meditate in my direction, feel your way (free)

~ (PLAYLIST)

Tu ne sais pas vraiment ce que tu fais ici et plus particulièrement aujourd'hui. Comme tout Bowenien qui se respecte, tu avais entendu parler de l'arrivée du Woodford Folk Festival. Tu avais sauté le premier jour, évitant au passage les cirques et les attractions fortes. Contrairement à beaucoup d'enfants, tu n'as jamais aimé ce milieu et ça n'a pas changé. Tu comptais éviter le deuxième jour aussi mais tu as changé d'avis à la dernière minute. Seulement, une fois sur place, tu te dis que tu aurais peut-être mieux fait de rester chez toi. Ce soir a lieu une représentation de danse organisée par les habitants de Bowen. Evidemment, tu n'en fais pas partie. D'ailleurs, tu n'aimes pas spécialement les spectacles. Mais bizarrement tu t'assieds devant la scène après avoir été chercher un paquet de pop corn. Lorsque le spectacle commence, une personne s'assied à tes côtés mais tu n'y prêtes pas attention. C'est seulement lorsqu'on braque une lumière sur vous deux que tu regardes la personne qui se trouve à côté de toi. Les organisateurs du spectacle vous convie à les rejoindre sur scène. Tu fais signe que non, tu n'iras pas, mais ils sont coriaces et ne vous lâche pas avant que vous décidiez finalement de vous lever. Tu regardes la personne à tes côtés et dis : « Bon, je pense qu'on a plus le choix. Je vous laisse tout faire par contre, je suis nul en danse. » Et ce n'est pas peu dire, tu n'as jamais dansé ta vie.

Tu avais passé le premier jour du festival à ressasser ton passé, et à essayer de l'oublier. Mais tu n'avais pas réussi à t'amuser, les clowns ne t'avait pas fait rire. Tu avais finalement passé une journée maussade. Alors le deuxième jour, qui portait le nom d'un de tes films favoris, tu t'y étais rendu sans plus attendre. T'habillant dans l'idée du film, tu avais bien sûr évité de gonfler tes cheveux parce que même si ça allait bien à l'époque, tu ne trouvais pas ça hyper sexy. La danse tu aimais ça, certes tu dansais comme un pied, ça ne t'empêchais pas d'apprécier ça. Alors pour profiter le plus possible du spectacle, tu t'étais placée devant, juste à côté d'un jeune homme avec du pop-corn. D'ailleurs tu étais persuadée d'avoir la mauvaise place parce qu'entendre quelqu'un mâcher à côté de toi lors d'un spectacle, ou même au cinéma, ça t'horripilait. La représentation bat son plein, et avec le son, tu arrives à ne pas entendre ton voisin faire craquer le pop corn dans sa bouche. Soudain, un projecteur se braque sur toi, tu poses ta main devant ton visage pour te proteger un peu, et l'instant d'après tu étais en train de monter sur scène avec l'inconnu de ta droite. « Je ne suis pas certaine d'être d'une grande aide, j'ai deux pieds gauche ! » Tu lui souris, même si à ce moment précis ça ressemble plus à une grimace qu'autre chose parce que tu ne te sens pas à l'aise. Tu n'aimes pas être sur le devant de la scène, alors là devant tout Bowen, tu étais à deux doigt de la crise de panique.

Toi non plus, tu n'aimais pas ça, te retrouver sur le devant de la scène. En général tu te faisais plutôt discret, restant dans ton coin. C'était plus facile comme ça après tout. Cela t'évitais de devoir t'ouvrir aux autres et de te montrer aimable. Car aux premiers abords, tu es sans aucun doute quelqu'un de très froid et de très distant. Mais lorsqu'on creuse un peu, sous toute cette peine, on trouve un homme charmant, généreux et doux. Mais il faut creuser tellement longtemps que la plupart des gens laissent tomber. Jusqu'ici, personne n'y est parvenu. « Je ne suis pas certaine d'être d'une grande aide, j'ai deux pieds gauche ! » Tu fais une moue embarrassée voire déçue. Tu espérais laisser la jeune femme tout faire et simplement saluer à la fin mais ça semble plus compliqué que ça. La jeune brune paraît aussi angoissée que toi. Les spectateurs doivent avoir un sacré spectacle en vous regard. Le présentateur s'impatiente, vous demandant de commencer à danser. Tu secoues la tête plusieurs fois mais il insiste. T'as bien envie de l'insulter de tous les noms mais tu te retiens par politesse pour les familles présentes.  « On fait deux pas à gauche, deux pas à droite et c'est bon, ok? » Demandes-tu en attrapant la jeune femme par la taille et en te positionnant pour démarrer votre "slow". Ce n'est sans doute pas ce que le public attend mais tu t'en fiches pas mal. A cet instant précis, tu veux juste que ça se termine.

Tu ne comprenais toujours pas ce qu'on pouvait attendre de vous, après tout vous n'étiez pas des danseurs professionnels, enfin toi c'était sûr. Pour ton camarade tu ne savais pas trop, mais vu son regard mal à l'aise et sa non-aisance face à toi tu pouvais supposer que lui non plus n'était pas doué en danse. Le présentateur vous incita à danser, le poussant un peu dans tes bras, tu l'attrapas par la taille, attendant qu'il prenne les directives parce que toi tu ne savais pas quoi faire. Quand il te proposa de faire deux pas à droite, puis deux à gauche, et comme ça vous seriez libre de repartir, tu hochas la tête pour approuver. Puis tu le serras fort à la taille, prenant la rythme en levant le pied droit pour te lancer. Tu ne trouvais pas ça si compliqué et avec la musique tu pourrais presque oublier le public qui s'impatientait. Mais parce que rien n'est jamais trop beau et parce que tu es la plus maladroite du monde entier, tu finis par lui écraser le pied. En temps normal, ça ne serait pas très grave mais là tu portais des talons et tu venais de lui enfoncer dans le pied.. « Oh, mince ! Je ne vous ai pas fait mal ? » Tu retiras rapidement ton pied du sien, mais cela permit au présentateur de vous renvoyer de la scène, il regretterait presque son choix de vous avoir invité à danser.

La proposition que tu fais à la jeune femme te semble la plus adaptée. En faisant de simples pas, vous vous évitez une humiliation et ça vous permet de vous retirer très rapidement de la scène. Surtout que tu détestes ça : être sous les projecteurs. Mais comme si le fait d'être sur scène n'était pas assez, tu te retrouves avec un talon enfoncé dans le pied. « Oh, mince ! Je ne vous ai pas fait mal ? » Elle ne t'as pas fait mal mais plutôt atrocement mal, sans aucun doute. En général, tu n'es pas de nature douillette mais là, avec cet énorme talon enfoncé dans ton pied, tu ne peux t'empêcher de faire la grimace. T'as bien envie de crier et d'insulter la jeune femme mais à la place, tu en profites pour t'écarter de la scène au plus vite. Tu lances un regard assassin à l'encontre de la jeune brune. Tu le regrettes immédiatement en voyant son air totalement désolé, il est clair qu'elle ne l'a pas fait exprès. « Ça va aller. » Réponds-tu, sans grande certitude. Là, tout de suite, tu ne refuserais pas un peu de glace pour mettre contre ton pied car tu es sûr que d'ici demain, tu auras une marque. Tu as beau avoir fait la guerre, ce sont toujours les plus petites blessures qui te font mal. « Pour vous faire pardonner, vous pouvez bien m'offrir un verre. Ou un dessert. Au choix. » Dis-tu, taquin.

Tu avais filé le plus vite possible de cette scène et le spectacle avait repris son cours. Tu aurais pu continuer de l'apprécier en reprenant ta place et faire comme si de rien n'était mais puisque tu avais essayé d'estropier ton camarade de jeu, tu te sentais honteuse. Tu aurais aimé disparaître le plus vite possible mais c'était toujours dans ce genre de situation que tu pouvais le moins t'éclipser. Le jeune homme semblait furieux contre toi, pensant que tu avais du le faire exprès pour couper court à cette torture. Et tu aurais pu avoir ce genre d'idée, si tu avais eu des chausses plates, mais là avec les talons, tu n'aurais jamais pris le risque de le faire volontairement parce que tu aurais eu trop peur de lui faire mal. Et pourtant c'était le cas. Tu avais déjà pris des trucs sur le pied - certes jamais un talon aussi pointu - mais ça restait une zone du corps assez douloureuse. Alors pour se rattraper il te proposa de lui payer un verre pour oublier tout ça, ce que tu approuvas sans tarder. « Je crois que je vais avoir besoin des deux, que voulez-vous boire ? » L'alcool n'était pas forcément le chemin à prendre, surtout quand tu sais que tu finis mal par la suite, mais tu aimes ça, ça te permet de te sentir légère et heureuse, d'oublier à quel point tu crains et ne pas être trop lourde - ou plutôt ne pas te rendre compte que tu l'es. Une fois qu'il te dis ce qu'il souhaite boire, tu commandas la même chose pour toi. Tu en profitas pour demander une poche de glace avant de lui tendre avec un regard vraiment gêné. « Vous devriez mettre ça dessus pour pas que ça soit trop gonflé demain »

Tu peux te montrer sec et intransigeant quelques fois, c'est plus fort que toi. C'est dans ta nature depuis que tu es revenu de l'armée, avant tu n'étais pas comme ça. Pas du tout même. L'armée t'as changé, sans aucun doute. Alors parfois, tu te montres brusque avec des gens qui ne le méritent pas. Comme à l'instant avec la jeune femme qui t'as marché sur les pieds. Il est clair qu'elle ne l'a pas fait exprès, elle ne se sentirait pas aussi mal si c'était le cas. Tu peux tout de suite voir à son air et à sa tête qu'elle s'en veut vraiment. Et rien que pour ça, tu ne lui en veux déjà plus. « Je crois que je vais avoir besoin des deux, que voulez-vous boire ? » Tu commandes une bière, toute simple et la jeune femme commande la même chose au serveur. Par gentillesse, la jolie brune commande également une poche de glace et tu la remercies poliment. « Vous devriez mettre ça dessus pour pas que ça soit trop gonflé demain » De toute façon, ton boulot ne te demande pas - ou plus - d'efforts physiques alors ce ne serait pas un problème, mais c'est préférable, en effet. « Vous êtes quoi ? Mon infirmière ? » Demandes-tu pour la taquiner. Elle semble si attentive alors qu'elle ne te connaît même pas. C'est rare des personnes comme elle à l'heure actuelle. « En passant, moi c'est Elijah. » Dis-tu par politesse. Vous buvez un verre ensemble, autant apprendre à se connaître en même temps, non ? Finalement, votre verre et ta poche de glace arrive. Tu ne te fais pas prier et porte la bière à tes lèvres puis pose la poche contre ton pied. C'est apaisant, tu ne peux le nier.

Une bière te ferait le plus grand bien. Quoique à y repenser, tu aurais peut-être du prendre quelque chose d'un peu plus fort. Mais il ne fallait pas passer pour une grosse alcoolique devant un jeune homme aussi charmant. Il fallait que tu agisses comme une femme avec un peu d'élégance et de dignité parce que tu n'avais pas l'adresse. Sa remarque te fis sourire, tu aurais été une infirmière médiocre si ça avait ton métier, alors tu devais t'estimer heureuse de n'être qu'une décoratrice d'intérieur. « Juste une inconnue qui essaye de se faire pardonner.. » Tu le regardes poser cette poche de glace sur son pied et tu aperçois un petit regard soulagé sur son visage. La glace faisait son effet, ça allait endormir la douleur et permettre au pied de ne pas trop gonflé. Peut-être même qu'avec un peu de chance, demain il n'aurait aucun trace de tout ça. « Et moi c'est Lily, ravie de faire votre connaissance ! » Bien que tu aurais apprécié que cela se passe autrement, tu ne voulais pas vraiment le faire souffrir autant. Tu pouvais dire que c'était une entrée en matière, enfin tu aurais pu si ce n'avait pas été une habitude chez toi.

« Juste une inconnue qui essaye de se faire pardonner.. » Tu peux paraître assez froid et sec parfois, mais malgré le coup que la jeune femme t'as infligé, tu ne lui en veux pas. Tu es tout à fait naturel avec elle. C'est ton tempérament, d'être distant de la sorte. Tu ne peux plus te comporter autrement depuis des années. Tu t'en renfermé sur toi-même sans même t'en rendre compte. Tellement que ça te paraît bizarre de faire une nouvelle rencontre et qui plus est, une femme. T'es plutôt fermé à ce genre de nouvelles relations habituellement. Mais la jeune te semblait tellement sincère et désolée que tu ne pouvais pas te comporter comme un abruti avec elle. « Et moi c'est Lily, ravie de faire votre connaissance ! » Tu ne prends pas longtemps pour répondre à la jeune femme, amusé : « Malgré que mon pied me fasse souffrir par votre faute, je suis également ravi de faire votre connaissance Lily. » Toi, Elijah, faisant de l'humour avec une inconnue. Étonnant. Comme quoi, tu es sans doute un peu moins fermé que tu n'y parais. Tu bois une nouvelle gorgée de ton verre, observant la foule autour de vous. Tu n'avais même pas remarqué qu'il y avait autant de monde. « En tout cas, vous êtes aussi bonne danseuse que moi, autant dire médiocre. » Ajoutes-tu en rigolant légèrement. Vous deux, sur scène, cela devait être épique à voir. Tu pensais que Lily se débrouillerait mieux que toi mais il s'est avéré qu'elle est aussi douée en danse que toi.

Tu avais laissé tes joues prendre un air un peu rougeâtre. Tu étais bien trop sensibles aux compliments des hommes, à leurs belles paroles. De celles qui t’envoûtent et t’emmènent n'importe où pour te laisser complètement seule et désorientée à la fin. « Je suis ravie de l'entendre alors. » Quand apprendrais-tu enfin de tes erreurs ? Jamais, je suppose. Mais bon, tu n'y pouvais rien si ton coeur s'emballait quand tu croisais la route d'un beau garçon. Ce n'était pas ta faute si tu étais trop faible pour savoir résister. Comme si c'était un aimant et que tu devais te laisser prendre. « Et si vous saviez les heures de cours de danse que j'ai eu, vous seriez surpris ! » avais-tu dis avant d'éclater de rire. C'était terrible, ta mère aurait eu si honte de toi, et de ses leçons. La danse ce n'était pas vraiment ton truc, trop gauche pour faire trois pas correctement. Tu pris une petite gorgée de poison qu'était ta boisson, pour te donner plus de courage.

Tu remarques tout de suite les joues de Lily qui rougissent. Tu ne peux que trouver ça mignon, au fond. Cela montre à quel point cela la touche et ça a le don de te faire plaisir, car c'est le but premier d'un compliment, non ? « Je suis ravie de l'entendre alors. » Un léger sourire satisfait se dessine au coin de tes lèvres. Vous discutez finalement de vos talents de danseurs qui sont, de toute évidence, invisibles. Vous n'avez pas pu aligner plus de deux pas avant que Lily ne t'écrase le pied. Et même si, sur le coup, tu étais plutôt énervé, à présent, tu trouves cela assez drôle. Et d'ailleurs, ton pied ne te fait pratiquement plus souffrir. « Et si vous saviez les heures de cours de danse que j'ai eu, vous seriez surpris ! » La jeune femme éclate de rire et tu en fais de même. Cela te fait du bien, de rire. « Pour ma défense, je n'ai jamais pris de cours. » Dis-tu, amusé. Ce qui n'est pas tout à fait vrai, au fond. Tu as pris une heure de cours de danse juste avant ton mariage pour éviter d'être ridicule devant ta femme. Mais ça, Lily n'a pas besoin de le savoir. De toute façon, tu ne parles jamais d'Isobel. Jamais. Tu termines ton verre en quelques gorgées et appelle le serveur pour en commander un autre. « Vous voulez un autre verre ? Cette fois, je vous l'offre. »

Lui confessait ne jamais en avoir pris, effectivement, il était donc moins coupable que toi. Tu avais eu des années et des années de cours, à raison de 2h par semaine, tu ne savais plus combien ça faisait d'heures, mais beaucoup trop pour être aussi mauvaise danseuse.  « Alors vous vous en tirez mieux que moi. » Tu t'étais mise à rire avant de terminer ton verre. Il restait un fond et tu n'allais pas mettre trois heures à le boire, sachant qu'il te proposait un autre verre. D'habitude, tu dirais non et tirerais ta révérence, mais était-ce que tu voulais ce soir ? Probablement pas. Tu fis un grand sourire en posant ton verre vide sur le comptoir. « Je ne dirais pas non à un autre verre, si on mange un truc avec ! » Tu avais beau avoir danser 3 minutes, tu avais l'impression d'avoir couru un marathon et de mourir de faim. Alors tu attrapais la carte pour voir ce qu'ils pouvaient proposer. Après quelques secondes, tu levais les yeux vers lui, pour combler le blanc. « Alors que faites-vous dans la vie ? » demandais-tu doucement, pour faire avancer la conversation, après, tout c'était bien le but de la soirée ? Rencontrer des personnes.

« Alors vous vous en tirez mieux que moi. » Tu rigoles, légèrement amusé. Non, on ne peut pas dire que tu t'en tires bien en danse. Au contraire. Tu es un piètre danseur et tu le sais mais Lily semblait pire que toi, sur ce coup-là. Tu ne savais pas que c'était possible jusqu'ici. Finalement, la jeune femme accepte de boire un autre verre si celui-ci est accompagné d'un repas ou d'un en-cas, au choix. La jolie brune attrape la carte et la consulte, toi, tu l'observes, difficilement, par-dessus son épaule. « Bonne idée, je dois avouer que ça creuse la danse. » Ajoutes-tu en rigolant. Vous n'avez dansé que quelques minutes mais c'est suffisant pour toi. Tu n'aurais pas voulu danser plus. Et puis, de toute façon, c'était un réel carnage alors, il valait mieux pour tout le monde que vous en restiez là. C'est finalement Lily qui interrompt le silence : « Alors que faites-vous dans la vie ? » Tu ne te fais pas prier et réponds, instinctivement, cette réponse toute faite que tu sers à tout le monde. « Officiellement soldat, officieusement soldat à la retraite. » Dis-tu, en soupirant. Pour toi, travailler dans un bureau, c'est comme si tu étais déjà à la retraite. Tu adorerais retourner au front car c'est ce pour quoi tu es né mais c'est impossible. Depuis que tu as été blessé, tu es affaiblis physiquement. C'est donc impossible pour toi de combattre. « Et vous ? » Demandes-tu, curieux.

Tu attrapais la carte pour choisir ton repas. Tu n'avais pas une grande faim, une salade ou un petit casse-dalle ferait l'affaire. Une fois ton choix fait, tu reportais ton attention sur lui, le regardant pendant une longue minute avant de briser le silence. Tu n'aimais pas le silence quand tu faisais une rencontre. Ce n'était jamais bon signe, alors tu avais trouvé un sujet sur le quel discuter, au moins le temps d'une minute ou deux. Sa réponse te laissais perplexe, tu ne savais pas si tu pouvais lui demander pourquoi à la retraite. Elle te brûlait les lèvres et pourtant, tu n'allais que la penser. Tu n'avais pas forcément envie d'amener un sujet douloureux ou délicat sur le tapis. Tu voulais avoir du tact et de la délicatesse. Et lui demander pourquoi, c'était ne pas en faire preuve. Tu préférais passer dessus, tout simplement. Au moins pour avoir le temps de trouver comme le formuler. « Officiellement décoratrice d'intérieur et officieusement, libraire. » Tu t'étais laissée prendre au jeu. Ce n'en était pas vraiment un d'ailleurs. Mais sa façon de te répondre laissait sonner une certaine once de mystère, tu voulais l'être aussi. Clairement, tu devais moins le faire rêver, mais ce n'était pas moins amusant pour autant. « A la vôtre, camarade de danse ! » Tu glissais ton verre vers lui pour trinquer. Tu ne savais pas trop à quoi il fallait le faire, mais c'était toujours amusant. Et puis ça vous permettez de vous lâcher un peu plus, surtout toi, qui semblait si coincée, si timide.

Cette rencontre te laissait assez perplexe. Elle avait démarré en trombe, lorsque Lily t'avait marché sur le pied. Et finalement, elle s'est adoucie grâce à la douceur de la jeune femme. S'il y a bien une chose que tu remarques chez elle, c'est qu'elle est très douce, très attentive aux autres - malgré qu'elle t'ait littéralement écrasé le pied -. Au fond, tu vois que c'est une fille très gentille. Tu le sens. Lily t'interroge finalement sur ton métier et tu réponds en essayant d'être clair mais en ne l'étant pas du tout. La jeune femme s'en amuse et répond de la même façon que toi. Ce qui a le don de te faire sourire, il faut l'avouer. « Officiellement décoratrice d'intérieur et officieusement, libraire. » Tu hoches la tête, assez intrigué à ton tour. « Vous devez vous demander pourquoi j'ai répondu de cette façon. » Dis-tu, légèrement amusé. Tu aimes faire planer le doute, ça te donne un petit côté mystérieux. Même si ta situation n'est pas des plus positives, au fond, ça ne te dérange pas tant que ça d'en parler. La jeune femme lève finalement son verre vers toi, trinquant avec toi. « A la vôtre, chère danseuse hors pair ! » Rétorques-tu pour la taquiner. Tu portes ton verre à ta bouche, profitant de cette liqueur qui coule le long de ta gorge. « Je suis content de ne pas devoir aller à l'hôpital, finalement. » Ajoutes-tu, pas méchamment. Tu as remarqué que la jeune femme est assez maladroite et que son coup n'était pas volontaire, du tout, au fond.