there's depth where there's distance too -r.

Quand il rentra dans le complexe sportif à la suite de Kaliska, Maxence regarda tout autour de lui et soupira, les yeux un peu plus tristes tout d’un coup. Le regard un peu plus sombre. Comme s’il n’avait pas le droit, en ces lieux maintenant presque sacrés, de sourire. « La dernière fois que je suis venu ici, c’était bondé de gens apeurés et paniqués. » Il faisait évidemment référence à la tempête qui avait fait des ravages sur Bowen il y avait de cela deux semaines maintenant. Certes, quatorze jours étaient passés mais pourtant, la ville n’était pas remise sur pieds. En même temps, aussi peu de temps pour rebâtir autant, ce n’était pas assez. Ce ne serait jamais assez. Cette tempête allait rester à jamais gravée dans leurs mémoires. Des vies avaient été perdues. Ce n’était pas rien. Alors oui, retourner dans le complexe sportif, qui avait accueilli les rescapés, c’était un moment plutôt dérangeant pour Maxence. Lui-même avait été ici, plus tard dans la soirée, après avoir réussi à y chercher refuge malgré les embûches sur son passage. Le trentenaire se tourna vers Kaliska. « N’y pensons plus. » Ajouta-t-il pour ne pas gâcher cette journée passée avec sa meilleure amie. La joie émanait toujours de leur duo, ce n’était pas le moment de miner leur moral à tous les deux. Maxence se dirigea donc, aux côtés de la blondinette, vers la salle des murs d’escalade. Il déposa son sac de sport dans un casier à l’entrée de la salle et le barra après avoir pris le matériel nécessaire pour l’escalade. Kaliska et lui en faisaient depuis tellement longtemps maintenant, ils avaient leurs propres équipements pour éviter les coûts de location à chaque fois.

« Ça tient toujours pour après ? On va au restaurant avec Analeigh et Dillan ? » Demanda Maxence, les yeux brillants à l’idée de voir ceux qu’il considérait comme son neveu et sa nièce. Il n’était aucunement lié à eux ni par le sang ni par la loi, mais il était si proche d’eux qu’il se considérait un peu comme leur oncle. Kaliska devait bien se douter de ce sentiment qu’il éprouvait envers ses enfants. Maxence adorait les enfants ; il n’avait tout simplement pas le temps d’en avoir à lui, et puis d’abord ça lui prendrait une femme pour cela ! Son ex-épouse n’était plus dans le décor depuis trois ans maintenant, et Maxence n’était pas entré dans une relation sérieuse depuis. Probablement par peur de commettre les mêmes erreurs une seconde fois.

J’avais toujours adoré l’escalade. Quand j’étais au lycée, c’était ce que je préférais en cours de sport, et plusieurs fois, j’étais allée faire quelques escapades pour aller escalader et marcher en montagne. Avec les enfants, je pouvais difficilement me le permettre aujourd’hui, surtout avec Dillan qui avait eu un an il y a seulement quelques mois de ça, mais je trouvais toujours des façons de pallier. Par exemple, aujourd’hui, mon meilleur ami, Maxence, et moi-même, avions prévu de nous rendre dans un complexe sportif pour en faire un peu. Pour sûr, ce n’était pas aussi bien qu’en montagne, mais pour le coup, ça ferait l’affaire, pour moi en tout cas. Plus que parée à cette journée, je m’étais rendue donc avec le jeune homme dans ce complexe, qu’il considéra dans un premier temps d’un air qui m’inquiéta quelque peu. Pour le coup, je n’osai rien dire, parce que je ne voulais pas vraiment gâcher notre journée avec des souvenirs du passé - quoiqu’encore relativement frais - mais en même temps, je ne voulais pas vraiment passer pour celle qui s’en moque. Je n’avais pas été touché par cette tempête, certes, mais cela ne m’empêchait pas d’éprouver de la compassion pour autant. Au final, je me contentai de faire un sourire triste, que je n’eus pas à garder bien longtemps, puisque Maxence retrouva sa bonne humeur, m’arrachant aussitôt un:  « Non, on est là pour passer une super journée ! » Enfin, je savais bien qu’un simple propos ne pouvait pas tout changer, alors pour le coup, tandis que nous étions en train de déposer nos affaires, je fus plus que rassurée d’entendre mon ami me demander si nos plans pour le restaurant tenaient toujours. Alexis étant occupé en soirée autre part, c’était plus que parfait pour moi de sortir avec les enfants, ce qui expliqua pourquoi je dis, plus qu’enjouée:  « Évidemment que ça tient toujours ! Les enfants ont hâte de re voir ! Analeigh surtout, elle m’a déjà demandé si elle pourrait piquer des frites dans ton assiette comme la dernière fois ! » Si je parlais surtout de ma fille dans la situation présente, c’était essentiellement parce qu’elle savait parler, contrairement à son petit frère qui commençait tout juste à babiller « mama » et « dada ». Mais bon, c’était de son âge, alors je m’en contentais très bien, surtout que je ne pensais pas avoir besoin d’aller dans les détails pour le coup. Sur ces mots, je continuai à enfiler mes chaussures faites pour ce genre d’activité, puis je crus bon de mentionner quand même:  « Oh, et je te préviens, tu n’as pas le droit de te moquer ! Ça fait des mois que je n’en ai pas fait, pour sûr je suis rouillée ! » parce qu’il était vrai qu’entre ma grossesse et le départ d’Alexis pour l’armée, les activités avaient pris le bord. Alors pour sûr j’étais plus que contente que Maxence m’ait proposé cette journée entre amis, et j’avais bien l’intention de lui faire savoir ma reconnaissance pendant la journée, surtout en profitant de celle-ci au maximum. C’était la base, d’après moi.

Maxence était bien au courant que Kaliska avait parfois des difficultés avec ses deux enfants quand Alexis n’était pas là. Enfin, pas qu’elle n’était pas capable de les gérer, non, mais une soirée seule avec deux enfants aussi jeunes, ça pouvait parfois être lourd. C’est pourquoi le juge essayait d’être disponible le plus souvent possible pour elle. De toute façon, il adorait ses petits monstres alors pour lui, ce n’était qu’un cadeau de fin de journée. Aujourd’hui, c’était encore mieux : il avait Kaliska pour lui seul pendant une ou deux heures d’escalade, et après ils auraient cette petite sortie « familiale » - parce que Maxence s’immisçait carrément dans leur petite famille, et ce depuis un bon bout de temps déjà. Le juge rigola donc quand sa meilleure amie mentionna qu’Analeigh avait déjà prévu lui piquer des frites de son assiette. « Bon. Au moins ça me facilitera mon choix sur le menu ; faudra qu'il y ait des frites incluses. » Blagua-t-il. Ça ne lui dérangeait pas du tout, si ça pouvait faire le bonheur de la petite Analeigh, alors il avalerait un bon burger-frites s’il le fallait.

Maxence avait terminé d’enfiler tout l’équipement nécessaire, il ne lui restait plus qu’à boucler la ceinture qui attachait le tout ensemble – et lui serrait l’entre-jambes par la même occasion. C’était bien le seul problème avec l’escalade : Maxence avait toujours l’impression que l’attention était concentrée là. Disons que ça lui accentuait le paquet, tous ces harnais. Bon, de toute façon, avec Kaliska ce n’était pas trop un problème ; elle était amoureuse et mère de famille, alors il n’y avait pas vraiment de gêne entre eux, à ce niveau-là. Kaliska, elle aussi bientôt prête à commencer l’activité, signifia à Maxence son manque de pratique des derniers mois. Le trentenaire rigola, haussant les épaules. « Je suis certain que c’est pas si mal. C’est comme le vélo, ça se perd pas … » Inventa-t-il, parce qu’en réalité il n’avait aucune idée de ce qu’il avançait. Depuis qu’il avait commencé à pratiquer l’escalade, Maxence en faisait au moins une fois aux deux semaines, pour se changer les idées surtout.

L’homme s’avança finalement vers le mur d’escalade et s’attacha après la corde qui partait du haut. Ce qui était bien avec le complexe sportif, c’était qu’ils pouvaient monter ensemble, en même temps. Pas besoin d’en avoir un qui reste en bas pour tenir la corde. Ils pouvaient donc s’entraider, ou au contraire, faire la course jusqu’en haut en ne manquant pas de voler les prises à l’autre. Maxence attrapa la première prise et commença à monter, comme si de rien était. Après tout, avec les muscles qu’il avait, ce n’était plus une question de force. « Comment va Alexis ? » Demanda l’homme.

Bien que je ne voulais certainement pas obliger Maxence à manger des frites s’il ne le souhaitait pas, je me contentai de simplement sourire quand il passa un commentaire à ce sujet, me disant qu’il était assez grand pour juger s’il voulait ou non en manger. De mon côté, j’aurais juste à expliquer à Analeigh que ça ne se faisait pas toujours, qu’on ne pouvait pas forcer les gens à manger des frites simplement pour en piquer, mais connaissant ma fille, elle ne ferait pas une crise. Analeigh avait beau avoir ses caprices, il n’en demeurait pas moins que depuis quelques mois, elle devenait de plus en plus mature, comme si l’arrivée d’un petit frère avait eu un effet bénéfique sur elle. Rarement je la voyais être jalouse de Dillan, même s’il exigeait encore pas mal d’attention, vu ses un an, je la voyais plutôt prête à aider, et franchement, je n’aurais pas pu demander mieux. Évidemment, cela ne venait pas complètement changer ma tache, et je ne pouvais pas nier que cela allait mieux quand Alexis était présent, même si pour le coup, je n’aurais pas de problème à les emmener au restaurant ce soir, et plus encore, je me sentais moins coupable de les laisser aujourd’hui pour m’amuser un peu, parce que j’avais espoir que tout se passerait bien. Restait à voir si tout se passerait bien de mon côté également, même si pour le coup, Maxence ne semblait pas trop inquiet. Voulant vraiment y croire, je lui lançai  « J’espère bien ! » en tentant de me convaincre que je ne pouvais pas avoir tout perdu, même si cela faisait longtemps. Enfin, je savais déjà que j’aurais très certainement plus de courbatures que d’habitude, mais ça, je pouvais vivre avec ça sans problème. Maintenant prête, j’accompagnai mon meilleur ami jusqu’au mur, puis je me positionnai à quelques mètres de lui, histoire de pouvoir attraper mes propres prises sans confusion. Pour le coup, je préférais m’échauffer, y aller à mon rythme, et si tout allait bien, peut-être je m’amuserais à aller lui voler quelques prises. Commençant alors à grimper, je pris le temps de me concentrer sur mes premières prises pour monter un peu, avant de finalement reporter mon attention sur Maxence et finalement répondre à sa question:  « Il va bien ! Il se réhabitue doucement à la vie à la maison. » En effet, partir dix mois, ça avait été un gros changement pour tout le monde, mon mari en premier. Je me doutais bien qu’il faudrait du temps, mais combien ? Je ne savais pas trop, mais je me disais que je pouvais encore me permettre de ne pas trop m’en faire, pour le moment en tout cas. Enfin, il était évident que j’aimerais bien que je ne sente pas constamment que quelque chose clochait, mais je pouvais vivre avec, encore un peu. Voilà pourquoi je décidai de ne pas en parler tout de suite à mon meilleur ami, puis lui demander, plus banalement:  « Et toi alors ? Comment ça va à la maison, au boulot ? »

Certes, c’était aussi bien pour l’éducation d’un enfant que celui-ci se fasse refuser certaines choses de temps en temps. Ça le prépare à la vie future. Par contre, pour Maxence, il préférait laisser cette tâche aux parents, justement, et avoir le beau rôle du genre d’oncle qui permet tout. Maxence n’était pas l’oncle d’Analeigh et de Dillan mais honnêtement, c’était tout comme. Ils se voyaient assez souvent et le juge était assez proches d’eux pour leur offrir un cadeau à leur anniversaire, alors dans sa tête la question ne se posait pas. Bref, tout cela pour dire que si sa petite brune avait envie de frites, alors il prendrait un plat accompagné de frites. C’était le bonheur de la petite cocotte qui comptait à ses yeux. Lui avait l’argent pour aller se payer un repas sans frite n’importe quand, et il avait aussi l’abonnement au gym pour aller brûler les calories et éliminer le gras provenant de ces frites. Par contre, le sourire d’Analeigh ne s’achetait pas, lui.

Laissant de côté le sujet du repas à venir, Maxence et Kaliska se rendirent finalement devant le mur, et le juge assura sa meilleure amie qu’elle reprendrait vite ce qu’elle pensait avoir perdu en escalade. Elle avait toujours été douée, ce n’était pas quelques mois d’inactivité qui allaient lui enlever cela. Le trentenaire demanda alors à la blonde comment se portait Alexis. Il se doutait bien que son retour n’avait pas dû être très facile et même s’ils s’étaient tous les deux parlés depuis, Maxence n’avait pas osé aborder le sujet. Disons que l’homme était avant tout le meilleur ami de Kaliska, et donc l’amitié avec Alexis avait suivie avec le temps, mais malgré cela il ne se sentait pas encore tout à fait à l’aise de parler de sujets aussi délicats avec lui. Passer par Kaliska était un chemin plus sûr. Elle mit un certain temps à répondre et Maxence regarda vers le bas pour voir qu’elle était tellement concentrée que la réponse mettait certainement un temps à se construire dans sa tête. Elle répondit finalement qu’il allait bien, qu’il se réhabituait à la vie à la maison. Maxence hocha la tête. « Tant mieux. » Il n’y avait rien de plus à dire, et Kaliska n’était pas entrée dans les détails non plus. Maxence ne se doutait pas que quelque chose de plus se cachait derrière sa réponse, il la croyait sur paroles. Il ne chercha donc pas à en savoir plus et laissa la blonde le questionner à son tour. « Oh, ça va. Au boulot, je m’en sors. C’est quand je reviens à Bowen que ma vie amoureuse me rattrape. Mais tu me connais, c’est jamais facile avec moi … » Aller à Brisbane pour les procès était un congé pour Maxence qui, une fois de retour ici, avait l’impression de jongler entre certaines relations toutes plus chaotiques les unes que les autres. Et il n’arrivait pas à y voir clair. Il n’arrivait pas à savoir ce qui le rendait heureux et ce qui le rendait malheureux. Tout était si confus.

Un petit sourire apparut sur mes lèvres au moment où Maxence conclut rapidement le sujet « Alexis ». Non pas parce que je n’aimais pas mon mari, ma vie de famille, je pourrais en parler pendant des heures - mais je ne le faisais pas parce que je ne voulais pas saouler mes interlocuteurs, évidemment - sauf qu’en ce moment, je craignais que si jamais je commençais à m’étaler sur le sujet, j’exposerais des soucis qu’il n’y avait peut-être même pas lieu d’avoir. Je ne connaissais pas la vie de militaire après tout, alors je ne pouvais pas vraiment déterminer si c’était une chose normale ou pas, et je n’osais pas en parler à mon mari. Peut-être que cela faisait de moi une mauvaise épouse pour le coup, mais bien sûr, je n’écartais pas la possibilité de lui en toucher un mot si jamais je me rendais compte que la situation commençait à devenir trop délicate, ou que je ne sache pas le supporter. Je n’en étais pas encore à ce point en ce moment, je ne pouvais pas nier que je passais encore de bons moments avec mon mari, mais il n’en demeurait pas moins que cela me chicotait, bien que ce soit supportable pour le moment. Enfin, ce l’était suffisamment pour que je ressente pas l’urgence de me confier à quelqu’un, en l’occurence à mon meilleur ami dans la situation précise. De ce fait, je pouvais amplement me concentrer sur ses propres propos. C’est là que j’appris que Maxence s’en sortait plutôt bien avec son boulot, mais que niveau amoureux, ce n’était pas exactement ça, encore moins quand il revenait en ville quand il en avait l’occasion, soit quand le travail ne prenait pas tout son temps. Automatiquement, j’eus un sourire quelque peu triste. Comment pouvais-je faire autrement ? Je ne voyais pas vraiment quoi faire de plus… Effectivement, je voudrais bien que mon meilleur ami trouve le bonheur, que ce ne soit pas aussi compliqué dans sa vie, même si pour le coup, je ne pouvais pas lui imposer quoi que ce soit. Peut-être que pour le coup, j’étais un peu nulle, mais je ne sus faire mieux que de dire dans un premier temps:  « Je vois… » Je crus bon de marquer une pause pendant un instant, le temps que je trouve ma prochaine prise et que je l’agrippe et que je me hisse un peu plus haut. Puis, j’en vins à la conclusion que peut-être ce ne serait pas plus mal que je lui demande des détails, et je dis:  « Toujours aussi compliqué, hein ? » J’avais fait exprès de rester relativement vague, me disant que cela laissait l’occasion à Maxence de m’en dire davantage s’il le souhaitait, ou me répondre banalement, me faisant comprendre par la même occasion qu’il ne voulait pas aller plus loin, ce que je serais totalement capable de respecter.

Jamais Kaliska ne saoulerait Maxence à force de lui parler de sa vie familiale. Il adorait la petite famille de sa meilleure amie. Prendre des nouvelles autant d’Alexis que d’elle ou de ses enfants était sa priorité, quand il avait l’occasion de la voir. Toutefois, il connaissait maintenant assez bien la belle blonde pour savoir que lorsqu’elle demeurait aussi évasive dans ses réponses, c’était soit parce qu’elle n’avait pas grand-chose à dire sur le sujet, soit parce qu’elle n’avait pas envie d’en parler davantage. Pour cette fois, ne s’imaginant pas qu’Alexis pouvait avoir des problèmes aussi sérieux suite à son retour, Maxence avait opté pour la première impression, mais il réaliserait bien vite qu’il se trompait. Et il montrerait à Kaliska qu’il était là pour elle, pour eux.

Pour le moment toutefois, c’était au tour de Maxence de se confier, et lui qui n’avait pas toujours l’occasion de parler de ses émotions aux autres, c’était souvent Kaliska qui agissait à titre de confidente. Après tout, elle était son amie la plus proche et Maxence cherchait toujours à faire du temps pour elle avant tout. Il était donc normal qu’elle soit la première à être témoin de ses histoires de cœur. Elle releva donc que c’était toujours aussi compliqué, le relançant là-dessus avec une interrogation. Maxence hocha silencieusement la tête, plus pour lui-même que pour Kaliska, qui continuait à se concentrer sur ses prises malgré leur conversation. Lui aussi, d’ailleurs. Il ne ralentissait pas la cadence. « Bah … disons que tout serait beaucoup plus simple si je pouvais rencontrer des femmes de mon âge. » Avoua-t-il, l’air un peu déconfit. Mois après mois, Maxence rencontrait de nouvelles conquêtes qui s’avéraient dix ans plus jeunes que lui, ou à peu près. Et à cause de sa réputation et de son emploi, Maxence ne se donnait pas la permission de vivre une fréquentation qui soulèverait autant de tabous et de malaises de la part des autres. Maxence était une personnalité assez publique, alors oui, il devait faire attention. « Toutes les femmes que je rencontre et qui sont célibataires sont dans le début de leur vingtaine. Je suis le seul trentenaire de ce club, visiblement. » Dit-il avec un petit rire, pour ne pas rendre l’ambiance trop lourde, mais en même temps il le pensait. Prenez Kaliska. Elle était bien l’une des seules femmes de son entourage à être trentenaire comme lui, mais elle avait déjà sa petite vie familiale bien rangée. Il était content pour elle, mais il aurait aimé que ce soit aussi facile pour lui. Il aurait voulu avoir une Kaliska bien à lui. « Tu ne sais pas à quel point je t’envie, d’avoir ta petite famille. Je sais que je te répète constamment que je ne veux pas d’enfants et même si c’est vrai, je t’envie quand même c’est plus fort que moi. » Il baissa alors le regard juste un peu plus bas que lui, où Kaliska se trouvait, elle qui le rattrapait peu à peu. Il lui sourit. Ce n’était pas un reproche, juste une constatation. Il espérait qu’elle réalisait à quel point elle avait de la chance, quand même. Malgré tous les problèmes inévitables du quotidien, elle était bien entourée.

Au début, je ne pus m’empêcher de froncer les sourcils quand Maxence m’avoua qu’il était pour lui difficile de trouver une femme de son âge avec qui partager sa vie. Enfin, c’était là une expression plutôt vague dans la situation présente, mais ça demeurait quand même celle qui était, en mon sens, la plus approprié. Était-il maudit au point qu’il ne trouvait que des femmes trop jeunes ou trop vieilles pour lui ? Je n’osai pas vraiment lui poser la question, parce que je me dis que ça devait être relativement délicat pour le coup, mais au bout du compte, je n’aurais pas eu besoin de le faire, parce que mon meilleur ami me répondit, m’obligeant ainsi à tenir solidement ma prise pour ne pas la lâcher parce que pour le coup, je devais admettre que j’avais un peu envie de lui sortir un air amusé et une réponse quelque peu bête. Cependant, je me ravisai dans un premier temps, me disant que ça ne pouvait pas être aussi simple que ça. Après tout, je n’avais jamais été du genre à sortir en boîte, raison étant que lorsque j’eus l’âge légal pour le faire, j’avais déjà mis au monde ma fille, alors bien sûr, elle était devenue ma priorité et elle l’était toujours restée, maintenant avec son petit frère, bien évidemment. Par contre, quand j’y réfléchissais un peu plus, je me rendais compte qu’en fait, il n’y avait pas vraiment d’autres explications, manque d’expérience ou non. Puis, j’en vins à la conclusion que Maxence n’allait fort probablement pas m’en vouloir pour le reste de sa vie si jamais je faisais cette remarque qui, au fond, n’était pas si méchante, en mon sens. Je pris finalement le risque de lui demander alors:  « Pourquoi tu ne changes pas de club alors ? » sans me rendre compte qu’en fait, mon propos cachait un sous-entendu qui était tout aussi simpliste que ma remarque de premier degré. En effet, cela sous-entendait que peut-être que si jamais il commençait à voir des femmes de son âge, ça irait mieux, il serait plus stable ? Après, je ne savais pas ce qu’il cherchait mais la remarque qu’il passa par la suite me fit directement croire que justement, il avait besoin de quelque chose de plus stable. Évidemment, je ne pouvais pas lui offrir une famille comme ça, sur un plateau d’argent, mais bon. Ce que je pouvais faire, ce que je me devais de faire, c’était le soutenir, tenter de le conseiller comme je le pouvais. N’était-ce pas ce que les meilleurs amis devaient faire ? Enfin, déjà, je crus bon de le rassurer quant à son envie, histoire qu’il ne s’en veuille pas, et je le fis en affirmant:  « Je ne t’en veux pas, si ça te chicote. » Enfin, il était certain que ce serait plus sain que cette envie ne soit pas là, mais bon… Quoiqu’il en soit, je choisis de ne pas m'attarder éternellement, et j’ajoutai:  « Mais je suis sûre que tu trouveras chaussure à ton pied un jour. Et je ne dis pas ça pour faire mignon, je le dis parce que je le pense, parce que tu es quelqu’un de bien Max’, sincèrement. » Sur ces mots, je lui souris le plus honnêtement que je le pouvais, espérant que même si ce n’était pas grand-chose, mes propos pourraient ne serait-ce que le réconforter un peu.

Maxence éclata de rire à la remarque de Kaliska, qui avait toujours la bonne réponse à donner. Elle ne se privait pas de lui passer des commentaires francs, et c’est ce qui rendait leur amitié si sincère. Après tout, c’était vrai : si Maxence continuait de traîner avec des femmes dans la vingtaine, il ne trouverait jamais son bonheur. Des femmes dans la trentaine, il y en avait, à Bowen. C’était inévitable. Elles ne pouvaient pas toutes être mariées ou en couple, tout de même. Maxence ne cherchait sans doute pas aux bons endroits, voilà tout. « Et il se trouve où, cet autre club ? T’aurais pas des amies à me présenter ? » Maxence adressa un clin d’œil à la blondinette. Il rigolait. Il ne voulait pas devenir un fardeau pour elle. Devenir l’ami qu’elle devait caser à tout prix. Maxence était encore capable de survivre dans son célibat le temps qu’il faudrait. Pourvu que ce ne soit pas trop long, quand même. Quand Maxence avoua à Kaliska être un peu jaloux de la vie qu’elle mena, celle-ci sentit sans doute sa culpabilité face à cet état d’esprit, car elle lui assura tout de suite qu’elle ne lui en voulait pas. Il sourit. « Tant mieux. Parce que c’était vraiment pas mon intention de paraître égoïste ou quoi que ce soit … » Kaliska ajouta qu’elle était certaine qu’il trouverait un jour ou l’autre chaussure à son pied, soulignant qu’il était quelqu’un de bien, alors que forcément il trouverait le bonheur aussi. « T’es gentille, Kal’. T’es quelqu’un de bien aussi, tu sais. » Elle était l’une des personnes les plus importantes dans sa vie. Ce n’était pas rien, pour un homme qui choisissait avec soin ses relations, autant amoureuses qu’amicales.

Bref, il était rendu en haut du mur d’escalade et il resta en place, agrippé à ses prises, le temps que Kaliska le rejoigne. « Bah tu vois, c’était pas si mal ! T’as rien perdu du tout. Prochaine fois, on ira à l’extérieur. » Proposa Maxence. Ils avaient décidé d’y aller doucement pour leur retour au mur, mais maintenant qu’il avait bien vu que Kaliska était encore bien entraînée, plus rien ne les en empêchait. Maxence redescendit finalement le mur, suivit de près par son amie, et une fois en bas, il retira son équipement. Ce fut bref, mais ils ne s’attardaient jamais trop longtemps. « T’es venue en voiture ? Sinon, embarque avec moi, on se rendra chez toi chercher les enfants. » Maxence ne savait même pas quelle heure il était, au pire s’il était trop tôt il déposerait Kaliska chez elle et irait s’occuper en attendant, ou alors ils prendraient l’apéro chez elle. Peu lui importait.

Jamais je n’aurais pensé que Maxence allait prendre mes propos de cette façon. Enfin, ce n’était pas une mauvaise chose, bien au contraire, je ne pouvais pas m’en plaindre un seul instant. En fait, j’étais surtout étonnée du fait qu’il me prenait un peu… au sérieux, comme si j’avais raison dans mes dires, alors que j’en étais rapidement venue à la conclusion dans ma tête que ce serait une blague, tout simplement, et ça me convenait ainsi. Par contre, si jamais Maxence prenait ce propos un peu plus au sérieux, alors je n’allais pas m’en plaindre, surtout si cela venait à l’aider. J’étais bien consciente que ce n’était pas par cette simple discussion que tout allait s’arranger, mais c’était un bon début, non ? Considérant alors mon meilleur ami avec un sourire un peu stupide, je dus toutefois hausser les épaules pour signifier que je ne savais pas trop si je pouvais lui présenter quelqu’un, raison étant que généralement, mes amies étaient casées ou autres ou bien, il fallait l’admettre, je ne savais pas si je serais parfaitement à l’aise avec ce genre de chose. Après, si jamais je voyais quelqu’un qui serait susceptible de lui plaire et que la personne était ouverte à une rencontre, pourquoi pas ? On verrait bien, après tout, parce que je me doutais bien que ce ne serait pas la seule fille présente dans ce centre d’escalade, outre moi, qui allait lui convenir. Adolescente, blasée, clairement pas pour Maxence. Sachant que j’avais le temps, je me contentai donc de garder l’idée en tête, puis reporter mon attention en direction de mon ami tandis que celui-ci me complimentait d’une façon qui me toucha particulièrement. Je ne pus m’empêcher de lui sourire chaleureusement afin de lui signifier que je le remerciais de ce commentaire. Puis, je repris ma route vers le sommet du mur que j’atteignis, à ma grande satisfaction, que peu de temps après mon meilleur ami, qui ne tarda pas à me gratifier d’une remarque comme quoi je n’avais rien perdu. Il fallait admettre que pour le coup, il avait raison. Plus qu’heureuse pour le coup, je ne pus faire autrement que lui répondre :  « Avec plaisir ! » quand il me proposa d’aller en faire à l’extérieur la prochaine fois. Qui sait, peut-être qu’Alexis serait d’accord pour venir avec nous ? Peut-être que Maxence aurait quelqu’un pour l’accompagner également ? Je devais admettre que cette éventualité était plus qu’intéressante, mais je ne la soulevai pas tout de suite, me contentant de simplement descendre en m’appuyant de temps à autre sur le mur tout en me laissant glisser en rappel jusqu’au sol. L’atterrissage se fit tout en douceur, comme j’en avais l’habitude, et sans attendre plus longtemps, je me détachai du mur, puis je commençai à retirer mon équipement sans toutefois oublier mon meilleur ami. Heureusement d’ailleurs, parce que j’aurais eu l’air quelque peu stupide si je n’avais pas su répondre à sa question en affirmant:  « Alexis est venu me déposer ici, donc ce serait parfait si on pouvait aller chercher les enfants ! On pourra prendre le siège auto pour Dillan en même temps. » À moins qu’on prenne mon véhicule ? Ce ne serait pas très logique, compte tenu qu’Alexis en avait besoin, mais bon, on verrait bien une fois à la maison. Une fois que j’eus terminé de retirer chaussures et équipement, je mis le tout dans le sac que j’avais apporté, gardai simplement ma bouteille d’eau dans ma main pour pouvoir en boire un peu, et je dis, un peu plus fatiguée, mais toujours aussi enthousiaste:  « On y va ? »

C’était donc décidé : leur prochaine sortie serait à l’extérieur, dans la nature. L’Australie regorgeait de magnifiques endroits pour s’adonner à l’escalade. Il fallait parfois descendre un peu plus au Sud, mais Kaliska et Maxence avaient l’habitude de partir tôt le matin et de revenir en toute fin de journée, le tout pour avoir la chance de profiter de quelques heures en montagne. Évidemment, il y avait certains endroits agréables aux alentours de Bowen, mais ils en avaient déjà rapidement fait le tour. Bref, maintenant que les deux trentenaires étaient revenus au bas du mur d’escalade, Maxence proposa qu’ils se rendent tout de suite au restaurant, après avoir fait un arrêt chez Kaliska pour chercher les enfants. Il fallait d’abord régler la question des voitures, ce qui fut rapidement fait maintenant que le juge savait que la blonde était arrivée ici avec Alexis, et que ce dernier était parti. « Bien. Ce sera plus simple comme ça. » Maxence sourit. Et puis, ça ne lui posait absolument aucun problème d’être le conducteur désigné de la soirée. Il fallait bien qu’il sorte sa meilleure amie une fois de temps en temps ! Surtout lorsqu’Alexis n’était pas là ; Maxence en profitait pour tenir occupée sa blonde préférée. Évidemment, il ne refuserait jamais de voir Kaliska en présence d’Alexis, il les aimait tellement ensemble. D’ailleurs, il espérait pouvoir se rapprocher d’Alexis maintenant qu’il était de retour. Kaliska était une partie tellement importante de la vie de Maxence, celui-ci ne pouvait donc pas s’imaginer ne pas éventuellement devenir un bon ami de son mari. Et puis, à chaque fois qu’ils se voyaient, les deux hommes s’entendaient plutôt bien. À tel point que Maxence s’était promis d’un jour inviter Alexis à prendre un verre seul avec lui, pour qu’ils apprennent à mieux se connaître. Kaliska en serait sans doute ravie. Et puis, ça ouvrirait la porte à de nombreuses sorties tous ensemble, avec les enfants aussi.

Kaliska avait terminé de ranger tous ses effets personnels dans son sac de sport, et Maxence refermait également la fermeture éclair du sien lorsque la blonde lui demanda s’il était prêt à partir. « Oui, let’s go. » Lança-t-il avec enthousiasme, balançant son sac sur son épaule et buvant une gorgée d’eau de sa bouteille, qu’il conserva également dans sa main. Les deux meilleurs amis marchèrent jusqu’à la sortie, et Maxence fouilla dans son sac pour en sortir les clés de sa voiture. Il s’installa derrière le volant, Kaliska à ses côtés, et roula jusqu’à chez elle, parlant de tout et de rien. Ils avaient la conversation facile, tous les deux. Depuis le temps qu’ils se connaissaient. Maxence se stationna en bordure du trottoir devant le domicile de la jeune femme, et ils débarquèrent tous les deux. Dès que Kaliska ouvrit la porte, une petite Analeigh toute contente et excitée courut jusqu’à la porte, criant le prénom de « Maxou » avec joie dans la voix. Maxence posa un genou au sol, l’autre relevé, et ouvrit les bras pour accueillir la petite brunette. « Salut Ana banana !! » Il la serra dans ses bras en riant, puis se distança un peu pour la regarder. « Mais tu n’arrêtes jamais de grandir, toi ! Bientôt tu seras plus grande que moi. » Ils rirent ensemble, et Maxence se releva après un moment à discuter avec Analeigh, pour voir où en était Kaliska dans sa préparation.

Bien que le trajet entre le centre sportif et ma propre demeure ne soit pas très long, cela ne nous empêcha pas, Maxence et moi, de discuter comme si nous avions encore des heures de route à faire. J’en venais à me dire, avec grand amusement, que si jamais il me fallait aller dans un endroit plutôt éloigné et que je ne pouvais pas avoir mon mari avec moi, pour sûr je lui demanderais de m’accompagner, parce que je savais que je ne pourrais pas m’ennuyer. Enfin, nous n’en n’étions pas là, bien loin de là. Même le trajet pour aller au restaurant ne serait pas bien long au bout du compte, une fois que nous aurions récupéré les enfants, bien évidemment. Naturellement, cela ne saura pas tarder, puisque quelques minutes après notre départ, nous arrivâmes à la maison. Sitôt, nous fûmes accueillis par Analeigh qui ne me porta même pas attention, se précipitant aussitôt sur mon meilleur ami pour le saluer comme il se le devait. Je ne m’en montrai pas vexée, bien loin de là, parce que connaissant ma fille et me doutant bien qu’elle serait contente de le voir, je m’étais mentalement préparée à une réaction de la sorte. Laissant ces deux-là à leurs « retrouvailles » donc, j’entrai dans la maison, surprise et ravie de voir que mon mari avait songé à sortir le siège d’auto pour bébé pour le placer dans le vestibule, histoire que je puisse tout de suite le prendre et partir. Franchement, cela ne venait de me sauver un temps précieux. Cependant, cela ne voulait pas dire que j’étais prête à partir pour autant, même si je n’avais pas grand-chose à faire, comme je le fis savoir à mon meilleur ami en affirmant, une fois les exclamations entre l’homme et la petite fille passées:  « Je prends Dillan ainsi qu’un sac avec les affaires des enfants, et je suis prête à y aller ! » Dit comme cela, ça semblait être quelque chose qui pourrait prendre des minutes à faire, mais puisque Dillan n’était pas du genre à décider de courir partout dans la maison quand venait le temps de s’habiller pour partir - pas pour le moment en tout cas - et que le sac était déjà prêt, d’ici quelques instants, je serais à l’entière disposition de mon ami et ma fille. En fait, cela leur laissait juste le temps de retourner s’installer dans la voiture, avec un item en leur possession, soit le siège pour bébé que je présentai à Maxence en demandant tout naturellement:  « Tu crois que tu vas t’en sortir avec ce truc ou tu préfères que je m’en occupe ? » Pour tout dire, l’un ou l’autre ne me dérangeait pas. Je l’avais demandé surtout parce que je savais que ces trucs, c’était bien loin d’être une partie de plaisir. Si ce n’était pas du fait qu’Alexis s’était absenté de nombreux mois, je n’étais même pas certaine que j’aurais appris à le détacher et le rattacher, mais bon, au moins, je savais faire maintenant, et je ne le regrettais pas, puisque je me montrerais pas mal plus utile en cas de besoin que si je n’avais pas été forcée à l’apprendre.

Kaliska revint vers Maxence en lui tendant le siège pour bébé, lui demandant s’il s’en sortirait avec celui-ci ou s’il préférait qu’elle s’en occupe. Le juge se releva, délaissant momentanément Analeigh, et secoua la tête. « Non, ça devrait aller. Je devrais arriver à comprendre comment ce truc fonctionne. » Dit-il en souriant et en faisant une petite grimace pour plaisanter. Puis il pencha la tête vers la fille de Kaliska. « Et puis, Ana’ va m’aider, n’est-ce pas ? » La jeune fille hocha vivement la tête et Maxence lui tendit la main pour qu’ils sortent ensemble à l’extérieur, direction la voiture. Maxence regarda Kaliska par-dessus son épaule avant de sortir et lança : « On vous attend à l’extérieur ! » La petite brunette et le grand brun marchèrent en direction de la voiture de Maxence. Il installa d’abord Analeigh à l’arrière, puis contourna sa voiture pour ouvrir la portière du côté opposé et installer le banc. « Voyons voir … » Ana, à côté, se moquait grandement de Maxence qui analysait le siège de bébé et son banc de voiture, essayant de voir qu’est-ce qui se fixait à quoi, et comment. « Tu trouves ça drôle, toi, hein ? » Releva-t-il en riant et en secouant la tête. Au bout de deux minutes, et juste avant que Kaliska ne revienne vers lui pour lui proposer de l’aide, Maxence avait réussi. Il se releva et regarda la belle blonde qui revenait vers lui, Dillan dans les bras ainsi que le sac sur l’épaule. « Ben voilà, c’était facile ! » Il fit un clin d’œil à la gamine à l’intérieur de la voiture, qui rigola, complice. Maxence laissa Kaliska installer Dillan dans le siège de bébé et quand ce fut fait, il attrapa le sac qu’elle avait sur l’épaule et le déposa dans la valise. Il retourna finalement au devant de la voiture et s’installa du côté conducteur, alors que son amie l’attendait déjà du côté passager, la tête tournée vers ses enfants. Il sourit en les voyant aussi heureux. Il était d’ailleurs très content d’avoir son rôle à jouer dans cette petite famille adorable. Ça lui donnait de l’espoir pour lui aussi, même s’il n’était pas certain de désirer avoir des enfants, rien que de voir Kaliska aussi heureuse pouvait lui faire croire que tout était possible. Que lui aussi aurait droit à sa fin heureuse. « Et c’est parti !! » Lança Maxence joyeusement alors qu’il démarrait la voiture et filait en direction du restaurant. Ils allaient toujours au même. Bientôt la serveuse allait commencer à croire que c’était Maxence le mari et le père. Décidément, il fallait vraiment qu’Alexis commence à se joindre plus souvent à eux. Dès la prochaine fois, Maxence tenterait de les réunir tous ensemble. Il était à peu près temps, quoi. Bref, il se stationna à côté d’autres clients du restaurant et alors que Kaliska s’occupait de prendre Dillan, Maxence attrapa de nouveau la main d’Analeigh. Ils entrèrent dans le restaurant et Maxence demanda une table avec une chaise-haute pour le bébé. Ils suivirent l’hôtesse jusqu’à leur table, et Analeigh et Maxence s’installèrent sur la banquette, parce que c’était toujours eux qui étaient les plus rapides. Kaliska devrait encore se contenter d’une chaise. Ils se regardèrent avec un air espiègle en pouffant de rire.

Maxence ayant finalement décidé de livrer lui-même le combat avec le siège de bébé avec sa fidèle assistante, je ne sus pas vraiment m’y opposer, me disant qu’au pire, si jamais il n’y arriverait vraiment pas, alors je pourrais toujours prendre le relais. Acquiesçant donc au plan, je n’attendis pas plus longtemps pour entrer dans la maison et y retrouver mon adorable bébé, installé gentiment dans le salon en train de jouer avec ses jouets. Enthousiaste, je m’approchai, le pris dans mes bras et l’embrassai sur la joue en le gratifiant d’un:  « Salut mon bébé ! » Ensuite, histoire de ne pas faire patienter tout le monde trop longtemps, je l’emmenai à l’étage pour aller chercher le sac avec ses affaires - ainsi que quelques trucs pour Analeigh si jamais le temps s’avérait trop long au restaurant - et surtout pour vérifier si Dillan avait besoin qu’on change sa couche. Rapidement, je me rendis compte que ce n’était pas le cas, alors je n’attendis pas plus longtemps pour lui enfiler une petite veste et finalement, balancer le sac sur mon épaule pour me rendre à l’extérieur. Lorsque j’arrivai non loin de la voiture, Maxence venait tout juste de remporter la bataille contre le siège. Un large sourire fut suffisant pour signifier ma reconnaissance et ma satisfaction à son égard, et ce sourire, je le gardai tandis que j’installais mon fils dans son siège. Une fois qu’il fut prêt, je m’assurai que la même était vraie pour Analeigh - par simple principe - et je m’installai du côté conducteur pour que nous puissions nous mettre en route vers le restaurant. Celui-ci n’étant pas bien loin, nous ne mîmes quelques minutes à nous y rendre. En fait, le trajet fut tellement rapide que ni Analeigh, ni Dillan n’eurent le temps de s’impatienter. Ma fille était certes plus enjouée à l’idée d’aller au restaurant, et ça se voyait par sa façon d’être, tandis que Dillan tentait de comprendre ce qui se passait autour de lui. Vu la situation, il ne fut pas vraiment étonnant de voir Maxence et Ana’ se précipiter sur la banquette, nous laissant ainsi les chaises. Nullement vexée par ces deux chenapans, je ris doucement, puis je demandai un siège adapté pour le petit bambin d’un an qui, évidemment, ne pouvait se tenir sur une chaise tout seul. Sinon, le pauvre, il ne verrai pas grand-chose de son repas… Une fois que la chaise fut arrivée, je l’y installai convenablement, puis je me posai à côté de lui juste au moment où la serveuse arriva avec les menus. Je pris le mien en la remerciant d’un sourire poli, puis avant même de commencer à le regarder, je décidai de me tourner vers mon meilleur ami et ma fille en leur demandant, un petit sourire d’avance amusé aux lèvres:  « Alors, vous savez ce que vous allez prendre ? »

Kaliska redemanda une chaise adaptée pour Dillan était donné que ma requête initiale semblait avoir été oubliée. Pourtant, ils devaient avoir l’habitude de nous voir débarquer, à ce restaurant. Maxence ne s’en formalisa pas et continua de rigoler avec Analeigh, elle qui était toute contente d’avoir encore une fois réussi à avoir la banquette. Ce serait beaucoup moins amusant quand Dillan deviendrait un peu plus grand et que Maxence allait devoir lui céder sa place sur la banquette ! Il serait, à son tour, l’adulte dont on se moque. Comme Kaliska lorsque Maxence et Analeigh s’allaient contre elle – pour rire, bien sûr. La blonde installa son fils dans la chaise-haute qu’on lui avait finalement amenée, pendant que le trentenaire s’amusait encore avec la petite. Lorsque le serveur revint avec les menus, Maxence le remercia et posa son menu en face de lui. Sans plus tarder, sa meilleure amie leur demanda ce qu’ils comptaient prendre. Petits sourire et regard espiègles au visage, Maxence tourna légèrement la tête vers Analeigh et, à l’unisson, ils s’exclamèrent : « Des frites !!! » Avant de commencer à rire. Maxence secoua la tête, n’en revenant pas que Kaliska ait deux enfants aussi adorables. Il était chanceux, lui aussi, de pouvoir les côtoyer aussi souvent. Il était privilégié de les connaître. Bref, Maxence ouvrit son menu et choisit bien rapidement un burger avec des frites, tout ce qu’il y a de plus normal, mais ce n’était pas le genre de repas qu’il se faisait quand il était chez lui, alors autant en profiter. « Et toi, Kali, tu vas prendre quoi ? » Parce que Maxence savait que si Kaliska choisissait un plat qui semblait meilleur que le sien, il hésiterait sur son propre choix. Finalement, chacun décidèrent et donc quand le serveur revint quelques minutes plus tard, ils commandèrent sans se faire attendre plus longtemps. Les repas prirent une quinzaine de minutes avant d’arriver, durant lesquelles Maxence, Kaliska et Analeigh avaient discuté – même si Analeigh n’avait pas la même fluidité que les deux adultes, elle se débrouillait plutôt bien. C’était amusant de la voir grandir aussi vite. Épeurant aussi : le temps passait tellement vite. Il semblait à Maxence qu’hier encore c’était Analeigh qui était un bébé. Maintenant, il y avait Dillan à côté, qui les regardait avec des sourires de temps à autre, surtout quand Maxence s’amusait à lui faire des grimaces et à le chatouiller. Bref, une fois les repas servis, Maxence regarda Kaliska et ses enfants avec un sourire. Pour lui, c’était ça, la vision d’un petit moment parfait. « Bon appétit. » Déclara-t-il avant de s’emparer de son burger et de manger.