You're the Best! Around!

Bien sûr qu’Isaiah avait remarqué que son Jimmy-Jim-Jim était disparu de la surface de Bowen ! Déjà, à l’anniversaire d’Aisling, il n’avait pas répondu à l’appel, alors qu’évidemment il avait été invité. Et puis, il n’avait pas essayé de le contacter pour des séances de guitare et de chant comme ils le faisaient bien souvent, pour se laisser aller à la musique et aussi pour aider Jim avec sa parole – parce que visiblement, ça coulait bien mieux quand il laissait ses cordes vocales se faire plaisir. Isaiah n’avait toutefois pas essayé de percer le mystère de son absence, peut-être qu’on aurait pu voir cela comme de l’insouciance, de l’indifférence ou un désintérêt, mais non. Isaiah était comme ça, jusqu’à un certain point. S’il n’avait pas eu de ses nouvelles pendant plusieurs mois, il aurait peut-être commencé à s’inquiéter un peu ou au moins à se demander où il était passé, mais là on ne parlait que de deux petites semaines. Ça pouvait arriver, de rester à l’écart un peu, d’être trop occupé ou de partir sur un coup de tête. Il aurait été bien mal placé de le lui reprocher, lui qui pouvait s’acheter un billet d’avion pour l’autre bout du monde sans en avoir parlé à qui que ce soit, et partir le soir-même pour vivre une aventure hors du commun pendant deux longs mois. Aisling lui avait bien fait comprendre que ça ne passait pas auprès d’elle, ça, et Isaiah s’était promis de toujours lui passer un coup de fil pour la prévenir, maintenant. Sachant que ça pouvait la déranger, c’était plus respectueux et ça aussi c’était une valeur importante pour Isaiah. Pour l’instant toutefois, la petite caravan de l’ébéniste n’avait pas encore traversé énormément de kilomètres. Il désirait passer le temps des fêtes à Bowen, entouré de ses amis, et il partirait sans doute pendant le mois de janvier. De toute façon, à l’approche de Noël comme ça, Isaiah avait énormément de commandes. Des planches à découper ou des sous-plats en bois, des décorations murales en bois, des lampes artistiques en bois, des meubles même pour les plus fortunés qui désiraient gâter leurs proches. Isaiah avait un assez bon portefolio de ce genre d’objets qui faisaient d’excellents cadeaux, alors il avait été débordé dans les dernières semaines. Cet après-midi toutefois, il prenait une pause de son atelier et s’était garé au bord de l’eau pour profiter du vent, de la plage et de la vue de tous ces beaux humains en vacances. Il était assis sur une grosse roche quand quelqu’un lui fit peur. C’était réussi, et Isaiah sursauta en glissant même de sa roche pour tomber à la renverse, les fesses dans le sable, un petit cri s'échappant d'entre ses lèvres. Il éclata de rire. « Wow, félicitations, je pense que j’ai jamais eu l’air aussi con de toute ma vie ! » Lança-t-il, prit d’un fou rire. Il se releva et revint vers sa roche alors que Jim s’était assis en face de lui, les bras grands ouverts. Sans se redresser complètement, il franchit l’infime distance le séparant de son ami et vint l’enlacer avec joie, avant de retourner s’asseoir. « Ça va super, et toi ? T’étais passé où, hein, p’tit cachotier ? » Demanda-t-il avec un sourire. En même temps, ça pouvait ne pas être bon signe, mais Isaiah ne voyait jamais le mauvais côté, ou alors très rarement.

Jim était hilare, et tant mieux. Si Isaiah pouvait faire rire les gens autour de lui, de quelque manière que ce soit, alors c’était une petite victoire. Et puis, il ne s’était pas fait mal, alors Jim pouvait bien se bidonner autant qu’il le voulait, l’ébéniste l’accompagnerait même dans ce petit délire éphémère mais ô combien délivrant. « Prochaine foooiiiis ? Tu veux que je me pète la tête sur une roche c’est ça ? » Jamais dans l’excès. Il rigola puis se releva quand même, tant bien que mal, aidé du blond qui lui tendit une main amicale pour le tirer de nouveau au-dessus de sa roche. Il ne reprit place sur celle-ci qu’après avoir entouré Jim de ses bras accueillants et heureux de le revoir. Il demanda à Jim comment il allait, et surtout où il était passé depuis ces derniers jours, voir même semaines. « Plus que super ? C’est génial ça ! Faut que tu me racontes ! » Lança le musicien d’un ton enjoué. On ne pouvait lui faire meilleur cadeau que le bonheur, même si c’était un bonheur partagé. Pour lui, entendre les récits joyeux des autres suffisaient à le mettre de très bonne humeur, alors peu importe la bonne nouvelle que Jim lui annoncerait, il serait fou de joie. « Oh c’est vrai ? En Australie, ou ailleurs ? » Demanda-t-il d’un ton des plus intéressés. Isaiah et les voyages, c’était une grande histoire d’amour, et autant il aimait lui-même parcourir de nouveaux horizons, autant il aimait entendre les histoires des autres sur des destinations qu’il connaissait, ou pas. « T’en fais pas, Jim, je ne peux qu’encourager ces voyages décidés à la dernière minute, ce sont les plus beaux, je trouve. Et puis, tant qu’t’es toujours en vie tu sais, moi je t’en voudrai pas de vivre ta vie comme tu l’entends, au contraire. » Partir du jour au lendemain, faire ses valises à la va-vite, prendre le prochain vol sans avoir prévu la destination à l’avance, c’était juste parfait. Bon, ce n’était peut-être pas ce que Jim et Ingrid avaient fait, mais dans tous les cas, un peu de spontanéité dans ces vies bien trop souvent trop rangées ne pouvait qu’être agréable. « J’vois ça, t’as des étoiles dans les yeux quand tu parles d’elle. Je suis vraiment content pour toi. » Dit-il avec un sourire sincère, avant que le blond n’aborde le sujet de la fête d’Aisling. « Non, t’inquiète, ça a été une fête très tranquille. Tu lui souhaiteras en retard, au pire, comme ça t’as une petite pensée pour elle. » Il n’y avait eu qu’Aisling, Siobhan, CJ et lui, au final. Mais ça avait été sympa, comme soirée. Heureusement que ça avait été plus calme que l’année dernière, d’ailleurs.
 

Isaiah fit semblant d’être choqué, ouvrant grandement la bouche, quand son ami lui dit qu’il le ferait attendre un peu. Quelle idée, de piquer sa curiosité de commère, surtout à propos des joies de la vie, pour ensuite le faire languir ! Il ne savait pas Jim aussi cruel. « C’est mieux d’être une sacrée nouvelle ! » Peu importait, au fond, que ce soit une petite ou une grande nouvelle, en autant qu’elle rendait son Jimmy-Jim-Jim heureux, Isaiah en serait amplement satisfait. Il ne s’attendait de toute façon pas à ce que Jim lui annonce qu’il avait gagné le million ou un truc du genre, il n’avait mis aucune barre au niveau des attentes. « En même temps, l’Australie est vaste, ça fait bien des endroits à découvrir ! Vous avez fait quelles provinces ? » Il se doutait bien qu’ils ne les avaient pas tous faites, ça prendrait des mois, en voiture, si on voulait tout voir, tout visiter. Le genre de roadtrip que lui préparait dans sa caravane, avec qui voudrait bien le suivre. Isaiah rassura alors le blond quant au fait qu’il n’avait pas à s’excuser d’être parti sans prévenir. Bien honnêtement, l’ébéniste ne pouvait qu’encourager ce comportement de liberté. Si les amis devenaient des chaînes, des boulets, alors franchement ce monde ne tournait plus rond. « Eh bien, c’est gentil ! T’es génial, toi aussi, Jim. Certainement une de mes meilleures rencontres de l’année, même, et je ne peux qu’avoir hâte d’apprendre à connaître Ingrid encore mieux ! » Certes, ils s’étaient croisés à quelques reprises déjà, mais pas assez au goût d’Isaiah. Les amis de ses amis étaient ses amis, et il avait bien hâte que la belle blonde rejoigne leur petite bande. Plus on est de fous, plus on rit. « Mieux vaut tard que jamais et puis, c’est l’intention qui compte, pas forcément le timing. » Dit-il en haussant les épaules. Mais ça, c’était sa vision. Peut-être qu’Aisling trouverait Jim un peu déplacé de lui souhaiter bon anniversaire deux mois en retard, mais Isaiah avait l’impression que ça la toucherait quand même qu’il pense à elle malgré tout. La question suivante de Jim eut réellement pour effet d’intriguer Isaiah, cette fois. « Un costard ? Tu me vois vraiment en costard, toi ? Non … je n’en ai pas mais … j’imagine que ça peut se louer pour … une occasion spéciale ? » Demanda-t-il. Après tout, à côté de Maxwell et lui … ça laissait sous-entendre certains trucs. « Pour quel genre d’occasion spéciale ce serait, hein mon Jimmy ? » Renchérit-il avec malice dans le regard, et un sourire au visage.

Poser trop de questions, c’était bien Isaiah, ça. Il se montrait curieux, parfois parce qu’il se montrait commère, d’autres fois parce qu’il avait cet intérêt sain envers les autres, il voulait tout découvrir à travers leurs paroles, il voulait que son imagination déborde en entendant ces mots relatant d’un voyage. Malheureusement pour lui, Jim semblait se la jouer un peu plus évasif, aujourd’hui. Comme si son aventure avec Ingrid était bien trop belle, encore trop intacte dans ses souvenirs, pour qu’il risque d’en altérer le bonheur en la partageant avec d’autres. Il ne pouvait pas lui en vouloir, Isaiah, il pouvait très bien s’imaginer ce que ça pouvait être de chérir à ce point un moment d’intimité au risque d’en devenir égoïste, de ne pas vouloir le partager à qui que ce soit d’autre que l’heureuse élue, dans son cas. « Tu devrais t’voir, Jimmy-Jim-Jim. T’as des étoiles dans les yeux et un sourire qui te fend les joues. T’es beau à regarder. » C’était dans mes moments pareils qu’Isaiah réalisait à quel point l’amour pouvait changer une personne. Lui qui avait toujours courut dans le sens inverse de ce concept, lui avait toujours prétendu qu’on pouvait aimer tellement de personnes différentes en même temps, il ne pouvait que s’incliner devant l’évidence : l’amour avec le grand A, il existait. À ses yeux, ça n’était sans doute pas de la même manière que certains pouvaient se l’imaginer, mais il aurait été bien têtu de ne pas au moins reconnaître qu’on pouvait tomber éperdument amoureux d’une seule et unique personne. Lui-même s’était fait prendre au jeu, et même presqu’à deux reprises, maintenant. Il esquissa un sourire à cette pensée. « Ouais, obligé ! Cette année, tu ne l’as pas assez souvent ramenée dans nos soirées. Là, t’as plus d’excuses, on le sait que t’es amoureux par-dessus la tête et elle aussi ! » Dans les premières semaines, ou les premiers mois même, Isaiah pouvait concevoir qu’un couple préférait y aller lentement, ne présentant pas tout le monde d’un coup. Mais Ingrid et Jim étaient passés à un autre niveau, là – et il ignorait encore à quel point c’était plus que vrai. « Mais petit à petit … j’essaie de manipuler un peu vos esprits pour que vous pensiez à votre tour comme ça. » Lança-t-il en faisant des gestes de mains devant la tête de Jim, comme une incantation vaudou ou un truc magique du genre. Finalement, ils rentrèrent enfin dans le vif du sujet, celui que Jim se donnait un malin plaisir à détourner depuis le début de ces retrouvailles. « Pour moi ? » Demanda-t-il, curieux, intéressé, un sourire au coin des lèvres. Jusqu’à ce que le blond lui fasse enfin une grande demande … qui laissait savoir qu’il avait fait LA grande demande. « WHAT !? Mais oui ! Bien sûr que oui ! » Il s’était levé d’un bond. Si lui ne croyait pas trop au mariage ou, surtout, n’en voyait pas vraiment l’intérêt, il était encore capable de se réjouir pour ceux qui voulaient s’unir de cette manière. Il s’élança donc vers Jim pour le prendre dans ses bras, à nouveau. « Félicitations, Jim ! T’aurais pu commencer par ça, t’sais !! » Normalement, Isaiah aurait bien sorti le champagne mais … il était trop paumé pour en avoir sous la main.

Isaiah pencha légèrement la tête sur le côté, prenant un air de petite fille attendrie par ses mots, un grand sourire au visage et battant des cils de manière exagérée, ramenant ses épaules vers l’avant. « Oh, merci, Jim ! » Certes, l’ébéniste se souciait bien peu de son apparence et n’en avait que faire qu’on le catégorise comme un bel homme, un homme normal ou un homme affreux, de toute façon il savait fort bien qu’il y en avait pour tous les goûts dans ce monde mais, surtout, qu’on ne pouvait pas plaire à tout le monde non plus. Il ne s’était donc jamais vraiment préoccupé de l’image qu’il renvoyait, physiquement du moins, s’habillant selon le prix des vêtements qu’il trouvait et non pas selon la marque ou le style. Il se lavait avec des produits biologiques et souvent faits maison, qui n’avaient donc pas cette fragrance chimique mais dont tout le monde semblait raffoler. Non, les femmes ne lui couraient pas après comme dans les années des déodorants Axe. Et ce mode de vie lui allait carrément. Malgré tout, il recevait les compliments sur son physique quand ils venaient, parce que c’était gentil et flatteur. Ils parlèrent finalement de la belle blonde de Jim, comme il se plaisait à l’appeler amoureusement. Isaiah avait bien hâte d’apprendre à la connaître, celle qui avait volé le cœur d’un de ses plus proches amis, depuis quelques temps. « Tes soirées, nos soirées, elles sont les siennes aussi ! Tu sais bien que nous ça nous fera plaisir de l’avoir avec nous. Tu le lui diras, ça ! » Dit-il avec un grand sourire. Certes, il parlait pour toute la troupe alors qu’il était certainement le plus sociable si on devait le comparer avec les deux autres, Aisling et Aino seraient peut-être un peu plus réticentes. En même temps, il s’agissait de la copine de Jim, alors forcément elle intégrerait le groupe un jour ! Ça allait de soi, selon Isaiah. Il allait bien finir par les convaincre, et les enjouer face à l’idée, même. Comme il le disait, il plantait toujours sa petite graine dans la tête des autres ! « Rien là-dedans, hein ? » Isaiah se leva, avant de tapoter tout légèrement sur la tête de Jim et de tendre l’oreille. « Tiens, pourtant, ça ne sonne pas creux ! Moi j’crois que tu racontes que de la merde. » Il le poussa tout légèrement, pour le taquiner, avant de reprendre sa place et de manquer d’en tomber à nouveau, quand Jim lui annonça finalement la grande nouvelle. « Ah ben j’imagine bien que t’aurais pas été capable de tenir plus longtemps le secret, non plus hein ! Quelle belle nouvelle ! » Oui, même s’il était question de mariage, il s’agissait aussi d’une célébration de leur amour et ça, Isaiah ne pouvait pas être contre. « Si je suis parti, tu m’envoies un pigeon voyageur et je rapplique tout de suite, hein ! Je ne manquerais ça pour rien au monde, Jim. » Il sourit. « Si t’as besoin d’un coup de main, pour l’organisation, pour des contacts, tu me fais signe, hein. » Et, bien sûr, Isaiah allait devoir s’entretenir avec les garçons d’honneur, pour organiser un bachelor party digne de ce nom. Il n’y allait jamais dans les traditions quand ça le concernant, Isaiah, mais il ne s’agissait pas de lui, là. Il ne perdrait pas ça de vue.

Isaiah ne connaissait peut-être pas le Jim d’avant, il ignorait de quelle intelligence il était doté, mais en tout cas le Jim qu’il connaissait maintenant était gratifié de merveilleuses formes d’intelligence qui plaisaient bien plus à l’ébéniste que les formes d’intelligence plus mathématiques ou logiques. Il avait une intelligence émotionnelle, il avait une intelligence musicale, aussi, il avait l’oreille quand ils jouaient et chantaient ensemble, puis il avait une intelligence interpersonnelle qui lui permettait d’entretenir de très belles relations avec des amis qui seraient certainement toujours là pour lui. Jim n’était pas de ces personnes envers qui on peut rester indifférent. Il avait déjà marqué le cœur d’Isaiah à tout jamais. Alors à l’intérieur de cette tête-là, il n’y avait peut-être pas la même intelligence linguistique qu’avant, mais il mettait de l’avant d’autres parties de lui-même qu’il gagnait à faire connaître. Ce n’était pas vide du tout, au contraire, et Isaiah aurait sans doute dû lui dire ces mots-là plutôt que de taper sur sa tête pour lui montrer qu’il n’y avait pas d’écho sans fin. Jim ne semblait pas se percevoir à sa juste valeur, sans doute parce qu’il ne savait que trop bien ce qu’il avait perdu. « J’vois juste de magnifiques yeux bruns, moi ! » Il repoussa tout légèrement Jim qui faisait l’idiot, rigolant avec lui-même si ça le peinait, à quelque part, que son ami puisse dire de telles choses de lui. Isaiah le convaincrait à coup de compliments, au fil du temps. Il lui ferait comprendre que bien parler ou bien écrire ne rendait pas quelqu’un meilleur. Bref, pour le moment, Jim avait de toute façon des paroles bien plus positives à offrir à Isaiah, qui était comblé niveau belle surprise. Un de ses meilleurs potes qui allait se marier, parlez-moi de ça ! Il éclata de rire quand son ami mentionna que cette fois, elle avait dit oui. « Tout vient à point à qui sait attendre ! » Bien sûr qu’Isaiah serait là pour le mariage, même en recevant la date à l’autre bout du monde, il s’arrangerait pour être là dans les temps. « J’en ai uuuun, téléphone. J’préfère juste recevoir ça via un pigeon. C’est plus cool. Mais faudra juste que je sois pas trop loin, on risque de le perdre en chemin sinon. » Et puis, considérant le fait que son téléphone portable était un vieux modèle digne du temps des dinosaures, peut-être qu’un pigeon voyageur serait effectivement plus efficace. « Wow, regarde-toi, devenir un vrai de vrai adulte ! » Lâcha-t-il, se basant évidemment sur l’idée que la majorité des gens se faisaient de la vie d’adultes. Le mariage, la maison, … les enfants ? Il ferait un papa si génial, Jim. « Faudra que je rencontre ce Maxwell, donc, et voir si l’image que je me suis fait de sa tête depuis le temps que tu m’en parles correspond à son vrai physique ! » Et surtout parce qu’il faudrait qu’ils se parlent, tous les deux, pour organiser l’enterrement de vie de garçon de Jimmy-Jim-Jim.

« Comment ça pas objectif ? Je ne veux pas te faire de la peine, mon Jim, mais … je ne suis pas amoureux de toi. » Il prit un regard triste de chat potté, en secouant doucement la tête de gauche à droite. Il rigola à son tour. Puis, la grande nouvelle arriva enfin, ainsi que quelques expressions bien choisies pour rire un peu de cette fois où Jim avait prématurément demandé la main d’Ingrid. L’attente en avait valu la peine, finalement. Mais à l’expression de Jim, Isaiah ne put s’empêcher de se moquer gentiment. Il ne le faisait que très rarement, et quand il le faisait, c’était avec une gentillesse sans borne, jamais avec méchanceté. « Ah ? Tiens, je ne la connaissais pas celle-là. » Le nargua-t-il avec un petit sourire. Puis évidemment, qui dit fiançailles, dit mariage. Ils parlèrent donc de cette fameuse journée, même si ça n’était pas demain, même si la date officielle n’était pas encore fixée, même. Isaiah allait être témoin, alors forcément il tenait déjà à s’impliquer au maximum. Même que, malgré leur conversation actuelle, le jeune homme allait certainement faire attention avec ses voyages, dans les prochains mois. Il ne partirait pas sans prévenir, et il ne partirait pas à l’autre bout du monde non plus. Si pour lui le mariage n’avait que peu de signification, il savait à quel point ce serait important pour les futurs mariés d’être soutenus, accompagnés, et entourés des gens qui comptaient pour eux. Et Isaiah savait qu’il comptait pour Jim. Ils avaient donc beau blaguer sur le pigeon voyageur, il ne serait pas nécessaire. Isaiah serait là. « Je pense que tu sous-estimes l’intelligence des pigeons ! On va en adopter un dès maintenant, et il va renifler mon odeur à tous les matins et à tous les soirs. Comme ça, quand tu le lâcheras dans la nature, mon odeur le guidera jusqu’à moi ! » Bon, pour ça, il faudrait qu’Isaiah se laisse vraiment empester pour que son odeur puisse être reconnue à des kilomètres. Allez savoir pourquoi, je pense que ça ne serait pas vraiment un problème pour lui ! « J’me trouverai jamais d’excuse pour rater ton mariage, grand fou ! » Ils parlèrent de l’autre témoin, Maxwell, que bien sûr il connaissait de nom puisqu’ils partageaient le même entourage, mais ils ne s’étaient jamais rencontrés, non. « Une petite tête de monsieur tout mignon, tout sage, tout sourire. » Il s’esclaffa. « Crois-moi sur paroles, ce sera son nouveau surnom officiel, ça ! » Un peu plus long que Jimmy-Jim-Jim ou que la Madame-aux-mille-lunettes qu’était Aino, mais une syllabe de plus ou de moins, hein ? « Tu comptes l’annoncer quand aux autres ? » Demanda-t-il avec un sourire.