Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
Un café et des proxys. Beaucoup d’proxy parce que j’dois étudier la situation et pas m'faire coincer. Loin d’être facile avec tout ce qui se trame. L’histoire avec Nelligan, la dégueulade sur Woody, la découverte avec Lily, l’anniversaire de Zach, décidemment j’ai l’impression d’être partout à la fois. Mais aujourd’hui, j’étais dans un café avec l’accès au Wi-Fi gratuit pour reprendre du service. Pour enquêter sur mon ex qui fait peur à mon amie qui me fait peur également... Une joyeuse chaîne! J’allais faire des recherches sur le fils Wheeler aujourd’hui. Il ne m’avait pas rappelé depuis la saga dans son lit alors j’en avais déduit ce que j’avais à déduire; son ménage n’était pas prêt d’être fait. J’me concentrais sur les divers sites où je pouvais avoir accès à ses transactions sur ses cartes, rien de suspect. Soupir. Je m’en doutais bien. Tout ce que j’avais trouvé, c’était qu’il était à Bowen depuis décembre 2015. Étrange, pour un gars qui a abordé ma meilleure amie il y avait peu. Soucieuse du reste, je sentais une présence familière qui entrait dans le café : Levi. Oh tiens... J’allais pouvoir mener ma petite enquête en vrai maintenant. Je fermais les fenêtres ouvertes de mon Macbook pour en ouvrir une d’un réseau social quelconque. Je n’allais pas l’aborder, évidemment. J’allais jouer la femme intouchable, je baissais le regard vers mon ordinateur en buvant une gorgée de ce café si corsé qu’il m’en plaisait bien.
Fais le ménage dans ton esprit, fais le ménage dans ton esprit... Ouais ben c'était clairement plus facile à dire qu'à faire. Tu t'en étais rendu compte dés le lendemain de ta folle soirée avec Ally. Cette soirée où tout avait dérapé et pendant laquelle tu avais couché avec elle. Et accessoirement aussi la soirée pendant laquelle tu t'étais fait surprendre en pleine action par Effy. Évidemment que ça n'était pas qu'un petit détail. Depuis cette nuit-ci, tu n'arrêtais pas de repenser à tout ce qui s'était passé, à tout ce que tu aurais peut-être du faire ou ne pas faire. Tu n'avais toujours pas été voir la jeune brune depuis l'incident, bien trop effrayé à l'idée qu'elle te crache à la gueule en te disant qu'elle ne veut plus jamais te revoir. Mais tu allais le faire, sous peu. T'avais juste besoin d'un peu plus de temps, histoire de te préparer mentalement à l'affronter. Et puis n'oublions pas qu'il y avait également Ally dans la saga. Tu t'étais rendu compte que tu n'étais pas aussi fort que tu le pensais et que votre rupture n'était toujours pas totalement digérée. Enfin, pour toi. Bref, c'était compliqué. T'étais censé mener ta mission "Lily-Anaëlle" et à la place de ça, t'avais le cerveau pris par des histoires de cœur. Pathétique. Ce matin, après une énième courte nuit de sommeil, tu t'étais rendu au café pour commencer la journée. Parce-que de toute façon, tu ne commençais jamais une journée sans ta dose de caféine, surtout si tu avais passé la nuit entière à lutter contre les insomnies. A peine rentré dans le café, tes yeux remarquèrent tout de suite la présence d'Ally. Tu commandas rapidement un café avant de venir t'installer devant la jeune femme, sans la moindre hésitation. « Salut Ally. » Lui dis-tu simplement, un sourire en coin sur les lèvres.
Pourtant la phrase était bien claire et il y avait des moyens de s’organiser pour savoir ce vers quoi on se dirige. J’avais pris pour acquis que Levi n’avait pas fait de ménage et qu’il ne voulait pas forcément en faire. J’devais peut-être lui laisser du temps. Et visiblement un café... De mon côté, j’avais eu très mal à la tête le lendemain, je n’étais pas allée à la galerie comme je l’aurais voulu. J’aurais voulu parler au propriétaire pour l’acheter, pour découvrir d’autres talents et les encourager à faire ce qu’il y avait de plus libérateur : créer. Levi s’était acheté un café le temps que je buvais quelques gorgées du mien. Cela me remémorait les Starbucks matinaux lorsque nous avions des cours chacun le matin et qu’on se bottait les fesses pour y aller ou tout du moins pour se lever. « Hey Levi, ça va? » que j’lui demande comme je demanderais à n’importe qui. Une gorgée du café, je n’osais pas lui poser plus de questions pour le moment, mais j’enquêterais assurément sur le pourquoi il était à Bowen. « T’as été malade l’autre jour? » que je lui demandais avec un petit sourire me remémorant mon attention pour les médicaments et pourtant j’avais oublié le seau, tant pis il y avait toujours eu la poubelle, non?
Il était clair qu'en plus du total fouillis que cette soirée avait crée dans ton esprit, ton état du lendemain matin n'avait pas été très propice à la réflexion. C'était le moins qu'on puisse dire. Tu t'étais tapé une sacrée gueule de bois. Pas un mini truc dont on se remettait plutôt bien au bout d'une heure ou deux. Non, là c'était plus le genre de gueule de bois où l'on se promettait de ne plus toucher à une seule goutte d'alcool tellement le mal de crâne était insupportable. Mais bon, depuis quelques temps, t'enchaînais pas mal les soirées de beuverie et évidemment, tu les payais toujours le lendemain. Alors, t'étais plutôt habitué en fait. Pas que tu les supportais mieux, mais t'avais appris à vivre la journée avec. Ton café entre les mains, tu t'étais approché de la table où se trouvait ton ex petite amie. « Hey Levi, ça va? » Tu lui adressas un petit sourire, tout de même content de la revoir. « Ça va et toi ? Toujours aussi matinale à ce que je vois. » Lui dis-tu, avant d'apporter ton gobelet à tes lèvres pour en boire une gorgée. Tu te rappelais les matins où Ally devait user de toutes sortes d'excuses pour essayer de te faire sortir du lit : un vrai calvaire. Elle savait que tu souffrais d'insomnies à l'époque, et à vrai dire, aujourd'hui tes nuits n'étaient pas plus paisibles. « T’as été malade l’autre jour? » Tu ne pouvais pas lui mentir, si elle te demandait cela, c'était peut-être qu'elle aussi avait eu un lendemain difficile. « Disons que tes cachets m'ont pas mal aidé à survivre au reste de la journée, je t'en remercie. » Avouas-tu, un sourire amusé sur les lèvres. Ça te faisait bizarre d'être comme ça devant elle, à faire comme si vous étiez deux amis de longue date qui buvaient un café ensemble alors qu'il y a quelques jours de cela, vous partagiez le même lit. « J'voulais t'appeler, j'ai juste pas eu le temps ces derniers jours. » Lui dis-tu, sans savoir qu'elle commençait à mener sa petite enquête sur toi.
« Ça va et toi? Toujours aussi matinale à ce que je vois. » Je lui souriais à pleine dents. « L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt, tu sais. » J’étais toujours très matinale, j’avais beau essayer de faire la grasse matinée, c’était toujours raté. Et j’étais le genre de personne qui n’avait que très peu besoin de sommeil pour fonctionner, ce qui faisait bien mon affaire quelque part. Juste ce matin, j’avais eu le temps de faire un peu de yoga, de prendre mon smoothie soleil et d’aller faire un tour au dojo de Jay pour faire quelques pratiques de karaté. J’devais être la personne la plus matinale en ville. Lorsque je faisais la grasse matinée, soit j’étais vraiment fatiguée ou j’étais malade. Je le regardais boire son café et répondre à ma question, il semblait amusé par celle-ci. « Disons que tes cachets m’ont pas mal aidé à survivre au reste de la journée, je t’en remercie. » Je hochais la tête avec un sourire. « Ça m’a fait plaisir. J’me doutais qu’avec la nuit qu’on avait eu... » Je faisais référence à notre amour consumé, mais également à Effy avec qui il s’était probablement pris la tête. « Je voulais t’appeler, j’ai juste pas eu le temps ces derniers jours. » je hochais la tête. « T’inquiète pas. La vie continue tu sais... J’ai d’autres occupations et préoccupations. » lui disais-je en haussant les sourcils de tout sourire. Je prenais une gorgée de mon propre café. Il allait inévitablement savoir le pourquoi du comment. « Tu veux t’assoir? » lui demandais-je avec un sourire. Mes lèvres brûlaient à lui demander ce qui l’amenait à Bowen et je savais qu’il se douterait de quelque chose si j’en parlais si rapidement. J’ouvrais une page sur mon ordinateur de la galerie d’art de Bowen avec un petit sourire et je ne lui montrais pas le lieu où nous nous étions retrouvés. « J’envisage faire un investissement. » que je lui disais finalement. « Et je prépare ma demande pour l’investissement, en fait. » Une bonne façon de détourner la conversation et de lui cacher mes véritables plans: le démasquer.
« L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt, tu sais. » Elle n'avait pas tort. T'étais même plutôt en accord avec le célèbre dicton. Mais à vrai dire, tu pouvais te forcer à faire tous les efforts du monde pour te lever tôt, tu savais que tu ne tiendrais pas plus longtemps qu'une semaine. C'était peut-être pathologique. Ça l'était sûrement même, parce-qu'avoir des nuits aussi agitées étaient loin de frôler le normal. Il t'arrivait de passer des nuits de cinq ou six heures lorsque tu étais un peu chanceux, mais souvent, c'était beaucoup moins que ça. Alors tu sortais avec les traits tirés, le regard fatigué, et ton corps avait du mal à suivre la cadence. « T'as toujours été plus douée que moi dans ce domaine. » Finis-tu par dire, en lui adressant un petit clin d’œil malicieux. Le rythme supra sain d'Ally t'avait toujours fasciné. Elle était capable de faire la fête toute la nuit et de se réveiller quand même aux aurores. Le truc totalement impossible pour toi. « Ça m’a fait plaisir. J’me doutais qu’avec la nuit qu’on avait eu... » Tu haussas les sourcils, comme pour affirmer les paroles de la jolie rousse. « C'est clair que j'ai passé des nuits plus calmes. » Lui dis-tu, en repensant à cette soirée pour le moins rocambolesque. « T’inquiète pas. La vie continue tu sais... J’ai d’autres occupations et préoccupations. » Tu bus une nouvelle fois une gorgée de la boisson caféinée pour cacher ton malaise. Tu n'avais pas d'excuse, tu ne l'avais pas appelé parce-qu'au final t'étais toujours aussi paumé. C'était aussi simple que ça. « Tu veux t’assoir? » Tu acquiesças silencieusement, puis tu t'installas face à elle. « J’envisage faire un investissement. Et je prépare ma demande pour l’investissement, en fait. » Tu hochas la tête, curieux de savoir dans quoi elle voulait investir. « Ah oui ? T'as trouvé quelque chose d'intéressant ? » Tu savais qu'Ally avait gagné un bon paquet d'argent en t'espionnant quelques années plus tôt, cependant tu n'avais aucune idée du montant que ton père lui avait cédé. Mais tu te doutais que c'était un bon tremplin pour qu'elle puisse avoir sa propre affaire.
Les traits tirés de Levi m’étaient presque devenus familiers, sauf que moi j’avais la pêche, évidemment. Je lui avais souvent demandé de me réveiller, il ne le faisait jamais. « T’as toujours été plus douée que moi dans ce domaine. » J’me suis mise à rire à la vue de son clin d’oeil. Évidemment, il avait abandonné bien avant d’essayer. Puis, on reparlait de l’autre fois... Silence. J’le savais, évidemment qu’il n’avait pas fait le ménage. Ça devait être sans doute pour ça qu’il ne m’avait pas rappelé. Il connaissait le numéro, ou il l’aurait trouvé sans doute. Il s’asseyait face à moi. « Ah oui? T’as trouvé quelque chose d’intéressant? » « En fait, j’y pense depuis presque un an. J’attendais juste le bon moment et ... j’dois m’occuper l’esprit, ces temps-ci. J’pense que ce serait un bon moment. » Je lui montrait la galerie d’art où nous nous étions retrouvés avec un sourire. « Je crée pour la galerie depuis plus de quatre ans, maintenant. J’ai envie de la faire vivre et j’ai des idées d’aménagement, j’ai envie de la faire voir d’une façon différente et pas que pour les artistes. » J’lui souriais, les yeux pétillants. « J’ai jamais su quoi faire de ma vie, mais là j’ai l’impression d’avoir une raison de vivre. » En fait, je vivais modestement, mon art me rapportait un peu mais je vivais encore avec l’argent du contrat d’espionne. J’avais fait quelques dépenses folles pour mieux aménager la maison, la rénover, la décorer et pour ma beetle qui devait sans doute être meilleure que sur le marché. Oh et un ordinateur portable, évidemment. « J’veux aider les artistes en émergence, j’veux faire découvrir l’art aux gens de Bowen. Et j’veux donner des bourses pour les étudiants et aussi j’ai d’autres projets pour faire évoluer la galerie. Enfin, tu verras bien en temps et en lieu. » que j’lui dis en souriant, la tête pleine de projets. « Et toi, t’es à Bowen de façon définitive? Tu as un boulot? » que j’lui demande, intriguée, presque trop naïvement.
C'était presque gênant de la retrouver maintenant, et que vous vous mettiez à parler de l'autre soir. Vous aviez dérapé, il n'y avait aucun doute là dessus. Et quelque part, tu sentais bien que ça te prouvait que tu n'étais pas totalement guéri de votre rupture, que tu n'avais toujours pas tiré un trait sur elle. Parce-que si ça avait été le cas, tu n'aurais certainement pas craqué en une fraction de seconde, à la première avance qu'elle t'avait faite. Toi, t'avais littéralement plongé la tête la première. Tu ne t'étais posé aucune question, t'avais juste agi sans réfléchir comme tu avais très souvent l'habitude de le faire. Ally t'avait toujours plu. Et elle t'attirait toujours autant. « En fait, j’y pense depuis presque un an. J’attendais juste le bon moment et ... j’dois m’occuper l’esprit, ces temps-ci. J’pense que ce serait un bon moment. » Tu amenas une énième fois le gobelet à tes lèvres, posant tes yeux sur son ordinateur et découvrant alors la page web de la galerie d'arts de Bowen. Tu restas silencieux, la laissant continuer ses explications. « Je crée pour la galerie depuis plus de quatre ans, maintenant. J’ai envie de la faire vivre et j’ai des idées d’aménagement, j’ai envie de la faire voir d’une façon différente et pas que pour les artistes. » Tu voyais que ce projet lui tenait à cœur. Ses yeux brillaient lorsqu'elle en parlait. T'aurais voulu l'aider à achever ses idées, parce-que t'avais un compte en banque mirobolant et que tu dépensais ce fric dans des choses complètement sans intérêt. « J’ai jamais su quoi faire de ma vie, mais là j’ai l’impression d’avoir une raison de vivre. » Un sourire attendri vint se dessiner sur tes lèvres. « C'est un super projet Ally, vraiment. » Lui dis-tu, sincèrement. La belle rousse était tout comme toi une passionnée des arts, c'était d'ailleurs votre plus grand point commun. « J’veux aider les artistes en émergence, j’veux faire découvrir l’art aux gens de Bowen. Et j’veux donner des bourses pour les étudiants et aussi j’ai d’autres projets pour faire évoluer la galerie. Enfin, tu verras bien en temps et en lieu. » Tu souris à la jeune femme, avant de reprendre la parole à ton tour. « J'suis sûr que tu parviendras à tes fins, t'es talentueuse, tu l'as toujours été. » Le talent, ce n'était pas ce qui manquait à Ally, loin de là. Tu te rappelais lui avoir souvent rabâché qu'elle en débordait lorsque vous étiez en couple. « Et toi, t’es à Bowen de façon définitive? Tu as un boulot? » Question délicate. Il allait falloir que tu sois convaincant. « J'suis jamais quelque part de façon définitive. J'avais pensé à postuler pour un job à temps partiel à l'université en tant que prof de peinture, mais comme j'suis pas sûr de rester ici, j'ai préféré ne pas le faire. »
Je pensais que ni lui ni moi n’étions guéris de cette rupture. Une rupture, ça se fait quand il y a des raisons valables, pas quand il y a toujours de l’amour. Une rupture ça se faisait quand il n’y avait plus d’amour et à l’époque, c’était encore débordant. Ça devait être pour ça que mon cœur battait encore la chamade en la présence de Levi. Je n’étais pas prête à dire que j’étais toujours amoureuse de lui, mais j’étais sans doute prête inconsciemment à lui donner une deuxième chance. Je devenais passionnée par ce projet de galerie d’art. J’avais vraiment l’intention de le mener à terme. « C’est un super projet Ally, vraiment. » Je souriais. « Merci. » Et j’omettais de dire que j’avais les fonds suffisants pour faire ce que je voulais faire et sans doute que le propriétaire me laisserait la bâtisse pour un taux raisonnable. « J’suis sûr que tu parviendras à tes fins, t’es talentueuse, tu l’as toujours été. » Je rougissais cette fois, je ne crois pas que j’aurais été en mesure de faire ça à l’époque même si avec Levi, je paraissais capable de décrocher la lune et les étoiles. « Tu l’as toujours dis, ça, Levi. » Et c’était vrai, autant lui que moi nous nous en souvenions. Je réussissais souvent ce que j’entreprenais et la majeure partie du temps avec brio. C’était souvent le côté financier qui trainait un peu de la patte.
LA question que j’attendais la réponse. Il me disait qu’il songeait à devenir prof de peinture et pourtant ça ne concordait qu’à moitié avec ce que Lily m’avait dit. Étrange... J’allais devoir en découvrir davantage, peut-être que Lily avait omis des détails. « Pourquoi t’es pas sûr de rester? » lui demandais-je surprise. Était-ce de ma faute? Je me mordillais la lèvre inférieure, les recherches allaient devoir attendre un peu. J’avais vraiment envie qu’il reste à Bowen, j’avais envie qu’il reste près de moi, mais ça, je ne pouvais le lui avouer sans le confondre davantage. J’allais devoir analyser davantage de données, ses allers et venus et bien plus encore. Peut-être allais-je me présenter au dit cours de peinture... Ça promettait.
C'était ta fierté qui t'avait poussé à rompre. Ton putain d'égo. Ni plus ni moins. Le jour de votre rupture, tu t'en souvenais comme si c'était hier. Sous le coup des émotions, sous le choc que t'avais provoqué ce que tu avais découvert, tu n'avais pas voulu écouter les explications d'Ally, trop blessé pour pouvoir entendre ce qu'elle avait à te dire. Alors tu lui avais demandé de partir, le plus loin possible de toi. Parce-que t'étais incapable de pardonner, sûrement trop fier pour le faire. « Merci. » Tu répondis à son sourire. Son ambition faisait plaisir à voir, ses idées semblaient concrètes et totalement sensées, alors tu ne doutais absolument pas qu'elle réussirait à mener à bien ses projets. « Tu l’as toujours dis, ça, Levi. » Un sourire en coin et presque charmeur vint orner tes lèvres, alors que tu déposais ton gobelet à moitié vide sur la table. « C'est parce-que j'en ai toujours été convaincu. » T'avais l'impression d'être en train de flirter avec elle, et ce n'était vraiment, mais vraiment pas approprié d'avoir ce comportement là, surtout en ce moment. Surtout avec le bordel qui s'opérait dans ton esprit ces derniers temps. Pas très malin, Levi...
Elle te questionna sur ton activité à Bowen. A vrai dire, tu n'en avais pas eu une depuis très longtemps. Après votre rupture, tu t'étais concentré sur les voyages. T'avais erré de ville en ville, devenant pour de vrai l'aventurier que tu avais toujours été. Tu t'étais reconstruit comme ça, en partant à l'inconnu. Sans ne jamais rien planifier. « Pourquoi t’es pas sûr de rester? » Tu restas un moment silencieux. Devais-tu lui dire la vraie raison de ta venue à Bowen ? Ça serait très très risqué de le faire. « Bowen est une jolie ville, je ne peux pas le nier. Mais, j'suis pas sûr d'avoir un avenir ici. » Finis-tu par dire, sur un ton un peu plus grave. Si tu étais venu ici, c'était parce-que le père de Lily-Anaëlle t'avait assuré que tu ne risquais absolument pas d'être en danger ici. Sauf que maintenant, tu savais qu'Ally vivait à Bowen, et elle, elle en savait beaucoup sur toi. Beaucoup trop.
La rupture avait été la seule qui m’avait véritablement brisé le cœur. Évidemment, y’avait l’histoire de Woody et tout le reste, mais Levi... c’était mon éternel. Le fameux sourire charmeur refaisait surface et je levais les yeux au ciel en riant. J’le connaissais ce sourire et j’allais devoir m’en éloigner ou tout du moins y résister. Il me disait qu’il l’avait toujours été et c’était vrai, je ne pouvais pas le nier. Je retournais mes yeux sur mon ordinateur évitant une remarque avec un petit sourire que je masquais en prenant une gorgée de café. Le mien achevait, d’ailleurs. J’avais envie de retenir Levi, de retenir mon café chaud de devenir froid. Puis il parlait des raisons qui le retenaient à Bowen. Une jolie ville? Pfff, je n’en croyais pas un mot et son ton le trahissait, j’avais appris à bien le connaître avec le temps. « D’avoir un avenir? Pourquoi pas? Si tu veux, je t’embauche lorsque j’aurai ouvert la galerie d’art. Et j’t’engagerai comme artiste aussi. On pourrait créer ta classe d'art. » que j’lui disais avec un fin sourire presque suppliant de le faire rester à Bowen. « Et si tu me disais la vérité aussi, j’m’arrangerais pour que tu restes plus longtemps. » J’ouvre la page de ses historiques des transactions, comme pour le confronter, mais je restais silencieuse sans les lui montrer. Je ne mentionnais pas Lily, mais j’attendais de voir ce vers quoi il se dirigeait. Je le regardais avec mes prunelles noisettes. « Dis-moi la vérité, Levi. T’es pas revenu pour moi, parce que t’as été aussi surpris que moi de me voir à la galerie d’art, l’autre jour. Et Bowen une jolie ville? Arrête un peu... J’te connais mieux que ça. »
Ally connaissait ton histoire. C'était d'ailleurs la seule à la connaître. Et c'était d'autant plus dangereux pour toi. Parce-que tu savais de quoi elle était capable elle aussi, et puis elle avait déjà contacté ton père dans le passé, qui te disait qu'elle ne le referait pas encore une fois ? Devais-tu lui faire confiance ? T'étais dans une position de faiblesse face à elle. Et puis il était possible qu'elle connaisse très bien Lily-Anaëlle, c'était même carrément probable sachant qu'elles étaient toutes les deux natives de Bowen. Merde, ça se compliquait. « D’avoir un avenir? Pourquoi pas? Si tu veux, je t’embauche lorsque j’aurai ouvert la galerie d’art. Et j’t’engagerai comme artiste aussi. On pourrait créer ta classe d'art. » Tu hochas négativement la tête, un sourire amusé sur les lèvres. « Tu sais aussi bien que moi que j'serais un employé exécrable. » Être l'employé de son ex, originale l'idée tiens. T'avais pas envie de te lancer dans quelque chose dont tu n'étais pas sûr de pouvoir gérer. « Et si tu me disais la vérité aussi, j’m’arrangerais pour que tu restes plus longtemps. » Tu manquas de t'étouffer avec ton café, mais tu te repris assez vite et restas le plus impassible possible. Alors quoi, ton ex était médium maintenant ? « Dis-moi la vérité, Levi. T’es pas revenu pour moi, parce que t’as été aussi surpris que moi de me voir à la galerie d’art, l’autre jour. Et Bowen une jolie ville? Arrête un peu... J’te connais mieux que ça. » Tes yeux scrutaient les siens, tu te demandais comme elle parvenait toujours à être si clairvoyante. Tu soupiras un instant, embarrassé. « Tu vas me prendre pour un cinglé... » Bon, elle n'était pas forcément bien placé pour te juger pour le coup. « J'me cache ici. » Finis-tu par avouer, sur le ton de la confidence. « J'pouvais pas rester à New York, mon père savait que j'y étais. Et on m'a proposé quelque chose. C'est pour ça que j'suis ici. » Lui avouas-tu, sans donner plus de détails.
Il refusait d’instinct le job que je lui avais proposé. « Tu sais aussi bien que moi que j’serais un employé exécrable. » J’approchais mon visage du sien. « J’m’arrangerais bien pour te punir et tu le sais. » Fin sourire aux lèvres, haussement de sourcils et je me reculais de nouveau. Lorsque je le confrontais enfin pour la vérité, il avait failli s’étouffer et s’était repris de façon glorieuse, j’en conviens. C’était bien clair maintenant. J’avais mis le doigt sur un truc. Une espionne qui espionne un espion. Évidemment, classique comme histoire. Il scrutait mes yeux alors que j’en faisais autant de son côté. « Tu vas me prendre pour un cinglé... » Je tenais une piste et je souriais en évitant de répondre qu’il était déjà un cinglé de m’avoir demandé de partir, mais la blague ne s’y prêtait pas et bien pire encore, c’était la vérité.« J’me cache ici. » Je fronce les sourcils. « Pourquoi? » alors que j’le regarde toujours dans les yeux. « J’pouvais pas rester à New York, mon père savait que j’y étais. Et on m’a proposé quelque chose. C’est pour ça que j’suis ici. » Silence de mon côté. Je détournais le regard quelques instants. C’était un peu de ma faute. « J’suis désolée. » lui avouais-je platement. Je me levais pour commander une tisane et je revenais en face de lui. « C’est qui ton contrat? » C’était clair, je savais comment je parlais de Levi à l’époque. J’allais lui demander s’il s’agissait de Lily, mais j’attendais de voir s’il allait se rendre lui-même à la police Carmichael. Décidément, Lily aurait besoin plus de protection que ce que je croyais. Je me mordillais la lèvre inférieure en tentant mentalement de faire un plan pour la protéger ou je-ne-sais-quoi. « Ne me mens pas, Levi. » lui rappelais-je. En étant consciente de la cause, je pourrais l’aider adéquatement. Autant Levi, que Lily-Anaëlle qui était une de mes bonnes amies.
« J’m’arrangerais bien pour te punir et tu le sais. » Tu la regardas s'approcher un instant de toi avant de reculer à nouveau. Non Ally, ne fais pas ça... Tu fis semblant de ne pas être déstabilisé et gardas ce sourire amusé et assuré sur le bout des lèvres. Évidemment qu'elle avait trouvé la faille, elle la trouvait toujours de toute façon. Elle te connaissait bien mieux que quiconque dans cette ville, et bien sûr, elle avait compris que tu n'étais pas à Bowen simplement pour te détendre ou pour passer des vacances. Ce n'était clairement pas crédible. Après avoir hésité à tout lui avouer, tu finis par lâcher le morceau. Enfin, pas totalement. Il allait quand même falloir que tu restes sur tes gardes, bien que ça s'annonçait dur de cacher la moindre chose à la jolie rousse. « Pourquoi? » Tu t'étais plu à New York, c'était devenu ton nouveau chez toi, mais t'avais du y renoncer. Parce-que ton père connaissait absolument tout de ta vie là-bas. De ton adresse aux endroits que tu fréquentais. Et t'avais vraiment pas envie de le voir débarquer du jour au lendemain dans ta vie pour qu'il te supplie de rentrer à Londres. « J’suis désolée. » Tu dévias les yeux sur ton gobelet, préférant ne pas lui montrer que t'avais encore beaucoup de mal à digérer ce qu'elle avait fait. « C'est fait maintenant, n'en parlons plus. » Dis-tu, presque sèchement. T'avais pas envie de remettre cette histoire sur la table, vous l'aviez déjà fait et il était inutile de polémiquer dessus plus longtemps. « C’est qui ton contrat? » Elle savait. Elle savait que tu avais accepté un contrat. Bordel, t'étais pas censé lui dire. Ça serait trop dangereux. Mais d'un autre côté, Ally était la seule personne qui pouvait comprendre ta situation, puisqu'elle avait vécu la même chose. « Ne me mens pas, Levi. » Tu soupiras, finissant par poser tes yeux sur la belle rousse. « Lily-Anaëlle Hadley. » Putain, ça y est, tu lui avais dit. « Écoute, tu m'as fait comprendre que j'voulais pas qu'elle vive ce que j'ai vécu. J'ai pas prévu de continuer la mission, j'vais lui avouer avant qu'elle ne l'apprenne d'elle-même. » Finis-tu par dire, le regard honteux. « Et c'est pour ça que j'suis pas sûr de pouvoir rester à Bowen après ça. »
Ses forces, ses faiblesses, je les connaissais par cœur. Mes forces, mes faiblesses, il les connaissait par cœur. Il fallait se faire à l’idée, c’était bien trop évident tout ça. C’est pour ça que lorsqu’il me disait que c’était fait, qu’il ne fallait plus en parler : c’était amer. Ça l’était toujours pour lui et c’était un truc qu’il ne pardonnerait sans doute jamais. Je prenais une gorgée de ma tisane déjà beaucoup trop chaude, je décidais de la laisser infuser un peu plus longtemps. Il me regardait. Il confirmait ce que je pensais et je soupirais et je fuyais son regard. C’était bien ce que je craignais. J’me tais et je pense à comment protéger Lily. J’me mords la lèvre songeuse. « Écoute, tu m’as fait comprendre que j’voulais pas qu’elle vive ce que j’ai vécu. J’ai pas prévu de continuer la mission, j’vais lui avouer avant qu’elle ne l’apprenne d’elle-même. » qu’il me disait le regard honteux. « Et c’est pour ça que j’suis pas sûr de pouvoir rester à Bowen après ça. » « Oh. » que j’lui disais. Je buvais une gorgée de thé trop chaud. « Tombe pas amoureux d’elle et fais en sorte qu’elle tombe pas amoureuse de toi et tu devrais t’en sortir. » lui dis-je en haussant les épaules. C’est bien comme ça que ça s’était terminé entre nous? Je ne savais pas quoi lui dire exactement. « Ça dépend de ce que ton contrat stipule aussi. » que j’lui dis simplement en haussant les épaules. Je fermais donc la fenêtre de mon ordinateur avec ses transactions, ça avait été beaucoup plus simple que je l’aurais cru. Je repensais à Lily qui voulait me laisser Levi et maintenant tout prenait forme... « Et avec Effy? » que j’lui demande en prenant de nouveau une gorgée de thé beaucoup trop chaude pour être bue. J’aurais aimé qu’il ne m’en parle pas, mais de l’autre côté, j’préférais savoir à quoi m’en tenir.
