Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
Beaucoup de personnes voyaient le quadragénaire comme était quelqu'un qui n'avait aucun savoir vivre, complètement asocial et occasionnellement un homme malpoli. Il y avait un peu de tout ça, c'est vrai, mais c'est surtout parce qu'il se cache derrière cette image que tout le monde lui a donné. Désormais elle lui colle à la peau et ça l'arrange dans certains cas.
Mais, Donovan était loin d'être comme on pouvait le décrire, seulement il fallait avoir une sacré patience pour tenter un jour de pouvoir le voir sous son vrai jour. Tahlia en avait eu l'occasion, et ce soir, Dina aussi en avait l'occasion. Est-ce que c'était l'alcool ? La présence de la jeune femme mariée ? Le fait qu'elle ne l'avait pas jugé ? Il n'en savait rien, tout ce dont il était certain, c'est qu'il refusait qu'elle parte. Il n'en avait pas envie. Il voulait l'avoir encore et encore à ses côtés, mais comme il venait de le lui dire, l'y obliger et dire qu'il le méritait était faux. Il ne méritait pas qu'une femme comme elle puisse s'intéresser à un homme comme lui. Pourtant il y avait cette frontière entre eux. Une frontière dont la barrière était plus que faible. Il aurait pu la franchir. Il aurait pu l'embrasser. Mais qu'est-ce qu'il aurait gagné ? Que Dina prenne peur et qu'elle refuse de le revoir. Et ça l'enterrait encore un peu plus qu'il ne l'était déjà.
Ce qui le gênait le plus, c'était la situation dans laquelle était là jeune femme. Elle était triste, alors qu'elle méritait d'être heureuse, d'être épanouie et de pouvoir sourire encore et encore. Parce que ce sourire, c'était ce qui maintenait l'allemand en vie à l'heure qu'il est. Il aimerait pouvoir toucher ses lèvres douces, y déposer les siennes. Il adore ce petit pli qui se dessine au coin de ses lèvres lorsqu'elle esquisse un sourire. Tout fait qu'il voulait pas que cet instant s'arrête. S'il en avait eu la possibilité, il l'aurait fait.
" - Crois-moi, je sais ce que c'est la peur, mais tu n'as pas à avoir, je sais que de passer à une vie bien rangée avec sa petite routine à une éternel combat au quotidien ça peut être épuisant. Mais il faut que tu franchises cette étape là. Pour toi. Pour ta fille. Il arrive parfois dans un couple que les deux personnes s'apprécient mais ne s'aiment plus comme un mari et une femme le devrait. Ta fille t'en sera reconnaissante avec le temps, et puis, rien ne t'empêche de continuer à voir ton mari, de partager des moments avec lui. Vous trois, en famille, mais il faut qu'il se rende à l'évidence, il a failli à son rôle de mari."
Dans ses propos, on pouvait y saisir une certaine lassitude, comme si l'homme dont il parlait n'était autre que lui. Il avait également failli à son rôle de mari. Il n'avait pas su protéger sa femme et son enfant. Et aujourd'hui, il n'était même pas capable d'assumer son statut d'homme. Il avait faux sur toute la ligne. Il n'était rien.
" - Vous pouvez toujours essayer de vivre chacun de votre côté, voir si cette étincelle revient. S'il prend conscience de ce qu'il a perdu. Et si ce n'est pas le cas, alors il faudra prendre les décisions qui s'imposent, mais je sais que tu feras les bons choix et que ta fille t'en remerciera quand elle sera en âge de comprendre que tu as fais tout ça pour la protéger et lui offrir le meilleur."
Le brun parlait trop. Beaucoup trop. Peut-être parce que cette histoire le touchait personnellement et qui la prenait très à coeur. Ou peut-être parce qu'il était nerveux. Oui c'était peut-être ça la véritable raison. Donovan nerveux c'était un peu comme un aveugle qui voit le soleil, c'est improbable. Pourtant c'est sans doute ce qui était en train d'arriver ce soir. L'allemand était nerveux de faire ou dire quelque chose qui pourrait faire fuir la jolie brune.
Il esquissa un sourire en entendant ses propos. Effectivement, il ne s'attendait pas à ça. C'était généralement les autres qui lui faisaient la morale sur son train de vie. Ce soir les rôles étaient inversés. Et bizarrement, l'alcool qu'il avait ingurgité, c'était comme s'il s'était dissipé. Comme si cette conversation l'avait désaoulé. Lorsqu'elle l'interrogea, le flic tourna la tête vers elle, sondant son regard avant de hocher la tête, comme s'il ne voulait pas brisé la magie de cet instant. Il l'écouta alors avec attention. Et sa question le déstabilisa quelque peu. Faire attention à lui ? Ce n'était pas vraiment pas ce qu'il faisait depuis.. Depuis l'accident, il se précipitait même vers la mort, comme si c'était la seule issue qui s'offrait à lui. Il planta alors son regard vers l'horizon. Le bruit de la circulation leur provenait avec un certain recul, les lumières dansaient au loin. Il laissa un soupir.
" - Je te le promets."
Donovan craignait de ne pas pouvoir tenir sa promesse, mais maintenant qu'il venait de le prononcer à voix haute, il devait s'y tenir. Pour ne pas décevoir la jeune femme, et pour lui permettre d'avoir un pilier solide sur lequel elle pourrait se reposer si elle en éprouvait le besoin. Il profita de cette sensation qu'il éprouvait en sentant la tête de la jeune femme sur son épaule, il savait que c'était la fin. La soirée touchait à sa fin et elle allait devoir la laisser repartir.
Les paroles de Donovan était tellement juste qu'elles eurent un véritable impacts ainsi qu'un puissant échos en moi. Il avait raison sur toute la ligne mais la peur m'empêchait de changer les choses qui devaient l'être, de faire ce je devais faire pour être heureuse à nouveau. J'avais peur d'être seule, peur de priver ma fille de son père. Je pensais, comme toute mère le ferait, à elle en premier lieu, à chaque instant, dans tout ce que je faisais à longueur de journée. " Crois-moi, je sais ce que c'est la peur, mais tu n'as pas à avoir, je sais que de passer à une vie bien rangée avec sa petite routine à un éternel combat au quotidien ça peut être épuisant. Mais il faut que tu franchises cette étape là. Pour toi. Pour ta fille. Il arrive parfois dans un couple que les deux personnes s'apprécient mais ne s'aiment plus comme un mari et une femme le devrait. Ta fille t'en sera reconnaissante avec le temps, et puis, rien ne t'empêche de continuer à voir ton mari, de partager des moments avec lui. Vous trois, en famille, mais il faut qu'il se rende à l'évidence, il a failli à son rôle de mari. " Dit Donovan encore une fois très justement. Il semblait prendre ça tellement à coeur que je me demandais si il n'y avait pas autre chose sous ses justes paroles. Mordillant ma lèvre, je finis par sourire. " De bien sages paroles venant de toi. " Le taquinais-je, amusée. Je me sentais bizarrement bien avec lui, à discuter. C'était comme si j'étais dans un autre monde, un monde ou je pouvais être moi-même, ou j'étas écoutée et ou on se soucier véritablement de moi. Donovan me faisait me sentir comme ça : importante. Aussi fou que cela puisse paraître et cela faisait vraiment du bien. Je ne m'étais pas sentis comme ça depuis longtemps. " Vous pouvez toujours essayer de vivre chacun de votre côté, voir si cette étincelle revient. S'il prend conscience de ce qu'il a perdu. Et si ce n'est pas le cas, alors il faudra prendre les décisions qui s'imposent, mais je sais que tu feras les bons choix et que ta fille t'en remerciera quand elle sera en âge de comprendre que tu as fais tout ça pour la protéger et lui offrir le meilleur." Je tournais mon visage vers lui et l'incliner avant de lui sourire. " Il est clair que j'ai des choix à faire. Et tu as raison, je dois penser à moi car si je ne suis pas heureuse, ma fille ne le sera pas non plus, pas vraiment en tous cas et je veux qu'elle soit heureuse, je veux le meilleur pour elle. Merci de m'avoir ouvert les yeux sur ça et sur tant d'autre chose ce soir. Je ... Cela ne sera pas facile mais ça sera toujours une meilleure chose que de laisser la situation pourrir encore plus ... " Le remerciais-je, pensant déjà à ce que tout ça aller me demander comme courage. Mais je n'avais plus le choix. Ce n'était pas une vie et je méritais mieux. J'étais à la croisée des chemins et il ne me restait plus qu'à prendre la bonne route. Je n'étais pas seule, je ne devais pas l'oublier. Même si cela serait difficile, ce n'était que pour le mieux, pour tous le monde.
Grace à la présence de Donovan, je me sentais capable d'affronter la situation et de faire les choix qui s'imposaient mais j'avais besoin de lui, besoin qu'il soit présent pour me rappeler que je comptais, que je méritais mieux. Ce quasi inconnu avait pris une grande place dans ma vie. Je ne l'aurais jamais cru. J'ignorais même si cela été une bonne chose, mais je suis mon instinct, comme je l'ai toujours fait jusqu'à présent. J'allais avoir besoin de lui et si il lui arrivait quelque chose, m'en remettre serait maintenant difficile. Je sais qu'il a ses propres problèmes à régler, ses propres démons à combattre, mais je voulais qu'il me fasse cette promesse, d'être là, de prendre soin de lui. Je le regardais, attendant sa réponse, restant contre lui. " Je te le promets. " Je fermais les yeux en soupirant avant de les rouvrir. " Bien. " Soufflais-je. Les minutes s'égrainèrent encore, rapprochant de plus en plus le moment des adieux. Après un long moment sans bouger, je venais glisser ma main sur mon visage. " Je ... Il faut que j'y aille. Ma fille m'attend, je veux être là à son réveil... " Je bougeais lentement et lui faisait face, genoux au sol et ma main posée sur sa joue. " Merci pour cette soirée, merci pour ces conseils, merci de me voir vraiment. " Lui dis-je en le regardant droit dans les yeux. " Tu es quelqu'un de bien ... " Soufflais-je. Je venais déposer mes lèvres sur sa joue. " N'oublie pas, appelle moi. N'importe quand. Je serais là. " Lui dis-je, pour qu'il ne l'oublie pas. Je lui avais fait une promesse et je comptais bien la tenir. Je prenais une inspiration, les yeux toujours dans les siens et je me levais. Revenir à la réalité, sortir de la bulle dans laquelle nous étions jusque là été difficile. Comme se réveiller après un beau rêve. Mais ce réveil était nécessaire même si j'aurais plus qu'apprécier de le prolonger. J'étais convaincue que Donovan le savait aussi. Je passais les mains sur mon pantalon pour le dépoussiérer. Je regardais à nouveau l'homme à mes côtés. " A bientôt Donovan. " Soufflais-je, le cœur tiraillé avant de lui tourner le dos pour rejoindre ma voiture et reprendre le court de ma vie, la tête pleine de question sur cet avenir incertain qui s'offrait à moi.
