can we be a family ? (asl)

Passer par le parc pour rentrer du boulot est un nouveau petit rituel que s’est instauré Perry. Il préfère davantage la place, c’est indéniable mais ce n’est pas vraiment la route pour rentrer chez lui. Et il trouve ça quand même plus sympa de faire rouler son skate sur les allées entre les arbres plutôt que sur les trottoirs trop étroits et avec une vue pas franchement dingue. Il redécouvre Bowen au fil des jours, y étant revenu vraiment depuis peu. Avant, quand il faisait ses allers-retours pour voir sa fille, il ne restait que quelques jours, deux semaines tout au plus quand ça lui était possible. Il était donc plus en vacances qu’autre chose. Filant à une allure modérée, parce qu’il n’est pas non plus très doué en skate malgré la pratique, à travers le parc, avec son casque sur les oreilles, il observait ses environs. Il n’est pas rare qu’il s’arrête pour discuter avec les gens qu’il connaît ou tout simplement des inconnus qui ont l’air sympa. C’est le genre de gars très sociable qui n’a pas peur d’aller parler aux gens et qui est toujours à l’aise. En soirée il arrive souvent seul mais ne repart pas sans quelqu’un à son bras ou sans des amis. Ce sens du contact fait de lui un bon businessman car il ne peut pas vraiment miser sur ses connaissances du domaine, relativement inexistante du fait d’études arrêtées le plus tôt possible. Alors qu’il est presque sorti du parc, Perry aperçoit au niveau du bac à sable sa fille, enfin un enfant qui ressemble à Siobhan car de loin difficile d’être sûr. Il en est certain lorsqu’il voit Asl, le frère d’Aisling avec elle. A moins qu’il ne garde tous les enfants de la ville et que l’un d’entre eux ressemble assez à Siobhan pour tromper son propre père. Il fait changer son skate de direction pour arriver au niveau du bac à sable. Il se stope dans un mouvement mal à assurer et prend son skate sous le bras. « Salut ! » dit-il au jeune homme avant d’aller directement vers sa fille. Il ne veut pas manquer une occasion de la voir à présent. Il la prend dans ses bras et elle a l’air visiblement ravie de le voir.

Quand il avait appris qu’Aisling avait accouché, il y a maintenant plus de deux ans, Perry est directement allé la voir à l’hôpital. Ils n’étaient plus ensemble à ce moment là et il savait bien qu’il n’était pas forcément le père mais qu’importe, il a quand même voulu être là pour elle. Finalement il a fait un test de paternité et même si par malchance, deux se sont retrouvés positifs, c’était bien lui le père et non CJ. Il élevait déjà Penny depuis quelques années mais avoir un bébé n’a rien à voir avec une enfant de cinq ans. Il a dû tout apprendre et s’est responsabilisé. Il a aussi appris Aisling à aimer sa fille et à l’accepter. A présent il est revenu à Bowen pour retrouver sa vie d’avant et sa fille parce que faire des allers-retours ce n’était pas suffisant pour lui. Il voulait la voir grandir vraiment. Tandis qu’il l’a dans ses bras pour lui dire bonjour, le frère d’Aisling le salue. « J’suis hyper content d’être revenu ici pour de bon ! » lâcha-t-il avec un grand sourire. Bowen c’est sa ville depuis sept ans, il y a vécu tellement de choses. Asl lui présenta Liam, l’autre enfant qui était avec sa fille. Il se demande s’il s’agit du fils d’Asl ou non, il n’en a aucune idée mais comme il n’est pas plus curieux que ça, il ne dit rien. Il fait seulement un signe de la main au petit garçon qui n’a pas l’air rassuré de le voir. Il voit là bien la différence avec Siobhan. Elle est beaucoup plus sociable et n’a pas peur des gens, ce qui n’est pas forcément un bon signe quand on est enfant non plus. Perry essaie de prendre soin d’elle et de la protéger car il s’en voudrait s’il lui arrivait quelque chose et surtout Aisling ne lui pardonnerait jamais. Finalement il relâcha sa fille qui préférait jouer que d’être dans les bras de son père trop longtemps. « Ça va c’est pas trop galère d’avoir deux enfants à gérer ? » Déjà un il trouve pas ça simple. Théoriquement il en a deux mais Penny a dix ans maintenant et elle est très indépendante et responsable.

vu comment lui avait du mal à gérer Penny au début et Siobhan ensuite. Et il n’a même pas l’excuse de l’âge parce que Asl est bien plus jeune que lui l’était quand il a eu Penny et elle n’était même pas bébé donc c’était moins compliqué. Non c’est juste que ce n’est pas un type très doué, responsable ou mature, du coup il avait toujours peur d’oublier quelque chose ou mal faire. Mais maintenant qu’il a bientôt trente ans, il s’est amélioré et même si ça reste un gamin dans sa tête, il a un peu plus confiance quand il s’agit de l’éducation de ses filles. Quand Asl le considéra comme un homme d’affaires et qu’il pourrait sans doute l’aider, Perry fit les gros yeux. Ok il dirige une grosse boîte mais il ne serait rien sans tous les gens qu’il a autour de lui et qui eux ont de vrais compétences. Lui c’est surtout le beau parleur qui essaie d’obtenir ce qu’il veut et qui donne les grandes lignes directrices. Malgré tout il essaya de se concentrer pour tenter de comprendre le problème et peut-être essayé d’y répondre. Il hocha la tête tel une personne sérieuse, tentant d’avoir un peu plus de contenance. « Euh...j’dirais que c’est un peu suspect mais bon, y’a des gens sympas. » Oui il est naïf. C’est d’ailleurs comme ça qu’il s’est retrouvé dans une maison clause sans s’en rendre compte. « Mais les contrats c’pas ma spécialité. » Rien n’est vraiment sa spécialité quand il s’agit de son boulot mais il voulait pas non plus trop se taper la honte devant le frère d’Aisling. Enfin il n’aurait qu’à demander à sa sœur, elle n’hésitera pas à lui dire la vérité sur Perry et à faire un portrait peu flatteur de lui.

Perry tenta de comprendre la situation qu’Asl lui présentait. En gros il se fait plus ou moins entretenir par une femme qui lui donne beaucoup d’argent. C’est le genre de trucs qui ne pourrait pas arriver au jeune homme vu que c’est plus lui qui à tendance à donner de l’argent aux gens, vu tout ce qu’il possède. « C’est juste un peu bizarre de faire un contrat pour ça quoi. Mais tant qu’elle te demande pas des trucs bizarres ça va. » Oui on va dire ça. Perry aurait très bien pu faire la même chose pour un de ses amis c’est juste qu’il aurait filé l’argent sans écrire ça quelque part et sans que rien ne soit officiel. Enfin, il est déjà très généreux avec les bars de la ville où il laisse de bons pour-boires et où il va souvent également. En tout cas il est bien content de ne pas être dans la même situation que le frère d’Aisling, même si à sa place il ne se ferait sans doute pas soucis vu qu’il ne se prend globalement pas la tête. Ensuite il a eu l’impression qu’on lui faisait un peu la morale. Il a toujours été dans la vie de sa fille, c’est seulement qu’il pouvait la voir moins souvent mais il a toujours fait des allers-retours pour la voir. Mais il sait bien qu’Isaiah est proche d’elle et c’est aussi ce qui l’inquiète un peu, il ne veut pas que sa fille oublie qui est son père. « Oui je sais. J’ai essayé mais Ais a plutôt tendance à péter des trucs quand elle me voit. J’attends un peu qu’elle m’assassine pas dès qu’on se croise. » Quand il était venu lui dire qu’il revenait, elle ne l’avait pas bien pris alors il préfère y aller doucement pour ne pas qu’elle prenne la mouche trop vite. Leur relation n’a jamais été simple, il sait bien qu’ils ne vont pas devenir amis du jour au lendemain. Même s’il est toujours maladroit quand il lui parle, Perry a fini par la connaître. Après tout elle a été la seule personne avec qui il a été en couple, même si ça n’a pas duré longtemps.

Le jeune homme tenta de se concentrer pour écouter ce que lui disait Asl. Les voitures, motos et autres engins comportant un moteur c’est pas des masses son truc. Il se balade la plupart du temps en skate, trottinette, parfois à vélo aussi et sinon en taxi si c’est trop loin. Il n’a pas le permis, n’a jamais voulu le passer et sait très bien qu’il le louperait sans doute. Il y a trop de panneaux à retenir, de choses à faire attention, il n’y arriverait pas. Et puis Perry arrive très bien à vivre sa vie sans permis et sans voiture, alors il préfère éviter de perdre son temps avec des leçons de conduite. Même s’il pourrait le faire pour ses filles, il aurait trop peur d’avoir un accident et sait qu’il n’utiliserait jamais la voiture avec elle. « Si tu veux mais j’y connais rien et c’pas ma passion quoi. » Il veut pas être méchant en lui disant non, il n’a pas envie de se faire détester par toute la famille Callaghan. En tout cas, Asl n’a pas du tout le même caractère que sa sœur, du moins de ce qu’il peut voir. Après il connaît très bien Aisling, il a vu beaucoup d’aspects de sa personnalité au fil des ans, certains qu’il ne soupçonnait pas.

Asl lui confie que ce n’est pas un fou du volant et que les motos étaient plus un prétexte pour boire un verre et discuter un peu. « Ah ouais pas d’soucis. » Il n’est pas tombé sur le gars le plus chiant du monde. Perry n’est jamais contre boire un verre avec quelqu’un, à moins qu’il s’agisse d’une personne vraiment imbuvable (parce que c’est compliqué pour boire après…). Le jeune homme se lança ensuite dans un monologue que Perry tenta de suivre. En général quand une personne parle plus de dix secondes, il perd le fil de la conversation et tente ensuite de répondre un truc pas trop à côté de la plaque. Il tente de tout suivre cette fois et ça lui demande un effort presque surhumain pour lui. Asl veut connaître ses intentions par rapport à Sio, Aisling et tout le reste de la famille. Il ne sait pas trop en quels termes son ex a parlé de lui mais pour qu’Asl se questionne ainsi il suppose qu’elle n’a pas du dire des trucs très sympas. « J’suis pas parti à cause d’Ais, donc désolé si j’reviens pas à un bon moment mais Bowen c’est chez moi, fin comme chez moi. Et maintenant elle est avec Isaiah donc tout va bien. J’ai besoin de voir Sio, c’est ma fille et j’veux pas qu’elle grandisse sans moi. J’sais qu’Ais veut pas de moi même si elle veut bien que j’vois un peu Sio. Et j’comprends donc j’veux pas m’incruster. » Tout ce qui compte pour lui c’est sa fille. Aisling aussi, elle a été importante pour lui et l’est toujours, même si elle arrive à peine à tolérer sa présence quelques minutes quand il passe récupérer sa fille. Mais il ne veut pas rentrer dans leur famille en forçant la main à Ais. Tout ce qui compte c’est le bonheur de sa fille.