#16 - someone please help me (eve)

Ta tante n’était pas là ce soir, elle passait la soirée ailleurs avec des amis, ce qui fait que tu étais seul dans l’appartement. Et tu as encore peur d’être tout seul. Surement les séquelles du passé, tu pensais toujours que quelqu’un allait venir te chercher en pleine nuit ou qu’on allait te battre à mort. Les cauchemars devenaient réalité, et tu cogitais toute la nuit. Ce soir, c’était différent. Tu sentais vraiment que quelque chose n’allait pas, tu n’arrêtais pas de te retourner dans ton lit, paniqué à l’idée d’être seul. Tu entendais un bruit, et ça te faisait sursauter. Quel flipette ce gars là, vous vous direz. Non, c’est juste que tu ne te sentais toujours en sécurité. Après avoir entendu ce bruit sourd dans l’appartement, tu enfilais un t-shirt et tu mettais des chaussures et tu sortais par la fenêtre. Ca te rappelait quand tu faisait le mur à New-York, pour ne pas que ta mère t’engueule. Tu étais dans l’escalier de service, et tu grimpais pour monter. Depuis quelques temps, tu avais fais la connaissance d’Eve, ta cousine. Et grâce à elle, tu te sentais un peu mieux, elle réussissait à t’apaiser. Et tu avais surtout appris qu’elle vivait dans le même immeuble que toi. Alors tu avais grimpé jusqu’à sa fenêtre, qui donnait elle aussi sur l’escalier de secours et tu tapais à la fenêtre. C’est là que tu réalisais qu’il était deux heures du matin et qu’elle était surement entrain de dormir, t’avais peut-être pas besoin de la réveiller. « Mais putin j’suis con ! » dis-tu à toi-même en tapant ta main sur ton visage, après avoir réalisé pourquoi tu venais de taper à la fenêtre de la blonde. Et surtout que tu venais de voir l’heure sur ton téléphone. T’avais pu simplement lui envoyer un message, mais non, fallait que tu fasses pas comme les autres.

@Eve Hutcherson

Il y avait eu du monde au Tea’Rese, avec les incendies, il y avait beaucoup de bénévole. Eve avait décidé de rester ouverte un peu plus tard. Evidemment ni Nastya ni Riley n’était touché par cette décision. Eve avait décidé d’elle-même et donc souvent elle apportait des boissons et des pâtisseries aux pompiers. C’était sa façon à elle d’aider. Elle aurait pu rester toute la nuit, mais certains pompiers lui avaient demandé de rentrer, qu’elle avait besoin de dormir. C’était peut-être le cas, elle avait quelques cernes. En rentrant, elle avait fait attention à ne pas faire de bruit pour ne pas réveiller Nova et Endre. Elle ne réfléchissait pas plus longtemps, elle enleva ses vêtements qui sentait le brûler. Elle attrapa le premier short qu’elle trouvait et un débardeur. Elle était fatiguée, elle ne voulait que son lit. Elle éteignait la lumière avant d’aller plonger dans son lit. Elle n’eut même pas le temps de fermer les yeux qu’on toquait à sa fenêtre, elle sautait de surprise. Elle n’était pas très sereine. Alors elle se levait et sans faire de bruit elle s’approchait de sa fenêtre. « C’est qui ? » Demandait-elle en chuchotant. La personne de l’autre côté n’allait jamais l’entendre. Alors discrètement elle essayait de pousser un peu le rideau pour regarder, son cœur battait très vite. Si ça se trouve ça pouvait être un criminel. Elle regardait et elle vit. Riley. Elle n’hésitait pas un instant. « Riley ? Qu’est-ce que tu fais là ? » Il habitait à quelques étages en-dessous et ces dernières semaines il s’étaient pas mal vu. Mais il venait toujours par la porte principale.

Tu savais pas vraiment ce qui t’avait pris ce soir, à monter par l’escalier de secours. L’adrénaline ? La crise d’angoisse ? Surement ça. Mais tu n’avais pas réfléchi, enfin tu n’avais pas pris le temps de réfléchir avant de sortir de ta chambre par la fenêtre. A New-York, tu faisais ça très souvent, voir quasiment tous les jours même, pour pouvoir échapper à ta mère et te sentir libre. En général, tu ne sortais pas, mais tu te mettais sur le toit et tu admirais la ville dans la nuit. Là, tu avais décidé de monter quelques étages pour aller chez quelqu’un que tu connaissais bien de jour en jour. Tu avais frappé à la fenêtre de sa chambre, en t’insultant toi-même parce que la personne devait surement dormir. Mais tu voyais les rideaux s’ouvrir et la jeune femme t’apercevait dans la nuit. « Je… j’suis tout seul chez moi et… et j’crois que j’fais une crise d’angoisse » dis-tu en bégayant, un peu gêné de l’avoir réveillé. Tu enlevais la capuche que tu avais sur le tête et tu te pinçais les lèvres, un peu paniqué, en regardant à droite et à gauche de là où tu étais, toujours sur l’escalier de secours. Bowen était plongée dans la nuit noire, on y voyait seulement les lumières et les incendies un peu à l’extérieur de la ville que les pompiers essayaient d’éteindre en vain. « Tu… tu dormais ? » demandas-tu à la jeune femme en te grattant la tête un peu nerveusement. Tu ne savais pas quoi faire, c’est comme si tu étais tétanisé sur cet escalier, à moitié perdu dans le vide, assez haut. Mais tu n’avais pas le vertige, au contraire, plus t’étais haut et plus t’aimais ça. « J’suis désolé… je… j’vais rentré » dis-tu alors qu’elle n’avait même pas répondu à ta question. Mais tu avais l’impression que c’était la meilleure chose à faire d’aller voir Eve.

Jamais personne n’avait toqué à sa fenêtre. Pour Eve la romantique, combien de fois elle avait voulu que son crush lui envoie quelques cailloux puis monte à sa fenêtre. Aujourd’hui, elle n’était plus dans cette ambiance. Elle flippait même. Evidemment qu’elle aurait dû penser à Riley, mais sur le coup elle pensait à un criminel. Elle était soulagée de ne voir que Riley, mais très vite l’angoisse revenait. S’il toquait c’était que quelque chose n’allait pas. Eve avait vraiment ouvert ses bras à ce jeune homme. Elle ne parlait toujours pas à son père à cause de cette histoire et elle le vivait bien. Il avait l’air apeuré et cette vision brisait un peu Eve. Elle n’avait pas de pitié pour Riley, mais de la compassion. Elle lui avait ouvert le fenêtre. Il était habillé sombrement et chaudement alors qu’il faisait déjà une chaleur extrême. « D’accord ! » Lui disait-elle en riant. Elle commençait à faire un peu de place pour qu’il puisse rentrer, notamment enlever les plantes. Elle avait l’air endormi Eve parce qu’elle était fatiguée, mais en voyant Riley, elle s’était bien réveillée. « Non pas encore, je viens de rentrer. » Elle leur avait vaguement parlé du bénévolat qu’elle faisait avec le Tea’Rese. Il s’excusait de l’avoir dérangé. Elle fronçait les sourcils Eve. « Ne dis pas n’importe quoi. Rentre ! » Elle s’écartait pour le laisser rentrer, et elle en profitait pour allumer sa lampe de chevet. « Tu veux boire un truc frais ? » Disait-elle en chuchotant. Elle refaisait son lit pour qu’il s’y installe confortablement. Elle avait bien sûr du thé, mais Nova et Endre dormait. Elle n’avait pas envie de les réveiller.

Tu faisais vraiment de la peine à voir, avec ton gros jogging et ton sweat à capuche alors que c’était la grosse canicule dehors. Mais t’avais enfilé le premier truc qui traînait pour sortir de l’appartement. T’avais eu la trouille de sortir de ta chambre alors t’avais choisi l’option fenêtre qui n’est pas super commune. Tu avouas à la blonde que tu étais peut-être entrain de faire une crise d’angoisse, à être seul chez toi. Elle riait légèrement, Eve. Heureusement qu’elle le prenait comme ça, elle devait être soulagé que ce ne soit pas un cambrioleur ou pire même. Tu la voyais faire de la place en enlevant les plantes qu’elle avait devant la fenêtre. Elle venait juste de rentrer. Tu savais qu’elle aidait les pompiers comme elle pouvait, de temps en temps. Tu trouvais ça admirable, d’apporter sa pierre à l’édifice comme ça. De ton côté, tu n’avais pas pu l’aider parce que tu avais beaucoup de révisions pour tes examens qui approchaient à grand pas. « Merci… » dis-tu avec un mince sourire sur tes lèvres lorsqu’elle te proposa d’entrer. « J’suis désolé d’être arrivé par la fenêtre, je sais pas ce qu’il m’a prit » dis-tu en haussant les épaules une fois dans la chambre de la jeune femme. Tue espérais surtout ne pas avoir réveillé ses colocataires. Tu avais bondi à l’intérieur de l’appartement pour te retrouver sur tes deux pieds dans le silence. « Je… j’veux bien s’il te plait » dis-tu encore une fois en bégayant. Tu n’étais toujours pas remis de ta crise d’angoisse, ça te prenait encore aux tripes, sans savoir pourquoi.

Elle savait qu’il était en plein crise d’angoisse, elle aurait pu le prendre dans ses bras pour l’apaiser. Mais elle pensait qu’elle n’avait pas le droit. Sa famille lui avait dû mal, et elle essayait tant bien que de mal de créer une relation avec le jeune homme. Si elle avait su qu’il grimperait aussi haut pour la rejoindre, elle aurait rendu l’accès plus facile. A partir du moment où elle lui avait dit la vérité, elle lui avait donné accès à sa vie. Il sautait dans sa chambre avec délicatesse, il avait dû apprendre durant toute sa vie à ne pas faire de bruit. « Tu as bien fait de venir ! Tu peux toujours venir. » Il était comme son cousin après tout, il était de la famille. « Je trouverais de la place pour ses plantes autre part. » Autrement dit, elle venait de lui confirmer qu’il pouvait passer par cette fenêtre autant de fois qu’il voulait. Il était le bienvenue. Eve était plutôt pudique si elle s’écoutait elle aurait mis un gilet pour couvrir au moins ses épaules. Mais il faisait beaucoup trop chaud. « Je reviens. » Elle sortait de sa chambre et sur la pointe des pieds elle partait récupérer une bouteille de thé glacé et deux verres. En revenant, Riley était sur son lit. Il respirait bizarrement, il était angoissé. Sans réfléchir, elle posait la boisson et les verres sur sa table de chevet avant d’aller rejoindre l’étudiant sur son lit. « Riley, ça va aller ! » Disait-elle en prenant sa tête entre ses deux mains. « Qu’est-ce qui t’arrive … » Elle se sentait mal pour lui, elle avait tellement envie qu’il aille mieux.

La blonde n’avait surement du jamais recevoir quelqu’un par la fenêtre de sa chambre. C’était même la première fois pour toi, de faire ça. D’habitude, c’était pour aller sur le toit et regarder les étoiles. Là, tu étais seul avec toi-même et ça t’avait foutu la trouille. Elle te rassurait en te disant que tu étais toujours le bienvenue, et ça t’avait soulagé. Alors tu étais entrer dans la chambre en bondissant sans faire de bruit, pour ne pas réveiller ses colocataires. « T’embêtes pas à les déplacer, la prochaine fois je passerai par la porte » dis-tu avec un rire un peu gêné alors qu’elle te disait qu’elle trouverai une autre place pour ses plantes. Fallait bien que tu sois civilisé et que tu passes par la porte d’entrée, comme tout le monde. Ta cousine te proposait alors un verre de quelque chose de frais, vu la chaleur qu’il faisait dehors. En attendant, tu t’étais posé sur son lit sans faire de bruit. Tu savais qu’Eve avait des colocataires, dont ton ami Endre, mais tu ne connaissais pas la jeune femme qui vivait avec eux. Ta respiration était saccadé, surement due à l’effort que tu venais de faire à escalader l’escalier de servie de votre immeuble. Lorsqu’elle revenait avec du thé glacé et des verres, elle vint te voir directement. « Je… j’sais pas. Ma tante était pas là, j’ai entendu du bruit et… j’ai eu peur que quelqu’un rentre chez nous » dis-tu alors que la jeune femme venait de prendre ta tête entre les mains. Pourtant à 22 ans, tu ne devais plus avoir peur des monstres sous ton lit ou des gens qui rentrent chez toi. Tu étais un garçon assez bien taillé, et tu savais te défendre. Mais tu avais toujours des peurs, au fond de toi. « C’est pas la première fois que ça m’arrive, mais… d’habitude j’me calme vite… Pas cette fois » ajoutas-tu en plongeant ton regard vide dans celui de la blonde.

Elle lui avait dit à Riley qu’il était le bienvenu chez elle. Ses colocataires étaient au courant même s’il n’était jamais venu. Endre le connaissait et ça ne lui avait posé aucun problème. Nova avait haussé les épaules, elle s’en moquait. Mais elle ne pensait pas qu’il passerait par la fenêtre. Evidemment qu’elle allait déplacer ses plantes, peu importe ce qu’il lui disait. « D’accord, mais on ne sait jamais. » Disait-elle en souriant. Maintenant il savait qu’il pouvait passer soit par la porte soit par la fenêtre. « On trouvera un signe pour pas que je panique. J’ai cru qu’il y avait un serial killer à ma fenêtre. » Disait-elle en riant discrètement. Il n’avait pas l’air bien alors elle lui proposait à boire. Discrètement elle traversait l’appartement pour aller chercher du thé. Elle vit de la lumière sous les deux portes, c’était soirée insomniaque à l’appartement. Quand elle revint dans sa chambre, il était sur son lit. Elle le rejoignit instinctivement. Avec douceur elle lui demandait de lui expliquer comme si elle parlait à un petit garçon apeuré. Il avait l’air tellement vide, son regard était éteint. Cette image faisait grossir la colère qu’elle avait contre la mère de Riley, contre son père. « Ce n’est rien ! T’es en sécurité. » Surtout que le taux d’insécurité à Bowen était très faible. « Tu veux dormir là ? » Proposait-elle sans s’en rendre compte. Elle avait proposé cela sans réfléchir. Doucement, elle le prit dans ses bras, serrant ses bras autour de lui dans une étreinte maternelle. Ils restaient longtemps ainsi jusqu’à ce l’étudiant se calme. Alors seulement après elle lui tendait le verre pour qu’il boive. La fatigue s’était échappé d’elle. La blonde se posait contre le mur. « Comment s’est passé ta journée ? » Demandait-elle en souriant.

T’étais vraiment le seul pour débarquer de nul part chez quelqu’un. Comme quoi tes petites fugues lorsque tu vivais encore chez ta mère étaient resté en toi, passer par les escaliers de secours et sauter en bas ou bien aller sur le toit pour picoler seul. Mais ce soir, c’était Eve que tu étais parti voir. Depuis que tu avais appris que vous étiez de la même famille, tu t’étais beaucoup rattachée à elle, comme une bouée de sauvetage. Certes, tu avais ta tante, mais c’était différent. La blonde était plus jeune, et elle était si douce et aimante avec toi alors qu’elle ne te connaissait pas. Un léger rire s’échappa de ta gorge lorsqu’elle te dit qu’il fallait que vous trouviez un signe pour la prochaine fois que tu débarquerai à sa fenêtre et qu’elle ne pensent pas à un psychopathe ou un meurtrier. « Oh oui, je veux pas te faire peur » dis-tu en passant une main gênée dans ta nuque. Et ce soir, tu avais du lui foutre une peur bleue pourtant. Tu te posais sur le lit de la jeune femme alors qu’elle allait dans la cuisine chercher à boire pour vous. En tailleur sur son lit, tu étais tétanisé, comme si tu avais vu un monstre. Tu savais pas vraiment d’où sortait cette terreur, mais t’étais juste terrifié à l’idée d’être seul. « Non, je… je rentrerai tout à l’heure » dis-tu en fixant la jeune femme. Tu ne voulais pas faire peur à ta tante quand elle rentrerai de sa soirée, ou qu’elle ne te voit pas avant d’aller en cours demain matin. Alors qu’elle te prit dans ses bras, tu prenais une grande inspiration, inhalant son parfum et la légère odeur de brûlé à cause des incendies. Au fur et à mesure, tu te calmais, en sentant que tu n’étais vraiment pas en danger et que tu étais bien entouré. « J’étais en cours, j’ai choisi une nouvelle matière et je crois que c’est ça qui m’a fait peur » dis-tu en lâchant un rire nerveux. « J’ai commencé les cours de criminologie et je crois que ça m’est monté un peu trop au cerveau » dis-tu à la jeune femme, te sentant un peu bête sur le coup.

En apprenant que Riley habitait à côté de chez elle, Eve avait été enchantée. Elle voulait vraiment créer un lien avec son cousin éloigné. Son père l’avait abandonné mais ce n’était pas le cas d’Eve. Peut-être que lui il avait oublié les principes de bases chrétiens mais ce n’était pas le cas d’Eve. Puis elle l’aimait ce petit, il était attendrissant et elle riait avec lui. Il lui fit cependant peur quand il tapait à sa fenêtre et elle n’hésitait pas à lui dire en riant. Eve n’était pas gênée pour autant. Elle proposait même de débarrasser un peu le devant de sa fenêtre. Puis quitte à ce qu’il vienne autant trouver un petit code secret. Elle s’approchait de sa fenêtre et elle fit trois petits coups rapides, une longue pause et trois nouveaux petits rapides. « On part dessus ? » Demandait-elle en riant. La blonde sortait de sa chambre pour aller récupérer deux verres et une carafe. En revenant, elle vit Riley sur son lit encore stressé. Cette scène brisait le cœur de la blonde, elle aimerait tellement apaiser toutes ces blessures profondes. « Envoie un message à ta tante pour lui dire que t’es là, comme ça elle ne s’inquiétera pas si tu t’endors. » Il y avait très peu d’homme qui venait dans son lit, voir jamais. Mais Riely il avait tous les droits. Eve voulait simplement qu’il aille mieux. Elle s’asseyait en face de lui avant de le serrer dans ses bras. Ils restèrent ainsi plusieurs minutes et Eve caressait les cheveux de Riley dans un geste tendre. Puis enfin quand il était calmé, elle lui tendait le verre. Riley lui expliquait qu’il avait choisi ces nouvelles matières. « Oh mais tu m’étonnes … la criminologie. » Disait-elle avec un frisson. « Mais le prof il est sympa quand même ? » Demandait-elle après avoir pris une gorgée de son thé.

Eve était vraiment devenu quelqu’un d’important dans ta vie, tu la considérais comme une grande soeur qui ne voulait que ton bien. Tu savais que tu pouvais compter sur elle, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. C’est un peu pour ça que tu avais débarqué en pleine nuit pendant une crise de panique. Même si tu avais débarqué par la fenêtre, elle t’avait quand même accueilli chez elle. La blonde te proposait alors d’établir un code entre vous pour qu’elle n’ait pas peur la prochaine fois. « Ca me parait bien » dis-tu avec un léger sourire. Eve sortait de sa chambre pour aller chercher quelque chose à boire et elle revenait assez vite. Elle te prenait rapidement dans ses bras en revenant, voyant que tu étais toujours tétanisé. « Oui, c’est ce que je vais faire » dis-tu après l’étreinte de la blonde. Tu attrapais ton portable dans la poche de ton jogging pour envoyer un message à ta tante et qu’elle ne s’inquiète pas si tu n’étais pas là lorsqu’elle rentrait de sa soirée entre copine. Et surtout si tu t’endormais dans le lit de la jeune femme. Tu expliquais alors pourquoi tu avais fait une crise d’angoisse. Lié premièrement à ton nouveau cours que tu venais de choisir en option mais aussi aux terreurs et aux cauchemars que tu faisais encore sur ta mère et les violences qu’elle te faisait subir. « Pourtant ça me passionne » dis-tu avec un rire sarcastique. Oui, tu choisissais toujours les trucs les plus flippants en cours. « Oui, le prof est super sympa. C’est une super matière c’est juste que… j’étais pas préparée je pense » dis-tu en te grattant la nuque, nerveusement. Et surtout, ça a fait remonter des traumatismes, de voir des blessures comme celles qu’on te présentait en classe.

Riley et elle s’étaient liés très rapidement. Hormis l’après-midi où elle lui avait avoué la vérité, depuis ils étaient apaisés ensemble. Riley souriait et subissait souvent les câlins de la blonde. Riley c’était devenu presque son petit frère, celui qu’elle aurait dû protéger il y a des années. Depuis des semaines, elle ne parlait plus à son père, s’émancipant de cette famille toxique. Riley n’avait pas besoin d’eux de toute manière, ils n’avaient pas été là quand il avait le plus besoin. Il pouvait par contre venir déranger Eve ç n’importe quel moment de la journée ou de la nuit. Pour ce faire, elle prévoyait un petit code ce qui fit rire l’étudiant. « Parfait ! » Elle avait déjà oublié ce qu’elle avait fait, mais elle savait que quand elle entendra un toquement codés, il s’agirait de Riley. Il ne comptait pas rester, mais Eve lui proposait de prévenir sa tante. Si elle rentrait en ne voyant pas Riley, elle ne serait pas surprise sachant qu’il se trouvait quelques étages au-dessus. Avec les deux tasses de thé, Eve se posait dans son lit prête à écouter Riley. Il venait de commencer un nouveau cours, et ça n’étonnait pas Eve qu’il fasse des cauchemars, elle en ferait autant. « Vraiment ? » Disait-elle en riant. « Je trouve ça flippant ! » Elle buvait une gorgée de la boisson chaude. « Maintenant ça ira mieux vu que tu sais un peu ce qu’il t’attend. » Elle lui souriait rassurante. « Tu as appris quoi du coup sur les criminels ? » Demandait-elle. Ça lui faisait peur et pourtant elle avait quand même envie de savoir.

Maintenant que tu avais Eve dans ta vie, tu avais l’impression que plus rien ne pouvait t’arriver ou du moins, tu savais que quelqu’un était là pour te protéger et t’aimer. C’était pas avec ta foutue mère sur le dos que tu avais réussi à te faire des amis. Maintenant, c’était chose faite ici. Une fois que tu t’étais légèrement remis de tes esprits, vous aviez établi un code pour toutes les fois futures où tu viendrais par la fenêtre plutôt que par la porte d’entrée comme un humain normal. Ca t’avait fait légèrement rire, ce qui t’avait détendu l’espace de quelques secondes. Elle t’avait ramené un verre de thé glacé que tu t’étais empressé de boire, car tu avais assez chaud avec ton pull et ton jogging, ainsi que la chaleur extérieure. Et puis tu expliquais à Eve pourquoi tu faisais des cauchemars. « Je sais pas pourquoi ça me passionne » dis-tu en haussant les épaules. « Peut-être pour comprendre pourquoi ils font ça » ajoutas-tu. Tu pensais à ta mère, et la psychologie. Pourquoi agissait-elle comme ça ? Avait-elle subit elle aussi des sévices dans son enfance ? Enfin tout ce genre de question. Et puis tu ne voulais pas devenir comme eux, ces fous dangereux. « Pas grand chose pour l’instant. On nous parle des grands noms genre Ted Bundy ou Ed Kemper. Comment ils ont fait, pourquoi ils l’ont fait » commenças-tu simplement. « Mais j’avoue que sur certains trucs, j’suis pas trop à l’aise » terminas-tu avec un léger rire.

Elle était contente Eve de s’être autant rapprochée de Riley. Il était le petit frère qu’elle n’avait jamais eu. Le voir aussi angoissé par le fait d’être seul brisait le cœur de la blonde. Assis face à face de le lit, elle l’écoutait résumé ces derniers cours de criminologie. C’était quelque chose qui n’avait jamais donné envie à Eve. Parfois elle zappait sur une émission qui racontait l’histoire d’un serial killer, elle pouvait regarder mais ça s’arrêtait là. Elle qui aimait les films d’horreur et les films angoissants arrivaient à supporter ce genre d’émission mais ç’avait tendance à lui faire un peu peur. « Ok, je vois. » Disait-elle en souriant. « Je préfère cette réponse plutôt que tu me dises que c’est pour t’en inspirer. » Elle riait légèrement presque contente de cette blague un peu pourrie. Elle s’intéressait à la vie de Riley et c’était pour cette raison qu’elle lui posait toutes ces questions. « Ah mais je comprends tellement. Ça compte pour combien de ta note cette spécialité ? » Elle savait qu’à part la tante de Riley personne d’autre s’était soucié de lui. Eve voulait lui montrer qu’il comptait pour lui. « Tu veux faire quoi quand tu auras terminé tes études ? » Elle savait que parfois on faisait tout à fait autre chose que l’objet de ces études. C’était son cas à elle.

En venant à Bowen, tu avais trouvé une famille, une vraie. En plus de ta tante, tu avais trouvé en Eve quelqu’un de très important, et de très présent pour toi. C’était une belle petite famille que tu t’étais crée, ici, en Australie. Tu expliquais à Eve pourquoi tu avais choisi cette spécialité, et surtout qu’est-ce qui te passionnait dans la criminologie mais c’était une bonne question à laquelle tu ne savais pas trop quoi répondre. « Non quand même, ça me branche pas de tuer des gens tu vois » dis-tu en riant avec Eve. T’étais plus du genre à vouloir arrêter ces gens là plutôt qu’à en devenir un. Même si génétiquement, t’aurai pu en devenir un avec ton éducation bancale et ta mère affreuse. Elle se prenait vraiment au jeu, Eve, en te posant plein de question sur tes études. Et ça te faisait sourire de voir qu’elle s’investissait autant et qu’elle avait l’air de vraiment vouloir savoir. « C’est la moitié de ma note finale » dis-tu en réalisant à voix haute que c’était vraiment important comme matière. Mais bon, c’était ce que tu voulais, tu l’avais choisi. T’étais en deuxième année, bientôt en troisième et c’était que le début. « Je sais pas encore… mais bon j’pense rentrer dans la police ou devenir psy. C’est les deux trucs qui pourraient aller avec mes études » dis-tu en souriant.