we all go down in flames (annushka)

Elle avait soufflé sa réponse comme si elle avait honte. Seule ? Annushka la regarda quelques minutes sans comprendre. Pourquoi ? Ils s'étaient quitté ? Mais pour quelles raisons ? Est-ce que Leo l'avait abandonné après avoir su qu'elle était enceinte ? Non, Annushka ne pouvait pas croire que son amie aime un homme pareil, ça devait être autre chose. Elle n'eut pas besoin de demander la raison de la rupture que Grace lui expliqua. La brunette hocha doucement la tête, elle ne voulait pas mettre son amie plus mal à l'aise qu'elle l'était.

-Je comprends.

Et c'était vrai, après tout, si Annushka ne voulait pas envisager le mariage trop vite c'est bien parce qu'elle voulait être sûre qu'il soit sur la même longueur d'onde sur à peu prés tous les sujets, et que leur mariage puisse durer toute une vie, contrairement à ses précédents.

-Je suis sûre que tu feras une mère merveilleuse Grace, vraiment, tu... Tu devrais pas te sentir aussi mal.

Parce qu'elle lisait aisément sur le visage de la blonde qu'elle était au plus mal. Est-ce que c'était de la honte ? Ou bien peut être la peur de l'avenir ? Annushka était loin d'être fine psychologue.

-Et puis, même si tu n'es plus avec Leo, peut-être... voudra-t-il quand même jouer son rôle. Il le sait ?

Elle se disait bien que Grace avait dû en parler au père du bébé avant elle mais... dans le doute. Après tout, peut-être avait-elle eu trop peur pour le lui dire ?

-Ne dis pas ça ! Tu ne dois pas garder ça pour toi ! Bien sûr qu'il fallait qu'on en parle, tu ne m'ennuis pas, je suis ton amie, je suis là pour ça.

Grace ne s’était jamais demandée si elle ferait une bonne mère, depuis qu’elle savait qu’un enfant grandissait en elle, elle n’avait fait que s’inquiéter, se poser les mauvaises questions et se dire que ce rôle n’était pas pour elle, jamais elle ne s’était réellement dit pourquoi. « Je me sens déjà terrible à ne pas accepter qu’il est avec moi. » Lorsqu’elle devait s’occuper des enfants des autres, elle savait s’y prendre, mais lorsqu’elle se disait qu’elle allait avoir un enfant, que ce serait son éducation qui allait le bâtir, ça l’angoissait, parce que celle qu’elle avait eu semblait plutôt strict, elle ne voulait pas l’enfermer. Passer pour une mauvaise mère puisqu’elle était certaine que Léo de son côté serait le père idéal. La blonde soufflait, angoissait bien trop pour ce qui arrivait. Sans doute que ça arrivait à chaque future mère de se remettre en question, sauf qu’elle n’avait pas l’impression d’avoir la force. « Oui il est au courant, j’ai préféré le lui dire en premier. Et bien sûr qu’il va jouer son rôle, du moins de ce qu’il m’a dit, mais puisqu’on s’est quitté, j’ai l’impression de lui imposer ma présence en plus. » Pour essayer de se rassurer, qu’il la réconforte comme tout le monde allait le faire, probablement. Sauf qu’elle ne savait pas gérer ses craintes et qu’elle envoyait tout le monde valser, lors de cette rencontre, elle était de nouveau partie. Mais elle préférait le garder pour elle, le pourquoi ils s’étaient quittés, parce que ce serait un trop gros secret dévoilé à Annushka et puisqu’elle était presque la seule personne à qui elle pouvait se confier en plus de Jeremy, elle ne voulait pas la perdre. « Merci Annushka. » Elle tirait un sourire, gênée parce qu’elle ne pouvait pas s’empêcher de penser qu’elle l’embêtait. « Voilà, normalement je n’ai pas d’autres révélations à faire. » Disait-elle dans un rire des plus coincés.

Annushka ne pouvait qu'essayer d'imaginer la souffrance de son amie. Ça devait être difficile pour elle d'avoir cet enfant alors qu'elle était séparée de Léo, alors qu'elle ne l'avait pas prévu.

-Ne dis pas ça, c'est normal tu... Tu ne t'y attendais pas.

Il était difficile d'accepter que quelque chose d'aussi important nous tombe sur la tête comme sorti de nul part.
Elle hocha doucement la tête quand Grace lui dit qu'elle avait tenu Léo le premier informé. C'était normal, mais elle aurait pu avoir peur de le faire aussi.

-Ne dis pas ça, ce n'était pas comme si c'était de ta faute. Après tout, si tu es enceinte, c'est aussi de sa faute...

On ne faisait pas un bébé tout seul. Donc même si quelque part, elle lui imposait un peu sa présence... Et bien c'était bien nécessaire.
Quand il la remercia, semblant gênée, Annushka lui adressa un sourire sincère. Elle était là pour ça, pour l'aider. Qui donc le pourrait, sinon ?

-De rien, voyons. C'est déjà beaucoup !

Elle eut un léger rire.

-J'espère que ta vie sera... un peu moins mouvementée à l'avenir.

Peut-être qu’elle finirait par s’habituer à cet être qui grandissait dans son ventre, c’est tout ce qu’elle espérait. Mettre de côté ses pensées tristes et faire en sorte qu’il soit aimée par sa mère avant sa naissance. « Tu as raison. » Avec le temps, elle s’était habituée à la pensée qu’elle n’aurait peut-être jamais d’enfants, même si elle avait toujours rêvée d’avoir une famille, elle ne voulait pas forcer le destin. Et si à l’époque, elle se sentait bien avec Léo, il était beaucoup trop tôt. Aujourd’hui ils se retrouvaient séparés et elle avait le plus grand des regrets. Un enfant conçu dans l’amour mais qui allait vivre divisé et ça la dérangeait, elle. Parce qu’elle n’était pas capable de l’accepter, mais elle ne voulait pas qu’il se sente délaissé une fois qu’il serait-là, au contraire, elle voulait donner autant d’amour à cet enfant que Léo pouvait le faire. Elle haussait les épaules, se sentant plus coupable que lui, même s’il était vrai qu’ils devaient être deux. Léo n’en avait que faire de la religion et ses tracas par rapport à ça, il n’avait pas ce poids sur les épaules, cette pression au cœur, lui vivait en se disant simplement qu’il allait bientôt avoir un nouvel enfant. Grace en faisait toute une histoire de cette grossesse. Bien plus que ce qu’elle devrait simplement faire, accepter de vivre. Elle remerciait son amie, la seule où elle pouvait exprimer ces craintes pareilles et être comprises sans qu’elle l’abandonne. Et si elle venait à disparaître dès la fin de la conversation, ça serait uniquement la faute de Grace, mais quelque part, ça l’avait soulagée de parler. « Avec un enfant, c’est difficile à dire. » Pas certain qu’elle retrouve une vie calme et sans angoisse avant longtemps. « Mais merci. » Lançait-elle dans un léger rire, tournant son regard vers elle. Malgré le sujet délicat de la conversation, cette fois Grace ne fuyait pas après ses confessions, elle restait traînée ses pieds sur le sentier à écouter son amie et les vagues qui s’échouaient contre le sable.