I should have stayed at home (libre)

Libre

Encore une soirée à rentrer en marchant de travers. On aurait pu croire à un petit crabe saoul. Le Britannique arpentait les rues de Bowen en quête de son appartement. Tout juste sorti de boite, un peu débraillé et sentant encore l’alcool, il n’avait pas fière allure, mais un sourire béat trônait sur son visage en signe d’une soirée bien agréable. Le son des basses résonnait encore dans ses oreilles comme s’il était toujours en train de danser sur le dancefloor. Le souvenir des musiques bien gravé dans sa mémoire, il n’avait même pas eu besoin de s'équiper de ses écouteurs pour la marche. C’est d'ailleurs comme ça qu’il fut capable d’entendre un cri de détresse provenant d’une rue adjacente. De base, l’instinct du Londonien lui aurait conseillé de continuer sa route sans se prendre la tête pour s'éviter des malheurs, mais on est à Bowen et non à Londres. Il accéléra donc sa marche pour aller voir ce qui était en train de se passer à côté. “Vous allez bien ? Toujours vivant ?” Demanda-t-il en s’approchant d’une ombre clouée au sol. Dans la nuit bien noir il, il n’arrivait pas encore à discerner la personne, mais visiblement, elle venait de tomber. Il allait se pencher pour vérifier qu’elle était bien vivante quand un râle de douleur émana de la personne. Elle tenait son bras comme si celui-ci venait de se déboîter. En-tout-cas, c’est la conclusion qu’il en tirait, lui qui n’était pas médecin et surtout un encore saoul. “Attendez, je vais vous aider à vous relever et on va appeler les secours.” Expliqua-t-il avant de tendre sa main à la personne.

Tu avais encore passé trop de temps dans la boutique. Elle était fermée depuis plusieurs heures maintenant et tu étais concentrée sur un mécanisme tellement complexe que tu n'avais pas vu les heures défiler. En sortant, tu enfilais ton casque et tu attrapais ta trotinette pour rentrer chez toi. Ton logement n'était pas très loin, en moins de dix minutes tu serais vite au lit. Et a cette heure t'irais peut-être un poil plus vite parce qu'il n'y aurait pas un chat dans les rues. Pas de chat certes, mais un trou si grand que tu perdais l'équilibre quand ta trotinette arriva dessus et tu t'éclatais au sol en criant de toute tes forces. Personne ne viendrai sûrement, il était trop tard. Mais très vite tu entendis une voix masculine non loin de toi. « Faites attention, y a un nid de poule ! » Valait mieux prévenir parce que la rue n'était pas vraiment éclairée et tu n'avais pas envie qu'il prenne le risque de tomber lui aussi et de te tomber dessus si jamais. Il se penchait vers toi pour te donner un coup de main et en voulant lui tendre ton bras, un petit cri s'échappait de ta bouche. « J'suis tombée sur le bras, et j'ai plutôt mal.. » ajoutais tu avant qu'il ne tente quoique ce soit pour éviter qu'il ne te fasse plus mal en essayant de te relever. Alors qu'il était très près de toi, tu sentis l'odeur d'alcool émaner du jeune homme, lui semblait avoir passer une bonne soirée. « Mais j'sais pas si c'est pas moi qui devrait me faire du soucis pour vous ! » Un sourire amusé s'étirait sur ton visage tandis qu'il t'aidait a te remettre debout, tant bien que mal.

Le chemin du retour qui aurait dû se passer sans embûches, comme tous les autres soirs, pouvait parfois réserver quelques surprises. C’est comme ça que le Britannique se retrouvait dans une ruelle sombre en pleine nuit, pour aider une personne encore inconnue. À Londres, il n’aurait clairement pas été aussi téméraire que ça, surtout dans son état. Étant à Bowen, il risquait moins de tomber dans un guet-apens, alors la moindre des choses, c’était d’aller voir. Il tombait sur une jeune femme qui lui annonçait être tombée dans un nid de poule. Il fit donc attention en s’approchant, ce ne serait pas le moment de se casser une cheville. Il fronçait les sourcils comme si ça allait l’aider à y voir plus clair, mais sans succès. “Je vais faire attention, on va utiliser le bras qui fonctionne.” Dit-il en lui faisant confiance pour garder l’autre bras contre son corps. La petite remarque qu’elle fit ensuite sur son état lui arracha un petit rire. Au moins, dans la douleur, elle avait l’air de bien prendre les choses. “A deux, on devrait s’équilibrer.” Dit-il en riant. La blessée et le bourré, un bon combo ça. En l’aidant à se relever, il se concentra comme pas possible. Ça aurait été con de la faire tomber de l’autre côté par maladresse ou manque d’équilibre. En prenant leur temps, ils arrivaient à se mettre finalement debout tous les deux. “Ça va passer tu penses ? Ou tu veux que je t'accompagne aux urgences ?” Demanda-t-il en inspectant du regard son bras. Enfin inspecté, c’est un bien grand mot avec la lumière présente. Avec sa trotinette sur le sol, elle aurait peut être besoin d'aide aussi. “Enfin, c’est peut-être un peu bizarre de proposer ça, je peux juste appeler les secours si tu veux.” Ajouta-t-il en riant légèrement. Elle avait l’air d’avoir plus ou moins le même âge que lui, c’est pour ça qu’il se permettait de la tutoyer directement, sans trop réfléchir.

Le jeune homme évita le nid de poule et tu te sentais plus soulagée de le savoir lui aussi en sécurité. En remarquant que ton bras te faisait mal, il fit attention à ses mouvements pour te venir en aide. « Si la physique est bien faite, il ne devrait pas y avoir de raison. » Et on pouvait dire que c'était le cas, ou alors que même dans son état, il avait une bonne posture. Dans tous les cas, tu finissais sur tes deux jambes et lui aussi. Tout est bien qui fini bien. Dans la pénombre, tu sentais son regard se poser sur ton bras. Tu fis une petite grimace en le touchant une nouvelle fois de ton autre bras. « J'ai pas l'impression que ce soit cassé mais j'me suis sûrement froisser le muscle ou un gros bleu dû au choc. Je pense que je vais rentrer et j'irais voir un médecin demain si jamais ça ne passe pas. » C'est ce qui te semblait le plus censé, il était déjà si tard, tu n'avais pas envie de passer des heures aux urgences. Tu sentais la fatigue qui te gagnait maintenant que tu avais quitté ton job. Et puis il faudrait que tu upload ton enregistrement ce soir avant de te faire un post-it pour t'occuper de faire tes notes demain matin. D'ailleurs, tu attrapais ton dictaphone qui était rangé dans ta poche parce que tu l'avais coupé en sortant du magasin. Une fois dans ta main, tu constatais qu'il était cassé. « Oh non, j'crois que mon dictaphone est mort.. Merde ! Merde ! » La panique te gagnait d'un coup. Ce n'était pas le moment de le perdre. Même si tu en avais un autre d'avance chez toi, tu ne savais pas si tu pourrais récupérer la bande et c'était important parce que sinon c'était une journée entière de ta vie que tu allais perdre. Tu avais une bonne partie de ta journée en tête mais tu ne serais pas capable de te rappeler de tout. Et ton téléphone n'avait plus de batterie depuis longtemps alors tu n'avais même pas la possibilité de te faire un vocal.

Malgré le fait d’être tombée, la jeune femme face à lui semblait étonnamment de bonne humeur. Du moins, c’est comme ça qu’il le ressentait. Elle avait réussi à plaisanter un peu tout en étant clairement blessée. Au moins, ça le mettait à l’aise Kay. Elle aurait pu appréhender qu’un inconnu, saoul qui plus est, vienne à sa rencontre, mais le dialogue était fluide et bienveillant. “Si ce n’est pas cassé, c’est le principal.” Dit-il en souriant. La douleur devait tout de même être là, mais c’est toujours mieux que de passer la nuit aux urgences. Le Britannique se pencha à nouveau pour relever la trottinette de la jeune femme. De son côté, elle semblait inquiète pour son dictaphone. Il releva alors le regard vers elle, un peu perdu. Il ne s’attendait pas vraiment à ce genre de remarque. “Un dictaphone ? Y a des gens qui utilisent encore ça ?” Demanda-t-il avec un petit sourire amusé aux lèvres. S’inquiéter pour son portable ça lui aurait paru logique, un dictaphone par contre, c’était nouveau. Pour lui, quitte à enregistrer quelque chose, autant le faire sur son téléphone directement. Mais il sentait bien un peu de panique chez elle, alors il restait là à la regarder un peu circonspect. Sans trop savoir comment réagir. “C’est ton outil de travail ou quelque chose comme ça ?“ Demanda-t-il finalement en prenant conscience de la possible importance de l’objet. Ça paraissait étrange un peu de s’inquiéter plus d’un dictaphone que d’une épaule ou d’un bras en vrac. Après, il aurait certainement la même réaction s'il était tombé sur un objet important pour lui. Il n'était juste pas en état de relativiser là-dessus.

De parler avec le jeune homme venu à ton secours, te faisait oublier la douleur dans ton bras. C'était peut-être bon signe, tu le verrais demain matin de toute façon. Il allait s'occuper de récupérer ta trottinette tandis que toi tu fouillais ton sac à la recherche de ton dictaphone, qui n'allait pas bien. La panique te gagnait très vite, espérant que la carte mémoire n'était pas endommagé mais ça tu ne le saurais qu'une fois devant l'ordi. Tandis que l'inconnu semblait surpris de voir un tel objet. « A part les psys pour la retranscriptions ou les espions.. » Un sourire se dessinait sur ton visage et le ton de ta voix devenait mystérieux sur la fin de ta phrase. Tu n'étais pas une bonne menteuse mais tu savais faire planer le suspens. Mais ton regard rivé sur l'objet en piètre état te ramena vite à la réalité. « A vrai c'est plutôt ma mémoire, je perds la mémoire à court terme et sans ça, impossible pour moi de me souvenir de tout ce qui se passe dans une journée.. » C'était plutôt primordial pour toi depuis l'accident. La première fois que tu as dû les utiliser, tu étais obsessionnelle au point de devoir vérifier qu'il enregistrait bien plusieurs fois et d'en avoir deux au cas où. De vérifier sans cesse que c'était audible pour que le logiciel d'écoute puisse le retranscrire en fichier texte. Ce qui était un gros gain de temps pour toi. Puis avec le temps, tu es devenue un poil moins rigide sur ça. Tu connaissais les outils que tu utilisais, en tout cas, tu relisais le post-it te l'indiquant tous les matins. Comme un tas d'autres petits post-it qui te servaient bien au quotidien. Comme celui que tu feras ce soir pour te dire que si tu as mal au bras, c'est parce que tu es tombée de trottinette et que si tu ne peux pas bouger le bras, il faudra aller aux urgences. Mais pour le moment, tu étais encore loin d'être rentrée chez toi et de te coucher.  

C’était un peu lunaire cette situation. L’alcool encore bien présent dans les veines du Britannique l’empêchait certainement d’être le plus efficace dans ce moment, mais il avait le mérite d’essayer. Déjà, il tentait de comprendre pourquoi elle avait besoin d’un objet aussi archaïque qu’un dictaphone. Il était surpris du choix d’outil, mais il restait bon public et rigolait à la phrase de la jeune femme. “L’espionne qui se prend un nid de poule à trottinette, c’est cocasse” Dit-il en souriant. Autant dédramatiser un peu la situation. Il n’était pas en état de dire des choses intelligentes le british de toute façon. Déjà en temps normal, il avait tendance à rire de tout, alors là, si elle le lançait là-dessus, il ne pouvait que sauter sur l’opportunité. Par contre, il ne s’attendait pas à ce qu’elle lui expliqua par la suite. Il en restait légèrement bouche bée et un peu gêné pour elle. “Genre, ça part dès que tu t’endors ? Ou bien y a un moment où ça reset tout seul ?” Forcément, qu’il était curieux, il n’avait jamais rencontré quelqu’un avec une pareille condition. S’il n’avait pas autant d’alcool dans le sang, il aurait pu croire à une blague de la part de la jeune femme. Là, il lui donnerait le bon dieu sans confession. “Hum… Je peux te proposer de t’envoyer des vocaux avec mon portable si tu veux.” Dit-il sans trop savoir quoi faire pour l’aider. Ne sachant pas trop comment elle pouvait s’organiser, c’est bien la seule idée qui lui venait. “Ce n'est pas une technique bizarre pour choper ton numéro si jamais… Je veux juste aider.” Ajouta-t-il en riant. Il prenait conscience que cette proposition pourrait être interprétée de plusieurs manières.

Sa remarque te fit rire. Tu serais une bien mauvaise espionne, rien qu'avec tes problèmes de mémoires. Et puis pour peu qu'on t'assomme, qu'on brouille tes appareils électroniques et c'en était fini de toi. Tu préférais ta vie d'horlogère, bien cachée dans ton atelier, occupépe à comprendre les mécanismes minutieux et riquiquis. « Il faut croire qu'on a tous une faiblesse ! » Par contre ce sourire s'estompait dès lors que tu parlais de ta condition. Ce n'était pas quelque chose que tu dévoilais tout de suite en général parce que tu n'aimais pas après comment on pouvait te regarder. Et puis forcément ça donnait envie de poser des questions, de comprendre toutes les subtilités de ton trauma. Sachant que même toi, tu ne savais pas tout puisque les médecins ne savaient pas tout non plus. « C'est dès que je m'endors, mon cerveau ne traite plus les souvenirs de la journée et ils disparaissent. C'est assez complexe à expliquer je l'admets. » Tu haussais doucement les épaules, raconter tout ça ne t'avançait pas beaucoup dans la résolution de ton problème. Mais lui semblait avoir une idée, te faire des vocaux qu'il t'enverrait sur ton téléphone pour que tu puisses avoir des infos et que tu puisses dormir plus sereinement ce soir. Très vite il justifiait se proposition et tu te mis une nouvelle fois à rire. C'était charmant de te prévenir qu'il n'était pas rempli de mauvaises intentions. Tu étais loin de te méfier, après tout, il était venu te donner un coup de main malgré son état d'ivresse et il n'avait rien fait ou dit pour que tu sois méfiante. « L'idée ne m'a pas traversé l'esprit une seule seconde tu sais. »  Tu connaissais les outils que tu utilisais, en tout cas, tu relisais le post-it te l'indiquant tous les matins. Comme un tas d'autres petits post-it qui te servaient bien au quotidien. « Mais je veux bien pour les vocaux, ce sera toujours mieux que de faire une nuit blanche pour tout retranscrire ! »  Cela t'était déjà arrivé par le passé et si tu pouvais éviter ce serait mieux, après ça risquait de décaler ton rythme et te forcer à faire une sieste. Ce que tu évitais au maximum. Tu attendais qu'il sorte son téléphone pour lui donner ton numéro et préparer les vocaux.

C'était un peu improbable ce moment, mais ça amusait un peu le Britannique. Du moins la discussion sur l’espionnage amusait Kay, pas nécessairement la chute de la jeune femme et encore moins sa condition qu’elle expliquait juste après. Il restait assez surpris, surtout avec l’alcool présent dans son système. Cette information sur la perte de mémoire, ça le fascinait un peu. “Oh merde ! Ça ne doit pas être facile à vivre…” Dit-il un peu choqué par ce reboot du cerveau. “Au moins, tu peux faire abstraction de certaines choses si t’as envie.” Ajouta-t-il en riant. Son état du soir le rendait sûrement un peu insensible, même oublier les mauvais moments ça ne devait pas être évident. Ce n'est pas forcément le plus à l’aise avec les mots le Britannique, il avait donc du mal à savoir quoi lui dire à cet instant. La seule idée qui lui venait, c’était de prêter son téléphone pour qu’elle puisse au moins s’envoyer des notes. Ça lui ferait peut-être gagner du temps avant sa nuit. “On sait jamais, je ne sais pas qui t’as croisé avant.” Dit-il en riant après qu’il se soit dédouané de toute mauvaise intention. On ne sait jamais quel genre de personne ont pu croiser les gens avant, il pourrait aussi bien être ce genre de gars qui cherche à avoir le numéro des filles sous n’importe quel prétexte. Ça le répugnait un peu cette idée. Il y a de bien meilleures techniques de drague, celle-là n'en était clairement pas une bonne. Dans tous les cas, il préférait qu’elle se sente à l’aise avec lui, c’était donc mieux de prévenir que de guérir. Elle acceptait ensuite son aide, il sortit donc son téléphone et le déverrouilla pour le lui donner. “Tiens, prends le temps qu’il te faut.” Dit-il en souriant. Il s’éloigna de quelques pas, trottinette à la main pour lui donner un peu d’intimité. Le temps qu’elle s'envoie tout ce qui était nécessaire, il se pencha sur son moyen de transport, comme s’il allait être capable de réparer quoi que ce soit dans son état. Rien ne lui semblait abîmé, c’était donc plus physique pour elle que matériel. Quand elle eut fini, Kay lui adressa un nouveau sourire alors qu’elle arrivait à sa hauteur. “Tout est bon ? T’as besoin d’aide pour rentrer ou ça va aller ?” Demanda-t-il, maintenant qu’il avait commencé à aider autant le faire jusqu’au bout si elle a besoin.

Un sourire s'étirait sur ton visage en l'entendant te dire que ce ne devait pas être facile à vivre. En effet, ce ne l'était pas, mais tu estimais que ça allait, parce que tu n'avais pas perdu toutes tes connaissances et que tu étais toujours capable de travailler, de vivre et de profiter. « Je l'oublies chaque matin et je le redécouvre à chaque réveil mais je ne peux pas vraiment me plaindre ! » Parce qu'après tout tu étais encore en vie. Alors certes ce n'était pas très drôle d'ouvrir les yeux, d'avoir la sensation de revivre l'accident par moment et de devoir lire des dizaines de post-it pour comprendre quel jour on est, ce qu'il s'est passé d'important dans ta vie. De te dire que sur l'année écoulée depuis l'accident, tu ne pouvais lire que ce qu'il s'est passé depuis le début de la semaine parce que tu ne pouvais pas lire ce que tu as vécu depuis un an. Ce serait bien trop long et ça prendrait encore plus de temps à mesure que la vie avance. « Je suis peut-être trop optimiste mais si tu me voulais du mal, tu serais sûrement passer à l'action. » A moins d'être le genre de pervers qui fait croire que tu peux lui faire confiance pour bien te planter plus tard. Même si l'alcool avait souvent pour effet de faire dire/ou agir les gens sous son infuence. Mais bizarrement, tu ne te sentais pas du tout en danger. Peut-être que la fatigue avait endormie tes sensations. Quoiqu'il en soit, il te tendait son téléphone et ce n'était toujours pas un geste dangereux pour toi. Il s'éloignait alors un peu plus loin tandis que tu t'envoyais quelques vocaux rapide par WhatsApp, il pourrait toujours les écouter s'il le désirait mais il n'y avait rien de très fou juste un rapide résumé de ta journée et de ta rencontre avec lui. « Je crois que je suis pas trop mal, tu me sauves la mise ! » Un nouveau sourire se dessinait sur ton visage tandis que tu t'approchais de lui pour lui remettre son téléphone et récupérer ta trottinette en échange. « Si je peux te rendre la pareille un jour, ce serait un plaisir pour moi, sache le même s'il faudra sûrement que tu me rafraichisses la mémoire avant ça ! » Un petit rire s'échappait de ta gorge. Dommage qu'il fasse trop noir et que la nuit était déjà si avancée, sinon tu aurais pu faire un portait du jeune homme qui t'avait vraiment sauvé la vie ce soir. Tu aurais sûrement l'occasion de le recroiser, mais tu n'en saurais juste rien. Et c'est là que tu réalisais que c'était vraiment nul comme condition. « Je n'ai presque plus mal, ça devrait aller pour moi. Et toi ça va aller ? » Tu étais soucieuse pour lui également puisqu'il était arrivé dans un état d'ébriété plutôt avancé et même s'il tenait bien le coup, tu ne pouvais t'empêcher de t'inquiéter de le savoir seul dans les rues où des nids de poule pouvaient vous surprendre.

La condition de la jeune femme était des plus étonnantes. Encore plus quand il est bien tard dans la nuit et qu’on a de l’alcool à fond dans le corps. C’est peut-être aussi cette condition qui lui permettait d’y croire sans broncher. Il restait légèrement bouche bée en entendant ses mots, un peu secoué par la difficulté que ces pertes de mémoire fréquentes. “Un peu comme moi demain matin… Mais tous les jours…. Wow” Bon, il avait eu de la présence d’esprit jusque-là, mais dans son état, il ne fallait pas non plus lui demander trop de paroles censées. Le peu de neurones qui se touchaient dans son crâne à ce moment-là étaient focus sur comment l’aider et comment ne pas passer pour un mec lourd qui profite de la situation. Il riait à sa remarque avant de lui tendre son téléphone. Elle marquait un point, il aurait pu passer à l’action bien avant s’il était mal intentionné, mais ce n’est pas non plus comme s’il avait les meilleurs réflexes du monde. En-tout-cas, il lui laissait un peu d’espace pour qu’elle puisse s’enregistrer en paix. En attendant, il jouait un peu avec une de ses bagues, ayant le niveau d’attention d’un enfant de cinq ans. Il allait même jusqu’à observer avec attention le jardin d’une des maisons avant qu’elle ne le sorte de ses pensées. Un grand sourire prenait place sur son visage, bien content d’avoir servi à quelque chose. “T’as parlé de moi dans ton truc ?” Demanda-t-il en riant, puis, il remplaça son téléphone dans sa poche en lui tendant la trottinette. Un nouveau rire s’échappa de ses lèvres alors qu’elle parlait d’une possible situation inversée. “Je tâcherai de m’en souvenir, mais c’est pas dit non plus.” Avoua-t-il avec un grand sourire amusé sur le visage. “On fait la paire ce soir, je crois.” Bon, pour le coup, lui, c’était bien de sa faute si tous les détails de la soirée allaient devenir flou. Elle, elle n’avait rien demandé. “Oui, ça va aller, j’ai l’habitude.” Dit-il finalement, alors qu’ils s'apprêtaient à partir chacun de leur côté. Cette route, il l’avait parcouru maintes fois, dans des états bien plus critiques, il allait reprendre son chemin bien normalement. “T’as mon numéro maintenant, s’il se passe quoi que ce soit sur le chemin, n’hésites pas à m'appeler.” Il y a des chances pour qu’il soit bien plus long à rentrer, la route n’étant pas droite, il pourrait bien faire demi-tour au besoin.