gorge qui lui rappelait ce mauvais souvenir qui était pourtant bien ancré en elle. Parfois, la blonde détestait être une femme. Cette vulnérabilité non consenti la mettait hors d’elle. Pourtant, même quand elle essayait de s’y opposer, on aimait lui rappeler qu’elle appartenait au sexe réprimé depuis toujours. Ça la mettait hors d’elle tout en la tétanisant. Aujourd’hui, elle refusait d’être soumise à cette peur et à cet homme qui avait décidé de l’ennuyer. Pour qui se prenait-il ? Elle avait le droit d’être libre de marcher comme elle le voulait et de vivre sa vie sans qu’un homme vienne s’incruster dans sa journée. Elle avait le droit d’être tranquille. Comme elle se sentait stupide quand elle se rendit compte que cet homme n’avait en tête que de bonnes intentions. Il lui avait ramassé son portefeuille, et heureusement qu’il avait été là sinon Jamie aurait été dans une situation compliquée. Tout ses cartes importantes étaient dedans, notamment son badge pour rentrer dans le bâtiment. Rafaël aurait pu lui ouvrir, mais même il y avait sa carte professionnelle puis ses cartes de paiements. Bref une galère qu’elle était contente d’éviter grâce à ce brun qui avait un humour particulier. « Oui un peu … » Répondait-elle avec honnêteté. Elle avait eu peur, surtout que cela lui avait rappelé des souvenirs. Perdue un peu dans ses pensées et les derniers événements, elle revenait à la réalité quand le brun lui disait qu’il avait un rendez-vous à cet endroit. Jamie regardait l’heure, ce n’était pas pour elle en tout cas, elle avait encore une bonne dizaine de minute devant elle. Faux. C’était bien pour elle. Sauf qu’elle fronçait les sourcils le regardant avec sévérité. Ce n’était un certain mais une certaine. Il ne pouvait pas se renseigner avant de venir ? Il y avait assez de photo d’elle sur internet pour ne pas la confondre avec un homme. Les préjugés étaient bien ancrés chez les gens, et même si Jamie le savait, ça l’énervait parce que c’était une femme. Elle avait galéré pour en arriver là, devant travailler deux fois plus dur que ces camarades de promo masculins pour montrer qu’elle valait autant qu’eux. « J’ai entendu dire que dans ce cabinet, ils aiment les gens à l’heure. » Répondait-elle. Au pire s’il était disponible maintenant, elle pouvait le prendre en rendez-vous un peu plus tôt. « Tout à fait ! » Disait-elle en souriant. Sortant sa carte, elle le fit entrer et le guidait jusqu’à la salle d’attente. « Maitre Rankin va vous recevoir, vous pouvez attendre là. » Elle était plutôt fière de son petit coup, ça lui apprendra à tout de suite imaginer qu’il s’agissait d’un homme. Puis Jamie voulait quand même sortir le dossier avant ou du moins ce que le secrétaire avait pu avoir comme information. Kelly. Ce nom lui rappelait trop bien Terrence et elle ignorait qu’il s’agissait de son petit frère. Cinq minutes après, elle rejoignait Theodore. « M. Kelly, Maitre Rankin si vous voulez me suivre. » Disait-elle avec un sourire guidant son client dans son bureau.

A chaque fois, ça énervait Jamie qu’instantanément on pensait que les avocats étaient des hommes. Elle le savait que la société pensait comme ça, mais bon, ça faisait maintenant plus d’une dizaine d’année qu’il y avait plus d’étudiante que d’étudiant. Les femmes représentaient plus de 75% des concours de l’avocature. Au bout d’une moment, il serait temps d’arrêter avec ces a priori. Ses sourcils se détendaient quand même, après tout, elle ne pouvait pas lui en vouloir d’être comme tout le monde. Les préjugés étaient durs à faire disparaitre et ce n’était pas l’avocate qui allait changer le monde toute seule. Pourtant, elle décidait de se taire sur son identité, surtout quand elle apprit qu’il venait la voir elle. Son rendez-vous de tout de suite était très à l’heure, il gagnait des points. Heureusement pour lui vu qu’il en avait beaucoup perdu avec sa remarque précédente. « Il doit bien y avoir des gens qui préfèrent les personnes en retard. » Elle était songeuse, essayant de trouver ces personnes. Il devait bien en avoir. Ça lui rappelait qu’un de ses amis, souvent lui parlait des trains français. Peut-être que du coup eux aimaient les gens en retard. Cette pensée futile la fit sourire. Prenant sa carte, elle ouvrait la porte et guidait son rendez-vous dans la salle d’attente. Comme il était en avance, Jamie n’avait pas encore prit le temps de se poser un peu. Evidemment elle avait lu le dossier et elle avait déjà prit quelques notes. L’avocate fonctionnait toujours ainsi, elle préférait rencontrer son potentiel client. Ce n’était pas un rendez-vous amoureux mais c’était tout comme, il fallait que ça fonctionne dans les deux sens. Il lui arrivait souvent de refuser un client parce qu’elle ne croyait pas au procès ou que la personne lui semblait malhonnête. Ce n’était peut-être pas déontologique, mais la rousse s’était toujours promis de ne prendre que des affaires qui n’iraient pas à l’encontre de ses valeurs. Pour l’instant, elle avait réussi, même s’il fallait avouer que parfois elle tombait sur des clients difficiles comme Terrence Kelly. Posant ses yeux sur le dossier, il s’agissait de Theodore Kelly, peut-être le frère de Terrence. Si c’était le cas, elle espérait qu’il soit un tantinet plus agréable que son ainé. Si ce n’était pas le cas, elle ne s’en sortirait pas avec deux ours de mauvaise humeur. Ayant fini de lire en diagonale ses notes, elle se relevait, c’était le moment de se confronter à son ramasseur de portefeuille. En la voyant arriver, il souriait, plutôt amusé de cette petite leçon gratuite. « Non. C’était tentant de vous mettre à un peu mal à l’aise. » Disait-elle en souriant et riant. Elle ne lui en voulait et elle espérait qu’il le comprendrai avec son sourire. Alors qu’elle l’invitait à entrer dans son bureau, Theodore se trompait d’entrée et à la place d’arriver dans le bureau moderne de l’avocate, il se prit la porte vitrée en pleine figure. Le bruit du choc fut particulièrement violent. Ça ne lui était encore jamais arrivé ce genre de scène et Jamie ne pu se retenir de rire. Heureusement, il riait aussi une fois qu’il retrouvait l’usage de son visage. « Est-ce que ça va ? » Demandait-elle tout de même, bien que son sourire était encore visible, au bord du fou rire. « Je pense que je me suis assez vengée de votre erreur. » Elle riait. L’erreur de tout à l’heure était oubliée, après tout il venait de se prendre la vitre de son bureau en pleine figure. « Par ici ! » Elle s’esclaffait un peu, lui montrant le vrai passage. Elle essayait de reprendre son sérieux quand elle l’invitait à s’asseoir en face d’elle. Elle hochait juste la tête, ouvrant le dossier. Puis à sa question, elle relevait la tête, plutôt surprise. Pour l’instant, elle n’avait aucun plan parce qu’elle voulait savoir jusqu’où il était capable d’aller. Puis surtout s’il voulait bien d’elle comme avocate. « Je n’ai pas de plan ! » Disait-elle avec honnêteté. « Je n’ai pas assez d’information. Je veux savoir ce qui s’est passé, jusqu’où vous voulez aller, sans oublier que je ne vous ai pas donné mes honoraires. » Habituellement, ses autres clients demandaient le prix directement et puis ils détaillaient toute l’histoire de la manière la plus convaincante possible pour que Jamie accepte de prendre l’affaire. La plupart du temps elle l’acceptait.

Pour Jamie, rien n’était impossible. Parfois elle ne gagnait pas, ça arrivait assez régulièrement. Mais quand elle prenait une affaire, c’était tout son corps et toute son âme qu’elle mettait dedans. Ç’avait dû avoir été une raison de l’échec de son mariage, toujours le nez fourré dans les affaires de ses clients. Jamie était une passionnée et dans les grosses affaires il lui arrivait de s’oublier. Evidemment qu’elle accepterait l’affaire de Theodore Kelly. Après tout, elle aimait le challenge et la compétition Jamie. Elle paraissait douce mais une fois dans la salle d’audience, elle pouvait être un vrai requin. Mais elle restait elle et évidemment elle explosait de rire au moment où son client se prenait la baie vitrée de son bureau. Elle essayait de se retenir mais bon c’était le karma. « Mais quand même ! Je peux vous faire apporter de la glace si vous voulez. » Disait-elle avec un petit sourire en coin. « Café ? thé ? » Demandait-elle avant de s’asseoir. Elle préférait qu’il se sente bien surtout s’ils en avaient pour plusieurs heures. Après tout, même si elle avait bien lu le mail avec toutes les informations, elle voulait avoir sa version oralement. Ça permettait à Jamie de plus s’imprégner de l’affaire et elle pouvait prendre des notes en même temps. Elle avait fait exactement la même chose avec l’ainé de Theodore. Elle n’avait pas de plan. Elle n’avait pas rien non plus, elle savait déjà sur quel loi de baser, même si ce n’était pas simple vu que l’affaire n’était pas qu’à proprement parlé australienne. « Je vois ça ! Mais il faut savoir que ça risque d’être long. » Entre la justice australienne et américaine il y en aura pour plusieurs mois, surtout que le droit américain avait une façon très spéciale de consacrer la liberté d’expression. « Non j’ai bien vu la vidéo, vous aviez l’air particulièrement en colère. » Elle lui souriait comme pour lui montrer qu’elle ne le jugeait pas. « On peut essayer ! Après il faut vous attendre à pas mal de critique surtout de l’autre côté de l’océan pacifique. Mais je pense que vous devez le savoir, surtout que votre frère est en ce moment en train de vivre la même chose. » Elle ignorait les relations entre les deux cadets Kelly. Elle avait même évoqué Terrence pour apaiser Theodore, ce n’était peut-être pas une bonne idée. « Je vous aiderais ! Je connais quelques collègues aux Etats-Unis qui pourront nous aider pour la procédure là-bas et moi je m’occuperais d’ici ça vous va ? » Elle était enthousiaste Jamie, contente d’aider dans une affaire relative au droit à l’image.

Elle acceptait son refus. Après tout il n’était pas obligé. Jamie, elle par contre se préparait un café comme elle les aimait. En fonction du client, elle changeait de comportement. Elle restait elle, mais parfois il fallait être très professionnelle, d’autre fois il fallait être dur pour que la personne. Là, avec Theodore, elle ne savait pas encore comment faire. La vidéo, elle l’avait bien vu et même plusieurs fois pour être sûr d’elle. L’homme qui était en face d’elle était bien plus calme et apaisé que celui dans le vidéo. Il y avait bien dû avoir un raison à cet excès de colère, mais ce n’était pas à Jamie d’en déterminer la cause. Il lui demandait de l’aide et elle ferait tout pour y parvenir. « Vous pensez que cette vidéo peut avoir des répercussions pour votre profession ? » C’était un bon point, quelque chose qu’elle pourrait mettre en avant. Surtout qu’il ne semblait pas avoir d’antécédents judiciaires, à la différence de son frère. Elle ne pourrait pas travailler avec eux de la même façon. Enfin, pour l’instant Theodore avait l’air bien plus agréable que Terrence, mais c’était parce qu’elle ne l’avait pas encore entièrement découvert. Au final, ils se ressemblaient avec leur bougonnerie et leur mauvaise humeur. Elle lui confessait juste que son frère était en pleine affaire, il devait bien le savoir. Pour Jamie qui ignorait tout de leur relation, elle ne pouvait concevoir qu’une fratrie soit séparée. Thomas ? Non elle ne parlait pas de lui. Il y en avait un troisième, mais il était bien plus agréable. C’était un de ses amis à Jamie. Lui, Isaiah et elle aimaient se retrouver en manifestation pour exprimer leur mécontentement. « Vous pouvez aller voir Thomas, mais pas sûr qu’il comprenne. » Disait-elle en riant. « Il s’agit de Terrence. Aux dernières nouvelles Thomas n’a pas de problème. » Enfin elle l’avait quelque fois sortie de garde à vue à la suite d’une manifestation. Peut-être qu’elle devrait faire un forfait pour les Kelly, ils étaient bientôt ses clients les plus rentables.

HJ:

Elle écoutait ce que lui disait Theodore. On pouvait croire qu’il était facile de voir un avocat, la plupart du temps il y avait une raison. A l’université on leur expliquait que les gens remplissaient les tribunaux par des affaires sans importances qui pourraient se régler à l’amiable. Mais Jamie avait toujours jugé que chaque histoire avait son importance. Ce n’était peut-être pas le cas pour la société mais la personne qui demandait son aide avait ses raisons. Cela avait une importance pour elle. Il n’y avait pas lieu de juger ou de critiquer les choix de la personnes, parce qu’on ne savait pas ce qu’elle avait pu subir ou éprouver. Il fallait garder cette certaine bienveillance et accepter d’entrer un peu dans la vie de cette personne. Jamie essayait de déterminer dès le début les limites de la conversation qu’elle pourrait avoir avec eux. Theodore, bien que drôle semblait réservé. Puis elle connaissait Terrence et ça ne la surprenait pas de le voir aussi têtu que son frère. Ce n’était pas génétique mais ils ne pouvaient pas se renier. « Vous savez que même si on gagne, elle ne sera jamais supprimé. » Internet et son côté le plus obscur. Une fois inscrit dans les méandres de ce géant réseaux, il était presque impossible de retirer la vidéo. Elle pouvait peut-être la faire sur les sites américains et australiens si elle gagnait, mais ça s’arrêterait là. Ce n’était pas une magicienne non plus. Jamie avait toujours été honnête et si elle était payer pour faire disparaitre cette vidéo, autant qu’il sache que le résultat ne sera pas optimal. A sa grande surprise, il se refermait totalement quand elle évoquait Terrence. Jamie le connaissait mais surtout sur le point vue professionnel. Elle savait qu’il avait été emprisonné et que sa boutique risquait d’être racheté par des promoteurs virulents. Evidemment qu’elle s’était renseignée et savait donc qu’il avait deux frères. Mais elle ignorait l’ambiance qui régnait entre les Kelly et l’avocate ne voulait pas s’en mêler. « Ce n’est pas dans ma nature de parler des affaires de mes clients. » Terrence et Thomas n’en sauront rien comme Theo et Thomas ne savent pas par rapport à Terrence. Que des T dans cette fratrie, la mère était-elle fan de thé ? Sur cette pensée, Jamie faillit exploser de rire, mais elle se retenait gardant tout son professionnalisme. Ça ne l’empêchait pas d’attraper la tasse de café sur son bureau pour y boire une grosse gorgée. Il n’était pas clair. « J’espère que vous ne comptez pas partir dans les prochaines semaines. » Disait-elle en riant légèrement. Elle était douée mais pas surdouée. Il lui fallait du temps pour appeler ses confrères américains. Il fallait aussi qu’elle fasse une requête auprès du juge. Plein de choses qui prenaient un peu de temps tout de même. Au moins elle savait qu’elle serait payer parce qu’elle gagne ou non, elle allait lui faire signer un contrat d’engagement.

Internet était un poison pour ce qui était de garder les traces des pires choses. Il suffisait que ce soit posté une fois pour que le message ou la photo reste dans les limbes d’internet pour de nombreuses années. Même si elle faisait tout son possible, il y aura toujours des preuves. La responsabilité de l’émetteur pourrait être mise en jeu, mais la diffusion avait déjà été faite, c’était trop tard. Elle découvrait le lien de parenté entre Terrence et Theodore. Jamie qui trouvait cela amusant perdu vite son sourire quand elle comprit que le lien entre les frères n’étaient pas le même qu’elle avait avec son frère. Il pouvait la menacer ou s’énerver, de toute façon Jamie ne dirait rien. Elle était quand même soumise au secret professionnel et heureusement. Elle haussait un sourcil, n’appréciant pas trop la menace. « Je suis assez professionnelle pour ne rien dire, je vous demanderais donc de me faire confiance. » Elle n’aimait pas les menaces surtout que Jamie était une bonne avocate. Elle ne faisait rien qui allait à l’encontre de la déontologie à part de temps en temps pour chercher des preuves. Maintenant que les choses étaient mises au clair, elle réfléchissait un peu aux délais que prendrait cette affaire. « Il me faudra au moins 3 mois minimum. » Même si cette affaire allait devenir sa priorité, elle en avait d’autre et ses confrères également. Ce n’était pas gagné, et si elle était honnête avec elle-même, il y a plus de risque de défaite que de change de victoire. Elle réfléchissait déjà à qui elle pouvait appeler aux Etats-Unis, heureuse d’avoir des contacts là-bas. C’était l’avantage d’avoir en plus de la nationalité australienne, la nationalité américaine. Il lui posait une question, celle qui demandait sincérité. Jamie posait son stylo et soufflait. « Je ne sais pas. » C’était la vérité. « Il y a plus de risque de perdre puis ça va être long. Donc si vous voulez être tranquille vous feriez mieux d’abandonner. » Mais s’il voulait sa battre, Jamie sera là pour l’aider à avoir ses paparazzis qui pensent pouvoir enfreindre la liberté d’autrui sans conséquence.