Staying in my play pretend, where the fun ain’t got no end. † Levi

« Je peux pas te promettre ça. Je peux pas promettre que ça ira. Parce que j'en sais rien. Tout le monde part un jour, de toute façon. D'une manière ou d'une autre. » Évidemment qu'elle avait raison, qu'elle ne pouvait rien te promettre. Mais toi, tu voulais croire du plus profond de ton cœur qu'elle s'en sortirait, qu'elle y arriverait d'une façon ou d'une autre en puisant des forces au plus profond de ses entrailles. Il fallait qu'elle y parvienne, et même si elle ne le faisait pas pour elle, tu aurais tellement voulu qu'elle le fasse pour toi. Pour vous. Pour cette histoire à laquelle tu n'avais cessé de t'accrocher depuis le début. Ouais, t'avais envie de croire à tout ça.

« Tu ne peux pas. » Ces paroles eurent l'effet d'un véritable coup de poignard, comme une force invisible qui te transperçait la poitrine si violemment qu'elle venait d'anéantir le moindre de tes fragiles et maigres espoirs. « Tu n'as aucune idée de ce que j'ai déjà fait. Aux autres, à moi-même. Et je pense qu'il vaut mieux que ça reste ainsi. Je ne veux pas t'emmener sur ce chemin avec moi, et crois-moi, tu ne veux pas y aller non plus. Je ne me le pardonnerais jamais. Alors... Alors tu dois me laisser partir. » Tu aurais voulu l'arrêter dans son monologue avant qu'elle ne prononce ces dernières paroles. La laisser partir... Ces derniers mots résonnaient tels une bombe à retardement dans ta tête. Rien que d'y penser ça te foutait la nausée. Putain ce que ça faisait mal. T'avais l'impression d'avoir fait deux pas en avant pour finalement en refaire trois en arrière. Alors, c'était donc ça la fin de l'histoire ? La laisser partir ? « Tu peux pas me lâcher ça comme ça. Pas après tout ça Effy. T'as pas le droit d'me dire de te laisser partir alors que c'est toi qui m'as retenu l'autre soir. J'te laisserai pas partir. Sauf si j'ai l'intime conviction que c'est ce que tu veux vraiment. » Tu t'étais immédiatement levé pour venir lui faire face, pour affronter son regard quitte à faire empirer la douleur que tu ressentais déjà. « Et dis-moi ce qu'on est censés faire maintenant ? Retourner à nos petites vies en faisant comme si de rien était ? J'peux pas Effy, j'en suis incapable à présent. » Avais-tu fini par souffler, le regard presque livide et la gorge nouée. Tu aurais aimé lui demander à quoi elle s'était accrochée pendant tout ce temps si c'était pour te demander de la laisser partir maintenant. Pourquoi ne t'avait-elle pas viré de sa vie le soir où tu lui en avais donné l'occasion. Les questionnements fusaient dans ta tête mais devant Effy, devant ses yeux meurtris et sa demande déchirante, tu perdais tout contrôle. Seule la douleur parvenait encore à persister.

« Si, je peux. C'est ce que je suis en train de faire. » Tu cherchais désepérément un semblant de lueur dans son regard azur, un petit quelque chose qui aurait pu la trahir, un n'importe quoi qui aurait pu te prouver qu'elle ne pensait pas tout ce qu'elle te balançait sur l'instant. Mais rien. Le néant. Ses prunelles ne flanchaient pas, tout comme le son de sa voix. Les mots qu'elle prononçait parvenaient encore à t'écorcher un peu plus chaque fois, comme si ce n'était pas déjà suffisant comme ça. Et ce n'était que maintenant que tu te rendais compte de l'impact qu'Effy avait sur toi. Merde, t'aurais du éviter ça. Tu n'aurais pas du la laisser prendre autant d'importance. Parce-qu'aujourd'hui, t'en payais salement les conséquences. Tu te retrouvais là, devant elle, à souffrir comme un con et à te rendre compte que t'avais terriblement besoin d'elle. Pourtant, dieu sait que tu avais eu maintes et maintes fois l'occasion de couper les ponts, de mettre un terme à cette relation qui prenait de plus en plus d'importance au sein de ta vie sans que tu ne demandes quoique ce soit. Tu avais toujours refusé de le faire. Parce-que tu avais toujours été convaincu que la jolie brune en valait la peine. Aujourd'hui, tu n'avais plus le choix. Elle te demandait de la laisser partir. De la laisser disparaître aussi rapidement qu'elle était apparue. « Ce que tu fais, maintenant, c'est que tu me laisses m'en aller. Je ne me retournerai pas. C'est la seule solution. Je n'interviendrai plus dans ta vie, je m'effacerai, je disparaîtrai. Je te le promets. » Tu voulais la retenir, ton cœur te criait de le faire. Mais elle avait pris sa décision. Et tu ne pouvais tout bonnement rien y faire. Rien ne la retiendrait, tu l'avais compris. Alors lorsqu'elle se rapprocha de toi, tu fermas lentement les yeux, te laissant bercer par ce dernier contact de ses lèvres contre ta peau. Et une énième fois ce contact t'électrisa, inévitablement. Puis tu sentis sa chaleur corporelle se détacher, son parfum s'éloigner. Mais comme pour essayer de faire perdurer le moment, tu décidas de garder les yeux fermés. Rien qu'un instant, qu'une poignée de secondes de plus. Parce-que tu savais qu'à l'instant où tu les réouvrirais, elle se serait envolée. Comme un fragile grain de pollen emporté par la force du vent. Les secondes défilèrent, plus rapidement que tu ne l'avais espéré. Avec appréhension, tes prunelles rencontrèrent de nouveau la lumière du jour, qui te paraissait bien plus terne à présent. Et comme elle te l'avait prédit, Effy avait quitté ton champ de vision. Et ta vie. Une grande sensation de vide s'empara de toi, aussitôt que tu réalisas ce qui venait de se passer. Elle était partie.

FIN.