Give me shelter, or show me heart part II + Violence

Alors que pour Violet le surf représentait un rêve d'enfance intouchable, pour Terrence il s'agissait de toute sa vie. Il avait baigné dans ses eaux, natif de la région. Violet ne s'était jamais rendu compte de ce que sa venue pouvait impliquer. Lorsqu'elle avait acheté son local abandonné sur la plage, jamais elle ne s'était demandé si un jour sa présence poserait problème à qui que ce soit. Et durant les 3 premières années, ces années où elle fût la seule boutique de la baie, jamais cette pensée ne traversa son esprit. Quand elle avait finalement appris, entre les branches, qu'une seconde boutique ouvrirait ses portes sur la plage voisine, Violet n'avait pas eu peur. Elle ne se sentait pas en danger. La jeune femme était même heureuse pour la personne qui choisissait, elle aussi, de vivre de sa passion. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle s'était rendu sur Grays Bay pour accueillir le nouveau propriétaire de l'endroit, sans mesquinerie. Mais, la froideur de Terrence avait parti le bal, qu'il avait accordé le départ de la guerre. À cet instant précis, Violet ne comprenait pas la haine de son compétiteur, elle qui pourtant avait toujours été élevée dans un monde de sainte compétition où il fallait féliciter son adversaire même lors de nos défaites. Attention, si elle avait su avant, sa boutique aurait tout de même ouvert ses portes. Les ambitions dépassent largement le sentiment de culpabilité qui l'habite. Cependant, les choses auraient été autrement. Elle ne l'aurait pas cherché autant. Elle ne l'aurait pas piqué autant. Elle qui pensait pourtant qu'il la détestait sans raison. C'est presque quatre ans après leurs combats sans fin que la commerçante réalisait les raisons du pourquoi. Maintenant, elle s'en voulait. Qui aurait cru qu'après toutes ses années à se crier par dessus la tête, ils en seraient là : main dans la main à partager un repas et des discussions à l'allure inoffensive.
Elle s'en voulait d'autant plus quand son coeur battait la chamade dans sa poitrine, quand les papillons naissaient dans son estomac, elle qui avait si longtemps essayé de chasser les sentiments. Elle ne voudrait pas l'admettre, mais cette tension entre eux, du moins de son côté, était présente depuis bien plus longtemps que cette nuit de tempête. Elle remontait à plusieurs années, aux années où ils ne juraient que par le dégout l'un pour l'autre. Sur la plage, près des rochers qui bordaient Grays Bay, un jour où il faisait trop gris pour surfer, mais pas assez pour rester enfermés, Terrence était sur le sable avec Stan. Violet passait par là, revenant d'un jogging matinal alors que les huit cloches du matin avaient à peine sonnées. Terrence était accroupi, essayant d'apprendre à Stan l'art de s'assoir et de rester au pied. L'Américaine était demeurée là, un peu à l'écart, à l'observer faire avec un petit sourire narquois aux lèvres. C'était la première fois qu'elle le voyait calme, dans un état plus serin. Il était ferme, comme toujours, mais tout de même calme. Et Violet avait craqué pour lui à cet instant. Bien évidemment, les jours suivants, Terrence avait été monstrueux avec elle comme à son habitude et ce qui semblait être un début de crush s'était vite dissimulé dans la routine des insultes qu'ils s'étaient instaurés. C'était la façon dont ils vivaient, depuis si longtemps.
Mais ce soir, main dans la main, ils partageaient de nouvelles émotions apprenant à la fois à gérer leur semblant de vie à deux. Apprivoisant leur caractère, propre à chacun, qui parfois était à des années-lumière l'un de l'autre et qui, d'autre fois, était bien plus semblable qu'ils le pensaient. Mais Violet ressentait tout de même cette culpabilité d'avoir tant essayer de le détester, toutes ses années, alors qu'elle avait volé son rêve de toujours. Dans une douceur qu'elle commençait à s'habituer, Terrence avoua ne jamais l'avoir détesté. Elle y croyait à moitié, comment ne pouvait-il pas la détester ? J'ait volé ton rêve, Terrence. Si je n'étais pas venue ici, si je n'avais pas décidé d'acheter l'ancien café sur la plage.. Tu aurais ta boutique à l'emplacement le plus passant. Tu serais seul, sans compétition. Elle lui avait dit sur un ton calme, mais à l'intérieur d'elle tout était chamboulé comme si elle remettait en cause sa décision. Et peut-être que sans elle, toutes ses rumeurs atroces sur lui ne seraient pas en train de courir. À Bowen, les gens racontaient qu'il trafiquait dans des situations peu légales derrière son comptoir. Bien qu'elle n'avait jamais vérifié, Violet n'y croyait pas vraiment. Le local qu'avait choisi Terrence était plus grand que le sien, mais cela ne voulait pas dire qu'il y cachait nécessairement un commerce illégal. Du moins, pas dans la tête de la blonde. Peut-être vivait-elle sur une idylle, un monde paradisiaque imaginaire, pourtant selon elle il ne s'agissait que de mauvaises rumeurs de gens cherchant la bisbille où il n’y en avait point. Aujourd'hui, elle se demandait même si les rumeurs étaient à cause d'elle, ou du moins à cause de sa présence en ville.
La musique avait comblé le silence, habitant la soirée d'une nouvelle facette. C'était invitant, Violet avait envie de se laisser guider par lui et tout simplement oublier qu'ils avaient eu un passé houleux. Leur relation serait toujours tumultueuse, mais aujourd'hui elle prenait une avenue différente laissant place à plus de douceur. Elle roula les yeux, affichant un sourire amusé aux coins de ses lèvres. C'est mal me connaître. J'en aurais pris au moins une vingtaine déjà et je serais probablement reparti avec le premier venu. Elle secoua la tête sans détacher son regard du sien, pour qu'il comprenne qu'elle était aussi ironique qu'il l'avait été. Violet n'avait jamais une habituée le monde des boites de nuit, préférant nettement s'installer sur une terrasse avec des amis et une bonne bière blonde. Elle aimait pourtant danser, mais d'autant plus sur la pelouse pieds nus que sur les tables chambranlantes d'un bar sous les commentaires disgracieux de la gent masculine. Le genre de soirée qu'ils passaient s'inscrivait comme idéal, la simplicité d'un repas en bonne compagnie. Ils s'étaient laissés guidés par la musique, corps à corps, chacun perdu à leur façon dans leurs pensées. Bien que la musique faisait partie intégrale de sa vie, elle était secondaire. Les mélodies, les accords, le rythme n'étaient pas importants. Elle se laissait guider par lui, lui faisant confiance, alors que sa tête était ailleurs. Son coeur lui faisait mal, lui lançant des signes évidents qu'il était sous l'emprise de l'homme. Amoureuse. Elle l'était. Du moins, c'est ce qu'elle croyait. Mais jamais elle ne pourrait lui dire. Ils avaient passé un accord, laissant la vie suivre le cours des choses, Violet ne pouvait pas lui lancer une telle bombe au visage. Il prendrait la fuite. Même si Terrence s'était montré différent ce soir, il était bien trop tôt pour oser parler d'amour. C'était tout ce qu'il lui avait reproché plus tôt. Son regard était perdu alors qu'elle leva les yeux vers l'Australien. Le sien était rempli de tendresse. Elle n'était certaine d'avoir envie de briser le moment, ayant à peine retrouvé le calme d'après tempête. Terrence se pencha vers elle, ses lèvres touchèrent celles de la jeune femme effaçant tout le doute qui pouvait encore rester. Il l'embrassa doucement, sans la fougue passée qu'ils avaient connue auparavant. C'était une nouvelle façon de se découvrir, une nouvelle intimité qui ne s'était pas présentée. Violet l'embrassait en retour, partageant la même douceur. Ses mains s'agrippèrent au cou de Terrence, alors que tout son corps se pressa contre lui. Leur baiser dura de longues minutes avant de finalement se terminer, laissant les deux soupirants se regarder droit dans les yeux. Violet essayait de lire dans le bleu de ses yeux, sans y arriver vraiment, cherchant à comprendre ce qu'il y avait dans sa tête. Elle colla sa joue contre le torse de l'homme, descendant ses mains pour entourer sa taille d'une nouvelle étreinte. Leurs corps étaient encore près l'un de l'autre, attirés naturellement comme les deux parties d'un aimant. Il faisait froid, elle avait perdu la couverture qui était posée sur ses épaules, mais pourtant Violet était bien. Elle inspira longuement. Merci pour la soirée. C'était nettement mieux que ce qui était prévu.

Terrence avait mauvais caractère, c’était un fait, depuis toujours et clairement ça ne s’arrangeait pas avec les années. Il était bougon et sauvage, il aimait avoir raison et avait horreur qu’on lui tienne tête, têtu comme pas deux il défendait son bout de viande coûte que coûte. Alors pas étonnant que la querelle avec Violet soit devenue une habitude, il n’allait surtout pas lui donner le loisir de gagner du terrain. Et s’il n’y avait pas eu cette attirance physique qui l’avait finalement poussé à faire un pas vers elle puis vers ses lèvres, il n’aurait jamais renoncé à se chamailler avec elle et à comprendre à quel point elle pouvait être une femme exceptionnelle. Alors qu’elle ne se torture pas tellement, la plus grosse part du problème venait de lui et de sa personnalité contrariée et il le savait parfaitement. Mais à son âge on n’allait pas le changer, ce serait utopique que de croire ça, il pouvait faire des efforts, il le lui prouvait ce soir, il pouvait montrer une autre facette de lui, moins torturée, moins tempétueuse, plus tendre. Qu’elle ne se sente pas coupable, il avait encore du chemin à faire mais il pourrait lui montrer qu’elle n’était en rien responsable de leurs différents et qu’il n’était finalement pas si rancunier, après tout, dans ses bras il avait vite oublié leurs disputes et la soit disant haine qu’il avait envers elle. Terrence était compliqué et difficile à cerner, pourtant la belle Violet semblait le comprendre bien facilement et elle l’apaisait, une fois les armes rendues il se sentait bien à ses côtés. Ce qu’il ne pouvait exprimer par ses mots maladroits, Kelly le montrait par ses gestes, il avait toujours fonctionné ainsi, pour le meilleur et le pire. En cas de frustration ou de colère il pouvait facilement serrer les poings et tout son visage se crispait, il avait appris à maîtriser ses gestes emportés avec les sports de combats et les arts martiaux ce qui avait fait de lui un homme peu violent, plus jeune il se battait plus facilement et évidemment ça lui avait causé quelques soucis. Inversement, quand il se se sentait bien avec une femme il pouvait facilement lui prendre la main ou l’embrasser, avoir des gestes tendres qui prouvait tout le bien qu’elle lui faisait sans forcément avoir à parler. Il était malgré tout plutôt emprunté parce que finalement il y avait eu peu de femmes avec lesquelles il s’était vraiment senti à l’aise ou en confiance, Violet était l’une des rares exceptions. Un sourire en coin se dessina sur les lèvres de Terrence, pourquoi la blonde se torturait-elle pour cette histoire de rêve, elle ne connaissait pas son combat, elle ne savait pas que s’il n’avait pas pu ouvrir sa boutique plus tôt ça n’avait rien à voir avec elle ou avec leur concurrence, c’était bien plus complexe que ça. Si tu n’avais pas ouvert ta boutique quelqu’un d’autre l’aurait fait. Si ça n’avait pas été un shop de surf s’aurait été un marchant de glaces ou de souvenirs. Tu n’as pas à t’en vouloir. Durant des années tu m’as tenu tête, me prouvant que tu avais ta place sur cette plage. Et tu avais raison. Je suis juste bien trop borné pour admettre que tu as raison. Et jamais je ne t’avouerai que je suis désolé de t’avoir mené la vie aussi dure par simple jalousie. Il se leva, son sourire s’était élargi après cette confession à peine déguisée. Il était têtu mais parfois il se montrait bon perdant, parfois.
Il l’invita finalement à danser, contre toute attente, non sans cette pointe d’humour douteux qui le caractérisait et qui l’aidait parfois à rendre les situations moins sérieuses et plus confortables pour lui, parce que ce n’était pas rien d’inviter une jolie fille à danser. Il leva les yeux au ciel quand Violet lui répondit, ponctuant en disant qu’elle serait repartie avec le premier venu. Elle savait à présent qu’il était jaloux. Il ne répondit pas à cette attaque teintée d’humour, préférant garder ce nouveau sourire au coin des lèvres qui semblait ne plus vouloir le quitter maintenant qu’ils étaient réunis. Et ensemble ils dansèrent comme s’ils étaient seuls au monde. Le ciel pourrait bien leur tomber sur la tête, ils s’en moqueraient, ils semblaient absorbés, dans leur bulle, ils étaient bien, enfin Terrence était bien, il sentait le cœur de Violet qui battait contre lui et c’était agréable de savoir qu’en quelque sorte il battait pour lui. Il avait dit l’autre soir que leur nuit de tempête ne signifierait rien, qu’il ne changerait pas. Ce soir il n’était pourtant sûr de rien, il sentait tout son être chamboulé et plus il regardait Violet moins il pouvait ignorer ce qu’il commençait à éprouver pour elle, ce n’était pas le simple manque de leurs corps à corps ni un désir fugace, ce n’était pas juste le souvenir d’une nuit différente. C’était bien plus profond que ça, c’étaient plein de petits détails qui le faisaient craquer, c’était une perspective d’histoire bien moins malsaine que ce à quoi il aurait pu s’attendre et qui lui plaisait bien même s’il n’y avait jamais songé avant. Alors peut-être que ce ne serait qu’un coup de cœur vite oublié, ou un réel coup de foudre, en vérité il n’en savait encore rien, mais il avait promis de moins réfléchir de de voir ce qu’il adviendrait. Alors advienne que pourra. Violet releva les yeux vers lui et il lui sourit avec tendresse. Tu as froid ? Il sentait qu’elle frissonnait et par réflexe il ressera son étreinte et ses bras autour de ses épaules nues puisque le plaid était tombé sur l’herbe sans qu’il s’en rende compte.  Sa peau était douce et donnait envie de s’y attarder, pourtant la blonde parlait déjà au passé, comme si elle se préparait à le quitter. Tu peux rester tu sais, je ne compte pas te chasser. Et puis tu n’as pas mangé le dessert. En vérité il aurait tout fait pour la retenir encore un peu même s’il ne l’avouerait pas, trop réservé pour oser. Il n’avait aucun dessert, mais des fraises du jardin feraient peut-être l’affaire. Il voulait la garder pour lui, cette nuit était parfaite et il  n’était pas prêt à la voir partir, ils avaient encore beaucoup à vivre, avant que le jour ne se lève et ne lui enlève. Mais que savait-il de ce qu’elle pensait, peut-être qu’elle s’ennuyait dans ses bras et malgré ses mots qui le remerciaient.

Malgré ce qu'il pouvait lui dire, Violet était bornée. Elle l'avait toujours été, ce n'était pas un bel homme qui lui ferait changé son caractère. Elle était endurcie, moins que Terrence, mais elle l'était tout de même. Cela faisait parti des choses qu'ils avaient en commun. Même s'il lui disait qu'il ne l'avait jamais vraiment détesté, qu'elle n'avait pas volé son rêve, que sans elle ce serait quelqu'un d'autre qui aurait pris sa place, elle demeurait persuadée que sa venue à Bowen dérangeait. Elle n'avait jamais pensé ainsi, elle qui défendait pourtant toujours ses droits d'y être, mais ce soir alors qu'elle voyait Terrence sous un autre angle, c'est toute sa vision qui changeait. Elle lui aurait attiré pas mal moins d'ennuie, la petite Américaine, si elle avait décidé de s'installer un petit commerce à Hawaĩ plutôt qu'en Australie. Ou alors, elle aurait pu s'y installer, mais avec un tout autre commerce, un tout autre rêve. La pâtisserie, par exemple, ou les organisations d'évènements. Violet se disait que les choses auraient tellement pu être différentes si elle n'avait pas eu l'audace en premier d'ouvrir la boutique. Dans une autre vie, ils auraient pu même jamais expérimenter la haine et leur relation aurait pu être totalement différente.Violet n'avait jamais été indifférente au charme de l'homme. Elle était franchement attirée par lui, physiquement parlant, et le seul bâton dans ses roues qui l'avait empêché de le trouver de son goût était le jeu de haine qui s'était installé entre eux. Terrence et elle se ressemblaient plus qu'ils ne le laissaient voir. L'ex-militaire avait pris un ton plus calme pour prononcer le reste de son discours. Des aveux masqués par les mots choisis. Un large sourire étampé dans son visage, il était impossible de lui résister. Il était beau, encore plus lorsqu'il souriait ainsi. Violet le regardait, un peu bête sans savoir réellement quoi lui répondre. Ses confessions lui faisaient du bien, même si une partie d'elle croyait encore avoir contribué un peu trop à leurs désespoirs des dernières années. Elle souriait à son tour, silencieuse comme jamais, le regardant dans les yeux jusqu'à ce qu'il se lève pour quitter le terrain où ils étaient installés.
Lorsqu'il était revenu, l'ambiance était complètement différente. Il avait fait jouer de la musique calme, un doux fond musical qui avait totalement changé l'atmosphère et il l'avait invité à danser. Violet adorait danser, tout genre de style, mais rarement debout sur une table après plusieurs verres comme il l'avait insinué. Elle savait que Terrence plaisantait, il voulait la faire réagir. Les hommes avaient cette manie de vouloir faire réagir les femmes, certains les trouvaient même mignonne lorsqu'elles étaient en colère. Mais ce n'était pas le genre de Violet. Elle était douce, il lui en fallait plus qu'une plaisanterie. Elle répondait pourtant à la blague, lui disant qu'elle aurait probablement terminé la soirée dans les bras d'un autre. C'était purement une blague, pour le faire réagir, lui aussi. Lui qui avait exprimé sa jalousie plus tôt dans la soirée. Terrence, lui, mordait à l'hameçon. Il avait gardé son sourire en coin, cette fois moins franc et un peu plus irrité. Elle le regarda, tendrement, avec des yeux remplis de douceur. Je n’aurais pas pu partir avec le premier venu. Il y a quelqu’un qui obsède un peu trop mes pensées pour me laisser faire une chose aussi idiote que celle-là. C'était un aveux pour elle aussi. Décidément, l'air de Bowen était destiné aux confessions ce soir alors que la blonde ouvrait un peu plus son coeur avec lui, plus qu'il l'était déjà. Peut-être qu'elle aurait dû garder cela pour elle, peut-être qu'il s'agissait d'un aveux de trop, mais c'était sorti de façon spontanée, sans qu'elle le commande, ayant le besoin de rassurer l'homme qui avait démontré une pointe d'agacement dans son sourire en coin.
Collé l'un contre l'autre, ils ne se souciaient de rien d'autre que la chaleur de leur corps. Ils étaient bien, blottit dans leurs bras, à savourer le moment qui, Violet espérait, ne terminerait jamais. Mais son coeur, dans sa poitrine, lui, ne supportait plus la cadence. Il battait fort, trop fort même. Elle le sentait battre jusque dans sa tête. Il battait pour un homme qui, autrefois, détestait toutes ses qualités et qui, maintenant, semblait toutes les aimer. Les bras de Terrence resserrèrent leur étreinte autour d'elle, cherchant à la réchauffer au passage. Non, je n’ai jamais été aussi bien. Avoua-t-elle alors que les bras de l'homme étaient effectivement son endroit favoris. Elle souhaitait que rien ne cesse. Que la soirée se poursuive dans un temps figé. Que personne ne les dérange, les laissant vivre pleinement leur relation dans l'intimité de sa caravane. Mais le coeur de Violet, lui, trouvait qu'il en avait assez. Il battait, menaçant de tout avouer. Avouer qu'il y avait bien plus qu'une simple attirance entre eux. Violet l'aimait. Elle le réalisait maintenant, mais pourtant ce sentiment s'était clairement développé sur des années. Des années où aux yeux du commerçant, Violet Cox n'était rien. Une simple vendeuse de surf improvisée venue ici pour l'embêter. Son coeur cherchait à se protéger, déjà un peu abimé par leurs disputes précédentes et celles qu'ils avaient eu durant des années. Il lui lançait des signaux. Alors, elle le remercia sincèrement pour la soirée. Terrence, lui, ne semblait pas en avoir terminé avec elle. Violet lui sourit, plongeant son regard droit dans ses yeux, une pointe de provocation séduisante dans le reflet vert de ses prunelles. Fais-moi rester. Elle ne voulait pas partir, mais Violet sentait que si elle ne le faisait pas elle pourrait regretter la suite. Pas qu’elle n’était pas bien avec l’homme, au contraire, c’était bien ça le problème. Elle était trop bien avec lui, trop bien dans ses bras. Mais il voulait prendre son temps, laisser la vie suivre le cours des choses, et en restant Violet savait très bien où son coeur la mènerait. Elle s’attacherait, encore plus. Et ça lui faisait peur. Tout ce qu’il lui fallait c’est qu’il la fasse rester pour lui faire changer d’avis.

En matière de séduction Terrence n’avait aucune confiance en lui. Sûrement parce qu’il n’avait pas eu beaucoup d’expériences heureuses dans ce domaine alors à force de se vautrer sur des relations qui n’allaient nulle part, il s’était simplement dit qu’il était mauvais en drague. Pourtant ce soir, sans s’en rendre compte, il se montrait presque expert avec la belle Violet pendue à ses lèvres. S’il leur rencontre fortuite avait mal débuté il s’en sortait bien mieux maintenant qu’il n’y avait plus qu’eux. Comme s’il avait besoin de l’intimité de son foyer pour s’ouvrir à elle, sans d’éventuels regards gênants ou oreilles baladeuses. Ici ils étaient seuls et Terrence était en confiance. Il se montrait charmant, charmeur, il se confiait et osait même plaisanter. Violet semblait conquise, elle le ferait presque mentir sur sa maladresse avec les mots et même avec les femmes. Ils oubliaient leurs vieilles rancoeurs, comme s’ils ne s’étaient jamais déchirés, il était possible qu’ils en viennent à regretter d’avoir perdu du temps à se hurler dessus avant de comprendre qu’ils étaient bien meilleurs pour s’entendre. Cependant Terrence ne regrettait rien, ils ne pouvaient pas effacer leur passé alors il choisissait de l’accepter, espérant qu’ils n’aient plus jamais à s’envoyer des noms d’oiseaux sous les porches de leurs boutiques respectives. Et pour couronner le tout il s’excusait même d’avoir été odieux et jaloux à cette époque, comme quoi tout le monde pouvait changer.
Il était mauvais pour cacher ce qu’il ressentait, facilement irritable, il ne pouvait nier que la simple idée d’imaginer Violet dans les bras d’autres homme le rendait jaloux, même s’il savait qu’elle blaguait alors oui, il mettait les deux pieds dedans avec son air agacé qu’il tentait de masquer, il le faisait mal. Mais doucement elle lui fit cette confession qui le fit sourire, l’australien fixa celle qu’il avait contre lui sans rien ajouter de plus, il s’était déjà bien ouvert à elle, bien au delà de ce qu’ils espéraient tous les deux. Et elle aussi. Il était d’avis qu’il ne fallait pas brusquer les choses, une nouvelle fois, on ne pouvait jamais savoir si les mots doux étaient un réel cri du cœur ou une simple émotion sur le moment, il se méfiait toujours, l’animal, il cherchait toujours à se préserver des déclarations trop vite lancées et qu’on ne pouvait plus retirer. Les insultes, finalement, c’était plus facile, c’était impulsif et violent, pas agréable mais elles lui faisaient moins peur, elles avaient moins de chance d’égratigner son cœur si d’aventure elles arrivaient à être regrettées, les mots doux, eux, avaient probablement plus ce pouvoir de vous briser si à la fin ils perdaient tout leur sens. Leur danse lente et silencieuse, avec seule la musique pour les guider fut sûrement plus profonde qu’une longue conversation, elle était la preuve qu’ils étaient bien l’un avec l’autre, sans grands discours, sans avoir besoin de meubler avec des mots, le silence n’avait rien de gênant, il était au contraire apaisant, il permettait à ces deux cœurs qui se réveillaient de prendre toute conscience des sentiments qui naissaient au fond d’eux. Et même si, pour Terrence c’était encore un vrai chantier, même s’il ne comprenait pas ne ce serait-ce que la moitié de ce qu’il lui arrivait, il l’acceptait, calmement il se faisait au fait que son corps s’attachait à la chaleur de Violet et que tout son être réclamait sa présence. Alors qu’ils tournoyaient sur son petit carré de jardin il n’avait aucune envie de la déshabiller ou de brusquer les choses, il se sentait bien dans cet instant suspendu. Pourtant il sentit rapidement qu’elle tentait de prendre la fuite, peut-être qu’elle n’était pas si bien que ça, peut-être qu’elle s’ennuyait en la présence du surfeur, il avait pensé qu’elle était bien mais il pouvait tout aussi bien se tromper alors il prit peur qu’elle le quitte trop rapidement, se rattrapant à chaque branche, même si fine, pour tenter de la retenir. Il était totalement inconscient du fait qu’elle prenait simplement peur de trop s’attacher à lui. Elle avoua pourtant n’avoir jamais été aussi bien mais il sentait dans son regard comme une urgence, il avait peur de l’interpréter comme le besoin de le fuir. Et malgré ça, elle se montra rapidement féline et séductrice alors qu’il lui proposait de rester encore un peu. Un sourire en coin se dessina sur les lèvres du garçon. Dans son petit jardin poussaient quelques fruits, des fraises, il avait du basilic, il pouvait très bien lui faire une salade de fruits en guise de dessert. Mais il se doutait bien que, sous cette invitation à la convaincre de rester, son pauvre dessert improvisé n’aurait pas beaucoup de poids. Le regard de Violet était brûlant et il plongeait totalement. Si, quelques minutes plus tôt il ne pensait qu’à la douceur de cette valse inopinée, il imaginait à présent un tout autre pas de deux, bien moins calme et empreint d’un désir qui ne l’avait jamais vraiment quitté. Reste, alors, ne pars pas ce soir. Il l’embrassa finalement, caressant cette peau découverte, dépourvue de châle, qu’il cherchait un peu plus tôt à protéger du froid, celle qui l’attirait bien plus que de raison. Violet savait qu’il était mauvais avec les mots alors il espérait qu’elle comprenne qu’il ne lui fasse pas de long discours pour la convaincre de s’attarder, il espérait qu’elle comprenne avec ses gestes parce qu’il était bien meilleur dans ce domaine. Il détacha ce chignon de fortune avec lequel elle avait retenu ses cheveux plus tôt dans la soirée, laissant tomber dans son dos les cheveux blondis par le soleil, passant ses mains dedans pour mieux s’accrocher à elle. L’envie qu’il avait d’elle balayait tout sur son passage, comme le soir de la tempête, mais au delà de ça, il souhaitait qu’elle ne le quitte plus, qu’elle reste, au moins pour la nuit, auprès de lui. Lui l’éternel solitaire qui se sentait pourtant démuni depuis quelques semaines, depuis qu’ils s’étaient quittés.

Violet était une âme libre. Elle s'était toujours abandonnée aux choses qu'elle aimait sans se poser de question, se jetant tête première dans de nouvelles aventures. Elle ne se prenait pas la tête avec des questions, des réflexions et des hésitations. Puis, si elle se plantait, elle aviserait. Et pourtant, décrite ainsi, il était difficile de la reconnaître avec la Violet qui faisait face à Terrence. Dès leur premier rapprochement, le soir de tempête, elle s'était transformée en une personne qu'elle ne connaissait pas. La commerçante s'était fait prendre dans les questions, les réflexions et les hésitations, repoussant leurs caresses le plus qu'elle le pouvait. En vérité, elle avait peur. Elle était pétrifiée, même, de ce qu'elle pouvait ressentir pour lui. Jamais elle n'aurait cru être dans cette position, à ressentir autre chose qu'une austérité malveillante envers lui. Son coeur, lui, connaissait trop bien, sans même voir déjà pris la route, le chemin vers Terrence. Au début de cette soirée qui commença sur une note houleuse, ce sont ces sentiments qui les ont presque éloignés pour de bon, forcés à ne pas vivre l'histoire qui semblait être dessinée pour eux. Or, alors qu'ils s'étaient promis de laisser les choses prendre un rythme plus lent et d'apprendre à se découvrir, Violet, elle, sentait que son coeur avait le pied enfoncé sur la pédale d'accélération en permanence.
Elle ne voulait pas le quitter, elle voulait rester et passer la nuit à ses côtés. Et c'était bien cela le problème. Violet savait trop bien le danger de demeurer dans cette situation bien trop propice à la tentation. Et si elle se laissait aller encore une fois, il serait encore plus difficile de faire marche arrière. Terrence ne faisait pas dans la romance , elle doutait qu'il soit en mesure de s'offrir à elle de la façon dont elle le voulait. Bien plus tôt qu'elle l'avait envisagé, leur relation s'éteindrait laissant l'Américaine seule avec ses souvenirs déchirant son coeur. Ce n'était pas la tentation qui manquait à l'appel, mais plutôt la raison qui tentait de faire son travail maintenant une certaine retenue chez la blonde. Elle avait peur d'être blessée, de dire des choses qui effrayeraient Terrence et de tout perdre ce qu'ils avaient commencé à bâtir à deux. L'idée de le perdre et de revenir pour lui que la banale compétitrice lui déchirait le coeur. Elle venait à ne plus savoir se comporter en sa présence, marchant toujours sur une ligne invisible de retenue alors qu'en réalité Violet souhait bien plus que le simple désert qu'il l'avait invité à prendre. Elle le voulait lui. Aujourd'hui et pour les jours suivants. Elle ne voulait plus se poser de questions, de réflexions et d"hésitations et simplement agir. Le prendre dans ses bras lorsqu'elle en avait envie sans se demander si elle allait trop vite pour lui. L'embrasser, le toucher, lui parler de tout et de rien comme les gens amoureux le faisaient. Parce qu'elle commençait à le ressentir ce feu qui créait l'amour dans tout son corps, bien qu'il était trop tôt pour le crier haut et fort. C'était bien plus qu'une attirance physique que la surfeuse ressentait. L'homme avait handicapé son coeur. Autrement, ils avaient valsé durant de longues minutes acceptant sans problème le silence qui s'était installé entre eux. Violet n'avait pas cherchée à combler le vide, chose qui lui était inhabituelle. Ce silence était apaisant, c'était le signe qu'elle se sentait bien aux côtés de Terrence. Ses yeux verts étaient plongés dans les prunelles bleues de l'homme à la recherche de son approbation pour rester alors que, réellement, elle ne voulait pas le quitter. C'était à croire que Terrence avait su lire dans les yeux de la blonde, l'invitant pour la nuit. Il avait accompagné sa demande d'un baiser laissant ses mains parcourir le corps de Violet, lui expliquant, sans les mots, les raisons pour lesquelles il ne voulait pas la voir partir. C'était leur manière de communiquer à eux, bien plus facile de se comprendre au travers du langage corporel qu'avec des mots qu'elle avait tendance à trop utiliser et qu'il tentait d'éviter. Sous la force de ce baiser qui retrouvait les notes de leur dernière rencontre, Violet pressa son corps contre celui de l'homme, appréciant chaque apostrophe de leur proximité maintenant reconquit. D'un geste rapide, il défit l'emprise de ses cheveux les laissant tomber dans son dos en une cascade claire. Violet sourit contre ses lèvres, appréciant les caresses qu'il avait maintenant transportées jusqu'à sa nuque, puis dans ses cheveux. Leurs lèvres se détachèrent après quelques instants laissant la blonde haletante, le regard toujours plongé dans les yeux de son amant. Elle avait l'air de rien, les cheveux en batailles, pieds nus dans la pelouse, le regard brulant pour l'homme, le coeur défonçant sa poitrine, et pourtant il la regardait avec cette admiration et cette tendresse qu'il avait toujours lorsqu'il posait ses yeux sur elle. Violet baissa les yeux, fixant les boutons de la chemise de Terrence avec lesquels elle jouait nerveusement, un rictus timide aux coins des lèvres. Tu as raison, je ne peux quand même pas partir sans avoir pris le dessert. Elle releva le regard vers lui, sondant sa réaction en reprenant son souffle qui était coupé par l'effet de leur baiser. Violet avait chaud, sa peau était brûlante, réclamant plus de ses caresses, plus de ses baisers, plus de ses rapprochements qui lui faisait tant de bien. Et pourtant, elle voulait maintenir une certaine retenue, le faire languir, prendre son temps pour savourer encore plus les instants qui en découleraient. Laisses-moi le faire pour toi. Pour te remercier du repas. à contrecœur, elle se détacha difficilement de l'emprise de ses bras, perdant la chaleur qu'il lui procurait, après avoir déposé un doux baiser aux coins de ses lèvres.
Sur la pointe des pieds, Violet se rendit près du potager sans se retourner vers Terrence pour prendre connaissance de ses options. Elle espérait ne pas l'avoir froissé mettant un frein à ses avances, elle qui souhaitait faire augmenter la tension entre eux. Elle repéra les fraises, cliché appelant à la séduction. Tu m'en apporte dans la cuisine, le temps que je décide ce que je pourrais bien concocté avec elles ? lui demanda-t-elle, le regard toujours brulant de son envie pour lui. La distance n'était pas suffisante pour éteindre le feu de leur passion. Son corps réclamait encore le toucher de Terrence. Elle s'éclipsa dans la cuisine où, loin de ses yeux, elle put prendre une grande respiration calmant ses ardeurs. Résister à la tentation semblait lus difficile que ce qu'elle avait envisagé. Terrence la connaissait bien trop faible ayant, par le passé, craqué sous ses avances bien trop rapidement. Ce soir, ce n'était pas une revanche qu'elle prenait en laissant planer l'envie, mais plutôt un plaisir pour en apprécier plus les futurs acquis. Regardant dans son réfrigérateur, Violet tenta de trouver les ingrédients dont elle aurait besoin pour lui concocter quelque chose d'aussi succulent que le repas qu'il lui avait fait. Terrence vient la rejoindre, un plat rempli de fraises dans les mains, et le feu se ralluma dans son bas ventre. Un parfait aux fraises, ça te dit ? songea-t-elle en s'accaparant du plat de fraises. Elle n'attendit pas sa réponse qu'elle était déjà à la recherche d'une casserole dans laquelle mélanger les fruits ainsi qu'un peu de sucre qu'elle trouva en parcourant les armoires bien rangées du militaire. Elle laissa mijoter, sur la cuisinière, la casserole de fraises qui se devaient de ramollir afin d'être écrasées avant de se retourner vers Terrence.

L’innocence de l’enfance a quelque chose de magique, cette simplicité à faire ou à dire les choses sans se soucier des conséquences, juste parce qu’elles semblent naturelles. A l’adolescence ça se gâte déjà un peu, l’âge ou l’on commence à se poser des questions sur le jugement des autres, sur les conséquences de nos actes et tout devient déjà un peu plus calculé. L’âge adulte étant le pire, surtout si l’on a déjà été échaudé ou si la vie ne nous a pas épargné. Alors là on ne réfléchit bien trop et on fait tout foirer. Voilà un peu où en était Terrence, à ce stade là, à tenter de se protéger du sentiment d’apparence si simple et si beau qu’était l’amour. Juste parce qu’il ne voulait pas trop s’impliquer, il ne voulait pas se dire que la fille qu’il tenait dans ses bras pouvait lui rendre la vie plus belle. Rester célibataire ça avait du bon, ne le nions pas, il pouvait se faire à manger ce qu’il voulait quand il voulait, il pouvait butiner de fille en fille quand bon lui semblait, il pouvait profiter sans avoir quelqu’un à la maison qui regardait l’heure d’un œil mauvais quand il rentrait tard ou il pouvait aussi se jeter à corps perdu dans son travail, c’était d’ailleurs cette option là qu’il exploitait le plus. Il passait le plus clair de son temps sur sa plage dans sa boutique, quand elle n’était pas ouverte pour les clients il était tout de même présent pour les surfeurs qui avaient besoin de ses conseils ou d’un prêt de matériel. Et quand il n’était pas dans son magasin il buvait une bière les pieds dans le sable avec ses amis, qui affectionnaient tout autant les vagues que lui, ils profitaient de la brise salée dont l’océan leur faisait cadeau. Des plaisirs simples mais qui n’avaient pas grand chose en commun avec une vie de couple. Enfin il l’imaginait. Pourtant quand il regardait Violet, Terrence pouvait aisément imaginer qu’elle ait elle aussi sa place dans ce petit cercle, sa bière à la main également, à discuter de leur passion commune. Alors pourquoi tout compliquer ? Ou se torturer pour savoir s’il fallait succomber ou non ? Pourquoi ne pas laisser les choses se faire naturellement, ou s’exprimer clairement sur ces sentiments naissants, un peu comme des enfants. Sûrement que cela ne ferait pas de mal à Terrence de retomber en enfance, de retrouver l’innocence de ses six ans. Sûrement… Mais il avait déjà trop vécu, il avait été abîmé par cette vie qui ne l’avait pas épargné. Il avait galéré pour devenir celui qu’il était aujourd’hui, pour gagner cette stabilité qui lui était si chère. Et même s’il devait encore des comptes à ceux qui lui avaient permis d’ouvrir son magasin, il espérait bien s’affranchir un jour de sa dette et goûter enfin à cette liberté totale qu’il pensait avoir mérité. Et il y touchait presque du doigt, en embrassant la blonde comme s’il découvrait l’amour pour la première fois, finalement il retournait presque à l’étape adolescente, au moins sur ce point là et c’était positif. Il s’improvisait séducteur, jouant de ses doigts sur son corps frémissant, redécouvrant sa peau avec l’ardeur d’un jeune homme. Il la mangeait des yeux comme s’il n’avait jamais vu si jolie fille, peut-être bien d’ailleurs, après tout, des filles comme Violet on n’en croisait pas tous les jours ! Il se serait bien passé de ce dessert qu’il venait de lui promettre et à la façon dont elle fixait sa chemise, comme si elle avait l’envie de la lui arracher, Terrence aurait bien mis sa main à couper que Violet aussi. Mais ce fut elle qui mit en pause leurs caresses pour aller fureter dans son jardin. Terrence resta planté là quelques instants, à la fixer, une expression de surprise sur le visage. Il n’avait pas imaginé qu’elle le planterait de cette façon. En un sens il ne pouvait pas lui en vouloir et la regarder chercher des yeux dans son potager sur la pointe des pieds comme si elle avait peur de tout détruire c’était un spectacle charmant. Sans que l’australien s’en rende compte un sourire avait ourlé ses lèvres. Il ne sortit de sa rêverie que lorsque Violet l’appostropha. Des fraises… oui. Oui je peux t’apporter l'a. Et docilement il se mit en quête de ses plus jolies fraises en se demandant distraitement s’il était vraiment possible qu’ils soient autant sur la même longueur d’onde, lui qui pensait à cueillir ces fruits quelques minutes plus tôt. Il avait attrapé un seau en zinc qu’il gardait toujours dans son jardin pour récolter ses plantations et lorsqu’il fut satisfait de la quantité de fraises qu’il avait, Terrence retourna auprès de Violet dans la caravane. Il fut pris d’une seconde de panique en la voyant fouiller seule dans ses placards, il planquait son arme tout près de là où elle avait la main. Il ne montra rien de ce trouble mais cette image l’ébranla quelque peu, parce qu’il prit conscience que ses secrets étaient lourds à porter et que si d’aventure les choses devenaient sérieuses avec Violet, comme avec tout autre fille, il devrait mettre un terme à son trafic avant qu’elle ne l’apprenne. Il connaissait Violet, il avait vu ses facettes les moins agréables, son honnêteté et sa droiture qui étaient tout à fait louables mais qui n’allaient pas de paire avec un commerce d’armes illégal. Sa ténacité aussi et il ne doutait pas que si un jour elle l’apprenait tout se terminerait entre eux ou bien elle le forcerait à arrêter ses bêtises.  Il lui sourit alors qu’elle relevait la tête vers lui, essayant de se sortir ces idées du crâne, il y songerait plus tard. Un parfait ce sera… parfait. Aussi rapidement qu’il les avaient cueilli les fraises furent nettoyées et jetées sur le feu. Violet était appliquée et c’était agréable pour Terrence de la découvrir dans cette cuisine. Il la laissait s’affairer sans chercher à la déranger, mais lorsque Violet se retourna vers lui il ne put retenir plus longtemps l’envie de s’approcher d’elle. Elle cherchait à le faire languir, pour jouer avec lui ou pour se venger, il n’en savait rien. Ce qu’il savait c’est qu’il avait envie de l’embrasser et celle-là était la plus forte. Il l’attrapa par la taille et l’approcha de lui pour retrouver sa boucher qui avait un goût de fraise. C’est appétissant. En effet, les fraises faisaient bien leur petit effet, une odeur alléchante qui séduisait ses papilles autant qu’elle lui donnait envie de s’attarder encore sur les lèvres de l’américaine. Je ne voudrais pas te distraire dans ta préparation. Il sourit, un tantinet taquin.

Avouer que sa présence lui était nécessaire, qu’elle avait l’homme dans la peau lui semblait encore trop tôt, mais Violet ne pouvait plus réellement cacher ses sentiments envers Terrence. Ils grandissaient alors que leur relation florissait devant leurs yeux. Violet qui, autrefois, ne s’était jamais plainte de son célibat résigné commençait à prendre goût à leur semblant de vie à deux, discutant ici et là de leur passion, se donnant la chance de se rapprocher l’un de l’autre au passage. Elle devait avouer que cette nouvelle façon d’agir leui plaisait beaucoup plus que leurs éternelles disputes pour aucune raison valable. Cependant, il ne fallait pas crier victoire trop rapidement. Malgré leurs rapprochements dangereux et fougueux, les deux amants ne se connaissaient pas plus que’il ne le fallait. Ils avaient, certes, partagé une nuit ensemble remplie de passion et de désir, ils s’étaient même surpris à discuter sur l’oreiller avant de se quitter, mais cela ne faisait pas d’eux de grands connaisseurs de leurs passés respectifs. Il y avait tant de choses que Terrence ignorait sur la blonde, tant de choses qui lui restait à découvrir. Son regard endormi lorsqu’elle se réveillait le matin, l’air un peu grognon avant son premier café. Ses moments de délires lorsqu’elle parlait seule, ayant peur de la solitude de sa maison sur la plage. Ses manies de toujours replacer les choses au même endroit, tant de le frigo que dans ses armoires. Comment elle aimait laisser la télévision ouverte le soir en s’endormant au son des voix qui lui dictaient des belles histoires. Ses longues balades sur la plage, seule, qui lui donnaient le temps de réfléchir. Sa ténacité lorsqu’elle voulait défendre ses convictions. Sa facilité à dire, un peu trop honnêtement, les choses comme elles le sont. Toutes ses choses qui faisaient partie intégrante de sa personnalité que Terrence devrait découvrir parsemées de leurs moments de tendresse. Et à l’inverse, l’Américaine ignorait bien des chapitres au roman qu’était l’homme, parfois très mystérieux de sa personne. Si Violet était un livre ouvert, Terrence, lui, renfermait ses secrets mieux que personne comme s’il avait peur de lui laisser une brèche de confiance. Alors que bien des filles auraient abandonnées leurs recherches concernant le beau brun, Violet, elle, persévérait à comprendre le phénomène qu’il était. Tantôt bien trop fière, tantôt âme sensible, il vacillait entre deux aspects de sa personnalité. Il lui donnait l’impression de ne pas être complètement en mesure de s’abandonner dans l’esquisse de leur relation naissance, se gardant toujours une réserve inconnue. Violet ne tenterait pas de le presser à se confier, mais bien des questions habitaient son esprit alors que leurs corps dansaient au son de la musique calme. Des questions qui lui firent reprendre ses esprits, bien trop épris par leurs sentiments à l’égard de l’homme. C’est parce qu’elle ne voulait pas précipiter les choses qu’elle se détacha de l’étreinte qu’ils avaient entrepris, à contrecœur. Violet avait à peine retrouver les bras de Terrence que sa tête lui disait de s’en éloigner pour préserver son coeur qui battait à tout rompre, menaçant de déclencher une nouvelle tempête. Préserver la magie du moment qu’ils passaient ensemble à se redécouvrir, encore et encore, sous d’autres facettes. À s’apprivoiser tranquillement, découvrant leurs sentiments en même temps. Seulement, les sentiments de la femme étaient bien trop prenant, bien trop fort et menaçaient de briser le calme qui s’était établi entre eux. Elle esquiva le tout en lui demandant de lui rapporter un bol de fruit rouge, cliché de la séduction, détournant son coeur instant pour lui permettre de mieux réfléchir. Réfléchir à elle, à lui, à eux, à ce qu’ils devenaient, à ce qu’ils deviendraient si ce soir se terminait comme la dernière tempête. Cette fois, le retour en arrière serait impossible, bien trop réelle pour éviter les conséquences que ce geste amènerait. Le désert qu’il lui avait proposé, mais qui n’était pas une priorité pour la commerçante, était la parfaite occasion de redescendre la tension, mais aussi de faire durer le plaisir de la séduction qui s’était établie entre les deux amants.
Dans la cuisine, loin des yeux de son hôte, Violet cherchait frénétiquement dans les armoires les outils qu’elle aurait besoin. À tâton, trop petite pour voir le contenu entier des cabinets, elle cherchait un tamis et des casseroles, qu’elle tentait de reconnaître seulement au toucher. Concentrée dans ses recherches, positionnée sur la pointe des pieds, elle n’entendit presque pas Terrence la rejoindre dans la cuisine. Ce fut le craquement de ses pas qui lui annonça sa présence. Violet se retourna gracieusement vers lui, lui lançant son plus beau sourire. Même si le désert n’était qu’un prétexte pour faire durer le plaisir encore plus longtemps, elle était heureuse de lui faire, elle aussi, part d’un de ses talents cachés. En effet, Violet adorait la cuisine, surtout celle des déserts qu’elle réussissaient toujours avec brio. Alors que les fraises reposaient sur le feu, en attente de leur préparation, elle en attrapa une qui demeurait encore intact au travers de celles non utilisées, la goutant en regardant Terrence s’approcher d’elle un peu trop dangereusement. La proximité et l’envie qu’il avait créé en elle juste avant qu’elle ne s’en déprenne revenait à grands pas, beaucoup plus difficile à résister. Ce n’était point l’envie qui lui manquait alors que l’ex-militaire entoura sa taille de ses bras fermes et solides pour retrouver ses lèvres, exactement là où il les avait laissées. Un baiser qui ralluma le feu de son désir pour lui en une fraction de seconde, bien plus rapidement qu’elle ne l’avait prévu. Reprenant son souffle, elle colla sa tête contre le front du barbu, souriant à ce qu’il déclenchait dans tout son corps. Elle attrapa une fraise fraiche parmi celles intactes dans le bol qu’elle lui fit goutter. Ce sont vraiments les meilleurs fruits. On raconte qu’elles ont des vertus aphrodisiaques. Murmura-t-elle contre son corps, retrouvant vite ses lèvres où elle pu, à son tour, goutter le sucre du fruit au travers de ce nouveau baiser. Elle jouait avec lui, gentiment, avec son désir qu’elle sentait augmenter. C’est un peu raté, si tu veux mon avis. Gloussa-t-elle alors qu’il avait le regard taquin. Son pouce caressait la joue de l’homme, son regard dans le sien, bien trop absorbé par ce qu’elle ressentait pour se concentrer sur les fraises qui étaient maintenant à ébullition. Elle déposa un baiser tendre sur sa joue avant, encore une fois, de se défaire de son emprise laissant son coeur s’arracher de perdre à nouveau la proximité. Cela lui arrachait les tripes, elle avait envie de rester près de lui, mais elle savait qu’ainsi tout basculerait bien trop vite pour son petit coeur. Ou pour celui de Terrence, qui ne semblait toujours pas certain de ce qu’il voulait. Tu ne dois pas avoir l’habitude de te faire refuser des avances. Dit-elle tout en retirant les fraises du feu, sentant le regard fiévreux de l’homme dans son dos, descendant sur ses fesses. Je ne suis pas vraiment comme les autres… Ajouta-t-elle alors qu’elle lui lançait, à son tour, un regard taquin. Elle ne sous-entendait pas qu’il ramenait beaucoup de filles ici, ni même qu’il leur faisait un tas d’avances, mais il ne fallait pas être dupe. Terrence était séduisant, il était majeur et célibataire. Ce qu’il avait fait ici, autrefois, avec d’autres ne regardaient en rien l’Américaine, mais elle savait qu’il avait su en profiter. Comme elle l’avait fait, elle aussi, par le passée. Cependant, Violet était maintenant prête à enterrer ce passé pour se concentrer sur l’homme qui se tenait droit devant elle. Pour qui son coeur battait. Ce soir, ce sera surement toi qui aura du mal à résister. Elle faisait un clin d’oeil à la discussion qu’ils avaient eu, enfermés dans sa boutique, alors qu’elle avait restreint ses ardeurs. Ce soir où elle-même avait perdue le contrôle.
Violet monta le dessert, posant d’abord une boule de crème glacée à la vanille au fond d’un grand verre. Puis elle y ajouta les fraises et leur sirop en confectionnant des étages répétées des ingrédients, parsemé de crème fouettée, pour finalement se retourner vers l’homme, dessert à la main, arme contre l’envie qui n’avait pas quitté son corps depuis leur premier baiser de la soirée. Elle le regarda un instant, avant de bouger vers la porte menant à l’extérieur de la caravane, observant son visage brulant qui, lui aussi, ne l’avait pas quitté des yeux. Elle lui sourit timidement face à sa prestance. Il était sévère, le bleu de ses yeux sérieux qui sondait la blonde. Il était beau, beaucoup trop pour ce qu’elle méritait.

Est-ce que Terrence aurait un jour le courage de quitter sa zone de confort qu’il entretenait depuis tant d’années, de s’ouvrir suffisamment à une femme pour partager avec elle une vie à deux. Il était encore loin d’en être sûr, il avait peur que ce soit signe de faiblesse, de se montrer vulnérable et que baisser sa garde lui soit fatal. Lui qui contrôlait tout dans sa vie, qui avait ses habitudes établies, comme le vieux garçon qu’il était devenu avec le temps, il ne changerait pas si facilement pour les beaux yeux d’une demoiselle. Ce soir cependant il appréciait de sentir cette touche féminine qui s’invitait chez lui pour lui rendre sa soirée si douce. Il avait aimé qu’elle danse dans ses bras et il aimait davantage qu’elle cherche à le séduire avec son dessert. Avec toute sa simplicité, la jeune femme gagnait le cœur de Terrence, en douceur, sans le brusquer, elle se rendait indispensable et il n’était pas certain qu’elle s’en rende compte, c’était là toute la beauté de la chose. Il restait malgré tout lui-même, dans la retenue, et préférant les silences plein de sens plutôt que les grandes déclarations, il n’allait pas crier haut et fort qu’il l’aimait, lui qui n’était même pas sûr d’avoir un jour connu ce sentiment pour une femme, mais sa présence l’apaisait. C’était assez dangereux, parce qu’il n’était pas prêt, parce que sa vie était un vrai bordel et qu’il n’avait pas encore pris le temps d’y mettre de l’ordre. Il était encore plein de mystères et de secrets dont Violet ignorait tout, tellement de choses qui pourraient lui faire changer d’avis sur le bel homme énigmatique. On pouvait dire ce qu’on voulait, les garçons ténébreux c’était attirant et sexy, dans les films surtout, mais dans la réalité tout n’était pas agréable à révéler ou à entendre et il était bien possible que la jeune américaine tombe de haut si elle apprenait toute la vérité sur son amant taciturne. Il y avait certainement du bon à garder une part d’ombre, de secret, celle-là arrangeait bien Terrence finalement et il n’était pas prêt à lever tous ses mystères. Une fois qu’il l’eut rejoint dans la cuisine et alors qu’il avait bien d’autres choses en tête que de manger le-dit dessert, il chercha à embêter un peu Violet, en la détournant de sa préparation sans grande subtilité, lui qui disait ne pas vouloir la distraire, il faisait pourtant tout ce qu’il fallait pour. Mais elle lui résistait, elle tentait de garder le contrôle et cette attente la rendait d’autant plus désirable. Elle provoquait chez le barbu des envies de tout envoyer sur le sol pour leur laisser toute la surface du plan de travail de cette cuisine comme endroit où donner libre court à son désir et il se doutait que s’il poussait un peu la belle ne résisterait pas bien longtemps. Il avait envie de goûter ces fraises directement dans sa bouche sans autres artifices. Mais il n’eut aucun geste empressé, il gardait ces fantasmes pour lui, l’attente avait du bon et puis il avait un lit confortable. On raconte ça oui… Il sourit alors qu’il goûtait la fraise qu’elle lui offrait, elle était sucrée et acidulée, parfaite. Il ne croyait pas forcément au pouvoir aphrodisiaque des aliments et puis il n’en avait pas vraiment besoin pour ressentir l’envie de Violet. Je vais m’éloigner alors, si je te dérange. Et il fit comme s’il allait quitter la pièce alors qu’il s’appuya juste contre le plan de travail pour mieux la regarder s’affairer. Parce qu’il était bien incapable de la laisser, à ce stade là il était son esclave, à la merci de tout signe de rapprochement ou de faiblesse de la part de Violet. La réflexion de la blonde lui fit hausser un sourcil, l’imaginait-elle comme un homme à femmes ? Elle n’avait pas tort, d’une certaine façon, lorsqu'il tentait de séduire une femme il n’avait pas beaucoup de refus. Mais c'était tellement rare qu’il ne se souvenait plus la dernière fois qu’il avait joué à ce jeu là avant Violet. Il aimait surtout gagner et le fait qu’on se refuse à lui n'était jamais agréable. Tu me vois vraiment comme un séducteur ? Je n’ai pas tant de succès que ça, ne t’en fais pas. Il avait surtout beaucoup plus de mal à sortir qu’avant, il n’avait plus autant d’assurance que dans sa jeunesse, à cause de sa maudite jambe qu’il trouvait repoussante et qu’il voyait comme un handicap auprès des femmes. Et puis aussi à cause du temps qui passait et des années qui faisait s’envoler sa belle confiance d'antan. En vérité peu de femmes avaient poussé la porte de cette petite caravane et il avait encore plus rarement partagé son lit avec quelqu’un d’autre que Stan. Il fixa alors Violet de façon plus intense, cherchant à comprendre ce qu’elle voulait lui dire, était-elle jalouse ? Parce qu’elle n’avait aucune raison de l’être. Elle ne le savait pas mais il ne pensait qu’à elle à présent, alors qu’il avait tout le loisir d’observer ses courbes maintenant qu’elle lui tournait le dos. Mais dans tous les cas il ne lui promettait rien, il ne parlait pas d’histoire d’amour ni de fidélité, même s’il ne chercherait pas non plus à aller chercher de l’affection ailleurs. C’est bien. Les autres ne m’intéressent pas. Un sourire en coin se dessina sur ses lèvres, rendant son regard rieur. Ne cherches pas à jouer à ce genre de jeu avec moi, Violet. Je suis bien meilleur que toi, on en a déjà fait l’expérience. Il plongea son regard dans le sien comme pour lui lancer un défi. Pourtant savait qu’elle menait le jeu et qu’à cet instant là c’était lui qui était prêt à craquer alors qu’elle réussissait à se tenir, bien mieux que la première fois. Elle prit tout son temps à monter son dessert en même temps qu’elle faisait monter la pression entre eux avec ses regards pleins de sous-entendus lancés à Terrence. Lui n’en pouvait plus, il maudissait sa fierté qui lui interdisait de flancher le premier. Il ne la quittait pas des yeux, de son regard profond et grave, de son attitude faussement froide, il paraissait intouchable, impassible. Pourtant il suffirait qu’elle le touche pour qu’il s’embrase. Et elle, si fraîche, elle était tout son contraire, elle était pétillante. Alors qu’elle passait devant lui pour sortir il l’attrapa par la taille, la serrant presque contre lui, caressant sa nuque. Ca a l’air très bon. Avant de tendre la main vers une cuillère posée sur le comptoir et de lui tendre, il entrait dans son jeu, se montrant néanmoins plus entreprenant qu’elle, il était à deux doigts de l’embrasser mais il préféra lui tendre le couvert. Tu as oublié ça je crois. Il sourit de toutes ses dents. Un dessert pour deux, avec une seule cuillère... c’est presque romantique, Cox.

Qu'est ce que l'avenir lui réservait, Violet ne le savait pas. Elle ne s'était jamais posée de questions sur ce que serait sa vie dans dix, quinze ou vingt ans. Elle n'avait jamais envisagé vivre en Australie et y ouvrir une boutique de surf, mais elle l'avait pourtant fait. Violet était du genre à laisser la vie prendre le cours des choses, sans forcer le destin, et aller où elle l'amenait. À cet instant, elle ne pouvait pas dire ce que l'avenir lui réservait, à elle et Terrence, mais elle pouvait affirmer être satisfaite par ce que commençait à se dessiner comme chemin devant eux. Rien n'était certain, rien n'était calculé et tout pouvait changer en une fraction de seconde, pourtant ça lui était bien égal. Elle appréciait chaque parcelle de sa personne, surprise de le voir s'adoucir à ses côtés, lui qui avait toujours été de glace face à elle. Elle découvrait un homme qu'elle ne croyait pas possible chez Terrence. Doux, attentionné, même s'il en avisait le contraire. Tout cela parce qu'il s'était étalé sur sa partie de plage un après-midi de tempête. Après cette soirée, elle n'y croyait plus à la possibilité de retrouver cette complicité. Il avait hanté ses pensées depuis qu'il avait touché sa peau, depuis son premier baiser, puis il avait disparu comme un fantôme, sans leur donner la moindre chance de s'expliquer. Il avait dérobé son coeur et sa tête en l'espace d'un instant, il avait créé un raz de marré renversant dans son coeur qui avait besoin de sa présence pour s'apaiser, jusqu'à ce que la blonde le retrouve. Jusqu'à ce que les yeux de Terrence croisent enfin les siens, ce soir, cherchant désespérément les mots pour décrire ce qu'ils ressentaient mutuellement. Ils étaient maladroits, ils ne savaient pas comment agir l'un avec l'autre, créant des tensions et des querelles inutiles, mais ils n'avaient pas pris le temps de se connaitre. D'apprendre à comprendre l'autre. D'apprivoiser ce que semblait le début d'une relation soudaine. Ils se connaissaient sans vraiment se connaitre à présent, plus près du but qu'au départ de la soirée, mais il leur restait encore bien d'autres choses à découvrir sur eux. Terrence était d'un mystère absolu, c'était d'ailleurs surement une partie de son caractère secret qui avait charmé la grande blonde. Tel le cliché classique des films à l'eau de rose, les femmes étaient souvent attirées par les hommes mystérieux, voir même dangereux et Violet n'échappait pas à la règle. De toutes les années qu'ils s'étaient courus l'un après l'autre comme un chat et une souris, à se crier par la tête des insultes à n'en plus finir, il ne lui avait pas confié beaucoup de choses. Avec raison. Leur relation passée n'était pas prédestinée aux confessions sur l'oreiller. Maintenant qu'ils s'entendaient, au moins sans se crier sur la tête, les choses pouvaient changer.
Seule dans la cuisine, elle profitait de ce moment pour souffler loin de la tension qu'il y avait entre eux deux. Si elle ne s'écoutait pas, elle aurait succombé à ses pulsions, mais l'attente et la patience qu'elle leur imposait rendaient ce moment encore plus intéressant. Elle jouait avec lui, peut-être un peu, mais parce qu'elle voulait profiter de chaque instant, de chaque caresse, avec tout le désir qu'il était possible d'avoir. Cette soirée n'était en rien la continuité de la précédente qui avait été parsemée de fougue et d'un désir presque animal, malgré la douceur de l'acte en soi. À cet instant, elle n'avait pas les sentiments qu'elle éprouvait aujourd'hui. Du côté de l'homme, elle osait espérer qu'il s'agissait de la même situation. Lorsqu'il la rejoignit finalement, la sortant de ses pensées, tout le désir et la passion reprirent dans son ventre. Il n'avait qu'à la regarder pour déclencher le raz de marré qu'il y avait installé des semaines auparavant. Près d'elle, goutant ses lèvres sucrées par le fruit, elle aurait eu envie de tout laisser en plan, fermer l'élément chauffant et s'accrocher à son corps pour le reste de la nuit. Redécouvrir, d'une nouvelle façon, les parcelles de sa peau et les apprécier d'un oeil nouveau. Mais elle se contenait, contenant à la fois son désir et ses sentiments, pour éviter de précipiter le moment. Le souffle de la voix de l'homme près de son visage déclencha des frissons sur sa peau, elle ne put s'empêcher de lui sourire retrouvant ses lèvres qu'elle avait perdues. Puis, le barbu s'éloigna d'elle, comme elle lui avait demandé. Oui, sinon je risquerais de confondre le sucre et le sel... lui dit-elle, le sourire toujours accroché à ses lèvres, avant de se retourner vers le plan de travail où résidait les ingrédients dont elle avait besoin. Il était pourtant près, toujours dans la même pièce, à l'observer travailler, mais Violet le sentait si loin. Elle ne voulait que retrouver la chaleur de ses bras, retrouver le contact de sa peau où elle s'y sentait si bien. Elle aurait pu le faire, elle aurait pu tout planter pour satisfaire ses envies, mais elle ne le fit pas, préférant encore une fois faire montrer le désir jusqu'à son summum. Elle reprit donc la confection de son parfait là où elle l'avait laissé, répétant les étages de crème et de fraise nécessaire pour monter le dessert. Je ne m'en fais pas. Dit-elle, toujours dos à lui. Mais je sais ce que les femmes aiment. Et Terrence représentait, du moins pour elle, ce qu'elle aimait chez un homme. Elle se retourna enfin vers lui, prenant une pause de son montage, pour le regarder dans les yeux. Je ne pense pas que tu es un séducteur, mais je pense que quand tu as une femme dans la mire... elle t'y échappe difficilement. Je me trompe peut-être.. qui sait ? Elle lui sourit, parlant surtout d'elle en ce moment. Elle qui arrivait difficilement à résister à l'homme. Elle qui avait flanché, quelques semaines auparavant, devant le regard séducteur de Terrence. Ne me met pas au défi, Kelly. lui lança-t-elle, le regard fiévreux, mais déterminé à lui démontre qu'elle s'avait, elle aussi, se faire désirer. Elle avait appris de la dernière soirée qu'ils avaient passée ensemble et aujourd'hui la commerçante était bien plus solide. Derrière son regard profond et froid qu'il arborait toujours fièrement comme un bouclier devant ses sentiments, Violet sentait qu'il était sur le point de craquer. Qu'elle contrôlait le jeu et qu'elle pouvait l'emmener là où elle le voulait. Il était à sa merci, elle qui pourtant l'avait décrit de séducteur. Les rôles avaient été inversés. À présent, c'était l'Américaine qui contrôlait la cible. Elle l'avait dans la mire et il pouvait difficilement y résister. Dessert en main, elle contourna le plan de travail, mais y fut arrêtée par l'homme qui l'attira contre lui, échappant à la blonde un petit cri de surprise. Tout son corps se cambra alors qu'il faisait exprès de faire monter le désir à son tour. Et il était doué, bien plus qu'elle, pour ce genre de chose. Leur corps était près, leur bouche à quelques centimètres, prête à se retrouver, pourtant Terrence dévia la trajectoire préférant lui tendre un couvert. Il savait jouer, il connaissait les règles et si au départ c'était Violet qui menait la partie, il semblait à présent y revenir avec force. Son sourire qui avait le don de faire craquer la surfeuse collée aux lèvres, il jouait désormais avec elle, comme elle l'avait fait. C'est paradoxale pour un homme qui ne semble pas vraiment faire dans le romantisme. Violet attrapa la cuillère qu'il lui avait tendit sans le quitter des yeux. Prenant une cuillerée du dessert, elle porta le couvert aux lèvres de l'homme. Qu'est-ce que tu en dis ? Son visage s'était approché du sien, trop près. Leur proximité était maintenant dangereuse, prête à accueillir l'intimité qu'ils s'étaient efforcés de retenir.

La soirée était douce, la chaleur de la journée avait laissé place à une brise légère qui rafraîchissait l’atmosphère. Et pour Terrence c’était un peu le contraire, celui qui paraissait continuellement froid, de marbre face aux affaires de cœur, il lui semblait que ce palpitant capricieux se réchauffait en la présence de la brise Violet, ce ce vent de douceur qui soufflait sur les braises restantes de leur première nuit d’amour, celle qui l’avait changé. Celle qui lui avait appris qu’il avait le droit d’éprouver autre chose qu’une animosité envers cette fille qu’il admirait secrètement. Celle qui lui avait rappelé également qu’il était si bon de s’abandonner à la passion dans des bras nouveaux et d’en vouloir davantage, de ne jamais en être rassasié. Et il ne l’était pas, pas du tout, il était avide de découvrir cette fille, les parcelles de sa peau qu’il ne connaissait encore pas, il voulait apprendre la carte de son corps et puis discuter avec elle, parce que c’était agréable d’écouter sa voix lui parler de tout et de rien. Il n’avait pas besoin de grand, chose, juste de sa présence et rien qu’avec ça il était déjà foutu. Il se prenait au jeu de tomber doucement amoureux en oubliant presque que derrière sa vie ne se prêtait pas à ce genre d’aventure là. Ce n’était pas faux, il était plein de ce mystère qui attirait tant les femmes, celui qui rendait les héros si intéressants et qui leur donnait un côté d’autant plus séduisant. Mais derrière les fantasmes pour cet homme énigmatique se cachaient des secrets qui n’avaient rien de beau, rien de chevaleresque, bien au contraire. il y avait la faiblesse de celui qui n’avait pas su s’accomplir seul et qui avait eu besoin de passer par des chemins illégaux pour ouvrir sa boutique. Il y avait un père qui n’avait pas pu voir sa fille grandir à cause de la prison, il y avait des erreurs de jeunesse et des erreurs de jugement, la bêtise d’un homme qui était simplement humain et bourré de défauts, comme beaucoup, mais qui n’avait pas le courage de les assumer au grand jour. Ces défauts et ces erreurs qui faisaient de lui une personne taciturne et il peinait à croire que si Violet apprenait tout ces vérités honteuses elle le voit encore comme le brun ténébreux qui la faisait fantasmer. Il haussa un sourcil en écoutant l’analyse que la blonde faisait de lui, tentant de réfléchir un instant à ses histoires passées, mais sans grand succès. Il se référa alors à sa conquête la plus récente, ce n’était pas bien compliqué puisque c’était elle, Violet, ce soir de tempête où, contre toute attente il l’avait désiré comme il avait rarement désiré une femme et il l’avait poussé dans ses retranchement jusqu’à ce qu’elle succombe à son tour. Etait-il si persuasif que ça ou bien la partie était-elle déjà gagnée d’avance, ça il ne le savait pas, mais il avait obtenu ce qu’il voulait, elle n’avait donc pas tort. Disons… que je sais ce que je veux et que je sais employer les moyens pour l’obtenir. Il la fixait, fébrile, ne cachant rien de ce qu’il attendait, ce soir encore il finirait par l’avoir même si les enjeux n’étaient plus vraiment les mêmes à présent et que le jeu était plus subtil, chargé de désir mêlé à des sentiments qui prenaient peu à peu le contrôle sur le reste. Et si Terrence n’arrêtait pas d’affirmer qu’il était mauvais séducteur, qu’il ne savait pas parler, il savait dire les choses qui plaisaient aux autres, c’était en ça qu’il était bon commerçant dans la vie de tous les jours, il avait du bagou et savait le tirer à son avantage. Alors peut-être était-il un peu maladroit avec les femmes, un peu trop brut de décoffrage, il s’en sortait souvent bien néanmoins. Il sourit, amusé par le jeu qu’il y avait entre eux, tous les deux compétiteurs, ils se défiaient de pouvoir résister à l’autre, ce qui était plutôt stupide puisqu’ils recherchaient la même chose, tout l’enjeu était de savoir lequel serait assez fier pour ne pas craquer le premier et clairement, sur ce terrain là, Kelly était redoutable, il avait de l’arrogance à revendre. Je n’oserais pas te défier... Ou si peu. Il la laissa tranquille, respirer, le temps de monter son dessert et alors qu’elle ne l’attendait pas il l’attrapa en chemin pour la serrer contre lui. Cette proximité lui plaisait énormément, elle le réchauffait comme si la blonde lui avait manqué alors qu’en soi ils ne s’étaient pas vraiment quitté. Terrence inversait la tendance, si Violet avait cru le contrôler, elle comprendrait rapidement qu’il avait plus d’un tour dans son sac et qu’aux jeux de patience il savait prendre l’avantage. Il joua avec sa peau brièvement, juste le temps de la sentir frémir. Et quand elle cru qu’il se rapprochait définitivement d’elle pour craquer sur ses lèvres, il préféra attraper le couvert qu’elle avait négligé. Terrence était un homme observateur et ce genre de détail ne lui avait pas échappé. Ce n’est pas moi qui joue le romantique, c’est toi qui n’a fait qu’une assiette. Il gardait ce sourire insolent vissé aux lèvres avant d’accueillir la bouchée que Violet lui tendait. C’était délicieux, vraiment, dommage qu’il n’ait plus du tout la tête à manger du dessert à ce moment là, trop distrait par la présence de l’américaine, bien trop près de lui. J’en dis que tu es diablement belle. Il attrapa la cuillère et à son tour lui tendit de quoi goûter son plat. Goûte. Il l’invitait en souriant.

Elle avait le coeur qui battait à tout rompre dans sa poitrine, la proximité de leur corps qui lui manquait tel un héroïnomane en sevrage. Elle était en sevrage de sa peau, de ses lèvres, de sa présence alors qu'il n'était pourtant qu'à quelques mètres d'elle dans la petite caravane qui lui servait de maison. Terrence avait créé un méli-mélo de sentiments chez elle que la commerçante n'arrivait plus à calmer, elle avait besoin de lui. Elle avait besoin qu'il l'apaise. Ce qui était nouveau pour elle, elle qui jouait souvent seule sans réellement avoir besoin de quelqu'un dans sa vie. Jamais personne n'avait créé cet effet chez elle, ce besoin constant de le sentir près d'elle et ce manque cruel lorsqu'ils étaient séparés. Personne n'avait eu cette emprise sur elle. Violet avait toujours été indépendante de ses actions, de ses décisions, de sa vie et elle commençait à peine à se faire à l'idée que l'ex-militaire puisse avoir une importance un peu plus grande dans sa vie que ce dont elle était habituée. Elle n'avait jamais eu besoin de quelqu'un pour réaliser ses choses et la blonde en était fière, il fallait l'avouer. Elle avait entrepris les travaux de sa boutique et de sa petite maison sur le bord de la plage seule, n'engageant que lorsque nécessaire des quarts de métiers plus expérimentés pour faire ce que la femme n'avait pas la force ou les connaissances suffisantes. Elle s'était lancée en affaires, juste parce qu'elle était déterminée à le faire et elle n'avait eu besoin de personne pour le faire. Mais ce soir, face à cet homme qui l'avait enivré d'un simple regard, elle n'avait plus de contrôle. Violet essayait, tant bien que de mal, de lui résister tant pour créer une atmosphère de désirs plus intense que pour prendre sa revanche. La dernière fois qu'ils s'étaient retrouvés dans la même pièce, prise au piège par la tempête, elle avait succombé à ses envies lui donnant l'impression de pouvoir contrôler l'Américaine par son désir et ses avances. Outre, ce soir, elle tentait de tenir le gros bout du bâton entre ses mains, jouant avec ses envies et le faisant languir de redécouvrir son corps. Elle pouvait lire le désir dans les yeux bleus de Terrence et l'impatience de retrouver la proximité échappée alors que son visage restait de marbre, comme à son habitude légendaire. Mais Violet voyait bien ce qu'il avait derrière la tête puisqu'elle ressentait les mêmes désirs. Cela aurait été si simple si elle avait laissé tomber son plat retrouvant les bras de son amant dont la présence lui manquait, mais elle en était incapable. Incapable de s'avouer vaincu de nouveau alors qu'elle avait initié le jeu. Terrence avait été clair dans ses intentions lorsqu'il avait posé ses lèvres contre celles de la blonde après avoir dansé digne d'un film romantique, mais elle avait cherché à le faire attendre, à créer une envie plus pressante pour apprécier encore plus leurs retrouvailles. Il était trop tard pour abandonner, pour reculer et retourner à la case départ. Il fallait qu'il peine à lui résister et qu'il vienne retrouver ses lèvres pour mettre fin à cette provocation. Ça serait dangereux de te demander ce que tu veux en ce moment ? Elle l'avait regardé avec dans les yeux tout l'envie et le désir qui l'habitaient, fiévreuse de ce qu'il créait chez elle, titillant au passage l'homme qui ne cachait pas ses besoins. Elle n'avait pas besoin qu'il réponde à sa question pour savoir la réponse, il était peu subtil pour cacher ce qu'il ressentait présentement, mais les paroles et les aveux avaient ce petit je-ne-sais-quoi qui plaisait à Violet. Cette fois elle n'avait pas peur des représailles. Pas qu'il n'y en avait pas, au contraire, mais elle était plus préparée à y faire face cette fois. Cette nuit ne serait pas banale, ancrant l'homme dans la peau de Violet encore plus profondément, mais elle en avait besoin. Elle avait besoin de le retrouver. Il avait pris ses distances, reculant assez loin pour la laisser respirer, mais assez près pour la surveiller. Ce qui lui donna le temps de terminer son dessert dont elle n'avait, il fallait le dire, plus envie de gouter. Quelque chose de plus excitant occupait toutes ses pensées. Terrence avait brisé, encore une fois, le distance entre eux, l'attirant dans ses bras. Ils étaient près l'un de l'autre, elle pouvait sentir sa Cologne légère qu'elle aimait tant, cette odeur qu'il laissait derrière lui lorsqu'il venait l'embêter à la boutique. Alors qu'elle pensait qu'il avait flanché, prêt à lui offrir ses lèvres, le barbu feinta en lui tendant un couvert oublié sur le plan de travail. Violet, qui avait compris quel jeu il avait décidé de jouer, échappa un rire mélangé à un soupire. C'est romantique seulement si on le veut. ajouta-t-elle avec un clin d'oeil. Violet commençait à connaitre Terrence sous toutes ses coutures, bien qu'il lui manquait des informations pour tracer un portrait complet de sa personne, mais elle savait bien qu'il n'oeuvrait jamais dans le romantisme. Du moins, c'est ce qu'il lui avait dit. Pourtant, il l'était sans s'en rendre compte, dénotant lui-même le caractère de ce dessert. Par ses gestes pourtant si simple, il lui montrait que le romantisme pouvait se cacher dans les banalités. Une danse sous les étoiles ou un dessert partagé pouvait se transformer en escapade romantique si tel en était son désir. Alors qu'elle pensait être en contrôle de ses sentiments, Violet se vit déstabilisée par le compliment que lui offrait l'homme. Elle cligna des yeux, le regardant un sourire fin se dessinant sur son visage. Il la trouvait belle. Sa réponse créa un feu dangereux dans son bas ventre, ce qu'il tentait probablement de déclencher en la complimentant ainsi. Il n'en avait pas l'habitude, à vrai dire il s'agissait de la première fois qu'il lui parlait ainsi, sans déguiser ses paroles derrières des faux compliments. Violet prit la bouchée qu'il lui tendit, les saveurs s'étaient mélangées dans sa bouche, mais elles n'étaient pas aussi douces que ce qu'il venait de lui avouer. Elle s'approcha de lui jusqu'à sa nuque où elle lui déposa un doux baiser. Elle pouvait sentir la peau de l'homme frissonner sous son toucher. Elle se détacha de son emprise pour se retourner face à lui. Déposant le dessert sur le plan de travail, elle eut les mains libres pour venir poser ses bras autour du cou de Terrence. Maintenant face à face, elle pouvait observer toutes les expressions de son visage. Un sourire taquin toujours aux lèvres, elle s'enquit d'une nouvelle affirmation. On a mangé un repas, on a partagé un dessert... Il n'était pas terminé, mais il fallait être dupe pour croire qu'ils le mangeraient. Il ne reste donc qu'une chose à faire... Elle posa ses lèvres contre celles de Terrence, retrouvant la passion du baiser qu'elle avait écouté plus tôt. Son corps se pressait contre celui de l'homme, cherchant encore plus de ce simple baiser qui était sucré par les arômes des fraises qu'ils avaient consommés. Lorsqu'il fut terminé, elle se retira une fois de plus de ses bras, reprenant une distance. Il faut laver avant que ça ne colle trop. Décréta-t-elle en désignant la vaisselle qui reposait dans l'évier et sur le plan de travail. S'il croyait qu'elle s'était avouée vaincue aussi facilement, il se trompait largement. Elle avait plus d'un tour dans son sac, Violet, avant de flancher devant les beaux yeux de Terrence.

Terrence ne savait pas vraiment à quoi il jouait avec Violet ni où ce jeu allait le mener. Il ne fallait pas qu’il y pense, sinon il allait prendre peur, peur d’aller trop loin et d’égratigner cette carapace qu’il avait passé tant d’années à se construire. Il avait souvent pris ses jambes à son cou devant des femmes trop entreprenantes ou qui se projetaient trop, juste parce que lui n’était pas prêt, parce qu’il avait la trouille de trop se livrer pour rien. Mais il sentait bien que Violet était différente de toutes les autres, l’essence même de leur relation était particulière. Avec elle tout semblait facile, au moins de pour l’instant, il n’avait pas peur d'être franc avec elle, il avait déjà été si dur avec elle par le passé, elle le connaissait sous ses pires aspects elle savait tout de son sale caractère, de ses défauts, finalement tout ce qu’elle pouvait découvrir de lui à présent ne pouvait être que positif. Enfin c'était ce qu’il pensait, tout en sachant qu’il avait encore beaucoup de secrets pour elle, secrets qu’il n'avait pas forcément à lui révéler, du moins à ce stade. Ils étaient encore dans la séduction, dans la découverte de l'autre. Ils se confiaient certaines choses sur leur vie mais Terry restait fidèle à lui-même, taiseux, observateur. Son sourire énigmatique toujours vissé aux lèvres, il lançait des regards subjectifs à la blonde qui n’en manquait pas une miette. Ce serait aveugle de ne pas voir ce que je veux en ce moment… il restait vague, bien qu'elle sache parfaitement ce qu'il voulait dire. Il la laissa néanmoins tranquille le temps qu’elle termine son dessert, le temps également qu’elle comprenne à quel point il ne désirait qu'elle. Peut-être que Violet menait la danse mais Terrence était redoutable. Ils connaissaient tous les deux l’issue de ce duel, une issue délicieuse, qui ne laisserait aucun perdant, pourtant chacun prenait plaisir à faire languir l'autre.
Le bel australien affirmait haut et fort qu’il n’était pas romantique, il le pensait réellement, surtout parce qu'il n’avait jamais donné dans le romantisme, pourtant il se montrait assez doué pour ce genre d’exercice, sans s’en rendre compte. Avec ce slow improvisé dans son jardin, ce repas en tête à tête, cette soirée pleine de surprises, tout simplement. Et Violet était charmée par celui qui se révélait bien plus sensible que ce qu’il laissait croire en temps normal. L’intimité était propice à ce qu’il laisse s’exprimer cette part de sa personnalité que lui-même semblait ignorer. Terrence n’était pas doué non plus pour les compliments, il n’exprimait que rarement ce qu’il ressentait, mais devant la jolie blonde il ne pouvait pas rester de marbre et ça faisait partie de leur jeu de séduction que de l’amadouer par ces mots. Ne vous méprenez pas, il le pensait sincèrement. Séduite, l'Américaine l'était, quand ses yeux papillonnèrent en le fixant, elle était conquise. Pour une fois qu’il ne faisait pas tout foirer avec une fille. Après avoir goûté elle-même son dessert, elle enroula ses bras autour du cou de notre homme, il avait probablement gagné la partie, mais en vérité il n’y pensait plus, à ce jeu de gamins, il n’attendait que ses lèvres, fébrilement. Il plongeait totalement dans ce regard qui lui faisait presque oublier à quel point il se détestait, ces yeux dorés qui parcouraient son visage comme s’ils le découvraient pour la première fois, il en oubliait ses rides qui témoignaient du temps qui passait et qui ne l’avait pas épargné, il oubliait qu’il n’était pas beau, avec son expression continuellement renfrognée comme s’il était toujours en colère. Il la scrutait également, ces traits doux et cette bouche rieuse, elle était fraîche, jeune. Il se rendait compte qu’il ne connaissait pas son âge, mais c’était une gamine, face à lui, à son contact il retrouvait pourtant un peu de sa jeunesse perdue, celle qu’il avait gâché et laissé filer comme s'il pensait qu’il avait le temps. Ses vingt ans, Terrence les avait perdu à errer dans une vie où il ne trouvait pas sa place. Il s’était cherché longtemps avant de se trouver vraiment, de savoir ce qui l'animait assez pour avoir envie de se lever le matin. Il avait eu le temps d’y penser en prison, de mûrir son idée d’ouvrir sa boutique de surf, c’était idiot mais peut-être que s’il n’avait pas fait ce passage en cellule, Kelly n’aurait jamais osé réaliser ce rêve. Concernant ses relations avec les femmes il n’avait jamais été sur de rien, pour preuve, il était perdu face à Violet, certaines choses ne changeaient jamais. La belle l’embrassa dans le cou, arrachant un frisson de plaisir à Terrence qui se laissait faire sans plus résister. Il buvait ses paroles, pressé de retrouver ses lèvres. Un très bon dessert, oui. Elle l’embrassa enfin, de façon passionnée comme s’il lui avait manqué, elle retrouvait cette peau qu’elle avait quitté un peu plus tôt. Se montrant bien plus entreprenante, Violet offrait son corps au barbu qui l'accueillait sans se faire prier, il se prenait à croire qu’elle avait oublié leur jeu stupide, lui n’y pensais absolument plus. Et la frustration fut d'autant plus forte lorsqu’elle s’éloigna de lui, laissant un Terrence brûlant de désir, le regard hagard à la fixer. Tu… la… la vaisselle ? Il en bafouillait tellement il était pris de court. Elle le laissait là, pantois, elle l’avait bien eu, lui faisant croire qu’elle avait succombé alors qu’elle jouait encore avec lui. Cette fois-ci c’est elle qui avait gagné et de loin. Pourtant Kelly pouvait lire dans son regard que la jeune femme n’attendait qu’un geste de sa part. Et ça tombait bien, il n’avait plus envie de jouer, tous jeux, même les meilleurs avaient une fin, et le leur s’arrêtait ici. Elle attendra demain. Le ton qu'il avait employé n'invitait pas à discuter, il était, comme à son habitude, grave et ferme. Et avec cette même fermeté, Terrence pris l’assiette des mains de Violet, il la posa sur le plan de travail avant de s’avancer vers la blonde, il l’attrapa par la taille et l’embrassa, ce genre de baiser qui fait tourner la tête et battre le cœur plus fort, de ceux qui vous transportent totalement, dans un nouveau monde, dans une bulle où rien d'autre ne compte. Il donnait peu de baisers et rarement aussi intenses, mais tout dans cette soirée et dans sa relation avec cette fille était différent du reste. Cette fois-ci ils n’étaient plus enfermés dans l’espace exiguë du magasin de surf et Terrence, même s’il avait apprécié le côté fougueux et presque sauvage de leur première étreinte, n’avait pas envie de recommencer ce soir. Il l’entraîna donc dans sa chambre, elle n’était pas spacieuse ni grandiose, mais il avait un lit confortable.

Peut-être qu'au fond, bien caché derrière ce qui semblait être de l'assurance et du contrôle de soi, Violet avait peur. Peur de ce qui pourrait arriver après ce soir. Pas les mêmes peurs que le soir de l'orage où les représailles étaient d'ordre d'attache. En ce qui concernait l'attachement, Violet était déjà victime de Terrence. Il l'avait emprisonné dans ses pensées, ne voyant que lui et que son sourire ferme mais apaisant à la fois. Non, cette fois il s'agissait d'une autre peur. La peur de la suite des choses. Tout était si beau, si parfait, tout coulait comme de l'eau, mais bien rapidement ils seraient forcés à faire des choix. Ce qu'ils seraient, la façon dont ils vivraient les sentiments qui grandissaient en eux, les choix qu'ils devaient faire. Bien que Violet ne cherchait qu'à retrouver le contact de la peau de l'ex-militaire, elle maintenait une certaine réserve qui lui était jusqu'à maintenant inconnue. Avec Terrence, elle était différente de la Violet qu'elle connaissait. Celle qui ne se posait pas de questions, qui fonçait tête première dans les situations effrayantes. Avec lui, elle analysait avant d'agir. Elle ne voulait pas lui faire peur, lui faire prendre la fuite et le perdre à jamais par faute d'une parole mal choisie. Ce qu'elle ressentait pour lui était bien plus qu'une romance passagère que l'Américaine avait vécue trop souvent dans les dernières années. Elle ressentait quelque chose de particulier, quelque chose de différent qui lui donnait envie de poursuivre son bout de chemin avec l'homme. Et si le premier soir elle avait pu douter de la suite des choses, aujourd'hui la commerçante savait qu'il ne disparaîtrait pas au petit matin en emportant les souvenirs de leurs ébats. Au contraire, dans son regard brûlant de désir, elle voyait cette étincelle lui affirmant la curiosité face à ce qu'ils bâtissaient, ensemble, petit à petit.
Dans la caravane qui lui servait de maison, pas un bruit ne se faisait entendre. Lèvres finalement l'une contre l'autre, Terrence et Violet avait repris leur baiser là où ils l'avaient laissé. Il lui avait manqué alors qu'il était dans la même pièce qu'elle, alors qu'il ne l'avait pas quitté des yeux. Retrouver sa peau était sa seule mission. Scellée à ses lèvres, accrochée à lui de peur qu'il disparaisse, Violet lui livra un baiser comme elle n'en avait jamais donné. À la fois remplie de fougue et de douceur, à la fois parsemé d'amour et de désir. L'envie qu'elle éprouvait pour lui était grandissante dans son ventre, elle lui chatouillait les tripes. Elle était pressante, mais elle voulait se faire attendre, se faire languir encore un peu. La blonde détestait perdre et elle s'était fait prendre au jeu déjà une fois. Malgré son envie de poursuivre le baiser charnel, elle s'arracha des bras de son amant pour lui annoncer que, cette fois, elle avait remporté la guerre. Guerre qui, au final, ne comptait plus à ses yeux. C'était désormais plus une façon de le charmer, lentement, et de travailler sa patience. Ou, plutôt, leur patience à eux deux.
Terrence fut déstabilisé par la réaction de son invitée, bafouillant une question incomplète. Expression qui ne resta pas très longtemps affichée sur son visage alors que l'homme, fidèle à ses habitudes, s'enquit de son air impartial et sévère. Il en avait assez, assez de ce jeu dans lequel Violet l'avait embarqué. Il avait fini de jouer, il s'avouait vaincu et s'était de se mentir de penser qu'elle ne désirait pas la même chose que lui. Chose qu'il savait pertinemment. Il sortit sa voix ferme, celle qui n'appelait pas à la discussion, celle qui ne pouvait être contredite, affirmant que la vaisselle pourrait attendre. Violet, qui avait une assiette dans une main et un chiffon dans l'autre, le regardait s'avancer près d'elle brisant la distance qu'elle leur avait encore une fois imposée. Violet hocha la tête, signe qu'elle acquiesçait ses paroles. Fermement, il lui retira l'assiette et le chiffon des mains et le laissa en plan sur le comptoir de sa petite cuisine, là où il devait être. Ses mains se posèrent sur la taille de la blonde qui sentit un choc électrique traverser son corps entier. Elle aimait qu'il entreprenne les choses ainsi, à la fois ferme, à la fois en douceur. Ses ordres non verbaux la firent tressaillir, n'ayant plus d'autres choix que de s'abandonner finalement à lui. À ses lèvres qu'il reposa sur celles de l'Américaine. Un baiser qui en disait long sur ce qui allait suivre. Un baiser qu'elle ne pouvait pas refuser ou détourner. Violet apprécia chaque parcelle de leur étreinte, chaque coup de langue augmentait son désir pour lui et se laissa guider aveuglement jusqu'à sa chambre à coucher. La pièce était étroite, beaucoup plus petite que sa boutique où ils avaient partagé leur première nuit. Elle avait quelque chose de romantique, sans réellement l'être. Elle n'était pas saupoudrée de pétales de roses ou illuminée de mille bougies. Intime, elle incitait à leur rapprochement. Petite, elle appelait à une proximité qu'ils apprivoisaient depuis leurs retrouvailles. Devant le lit, les deux soupirants en quête d'amour n'avaient pas quitté leurs lèvres. Un sourire, pressé contre les lèvres de Terrence, s'était dessiné sur celles de la surfeuse. Elle voulait dompter la vague qu'était Terrence, la prendre d'assaut, l'apprivoiser et ne plus jamais la quitter. Ses douces mains pianotaient sur le corps de l'homme, sous son chandail qui était à présent un obstacle. Dans un geste rapide, elle lui retira ce qui l'empêchait d'apprécier son corps, jetant le vêtement sur le sol de la chambre. Ses lèvres se posèrent à nouveau contre son cou alors que ses mains, elles, jouaient avec les mèches rebelles de ses cheveux. Corps à corps, elle n'avait envie que de goûter à nouveau à ce plaisir à deux. C'est un regard fiévreux qu'elle posa sur Terrence, essoufflée par l'envie. Et maintenant, ce serait dangereux de te demander ce que tu veux en ce moment précis ? S'enquit-elle à la blague, sachant très bien ce à quoi il faisait référence. Elle lui sourit, espiègle, avant de le pousser sur le lit et de venir le rejoindre. Je te laisse gagner, Kelly. J'te laisserai toujours gagner quand il s'agit de retrouver ton corps.

Terrence n’avait rien fait pour se rendre si irrésistible ou indispensable aux yeux de Violet. Bien au contraire, il faisait tout, depuis des années, pour qu’elle le déteste, qu’elle ne voit tous les défauts derrière lesquels il se cachait si bien. Comme s’il était plus simple qu’elle ne l’aime pas, c’était éviter tout risque qu’elle l'atteigne, que lui succombe à un tourbillon de sentiments auquel il n’était pas préparé. Ou qu’il la déçoive, c’était une autre option. Mais tout ça c’était avant. Avant cette nuit de tempête qui avait tout changé. Depuis il n’avait eu de cesse de tenter de l’oublier, de taire ce besoin de la revoir qui grandissait en lui, c’était sans compter sur le destin qui se mêlait toujours de ce qui ne le regardait pas. Ce soir il n’avait plus le choix, face à cette fille qui l’obsédait, Terrence faisait finalement tout pour lui plaire, pour qu’elle s’attarde auprès de lui, qu’elle le réchauffe de sa présence apaisante et si douce. Il voulait qu’elle ne pense plus qu’à lui, qu’elle oublie un instant qu’elle pouvait connaître tellement mieux, comme homme. Et qu’elle le voit comme celui qu’il n’était pas, un homme capable de la rendre heureuse, même seulement quelques heures, un homme charmant et charmeur qui lui ferait se sentir bien auprès de lui. Il n’était pas certain d’être capable de jouer ce rôle continuellement et probablement qu’elle finirait par être déçue en se rendant compte que ce Terrence-là était aussi rare qu’imprévisible, mais peut-être que c’était lui qui se jugeait trop sévèrement. On ne l’avait jamais aidé à se voir comme quelqu’un de bien, qui pouvait être délicat, on avait toujours vu le garçon bagarreur et bourru qui ne montrait que trop peu ses sentiments, qui cachait sa douceur derrière un masque froid et fermé, au fond il avait des choses à offrir, plus que ce que beaucoup pensaient, lui le premier. Ce soir il se montrait fougueux, aventureux, il dictait ses désirs avec la poigne qu’on lui connaissait mais dans ses yeux Violet pouvait lire à quel point il était sous son emprise, sous celle de ses lèvres qu’il aimait tant embrasser et qu’elle lui refusait à cause de leur stupide jeu. Terrence avait aimé discuter avec elle, partager ce repas, comme un premier rendez-vous, la façon qu’elle avait eu de le faire fondre et ce rôle d’homme romantique qu’il avait endossé le temps d’une danse. Le but de l’emmener jusque chez lui n’avait jamais été purement sexuel, pour peu qu’il y ait eu un but à toute cette soirée, pour peu qu’il ait eu un véritable plan. En réalité Terrence se laissait guider sans avoir d’idée précise de ce qu’il voulait faire. Mais à ce moment précis, dans sa cuisine, alors que Violet avait entrepris de commencer la vaisselle, munie de tout l’attiraille, il savait sans l’ombre d’un doute qu’il ne la laisserait pas faire, qu’il avait envie de l’enlever pour lui faire l’amour et elle n’aurait pas le choix. Plus tard, après l'amour consommé, ils pourraient peut-être discuter à nouveau, refaire le monde s'ils voulaient, mais pour l'heure il était question d'agir, de s'imposer. Il lui retira assiette et éponge des mains, l’attira contre lui et lui fit comprendre qu’elle avait gagné, il pliait contre ce désir qui montait en lui et le consumait à présent tout entier. Jamais il ne l’aurait forcé, s’il avait eu le moindre doute sur les envies de la blonde, mais il savait qu’à ce stade elle brûlait au moins autant que lui. L’australien était, comme à son habitude, jamais trop empressé, il profitait de ce baiser enflammé, il baladait ses mains sur le corps de Violet, avide de la découvrir à nouveau, mais il avait tout son temps. Sans quitter sa bouche il l’entraîna vers sa chambre, sûrement l’endroit le plus intime de sa modeste caravane. Elle était étroite, seul son lit et quelques étagères pleines de livres trouvaient leur place dans ce petit espace, elle était propice à l’intimité, on pouvait le dire. Terrence sourit quand l’américaine le débarrassa de ses vêtements, visiblement elle était bien moins patiente que lui et pour être honnête, ça ne le dérangeait pas du tout. Il retrouva avec délice la sensation de ses lèvres qui parcouraient sa peau alors qu’il descendait la fermeture éclaire dans le dos de sa robe. Je veux tes jambes et ta bouche. Il l’embrassa dans le cou. Je veux ta peau, pour moi, rien que moi. J’te veux toi. Visiblement sa réponse lui plut, puisque Violet poussait déjà Terrence sur le lit, le dominant de sa hauteur, il lui lança un regard de défi avant qu’elle ne se décide à le rejoindre, elle s’installa sur lui alors qu’il ne la quittait pas des yeux. C’est si important, que l’un de nous gagne ? …De toute façon je gagne toujours, ce n’est pas discutable. Il termina de retirer cette robe qu’il n’avait pas eu le temps de lui enlever. Elle portait de la jolie lingerie mais celle-ci était presque une barrière de trop à ce stade. Pourtant Kelly prit tout son temps pour caresser ce corps frémissant qu’elle lui offrait pour la seconde fois, il le redécouvrait pourtant il semblait qu’il ne l’avait pas oublié, il aimait se rappeler de ses courbes et des grains de beauté qui le jalonnaient, il pourrait passer sa nuit à simplement l’admirer, l’embrasser, mais ce serait frustrer ce besoin qu’il avait de la posséder toute entière, sa virilité ne l’accepterait pas. Et peut-être qu’elle non plus. Il repoussait alors les limites jusqu’au bout, jouant avec leurs nerfs et leur patience, poussant le désir dans ses retranchements pour augmenter le plaisir à venir.

C'est avec ce sourire qui n'avait pas quitté les lèvres de la belle blonde qu'elle le regardait, Terrence, de toute sa splendeur sans même le savoir. Cet homme, il l'a fascinait. Violet qui, pourtant, ne se laissait rarement impressionner par autrui. Chaque fois qu'elle en apprenait plus sur lui, elle se trouvait dans cette transe presque ridicule. Comme un enfant devant une confiserie. Et il ne se rendait pas compte de l'emprise qu'il avait sur elle. Le regard plein de désir, qui brûlait pour lui, alors que Terrence l'avait averti de sa grosse voix ferme que le jeu s'arrêtait ici. Qu'il la maîtrisait, encore une fois, de son regard perçant, bleu comme l'océan qu'elle voulait dompter, et de ses mains qu'il avait posé sur ses hanches alors qu'il avait repris l'assaut de ses lèvres avec toute la fougue qui l'habitait. Violet, vulnérable devant l'homme qui tenait son corps entre ses mains, frémissait. Son sourire n'avait pourtant pas réussi à quitter ses lèvres, contre celles de son partenaire qui menait la danse dans laquelle l'Américaine se laissait guider, valser au rythme de leurs corps et de leurs envies. Terrence l'avait guidé, là où il le voulait, directement à l'endroit où germaient des idées dans sa tête. Et Violet, elle, l'avait suivi innocemment, s'offrant à lui comme si elle en dépendait. Comme s'il était sa drogue et qu'elle ne pouvait vivre sans le contact rapproché de leurs corps l'un contre l'autre, la bouche ferme et autoritaire de l'homme sur la sienne, douce et frêle. Ils étaient tout à l'opposé, et à la fois si complémentaires.
Le militaire, déterminer à obtenir ce qu'il voulait sans laisser place aux ruses de distraction de sa proie, avait mené la blonde jusqu'à sa chambre à coucher sans quitter ses lèvres, ses mains se baladant sur le corps de la femme qui était complètement folle de lui. Chaque fois que ses doigts pianotaient sur sa peau douce et légèrement bronzée par le soleil de l'Australie, un frisson retentissait laissant une chair de poule agréable se forger sur les parcelles dénudées de son corps. L'envie, l'attente et le jeu de séduction dans lesquels ils s'étaient tous les deux embarqués avaient assez duré. Tant pour l'homme que pour elle. Il était maintenant temps de récolter le fruit de leur patience mutuelle et de se laisser enivrer par la conception lente et palpable de leurs sentiments. Et Violet en avait envie, plus que jamais, de ces émotions qui la ferait chavirer, corps et esprit, pour Terrence. Sans réellement le savoir, il était tout ce dont elle pouvait rêver. Lui et ses réserves. Lui et son caractère froid et solitaire. Lui et ses mystères. Lui et ses réactions parfois maladroites. Plus que tous les hommes qu'elle avait connus. Plus que tous les hommes qui faisaient encore partie de sa vie. Il était celui qu'elle voulait découvrir, sous toutes ses facettes. Ses bonnes comme ses mauvaises. Parce qu'au final, c'était ça la vie : des bons moments comme des mauvais.
Terrence prit en otage la fermeture éclaire de la commerçante alors que celle-ci, beaucoup plus entreprenante que lui, avait déjà jeter le chandail du barbu sur le sol, se fracassant sur le parquet de la caravane dans un silence total. Les aveux de l'homme la firent frémir de plaisir, alors que la sensation de ses lèvres dans son cou fit envoyer sa tête vers l'arrière, appréciant la douce torture qu'il lui infligeait. Violet l'avait mérité, elle qui l'avait fait languir toute la soirée. Alors qu'elle était beaucoup plus pressée que lui de retrouver son corps, Terrence, lui, faisait preuve de douceur et de patience, appréciant chaque instant de leurs retrouvailles. Trop doucement à son goût, elle qui poussa l'homme sur son lit, le forçant à s'allonger sur le dos. Avec sa robe à moitié enlevée, Violet vient se nicher au-dessus de l'homme, le sourire encore perché à ses lèvres pulpeuses qui en redemandaient. Et sa robe se retrouva sur le sol, là où elle aurait dû être depuis un moment déjà, alors que Terrence reprenait son ton moqueur habituel. Violet étouffa un mélange de rire et de soupire, minant de lever les yeux au ciel dans un air faussement exaspérer par l'homme. Si, il faut absolument qu'il y ait un gagnant. C'est plus fort que nous, Kelly, on a toujours été comme ça. Et elle n'avait pas tord, Violet, en avançant ces propos. Ils n'avaient jamais rien connu d'autre que la compétition, à se détester sur leurs plages voisines, compétiteurs de longue date. L'Américaine souhaitait réellement que ces habitudes du passé soient loin, enfouies sous les sentiments qu'ils se créaient l'un pour l'autre. Mais j'te laisse gagner... Elle prit une pause, le regardant de nouveau fiévreuse, brûlante de désir pour lui.
Elle le laissa découvrir son corps de la lingerie fine qu'elle portait, la dentelle se retrouvant sur le sol parmi les autres bouts de vêtements qu'ils y avaient envoyés valser. Et reprendre, à nouveau, possession d'elle alors qu'il caressait sa peau de ses doigts marqués par son travail acharné et par la vie qu'il avait menée. Toujours perchée au-dessus de lui, Violet n'avait pas quitté des yeux le barbu, lui retirant son pantalon qui alla rejoindre le reste des tissus sur le parquet, au milieu de la petite chambre à coucher. Elle se pencha vers lui, comme si elle allait l'embrasser, juste assez près de ses lèvres pour sentir l'attraction de son corps, mais juste assez loin pour pouvoir lui murmurer les paroles d'une chanson sur l'air qui lui appartenait. Take it easy with me, please. Touch me gently like a summer evening breeze. Take your time, make it slow.. Andante, Andante.. Just let the feeling grow. Make your fingers soft and light. Let your body be the velvet of the night. Touch my soul, you know how.. Andante, Andante.. Go slowly with me now..
Elle n'était pas certaine qu'il connaissait cette partie d'elle, pas certaine qu'il l'avait déjà entendu chanter. Peut-être une fois, sur la plage, à fredonner un air connu, mais pas réellement une chanson. Elle ne savait pas vraiment s'il l'avait déjà reconnu, au loin, dans un bar sur la plage, gratter sa guitare et échapper des mots mélodiques. Et si normalement elle avait été malaisée de le faire ainsi, devant lui, ce soir c'est avec l'envie qui entourait les paroles de cette chanson qu'elle lui fit part de cet aspect caché. Elle le laissa récupérer ses lèvres et, comme sa mélodie l'appelait, doucement, langoureusement, ils s'échappèrent dans leur intimité.
Les deux amants étaient allongés sur le lit, collé l'un à l'autre, sans avoir bougé de la position dans laquelle ils avaient terminé leurs ébats. Nus. Terrence dormait, blotti dans les bras de la blonde, alors qu'elle l'observait, s'étant réveillée avant lui. Son visage était doux, ses traits s'étaient adoucis. La vie avait marqué sa peau de ses aventures, le temps avait passé sur son visage, et Violet en était captivé le trouvant beau comme personne. Il était tard, la nuit était enfin tombée sur Bowen et la blonde savait pertinemment qu'il était trop tard pour retrouver son propre logis, préférant d'ailleurs nettement partager la nuit avec l'homme. Elle ne prenait pas la fuite, Violet, mais elle se levait discrètement du lit pour regagner la cuisine qu'ils avaient laissée en pagaille, les plats un peu partout sur les comptoirs, seulement vêtue du t-shirt trop grand de Terrence qui gisait sur le sol. Elle commença à mettre les plats et les casseroles dans l'évier, y ajoutant un peu d'eau pour décoller la nourriture qui s'y était logée. La vaisselle attendrait à demain, mais pour le moment un verre d'eau était de mise. Violet se mis sur la pointe des pieds, ouvrant les cabinets qu'elle commençait à connaître par coeur à force d'y jouer, afin d'atteindre un verre, l'eau coulant encore dans l'évier. Elle fronça les sourcils, intriguer par ce qu'elle touchait du bout des doigts derrière les verres qui étaient placés en rangée dans l'armoire. Avec surprise, elle attrapa l'objet qui était muni d'un manche pour y découvrir quelque chose pour laquelle elle n'était pas du tout préparée. Une arme, d'un calibre qu'elle ne connaissait pas, reposait dans ses mains.

HJ: