alej/dustin ▬ la fée verte

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la fée verte

Et qu'est-ce qu'un spectre sinon un pauvre résidu de l'égo, incapable de croire qu'il a été abandonné par sa chair corruptible?

Dustin ✧ Alejandro

Il était tard dans la nuit, ou tôt dans la matinée, lorsqu'Alej rentra enfin chez lui. La nuit avait été compliquée. Un énorme carambolage avait eu lieu et une grosse partie des corps avaient été rapatriée vers l'IML de Bowen, car toutes les morgues étaient pleines. C'était bien sa veine. Il avait donc enchaîné plusieurs autopsies avant que quelqu'un ne vienne prendre le relais. Il était fatigué et se sentait particulièrement sale. L'homme observa son couloir avant d'accrocher sa veste sur son porte-manteaux. Enfin, il gagna sa salle de bain tout en se déshabillant sur le chemin. Il eut un instant d'hésitation avant de se décider à faire couler l'eau du bain. Alej quitta enfin la pièce pour aller mettre de la musique dans le salon. Un système d'enceintes permettait d'en profiter dans plusieurs endroits de la maison. C'était un luxe dont il ne pouvait plus se passer.

Le Miserere retentit dans la pièce. Alej s'immobilisa, nu, devant sa chaîne HiFi et ferma les yeux. Il resta ainsi de longues minutes avant de changer de disque. Il ne pouvait, ne devait, plus écouter cet air. Au fond, ça l'avait conduit peu à peu à la folie. Il n'y avait pas moyen qu'il perde les pédales encore une fois. Il s'était rangé, il avait mis sa vie d'avant de côté. Il faisait de son mieux pour effacer ses traces, pour qu'on ne le retrouve pas. Le Miserere devait lui aussi disparaître de sa vie. Lentement ses pieds nus rejoignirent sa salle de bain. De la buée commençait déjà à lécher le miroir et le carrelage. Il entra dans son bain sans se soucier de la température brûlante de l'eau. Déjà, sa peau devenait rouge.

Alej arrêta l'eau et ferma les yeux ce qui lui sembla être quelques secondes. Lorsqu'il les rouvrit, l'eau était froide et le soleil brillait haut dans le ciel à travers la lucarne. Il frotta avec rigueur son corps avant de déboucher la baignoire et de sortir de l'eau. Enroulé dans une serviette chaude, il gagna sa chambre où il se sécha et enfila des vêtements propres. Il resta de longues minutes immobile, essayant en vain de se changer les esprits. Les corps mutilés qu'il avait vus pendant la nuit refusaient de le quitter. Il était rare qu'il ne s’imprègne autant de ce qu'il observait au travail. Il avait appris à prendre du recul ; beaucoup de recul.

En réalité, ce qui dérangeait probablement Alej était qu'il n'avait rien fait. Il n'était pas responsable des atrocités dont il avait pu être témoin suite au carambolage de la veille. Il ne pouvait s'empêcher de se souvenir du temps où il donnait la mort comme on donnait la vie. L'homme tira un peu sur les manches de sa chemise avant d'attraper une veste de costume et de quitter la pièce. Il alla jusqu'au salon et coupa la musique. Nerveusement, il reprit le disque du Miserere et le mit dans la chaîne HiFi. Un frisson le parcourut alors que les premières syllabes du quantique atteignaient ses tympans. D'un pas décidé, le médecin légiste rejoignit alors sa cave.

Il n'en sortit que de très longues heures après, les manches de sa chemise tachées d'un liquide étrange. Il retira sa veste qu'il posa sur le comptoir de sa cuisine et alla changer de haut. Il revint et se fit griller des toasts, qu'il mangea avec un peu de fromage italien et de vin français. Il prit un dessert au chocolat, par pure gourmandise et risqua un regard dehors. La nuit était déjà tombée. Alejandro attrapa sa veste et fila au salon. Il éteignit la chaîne HiFi qui avait arrêté de produire une quelconque musique bien des heures auparavant. Enfin, il quitta sa maison pour rejoindre le centre-ville en moto. Il se gara en partie sur un trottoir, en partie sur la route, puis entra dans un bar dans lequel il avait ses habitudes.

Alejandro claqua la porte derrière lui, mais cela ne se remarqua pas, le brouhaha ambiant couvrant tout. Il s'approcha du comptoir et s'assit sur un tabouret de bar. Presque automatiquement, un verre de whisky se matérialisa devant ses yeux. Il les leva et remercia Calisto.

« Ton grand-ami est là aussi. Il est assis à une table là-bas. Il a fui quand Mona est arrivée et a décidé de le draguer avec une certaine insistance.
- Toujours aussi charmante, demanda Alejandro en buvant un peu.
- Tu la connais vraiment bien, hein ? »

Le médecin s'autorisa un sourire avant de se tourner vers la salle. Il présenta ses excuses à Calisto – qui devait bosser de toute façon, alors il préférait ne pas l'avoir dans les pattes – puis rejoignit Dustin. Il s'assit dans le fauteuil à côté de lui, posant son verre sur la table basse.

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«Allez, je t’offre ce verre et j’arrête de parler, je me contenterai d’agir» Il la regarde, il sourit et se met à secouer la tête. Il laisse ses yeux tomber sur le comptoir en se disant qu’elle finira par laisser tomber. Mais il savait que ce serait impossible, il la sentit poser sa main sur sa joue, relever son visage pour le pousser à la regarder dans les yeux ou plutôt… de fixer maladroitement le décolleté qu’elle exhibait du mieux qu’elle le pouvait. Attrapant délicatement les doigts qu’elle avait posé sur son visage, il les repoussa avant de faire signe à Callisto de lui servir son verre, tandis qu’il se retourna vers la jeune femme. «Crois-moi, j’ai ni l’envie de t’offrir un verre, ni l’envie de te voir agir. J’ai l’impression que tu en fais déjà assez et là, je veux jute aller boire mon verre avant d’aller bosser» Il lui adressa un sourire qui se voulait sincère mais à son rire, il comprit qu’elle continuerait à lui tenir la jambe et cette fois-ci, c’est sa tête que Dustin posa sur le comptoir, posant ses mains derrière son crâne afin qu’elle n’essaie même pas de le redresser. Pendant qu’il l’entend se remettre à parler, à laisser une main caresser son dos, il croit reconnaître le bruit d’un verre que l’on dépose sur le bar. Il relève alors la tête et voit sa boisson servie par Calisto qui s’en va en souriant… évidemment, il n’allait pas lui donner un coup de main pour éloigner son pot de colle du soir.

«Tu sais quoi? Attends-moi dehors, je finis mon verre et on va se faire un petite virée d’accord? J’arrive dans dix minutes, le temps de boire ça…» glissa-t-il en désignant son verre de la tête, l’attrapant au passage en quittant son tabouret pour aller s’enfoncer au fond du bar. Il s’installa dans un fauteuil tout en voyant celle qui le collait au cul sortir tout en lui faisant un signe de la main, heureuse comme jamais… et sûrement déçue lorsqu’il prendra la fuite par l’arrière du bar. Soufflant un coup, il apporta son verre à ses lèvres et en but une gorgée, sentant l’alcool lui brûler les cordes vocales, laissant un souffle sortir d’entre ses lèvres avant de fermer les yeux et de pencher sa tête en arrière. Il avait besoin de savourer ce moment de tranquillité malgré l’ambiance qui l’entourait, il n’avait pas forcément beaucoup dormi et cette nuit il allait devoir enchaîner une nocturne entière à la radio. Se frottant le visage de ses mains, il sentit quelqu’un s’asseoir près de lui, déposant un verre sur la table sans rien dire. Il se mit à grogner et tout en commençant à enlever la main de ses yeux, il balança d’un air blasé

«Dix minutes je t’avais dit… pas deux, alors attends-moi de…» il se stoppa net en voyant Alejandro à côté de lui. Celui-ci le regardait silencieux, comme s’il attendait la suite. Se mettant à sourire, Dustin lui adressa une tape amicale sur l’épaule et prit son verre «… Bordel, j’ai cru que c’était l’autre là, celle qui drague tout ce qui bouge. Elle a du me dire cent fois son nom mais je suis incapable de l’écouter plus de deux secondes» Il se mit à rire et tendit son verre vers Alejandro pour trinquer avec lui, buvant une gorgée avant de se tourner un peu vers lui «T’as une sale gueule, heureusement que tu t’es bien habillé pour dissimuler tes cernes» C’était une simple plaisanterie, après tout ils étaient du genre à s’en balancer sans répit, c’était d’ailleurs ce qui les avait poussé à se connaître. Ils se retrouvaient souvent ici, rarement en dehors de ce bar, mais lorsqu’il se croisaient, ce n’était jamais triste et en y repensant, Dustin commençait à se dire que la nocturne à la radio risquait d’être difficile à assumer si Alejandro comptait l’entraîner à enchaîner les verres.

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Alejandro acquiesça d'un signe de tête alors que la demoiselle qui avait tenté de draguer Dustin s'attaquait à Calisto. Ce dernier semblait totalement dépassé par la situation et agitait les bras dans tous les sens, comme un puceau complètement perdu. Par moment, il se demandait si l'italien ne l'était pas. Il tira un peu sur la veste de sa chemise.

« J'ai passé de sales journée à l'IML », soupira-t-il. « Les derniers cadavres que j'ai vus font particulièrement peur. Heureusement que j'avais encore les dents pour pouvoir les identifier. Je n'ai jamais vu ça, dans toute ma carrière. »

Le médecin porta ses lèvres à son verre, avant de le reposer sur sa cuisse sans même le boire. Il passa sa main libre sur son visage, comme soudainement absorbé par ses pensées. Bien évidemment il avait vu pire dans sa carrière. Le souci était qu'il était responsable des horreurs en question. Il n'avait jamais pensé qu'un cinglé puisse faire des choses semblables, pour des raisons qui lui étaient obscures, voire inconnues. Tout cela lui filait des cauchemars et le rendait totalement dingue. Il se réveillait souvent en pleine nuit, couvert de sueur et un couteau à la main, dans sa cuisine. Ces nuits-là, il se remerciait silencieusement de ne partager sa vie avec personne.

« Je ne t'ai pas dit, Dustin », lança Alejandro d'une voix presque douce, ce qui tranchait avec ses habitudes. « Je crois que j'ai rencontré quelqu'un ».

Le cubain leva les yeux vers son ami et but un peu de whisky, avant de réaliser que le verre de Dustin était vide. Il se tourna et fit un signe vers Calisto qui se précipita vers eux avec une bouteille. Il en profita pour engueuler rapidement, et doucement, l'animateur radio qui lui avait refilé malgré lui la nana lourde. Puis, il s'éclipsa aussi vite qu'il était apparu. Alejandro but rapidement une nouvelle gorgée d'alcool. Ses pensées dérivèrent vers Tahlia avant une facilité presque déconcertante. Il ne s'était jamais réellement vu avec quelqu'un auparavant. Il ne pensait pas mériter une quelconque forme d'amour, se contentant ainsi de relations faciles d'un soir.

Un fin sourire s'afficha sur le visage d'Alej. Cela n'était pas dans ses habitudes, du moins pas de cette façon. En temps normal, il s'agissait principalement de sourires mesquins, voire mauvais. Ici, on voyait vraiment une pointe de bonheur sur son visage, et cela n'était pas du à l'alcool. Il tourna la tête vers son ami et but encore un peu, comme pour se donner du courage. Puis, avant que Dustin n'ait le temps de parler, il enchaîna.

« Elle est jolie, si tu savais. Je n'avais pas franchement remarqué avant. C'était pas le genre de filles que je regardais. J'ai tendance à me contenter facilement d'un décolleté hyper profond. Je ne cherche pas plus loin en temps normal. », expliqua-t-il. « Mais elle a quelque chose de tellement différent. Elle est jolie, elle est gentille, elle a quelque chose dans son attitude qui me rend complètement dingue. »

Il allait continuer puis s'arrêta brusquement, se rendant compte qu'il parlait d'autre chose que de son boulot ou des cadavres qui s'y accumulaient. C'était bizarre pour lui, même si Dustin était une des rares personnes à qui il parlait d'autres choses. Il n'avait pas pour habitude de s'étendre sur ce genre de sujet, et se sentit bizarrement mal à l'aise. Et, pour contrer cela, il vida son verre avant de l'agiter en l'air pour en réclamer un nouveau. Le cubain fut assez surpris de voir que son verre soit remplacé presque immédiatement. La conquête de Dustin était de retour et semblait avoir une cible supplémentaire.

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Apparemment ce n’était pas la meilleure période pour Alejandro, Dustin le comprit rapidement lorsque celui-ci lui fit part de son boulot. De base, il savait que le cubain n’exerçait pas la profession la plus simple et même lorsque l’on était passioné, il y avait toujours des jours où certaines choses vous dépassaient et c’était le cas aujourd’hui pour Alejandro, les lèvres posées sur son verre sans même toucher à l’alcool, un geste surprenant venant de lui, il avait une descente d’enfer généralement. «De base, tu ne fais pas quelque chose de facile et avec les fous qu’on a là-dehors, ils doivent t’en faire voir de toutes les couleurs. J’espère que ce n’est qu’une période… on passe tous les des moments difficiles, non?» Un bref sourire se dessine sur les lèvres du new yorkais d’origine, tentant d’effacer les images des cadavres qu’Alejandro avait en tête. Un long silence prit place entre eux, le genre de silence où ils restaient à observer les gens qui se trouvaient dans le bar, pour finalement se mettre à les décrire un par un, un passe-temps comme un autre qui avait fait ce qu’ils étaient aujourd’hui. Des amis ou du moins, quelque chose qui s’y rapprochait, ils étaient un peu ces deux mecs qui se retrouvaient toujours dans ce bar, rarement ailleurs, c’était leur point de rencontre, le point de nombreuses beuveries, parfois quelques bagarres, des moments qui permettaient de respirer un peu au final. Puis Alejandro brisa le silence, attirant l’attention de l’animateur. Et d’autant plus lorsqu’il ajouta qu’il avait rencontré quelqu’un.

Ses sourcils se haussèrent l’un après l’autre, son regard se posant sur Alejandro qui termina son verre. Un sourire se mit à se dessiner sur les lèvres du jeune homme, il s’attendait à ce que le cubain lui raconte la chose plus en détails. C’était rare de le voir ainsi. Il voyait bien sur les traits fatigués de son visage qu’il y avait une part de bonheur, une part d’admiration presque qui se réveillait dans la lueur de ses yeux. Calisto vint remplir le verre d’Alejandro et ce dernier resta silencieux encore quelques secondes, préférant sourire presque bêtement tout en touchant à son verre une seconde fois avant de se mettre à parler. Au fur et à mesure qu’un mot sortait de la bouche de son pote, Dustin ne pouvait s’empêcher de laisser ses lèvres s’étirer davantage, il ne le reconnaissait pas mais cette femme avait clairement eu le don de lui faire tourner la tête. Le récit prit fin et il vit le sud-américain descendre son verre d’une traite ce qui eut l’effet de faire rire Dustin qui se pencha un peu en avant pour prendre la parole. Mais au même moment, il vit une main parfaitement manucurée remplir le verre de ce dernier, puis sans qu’il ait le temps de poser son attention sur cette femme, elle s’était assise sur les genoux d’Alejandro sans la moindre permission.

«Si tu parles d’elle, en effet, elle a quelque chose de complètement différent des autres, elle est belle et… Elle a un grain dans sa tête, c’est ça qui te rend dingue?» lança-t-il en désignant la femme d’un geste de la tête avant de se mettre à rire. Dustin n’avait pas envie de parler de cette fameuse femme dont lui avait parlé Alejandro devant celle qui se tenait sur ses genoux. Ça semblait être gênant pour lui d’en parler alors l’ancien cascadeur avait préféré jouer sur la dérision en faisant croire que la nouvelle arrivante était celle qui lui avait tourner la tête. Cette dernière avait l’air heureuse d’ailleurs, peut-être un peu trop, elle ne les lâcherait pas de si tôt et ce fut à Dustin de descendre son verre d’une traite. «Je plaisante Cruella, je ne parlais pas de toi. Et a à moins qu’il soit d’avis à ce que tu lui changes les idées, va offrir un verre à quelqu’un d’autre, les hommes aussi ont besoin de rester entre eux de temps en temps» Il était sérieux, presque froid. Si Alejandro tentait de fuir la conversation qu’il avait lancée en parlant de cette femme qu’il avait dans le sang, il garderait cette folle sur ses genoux. Ou alors il déciderait d’affronter les choses et répondre aux questions de Dustin… avant qu’il ne soit saoul, évidemment.

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La jeune femme lui tourna autour un instant avant de s'asseoir sur ses genoux sans y être invitée. Alejandro fronça les sourcils et soupira un instant, son verre à la main. Son odeur était très dérangeante, un mélange d'amande, de parfum bon marché, et de transpiration. Il fronça de nouveau le nez alors que Dustin se faisait désagréable afin qu'elle s'en aille. Alej approuvait l'idée et lui demanda poliment de partir. Elle ne répondit rien, se contentant de passer son index sur sa mâchoire avant de le poser sur sa bouche. Il jura avant de se lever, soulevant la femme au passage qui manqua de s'étaler au sol. Elle remarquablement ivre et sûrement prête à tout. Il posa son verre sur la table basse et, plus qu'agacé, Alejandro l'attrapa par le bras pour finalement aller la mettre dehors. Calisto et la sécurité le regardèrent faire sans s'interposer. Ils pouvaient sentir qu'il était à bout de nerf et prêt à cogner sans raison.

Ces derniers soirs, au sein du Fight Club qu'il avait initié avec Logan, Alej était devenu plus violent qu'en temps normal. D'habitude, il cherchait à se défouler. Là, il cherchait plutôt à blesser. On lui avait d'ailleurs interdit de se battre ce qui n'avait fait que décupler sa colère. Il la sentait bouillonner en lui à chaque instant ; sauf peut-être en présence de la fameuse jeune femme, de laquelle il avait commencée à parler à Dustin. Tahlia. C'était dingue l'effet qu'elle avait eu sur lui dernièrement. Ce n'était peut-être qu'une histoire comme ça, mais il espérait sincèrement que ce ne soit pas le cas. Sur le chemin du retour, Alejandro attrapa une bouteille de vodka. Il lança au barman qu'elle serait offerte vue le peu d'aide qu'il avait fourni pour se débarrasser de l'autre moche-là. Il s'assit, troquant la bouteille pour son verre.

"Bien, c'est déjà une bonne chose de réglée.", grogna-t-il avant de reprendre. "Je ne doute pas que l'on ait tous des moments difficiles. En tout cas, le mec qui mutile les nanas que j'autopsie régulièrement en a vécu pas mal ces derniers temps. Ils n'en parlent pas dans les médias. Ils ont peur. J'ai peur, d'une certaine manière, quand j'vois les corps."

Il hocha légèrement la tête à la négative avant de boire un peu. Dustin était présentateur de radio. Il ne savait pas réellement ce qu'il présentait d'ailleurs. Il animait une émission, ça il en était certain. Il ignorait s'il parlait des informations ou non. Désormais, il espérait que si c'était le cas, il n'allait pas parler de ce qu'il venait de dire, sans quoi il se ferait taper sur les doigts. Alejandro n'écoutait que très rarement la radio ; voire jamais. C'était la seule distraction qu'il avait eu pendant son enfance, et l'associait immédiatement à cette période peu réjouissante de sa vie. Il écoutait principalement de la musique classique. Or, il était rare d'arriver à caser cela dans une conversation. De plus, il pensait qu'il valait mieux éviter ce sujet-là de peur d'en arriver au Miserere.

"Et toi, les filles en ce moment ?", lança-t-il.

Il était conscient que les filles ce n'était pas franchement le sujet de prédilection de Dustin. Cependant, il voulait peu à peu changer de sujet, plus trop désireux de parler de cela après l'incident de l'autre moche-là, ni même de cadavres.

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