sharp edges have consequences -r.

Avec le retour de Nevaeh et la croisière qui se profilait, tu avais profité pour organiser une soirée entre fille, une soirée pyjama, rien que toutes les deux chez toi pour parler du bon vieux temps, de ce qui s'était passé dans la vie de chacune. Ce que tu n'avais pas prévu avec tout ça, c'était la rumeur des Writers quelques jours avant votre soirée. Tu lui avais envoyé un message pour savoir si elle voulait annuler, mais elle ne l'avait pas souhaité. Pourtant, tu avais repensé un peu à ta soirée, prévoyant d'autres choses. Après tout, elle était fiancée à cet homme, celui qui l'avait trahi. Mais tu ne jugeais pas. Tu ne savais pas pourquoi il l'avait fait, s'il s'était passé quelque chose. Tu pourrais faire comme tout le monde et le traiter de connard, lui dire que tout le monde l'avait prévenue mais tu ne le ferais pas. Ce n'était pas ça, être une amie. Bien au contraire. Lorsqu'elle sonnait à la porte, tu te dépêchais de lui ouvrir, un léger sourire sur le visage. « J'ai de la crème glacée, des films plus tristes les uns que les autres comme Titanic, The Notebook ou encore PS : I love you. » A peine était-elle rentrée que tu l'assaillais de propositions diverses et variée. Déjà habillée de ton joli pyjama élastique. Tu avais l'impression d'être de plus en plus grosse, de même être une baleine tellement ça se voyait. Tu ne pouvais plus te pencher en avant et toucher tes pieds parce que ton ventre faisait barrage. « Et même si je ne peux pas boire de vin, je peux volontier t'ouvrir une bouteille ! » Tu lui montrais ton ventre avec un grand sourire. De toute évidence, elle avait dû le voir en rentrant. Et pour l'annonce, tu avais mieux fait pour Concho, mais tu ne pouvais pas toujours le faire deviner à tout le monde. Surtout que là, tu ne voulais pas voler la vedette, elle avait besoin de toi, pas l'inverse. « Comment tu te sens, Nev ? » demandas-tu avec une petite moue. Tu te doutais bien que la réponse ne serait pas positive, qu'elle n'allait pas sauter de joie et éclater de rire.  

La soirée allait se faire et même si tu te sentais triste pour ton amie et ce qui lui arrivait en ce moment, tu te sentais aussi heureuse à l'idée d'avoir une soirée en tête à tête avec elle. C'était ça les hormones, ça te détraquait dans tous les sens, tu pouvais passer du rire aux larmes en moins de trois secondes et ça devenait de plus en plus difficile à gérer. Mais tu n'étais que dans le début de ta grossesse et c'est ça qui te faisait peur. Pour le moment avec Nelligan, ça allait encore, mais tu ne voulais pas imaginer comment ça serait à sept mois. Ton amie passait le pas de la porte, retirant son manteau, sans avoir tout de suite réalisé la chose. Mais lorsqu'elle le vit, sa réaction fut très amusante. Très plaisante même. « Vas-y, dis que je suis grosse ! » Tu ouvrais la bouche en grand, posant ta main devant pour mimer la surprise mais tu n'étais pas choquée le moins du monde. Au contraire, tu riais. Et tu riais tellement qu'une larme coulait le long de ta joue. Et voilà, ça commençait déjà alors qu'elle n'avait rien dit. Tu n'étais pas sûre de pouvoir contrôler tes émotions tout au long de la soirée qui s'annonçait. « Je suis à peine à 5 mois, j'ai déjà pris 5 kg ! » Mais c'était une bonne chose. Tu avais lu à plusieurs endroits que dix kilos pour une grossesse, c'était en moyenne ce qui arrivait et qu'il ne fallait pas prendre plus de la moitié pendant les 5 premiers mois, donc tu t'en sortais assez bien. Mais tu étais si fine, que ça se voyait très vite. « Mais même si mon ventre devient imposant, ce n'est pas de moi qu'il s'agit ce soir ! » Tu secouais le doigt en même temps que ta tête. Tu aurais un autre moment avec elle pour parler de ça, à l'heure actuelle, il y avait plus important. Comme son état mental et physique. Tu ne pouvais penser à rien d'autre. « Est-ce que tu veux m'en parler ? » demandais-tu en l'invitant à te rejoindre sur le canapé, si elle ne le voulait, tu n'allais pas la forcer. Sur la table basse, il y avait tout l'attirail nécessaire pour que vous puissiez passer une bonne soirée. Sauf la glace, parce qu'elle risquait de fondre avant que vous ne la mangiez.

Tu n'étais pas une baleine, il ne fallait pas abuser. Mais tu avais du ventre, il poussait un petit peu plus chaque semaine et pour toi qui avait toujours etait mince, passer du 38 au 42 c'était énorme. Tu étais peut-être un bébé baleine et encore. C'était une pensée qui avait le don de te faire rire. Très vite, vous etiez installées dans le canapé, prête à lancer la conversation et à débuter cette grande soirée entre filles. « Oui je voulais te le dire plus tôt mais la vie est allée un peu trop vite ! » Tu avaisndeja mis presque trois mois pour le découvrir puis elle était revenue il y a quelques semaines, mais de vos côtés vous aviez toutes les deux une vie chargée et tu ne voulais pas lui envoyer un simple message, tu voulais lui dire de vive voix, après tout elle etait ta meilleure amie depuis tellement d'années, c'était la moindre des choses. « Tu as le droit d'être en colère. Et on en parlera une autre fois alors ! » Tu lui offrais un léger sourire en attrapant la bouteille de vin, tu lui servis un verre que tu lui donnais sans plus attendre et tu attrapais une briquette de jus de raisin pour toi. Une illusion parfaite. Ou presque. « Ton voyage à Perth s'est bien passé ? C'était pour un article sur quoi déjà ? » demandais-tu, curieuse. Tu prenais souvent le temps de lire ce qu'écrivait ton amie surtout si c'était publié dans le journal, mais tu n'avais pas souvenir d'avoir lu quoique ce soit d'elle depuis un moment alors peut-être que tu avais un soucis de mémoire avec les hormones.

Elle ne t'en voulait pas et tu te sentais soulagée. C'est vrai qu'avoir tenu le secret aussi longtemps n'était pas évident. Tu lui offrais même un grand sourire, qui se dissipait presque aussi vite en entendant la fin de sa réponse. « Ton mariage ? » demandais-tu surprise, pas du tout au courant de cette histoire. Tu finissais même par te demander si tu n'avais pas râté un épisode, si tu n'avais pas une perte de mémoire parce que ça te semblait vraiment trop fou mais en l'entendant parler juste après, tu comprenais qu'elle aussi, avait gardé un secret pendant de nombreuses semaines. « Oh Nevaeh, je suis désolée. » Tu affichais une moue triste, suivie d'une grimace, lui attrapant un bol de bonbon pour lui mettre sous le nez. Tu n'avais pas grand chose à dire, tu ne savais pas si ça pourrait remarcher entre eux un jour ou non. Le sujet avait été vite dévié lorsqu'elle s'était mise à te parler de son article. Elle faisait même beaucoup de mystères autour que tu avais des questions qui n'arrêtaient pas de venir mais que tu gardais pour toi, puisque c'était encore secret et qu'il fallait attendre que ça sorte. « Oh la la, tu me donnes tellement envie d’en savoir plus, préviens -moi dès que c’est publié, que je puisse me jeter dessus ! » Tu en achèterais même plusieurs, tu pourrais en poser un dans ta librairie, un pour Nelligan, pour les parents de Nelligan, tu pourrais même aller faire la lecture à Fleur, à Willow, à Concho. Tout le monde y passerait. « C’est la belle vie, pour ne pas te mentir, tout roule. » Tu n’étais pas du genre à jeter ton bonheur à la figure des autres et tu restais assez normale face à la question de Nevaeh, tu étais heureuse oui, ça oui. Tu ne pouvais pas douter de ça, mais elle, elle ne l’était pas et tu ne voulais pas enfoncer le couteau dans la plaie. Tu ne pouvais pas non plus parler de CJ, alors tu essayais de trouver un autre sujet de conversation, ce qui ne tardait pas à arriver. « Et ta coloc avec Alfie alors, ça se passe toujours aussi bien ? Et Grace ? » demandais-tu avec un léger sourire. Tu avais appris ça il y a des mois de ça et à chaque fois tu avais oublié de lui parler de Grace, aujourd'hui, ce serait peut-être le bon moment.