i'm so used to being in the wrong (maxim)

Le côté positif qu’elle voyait avec son break avec son mari, c’est que personne ne l’attendait chez-elle, qu’elle pouvait rester traîner dans les rues lorsque la Lune était reine du ciel et les étoiles ses disciples. Plus tôt dans la soirée, son portable affichait un message d’une soirée au Phare et elle n’avait pas mise une seconde pour répondre qu’elle serait présente. Après de longues minutes pour se préparer, elle se retrouvait sur les routes de Bowen, à chercher tant bien que mal le chemin vers le point de rendez-vous. Elle avait l’habitude de se balader de nuit, pour se changer les idées ou simplement pour prendre l’air, elle n’hésitait pas à traîner dehors, retarder son retour à l’appartement, ça n’était pas contre Allen, c’était justement parce qu’elle voulait lui laisser des moments de solitude, ne pas toujours être sur son dos. Alors quand elle ne traînait pas dans les bars à salir son sang avec de l’alcool, elle visitait la ville, des nouveaux endroits où elle pourrait venir se réfugier et le phare n’était pas encore une destination qu’elle avait pu cocher sur sa liste. Sur place, le silence était maître, elle venait même à se demander s’il n’y avait pas deux phares, un nouveau et un abandonné. Mais elle voulait croire qu’elle ne s’était pas trompée, qu’elle était peut-être un peu trop en avance ou alors que tout se trouvait à l’intérieur. Elle poussait la porte déjà entre-ouverte du phare du bout des doigts, jetant son regard à l’intérieur avant de passer entièrement dans le lieu sombre, pas une lumière venait illuminer les lieux. La blonde avait lu que c’était pas mal illégal de se trouver dedans, alors elle craignait que la police lui tombe dessus, mais au moment de faire demi-tour, elle entendit un gros bruit accompagné de rire à l’extérieur. La porte était fermée. En se précipitant vers elle, elle essayait de forcer pour l’ouvrir, mais rien ne faisait. « Héééé ! » Hurlait-elle, sans se soucier qu’il y avait peut-être un garde en haut du phare. « Ouvrez-moi ! » Elle tapait contre la porte et le bruit s’emportait jusqu’en haut, un frisson parcourait son corps alors que son cœur accélérait sa cadence. « Y’a quelqu’un ? » Disait-elle d’une voix moins certaine, plus discrète. Elle ne voulait pas passer sa nuit dans ce lieu, elle ne savait même pas quand les gardiens faisaient le tour du phare, peut-être qu’ils ne venaient qu’une fois par mois et qu’elle allait rester bloquée pendant une éternité dans ce lieu.

Ce n'était pas la première fois que ça lui arrivait. Depuis qu'elle s'était retrouvée seule, elle avait essayé d'élargir son cercle d'ami et de s'ouvrir aux gens, peut-être s'incruster dans des groupes de personnes qui ne voulaient pas se faire déranger et qui profitaient de sa naïveté pour se servir d'elle, lui faire des crasses pour s'amuser. L'âge n'avait aucun effet sur la sagesse pour certains et malgré la vingtaine passée, elle se retrouvait souvent dans des positions misérables à cause de ses pseudo-amis. Ce n'était pas un concept qu'elle comprenait entièrement les groupes, dans la ville où elle avait grandi, les gens se mélangeaient, elle pouvait avoir des affinités plus fortes avec certaines personnes, mais elle ne rejetait pas ceux qui cherchaient de la compagnie. Alors, c'était pour ça qu'elle pensait que c'était normal qu'elle se faisait traiter de la sorte par certaines personnes, parce qu'elle était persuadée que c'était une manière de s'intégrer pour des gens. Ils n'étaient pas tous comme ça, heureusement, ceux qu'elle connaissait grâce à son mari étaient plus sages, plus ouverts, ceux de ses cours, c'était différent. Elle ne savait pas si elle devait rire ou se plaindre de la situation, être enfermée par des gens, soit ses amis qui lui faisaient un mauvais coup ou peut-être un gardien qui avait fini son service, qui sait ? Anka préférait largement la deuxième option, pour sa fierté ou tout simplement pour ne pas se dire qu'elles étaient stupides, ces personnes. Ses poings s'écrasaient sur la porte métallique, le bruit grondait dans la tour se mélangeant au cri du vent qui tourbillonnait à l'intérieur, lui donnant des frissons. Derrière la porte, elle finissait par entendre des mouvements. Avant que la porte s'ouvre, laissant apparaître un homme, visiblement jeune, accompagné d'un chien. Elle n’osait pas sortir, peut-être que c’était le gardien, qu’elle s’était fait griller. Peut-être même que c’était la personne qui l’avait enfermé et si c’était lui, elle n’allait pas se contrôler longtemps. « Oh ! Enfin !» Disait-elle comme si ça faisait des heures qu’elle était enfermée. « Oui, ça va. » Répondait-elle, peut-être qu’avec ses cris, il l’avait pensé blesser. « Merci beaucoup, j’ai cru que j’allais passer la nuit à l’intérieur ! » Elle riait nerveusement. « Je ne voulais pas entrer dedans, si c’est la question que vous vous posez. J’ai … été forcée. » Disait-elle la voix un peu tremblante, persuadée qu’elle allait se prendre une nouvelle fois des réprimandes. « J’ai rien dégradé, je le jure. J’suis restée à l’entrer et je n’ai pas fait un pas de plus ! Puis ceux qui m’ont enfermés doivent toujours être dans le coin. » En train de rire quelque part ou râler parce qu’une personne lui avait ouverte.

La jeune femme était tellement paniquée qu'elle n'avait pas pensée à essayer seule d'ouvrir la porte. Il faut dire qu'elle se pensait enfermée à cause des énormes bruits qu'elle avait entendues lorsque la porte s'était fermée, elle pensait à un mauvais coup, quelque chose où essayer ne servirait à rien sauf perdre son énergie et elle avait préférée l'utiliser à crier pour attirer l'attention d'une personne à l'extérieur. Ce qui avait fonctionné, parce qu'elle n'avait pas perdue beaucoup d'oxygène avant que son sauveur de la soirée vienne la secourir. « Elle ne s'ouvrait pas ... » Disait-elle avec une tête un peu triste. Elle préférait garder secret le fait qu'elle avait préférée perdre du temps à hurler dans la tour plutôt qu'utiliser la force qu'elle avait dans les bras pour ouvrir la porte. « Oh ... je note. » Un rire forcé ou gêné venait terminer sa phrase alors qu'elle pensait simplement à aller s'enfoncer dans l'océan pour noyer sa honte. Elle ne se retenait pas longtemps avant de commencer à dire n'importe quoi dû à sa panique. Ses muscles étaient crispés, sa voix tremblait légèrement et son coeur tambourinait dans sa poitrine comme si elle venait de sprinter, tout ça parce qu'elle pensait s'être faite prendre par un homme gérant cet endroit. Parce qu'elle n'aimait pas recevoir des réprimandes, qu'elle ne voulait même pas être là. Ou plutôt, qu'elle pensait que ça serait différent, qu'il y avait réellement quelque chose à fêter alors qu'elle se retrouvait seule. La brune ne savait pas si elle devait répondre ou pas, quand il faisait une blague sur comment elle était rentrée, ça ressemblait à un blâme alors elle se contentait de rire nerveusement en baissant la tête. Il lui disant de se calmer, rajoutant qu'il n'était pas flic. « Hein ? ... Vous n'êtes pas le gardien ? » Elle sentait un poids s'enlever, son angoisse filait doucement, mais sa honte grandissait en conséquence. « Ouf ! J'ai tellement flippé ! » Qu'il réponde à sa question ou non, s'il lui disait qu'elle pouvait faire ce qu'elle voulait, c'était qu'il n'avait pas une grande autorité s'il devait s'occuper des lieux. « Pas vraiment non. » Elle ne voulait pas lui dire que c'était un type de son école, pour ne faire humilier une nouvelle fois s'il faisait partie de la même. « J'ai reçu un message d'un numéro que je n'ai pas enregistré, mais il semblait bien me connaître. Enfin, y'avait mon prénom dedans quoi, il s'est pas trompé de personne. » Pour dire qu'il n'y avait pas cinquante Anka à Bowen, ce n'était pas un prénom de ce pays, loin de là. « Je m'appelle Anka et vous ? » Elle ne savait pas si elle devait le tutoyer ou le vouvoyer, mais elle préférait rester sur la route qu'elle avait prise depuis le début, au cas où. Elle sortait entièrement dehors, pour ne pas prendre le risque qu'on la pousse et qu'on la renferme une nouvelle fois, même si elle savait comment sortir. « Si vous n'avez vu personne, je suppose qu'ils sont partis. » Soufflait-elle, ce n'était pas un reproche, c'est simplement qu'elle ne voyait pas l'intérêt d'enfermer quelqu'un pour se barrer après. « Tant pis. » Sortait-elle dans sa langue d'adoption. Ce n'est pas comme si elle pouvait y faire grand-chose à part les engueuler et elle savait déjà que si elle disait quelque chose à quelqu'un, il finirait juste par rire et l'humilié. Elle sentait son téléphone vibrer dans sa poche et le sortait directement. « Oh, bah il semblerait que ce soit eux. » Elle passait rapidement le doigt sur le prénom de la personne en haut de l'écran pour ne pas faire foirer son mensonge de tout à l'heure puis elle présentait la photo de trois personnes qui semblaient rire avec un second message lui demandant si elle s'amusait bien dans le phare. « Si vous connaissez ... » Elle se doutait bien que non, du moins c’est ce qu’elle espérait fort. Son visage à l’homme en face d’elle avait l’air bien plus jeune que les trois gars qu’elle connaissait, elle ne voyait pas comment ils auraient pu se connaître.

Avec son rire, elle se doutait bien que tout ce qu'elle pensait était le fruit de son imagination, qu'il n'y avait pas de gardien, juste un jeune qui se baladait avec son chien. Quelque part, ça l'arrangeait parce qu'elle n'irait pas en prison pour violation des lieux, bien qu'avec ses éclats de rire elle se sentait simplement humiliée parce qu'elle se faisait trop d'idées. À ses yeux, ça avait été normal de s'inquiéter, si un homme savait ouvrir les portes d'un phare, ça voulait dire qu'il avait déjà essayé avant, pas qu'un don lui était tombé dessus pour sauver une femme de sa détresse. « Oh non, mais vous pouviez être un stagiaire quoi. » Elle ne savait pas si ça allait le faire redescendre un peu, de toute façon, elle ne voulait pas réellement être méchante avec lui parce qu'il l'avait sortie de sa misère donc il méritait mieux. Elle n'arrivait pas à croire qu'il avait seize ans, qu'une personne beaucoup plus jeune qu'elle ait pu l'aider à faire une chose si simple. « Vous n'avez pas à vous sentir insulté, je ne savais même pas que le gardien avait trente ans. » Elle se basait sur le chiffre qu'il avait donné, même si elle n'était plus certaine qu'il connaisse l'identité du gardien. « Puis en vous regardant mieux, vous êtes bien quinze-seize ans. » Anka essayait de se rattraper le mieux possible, ne pensant pas que ça pouvait le vexer, parce que les jeunes étaient généralement flattés quand on les prenait pour un peu plus vieux et l'inverse pour les personnes avec un peu plus d'âge. Malgré ses vingt-deux années au compteur, elle se faisait toujours demander sa carte d'identité dans certains endroits et se faisait parfois virer dans d'autres, ça dépendait de ses vêtements, de comment elle était maquillée. Lorsqu’il demandait comment elle avait pu se retrouver enfermé dans le phare, elle se trouvait une excuse. « Pourquoi vous voulez le savoir ? » Pour pouvoir se moquer d’elle un peu plus parce qu’elle était naïve à son âge ? Elle n’allait certainement pas lui donner une réponse. Même s’il avait donné le sien, elle n’avait rien dit pour. « Non … enfin … t’as raison, heureusement que ce n’était pas un tordu. » Disait-elle dans un rire nerveux, ne sachant pas s’expliquer tout en gardant en tête qu’elle avait dit qu’ils étaient des inconnus, ceux qui avaient fait le coup. Son sourire revenait lorsqu’ils se présentaient, ça l’angoissait déjà moins. « Oh, pas vraiment, c’est serbe en fait. » Merde. Elle ne voulait pas s’expliquer de pourquoi elle était venue de Serbie jusqu’en Australie s’il lui posait la question, elle ne voulait pas lui expliquer qu’elle n’avait vécue quelques petites années là-bas et qu’elle avait été adoptée en Afrique du Sud. Anka n’avait jamais renié ses origines serbes, mais elle n’aimait pas en parler à n’importe qui, toujours devoir s’expliquer et avoir la compassion des gens alors qu’elle était heureuse avec sa famille adoptive. Elle aurait carrément fait mieux de lui donner son deuxième prénom, mais elle réfléchissait toujours trop tard. « Euh … Oui … je sais pas. » Elle ne voulait pas vraiment les chercher, elle savait que si elle faisait quelque chose, une bonne partie de sa promotion allait être au courant et en plus si l’adolescent était avec elle et qu’il faisait quelque chose, elle aurait l’image d’une femme qui ne savait pas se défendre seule. L’horreur. Pour appuyer son histoire, elle montrait une photo de trois personnes en cachant le nom de l’expéditeur, mais la réaction de l’homme n’était pas celle qu’elle souhaitait. La dernière fois que quelqu’un avait voulu calmer les idées d’une autre personne, c’était à l’aide d’un couteau et elle n’avait pas su garder son courage, elle ne voulait pas faire ça, elle ne pouvait pas. « Vous avez bien raison ! » Alors qu’elle, c’était totalement le genre de personne avec qui elle traînait, mais juste parce qu’elle ne savait pas à qui se rallier dans ce pays et comment se créer des liens d’amitié. Il semblait plutôt déterminé à toucher des mots à ces hommes et elle eut un mouvement de recul, quand il lui demandait si elle venait elle grimaçait, riant nerveusement. « Bah … disons … qu’ils n’ont pas l’air de se trouver à côté d’une plage ou quoi … J’vois pas comment on va pouvoir les retrouver … C’est juste une perte de temps. » Elle était à court d’excuses et se sentait débile. « Puis on a pas besoin de faire ça. Vous pouvez rentrer chez-vous, j’vous ai assez embêter comme ça ! Vos parents vont s’inquiéter si restez traîner dehors. » Elle haussait les épaules. « Et moi je vais faire de même ! »

Anka s'efforçait de rire en même temps que lui, même si elle ne comprenait pas pourquoi, que c'était sûrement une moquerie. Qu'importe. Son rire sonnait faux, son regard était interrogateur et pourtant, elle ne disait rien, souriant simplement lorsqu'il disait qu'elle était drôle. C'était un de ses défauts, elle refusait de voir quand une personne se moquait d'elle pour éviter de se blesser. Et alors qu'on venait de lui faire une mauvaise blague, lui rajoutait une couche. Elle ne voulait pas le prendre à la défensive, mais forcé de constater qu'elle n'avait rien dit de drôle, ça ne pouvait qu'être ça. « Sérieux ? » Elle passait le fait que c'était stupide d'abandonner un phare parce que c'était sacrément utile en préférant se dire qu'il devait en avoir un deuxième dans un autre point, que la ville avait gardée celui-ci par attachement parce qu'il devait être vieux. « Oh d'accord ... vous venez souvent dans le coin. » Elle tournait son regard vers le phare, endroit particulier pour s'y réfugier, peut-être que c'était un endroit de prédilection pour les adolescents, pour faire ce qu'ils avaient à faire. Lorsqu'il lui demandait son âge, elle ne put s'empêcher de s'inquiéter et répondre un peu sèchement, déjà que son image devait être terrible, elle ne voulait pas paraître pour une femme stupide à son âge. Même si tout portait à croire, à l'instant, qu'elle l'était. Anka se savait souvent immature et dans l'angoisse tous ses raisonnements coulaient et elle passait pour une benête. « Vous me donnez quel âge ? » Finalement, elle se vexait quand le jeune homme lui lançait qu'elle était naïve, baissant des yeux, elle soufflait, blessée. Lui non plus ne pouvait pas comprendre ce qu'elle ressentait et pourquoi elle se laissait avoir, mais elle ne lui donnait aucun indice. « Oui. » Serbe. Ça lui faisait toujours bizarre de le dire, mais c'était bien son origine, elle avait juste passée que très peu de temps là-bas que tous ses souvenirs étaient flous, elle n'avait même pas l'image du visage de sa mère en tête, plus le temps passait, plus elle oubliait ses traits. « Expat', j'ai immigré ici y'a quelques années. » Bientôt cinq ans qu'elle se trouvait dans ce pays, ça l'effrayait rien qu'en y pensant. Elle ne lui disait pas tout, parce qu'elle n'était pas capable de lui donner son âge, elle n'allait pas se mettre à lui faire une histoire de sa vie, surtout que la raison de sa venue devait bien être surprenante. Quand il disait vouloir retrouver ses assaillants, elle eut un mouvement de recul, cherchant les excuses même les plus débiles pour fuir cette idée. « J'en sais trop rien. » Elle haussait les épaules, ne pouvant pas se servir de l'excuse d'un moyen de transport parce qu'ils s'étaient pris en photo dehors, visiblement tous rouges. Ils avaient sûrement couru ou extrêmement rit, elle pensait plutôt la deuxième option. « T'as entraîné ton chien à retrouver les traces des gens ? » Disait-elle surprise. « Enfin ... j'ai rien qui appartient à ces gens donc ... j'sais pas trop comment on pourrait s'y prendre pour ça. » Quelque part ça la soulageait, elle savait comment ça fonctionnait pour retrouver des gens et la manière dont il fallait préparer les chiens et sauf s'il était magique ou que Maxim trouvait une idée, elle avait réussi à écarter cette idée. Il semblait avoir deviné qu'il y avait quelque chose de louche. « Je sais ... c'est pas trop pour ça que je ne suis pas trop pour. » Ses yeux se perdaient dans la nature environnante, pour ne pas le voir rire ou sourire encore une fois. « Ces gens, je les connais et je ne veux pas qu’on se mette à rire de moi parce que j’ai pas su sortir seule du phare et que j’suis venue les voir avec un inconnu. » Avouait-elle honteuse. « Moque-toi de moi tant que j’te regarde pas. »

Seul, le phare aurait sûrement été le dernier endroit où elle aurait voulue poser un pied. Sûrement qu'à son sommet la vue sur l'étendue bleue pouvait faire briller bien des yeux, mais l'océan n'était pas ce qui la raccrochait le plus à son passé, elle n'avait aucune histoire avec cette eau, elle ne lui rappelait rien et ça faisait qu'elle ne s'y intéressait pas. « Mh. » Quatre ans de moins, mais il lui donnait quand même la majorité australienne contrairement à plusieurs endroits qu'elle pouvait fréquenter dans cette ville. « Rajoutez quelques petites années de plus. » Elle aurait aussi pu dire qu'elle était bien plus vieille pour rajouter un effet de surprise, faire croire qu'elle était une de ces filles chanceuses qui allaient faire toutes leurs vies plus jeunes, mais elle restait toujours floue dans toutes ses réponses. Ce n'était pas par manque de confiance, c'était juste qu'elle ne s'étalait jamais de trop sur sa vie ou les banalités et lorsqu'elle le faisait il y avait toujours quelques mensonges qui jaillissaient de nulle part. C'était plutôt à elle qui ne fallait pas faire confiance. Elle venait quand même lui dire qu'elle était d'ailleurs, débarquée dans ce pays il y a quelques années et il faisait comprendre que lui aussi venait d'autre part. « Oh, classe. » Disait-elle avec un français en apprenant qu'il était français. C'était toujours ce que les autres pensaient des français, alors elle se sentait un peu forcer de le penser aussi, qu'ils étaient stylés, qu'ils avaient quelque chose en plus. Alors qu'ils étaient des hommes comme tout le monde. Mais leur conversation déviait sur le pourquoi ils étaient enfermés ici et elle essayait de se débrouiller pour ne pas se donner une image de victime ou lui dire que ça commençait à devenir une habitude. Une habitude qui s'était installée un peu par sa faute, sûrement. Dans un rire nerveux, elle balançait ; « C'est rien, j'étais enfermée, ce n'est pas si grave. Tout le monde se fait enfermé une fois dans sa vie. » Ou autrement dit, oui. Elle supportait ce fait, mais elle pensait uniquement que c'était une manière de faire 'ici'. À la fin elle ne réfléchissait plus de comment elle devait être traitée. Elle s'inquiétait pour le chien, celui qui avait trop de talent pour elle. « Sacré ... chien. » Anka aurait préféré que son chien soit un abruti, qu'il ne sache rien faire d'autre que des trucs basiques de chiens. S'il la forçait à essayer, elle espérait fortement qu'il ne retrouve rien. La jeune femme finissait par avouer en détournant son regard pour ne pas voir sa réaction, un possible rictus aux coins de ses lèvres parce qu'elle était persuadée qu'il allait se moquer. Il aurait probablement raison de le faire. Il venait attraper son bras et d'instinct elle tournait ses yeux vers les pupilles pupilles bleutées de son interlocuteur. Elle n'aimait pas non plus que son caractère soit associé à eux. Elle n'était même pas certaine qu'elle pouvait réellement considérer ces gens par ses potes, elle se forçait juste à y croire. « Ils ne le sont pas tous ... J'ai des bons potes. » Comme son colocataire qu'était une des personnes avec qui elle s'entendait le mieux en Australie. « Encore merci, Maxim. » De se montrer bon avec elle et de l'avoir sortie de son calvaire. Son regard déviait jusque sa tenue pour penser à autre chose qu'à ces abrutis. « T'es trop jeune pour boire de l'alcool et ton chien risquerait de poser problème partout, donc j'te propose pas d'aller quelque part. » Disait-elle dans un rire. Elle n'y avait pensée que pour avoir une manière de le remercier, sans arrière-pensée. « Je te revaudrais ça un jour. »

Anka restait muette quelques secondes, ne sachant pas si elle devait être vexée ou flatter de son commentaire. « Je ne suis pas si vieille, j'n'ai que vingt-deux ans. Et j'te signale que tu vas vite y arriver. » Si jeune et pourtant, elle avait déjà vécue tout ce qu'une personne pouvait accomplir en plusieurs longues années. Depuis qu'elle avait l'âge de comprendre les problèmes extérieurs, elle avait donné de son énergie à aider ses parents dans l'humanitaire, s'était mariée à la hâte dès qu'elle avait eu l'âge de dire 'oui' et s'était immigrée dans un pays dont elle ne connaissait que très peu la langue, avait remis les pieds dans le travail et était retournée à l'école après sa sorte de séparation. Il y avait tellement encore à vivre, pourtant elle restait pensée qu'elle n'avait plus rien à découvrir. La châtaine était intimidée, ne savait pas comment réagir à ses phrases, honteuse de la situation. Peut-être que s'ils s'étaient rencontrés d'une autre manière, elle aurait montrée un autre visage, mais cette fois elle n'arrivait pas. « Je viens de te dire que tous mes potes n'étaient pas comme ça. » Un pincement au coeur la prenait lorsqu'elle pensait au fait qu'il mettait tous ses amis dans le même panier pour deux personnes qu'elle ne considérait même pas comme ses potes. « Mais je suppose que ton commentaire était gentil quand même sur la fin. » Soufflait-elle, elle méritait mieux que d'être traitée comme une martyre, c'était certain. Après avoir regardé sa tenue et avoir supporté le silence qui s'était installé assez de temps pour la gêner, elle cherchait une activité qu'ils pouvaient faire pour se rattraper et le remercier, mais rien ne collait. Il était trop jeune et elle était trop apprêtée pour aller se balader ailleurs. Rapidement, elle comprenait que même si elle lui avait proposé quelque chose, il se serait enfuit pour s'éloigner d'elle. Quelque part, ça ne la gênait pas, elle était bien trop mal à l'aise et rabaissée de sa situation pour agir normalement. « Ouais, à bientôt ! » Ça allait être difficile d'un jour le retrouver, puisqu'elle n'en connaissait que le nom et la nationalité, mais elle se mettait tellement dans n'importe quelle situation qu'il pourrait très bien être de nouveau son sauveur.