we are fancy pirates (mathilda)

Il ne sait pas vraiment pourquoi il a embarqué sur cette croisière. De toute sa vie, Alfie n'est jamais monté sur un bateau et il n'a donc aucune idée de si il pourrait être sujet à un quelconque mal de mer. Sauf qu'il a été curieux, il a voulu tenter cette expérience et partir une nouvelle fois découvrir le monde -enfin, l'océan dans de cas-ci- après déjà trois ans passés à Bowen sans bouger. Ayant placé toutes ses économies dans son bar qu'il prend plaisir à rénover, il n'a pu se permettre que le pont inférieur et partage donc une chambre avec une fille qu'il ne connait absolument pas. À peine a-t-il embarqué, il se dirige vers le lieu où il logera afin d'aller y déposer ses affaires. Alfie pousse la porte, priant intérieurement pour que sa colocataire provisoire ne soit pas occupée à se changer ou un truc du genre. Prudemment, il pousse un peu plus. « Est-ce que je dois fermer les yeux ? » demande-t-il avant de poser un pied prudent à l'intérieur de la petite pièce. Une fois rentré, il aperçoit une silhouette féminine et lui offre instantanément un sourire de salutation. « Voilà donc ma colocataire pour la croisière, ou alors un de nous deux s'est trompés et j'ai pas vraiment envie de fouiller toutes les cabines à la recherche de la mienne. » Il hausse un sourcil avant de poser son sac sur la couchette du bas.

Un voyage en croisière, c'était peut-être un peu fou mais c'était un cadeau de ton patron pour le travail exceptionnel que tu fournissais depuis que tu avais intégré la formation. Tu étais rapide, tu étais efficace et tu étais très agréable avec les clients. Tu avais su aider à booster le chiffre d'affaires avec quelques petites idées toutes simples pour donner envie aux clients de revenir. Tu allais avoir le droit à des petites vacances, toi qui n'en prend jamais, ça allait te faire bizarre. Et tu avais longtemps hésité à cause de ton problème, tu savais que ça n'allait pas être une partie de plaisir. Mais tu étais allée acheter de quoi t'équiper afin d'éviter de flipper, d'autant plus que tu allais partager ta cabine avec une autre personne. Un homme d'après le listing à l'entrée du bateau, mais tu ne t'étais pas vraiment attardé dessus. « Non, vous pouvez entrer ! » Tu avais rigolé, trouvant l'instant rigolo. Alors que tu étais en train de coller des post-it à côté de ton lit. Il allait sûrement te poser des questions. « Ce qui voudrait dire qu'on est pas doués, mais si quelqu'un se pointe, on aura qu'à lui dire qu'il se trompe. » Tu étais assez bonne pour ça, tu avais déjà convaincu une femme dans un train, qu'elle se trompait de wagon alors que c'était toi, mais trop épuisée par le voyage, tu n'avais pas eu le courage de bouger et tu avais fait preuve de ruse. Tu n'en étais pas vraiment fière mais tu le referais sûrement dans ta vie. « Je suis Mathilda ! » Tu t'approchais de lui pour lui tendre une main avec un grand sourire charmant.

Après avoir posé son sac, il prend enfin le temps de faire attention aux petites touches de déco ajoutées par sa colocataire provisoire. Alfie regarde les post-it, curieux, mais reporte à nouveau son attention sur la demoiselle qu'il commence déjà à apprécier après seulement trente secondes passées ensemble. « J'aime beaucoup ce plan, » répond-il avec un sourire amusé, appréciant qu'elle entre dans son jeu plutôt que de le contredire alors qu'ils ne se connaissent même pas. Enfin, pas encore. Rapidement, elle se présente sous le prénom de Mathilda et lui tend une main qu'il sert poliment, bien que rares sont les fois où il a du avoir ce geste. « Alfie, » dit-il simplement, jugeant qu'il n'y a rien de plus à dire. Il lâche sa main, prend appui contre le mur derrière lui, puis croise les bras contre son torse. « Je sais que ça ne me regarde pas, mais vu que ce sera aussi ma chambre je me donne le droit de demander. Les post-it, c'est pour quoi ? » Il s'attarde une nouvelle fois sur les bouts de papiers collés près du lit de Mathilda. Peut-être qu'elle ne voudra pas en parler et, évidemment, il ne lui en voudra pas. Sauf qu'Alfie a toujours été curieux, parfois trop, et il aime connaître un minimum les gens avec qui il partage une chambre.

La première question qu'il te posait, c'était forcément la première à venir. Peut-être qu'il y en aurait d'autres par la suite, si jamais vous vouliez apprendre à vous connaître, mais pour l'instant, il te voyait préparer un tas de post-it que tu collais un peu partout autour de ton lit. Forcément, ça attire l'oeil et ça donne envie d'être curieux, d'en savoir plus sur ce que c'est, et pourquoi c'est là. « Je sais pas comment l'expliquer sans avoir l'air d'une folle.. » Tu te pinces doucement les lèvres. C'est jamais évident, raconter l'accident, les gens avaient pitié de toi parce qu'ils trouvaient ça triste ce qui t'arrivait. Tu ne voulais pas qu'il soit triste pour toi. Tu voulais qu'il s'en fiche, qu'il te dise que ce n'était rien et que vous puissiez passer deux semaines comme si de rien. En sachant pertinemment que tu n'aurais aucun souvenir de ce qu'il allait te dire et inversement. « Je n'ai plus de mémoire, chaque jour, tout s'efface et je ne me souviens de rien depuis mon accident. » Tu avais synthétiser les choses, allant à l'essentiel pour une fois. Baissant légèrement le regard parce que tu n'étais pas prête à voir ce que tu pourrais y voir dans le sien. « Les post-its c'est pour m'aider à me souvenir que je serais sur un navire en me réveillant et que tu es mon colocataire. » ajoutais-tu doucement. C'était pas si compliqué que ça au final. Et s'il voulait changer de colocataire, alors tu accepterais ton sort.

Ce qu'elle dit l'intrigue et lui fait hausser un sourcil. Il a toujours été curieux Alfie, et il a toujours aimé les histoires qui sortent un peu de l'ordinaire. « Attends, je m'assieds, » lâche-t-il avant de prendre place sur le lit en face du sien, un sourire amusé aux lèvres qu'il ne peut pas cacher au vu de la situation. On dirait qu'elle est sur le point de lui annoncer une terrible nouvelle, alors qu'il ne voit pas ce qu'elle pourrait lui lâcher de si terrible puisqu'ils ne se connaissent même pas. Quoi que, si elle lui balance qu'elle pourrait mourir à tout moment dans cette chambre, là il risquerait de ne pas être rassuré. Heureusement pour lui, la réalité est très loin de son scénario catastrophe. Il hoche pensivement la tête, assimilant les infos qu'elle lui apprend et comprenant à présent pourquoi les post-its. « Je sais que ce n'est sûrement pas comme ça que tu le vois, mais ça peut amener du positif. Y a pas mal de moments que j'aurais aimé oublier aussi facilement, » ajoute-t-il avant de hausser les épaules, toujours aussi peu délicat dans le choix de ses mots. Ce ne doit sûrement pas être facile pour elle, mais il ne sait pas ce qu'il est censé dire pour lui faire comprendre qu'il ne la considère pas comme une espèce d'alien. « Et si j'essaie de t'aider, est-ce que je risque de me prendre un coup dans l'entre-jambe chaque matin ? » lui demande Alfie le plus sérieusement du monde.

Tu le regardais s'asseoir avec un sourire, il devait s'imaginer tout un tas de choses, sans s'approcher de la réalité. C'était assez compliqué de vraiment savoir ce qui t'arrivait. C'était tellement rare comme handicap que tu serais sûrement la seule qu'il croiserait tout au long de sa vie. Et tout ça parce que tu avais eu un accident. La faute à pas de chance. Tu l'écoutais voir les choses d'une autre façon. Il avait raison, mais il ne mesurait pas l'importance que ça avait sur ta vie en général. « C'est vrai que pour les mauvais jours, c'est pratique. Mais il n'y a pas que de mauvais jours, et ne pas me souvenir des beaux jours, ça craint vraiment. » Tu t'asseyais sur ton lit en haussant les épaules. Tu ne devais pas être triste, tu n'aimais pas être triste. Tu ne voulais pas faire la malheureuse sur ton sort mais parfois, c'était assez compliqué. « Dis-toi que quand cette croisière sera finie, je ne m'en souviendrais pas et j'aurais aucun souvenir de t'avoir eu comme coloc ! » Tu affichais un léger sourire, essayant de détendre l'atmosphère maintenant que tu avais l'impression de l'avoir rendu pesant. Sa nouvelle question te fit rire. Tu secouais la tête à la négative. « Non, je ne suis pas du genre violente, au mieux, je risque de te casser les oreilles si je crie. » Mais même ça, tu n'étais pas certaine de le faire. Tu avais un caractère assez doux, tu pouvais t'énerver, mais jamais en allant dans la violence.

Pensif, Alfie l'écoute tout en hochant lentement la tête. C'est vrai, il n'avait pas pensé à ça. Enfin si, mais c'était beaucoup moins drôle de le mentionner. Il doit avouer qu'il y a effectivement des souvenirs qu'il n'a pas envie d'oublier, des moments qu'il garde précieusement dans un coin de sa mémoire sans que personne ne sache à quel point ça a pu compter pour lui. « Tu marques un point, » finit-il par dire, relevant les yeux vers elle. À la suite de ses paroles, il hausse les sourcils avant de pousser un léger soupir. « C'est agréable de voir qu'on marque les esprits, » dit-il sur le ton de l'ironie. Comment lui en vouloir, ce n'est pas sa faute après tout. Et puis, rien ne leur empêche de passer un bon moment, pas même ses pertes de mémoire. Au pire, si il se passe quelque chose qu'elle oublie de noter et qu'il veut qu'elle retienne, il lui écrira un mot et le glissera discrètement dans ses valises. Rassuré de savoir qu'il ne se prendra pas un coup, Alfie fait semblant d'être plus soulagé. En réalité, il lui en faut bien plus pour l'effrayer. Qu'elle lui annonce qu'elle fait partie d'un réseau mafieux pouvant venir tenter de la tuer à chaque nuit passée ici, par exemple. « On va éviter, je peux te la jouer journal télévisé tous les matins et ça devrait aller. Enfin on verra, pour être sincère j'ai jamais vraiment dû faire face à ce genre de situation. » En même temps, à part son entourage, rares doivent être les personnes sachant comment se comporter face à une fille qui vit chaque journée comme si elle venait tout juste d'être née.

A sa remarque tu esquissais une jolie grimace digne d'une enfant de 8 ans. Tu étais à peu près aussi mature que ça. Tu savais bien que ce n'était pas méchant et que c'était pour t'embêter. D'où cette façon de réagir d'ailleurs. Tu aurais pu bouder aussi, mais tu ne le connaissais pas assez pour rentrer dans ce genre de jeu. Si tu voulais passer deux semaines agréables, autant essayer d'avoir ton colocataire dans la poche. Tu l'écoutais proposer son idée, en hochant la tête du début à la fin pour approuver. « Un journal télévisé, ça pourrait être cool en vrai. D'habitude j'ai le droit à une fiche résumée sur mon petit laptop. » Autant dire que c'était plutôt boring comme façon de connaître le résumé de sa journée d'hier. D'autant plus que chaque soir, tu écoutais minutieusement ton dictaphone, pour savoir avec qui tu avais parlé et de quoi tu avais parlé pour ne pas oublier si c'était vraiment quelque chose d'important. En général, c'était des futilités, mais quand tu étais avec Orson par exemple, ça te permettait de savoir quelle folie tu avais pu faire en sa compagnie. Et le noter quelque part pour éviter de toujours lui proposer les mêmes choses. Ça l'agaçait à force, même si tu n'y pouvais rien. « Est-ce que tu as prévu quelque chose pour la journée ou tu veux m'accompagner visiter le bateau ? » En ce qui concerne la chambre, il n'y avait pas grand chose de plus à voir. Il y avait une petite pièce à côté qui faisait office de toilettes et de salle de bain. Autant dire que si l'un prend sa douche et que l'autre a envie de faire pipi, ça pourrait éventuellement poser problème mais pour le moment, ce n'était pas le genre de questions que tu avais envie de te poser. Tu avais envie d'aventure, et pour ça, rien de mieux que de partir en reconnaissance et de découvrir les mille et une merveilles que cachait ce bateau.

Prêt à lui faire une démonstration d'un présentateur de journal télévisé, Alfie lève un doigt en l'air pour lui faire signe d'attendre et inspire profondément afin de pouvoir prendre son air le plus sérieux possible. « Madame bonsoir, ici votre colocataire de cabine de croisière qui vous parle. » Il perd cependant rapidement son sérieux et se laisse aller dans un rire moqueur envers lui-même. « On dirait plutôt un capitaine de bateau, je me croyais plus doué que ça en imitations. » Évidemment, il serait incapable de tout lui rappeler à moins de la coller toute la journée, ce qui ne lui plairait certainement pas à elle comme à lui. Enfin, ils se croiseront certainement de temps à autres sur le pont et pourront se raconter leurs journées afin qu'ainsi, Alfie puisse la lui rappeler le jour suivant. À sa question, il bondit immédiatement de son lit et manque d'ailleurs de se cogner la tête contre la lampe au milieu de la pièce. Alfie et son foutu mètre 88. « Nope, rien de prévu. Ce serait un plaisir de t'accompagner pour une visite improvisée, » ajoute-t-il avant de se diriger vers la porte et de se placer à coté. Il la tient pour Mathilda et, une fois qu'elle est passée, sort à son tour de la petite pièce et ferme la porte derrière eux. « T'as la carte ? Je crois que j'ai fourré la mienne dans mes affaires qui sont à l'intérieur, » dit Alfie en se tournant vers elle, un air coupable sur le visage.

Sa proposition etait amusante et il te donnait meme un aperçu de ce qu'il pourrait t'arriver chaque matin, parfois avant avoir eu le temps de te rappeler que tu étais sur un navire et qu'il partageait ta cabine parce que tu étais pauvre. Au moins tu savais que si c'était ainsi tous les matins, ce serait dans la bonheur humeur et le rire. Mais il exprimait vite sa déception face à sa performance. « Si tu veux j'peux t'entrainer ! » Tu n'étais pas excellenete en imitation mais il y en avait certaine que tu savais faire avec grand brio. Des années et des années de pratique. Sûrement aucune qui ne pourrait l'aider dans sa quête d'animateur d'émission mais ça pouvait être drôle. « Tu crois qu'on peut rendre visite au capitaine ? » demandais-tu en cherchant ta carte puisque la sienne était enfouie. Autant dire que la tienne n'était pas vraiment plus accessible et puisque ta valise etait encore ouverte, ça irait relativement vite. La preuve, une fois en main tu la depliais en s'approchant de lui. « Envie d'aller quelque chose en premier ? La piscine ? Le bar peut-être ? » Apres tout, c'était sûrement la plus grande attraction de la croisière. L'idée d'être libre parce qu'on se retrouve au bar pour profiter de cocktails qu'on aura pas à payer puisque c'était déjà taxé dans la facture du voyage. C'était aussi l'occasion de se poser un instant, de boire un coup, de se détendre et de faire plus ample connaissance. Ou alors parler de tout et de rien comme de vieux potes partageant une grande alchimie. Mais c'était aussi un gros cliché et ce n'était pas vraiment le genre d'aventure qui te tentait plus que ça.

Face à sa proposition, Alfie ne peut cacher sa surprise. Il hausse les sourcils pendant qu'un sourire vient lentement étirer ses lèvres, puis finit par hocher la tête. « Mais carrément, je serais ravi de t'entendre faire des imitations. » Parce que lui, il est clairement nul pour ça. Il a beau essayé, il n'arrive à faire que la voix de Danny Zucko dans Grease, son film secret préféré. Elle lui demande si ils peuvent aller saluer le capitaine et, clairement, il n'en a pas la moindre idée. « Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas, je suis sûr qu'il doit se sentir un peu seul dans sa cabine. » Il s'imagine avec Mathilda jouant une partie de poker avec le Capitaine, et cette simple idée suffit à lui tirer un sourire amusé. Après qu'elle ait trouvé sa carte, ils sortent tous les deux de leur chambre pour partir à la découverte du bateau. Piscine, bar, ponts, il y a tant de choses qu'ils pourraient voir et pourtant, Alfie ne dirait pas nom à un petit quelque chose à boire. « Je peux t'offrir un verre ? » lui dit-il pour plaisanter, sachant évidemment que les boissons sont comprises dans le prix du ticket. Tout en se dirigeant vers le bar, il pose son regard sur sa colocataire. « Et sinon, à part ton amnésie journalière, qu'est-ce qui te caractérise ? » ne peut-il s'empêcher de lui demander, un brin trop curieux.

Il acceptait ta proposition de visiter et tu t'étais précipitée en dehors de ta cabine, vous avanciez doucement sur le pont inférieur. « Allons-y ! » Tu affichais un grand sourire, fière de ton imitation du 11ème Doctor, elle n'était pas parfaite puisque tu n'avais pas une voix masculine et que c'était assez difficile de monter dans les graves, toi qui avait une voix assez aiguë. « Il doit pas être tout seul, faut bien le naviguer ce bateau sinon on va refaire un remake de Titanic. » Autant dire que l'idée ne te plaisait pas. Il n'y avait même Leonardo sur le navire pour ce que ce soit vraiment intéressant comme remake. Tu tenais à la vie, tu n'étais pas venue là pour périr, ce serait une triste façon de finir ta vie. « Avec plaisir mon camarade. » ajoutais-tu en imitant un russe cette fois-ci. Lui était mieux que le précédent, même si avec un accent russe, tu ne savais dire qu'une seule chose. Pour le verre, il n'aurait pas grand chose à débourser en plus puisque c'était compris dans le prix du voyage, mais le geste n'en était pas moins amusant. Toi aussi tu pourrais lui offrir un verre. « Je suis apprentie horlogère. » C'était une piste de plus pour lui puisque c'est ce qui semblait vouloir connaître. L'occasion de faire une nouvelle rencontre, peut-être une belle rencontre. C'était bien parti pour, vous arriviez à votre première destination. « Et toi alors ? » demandais-tu avec un fin sourire, prenant place sur un des sièges devant de la bar.

Il comprend qu'elle vient de faire une imitation vu son sourire fier, sauf qu'il ne la saisit pas parce qu'il n'a jamais été très calé en films et séries. Ça a plus été ses soeurs qui lui faisaient sa culture, Alfie était trop souvent dehors que pour réussir à suivre un show de plusieurs saisons. Ou alors, il la commençait et regardait l'épisode suivant seulement huit mois plus tard, et il finissait pas oublier l'histoire. Par contre, ce qu'elle répond ensuite arrive à le faire rire. « Ah non hein, j'ai pas payé tout ça pour finir en fish stick au fond de l'océan. » Il avait déjà vu Titanic une fois, seulement parce que c'était un classique qui était soit disant trop beau que pour être manqué. Et pourtant, Alfie n'a pas accroché. En même temps, il n'a jamais été fan des films romantiques, surtout pas si tout le monde crève à la fin. « Très bel accent, j'admire, » lui répond-il après qu'elle se soit mise à parler comme un russe, un timbre de voix qui ne colle pas vraiment avec le visage de poupée de Mathilda. Il apprend qu'elle est horlogère, lui qui ne savait même pas que ce métier existait. « T'es dans la vente, ou t'es plus une sorte de docteur pour horloges ? » lui demande-t-il avec un sourire amusé. Elle lui retourne la question alors qu'ils arrivent au bar, et il se permet de lui répondre avant de commander. « Je viens d'acheter un bar, mais tout est à retaper. Du coup là, je suis mi-serveur mi-tapisseur de murs. » Nouveau sourire avant qu'il ne se tourne vers le barman pour demander une bière.

Tu t'étais mise à rire quand à ta remarque et à la sienne. Finir en fish stick, autant dire que tu ne voulais pas non plus. Tu ne voulais pas te faire déchiqueter par un requin, ni même par une baleine. Hors de question de faire un remake de Titanic alors autant éviter. Le plus simple c'était d'aller au bar et de profiter un peu de l'alcool gratuit. Tu n'avais pas prévu de finir bourrée chaque soir, mais c'était pas pour autant que tu ne pouvais pas boire. « Notre boutique fait les deux, on répare et on en vend. » Même si vous aviez plutôt une clientèle qui venait pour faire réparer des montres, mais pas que, il y avait aussi les horloges, les montres à gousset. Tu avais en tête le seul client qui était venu plusieurs fois avant ton accident, Howard. Sur le moment présent, tu serais incapable de dire combien de fois il était revenu depuis. « Tapisseur de mur ça doit être un chouette métier ! » ajoutais-tu en rigolant. Tu l'imaginais bien sur une échelle, à bien poser le papier pour éviter les bulles ou tout autre problème du genre, comme un décalage. Il n'y avait rien de pire que d'être bourrée et de faire une fixette sur une imperfection. Tu avais un peu trop tendance à les remarquer et à faire un blocage dessus mais tu n'y pouvais rien. Par chance, à ce bar, il ne semblait pas y en avoir ou tu n'avais pas encore assez bu pour les voir. « Et il va s’appeler comment ce bar ? » demandais-tu avec un léger sourire, curieuse de savoir ce qu'il allait te répondre.

Petit à petit, il commence à l'apprécier Mathilda. Elle est drôle, même si il n'arrive pas toujours à saisir ses références. Au moins, elle arrive à le faire rire et visiblement lui aussi. Quand elle lui parle de sa boutique, il hoche simplement la tête sans oser lui dire qu'il ne s'est jamais rendu dans une horlogerie. Il les a toujours imaginées comme dans ce jeu auquel il a joué une fois, après avoir piqué sa console à Aïnhoa quand ils étaient encore gamins. Professeur Layton. Il visualise une pièce immense remplie d'horloges qui tiquent sans arrêt, avec un parquet qui grince et un vieil homme à lunettes à l'accueil. Visiblement, il s'est bien trompé pour ça maintenant qu'il fait face à Mathilda. C'est ensuite à son tour de lui parler de ses occupations du moment, notamment la rénovation d'un vieux bar qu'il vient tout juste d'acquérir. Cette réflexion qu'elle lance lui tire un sourire amusé. « C'est génial, j'adore être en tête à tête avec ces bouts de papier pleins de colle qui me retombent sans arrêt sur la tête. » Il plaisante, pourtant il adore retaper ce bar qui est maintenant le sien. Jamais Alfie n'a eu à faire face à autant de responsabilité avant ça, et il ne se sent prêt à baisser les bras cette fois-ci. À la question qu'elle pose, il fait tourner ce verre que vient de lui amener le barman entre ses doigts, regardant le liquide d'un air trop songeur. « Je ne l'ai encore dit à personne, mais je suppose que je peux faire une exception. » Il lève une nouvelle fois le regard pour croiser celui de Mathilda. « Le Hendrix, en hommage à un grand homme parti trop tôt. » Jimi Hendrix, célèbre guitariste qui a fait rêver Alfie pendant plusieurs années. Il boit une gorgée de sa bière avant de reposer le verre sur le bar.