Retrouvailles amicales (Maybelle)

Une très belle journée. Le ciel était bleu, les oiseaux chantaient, les personnes souriaient. Oh, Bowen était au paradis avec la fête foraine... bon, celle des kangourous, mais c'était aussi la fête des habitants. On entendait les enfants crier de très loin et c'était bien de les entendre rire et crier ainsi, c'était signe que tout allait bien. Le silence en revanche, c'était une autre histoire. Sebastian, lui, n'allait pas aller à la fête aujourd'hui, il avait d'autres plans plus important que de tourner dans un de ses manèges qui te rendent surexcité et en proie à des sentiments bizarres. Le jeune homme allait voir une de ses amies d'enfances, qu'il avait malheureusement presque oublié ces derniers temps. Il allait arranger la situation et renouer les liens avec Maybelle Goodwin en allant la voir où elle travaillait, au café dans le Western District. Cette fille était tout simplement sensasse, elle souriait toujours, se proposait toujours pour aider et n'hésitait pas à donner conseil. De plus, Maybelle était belle, comme le disait son nom, même si Seb la considérait seulement comme une excellente amie. À sept heures du soir tapant, sachant qu'elle terminerait son service bientôt, il se dirige vers le petit café. Une fois sortis de la voiture et celle-ci mise dans le stationnement, Sebastian rentre dans le milieu familier. Il aurait dû venir plus tôt la voir, même si ce n'était que pour un café. Ah la voilà, derrière le comptoir ! Il sourit, se donnant du courage et va se tenir devant elle, même s'il y a un comptoir qui les séparent. « Salut, Maybelle... » Dit-il avec son plus beau sourire, les mains dans les poches, heureux. Si, même s'il ne sait pas bien le montrer, il est plus qu'heureux de revoir sa tendre amie. « Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas croisés ! »

La journée touchait à sa fin et Maybelle n'allait pas tarder à finir son service. Le café était pratiquement désert et le temps commençait à se faire long. Une fois les commandes servies, elle n'avait plus grand chose à faire... Surtout quand les clients n'étaient pas très bavards, comme c'était le cas aujourd'hui. Alors qu'elle s'attelait à ranger tout ce qui trainait sur le comptoir, quelqu'un s'approcha. « Salut, Maybelle... » Elle releva la tête et découvrit  Sebastian, mains dans les poches et sourire aux lèvres. Elle se mit à sourire à son tour. « Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas croisés ! » Elle avait beau chercher au fin fond de sa mémoire, elle ne se souvenait plus vraiment de la dernière fois où ils avaient échangé une véritable conversation. Un sourire ou quelques mots au coin d'un couloir ou d'une rue, oui... Mais leur dernier vrai échange datait d'un bon moment déjà. « Sebastian ! Ça fait super longtemps, oui... Ça me fait plaisir de te voir », dit-elle avec enthousiasme, sincèrement heureuse de le voir là. Il y avait des gens pour qui l'on gardait de l'affection même si la vie nous séparait. Sebastian en faisait partie. Même s'ils n'étaient plus aussi proches qu'avant, la jeune femme l'appréciait toujours autant. Ils ne s'étaient jamais disputés, il n'y avait jamais eu aucune rancœur entre eux. Leurs chemins s'étaient simplement éloignés au fur et à mesure qu'ils grandissaient. « Qu'est-ce que tu deviens ? Comment tu vas ? » C'était un bon début. Elle avait tout un tas de questions à lui poser (et de choses à lui dire) mais elle ne voulait pas le harceler d'entrée de jeu. Se retrouver là, en face de lui, était un peu surréaliste... Mais elle était contente de le voir. Sincèrement contente. Elle réalisa soudainement qu'il n'était sûrement pas venu pour la voir mais pour boire un verre et elle lui offrit un sourire amical. « Qu'est-ce que je te sers ? »

Le jeune homme se penche sur le comptoir, tout en souriant davantage. C'est l'effet Maybelle qui agit. Il est toujours ainsi en sa présence, toujours heureux et se sentant bien dans sa peau. Un sourire de sa part et le voilà content pour la journée. Certains pourraient dire que Sebastian est tombé amoureux, mais lui refuserait de l'admettre, même si c'était le cas. Il aurait trop peur de lui faire de la peine, de faire quelque chose qui lui enlèverait sa confidente préférée. Honte à lui de penser ainsi, peut-être, mais pour l'instant, Maybelle n'avait pas semblé vouloir plus de Seb. « Ça me fait un grand plaisir aussi d'avoir une vraie conversation pour une fois... Tu m'as énormément manquée, je suis navré de ne pas être venu te voir plus tôt. » Il dit ces quelques mots avec lenteur et délicatesse, son émotion bien évidente. Non, il n'allait pas pleurer, il se sentait seulement terriblement coupable de ne pas avoir pris le temps de passer avant aujourd'hui. Elle lui pose quelques questions sur ce qu'il lui était arrivé aux cours des derniers mois. Il repense un instant et se rends compte qu'il n'a pas vraiment changé. Il fait autant la fête, il baise encore trop et gaspille de l'argent sur des trucs ridicules. Mais il n'allait pas dire cela à Maybelle. Un jour il changerait pour de bon. Pour l'instant, il fallait répondre à Belle. « Oh, je fais encore mes études en journalisme... c'est long. Mais avec Internet de nos jours, c'est plus dur d'avoir du succès et il y a encore beaucoup de compétition dans le métier. Mais la vie va bien, je ne peux pas me plaindre. » Il lui sourit et regarde les quelques clients qui restaient, en espérant qu'aucun de ces petits cons viendraient les déranger. « Et toi, Belle ? Tu vas toujours aussi bien qu'avant ? Je vois que tu n'as pas perdue ton joli sourire, ça doit bien aller alors. Un petit ami ? » Il dit en haussant un sourcil. Sebastian ne croirait pas qu'aucun homme ne l'ait pas pourchassé. Elle était ravissante, s'ils n'étaient pas aussi proches, il le ferait lui-même. Elle lui demande s'il veut quelque chose à boire. Le voilà perdu, jusqu'à ce qu'il réalise bêtement qu'il est dans un café. « Heu... je n'y avais pas pensé. J'étais venu pour te voir, à vrai dire. Mais j'imagine que je vais prendre un café alors. »

La monotonie de la journée venait d'être effacée par la seule présence de Sebastian. Parler avec ce vieil ami qu'elle avait perdu de vue malgré lui la rendait joyeuse. Une journée pouvait être illuminée par trois fois rien et il n'y avait pas besoin d'événement extraordinaire pour combler Maybelle. « Ça me fait un grand plaisir aussi d'avoir une vraie conversation pour une fois... Tu m'as énormément manquée, je suis navré de ne pas être venu te voir plus tôt. » Elle lui adressa un sourire sincère, tenant à lui montrer qu'elle ne lui en tenait pas rigueur. Ils s'étaient éloignés, oui... Mais ce n'était pas de la faute de Sebastian. Ni de la sienne, d'ailleurs. C'était simplement la vie qui avait continué son cours, voilà tout. Et elle ne lui en voulait pas de ne pas être venu la voir plus tôt. « Le principal c'est que tu sois là ! » Le temps passait à une vitesse folle et sans même qu'on s'en rende compte, les mois défilaient. Mais ce n'était pas parce qu'on ne voyait plus nos vieux amis qu'on ne pensait plus à eux, bien au contraire. Maybelle pensait souvent à Sebastian - et à ses camarades de lycée perdus de vue. Elle n'avait simplement pas l'occasion de leur parler. Elle l'écouta lui raconter ce qu'il faisait, sourire aux lèvres. Des études de journalisme ? Elle le voyait bien dans ce milieu. Il ferait un parfait reporter ! « Je suis sûre que tu vas réussir. Tu ferais un super journaliste ! » Encouragement, positive attitude et compliment. Du Maybelle Goodwin tout craché. Cela dit, malgré ce que certaines personnes pensaient, elle ne faisait pas ça pour se montrer sympa. Elle l'était réellement. Elle croyait réellement en ses amis et elle était toujours là pour les encourager. « Et toi, Belle ? Tu vas toujours aussi bien qu'avant ? Je vois que tu n'as pas perdue ton joli sourire, ça doit bien aller alors. Un petit ami ? » La jeune serveuse souriait en permanence mais au fond, elle n'était pas si joyeuse que cela. Elle jouait la comédie... Comme tout le monde, non ? Tout le monde faisait un jour ou l'autre semblant d'aller bien alors que ce n'était pas le cas. Elle était persuadée qu'à force de jouer la fille heureuse, elle finirait pas le devenir réellement. « Non », répondit-elle lorsqu'il lui demanda si elle avait un petit-ami. Puis Noël et toute cette histoire de mariage arrangée lui revint en mémoire. Ils étaient censés agir comme s'ils allaient se fiancer aux yeux de tout Bowen et cette réponse n'était pas convenable... « Enfin oui ! » Elle avait rectifié sa réponse avec vitesse et précipitation, ce qui devait paraître légèrement bizarre. Un peu gênée, elle adressa un sourire maladroit à Sebastian. « C'est... compliqué, en fait. » Et ça, ce n'était pas un mensonge. C'était réellement compliqué. Très compliqué, même. « Et toi, tu as quelqu'un ? » Elle voulait porter la conversation sur lui, histoire qu'il ne pose pas de questions. Elle détestait mentir mais ces temps-ci, elle n'avait pas le choix. « Heu... je n'y avais pas pensé. J'étais venu pour te voir, à vrai dire. Mais j'imagine que je vais prendre un café alors. » Le fait qu'il soit venu jusqu'ici dans le simple but de la voir la fit sourire - une fois de plus. C'était une attention adorable. Elle lui prépara son café en vitesse et le posa devant lui avant de lever les yeux vers l'horloge installée sur le mur en face d'elle. « Mon service est bientôt terminé, on peut aller autre part après, si tu veux ? »

Le voilà rassuré, elle n'était pas fâchée contre lui. Mais il connaissais les circonstances dans lequel ils s'étaient lentement séparés. Sebastian avait commencé des études plus sérieuses, s'y était consacré avec plus d'ardeurs que jamais en se battant corps et âme pour rester dans le programme. Car oui, le métier de journaliste se faisait lentement remplacer par l'apparition d'Internet, une source gratuite et rapide, mais la profession était encore très populaire chez les jeunes. La difficulté de la job et la rareté des emplois faisaient que la compétition entre les étudiants étaient d'autant plus rudes. C'était la principale raison pour laquelle il n'avait pas revu Maybelle autant, à part ici et là dans la rue de la petite ville, occasions hasardeuses. « Le principal c'est que tu sois là ! » Oui, c'était le principal. Et maintenant, il devait se rattraper sur tout ce qu'il avait manqué dans la vie de son amie, qui semblait avoir vécu beaucoup de choses entre-temps. « Je suis sûre que tu vas réussir. Tu ferais un super journaliste ! » Il lui sourit, aimant ses paroles réconfortantes. Parce que oui des fois, Sebastian doutait de lui-même. Il y avait même des moments où il ne voulait carrément plus étudier. « Merci. C'est gentil de dire ça. Et toi, tu fais du super travail partout. » Tant qu'à Maybelle, il ne savait pas si elle comptait travailler ici toute sa vie, mais il savait qu'elle faisait plein de petits boulots éparpillés un peu partout, ce qui devait être dur à gérer. Et elle avait l'air heureuse, à être serveuse, et pour avoir recherché le même type de boulot, le salaire n'était pas horrible. Il était confortable, acceptable. Mais peut-être aurait-elle aimé faire plus dans sa vie... Être princesse, comme elle l'avait dit il y a quelques années, même si ce métier n'existait sûrement pas. Lorsqu'il lui posa la question, si elle avait un petit ami, elle semblait hésiter quelques secondes. « Non » Mais deux secondes plus tard, la décision changea et la voilà revenir sur ses pas avec hâte. « Enfin oui ! » Il sourit alors, pour de vrai, plus qu'heureux d'entendre que sa meilleure copine d'enfance avait finalement trouvé quelqu'un qui la rendait toute aussi heureuse. Mais le fait qu'elle avait dit non en premier le perturba. Est-ce que c'était réciproque ? Qui était l'idiot qui ne l'aimait donc pas ? Il plaça ses mains sur le comptoir, se penchant en avant pour en entendre plus, puisqu'elle semblait sur le point de s'expliquer sur ses paroles un peu confuses. Sebastian voulait savoir qui s'était et quand et bref, tout ce qui se passait avec ce jeune homme qui lui était encore inconnu. Il n'avait pourtant rien entendu d'un nouveau couple concernant Maybelle. « C'est... compliqué, en fait. » Juste après avoir dit ça, Maybelle change le sujet. « Et toi, tu as quelqu'un ? » Il fronça les sourcils et sourit, regardant les autres personnes présentes dans le café, qui étaient tous occupés à leurs affaires, aucun n'écoutant la conversation, même pas les autres employées. Bonne chose. « Si je trouve quelqu'un qui me convient, ce serait très surprenant. Mais tu ne peux pas changer le sujet comme ça ! Je veux tout savoir. Allez, s'il te plaît. C'est qui ? Est-ce qu'il t'aime pour de vrai ? Est-ce que je le connais ? Comment vous êtes-vous rencontrés ? » Il se rend compte qu'il continuait un peu à parler comme ça et se stoppa un instant pour prendre une gorgée de son café avant de poser une dernière question. « Pourquoi c'est compliqué ? » Elle lui répondit à la place que son service était bientôt fini et il hocha la tête, en souriant, essayant de stopper sa curiosité grandissante. « Bien sûr. Où est-ce que tu voudrais aller ? Il faut que je te montre Missy, ma nouvelle bagnole. »

« Et toi, tu fais du super travail partout. » Elle esquissa un petit sourire, peu fière de son parcours. Elle aurait aimé continuer ses études mais elle n'avait pas pu. Après tout ce qu'il s'était passé au cours de ses dernières années, son existence avait été bouleversée et ses parents avaient été catégorique : ils ne paieraient pas le moindre centime pour financer sa scolarité. Elle essayait d'économiser de l'argent pour se payer l'école de ses rêves, mais ce n'était pas chose aisée et plus les jours passaient, plus la perspective de finir serveuse dans ce café lui semblait toute tracée. « Merci, c'est super sympa. » Elle était sincère. Elle était sincèrement touchée par ses paroles, même si elle se doutait qu'il avait plus dit cela par politesse qu'autre chose. « Si je trouve quelqu'un qui me convient, ce serait très surprenant. » Elle haussa les sourcils, surprise de le savoir célibataire. Il était plutôt beau garçon, sympathique, drôle, intelligent... Il devait avoir l'embarras du choix, les filles se pressaient sûrement à sa porte. « Je suis sûre que tu finiras par trouver », fit-elle gentiment. « Il parait qu'on a tous une âme soeur, quelque part dans ce monde, alors... » Elle ne savait pas vraiment si c'était vrai mais y croire était plutôt plaisant. Se dire que quelque part dans le monde, quelqu'un était fait pour nous était plutôt réconfortant, non ? « Mais tu ne peux pas changer le sujet comme ça ! Je veux tout savoir. Allez, s'il te plaît. C'est qui ? Est-ce qu'il t'aime pour de vrai ? Est-ce que je le connais ? Comment vous êtes-vous rencontrés ? » Puis il avala une gorgée de café avant de poser l'ultime question : « Pourquoi c'est compliqué ? » Aouch. Malheureusement, sa réponse n'était pas tombée dans l'oreille d'un sourd et il voulait en savoir plus... Cela l'apprendrait à bafouiller quand on lui demandait si elle était célibataire. Elle lui adressa un sourire amusé, les yeux pétillant de malice. « Tu es toujours aussi curieux, hein ? Eh bien... Puisque tu veux tout savoir, l'heureux élu s'appelle Noël Wanderbrooke. Je ne sais pas si tu le connais ? » Probablement pas. Quoi que... Bowen était une petite ville et il était probable qu'ils se soient déjà croisés. Elle ne répondit pas à ses autres questions parce qu'elle ne savait pas mentir. Non, il ne l'aimait pas pour de vrai... Il ne l'aimait pas du tout, en réalité. Mais ils étaient forcés de jouer la comédie parce que leurs parents respectifs avaient décidé qu'ils devaient se marier - et qu'ils n'avaient pas leur mot à dire. C'était triste, mais Maybelle n'y pouvait pas grand chose. Elle acceptait plutôt bien la fatalité et avait depuis longtemps renoncé à se battre. Elle changea donc de sujet pour ne pas s'attarder trop longtemps sur ses amours, proposant à Sebastian de faire quelque chose une fois son service terminé. « Bien sûr. Où est-ce que tu voudrais aller ? Il faut que je te montre Missy, ma nouvelle bagnole. » Un sourire franc s'empara des lèvres rosées de la jeune fille. « Ta bagnole a un nom ? Whoa. Impressionnant ! », dit-elle d'un air taquin. « Je serais ravie de faire sa connaissance, cela dit... Je te suis. Tu m'emmènes où tu veux ! » Partir à l'aventure avec un vieil ami ne lui faisait pas peur. C'était Sebastian, elle n'avait rien à craindre de lui. Bien au contraire, elle était ravie de pouvoir passer du temps en sa compagnie. Il lui avait manqué, pendant tout ce temps. Après quelques minutes, les derniers clients quittèrent le café et la jeune femme attrapa ses affaires, prête à consacrer tout son temps au jeune homme en face d'elle. « Et voilà, je suis toute à toi. On y va ? »  

« Merci, c'est super sympa. » Elle ne semblait pas super fière d'avoir terminé ici. Idiot, elle n'est pas fière de travailler dans un café, elle voulait aller plus loin dans sa vie. Il cligne des yeux un coup. Oh. C'était donc ça ? Lui qui étudiait encore, c'est sûr qu'elle ne devait pas sauter de joie de dire qu'elle travaillait dans un café. Et pourtant, c'était un boulot stable et bien payé, avec des visages souriants et une atmosphère relativement détendu. « Je suis sûre que tu finiras par trouver. Il parait qu'on a tous une âme soeur, quelque part dans ce monde, alors... » Il haussa des épaules, ne sachant plus vraiment ce qu'il voulait. Seb avait vingt ans maintenant, il faudrait qu'il se décide d'être plus mature, avoir une relation stable peut-être. Oui, il faudrait. « Tu es toujours aussi curieux, hein ? Eh bien... Puisque tu veux tout savoir, l'heureux élu s'appelle Noël Wanderbrooke. Je ne sais pas si tu le connais ? »

Maybelle avait bien sourit avec ses paroles, un sourire plein de malice, et peut-être même un peu de sous-entendus. Il leva une fois de plus son sourcil, entendant le nom, tentant de ne pas rire et décidant de regarder son café à la place. C’est peut-être le Père Noël. Méchante conscience, va.  « Il doit être de bonne famille, je n’ai jamais entendu son nom. Il va falloir que tu m’en dise plus, je n’accepterais pas seulement un nom. Il doit bien avoir fait quelque chose de spécial pour attirer ton attention... » Il dit, avec un sourire au coin des lèvres. « A-t-il écrit ton nom dans le ciel avec un coeur, dévoilant au monde entier son amour pour toi ? » Hé oui, Seb avait toujours voulu faire ça. Et il comptait le faire, si un jour il trouvait son âme soeur. Il était romantique et excentrique alors les cadeaux dispendieux et uniques tombaient justement dans sa catégorie. « Ta bagnole a un nom ? Whoa. Impressionnant ! Je serais ravie de faire sa connaissance, cela dit... Je te suis. Tu m'emmènes où tu veux ! » Il sourit en riant, glissant un billet de cinq sur le comptoir pour payer le café, donnant bien sûr le reste en pourboire. « Non seulement ça, elle est aussi la plus belle de Bowen. Missy est un peu bruyante par moment par contre, alors... heu, la discrétion c’est pas son fort. » Il n’y avait que lui pour tomber amoureux d’une voiture vieille de trente ans. Le café ferma finalement et lorsque tout était prêt, Maybelle attrapa ses affaires, prête à partir. « Et voilà, je suis toute à toi. On y va ? »

Il hocha la tête, lui ouvrant la porte et la laissant barrer le café derrière lui. Ils arrivèrent à sa voiture et le jeune homme ouvrit la portière pour Maybelle, la laissant grimper dans le siège de la voiture rouge. « Voilà ma chérie. Une Chevrolet Camaro 1981, un peu vieille, mais une vraie merveille. » Il rentra dans le siège du conducteur et démarra le moteur, faisant une boucane d'enfer quand il part du stationnement. Cela pris environ deux minutes pour se rendre où il voulait, en allant à une vitesse excessive cela dit, et il se gara dans le stationnement du tout nouveau restaurant quatre étoiles qui venait d'ouvrir. C'était un magnifique restaurant et sincèrement, il avait envie d'y aller depuis toujours. « Nous sommes arrivés à destination. D'ailleurs, tu es très belle ce soir, alors t'inquiètes pas de ta tenue surtout. » Bah oui, les filles se demandent toujours si leurs vêtements sont assez beaux, alors que ce n'est qu'un chic petit restaurant local. Il débarqua de la voiture et vint sur le côté passager pour lui ouvrir la porte, attendant qu'elle sorte mais décide d'ajouter quelques mots à la va-vite. « Mais si tu veux on peut aller à un fast-food ou un autre type de restaurants aussi... »

« Il doit être de bonne famille, je n’ai jamais entendu son nom. » Elle se contenta d'acquiescer d'un hochement de tête. Oui, les Wanderbrooke étaient de bonne famille. Tout comme les Goodwin. Maybelle venait d'un milieu aisé et elle ne le cachait pas. Cela dit, elle était persuadée que l'argent ne faisait pas le bonheur et elle n'avait jamais été une gamine pourrie gâtée qui dépense à tout-va. Elle restait simple malgré tout, fort heureusement. « Il va falloir que tu m’en dise plus, je n’accepterais pas seulement un nom. Il doit bien avoir fait quelque chose de spécial pour attirer ton attention... A-t-il écrit ton nom dans le ciel avec un coeur, dévoilant au monde entier son amour pour toi ? » Maybelle pouffa de rire malgré elle. Pas un rire moqueur, non. Un rire franc et sincère. Elle trouvait l'idée du cœur dans le ciel très... amusante. Et mignonne. « Non, pas vraiment... Il n'est pas aussi romantique que toi, faut croire ! », dit-elle en lui adressant un sourire malicieux. « Disons simplement qu'on se connait depuis qu'on est petit, qu'on a grandi ensemble et que... Les sentiments sont venus comme ça, sans qu'on s'en rende compte. » C'était le plus gros mensonge de tous les temps mais miraculeusement, elle avait réussi à paraître convaincante. Elle adressa un sourire à Sebastian, soucieuse de changer de sujet.

Une fois sortis du café, le jeune homme l'emmena à la rencontre de la fameuse Missy - qui était magnifique, May devait l'avouer. En parfait gentleman, il lui ouvrit la portière et elle grimpa à l'intérieur en souriant. « T'es un sacré gentleman ! », le taquina-t-elle une fois qu'il fut à l'intérieur. Il démarra le moteur et la jeune femme le laissa libre maître de la destination. À vrai dire, elle se moquait bien d'où ils allaient tant qu'ils pouvaient passer du temps ensemble ! Après deux petites minutes de trajet, ils s'arrêtèrent devant un restaurant plutôt coté. Maybelle se tourna vers lui, un peu surprise. « Nous sommes arrivés à destination. D'ailleurs, tu es très belle ce soir, alors t'inquiètes pas de ta tenue surtout. » Elle passa machinalement une main dans ses cheveux pour se recoiffer un peu, un petit sourire aux lèvres. Décidément, Sebastian avait tout du garçon parfait ! Il était prévenant et franchement pas avare de compliments... Toutes les filles rêvaient d'un copain comme cela, non ? Avant qu'elle puisse répondre, le jeune homme sortit de la voiture et vint une nouvelle fois lui ouvrir la portière. « Mais si tu veux on peut aller à un fast-food ou un autre type de restaurants aussi... » La jolie blonde sortit de la voiture sans répondre, avant de regarder son ami. « On fait ce que tu veux, Seb. Tout me va ! Même si j'avoue que je suis un peu surprise de me retrouver ici... » Elle avait dit cela joyeusement, prouvant que c'était une bonne surprise. Cela dit, elle n'était pas difficile... Il l'aurait emmenée dans le snack du coin qu'elle aurait été contente quand même. Maybelle n'était pas matérialiste ni portée sur les apparences. C'était une jeune fille simple qui s'intéressait plus aux valeurs qu'au paraître. Elle passa son bras autour de celui de Sebastian, lui adressant un sourire radieux. « On y va ? On a du temps à rattraper ! » Ils allaient pouvoir se poser et discuter tranquillement de tout ce qu'il s'était passé depuis leur dernière rencontre. Ils devaient probablement avoir des milliers de choses à se raconter et elle avait hâte de tout entendre.

Spoiler:

Il était donc de bonne famille. Ce n'était pas si étrange, considérait que c'était une ville très superficielle et qu'on gardait souvent ses problèmes pour soi. Oh, ça lui rappelait sa propre famille. Sebastian sourit en pensant à ça. Sebastian fut par la suite déçu lorsqu'elle annonça qu'il n'avait fait rien de bien romantique. Enfin, sûrement. Certains hommes ont des différentes définitions de romantique. Certains utilisent l'argent, la nourriture, une bague... un corps. Bref. Il se concentra sur les paroles de Maybelle, voulant retenir toute cette information. Et c'est vrai, si elle connaissait cet homme depuis toujours, au point d'avoir grandi avec lui... ne devrait-il pas le connaître aussi ? C'était quand même une petite ville. Sebastian tenta de se croiser la tête, fronçant les sourcils, ne trouvant pas de réponse adéquate à son problème. Mais... étais-ce son problème ? Étais-ce même un problème ? Maybelle semblait heureuse. Il abandonna donc, ne sachant toujours pas pourquoi c'était compliqué. Oh, les filles. « Je suis heureux pour toi, Maybelle. Sincèrement. Et je te souhaite une belle vie, enfin, si c'est une relation qui se veut sérieuse. Parce que tu mérites plus que n'importe qui quelqu'un qui te met un sourire aux lèvres chaque matin. » Allait-il être aussi courtois et poli ? No way. C'était sa meilleure amie depuis qu'il était tout petit et même s'ils s'étaient éloignés, il voulait quand même s'assurer de sa sécurité... comment dire, sentimentale ? Il reprit la parole avec un sourire diabolique. « Et s'il te fait mal, d'une façon ou d'une autre, je viens le chercher et je pratique sur lui une vasectomie. Vu que je suis pas chirurgien, ça risque de faire un peu mal. » Un peu rude. Surtout qu'il disait ça à une femme qui avait l'air très innocente. Pourtant, il ne se sentait pas inapproprié. Mais bon... « Peut-être pas une opération alors. Juste... un peu de torture. »

Sacré gentleman, lui ? Il pouvait argumenter ce point en énumérant quelques exemples, des exemples vivants et humains. Mais il sourit sournoisement. Il fallait quand même que quelques personnes le voit comme étant romantique, gentleman et courtois. Lorsqu'elle lui dit qu'elle était surprise, il savait immédiatement qu'elle n'était pas fâchée contre lui. Bien. « Surprise ? Attends de voir le menu. » Il n'allait quand même pas amené une fille comme Maybelle au restaurant sans que ce soit planifié. Elle passa son bras autour de celui de Sebastian et ce fut à son tour d'être agréablement surpris, tout en regardant autour, s'attendant à voir un garçon habiller en couleurs noël, jaloux. Ils rentrèrent dans le restaurant et Sebastian lâcha le bras de Maybelle pour parler avec le placeur. « ... Sous le nom de Wellington. » Son père serait certes intrigué de voir ce qu'il foutait à un restaurant. « Une belle vue. » Dit-il, sa voix reposée et contrôlé. Le placeur jeta un coup d'oeil, un long coup d'oeil, à Maybelle et leur dit de le suivre. C'était une belle vue sur la plage ainsi que le coucher du soleil. Il prend place sur le banc, s'assoyant en face de Maybelle. « Je crois bien que vous êtes déjà devant une magnifique vue, monsieur Wellington. » Sebastian lève un sourcil et regarde Maybelle avec un sourire narquois. « Elle est prise. » Bien assez simple. Le placeur, qui on dirait faisait aussi office de serveur aujourd'hui, leur passa le menu. Les noms étaient complexes, presque bizarres. Il lève les yeux vers Maybelle, le serveur maintenant partit reprendre son poste de placeur. « Hum. Qu'est-ce qui te tente ? » En espérant qu'elle ne choisirait pas une salade, mais il savait déjà qu'elle n'était pas du genre fille déjà maigre voulant devenir plus maigre. « Et... est-ce que tu planifies continuer tes études, si ce n'est pas trop indiscret ? »



Spoiler:

Sebastian était vraiment quelqu'un de gentil. Et le fait qu'il lui souhaite tout le bonheur du monde était absolument adorable. Tellement adorable qu'elle culpabilisait de lui mentir. Elle crevait d'envie de lui dire qu'en réalité, elle était célibataire et que ses sentiments pour Noël n'étaient pas réels. Mais elle ne le pouvait pas. Elle devait continuer à jouer cette mascarade jusqu'à l'annonce de leurs fiançailles. Puis le jour de leur mariage, qui réunira probablement tout Bowen. Puis pour le restant de ses jours. En fait, elle ne pourrait pas s'extirper de cette machine infernale. Ses parents l'avaient enfermée dans une prison dorée dont elle ne sortirait jamais et même si ce n'était pas si terrible, Maybelle n'était pas heureuse. Il lui restait au moins le fait de pouvoir très bien mentir et dissimuler ses sentiments. Elle parvenait à tromper tout le monde avec son petit numéro de jeune fille insouciante et pleine de vie, qui respire le bonheur. Même Sebastian semblait tomber dans le panneau - et c'était tant mieux.

« Et s'il te fait mal, d'une façon ou d'une autre, je viens le chercher et je pratique sur lui une vasectomie. Vu que je suis pas chirurgien, ça risque de faire un peu mal. Peut-être pas une opération alors. Juste... un peu de torture. » La jeune serveuse se mit à rire de bon cœur. Elle avait peut-être l'air d'une ingénue, mais elle ne l'était pas vraiment. Ou plutôt si, mais pas autant que les gens pouvaient le penser. Les propos de son ami ne l'avaient pas choquée, bien au contraire. C'était plutôt marrant ! « Merci, j'apprécie le geste... Je te promets que j'y penserai, si un jour il me fait du mal ! », assura-t-elle en essayant de garder son sérieux. Elle lui adressa un sourire amusé, l'imaginant en train de torturer ce pauvre Noël. La scène était assez drôle, dans son esprit.

Lorsqu'ils pénétrèrent à l'intérieur du restaurant, Maybelle lui adressa un regard étonné en le voyant donner son nom au placeur. Il avait apparemment réservé une table pour eux... Ce qui n'était pas si surprenant que cela, puisque ce genre d'établissement n’accueillait pas les gens sans réservation. Mais cela voulait dire qu'il avait planifier cette soirée de A à Z et la jeune femme en était surprise. « Tu avais réservé ? Wow. On peut savoir depuis quand tu prévois cette soirée, exactement ? », demanda-t-elle, sourire aux lèvres. Elle était persuadée que les réservations se faisaient plusieurs jours à l'avance. C'était le genre de restaurant plutôt prisé qui affichait vite complet. Ils allèrent s'installer à leur table et Maybelle contempla la vue qui s'offrait à eux sans prêter attention aux alentours. « Je crois bien que vous êtes déjà devant une magnifique vue, monsieur Wellington. » La jeune femme haussa un sourcil, surprise par cette remarque plutôt déplacée. Elle sourit à Sebastian lorsqu'il répondit qu'elle était prise puis elle se concentra sur le menu que le serveur/placeur leur donna. « Hum. Qu'est-ce qui te tente ? » Elle releva la tête, fronçant un peu le nez. « J'en sais rien... Mais je meurs de faim ! » Elle n'était pas le genre de fille qui faisait particulièrement attention à sa ligne. Elle mangeait ce qu'elle voulait, quand elle le voulait. La vie était déjà bien assez compliquée comme cela, pas la peine de s'en rajouter en se privant de toutes les bonnes choses offertes par ce triste monde. « Qu'est-ce que tu prends, toi ? » Il y avait trop de choix pour qu'elle puisse se décider... Et c'était assez problématique. Sebastian aborda ensuite la question des études de la jeune femme haussa les épaules. C'était une bonne question... « Honnêtement, je n'en sais rien... Je crois que non. Je n'ai plus vraiment de motivation. Et puis, je voulais intégrer une école de danse mais c'est super cher et je vais devoir travailler des années avant d'économiser assez. Je serai rouillée et trop vieille pour le métier ! » C'était une remarque surprenante quand on savait que les parents de Maybelle étaient très aisés. Ils ne manquaient pas d'argent et vivaient une vie plutôt luxueuse. Seulement, après ses écarts de conduites trois ans plus tôt, son père avait décidé de lui couper les vivres et de ne plus donner le moindre centimes pour elle. Elle n'était pas vraiment à plaindre, cela dit. Elle devait s'estimer heureuse d'être nourrie, logée et blanchie... Son paternel était tellement remonté contre elle qu'il aurait pu lui faire payer un loyer pour vivre dans la maison familiale. Elle avait trouvé ce travail au café du coin pour gagner de l'argent mais au train où allaient les choses, elle n'aurait jamais assez pour se payer l'école de ses rêves. Et d'ailleurs, elle n'était même pas certaine d'avoir le niveau requis pour y entrer. « Mais, ce n'est pas si grave », poursuivit-elle en souriant. « J'aime bien travailler au café, ça me fait voir du monde... Et puis je discute avec les gens. C'est très enrichissant. Ils ont tous des vies, des passions et des métiers très différents et ça m'en apprend beaucoup sur le genre humain. C'est comme faire des études de sociologie ! » Maybelle et sa positivité à toute épreuve. Elle préférait voir le verre à moitié plein plutôt qu'à moitié vide et elle voyait de bonnes choses partout. Même dans les mauvais moments. C'était comme cela qu'elle réussissait à garder le moral malgré tout ce qu'il lui était arrivé. « Et toi, alors ? Quand est-ce qu'on verra ton nom en bas des articles dans les journaux, hein ? », demanda-t-elle en souriant. Loin d'être jalouse, elle était heureuse que Sebastian est l'opportunité de faire les études de son choix. Elle lui souhaite plein de réussite et elle était persuadée qu'il y arriverait.

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