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↳ personnages attendus

Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.

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 you’ll be my bluebird returning -r.

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Woody Rutkowski
Woody Rutkowski
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MessageSujet: you’ll be my bluebird returning -r.    you’ll be my bluebird returning -r.  EmptyJeu 13 Aoû 2015 - 0:04

Les mois passaient mais la passion, elle, demeurait. À chaque fois que j’ouvrais la porte sur son joli minois, mon cœur se tortillait dans ma poitrine et un sourire niais se dessinait sur mon visage. La présence de Sara égayait toujours plus mes journées, et encore plus mes nuits. Dormir dans ses bras m’était devenu un cadeau, un moment de pur bonheur que je n’aurais jamais pensé vivre avec la même femme à toutes les fois où je me laisser aller aux bras de Morphée. Pendant tant d’années j’avais cru que cette joie excitante ne se trouvait que dans le plaisir de goûter à une nouvelle peau à chaque soir. Je me mentais à moi-même. Je mentais à Sara. Je mentais à tout le monde. Je n’étais certainement plus le même Woody que j’étais il y a de cela un an si je pensais maintenant de cette façon-là. Probablement était-ce pour le mieux.

Qui dit nouveau Woody, dit nouveaux départs dans plusieurs sphères de ma vie. La partie amoureuse de mon existence avait bien sûr été la première à être chamboulée de par le retour de ma meilleure amie. Je me casais pour de bon. Je cessais de butiner de fleurs en fleurs. Je me posais et je restais là, juste parce que j’y étais trop bien pour repartie. Et je ne voulais pas repartir, de toute façon. Ma sphère professionnelle avait elle aussi prit une autre tournure. C’était officiel depuis quelques semaines, j’avais ma propre clinique de physiothérapie, à moi et moi seul. Pas d’associé, pas de patron, rien que moi et quelques physiothérapeutes que j’avais engagés pour pouvoir accueillir un maximum de patients. Elle était située tout près du centre-ville sur une rue tranquille, j’étais au deuxième étage d’un immeuble loué par des professionnels de la santé. Psychologue, orthophonistes, audiologistes, sexologues, etc. J’étais le tout dernier ajout à leur palette de services. Sur l’enseigne au bord de la rue, on voyait le nom de ma clinique, Clinique de physiothérapie Rutkowski. Il fallait bien que mon nom y soit ! Et je n’aimais pas les noms loufoques, je préférais aller droit au but. C’était ce que j’étais. Maintenant, autre changement à ajouter à la liste, auquel Sara avait déjà eu quelques semaines pour s’habituer : fini les cheveux longs. J’arborais depuis près d’un mois déjà une coupe de cheveux bien courte, ce qui faisait un énorme changement dans ma vie puisque j’avais ma longue tignasse depuis le lycée. J’avais eu envie de me sentir comme un homme nouveau, parce que c’était bien l’effet que Sara avait eu sur moi : elle m’avait fait renaître.

Aujourd’hui, la dernière phase de ma reprise en main, si on peut dire, mais surtout la prochaine grande étape dans ma vie avec Sara, venait d’arriver. Elle posait enfin ses valises dans mon petit condo, notre nouveau nid d’amour. J’avais attendu ce moment depuis tellement longtemps. Cela faisait déjà plus de trois mois que ma demande formelle avait été proposée à son égard. Sara, sur le moment, avait décliné l’offre, préférant remettre de l’ordre dans sa vie avant de tout repartir. Maintenant que le divorce était sur la table entre Jamie et elle, elle avait sans doute décidé qu’il était temps d’aller de l’avant avec moi. Pour mon plus grand plaisir.

Je fermai la porte de la valise de ma voiture avec mon coude, tenant une grosse boîte de carton plutôt lourde et dont le fond menaçait de s’effondrer dans mes mains. Je me dirigeai à tâtons jusqu’à la porte ouverte de mon condo et je déposai la boîte au sol, découvrant Sara dans la cuisine qui passait à l’eau et au savon quelques instruments de cuisine et morceaux de vaisselle qu’elle avait tenu à amener avec elle. « Bon. C’était la dernière de ce voyage-là. On devrait commencer à défaire quelques boîtes avant de retourner chercher les autres chez tes parents, pour faire de la place un peu ! » Proposais-je à mon amoureuse. Heureusement que je n’étais pas du genre à trop dépenser et à remplir mon logement de trucs inutiles, sinon jamais Sara n’aurait pu déménager toutes ses affaires. Je me demandais déjà comment nous allions pouvoir tout ranger.  

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MessageSujet: Re: you’ll be my bluebird returning -r.    you’ll be my bluebird returning -r.  EmptyMar 1 Sep 2015 - 12:49


Lost and insecure, you found me
Il fallait s’y faire, la vie de Sara avait changé, du tout au tout, depuis quelques mois. Elle s’était vu retourner dans la ville qui l’avait vu grandir et peu à peu dépérir en se rendant compte que tout foutait le camp. Cette vie qu’elle s’était construit petit à petit, année après année, elle l’avait vu se démanteler d’un coup, alors qu’elle avait cru sa dernière heure venue lors du crash d’avion. Et pourtant elle avait survécu, c’était peut-être le plus dur au départ. Comprendre qu’elle était toujours vivante, survivante dans un pays dont elle ignorait tout, durant une année entière, puis retourner sur le sol Australien et ne plus avoir aucun repère, comprendre que son mariage ne valait plus rien mis à part la signature en bas d’un bout de papier et une robe de marié encore suspendue dans sa chambre d’adolescente. Elle avait dû retourner chez ses parents et se faire au fait qu’elle serait pour longtemps regardée de travers dans la rue. Et puis, dans toute cette grisaille il y avait eu Woody, la surprise, l’inconnu qui fait peur mais qui rassure en même temps, le rayon de soleil qui lui avait redonné espoir, l’ami, l’acolyte, qui devient complice d’un bonheur nouveau et bientôt amant dont elle ne pouvait se détacher.
Et très rapidement la question d’une possible vie à deux avait été posée par le jeune homme très épris de sa belle mais surtout désireux de ne plus perdre de temps. Les cartes étaient alors entre les mains de la brune qui devait mettre de l’ordre dans sa vie et surtout, mettre les choses au point avec Jamie, son mari… Aujourd’hui elle allait débuter une nouvelle vie, elle avançait, enfin, main dans la main avec Woody, s’apprêtant à partager sa vie.

Un mois plus tôt – chez Woody

Sara posa son sac à main dans l’entrée, elle était épuisée vidée, sa vie venait de basculer, pour un avenir meilleur, certes, mais c’était une nouvelle étape et pas des moindres. Elle revenait d’un rendez-vous avec Jamie, elle avait pleuré, son cœur s’était serré, ils avaient parlé de séparation mais aussi d’espoir, de renouveau, de futur, l’un sans l’autre mais heureux. Elle se serra dans les bras protecteurs de Woody et se laissa aller à une dernière salve de larme, des pleurs qui lui faisaient du bien, que le jeune homme comprendrait, elle l’espérait. « C’est fini. » Il lui demanda si elle allait bien, si elle était sure d’avoir pris la bonne décision et la jolie brune leva ses yeux humides vers son nouvel amour et lui sourit de la façon la plus tendre. « Je sais que tu es celui dont j’ai besoin, celui que je veux à mes côtés, je sais qu’on a tous les deux besoin de l’autre alors oui. Je suis sure. Laisse-moi le temps de tout remettre en ordre, d’annoncer la nouvelle à mes parents et fais-moi une petite place chez toi en attendant, j’arrive, bientôt. » Elle l’embrassa comme pour sceller sa promesse avant de reporter son attentions sur ses cheveux fraichement coupés. « J’aime beaucoup tes cheveux courts, on voit mieux tes yeux ! »


Alors qu’elle chargeait l’un des derniers cartons dans sa petite voiture, elle sourit en voyant que sa mère avait emballé bien précieusement une photo qu’elle avait fait mettre sous cadre, un cliché qui datait d’il y a une dizaine d’années, représentant Woody et Sara, adolescents, posant fièrement main dans la main, finalement la nouvelle n’avait pas été si difficile à annoncer…

Un mois plus tôt – domicile parental

Sara s’avançait à pas feutré dans la cuisine où sa mère préparait les pancakes du dimanche, tradition familiale immanquable, le goûter en famille était signe de réunion, de joie de vivre ensemble, de partage. Elle observait sa mère alors qu’elle venait de s’adosser à l’embrasure de la porte, n’osant pas aller plus avant, une boule au ventre et les mains qui tremblaient. Elle la regardait effectuer ces gestes qu’elle connaissait par cœur, c’était un instant de calme rassurant avant la grande annonce. Sans se retourner c’est sa mère qui amorça la discussion, le plus naturellement du monde.
« -Lorsque tu viens me regarder cuisiner c’est que tu as quelque chose à me dire. Je te connais par cœur Sara.
-Tu me connais trop bien c’est vrai…
-Ne reste pas plantée là, va me chercher une goutte de rhum, ça parfumera la pâte.
Et la jeune femme, telle la petite fille de cinq ans de ses souvenirs, s’exécuta, pleine de bonne volonté. Elle versa l’alcool dans la préparation, pas trop, juste ce qu’il fallait. –Jamie et moi on va divorcer, on a pris notre décision.
Sa mère hocha la tête, sans rien ajouter, la femme qu’elle était avait déjà compris depuis bien longtemps que ce mariage ne tiendrait pas. Elle laissa sa fille poursuivre, l’encourageant d’un regard empreint de tendresse.
-Je crois… enfin j’… j’ai quelqu’un d’autre dans ma vie. Elle rougit doucement, la confidence n’était pas son fort, pourtant elle devait le dire.
-C’est une bonne nouvelle, enfin j’espère. Tu comptes nous le présenter ?
-En fait… vous le connaissez déjà. Elle grimaça, craignant la réaction de sa mère. –C’est Woody.
La blonde sourit, sans trop en faire, elle se retenait, la nouvelle était surprenante, mais pas tant que ça finalement. –Vous avez toujours été fait l’un pour l’autre Woody et toi. Il fallait juste un peu de temps pour que tu t’en rendes compte ma chérie.


Cette conversation avait ragaillardi notre brune toujours prise par les doutes et les peurs d’une vie nouvelle. Toute la famille avait accepté la nouvelle avec joie et même le fait qu’elle quitte le domicile familial n’avait pas causé plus de vagues que ça, une page se tournait, on la savait heureuse à nouveau et c’était le principale pour ses proches, même Keera était contente pour sa sœur, elle lui avait simplement fait promettre de ne jamais lui fermer sa porte et de toujours être disponible pour elle. Cela coulait de source pour la grande sœur protectrice que Sara était. Le plus difficile, finalement, avait été d’affronter le regard de Jamie le jour où elle était venu chercher le peu d’affaires qu’elle souhaitait récupérer dans leur ancien nid d’amour, retourner dans cette maison qui n’était plus la sienne, empaqueter ses quelques affaires, tout cela en annonçant à son futur ex-mari qu’elle aménageait avec Woody, c’était comme une sorte de trahison, remplacer un ancien amour par un nouveau, si rapidement. Pourtant le jeune homme n’avait pas bronché, lui souhaitant même d’être heureuse dans sa nouvelle vie. Etaient-ils prêts à devenir des amis, peut-être pas, mais il n’y avait pas d’animosité entre eux, c’était déjà beaucoup.
Elle ferma son coffre et serra sa mère dans ses bras. « Promis, une fois que je serais bien installée, vous viendrez diner… à la maison ! » Et puis elle prit la route. Woody avait déjà rempli sa propre voiture, il n’y avait pas tant d’affaire que ça, pas de gros meubles, pas d’électro-ménager, mais la jeune femme avait finalement suffisamment de cartons pour faire un déménagement digne de ce nom.

Arrivée devant chez le brun, devant son nouveau chez elle, elle allait devoir s’y faire, Sar pris le temps d’observer un peu l’environnement. Elle le connaissait par cœur, elle y avait passé un temps fou, dans le petit parc en bas de l’immeuble, à la boulangerie au coin de la rue, dans l’appartement, bien entendu, mais c’était pourtant comme si elle le découvrait à nouveau, cet environnement familier lui apparaissait sous un nouveau jour. Elle sourit, elle savait qu’elle se sentirait bien ici. Et puis elle s’attela à prendre un carton et à l’acheminer jusque dans l’appartement. Au bout de quelques aller-retour, Sara se posa un instant, un carton de vaisselle s’était renversé, rien de cassé mais c’était l’occasion pour elle de commencer à ranger un peu. La brunette entreprit donc de nettoyer ce qui s’était déversé sur le sol lorsque Woody arriva. « Oui on devrait se calmer un peu en effet, on a même plus de quoi circuler… et ma voiture n’est pas encore totalement déchargée. » Mais dans le fond elle s’en faisait pas, ils arriveraient à tout caser, quitte à faire un tri dans les affaires de la belle et de se débarrasser de choses futiles, dans le fond ça n’était que du matériel.
Elle attrapa un chiffon au passage pour s’essuyer les mains avant de s’avancer vers son grand brun. « J’aurai droit à mon nom sur la boite aux lettres ? » Elle se cala contre son torse protecteur. « Je vais reprendre mon nom de jeune fille, même si le divorce n’est pas encore prononcé, Marshall ça n’a jamais rimé à rien finalement. » Et elle avait raison. Sara portait ce nom depuis son mariage, pourtant elle n’avait jamais vécu en femme mariée et même si tous les papiers officiels la décrivaient comme madame Marshal, elle se sentait mal à l’aise avec ce nom qui sonnait faux.

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Woody Rutkowski
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MessageSujet: Re: you’ll be my bluebird returning -r.    you’ll be my bluebird returning -r.  EmptySam 12 Sep 2015 - 20:26

Un mois plus tôt, chez Woody ; J’avais tellement attendu ce moment durant lequel Sara allait mettre les points sur les i avec Jamie. Décider de ce qui se passerait entre eux, et surtout de ce qui ne se passerait pas. Tous ces vœux prononcés un an plus tôt envolé avec les cendres de leur amour perdu dans ce crash d’avion. Je me savais égoïste d’attendre ce jour comme un gamin attend la nuit de Noël pour surprendre le Père-Noël descendant de la cheminée. Je me savais impatient et injuste de parfois pousser Sara vers cette voie, par de simples commentaires qui lui mettaient l’idée en tête et qui lui montraient que moi, j’étais prêt à avancer plus vite. Bien sûr, je n’étais pas un monstre et depuis ces quelques mois passés ensemble dans le plus grand des secrets, j’avais su être une oreille et une épaule pour ma meilleure amie. Sauf que j’avais aussi mes envies, mes besoins, et vivre une seconde de plus cette idylle dans l’ombre ne me semblait plus possible. Rassurez-vous, si Sara était allée parler à Jamie aujourd’hui, ce n’était pas que pour moi. Que pour me satisfaire. Elle aussi, elle était rendue là. Du moins, c’est ce qu’elle m’avait dit.

Mais de la voir, là, devant moi, en pleurs. J’aurais préféré qu’elle ne lui parle jamais d’une séparation. Je la pris dans mes bras, je lui demandai si elle allait bien – peut-être était-ce des larmes d’un trop-plein d’émotions. Peut-être aussi était-ce pire. Je lui demandai donc également si elle était certaine d’avoir pris la bonne décision. Sait-on jamais. Une rencontre aussi émotive avec Jamie aurait pu réveiller en eux des sentiments qu’ils pensaient perdus à tout jamais. Sara me rassura, m’assurant que non, que j’étais celui dont elle avait besoin. Pas Jamie. Je souris, essuyant les larmes qui roulaient encore le long de ses joues. Elle m’annonça, pour mon plus grand bonheur, qu’elle poserait bientôt ses valises ici. Chez moi. Chez nous. « Ta place est déjà faite. Et elle n’est pas petite. Elle fait toute la grandeur du logement. » J’avais souris davantage et je l’avais embrassée aussi, l’approchant de moi de mes mains posées sur le bas de son dos.

Maintenant ; Je rigolai en remarquant après coup que Sara était en train de ramasser de la vaisselle au sol. « Et c’est déjà commencé !! Rappelle-moi de mettre sous clés mes objets cassants ! » La taquinais-je. Entre les deux, Sara avait toujours été la plus gaffeuse, la plus maladroite. Disons que ce n’était pas la catastrophe, mais quand même, le fait qu’elle ait renversé ce carton n’était pas une grande surprise. Une fois le carton remis en ordre, Sara se releva alors que je posais ma dernière boîte au sol. Chiffon à la main, elle s’avança vers moi et se cala contre mon torse, me demandant si elle aurait son nom sur la boîte aux lettres. J’entourai mes bras autour d’elle, la serrant contre moi, et posant mon menton contre le dessus de sa tête. « Euh. Non. J’aimerais bien avoir le monopole sur tout, ici. » Elle s’éloigna un peu juste pour me lancer un de ces regards, et j’éclatai de rire. « Tu pourras avoir tout ce que tu veux, mon amour. (…) Enfin, en autant que tu n’abuses pas !! » Parce que je savais bien que si je disais qu’elle pouvait tout avoir, Sara allait – à la blague – me revenir là-dessus.

La jeune femme m’annonça alors qu’elle allait reprendre son nom de jeune fille malgré que son mariage fût techniquement encore actif. J’hochai la tête, compréhensif, la regardant avec un mince sourire rassurant. Puis, un petit sourire espiègle se dessina sur mes lèvres. « Oui, comme ça au moins c’est un pas de plus vers le Mme Rutkowski. Sara Rutkowski, ça, ça rime à quelque chose, non ? » Blaguais-je. Il n’avait jamais été question de mariage dans nos discussions. C’était si loin pour Sara. Si tôt, si loin, en fait. Même pas divorcée qu’elle devrait avoir à songer à ce que nous ferions dans quelques années ? Non, quand même. Et puis, rien n’urgeait. Sauf qu’en blaguant à ce sujet, je n’avais pas pensé au fait que Sara pourrait peut-être me prendre au sérieux et ressentir de la pression ou un truc dans le genre. Je regrettai rapidement.
 

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MessageSujet: Re: you’ll be my bluebird returning -r.    you’ll be my bluebird returning -r.  EmptyMar 6 Oct 2015 - 10:59


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Sara était maladroite, elle le savait bien, elle l’avait toujours été, mais peut-être que les séquelles de l’accident lui avaient fait perdre quelques réflexes, peut-être que ses mains ainsi que tout son corps n’étaient plus aussi solides qu’avant. Elle avait passé des mois alitée, elle avait perdu une bonne partie de ses muscles déjà peu développés, il aurait fallu qu’elle se motive pour faire du sport, au moins un peu histoire de retrouver de la force et aider son corps à se protéger, mais pour l’instant c’était trop difficile, Sara n’avait aucune envie de se retrouver à la salle entourée de bodybuilders bien plus balaises qu’elle, c’était encore au-dessus de ses forces. Peut-être devrait-elle demander des séances de yoga à Woody après tout… ça serait un bon début, mais pas aujourd’hui, pour l’heure elle avait d’autres choses en tête, elle allait devoir aménager et se faire sa place dans le nid déjà bien douillet de son amoureux, y apporter sa touche féminine sans trop envahir son espace. Ça lui faisait peur mine de rien, parce qu’elle débarquait dans sa vie, telle une petite révolution elle venait chambouler son quotidien d’homme célibataire depuis des années, celui qui n’invitait jamais une fille plus d’une nuit dans son lit par le passé la laissait entrer dans son univers, elle en était ravie mais avait peur de mal faire. « Ne te moque pas de moi s’il te plaît, j’ai déjà suffisamment honte ! » Elle se retournait avec une moue boudeuse avant de lui sourire de toutes ses dents et de venir se blottir contre lui avant de poser la question de son nom sur la boite aux lettres.

La réponse de Woody, bien que répliquée avec humour, offusqua faussement notre brunette. « J’espère bien que je pourrais tout avoir, je veux avoir le monopole Rutkwoski, qu’on se le dise, je suis celle qui a mis le grappin sur le célibataire le plus convoité de la ville ! » Elle rit à son tour mais en un sens elle n’avait pas tort. Bon nombre de femmes avait essayer de calmer Woody, de le changer, presque chacune de celles qui se retrouvaient dans ses bras avait l’espoir secret qu’il se pose enfin et que ça soit avec elle, mais il les renvoyaient à chaque fois, inlassablement, comme s’il avait peur de se faire mettre en cage, le phénomène s’était même intensifié depuis qu’il savait pour son état de santé, comme s’il voulait vivre vite, à fond, avant de ne plus pouvoir. C’est pourquoi ses révélations sur la plage, au retour de Sara, ou encore l’envie qu’il avait de s’installer au plus vite avec elle, avaient fait l’effet d’une bombe, parce qu’elle ne s’attendait pas à ce qu’il s’engage si vite et si profondément avec elle, même si elle avait compris qu’il l’attendait depuis des années, elle ne pensait pas qu’il fasse preuve de tant d’ardeur à vouloir faire sa vie avec elle. Pourtant à chaque petite ou grande preuve d’affection de sa part, le cœur de la brune battait plus fort, parce qu’elle l’aimait, indéniablement, aussi profondément que lui, même si elle semblait parfois plus distante et réservée.
Une fois encore Woody fit preuve d’un empressement surprenant, à l’annonce de Sara sur le fait qu’elle reprendrait son nom de jeune fille, se dessina un sourire mystérieux sur ses lèvres avant qu’il ne lance l’idée qu’elle pourrait un jour devenir sa femme, madame Rutkowski… Elle aurait pu partir en courant, prendre ses jambes à son cou, s’offusquer une fois encore, pourtant elle n’en fit rien, elle posa délicatement sa tête contre le torse puissant du jeune homme et soupira doucement. Elle était effrayée. Apeurée à l’idée d’un nouvel engagement, d’une nouvelle cérémonie grandiose, d’un probable voyage de noce à l’autre bout du monde. Se marier avec Woody, ce serait un beau rêve, une magnifique utopie, un jour, peut-être, lorsqu’elle aurait guérit ses blessures, lorsque la peur aurait fait place à l’avenir, lorsqu’elle n’aurait plus le cœur qui s’emballe trop à l’idée de tout perdre à nouveau… et de tout devoir recommencer. Elle avait déjà bataillé, elle avait cru mourir, elle avait cru perdre Jamie. Elle ne supporterait pas de vivre ce genre d’épisode une seconde fois et même s’il n’y avait quasiment aucune chance que cela se reproduise encore, elle avait développé cette certitude irrationnelle qu’elle était en quelque sorte maudite…
Blottie contre le brun Sara tentait de dissiper le malaise qui l’avait envahie. « On va déjà voir si tu me supporte au quotidien quelques temps avant de parler de mariage… »

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MessageSujet: Re: you’ll be my bluebird returning -r.    you’ll be my bluebird returning -r.  EmptyLun 26 Oct 2015 - 3:47

Je secouai la tête en rigolant, aidant ma douce à se relever alors qu’elle se couvrait elle-même de honte. « C’est des blagues, Sara, et puis y’a rien de cassé alors faut croire que t’as été un pro-ninja pour tout rattraper en douce ! » Je l’embrassai furtivement, continuant de rire face à sa réaction boudeuse. Elle se blottit alors contre moi et je l’enlaçai de mes bras larges comparativement à son petit corps mince. Sara avait perdu du poids et cela paraissait beaucoup. Comme elle était déjà bien mince avant, c’était aussi beaucoup de muscles qui lui manquait maintenant et même si je ne lui en avais jamais glissé de mot encore, je savais qu’il faudrait bientôt qu’on parle d’une remise en forme de son côté. Après tout, j’étais physiothérapeute et la réadaptation suite à des accidents ou de longues périodes d’alitement, c’était mon domaine. Elle était tombée sur le bon petit ami, en cette situation, faut croire ! Elle aurait son propre coach personnel à la maison, son propre professionnel à ses soins. Pour le moment, je savais qu’elle avait d’autres chats à fouetter, mais les exercices divers ne tarderaient pas à devenir une petite routine à intégrer à son quotidien. À notre quotidien.

Suite à ma blague concernant le monopole de tout ce qui se trouvait ici, Sara prit un air faussement offusqué. Sa réponse me fit rire. Surtout l’expression qu’elle employa : mettre le grappin sur le célibataire le plus convoité de la ville. « C’est plutôt moi qui a mis le grappin sur toi, beauté ! J’ai souvent raté la cible mais après des années, voilà que j’ai réussi à t’attirer dans mes filets ! » Je la regardai en souriant, les yeux brillants. Je n’avais peut-être pas autant essayé que j’aurais dû le faire, en fait. Avant même que Sara ne rencontre Jamie, je savais que je n’aurais jamais dû la laisser partir la première fois. Et même une fois avec Jamie, j’aurais pu dire quelque chose, avant que ça ne devienne trop sérieux. Mais voilà que j’avais attendu trop longtemps et qu’ils avaient pris le chemin du mariage. Aujourd’hui, avec le retour de Sara et sa séparation, la vie m’avait donné une seconde chance, et je l’avais prise. Je l’avais finalement prise. Et je l’avais finalement eue.

Lorsque Sara parla de reprendre son nom de jeune fille, je ne pus m’empêcher de saisir une autre occasion de faire comprendre à ma douce que c’était du sérieux. J’étais toutefois allé trop loin en parlant d’un éventuel mariage alors qu’elle n’était même pas encore sortie de son premier. J'étais injuste, je ne pensais qu’à moi, qu’à mon empressement de vivre avant qu’il ne soit trop tard. C’était plus fort que moi. Cette fois par contre, je le regrettai, entendant le soupir de Sara et surtout le silence qui s’ensuivit lorsqu’elle posa sa tête sur mon torse. Je ne l’avais pas lâchée, même que je la serrais un peu plus fort. Le malaise était palpable et nous le ressentions tous les deux, je le savais. Alors Sara brisa ce silence lourd et blagua, même si je savais qu’elle était sérieuse au fond d’elle. « Oui, oui, bien sûr. Je rigolais. » L’assurais-je. Même si c’était faux. Même si j’avais déjà hâte de lui acheter la plus belle bague qui soit. Même si j’essayais déjà d’imaginer comment je ferais la grande demande. « Et j’avoue qu’on a jamais vécu ensemble plus de quelques jours, peut-être que je vais constamment retrouver tes cheveux dans le drain de la douche, peut-être que tes bas sales puants vont traîner partout, peut-être que tu vas regarder des séries télévisées complètement stupides et que je devrai me les taper aussi … J’y arriverai pas, si c’est le cas. » Je rigolai. Encore un mensonge. Je supporterais tout cela. Je supporterais n’importe quoi. Parce que Sara allait avoir à supporter bien pire si elle restait avec moi plus longtemps.

D’ailleurs, avec tout le voyagement fait durant la journée et la concentration requise pour conduire la voiture en allers-retours de chez les parents de Sara à ici, je commençais à être réellement épuisé. Un épuisement anormal, dû à ma maladie. Certes, n’importe qui dans une journée pareille allait ressentir de la fatigue, mais la mienne se faisait lourde. En plus, mon œil faisait encore des siennes. J’avais été chez mon médecin trois jours plus tôt concernant mes problèmes de vision et il m’avait informé que je faisais une névrite optique, l’un des symptômes fréquents de la sclérose en plaques. Ma vision baissait, et il fallait s’attendre à ce que je puisse perdre la vue pour quelques jours ou alors avoir de la difficulté à percevoir les couleurs. Dans la plupart des cas, ma vision allait redevenir normale par la suite, après cette crise. Pour le moment, c’était vivable, et je n’en avais donc pas parlé à Sara. Je savais que j’aurais dû tout lui dire, surtout en ce qui concernant mon état de santé, mais je ne voulais pas l’inquiéter pour rien. Sara avait tellement de choses à faire pour ranger sa vie et tout remettre en ordre dans sa tête ; je ne voulais pas mêler mes problèmes aux siens. « On continue tout à l’heure ? J’irais m’étendre un peu. On a travaillé dur, on mérite bien un peu de repos, non ? » Quoi qu’elle en pense, je me retrouverais bientôt écroulé au sol d’une manière ou d’une autre, alors aussi bien le faire en douce.

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MessageSujet: Re: you’ll be my bluebird returning -r.    you’ll be my bluebird returning -r.  EmptyMar 10 Nov 2015 - 10:15


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Woody et Sara avaient déjà tant traversé pour des jeunes adultes. Ils n’avaient pas encore trente ans mais ils savaient déjà tout de la mort, de la perte et de la peur. Ils avaient en eux cette faille, un regard dur sur la vie et une vision bien différente de celle des autres. Pourtant ils étaient encore jeunes, ils n’avaient pas assez vécu pour se laisser abattre, au contraire ils voulaient vivre, envers et contre tout ils voulaient chacun faire un pied de nez à ce destin trop dur qui les avait fait grandir trop vite. Chacun séparément ils devaient porter leur fardeau, bien différent l’un de l’autre, mais dans le fond une douleur semblable et l’urgence de ne rien rater de ce qui les attendait. Ces deux-là s’étaient bien trouvé en soi, les deux éclopés, tous deux branlants mais encore debout, ne tenant à pas grand-chose mis à part leur soif de vivre et se raccrochant l’un à l’autre plus. Parce qu’à deux on va plus loin et on est bien plus fort, ils étaient la béquille de l’autre et cela soulageait chaque jour un peu plus leur peine et leur cœur s’en voyait apaiser. Pouvoir lire l’amour dans les yeux de l’autre c’était précieux et rare. La jeune femme en était reconnaissante à ce destin qui l’avait si longtemps laissé tomber de lui avoir tout de même tendu la main et mis Woody sur son passage. Même s’il était là depuis longtemps, même s’il attendait le bon moment pour se déclarer à elle, ils auraient pu être ensemble depuis bien longtemps, alors jamais elle ne se serait mariée avec Jamie, jamais elle n’aurait pris cet avion, jamais elle n’aurait vécu ce cauchemar… avec des si on refait le monde parait-il… Et puis peut-être que sans ce drame elle n’aurait pas été suffisamment réceptive à l’attention de son meilleur ami, peut-être qu’elle avait besoin d’être changée, de voir la vie différemment, peut-être qu’avant ça n’était simplement pas le bon moment pour eux deux… Qui sait… Le principal étant qu’il leur restait un bon bout de chemin à faire et qu’ils pouvaient désormais le faire ensemble. « Oui, tu as mis ton temps pour arriver jusqu’à moi… » Et elle resserra son étreinte sur le jeune homme dont elle était amoureuse.

L’humour plus fort que la peur… ça devait être leur mantra. Ils étaient tous deux terrorisés par ce destin incertain qui s’offrait à eux et même si parfois les mots étaient maladroits, même si Woody se montrait souvent empressé, même si la gêne se mêlait à leur conversations, ils usaient d’une pointe d’humour, d’ironie ou de blagues pour palier à la peur. Peur d’un engagement trop soudain et irréfléchi pour Sara… Parce qu’elle ignorait tout ce que son brun avait en tête… Peur de ne plus être capable de vivre comme il le souhaitait pour le jeune homme. Aucun des deux n’avait tort… Peut-être devraient-ils se parler plus franchement et en même temps même dans les silences ils se comprenaient, sans rien ajouter ils savaient que parfois ils allaient trop loin et ils comprenaient les réticences de l’autre. « Si tu savais le nombre de séries idiotes auquel je suis devenu accro depuis que je n’ai que ça à faire ! Mon pauvre, si tu veux je remballe les cartons tout de suite ! » Elle rit doucement et pourtant l’étreinte de Woody qui s’était resserrée sur elle en disait bien long. Il savait qu’elle n’était pas prête à s’engager si sérieusement mais il attendrait, il ne voulait plus la lâcher et rien que cette idée la réconfortait.

La jeune femme n’était pas dupe, elle avait bien senti, depuis qu’elle s’était blottie contre lui que tout le corps de Woody commençait à faiblir, c’était presque imperceptible, un léger tremblement dans tous ses muscles, comme s’ils lui disaient stop. Le corps humain était bien fait et Sara commençait à en connaitre les signes alors la demande du jeune homme, que beaucoup auraient pris pour une invitation à un moment d’intimité, était le signal d’alarme, il n’en pouvait plus il avait besoin de se reposer. En un sens cela l’effrayait, de voir à quel point il était faible, même s’ils avaient fait quelques efforts aujourd’hui, il était sportif et bien portant, dans un état normal il aurait pu refaire le double des efforts accomplis. Mais voilà Woody n’était pas dans un état normal, si aucune cicatrice ne jalonnait son corps, s’il paraissait fort tout cela n’était qu’une façade et notre brunette le savait bien, il était fait d’argile et pouvait se briser à tout moment. « Je vais m’allonger près de toi, je crois que les allers retours m’ont épuisée… je me reposerai bien si tu ne m’en veux pas. » Certes elle était elle aussi fatiguée, pourtant elle aurait pu continuer, mais c’était plus facile de lui offrir la possibilité de ne pas avoir à se justifier auprès d’elle, elle avait déjà compris. Sara savait son amoureux avoir sa fierté d’homme et elle comprenait qu’il ait du mal à admettre ses faiblesses. Elle le prit par la main et ils se dirigèrent tous les deux vers leur chambre, celle-ci n’était pas encore encombrée et c’était tant mieux. Ils s’allongèrent l’un à côté de l’autre et Sara caressa doucement la chevelure courte de Woody. « Je crois que j’ai pris la bonne décision en venant m’installer avec toi. Tu vas pouvoir prendre soin de moi et moi je prendrais soin de toi. » Elle déposa un baiser très doux sur ses lèvres.


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Woody Rutkowski
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MessageSujet: Re: you’ll be my bluebird returning -r.    you’ll be my bluebird returning -r.  EmptyVen 13 Nov 2015 - 1:33

Un rire cristallin s’échappa d’entre mes lèvres quand Sara mentionna le nombre de séries télévisées qu’elle regardait depuis son retour. Il était vrai que, si j’avais eu autant de temps libre, j’aurais sans doute moins aussi sombré dans ce cercle vicieux de séries télévisées. Déjà qu’il fallait que je me contrôle pour ne pas basculer du côté sombre de la force des téléréalités. « Non, non, parce que toi aussi tu devras t’adapter à ce que je regarde … Australia’s Next Top Model et The Kardashians sont quand même tes nouvelles émissions de fin de soirée, ma chérie. » Le pire là-dedans, c’était que je ne blaguais qu’à moitié. Souvent, je regardais ce genre de série « réelle-fictive » si on veut, en m’entraînant devant la télévision. J’avais d’ailleurs déjà en tête les plans de ma future maison, qui comprendrait un sous-sol avec une salle d’entraînement dirigée vers un écran géant sur lequel je pourrais me délecter des réactions des juges de The Voice – Australia. J’avais donc rigolé suite à mes paroles sans jamais lâcher Sara d’entre mes bras. J’étais bien trop confortable dans sa chaleur pour la laisser partir de sitôt.

Mon corps, lui, en décida autrement. J’aurais pensé être assez doué pour cacher mes symptômes à Sara. Dans ma tête, tout était sous contrôle et la jeune femme ne se doutait de rien. Je n’avais aucune idée qu’en réalité, tout mon corps tremblait sous le poids de la maladie, que mes jambes se dérobaient sous mes pieds, me laissant mou et fragile. Je ne me rendais même pas compte à quel point les années me rattrapaient, que mon corps se faisait vieux et faible, que le temps avait déjà commencé à refermer ses mains autour de mon cou. Et l’étau se resserrait. Plus les jours passaient. Plus j’étouffais. J’avais beau m’entraîner comme un fou, montrer aux autres à quel point j’étais fort et fier, tout cela ne devenait que mensonges. Bientôt je ne pourrais plus cacher la vérité à tout ceux que j’aimais. Bientôt, tous mes amis allaient devoir être mis au courant de mon état. Ma sœur, aussi. Elle était revenue depuis un moment à Bowen mais je n’avais jamais trouvé le courage de lui lâcher cette bombe. Parce que je ne voulais pas que le regard que les autres posaient sur moi change. Qu’on me prenne en pitié. Qu’on me traite comme inférieur, comme cassable. Je ne voulais pas être fait de porcelaine. Et pourtant, je sentais déjà ce changement chez Sara. À sa façon de m’assurer qu’elle était épuisée, qu’elle se reposerait bien. Comme si elle voulait mettre la faute de ma paresse sur elle. Comme si elle voulait me montrer que j’avais des raisons d’être aussi exténué. Alors que je n’en avais pas. Mis à part la maladie.

J’hochai la tête. Elle ne voulait que mon bien. « Comment t’en vouloir ? Je vais dormir comme un bébé à côté de toi. » Avec elle, je n’avais pas envie de jouer un rôle. Faire semblant. Mais, en même temps, je ressentais que j’avais le devoir de la protéger de moi-même. Je ne voulais pas qu’elle s’inquiète, qu’elle souffre, du fait que je m’éteignais à petit feu. Chacun de mes muscles appuyant sur le bouton « off » les uns après les autres. Je ne voulais pas que Sara soit au courant de chacun des pas que je faisais vers le fond du gouffre. J’aurais voulu arrêter le temps, pour ne plus avoir à lui mentir sur mon état. Pour ne plus avoir peur de la faire fuir. La jeune femme me prit alors par la main, me sortant de mes pensées bien lourdes, et m’entraîna jusqu’à la chambre qui ne contenait encore que mes effets à moi. J’avais hâte de voir un peu de Sara à chaque recoin de mon appartement.

Je m’allongeai dans mon lit dans un soupir de contentement, cachant un énorme soulagement. Tout de suite, tout mon corps se détendit, et je fermai mes yeux qui s’embrouillaient, me laissant avec une migraine incommensurable. Sara caressa mes cheveux, commençant à jouer un peu dans ceux-ci, comme j’aimais tant qu’elle fasse. Puis elle m’avoua avoir pris la bonne décision, soulignant le fait que l’on pourrait prendre soin l’un de l’autre. J’hochai la tête, accueillant son doux baiser comme un baume sur mon cœur. « À commencer par prendre soin de ces petits muscles chétifs. » Avais-je lancé avec amusement en chatouillant les bras de Sara. Les miens en auraient bientôt autant besoin, de toute façon. Une fois la rigolade terminée, je reposai ma tête sur mon oreiller, et je regardai Sara avec un sourire amoureux et rêveur. Et je déclarai, avec une douleur injustifiée aux yeux de Sara, mais tellement réelle pour moi : « J’espère ne jamais cesser de te voir, Sara. Parce que tu es tellement belle. » J’avalai difficilement, laissant deux de mes doigts tracer une ligne imaginaire dans la chevelure de Sara.

 

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MessageSujet: Re: you’ll be my bluebird returning -r.    you’ll be my bluebird returning -r.  EmptyMar 12 Jan 2016 - 15:46


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Wooody & Sara
Les faiblesses de Woody, Sara s’y était préparée, elle avait fait des recherches, il y a bien longtemps déjà, elle savait à quoi s’attendre, bien avant le crash de son avion, bien avant qu’ils ne deviennent un couple, avant tout ça elle était son amie, sa meilleure amie et lorsqu’elle avait appris la nouvelle de sa maladie, elle avait d’abord été désemparée, perdre son autre, sa presque moitié, ça lui avait semblé insoutenable. Et puis elle s’y était faite, comme elle pouvait, elle avait compris qu’il ne mourrait pas d’aussi tôt et qu’ils avaient encore du temps devant eux, pour profiter, pour partager plein de choses, de beaux moments et même d’autres, moins joyeux. Même en tant qu’amie elle s’était fait la promesse secrète qu’elle l’aiderait comme elle le pourrait, qu’elle serait un soutien sans faille pour celui qu’elle aimait tant. Et puis il y avait eu le crash, cette énorme bombe dans leur vie qui avait tout remis en cause, même sa propre existence. Pourtant elle en était revenue, pas forcément plus forte, on n’était pas dans un film, elle avait été brisée, littéralement, tout son corps en souffrait aujourd’hui, mais surtout psychologiquement. Malgré tout lorsqu’elle avait retrouvé Woody, qui était toujours là, à la même place, avec son indéfectible sourire et son éternel sens de l’humour, elle n’avait pu empêcher que ses lèvres s’étirent à leur tour et il fut le rayon de soleil qui avait ouvert le chemin à l’espoir d’une vie meilleure. Cela avait changé les perspectives de Sara et son regard sur la maladie de son ami devenu amant. Elle savait qu’elle le perdrait un jour, ça n’était pas négociable, mais elle avait compris que tant de choses, bonnes ou mauvaises pouvaient se passer bien avant ça, elle cherchait donc à remercier le destin pour chaque petit moment de bonheur avec lui, en profiter et ne plus rien regretter.

Ses mots furent maladroits, elle le savait, elle se doutait que Woody ne serait pas dupe, mais que dire d’autre, lui l’homme fier et fort qui ne supportait pas de plier l’échine, elle préféra le prendre par la main une fois qu’il eut acquiescé docilement. Ils s’allongèrent doucement sur le lit et chacun gouta son plaisir de mettre ses muscles au repos. C’est d’ailleurs sur ceux de Sara que le jeune homme fit une réflexion. Elle savait qu’elle avait besoin de rééducation et surtout de musculation pour retrouver la masse qu’elle avait perdu, mais elle ne s’en sentait pas prête encore. « Quoi, qu’est-ce que tu veux dire par là ? J’ai réussi à porter des cartons très lourds pour le modèle réduit que je suis ! » Flagrant délit de mauvaise foi… peut-être qu’avec lui elle concéderait à faire un peu d’exercice.
Woody semblait épuisé, au-delà de la fatigue physique et Sara ne savait que faire pour le soulager un peu plus. Elle lui sourit, doucement. « Même si un jour tu perds la vue, tu n’oublieras jamais mon visage… et au moins tu ne me verras pas vieillir, c’est un bon point. » Malgré cette touche d’humour les mots lui faisaient mal, parce qu’elle savait à quel point il était difficile pour lui de se voir diminuer de jour en jour, mais elle ne voulait pas entrer dans le cercle de la peur, Woody allait encore bien, relativement bien. Elle se redressa pour le regarder de plus haut. « Et si on reprenait des forces, un thé et des biscuits, ça nous ferait du bien, tu en dis quoi ? » Parce qu’il ne fallait jamais se laisser abattre par les mauvaises pensées.

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MessageSujet: Re: you’ll be my bluebird returning -r.    you’ll be my bluebird returning -r.  EmptyJeu 14 Jan 2016 - 4:04

Il fallait admettre que Sara avait un bon point, là. Elle avait quand même été rapide et efficace dans sa levée et son transport de tous ces cartons au courant de la journée. Si elle avait vraiment eu des lacunes musculaires, elle aurait abandonné au bout d’une heure. Elle était une vraie guerrière, ma belle Sara. « T’as raison, je te sous-estime ! » Ils déconnaient un peu, mais ils savaient tous les deux qu’au fond j’avais quand même aussi raison de mon côté. Lever des cartons c’était quelque chose, mais après avoir passé des mois alitée, Sara ne pouvait pas prétendre avoir la même force qu’autrefois. Quand je mentionnai mon désir de toujours pouvoir contempler son magnifique visage, la jeune femme ne mit pas plus d’une seconde à faire le rapprochement avec ma maladie. En même temps, je savais que Sara avait fait les recherches nécessaires sur la sclérose en plaques et qu’elle savait bien toute la liste des symptômes sur le bout de ses doigts. Il y en avait un tas, certes, mais quand il s’agit de nous-mêmes ou d’une personne aimée, on n’oublie pas tout ce qui pourrait lui arriver. La perte de la vue, ce pouvait être l’une des conséquences de la maladie. L’une des pires, selon moi. Et je devais m’y préparer. Mes yeux se remplirent de larmes pendant une seconde quand Sara mentionna le fait que je ne la verrais pas vieillir. C’était l’émotion. Je ravalai bien vite ma faiblesse temporaire. « C’est plutôt un point qui va de l’autre côté de la balance, pour moi. Tu es toujours plus belle d’année en année, Sara. » Je lui souris. C’était un moment émotif et tendre, mais je ne voulais pas que cela devienne déprimant non plus. D’ailleurs, Sara avait sans doute elle aussi sentit l’atmosphère s’alourdir et ne désirant pas non plus tomber là-dedans, elle se redressa et proposa un thé et des biscuits. Je rigolai. « Je croyais qu’on était venu jusqu’ici pour dormir mais bon, d’accord ! » Lançais-je avec une exaspération feinte. Je me relevai et suivi Sara jusqu’à la cuisine, où je préparai le thé pendant qu’elle sortit une boîte de biscuits qu’elle avait elle-même trimballée avec elle. Un cadeau de sa mère, je pense. Le reste de la journée fut tranquille, comme j’espérais que notre vie de couple le serait. Comme deux amoureux normaux, malgré nos cicatrices, malgré nos blessures, malgré notre incertitude face à tout, sauf à nous.

FIN.
 

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