how did it end up like this? it was only a kiss ✗ feat. Camille Rhodes

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C’était un dimanche après-midi pluvieux. Alana avait déjà terminé ses lectures et travaux de la semaine et elle trainaît en pyjamas et en pantoufles chez elle, enfin, dans sa résidence. Elle avait réussi à avoir un studio personnel, donc pas de roomies. Elle avait une petit chambre, un grand salon-cuisine et une salle de bains. Avec un vrai bain et pas seulement une douche. Elle était bien, c’était douillet et pas trop cher et à deux minutes du campus.

Elle s’était fait du thé noir et avait mis de la musique, sa chaîne préférée sur son site de streaming : musique de café indie. Elle avait troqué son bas de pij’ pour des jeans noirs taille haute et sa camisole de nuit pour un t-shirt bourgogne qu’elle avait rentré dans ses jeans. La couleur de son t-shirt contrastait avec le blond de ses cheveux : c’était simple comme outfit, mais réussi.

C’était aujourd’hui qu’elle voyait Camille pour la première fois depuis quelques mois. La dernière fois que les deux jeunes femmes s’étaient vues c’était lors d’une soirée un peu arrosée à Paris. Alana habitait la ville pour ses contrats de mannequinat et Camille venait visiter de la famille. Elles se connaissaient déjà car les deux venaient de Londres, mais leur amitié s’était réellement développée sous le ciel parisien. Elles avaient des amis communs en France et tout de suite s’étaient bien entendues. Elles avaient un caractère semblable : sérieuse et calme lorsque c’était le temps et un peu fofolle et libre lorsque venait le temps de s’amuser.

Camille était un peu plus âgée qu’Alana ; elles avaient 6 ans de différence. Alana l’avait souvent considéré comme une grande soeur : elle pouvait toujours compter sur elle. Mais la nature de leur relation avait drastiquement changé lors de la dernière soirée à Paris de Camille, avant qu’elle ne retourne ici à Bowen.

Alors que les deux étaient sorties avec un groupe d’amis dans un club huppé de Paris et qu’elles avaient accumulé les drinks de toute sorte, elles étaient sorties à l’extérieur prendre de l’air. Les deux avaient chaud, étaient exténuées d’avoir autant danser et voulaient simplement marcher sous le ciel étoilé avant d’aller se coucher. Alors qu’elles marchaient, Alana avait senti Camille prendre sa main. Rien de nouveau, elles étaient des amies proches. Mais alors que les deux jeunes femmes tournaient pour prendre une ruelle, Camille se mit dans le chemin d’Alana, et prit son autre main. Alana, un peu sous le choc s’arrêta et regarda Camille dans les yeux en riant, probablement de nervosité. Ni une ni deux, Camille, qui avait quelques pouces de plus qu’Alana, prit doucement son visage et l’embrassa sur les lèvres. Alana se laissa faire quelques secondes avant de retourner son baiser. Comme emportée par une certaine passion, elle plaqua doucement Camille contre le mur de brique et l’embrassa de plus belle. Puis, elle s’arrêta brusquement et recula un peu. Elle était sous le choc de ce qui venait de se passer, de ce qu’elle venait de faire. Elle n’était ni bisexuelle et encore moins homosexuelle. Pourquoi donc avait-elle embrasser Camille? Elle se mordit la lèvre avant d’ouvrir la bouche, mais ne dit aucun mot. Elle ne fit que s’enfuir en courant vers son appartement, sans rien dire. Camille avait crié son nom, pour essayer de l’arrêter, mais l’avait laissé partir.

Alors qu’Alana se remémorait leur dernier moment, elle entendit la sonnette. Ça y est, Camille était arrivée. Elle prit 3 grandes respirations et ouvrit la porte, un peu gênée mais aussi excitée de retrouver son amie.

Hey dit-elle en tendant la main. Elle n’osait pas la prendre dans ses bras ou lui donner la bise...mais lui serrer la main semblait presqu’encore plus étrange. Elle retira donc sa main et lui fit signe d’entrer.

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Camille n'est pas du genre stressée. Elle est calme, posée, et quand une situation en vient à être gênante, elle se pose et réfléchit tranquillement, sans paniquer. Mais aujourd'hui, il faut avouer qu'elle appréhende un peu de revoir Alana. On peut dire que le monde est petit, puisqu'Alana et Camille se sont connues à Londres, sont devenus amies à Paris, et maintenant, elles se retrouvent toutes les deux à Bowen. Quel hasard. Tout aurait pu être simple, elles auraient pu être ravies de se retrouver ici toutes les deux, de pouvoir passer des moments ensemble entre amies. Mais voilà. Parfois la vie fait qu'on agit sans réfléchir, et c'est ce qu'il s'est passé durant le voyage de Camille à Paris. Il y a eu cette soirée arrosée, ce baiser. Ce baiser sorti de nulle part, qui avait fait fuir Alana qu'elle n'a pas revu depuis ce jour-là.
Lorsqu'elle a reçu son invitation, elle n'a pas hésité à répondre de manière positive même si elle sait depuis le début que la situation va être gênante. Entre le travail et tout le reste, elle n'a même pas eu le temps de se préparer, de réfléchir à ce qu'elle va bien pouvoir dire. Du coup, au fond d'elle, elle espère qu'Alana va agir comme si de rien était et qu'elles ne vont jamais en reparler.
En ce dimanche après-midi pluvieux, vêtue d'un pantalon noir et d'un t-shirt également noir sous une veste en jeans, elle sonne à la porte de son amie qui vient ouvrir presqu'aussitôt.
Hey. dit-elle en souriant. Elle remarque qu'Alana lui tend la main puis la retire pour lui faire signe d'entrer. Elle fronce un sourcil pendant une seconde puis fait comme si de rien était, et elle prend timidement et rapidement son amie dans ses bras avant d'entrer dans son appartement. Elle sourit, un peu embarrassée, et sort une pince de son sac à main pour attacher ses cheveux mouillés par la pluie. Pas mal ton appart'. C'est tout ce qu'elle a trouvé à dire pour combler ce silence pesant.

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Camille était probablement plus mature qu'elle, car elle l'avait pris dans ses bras en entrant, sans en faire un cas. Alana s'était laissée faire, surprise de son geste. Camille, toujours aussi calme et à l'aise était entrée et avait complimenter l'endroit. Alana la remercia en refermant doucement la porte derrière elle. Les cheveux de Camille étaient mouillés par la pluie, tout comme ses vêtements. Alana la fixa tendrement et eu comme des papillons au fond de son ventre lorsqu'elle aperçu sa nuque sur laquelle des gouttes d'eau glissaient. Pendant qu'elle terminait d'attacher ses cheveux, Alana secoua sa tête et sortit de ses pensées qui la surprenaient elle-même.

Est-ce que je peux t'offrir un thé? J'ai du thé noir déjà prêt, mais je peux faire autre chose selon ce que tu désires...j'ai aussi de l'eau, du jus ou de la vodka dit-elle en riant de façon nerveuse. Camille pointa la tasse de la jeune femme et lui dit qu'elle prendrait la même chose. Elle vera donc du thé dans une belle tasse blanche et lui remit. En prenant la tasse, Camille posa ses mains sur celles d'Alana sans faire exprès, ce qui fit sursauter la dernière. Le thé se renversa et la tasse tomba par terre, se fracassant en plusieurs morceaux sur le plancher de bois.

Merde, je suis désolée...je suis une vraie tache aujourd'hui dit-elle en se penchant pour ramasser les bouts immaculés sur le sol. Camille se pencha aussi pour l'aider en lui disant que ce n'était pas grave. Alana sentit son odeur, mêlée à celle de la pluie. Elle se rappela leur soirée à Paris, lorsqu'elle avait sentit son odeur de très proche, trop proche même...

Je suis désolée d'être partie lui dit-elle, sans aucun contexte. Mais Camille comprenait très bien ce à quoi elle faisait référence. Gênée et soulagée en même temps d'avoir sorti ça d'elle, elle se releva et alla jeter les morceaux de sa tasse dans la poubelle.

J'aurais dû t'écrire le soir même, ou le lendemain. C'était rien au fond, c'était juste...une erreur? lui dit-elle, sans être certaine elle-même, tout en sortant une nouvelle tasse pour son amie. Elle versa ce qui restait de liquide dans la théière et posa la tasse sur la table à côté du divan où Camille avait pris place. Alana s'installa à côté d'elle, soudainement plus à l'aise. Elle prit un gorgée. Son thé était rendu tiède.

Camille qui avait accepté son invitation ne devait sûrement pas se douter en venant ici qu'Alana allait vouloir discuter de ce qui s'était passé à Paris. Même si la jeune femme avait eu des flirts par-ci par-là avec des garçons français, elle avait toujours des frissons lorsqu'elle repensait au baiser de Camille. Était-ce normal? Y avait-il plus que de l'amitié entre les deux jeunes femmes où était-ce simplement un fantasme passager d'Alana? Pourquoi son odeur, la vue de sa nuque et sa confiance lui faisait encore un effet des mois plus tard? Alana était hétéro, non?

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Malgré la petite histoire qu'il y a eu entre elles, enfin, si on peut appeler ça une histoire, c'est toujours plaisant de retrouver une amie perdue de vue. Surtout que Camille n'en a pas eu beaucoup, des amis, en étant plus jeune. Elle est contente d'être ici et elle essaye au maximum de le faire ressentir à Alana pour que la situation ne soit pas trop dérangeante. Son sourire ne quitte pas son visage. Après tout, c'est seulement un baiser. C'est pas si grave que ça. Camille n'est pas du genre à sauter sur tout ce qui bouge, mais, ce jour-là, c'est arrivé juste comme ça. Elle en a eu envie, elle l'a fait.
Quand son hôtesse lui propose quelque chose à boire, elle lui dit qu'elle prendra la même chose qu'elle. Un petit thé bien chaud après cette marche sous la pluie, ça ne se refuse pas. Elle lui tend donc sa tasse de thé, et en la prenant Camille effleure les mains de son amie sans vraiment faire exprès, et c'est à ce moment que tout tombe et se renverse sur le sol. Elle s'excuse, un peu mal à l'aise, et Camille se penche pour l'aider à ramasser les morceaux de verre qui jonchent le sol. En la voyant très mal à l'aise, Camille pose sa main sur son épaule, un geste amical pour la rassurer. Eh, ne t'inquiète pas. C'est pas grave. dit-elle en souriant.
« Je suis désolée d'être partie. J'aurais dû t'écrire le soir même, ou le lendemain. C'était rien au fond, c'était juste...une erreur? » Camille comprend que c'est le moment. Son espoir de faire comme si de rien était s'est envolé en à peine deux secondes. Mais si Alana ressent le besoin d'en parler, alors elles vont en parler. Autant crever l'abcès dès maintenant pour repartir sur de bonnes bases. Un long silence prend place pendant que Camille va s'installer sur le divan. Pendant qu'Alana prépare une nouvelle tasse, Camille reprend la parole. C'est pas à toi de t'excuser Alana. Je sais pas pourquoi c'est arrivé... C'est moi qui suis désolée de t'avoir fait fuir. Son amie la rejoint, elle la remercie pour le thé et continue. J'aurais pas dû. J'ai pas réfléchi. Je tiens à toi tu sais, j'ai pas envie que cette histoire insignifiante affecte notre amitié. Je suis contente de te retrouver. Elle cesse de parler pour éviter que ça ressemble à une déclaration et attrape sa tasse pour boire une gorgée. Alana semble soulagée, plus à l'aise, alors elle l'est aussi.

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Camille la rassura tout de suite. Alana n'avait pas à s'en faire, ce n'était pas de sa faute mais plutôt celle de son amie. Alana ne pensait la même chose, mais comme on dit en anglais : agree to disagree. Assise à côté d'elle, elle se sentait déjà soulagée qu'elles en aient parlé et que ce soit maintenant ''derrière elles''. Elle prit sa main et la serra, comme pour lui signifier que c'était tout oublié, même si certains sentiments tiraillaient Alana encore. Mais au fond, pourquoi ne pas lui en parler directement? Après tout, avant ce baiser, c'est avec elle qu'elle en aurait parlé.

Je sais que c'était rien et je suis d'accord mais...est-ce que je peux te poser une question indiscrète?demanda-t-elle presque gênée. Camille hocha la tête en souriant.

Comment as-tu su que tu étais...enfin que tu étais bi? ajouta-t-elle. Avant même que Camille ne puisse répondre, elle se justiifia : je sais que le baiser c'était rien, et que c'est déjà oublié, mais des fois quand j'y repense, ou tantôt quand je t'ai vu, ça me fait quelque chose, comme ici dit-elle en pointant son ventre. On dirait qu'elle était redevenue une jeune fille qui était pudique à l'idée de parler de sentiments, sensations ou sexualité.

C'est pas que je t'aime, enfin si je t'aime, comme amie. Mais est-ce que ça se peut que je puisse avoir ''aimé'' ça sans être bisexuelle? demanda-t-elle, sans avoir laissé Camille placer un seul mot encore. Alana était gênée de s'ouvrir autant, mais s'il y avait une personne avec qui elle pouvait le faire, c'était bien Camille.

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