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↳ personnages attendus

Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.


 

 Breathe through the fear, walk through the fire -r.

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MessageSujet: Breathe through the fear, walk through the fire -r.   Breathe through the fear, walk through the fire -r. EmptyLun 30 Mai 2016 - 6:23


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Après lui avoir envoyé un simple texto, mais le pire de tous pour les femmes, Axten avait préparé la cour arrière de la maison pour accueillir Vera. Il faut qu'on parle. Passe à la maison vers 19h00. C'était ce soir que cela allait se dérouler, il était plus que temps. Axten n'en pouvait plus. Si tout avouer à Charlize lui avait enlevé un poids de sur les épaules, il ne pouvait s'empêcher de s'en vouloir de n'avoir toujours rien dit à Vera. Maintenant que sa femme savait tout et qu'elle était préparée face à l'avenir qui l'attendait, elle et leur fille, le pompier se devait d'être honnête avec la troisième femme de sa vie, Vera Fjerstad. Il avait déjà allumé le feu dans le petit foyer aménagé dans la cour, il avait rapproché les chaises de celui-ci et Axten avait même prévu le coup: couvertures, guimauves, bières, bouteilles d'eau et jus frais... Confortablement installé sur le bord du feu de camp, Axten grattait les cordes de sa guitare. Charlize était partie avec Romy chez sa mère, pour la soirée. Elle savait que ce qu'Axten avait à annoncer à celle qu'il considérait comme sa soeur serait difficile et qu'il aurait besoin d'être seul. Elle était tellement compréhensible. Son coeur battait la chamade, ses doigts tremblaient sur les cordes et il n'arrivait pas à jouer les notes exactes. Alors qu'il allait jeter sa guitare sur la pelouse, frustré de ne plus arriver à jouer comme avant, Axten fut apaisé par la voix de la blonde, qui avait fait son entrée dans la cour. Vera était comme chez elle, ici.
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MessageSujet: Re: Breathe through the fear, walk through the fire -r.   Breathe through the fear, walk through the fire -r. EmptyVen 10 Juin 2016 - 1:25

Il faut qu'on parle. Passe à la maison vers 19h00. Tu as bien dû lui envoyer une vingtaine de textos afin de taire la soudaine inquiétude qu'Axten a fait naître en toi. Il joue clairement avec tes émotions que tu as du mal à te contenir. En regardant l'heure sur ton téléphone, tu t'empresses de ramasser tes trucs pour accourir chez lui. 18h17. Même si tu n'habites qu'à seulement quelques kilomètres de la résidence d'Axten et de sa petite famille, il te faut plus que seulement quelques minutes pour arriver à destination à l'heure, sans voiture. Évidemment, tu t'imagines le pire. Axten est comme ton frère, c'est ta deuxième famille, si bien que sans lui, il te manque une part de toi-même. Inévitablement, tu as ressenti cet étrange vide lors de son absence et d'avoir enfin de ses nouvelles est le plus cadeau qu'on ait pu te faire jusqu'alors. Tu arrives enfin chez le jeune homme, à bout de souffle parce que tu as couru sans jamais t'arrêter jusqu'à arriver. Tu entres dans la cour arrière en apercevant la lueur des flammes, accompagnée de quelques notes de guitare. Morte d'inquiétude, tu accoures vers Axten, paniquée. Tu t'imagines ce que tu m'fais, là? Tu t'imagines, putain!? Axten Callum Rose, je pensais que t'étais en train d'crever, moi...
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MessageSujet: Re: Breathe through the fear, walk through the fire -r.   Breathe through the fear, walk through the fire -r. EmptyLun 13 Juin 2016 - 3:57


Il avait à peine eu le temps de se retourner que la blonde entrait en trombe dans sa cours arrière, le menaçant du regard. Vera était une jeune femme de nature douce, Axten n'avait jamais eu droit à cette Vera. Celle qui mourrait d'inquiétude et qui lui en voulait forcément de lui avoir envoyé un tel texto. En même temps, il n'avait pas voulu lui écrire un roman au risque de l'inquiéter encore plus. Au moins, ça avait eu le mérite d'être clair. Celle qu'il considérait comme sa petite soeur s'approchait de lui, gesticulant les bras dans les airs en lui déballant son inquiétude. «Tu t'imagines ce que tu m'fais, là? Tu t'imagines, putain!? Axten Callum Rose, je pensais que t'étais en train d'crever, moi...» Le pompier fronça les sourcils, avalant difficilement la boule qui s'était formée dans sa gorge. Il s'approcha de Vera et l'entoura de ses bras. Il la serra longuement entre ses gros bras, elle lui paraissait toute petite, si délicate. Axten ne disait pas un mot. Rien ne pourrait exprimer ce qu'il ressentait présentement. Aucun mot n'illustrerait exactement ce que c'était. Ses mâchoires se serrèrent ensemble, les paupières closes. Il essayait d'oublier. Oublier le malheur qui était derrière lui, oublier celui qui ne cessait de se la jouer à tous les jours. Il avait longtemps réfléchit à ce moment. À ce moment où il lui avouerait tout, où il dévoilerait tout sur son absence, sur son retour. S'il avait moindrement pu prévoir la réaction de Charlize, Axten ignorait comment Vera réagirait. Elle lui en voudrait probablement, comme il s'en voulait toujours. Axten se défit de leur étreinte, plongeant son regard dans les iris bleus de la jeune femme. «Je...» Il râcla sa gorge, comme s'il tentait de faire disparaître cette boule bien installée au fond de lui. «J'suis désolé.» J'suis désolé de t'avoir foutu cette peur. J'suis désolé d'être parti sans rien dire. J'suis désolé de t'avoir laissée toute seule. J'suis désolé d'avoir été un mauvais grand frère. J'suis désolé d'avoir voulu te préserver à mon retour. J'suis désolé de ne t'avoir rien dit. Jusqu'à maintenant. «Tu viens au feu?» souffla-t-il, jetant un coup d'oeil vers les flammes. Ces flammes qu'il avait longtemps affrontées. Axten n'avait pas envie de rester là, de faire face à la vérité alors qu'il avait l'impression que ses jambes s'effondreraient à tout moment. L'homme invita ainsi la blonde à s'installer confortablement, lui tendant une couverture. «Je t'offre à boire? J'ai pensé à toi», ajouta Axten, souriant à sa compagne. Il tendit ensuite à Vera la boisson qu'elle avait choisit, lui se contentant d'une autre bière. Il s'en était déjà enfilée deux avant l'arrivée de Vera, mais ça, elle n'avait pas besoin de le savoir. La nervosité s'était emparée de lui dès son réveil, Axten avait eu du mal à gérer cela toute la journée. Ça ne pouvait plus attendre. Il déboucha sa bière et en prit deux gorgées d'une traite, comme pour faire passer la nouvelle qu'il s'apprêtait à annoncer à la jeune femme. «Vera...» Son regard se perdait dans les flammes, comme il aurait voulu se perdre dans une autre vie que la sienne les neufs derniers mois. «Ces six mois... je les ai passés loin de Bowen, par choix.» Enfin, si c'était ce qu'on pouvait appeler un choix. Axten n'en était toujours pas convaincu, même si on lui avait répété à de maintes reprises qu'il avait fait le bon choix. Le bon choix, oui, mais pour qui? Cette décision l'avait forcé à faire un autre choix, qu'il avait regretté. Laisser sa famille derrière lui, ce choix déchirant qui lui avait brisé le coeur et qui avait brisé un morceau de sa famille au passage. Jamais il ne pourrait récupérer ce temps perdu, ces morceaux brisés. Les coudes appuyés sur ses genoux, sa bouteille de bière entre les mains, Axten baissa la tête, fronçant les sourcils. Sans bouger, il regarda du coin de l'oeil ce que faisait la blonde. Vera le fixait, prête à tout entendre ce qu'il lui dirait. Elle ne serait jamais assez prête à apprendre la vérité. Axten aurait voulu la préserver jusqu'au dernier moment, la protéger toute sa vie. Il savait pourtant que la jeune femme avait le droit de savoir, et qu'elle devrait de toute façon faire face aux conséquences de ce qu'il lui cachait depuis trop longtemps. Axten savait aussi qu'il ne pourrait pas toujours être aux côtés de Vera, qu'il ne pourrait pas être son protecteur pour la vie. Elle finirait ses études, elle vieillirait et ferait sa propre vie. «J'ai pris un vol pour Baltimore, aux États-Unis.» Axten releva la tête le temps de boire une nouvelle gorgée de bière, reprenant aussitôt sa position initiale. Une position reflétant sûrement de la fermeture, mais dans son cas, c'était plutôt un mécanisme de défense. Il voulait tellement protéger Vera, qu'il cherchait à la protéger de lui-même. «Je... j'suis pas allé à Baltimore sans raison, Vera.» Il aurait préféré choisir une destination vacances au hasard et passer six mois sous le soleil et les palmiers, mais cela avait plutôt été tout le contraire. «J'aurais préféré t'annoncer tout sauf ça...» Axten marqua une pause, inspirant une grande quantité d'air. Il expira l'air doucement, comme pour se détendre. Ses doigts étaient crispés autour de la bouteille de vitre. «Vera, j'aurais voulu te voir graduer. J'aurais voulu te voir t'épanouir en tant que femme, j'aurais voulu te voir évoluer et grandir dans ce monde. J'aurais voulu te voir continuer à réussir tout ce que tu entreprends. Je peux pas croire... J'vais... J'ai un cancer, Vera. Un putain de cancer.» Il aurait eu envie d'éclater en larmes, mais il avait épuisé toutes ses réserves durant ces longs mois à l'autre bout du monde. De simples larmes perlaient contre ses paupières. «On m'a diagnostiqué une tumeur cancéreuse au cerveau. Le Johns Hopkins hospital, à Baltimore, est l'hôpital qui offre les meilleurs traitements contre le cancer du cerveau au monde. Je n'ai rien dit, parce que j'ai voulu mettre toutes les chances de mon côté...» Axten prit sur lui et regarda enfin la jeune femme dans les yeux. «Fuck Vera, j'ai survécu à un accident de moto duquel on ne m'aurait jamais cru vivant, j'ai bravé des édifices en feu durant des années et j'en suis toujours sorti indemne. Charlize et moi avons tenté pendant quatre ans de mettre au monde un enfant, et le jour où on réussit... c'est comme si j'avais donné ma vie en échange de celle de Romy.» Axten croyait toujours faussement qu'avouer une telle vérité gardée secrète lui enlèverait un énorme poids de sur les épaules, mais aujourd'hui, cela n'avait plus aucune importance. Plus rien n'avait d'importance que les jours qu'il lui restait aux côtés de sa femme, de sa fille, de sa soeur. «J'aurais préféré t'annoncer que j'avais gagné à la lotto et que j'étais allé tout dépenser en cachette...» Il ne le réalisait toujours pas, il n'avait même jamais prononcer le fameux mot depuis qu'on le lui avait nommé. Charlize avait comprit sans qu'il ait besoin de le prononcer lui-même. Il sourit légèrement, ne pouvant s'empêcher de se demander pourquoi il devait infliger autant de mal à ses proches. «Mais j'ai plutôt la lourde de tâche de devoir t'annoncer que... que... je vais... mourir.» Ses paupières se fermèrent et l'homme inspira difficilement. L'émotion était telle qu'Axten avait l'impression qu'un poignard lui tansperçait la poitrine. Tout s'écroulait effectivement autour de lui, alors qu'il s'éteignait à petit feu.
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MessageSujet: Re: Breathe through the fear, walk through the fire -r.   Breathe through the fear, walk through the fire -r. EmptyLun 13 Juin 2016 - 19:03

Si on m'avait dit qu'une bombe me tomberait sur la tête un beau jour du mois de juin, jamais je ne serais sortie de mon lit, ce matin là. La réalité fait mal et même si je n'y aurais sûrement pas cru, il faut croire que mon instinct m'a fait défaut ce jour-là. Après tout, quelles sont les chances qu'un tel drame survienne? Je me suis précipitée chez Axten ce soir-là, prise par la peur, rongée par l'inquiétude. C'est que je me fais souvent des histoires avec rien, alors quelles étaient les chances que ces tourments soient fondés? De le voir sur ses deux jambes me rassure, mais fait naître en moi un élan de colère. À vrai dire, c'était plutôt du soulagement. Soulagement que je suis incapable d'illustrer autrement qu'en m'emportant vivement contre lui. Tout juste comme je venais de terminer de lui crier après, je suis bloquée dans ma tentative de reprendre mon souffle pour ensuite m'excuser par un Axten qui me prend spontanément dans ses bras. Une étreinte forte, étrangement émotive. J'entoure son torse de mes petits bras - il est bien plus grand que moi, et ce n'est qu'à cette hauteur que je peux enrouler mes bras autour de lui. De cette étreinte, j'essaie de lui transmettre une bouffée de chaleur, de soulagement, de compréhension. C'est qu'il m'a fait peur... et la peur à elle seule peut faire agir, sans prendre le temps de réfléchir. «Je..J'suis désolé.» Je rompt l'étreinte sans pour autant trop m'éloigner du jeune homme. Mon regard se fait interrogateur, mais en déduis qu'il s'excuse de m'avoir fichue une trouille pareille. Je pivote la tête lentement dans tous les sens en remarquant le feu et la guitare; ces deux éléments à eux seuls servent à me rassurer que ce dont Axten doit me parler n'est rien de grave. Sinon, pourquoi la guitare? Il m'invite à m'asseoir près du feu et acquiesce en prenant place autour des flammes, source de chaleur agréable en cette fraîche soirée de juin. Je m'installe sous la couverture qu'il m'offre et je sens un sourire renaître sur mon visage. Le silence m'apaise, me donne le temps de réaliser mon élan de folie passé, ce moment de détresse qui n'avait même pas lieu d'être. «Je t'offre à boire? J'ai pensé à toi» Mon sourire s'agrandit, j'attrape ce qu'il me tend, l'observant ouvrir sa bière en silence. Mine de rien, j'ai pris goût à la bière, mais ne dit rien. Merci. Le moment est parfait, cela faisait si longtemps que j'attendais de pouvoir repasser un moment pareil avec Axten, avec mon grand frère. «Vera... Ces six mois... je les ai passés loin de Bowen, par choix.» Instantanément, je m'inquiète, puis fronce les sourcils, incertaine. Comment ça? Est-ce que j'ai fait quelque chose? Est-ce que Charlize a fait quelque chose pour que tu partes? Et si leur couple avait eu besoin de retourner aux sources? De s'éloigner quelques temps, pour ensuite mieux se retrouver? Mais... ne me l'aurait-il pas dit? Était-ce si compliqué de me donner les raisons de son départ, à l'époque? Beaucoup trop. Si on m'avait dit qu'une bombe me tomberait sur la tête dans les secondes qui suivirent ce moment, jamais je ne serais sortie de mon lit, ce matin là. Jamais. J'ai pris un vol pour Baltimore, aux États-Unis. Je... j'suis pas allé à Baltimore sans raison, Vera.» Bien que je l'écoute attentivement, la bouche entrouverte, le regard dont la seule lueur se reflétait par les flammes, cette attente que de savoir la vérité me semblait de plus en plus difficile à supporter. Incapable de dire quoi que ce soit de peur de le bloquer dans son élan d'aveux, je le laisse faire. Je croirais être un fantôme, muette comme une tombe. «J'aurais préféré t'annoncer tout sauf ça...» Et moi... Et moi, j'aurais dont préféré entendre tout, sauf ça. Tout, sauf ce qui s'en venait. Tout, n'importe quoi, mais pas ça. «Vera, j'aurais voulu te voir graduer. J'aurais voulu te voir t'épanouir en tant que femme, j'aurais voulu te voir évoluer et grandir dans ce monde. J'aurais voulu te voir continuer à réussir tout ce que tu entreprends. Je peux pas croire... J'vais... J'ai un cancer, Vera. Un putain de cancer.» Mon monde s'écroule. Les flammes, à quelques mètres de moi, me brûlent la peau comme si j'en étais prisonnière. La bombe contre laquelle on aurait dû me mettre en garde venait d'exploser tout près de moi et avait détruit tout autour. Absolument tout. Je mourais au fil des paroles d'Axten, je désirais tant disparaître, ne jamais être venue, ne jamais m'être tant inquiétée. J'aurais tant aimé que son texto se perde dans les abîmes du réseau de téléphonie et qu'il ne se rende jamais jusqu'à moi. Ce sourire qui me représente tant, ce sourire que j'avais d'accroché sur le visage suite à notre étreinte: disparu. Mort, éteint. Je me sentais impuissante, je me sentais ridicule. L'impuissance et la réalité font mal, cette putain de douleur qui me prend le ventre, le coeur, les tripes. J'ai mal, mal d'être, mal de vivre alors que lui, qu'Axten, que LUI va mourir. Il continuait ses explications, mais je me trouvais déjà bien loin, dans un tout autre monde. Je cherchais ce à quoi m'accrocher pour ne pas tomber, pour ne pas m'engouffrer six pieds sous terre. J'entends des bribes de ce qu'il me raconte, de ce qu'il m'avoue. Six mois. Baltimore. Johns Hopkins Hospital. Vivant. Feu. Réussir. Chances. Romy. Cancer du cerveau. Cancer... Cancer. CANCER! Mon cerveau semble éteint, mon coeur se protège, ma tête veut exploser. «J'aurais préféré t'annoncer que j'avais gagné à la lotto et que j'étais allé tout dépenser en cachette... Mais j'ai plutôt la lourde de tâche de devoir t'annoncer que... que... je vais... mourir.» Et c'est sur ces paroles que tout se déclenche. Que mon fort, mon mur de brique intérieur explose, la seule protection qui me permettait encore de rester debout. Je me mets à trembler. De partout. De la tête aux pieds. Malgré le feu, malgré la couverture, malgré tout ça, je tremble violemment. Mon coeur se met à tambouriner si fort dans ma poitrine que je sens qu'il va exploser. Ce serait peut-être mieux ainsi. La douleur cesserait, l'incompréhension aussi, la colère... Jusque là, j'étais incapable de dire quoique ce soit. D'ouvrir la bouche. J'avais écouté Axten jusqu'au bout de ses aveux, jusqu'à ce que la bombe ait tué mon dernier espoir. Celui que son cancer soit guérissable. Il va mourir. Il va mourir. Pas lui. Pas lui. Et c'est là que mes gardes se baissent, que j'échappe ma boisson, à peine entamée, au sol, dans l'herbe haute. C'est là que toute explose, littéralement. Je me mets à pleurer. Des larmes que je crois jamais ne s'arrêteront. Des larmes de colère, d'incompréhension, d'injustice. Puis je me mets à crier. Crier de toutes mes forces, comme si j'étais seule au monde. Après mon père, mon frère. On n'a pas le même sang qui coule dans nos veines, mais c'est tout comme. Je gueule, si bien que le chien des voisins se joint à moi. Je m'arrache les poumons, je m'époumone et je me contrefiche du reste. T'AS PAS LE DROIT DE ME FAIRE ÇA, AXTEN. T'as pas le droit... Et entre les cris, viennent les sanglots. Et encore et toujours des larmes. J'ai l'impression que jamais elles ne s'arrêteront, que mon monde vient de s'éteindre, et c'est vrai. C'est totalement ça. Combien? Combien de temps? C'est une question que je pose sans même en vouloir la réponse. Mais tant qu'à avoir mal comme jamais, autant m'achever. Je suis à peine capable de parler. Le visage dans les mains, je crie toujours. J'en viens même à donner des coups de pieds contre le sol, j'essaie de me défouler. Il a pas le droit de mourir, lui aussi...
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MessageSujet: Re: Breathe through the fear, walk through the fire -r.   Breathe through the fear, walk through the fire -r. EmptyMar 14 Juin 2016 - 1:33


C'était plutôt une grenade, dans son cas. Une grenade qu'on avait lancé sur sa vie et de laquelle on attendait curieusement l'explosion. On l'appréhendait, on espérait qu'elle soit défectueuse, qu'elle n'explose pas et que les dommages n'aient jamais lieu. Axten avait su trop vite que ce ne serait pas le cas, qu'il n'y avait aucun défaut de fabrication, sauf si l'on parlait de lui-même, et que la grenade exploserait un jour ou l'autre. Depuis que le verdict était tombé, il avait l'impression de vivre constamment avec le tic tac, le son de sa vie qui s'écoulait tranquillement. Comme un compte à rebours duquel manquait le temps qui passait, qu'il lui restait. Il s'était passé une éternité entre le jour où il apprit pour son cancer, celui où il décida de tenter tous les traitements possibles, ou presque, et le jour où il était revenu pour tout avouer. Pour affronter la triste réalité qui l'attendait. Et ce soir, il avait prit la décision de mettre au courant Vera. Axten n'avait pas vraiment le choix, à vrai dire. Elle l'aurait vu dépérir à des kilomètres. C'est à contrecoeur que l'homme avait défait l'étreinte entre Vera et lui. La blonde était silencieuse, tellement silencieuse. Ça le rendait mille fois plus nerveux face à ce qu'il avait à lui dire. La fausse fratrie prit finalement place près du feu, où l'ambiance sembla rassurer la jeune femme. Axten aurait voulu lui dire qu'elle retrouvait le sourire trop rapidement, mais chaque chose en son temps. Il débuta par la toute première ligne de son histoire... son départ précipité. Il avait laissé tellement, derrière lui. Il avait délaissé, tellement de choses, tellement de gens, tellement d'amour. «Comment ça? Est-ce que j'ai fait quelque chose? Est-ce que Charlize a fait quelque chose pour que tu partes?» Un sourire en coin se dessina sur ses lèvres, difficilement. Si seulement, ce n'avait pu être que ça. S'il avait pu se disputer avec Charlize, quitter la maison et revenir la tête vide. S'il avait pu déshonorer Vera et disparaître le temps de se faire pardonner. Si seulement, ce n'avait pas été mortel. «Non, non. Absolument pas.» Et si ça avait été le cas, il aurait eu le courage d'affronter ses différents et d'y remédier, plutôt que de fuir. Parce que c'est ce qu'il avait fait, fuir sa réalité le temps de tenter de la changer. En vain. Cette fois, il n'allait pas fuir. Axten morcela ses paroles, une à la fois. Il savait que le regard de Vera pesait sur lui, c'était ce même regard qu'il souhaitait éviter. Éviter de créer un contact, éviter de perdre les mots, déjà qu'il avait tellement cherché lesquels utiliser. Il ajouta une pièce à la fois, formant ainsi le casse-tête avec lequel il vivait depuis des mois. Axten prononça ses derniers mots, ses derniers aveus, ceux qui feraient le plus mal. Il s'en doutait. Ils n'étaient pas évitables, tout comme la fin qui l'attendait. Axten allait mourir. Et au son de ce dernier mot, l'homme sentit qu'il perdit aussitôt Vera. Il savait pertinnement qu'il venait de détuire un mur, de détruire une maison entière, mais cette fois, ce n'était pas pour sauver des vies. Il venait plutôt d'en fracasser une de plein fouet. Son corps entier tremblait, la blonde perdait contact avec son enveloppe corporelle. Axten lui jeta un coup d'oeil rapide, la vue de sa petite soeur ainsi le fit frissoner dans tout son corps. La boule qui avait envahit sa gorge, sa poitrine, son estomac était plus lourde qu'un boulet. Plus présente que jamais. La jeune femme éclata en sanglots, elle criait, hurlait tout le mal qu'il lui faisait en ce moment. Axten savait ce qu'elle pouvait ressentir, le mal, la douleur, le poignard brûlant en plein coeur. Il avait passé des jours et des nuits à hurler son malheur, à pleurer toutes les larmes de son corps. Il était passé par toutes les gammes d'émotions, par tous les états d'âmes possibles. Le jeune père qu'il était avait alors dû commencer son deuil, parce que si ses proches allaient devoir s'y mettre aussi, il n'en était pas exclu. Il avait du faire le deuil de lui-même, de sa propre vie. De toute ce qu'il avait bâtit, de tout ce qu'il avait vécu. Il s'en était voulu, aussi. Axten s'en était voulu de devoir se faire à l'idée d'abandonner sa femme, sa fille, sa soeur. Il s'en était voulu de devoir infliger à cette dernière un scénario qu'elle avait vécu, il n'y a toujours pas si longtemps de cela. Vera n'appréciait pas la mort, elle n'arrivait pas à l'apprivoiser, à l'accepter. Et voilà qu'après le départ de son père, il arrivait comme un bulldozer en lui imposant la sienne, sa morte lente, mais inévitable. Voir la blonde dans un tel état lui brisait le coeur une seconde fois. Une centième fois. Les mâchoires serrées, les poings crispés, des larmes traversèrent finalement le désert causé par les six derniers mois dans ses yeux, glissant le long de ses joues. «T'AS PAS LE DROIT DE ME FAIRE ÇA, AXTEN. T'as pas le droit...» L'homme voit noir, à nouveau. Il ne voit plus rien que le noir. Le feu n'est plus, la vie n'est plus. Il n'avait pas le droit, la jeune femme avait raison. Autant qu'il n'avait jamais eu le droit d'être aussi heureux, d'aimer autant le petit bout de femme que Charlize était, de mettre au monde un enfant duquel il ne pourrait plus s'occuper, de s'être engagé à tant devant Vera. Il s'était trop souvent dit qu'il n'avait pas mérité tout ce qu'il avait vécu, qu'il avait échoué, qu'il ne quitterait pas cette terre satisfait. C'était un échec, pour lui. Mettre fin à ses jours avait même trotté longtemps dans son esprit. Il avait plusieurs fois voulu passer à l'acte, mais de s'enlever la vie aurait été un plus gros échec encore. «Vera...» avait-il prononcé, la voix rauque, entre les sanglots de la demoiselle et les siens, qui prenaient le dessus. Son corps tremblait en entier, tellement qu'Axten en avait peur pour elle. Cette nouvelle était un choc, certes, mais elle n'en valait clairement pas la peine de détruire la magnifique jeune femme qu'elle était. «Combien? Combien de temps?» Quoi lui répondre? Il se posait la question à tous les jours, constamment. Il se demandait à chaque instant, si c'était le dernier. Le dernier rire de sa fille qu'il capturerait, le dernier baiser qu'il donnerait à sa femme, le dernier sourire qu'il offrirait à sa soeur. Axten se leva, ses jambes étaient lourdes, comme s'il lui disait Allez, vas-y, bats toi pour ça aussi. Il s'avança devant Vera, prit ses mains entre les siennes et l'amena doucement vers lui, de sorte à ce qu'elle se retrouve debout. Il la serra dans ses bras à nouveau, plus fort que jamais, comme s'il ne voulait pas la laisser partir. Il ne voulait pas, la laisser partir, justement. Le pompier pleurait. C'était lui, le grand frère qu'elle n'avait jamais eu, qui devait la protéger jusqu'à la fin. Qui aurait cru que la fin serait si tôt, qu'il devrait délaisser ce rôle dont elle avait tant besoin... «Je... je sais pas... je l'ignore...» Ce fut presque un murmure. Comme si sa voix s'était envolée avec la réponse à cette question. Il aurait préféré répondre jamais. Il aurait préféré un tout autre dénouement, mais la vie n'en avait pas décidé ainsi pour Axten. «J'ai essayé, Vera... six mois de traitements... qui m'ont... achevé...» La chimiothérapie, la radiothérapie, les différents tests et médicaments expérimentaux, son oncologue avait tout essayé pour lui sauver la vie. Mais le cancer avait prit le dessus. Une seule autre option était possible, une dernière, mais elle était beaucoup trop dangereuse pour qu'Axten ait même pensé une seule seconde de s'y lancer. «Vera, dis-moi... dis-moi que c'est juste un mauvais rêve... un cauchemar... je... j'veux pas... t'abandonner... et... Charlize, Romy...» Juste d'y repenser, les larmes coulèrent de plus belle. «Promets-moi une chose.» L'homme posa ses mains sur les épaules de son amie et plongea son regard dans ses yeux rougis et bouffis par les larmes. «Promets-moi de ne jamais les quitter. Charlize veillera sur toi comme si tu étais de la famille. Tu es, de la famille. Je veux que Romy grandisse à tes côtés.» Axten poussait la note, il préférait faire ainsi, ne sachant pas s'il serait un jour capable de reparler de son cancer et de son départ de cette façon.
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MessageSujet: Re: Breathe through the fear, walk through the fire -r.   Breathe through the fear, walk through the fire -r. EmptySam 18 Juin 2016 - 18:23

«Non, non. Absolument pas.» Voilà au moins une première option d'éliminée. Si seulement ça n'avait pu être que ça. Rien que ça. Une trahison, une engueulade, un besoin de renouveau intérieur l'incitant à fuir quelques mois pour revenir ensuite, plus en feu que jamais. Tu aurais aimé être la fautive, la méchante, celle à blâmer. On dit toujours qu'il est plus facile de mettre la faute sur quelqu'un, sur n'importe quoi autre que la réalité. La fuir est bien plus simple que de l'affronter. C'est à ces mots cancer, ces derniers aveux, que tu réalises une chose: tu n'es rien. Tous les efforts que tu mets pour être une bonne personne, pour rendre heureux les autres autour de toi. Tout ce que tu fais pour réussir, pour être le rayon de soleil de ces quelques et rares amis que tu as, tout ça n'en vaut pas la peine. Tu n'es rien. Tu n'as rien. Ou le peu que tu as semble disparaître au fil des années. Ton père était le premier, Axten le suivant. Et si la tendance se suit, il ne sera probablement pas le dernier. Tu deviens hystérique, prise d'un mal-être intérieur si fort que la douleur te paraît insupportable. La souffrance de perdre un être aimé te détruit toute entière. Tu te sens faible, impuissante. Tu en veux à la vie. Elle pourrait se forcer un peu, contrer la mort, la battre à son propre jeu. Et même s'il s'agit de la plus horrible chose à penser, tu en veux à Axten. Tu lui en veux terriblement de ne pas se battre, de te dire ça comme s'il avait usé de son dernier recours. Il n'a pas le droit de t'abandonner, de te laisser seule à toi-même. Il n'a pas le droit de murmurer ton nom, comme s'il comprenait ta douleur, ta souffrance. Parce qu'il ne la comprend pas et ne la comprendra jamais. Il la subit d'une toute autre manière. Il est de l'autre côté de la médaille, cette médaille qui n'a aucun bon côté. Tes cris, tes hurlements, tes pleurs auront sûrement alerté les voisins. Mais qu'est-ce qu'il te fait, Axten? Tu ne veux pas le voir mourir. Tu ne veux pas le voir s'affaiblir sous tes yeux. C'est ton héros, le deuxième grand homme de ta vie, celui que tu respectes, que tu admires, que tu aimes tant. Le temps défile sous tes yeux, chaque seconde est importante, mais tu persistes dans ta folie, dans ta colère, dans ton incompréhension. Tu ne le vois pas souffrir aussi de te voir dans cet état, tu es égoïste, hypocrite dans ta peine. Tu as toujours bien fait les choses, toujours. Et voilà ce que la vie te renvoie. Encore une fois. Tu détestes la vie, tu détestes ce qu'elle te fait, ce qu'elle fait aux gens que tu aimes le plus au monde. «Vera...» Non, tu ne l'entends pas. Tu es seule dans ton monde, dans un monde tout noir, obscur. Ton coeur, ton âme sont des trous béants. Détruits par ce violent éclat, par cette souffrance si vive que c'est comme si une partie de toi mourrait aussi, là, maintenant. Tu ne l'entends pas, tu ne veux pas l'entendre. Et si ces derniers mots étaient ceux-là? «Je... je sais pas... je l'ignore... J'ai essayé, Vera... six mois de traitements... qui m'ont... achevé...» Comment ça, il l'ignorait? Six mois passés à l'étranger, loin des gens que tu aimes dans le secret, dans le silence. Six mois passés dans ce que tu me dis être le meilleur hôpital, celui qui offre les meilleurs traitements. Et tu vas QUAND MÊME mourir. C'est quoi, cette putain de merde? Tu pleures toujours, tu frappes son torse de tes poings, voulant te dégager de son emprise, même si tu aimerais tant t'y blottir et rester là, dans l'ignorance pour le reste de tes jours. Si seulement... Tu ne cries plus, tu te contentes de pleurer à chaudes larmes, d'énormes larmes qui ne s'arrêteront peut-être jamais. Jamais jusqu'à ce que tu assèches complètement ton corps, tes réserves d'eau. «Vera, dis-moi... dis-moi que c'est juste un mauvais rêve... un cauchemar... je... j'veux pas... t'abandonner... et... Charlize, Romy...» Tu aimerais tant que ce ne soit que ça; un fichu de mauvais rêve. Un mauvais rêve qui menaçait de détruite ta vie à jamais. Comment pouvait-tu retrouver ton éclat? Ton sourire? Ta bonne humeur? Ta force? Après... ça?! Reste... Reste avec nous. Si seulement c'était si simple. Donne-moi c'fichu cancer, j'ai rien à perdre, moi. Contrairement à toi. Si, tu avais beaucoup à perdre. Peut-être autant que lui, mais sous d'autres formes: c'est juste plus simple de mourir à sa place. Plus simple que de le regarder mourir, lui. «Promets-moi une chose. Promets-moi de ne jamais les quitter. Charlize veillera sur toi comme si tu étais de la famille. Tu es, de la famille. Je veux que Romy grandisse à tes côtés.» Tu le regardes, yeux dans les yeux. Ton regard, noyé par les larmes, qui ne peut supporter plus. Ça non plus, il n'a pas le droit. Il n'a pas le droit de te faire promettre une telle chose, alors que c'est lui qui devrait veiller sur elles. Sur Charlize, sur Romy. Sur toi, aussi... Mais c'est égoïste de penser ça. À ton plus grand étonnement, tu secoues la tête de gauche à droite en te remettant à sangloter. Ta voix, inaudible, est prise de soubresauts. Tu trembles toujours, ta voix aussi. Il doit être bien dur de te comprendre, de saisir ce que tu cherches à dire. J'peux pas. J'pourrais pas supporter ça. J'pourrais pas supporter de veiller sur elles, alors qu'elles ont besoin de toi. Toi et toi seule. Pas d'une petite idiote comme moi qui n'arrivera jamais à rien avec sa vie. Comment tu veux que j'continue à vivre normalement en sachant que tu vas mourir? En pensant que tu pourrais t'éteindre demain. Après-demain. Dans un mois. Dans un an? Comment tu veux que j'sois un jour heureuse en sachant que tu n'es plus là? Romy mérite mieux que moi. Elle mérite un père. Tu reviens te blottir dans ses bras, après t'être calmée, après avoir apaisé ta colère contre lui, qui ne disparaîtra jamais pourtant contre la vie. Tu as envie de tout détruire autour de toi, même si tout s'est déjà effondré. Même si tout est déjà par terre, mort, laid, triste, déprimant. Même si tout te rappelle la mort. SA mort. C'est pas possible que tu n'aies pas tout essayé.. J'te crois pas. J'préfère te voir souffrir dans un lit d'hôpital en sachant que tu vas vivre, que tu vas survivre, plutôt que de te voir dans un cercueil. Tu vois bien qu'il souffre autant que toi. Et même si tu te disais qu'il n'y avait pas droit, c'est plus fort que toi. Tu veux tant le sauver. Tant lui sauver toute la souffrance, tout le mal. Tu veux tant le réconforter, alors que toi-même tu n'auras jamais autant souffert. Axten, ne meurs pas, j't'en supplie. Ne me quitte pas...
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MessageSujet: Re: Breathe through the fear, walk through the fire -r.   Breathe through the fear, walk through the fire -r. EmptyVen 24 Juin 2016 - 19:07


Les traitements qu'il avait essayé l'avaient peu à peu détruit, tout comme ce cancer ne cessait de le faire depuis des semaines. Axten s'était accroché à l'idée de tout faire pour sauver sa vie, pour se maintenir en vie. Et pourtant, ce qui devait le sauver l'avait écorché à vif. Tout autour de lui s'éteignait tranquillement. S'effondrait. L'homme n'avait pas voulu faire de mal à quiconque de son entourage, en partant de la sorte, mais il n'avait vu aucune autre option d'y arriver. S'il avait prévenu Charlize, Vera, elles auraient eu la même réaction qu'aujourd'hui. Elles auraient voulu le suivre, puis elles l'auraient vu dépérir sous les traitements, broyer du noir et le trouver au pire niveau de sa vie. Qu'est-ce qu'il avait fait, pour mériter cela? Depuis qu'il avait l'âge de parler et de marcher, qu'il s'engageait auprès de sa communauté. Aussitôt sur pied, sa mère l'amenait faire du bénévolat avec elle. Il avait caressé le rêve d'être pompier durant des années, avant d'y arriver finalement. Dans la dernière décennie, Axten ne comptait plus les vies qu'il avait sauvé. Ce chiffre était plus qu'un record ou qu'une statistique, c'était une fierté. Un hommage. Une réjouissance. Comment lui, avait-il pu sauver des vies, alors qu'un médecin spécialisé dans le traitement des cancers, n'arrivait pas à sauver la sienne? Il avait tout mis de côté pour miser sur sa vie. Échec. «Six mois passés à l'étranger, loin des gens que tu aimes dans le secret, dans le silence. Six mois passés dans ce que tu me dis être le meilleur hôpital, celui qui offre les meilleurs traitements. Et tu vas QUAND MÊME mourir. C'est quoi, cette putain de merde?» La blonde frappe de toutes ses forces, ses poings contre son torse. Axten ne ressent même pas le mal qui l'affecte au contact de ses mains. Il est envahi par la peur, par la colère, par la douleur. Il bouille à l'intérieur, parce qu'il sait que Vera a raison, mais surtout, parce que cela fait mal d'entendre la vérité sortir de la bouche de quelqu'un d'autre. «Si j'avais su que ça allait être un échec, je ne serais jamais parti... mais, j'ai voulu... j'ai voulu mettre toutes les chances de mon côté.» Pour Charlize, pour Romy. Pour toi, Vera. Il était un combattant, après tout. S'il pouvait combattre le feu, Axten s'était cru capable de combattre la maladie, le cancer. Il avait des chances, que lui avait dit son médecin. Et pourtant, même si Axten les avait réunies et toutes mises de son côté, il n'y était pas arrivé. La médecine n'y était pas arrivé. «Reste... Reste avec nous. Donne-moi c'fichu cancer, j'ai rien à perdre, moi. Contrairement à toi.» Axten sait que ce sont les émotions qui parlent, mais il fronce les sourcils. Il refuse catégoriquement que Vera prononce ces mots. Jamais il ne ferait supporter cette merde, comme elle l'avait surnommée, à quelqu'un. Encore moins à sa petite soeur. Il voudrait lui dire qu'il est là et qu'il restera jusqu'à la fin, jusqu'à sa fin, mais l'homme sait que ces mots ne recolleront jamais les morceaux brisés de son coeur. Ce n'est pas ce qu'elle veut entendre. Axten lui demande une chose. Ne jamais quitter la route de sa femme et de sa fille. Les trois femmes de sa vie ont mutuellement besoin de support. Elles auront besoin l'une de l'autre pour passer au travers. Axten se conforte à l'idée que sa mère ait doucement quitté ce monde il y a de cela quelques années, déjà. Jamais il n'aurait eu la force d'apprendre à celle qu'il l'a mis au monde, qu'il quitterait avant elle. Mais Vera tourne rapidement sa tête de gauche à droite. Les larmes coulent toujours, les sanglots sont toujours présents. «J'peux pas. J'pourrais pas supporter ça. J'pourrais pas supporter de veiller sur elles, alors qu'elles ont besoin de toi. Toi et toi seul. Pas d'une petite idiote comme moi qui n'arrivera jamais à rien avec sa vie. Comment tu veux que j'continue à vivre normalement en sachant que tu vas mourir? En pensant que tu pourrais t'éteindre demain. Après-demain. Dans un mois. Dans un an? Comment tu veux que j'sois un jour heureuse en sachant que tu n'es plus là? Romy mérite mieux que moi. Elle mérite un père.» Les larmes coulent sur les joues de l'homme. Vera se blottit à nouveau dans ses bras, légèrement plus calme. Elle l'apaise comme il a voulu le faire un peu plus tôt. «Tu es une femme exceptionnelle, Vera Fjerstad. On avancera ensemble, jusqu'au dernier instant. Romy aura toujours un papa. Juste qu'il... il veillera sur elle d'ailleurs...» finit-il, une boule dans la gorge. Axten n'a pas la force de confronter Vera sur l'image qu'elle a d'elle-même. De son importance. Lui, il connaît sa réelle valeur et c'est ce qui compte. Il refuse que la blonde laisse tomber parce que la vie l'a laissé tomber, lui. «C'est pas possible que tu n'aies pas tout essayé.. J'te crois pas. J'préfère te voir souffrir dans un lit d'hôpital en sachant que tu vas vivre, que tu vas survivre, plutôt que de te voir dans un cercueil.» Axten ferme les yeux. Il a tout essayé ce qui était possible de tenter, ce qui le garderait en vie sans détruire sa qualité de vie. Accepter l'idée qu'il quitterait ce monde, cette vie, n'a pas été des plus faciles. Il a même songé à y mettre fin plus rapidement, avant de chasser cette idée noire, trop noire. Il devait affronter la réalité, la vérité. Maintenant que c'est fait, il ne peut rien faire de plus que d'accepter son destin et de vivre chaque instant de façon intense. Il n'envisage pas de remettre les pieds dans un hôpital, juste la vision de ces murs blancs lui donne la nausée. Ce serait trop risqué d'essayer une nouvelle fois, une dernière fois. «J'ai essayé tous les traitements qui pouvaient me garder en vie... Certains sont plus risqués que d'autres...» Lui dire, ou ne pas lui dire. Ce serait trop risqué, de toute façon. «Axten, ne meurs pas, j't'en supplie. Ne me quitte pas...» Les yeux remplis d'eau, les bras enlacés autour de son amie, Axten soupire. «Je te quitterais pour... rien au monde, Vera...» Sans ce foutu cancer, jamais il n'aurait même songé à sortir la blonde sa vie. Elle était beaucoup trop importante. «Et remettre les pieds dans un hôpital serait trop risqué. Je refuse de partir plus tôt encore» finit-il, sentant profondément les sanglots l'envahir à son tour.  Au moins, de cette façon, il pouvait doucement préparer son départ, s'y faire. Axten ne voudrait pour rien au monde disparaître à nouveau, sans avertissement.
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