Rencontre surprenante • Ruth & Julian

Une nouvelle journée venait de s'écouler et le même questionnement revenait à l'esprit de notre cher Julian : que faire ce soir ? Vagabonder dans les rues ? Il n'en avait pas envie. Pour une fois, il avait besoin de voir du monde. Un grand pas en avant quand on savait à quel point le jeune homme s'était renfermé sur lui-même. Un petit tour au bar de la plage ? Voilà qui pouvait être intéressant. Après avoir pris une douche bien fraîche, il opta pour un jean et un t-shirt noir, col en V. Simple et classe à la fois. Une touche de gel dans les cheveux, un peu de parfum et le tour était joué. Il attrapa sa béquille, son porte-feuille qu'il glissa dans la poche arrière, son téléphone portable et quitta l'appartement.

Vu qu'il lui était encore interdit de prendre la voiture, il limitait au maximum ses déplacements. Mais heureusement, la plage n'était pas loin. Bon point. Une fois arrivé, il entra dans le bar, ses yeux verts balayant alors l'ensemble de la salle. Il y avait du monde. Beaucoup de monde. Mais ses yeux s'attardèrent sur une seule jeune femme, près du bar. On ne pouvait la rater. C'était comme si chaque homme se devait de la regarder au moins une fois. Cette femme, il la connaissait. Et bien même. Ruth. Il ne l'avait pas revu depuis un moment. Un an au moins, si ce n'est plus. Et comme toutes les autres, il ne l'avait pas appelé quand il était revenu à Bowen après ses opérations du genou. Appuyé sur sa béquille, il s'approcha d'elle et lança, d'un ton suave bien surjoué :

Excusez moi mademoiselle, mais j'ai une putain d'envie de vous offrir un verre tellement vous êtes jolie. Je sais, dis comme ça, je dois vous faire peur, mais je vous jure que je suis quelqu'un de tout à fait normal.

Mais à ce moment, il posa son regard sur le verre qu'elle avait en main et haussa des épaules.

Tu viens de briser mon sketch de lover à deux balles, zut alors.

C'est là qu'il afficha ce sourire en coin, taquin, qu'il savait si bien manier. Bien évidemment, Julian était bien loin de ces lourdingues qui sortaient des phrases toutes faites, mais là, il savait avec qui il pouvait le faire. Elle le connaissait bien. Et elle savait qu'il n'était pas du genre à lancer de simples "oh salut, ça va ?". Il jeta un oeil vers le siège près d'elle.

Je peux ?

Autant s'assurer qu'elle soit seule hein...

C'était des rencontres comme celle-ci qui poussaient ce cher Julian à sortir de son appartement. Il pouvait passer des heures et des heures avec des personnes comme Ruth. Elle était ce genre de femme enjouée, joyeuse, qui donnait l'impression que rien ne pouvait atteindre. De quoi booster le jeune homme. A sa première question, il haussa des épaules et dit, d'un ton peu convaincu :

Oh, Bowen me manquait trop ! - Quand elle se leva pour le prendre dans ses bras, Julian lui rendit son étreinte, un sourire sur les lèvres - Moi aussi, ça me fait plaisir.

Il ne pouvait le nier, revoir tout le monde lui faisait un bien fou. Quand il lui demanda s'il pouvait s'installer à ses côtés, un nouveau sourire apparut sur ses lèvres à sa réponse. Bah, elle pouvait très bien être accompagnée ! Alors qu'il se hissa sur le tabouret, Ruth apporta son aide. Bien sûr, cela toucha l'ego de Julian, mais il ne répliqua rien, parce qu'elle était une amie et que cela partait d'une bonne attention. Il posa ses yeux verts sur elle et éclata de rire à ses paroles.

Que veux-tu, je suis en quelque sorte un chevalier servant ! Mais si tu veux, je peux jouer le mec étrange aussi. J'ai pleins de répliques de drague foireuses sous le coude, hein !

Par la suite, quand elle lui proposa de lui offrir un verre, le taquinant sur le fait qu'il était arrivé un peu trop tard, Julian se contenta de hausser les épaules, nonchalamment.

Je me rattraperai. La prochaine tournée, elle est pour moi !

Il lui adressa un sourire et quand le barman s'approcha pour prendre la commande, Julian opta pour le cocktail habituel. Il se retourna ensuite vers Ruth et l'observa un instant : elle n'avait pas changé. Toujours aussi rayonnante. Mais il sortit très rapidement de ses pensées, quand, à l'instar de tous les autres, elle lui reprocha le manque de nouvelles, ajoutant, citons-la un "Essaie pas de te faire pardonner, il en faudra bien plus que ça". Un léger sourire s'afficha sur les lèvres du jeune homme.

Pfffff... de toute façon, je sais que tu finiras par me pardonner ! Il lui lança un regard taquin, avant d'ajouter, sur un ton plus sérieux : Je sais que j'aurai dû t'appeler, mais avec ce qui m'est arrivé au genou, je n'avais pas forcément la tête à voir du monde ces derniers temps. Mais on va dire que ça va mieux, maintenant... Et sinon, quoi de neuf pour toi ?