would tou be my lucky charms ? -r.

Encore une soirée seul. Les choses avaient changés. Sans vraiment comprendre comment vous aviez pu en arriver là. Tu ne savais pas, tu ne comprenais pas et tu n'avais pas envie de savoir. Tu voulais juste mettre tout ça de côté, ne plus penser à rien d'autre qu'à toi ce soir. Ce soir, tu serais CJ le dragueur. CJ le connard. Ça t'allait comme un gant. Ce soir, tu te foutais de tout, vraiment tout. Ce soir, tu allais être ivre et te perdre en route. Ce soir, ne comptait pas. Ce soir il n'y aurait plus rien d'important à part toi. Ce soir, tu allais jouer au casino et perdre ce que tu avais. Tu n'en faisais rien, autant que ça serve à te payer un verre, et à le perdre en pariant. Peut-être qu'il servirait aussi à payer un verre à une belle jeune femme. Tu ne savais pas, tu le verrais bien assez vite. Tu entrais dans le casino de Bowen, il était nouveau, la dernière fois que tu avais mis les pieds dans cette ville, tu te souvenait qu'il n'y en avait pas. Tu étais bien contente d'en avoir un maintenant. Tu allais pouvoir dépenser sans compter. Tout n'était qu'une question de chance maintenant. Fallait-il encore espérer qu'elle serait de ton côté. Et tu pensais que oui, en te dirigeant vers une table de craps. Une grande blonde s'y trouvait toute seule. Enfin, plus pour longtemps. « Je peux me joindre à vous ? » Sans vraiment attendre sa réponse, tu t'étais glissé à sa table de jeu. Tu étais là pour jouer et si tu pouvais profiter, tu n'allais pas t'en priver.

Parce que tu n'arrives à rien avec ta vie et que tu n'as que tes chiens pour réellement te garder sur les rails, tu apprécies tout particulièrement te retrouver devant le comptoir d'un bar, lorsque tu ne t'y trouves pas derrière. Ton boulot c'est barmaid au Wojna, mais tu consommes rarement là-bas, de peur de faire des folies et de t'établir une mauvaise réputation auprès de tes clients et de ton patron. Ce soir, c'est soirée casino. Quand on n'a pas d'argent, pourquoi essayer de le garder pour des économies? Tu as pour ton dire qu'il vaut mieux le jouer, dans l'espoir de peut-être gagner une petite fortune. Qui sait, peut-être qu'un jour l'argent tombera-t-il des arbres. Tu commences la soirée au casino par quelques fortes consommations. Il ne faut pas être parfaitement alerte mentalement pour jeter son argent par les fenêtres. Il n'y a que les fous pour le faire de façon réfléchie. Toi, tu préfères boire et ne pas réfléchir à ce que implique tel ou tel choix. Comme dans ta vie de tous les jours, à vrai dire. Première destination : une table de dés. Ouais, pas mal. « Je peux me joindre à vous ? » La voix masculine est jeune, virile. Peut-être que tu te trompes, mais tu peux prédire sans même regarder qu'il ne doit pas s'agir là d'un vieil homme. Seulement si tu cesses de me vouvoyer. Tu hausses un sourcil en portant finalement attention à ton interlocuteur: un très beau jeune homme. Toi aussi, t'as de l'argent à gagner? Ou à perdre, peut-être? Parce que c'est comme le verre d'eau : il peut être à moitié vide, ou à moitié plein. Jouer à l'argent, c'est à peu près pareil.

Elle acceptait à condition que tu ne la vouvoies pas. Pourtant, il n'y avait rien de mal à vouvoyer une femme. Au contraire, ça donnait le sentiment qu'on la courtise, peut-être qu'elle n'était pas le genre de femme à aimer qu'on la courtise. Tu ne saurais pas vraiment dire. Mais de toute façon, tu ne comptais pas le faire longtemps, c'était juste histoire de dire. Pour te laisser t'approcher de celle que tu avais repéré, celle qui, ce soir, repartirait peut-être à ton bras. « Je ne voulais pas être trop familier. » Non, tu ne voulais pas l'effrayer. C'était une gazelle aux yeux de biches. Une proie, une conquête. Un nom de plus à ajouter à une longue liste, liste que tu ne tenais plus mais tu savais qu'elle avait un bon nombres de pages. Tu étais un dragueur, tu n'allais pas le nier. Tu aimais jouer le beau, faire tourner la tête des femmes, c'était plus fort que toi. Sa question te fit sourire, elle voulait savoir si tu était du genre optimiste. La façon dont tu pouvais voir un verre à moitié rempli. Alors, à moitié vide ou à moitié plein ? Tu passais ta main dans tes cheveux, concentrant ton regard sur le sien. « J'aurais tendance à dire que cela dépendra de mon état de sobriété. En parlant ça, je t'offre un verre ? » Tu prenais ce petit air charmeur sur le visage. Tu étais bon dans ça. Tu ne savais faire que ça, charmer, séduire et laisser tomber. C'était comme ça. Tu étais comme ça, et tu l'assumais. Tu ne pouvais pas changer l'homme que tu étais en un claquement de doigts, ce n'était pas aussi inné qu'on pouvait le penser. Chassez le naturel et il revient au galop, c'est bien ça qu'on dit ? Voilà, le tien revenait vite, peut-être un peu trop, mais ce soir, tu n'en avait rien à foutre.

« Je ne voulais pas être trop familier. » Ça t'arrache un sourire, tes traits s'étirent dans un rictus. Entre toi et moi, on sait tout aussi bien que les bonnes manières vont vite être chose du passé... Tu lui adresses un clin d'oeil en reportant toute ton attention sur le jeu de dés devant toi. Il ne faut pas lui laisser la porte trop grande ouverte. Qu'il ne s'imagine pas que tu es une femme facile, après tout, ce n'est qu'un homme venu perturber ta bulle dans l'espoir de te draguer? De t'offrir un verre, semble-t-il... Et la drague commence toujours par un regard, un sourire, et un verre, bien entendu. Malgré tout, comment refuser une si agréable compagnie - de ce qu'il en a l'air -, et une consommation gratuite? « J'aurais tendance à dire que cela dépendra de mon état de sobriété. En parlant ça, je t'offre un verre ? » Tu relèves la tête vers le jeune homme, le détaillant de tes yeux clairs, bleutés, mais assombris par le manque de clarté du casino. Surprend-moi. Mais fait gaffe, tu as à faire à une pro. Te surprendre sur la nature de ce qu'il t'offrira, ce n'est pas chose facile. Il n'y a pas que la vodka, derrière un bar. Et tu le sais mieux que quiconque, à travailler quarante heures par semaine, voire plus au Wojna d'August. Tu arrêtes de jouer un instant. Tu es un fin connaisseur du casino, ou bien un novice? Demandes-tu par curiosité, attendant de voir ce qu'il commandera pour vous deux, et ce qu'il répondra, bien entendu.

Elle était clairvoyante. Elle voyait vite ton petit jeu, elle n'était pas dupe, pas du genre à se laisser avoir facilement avec un beau sourire et un verre. Du challenge, tu aimais ça. Pousser les choses, avoir un vrai jeu de séduction, toute une stratégie à établir si tu voulais que ça aboutisse, et pas juste sourire. Elle acceptait ton verre mais non pas sans te prévenir. Une connaisseuse hein ? Barmaid à tous les coups. Ce qui t'plaisait d'avantage. « Mmh, ça rend le jeu d'autant plus intéressant. » Tu faisais appel à un serveur. Tu avais pas mal voyagé, découvert des alcools d'ici et d'ailleurs. Mais ceux d'ailleurs, il y avait peu de chance de les trouver derrière ce bar. Tu avais pris l'habitude de la vodka mais ça serait ben trop banal. Pas assez de surprise dans une vodka. Tu prenais le temps de réfléchir et du temps, tu semblais en avoir vu que le serveur ne semblait pas pressé pour venir dans votre direction. « Plutôt novice. » Tu mettais les pieds dans un casino pour la troisième fois de ta vie. Tu en avais connu un à Atlantic City et l'autre à Vegas. Tu ne pouvais pas passer dans ces villes sans passer par la case casino. Et ce soir, en le voyant ouvert, tu avais eu la main joueuse.

Moi? Jouer un jeu? Jamais. Tu n'as pas de personnage. C'est ton toi-même, ta personnalité. Neela, c'est toi et tu n'as pas à agir autrement que ce que tu es. Ton charme, ta répartie, ta sexiness et tout ce qui vient avec, c'est toi à 100%. S'il passe plus que cinq minutes avec toi, cet homme dont tu ne sais rien encore s'en rendra bien vite compte. Et rien que ça a le don de te réjouir, de faire naître en toi une pointe d'excitation qui ne s'éteint jamais bien longtemps et qui durera toujours, on l'espère. Il fait signe au serveur, qui ne semble pas prêt de vous rejoindre. Ça t'exaspère, l'attente. La patience est l'un de tes pires défauts, et si ce n'était pas pour faire ne serait-ce qu'un peu une bonne impression, tu te serais déjà jetée sur le serveur en le tirant par l'oreille jusqu'à ta table de jeu pour qu'il prenne ta commande. Mais tu t'abstiens. Pour le bien de ce p'tit cul de serveur, et pour les apparences. Surtout pour les apparences. « Plutôt novice. » Cette remarque te fait sourire, puisque c'est à peu près la même chose pour toi. Tu te donnes des allures de grande fille, de connaisseuse dans l'art du casino et de ses jeux, mais ce n'est pas tant le cas. Tu aimes jouer, voilà tout. Et tu viens quand ça te chante. On va être novices à deux, alors. Tu lui fais un clin d'oeil, lorsque le serveur s'approche enfin un peu plus de votre emplacement. Tu soupires d'impatience, mais t'abstiens encore de mettre ton idée à exécution. Moi, c'est Neela. Et toi, t'a un nom?

Un jeu, ça l'était un peu. La séduction était un jeu. Qu'on le veuille ou non, il fallait se plier à des règles et s'y prendre doucement avec subtilité parfois. Ce n'était pas toujours évident, parce qu'on pouvait être vite démasqué surtout lorsque les intentions étaient mauvaises. Tu n'en avais pas de mauvaises, tu voulais juste passer du bon temps. Et si ça pouvait être en sa compagnie, tu n'allais pas t'en priver. Tu n'avais aucune raison de ne pas te faire plaisir, cette nuit était à toi, et rien qu'à toi. « Tu connais les règles au moins ? » demandais-tu doucement. Tu n'avais presque jamais joué au craps. Tu savais qu'il fallait lancer les dés, mais tu n'avais jamais compris comment miser. Ce soir, tu apprendrais peut-être, ou pas d'ailleurs. Tu t'en foutais. Tu voulais te mettre la tête à l'envers et ressentir des sensations autre que les sentiments qui te hantaient ce soir. Le serveur décidait d'enfin se pointer et tu commandais deux baby guinness. Un petit shot pour commencer la soirée, rien de mieux. Une fois reparti, elle se présentait à toi. « Tu peux m'appeler CJ. » Tu glissais ta main vers elle, comme pour te présenter et qu'elle puisse te la serrer. C'était sûrement idiot, mais tu ne réfléchissais pas toujours à ce que tu faisais ou quand tu le faisais.