lights, camera, action ! (seamus)

C'est son premier jour sur le plateau de tournage. Nerveuse, Théia fait les quatre-cents pas. Elle a les cheveux attachés en une longue queue de cheval pour ne pas que ses longueurs viennent la déranger pendant son boulot, et peut-être aussi pour paraître un peu plus professionnelle. Peut-être qu'elle aurait dû faire un chignon ? Son ventre se noue. Elle tient dans ses mains le scénario du film qu'elle a déjà lu deux fois, mais qu'elle continue de passer en revue pour s'assurer de n'avoir rien oublié. N'étant encore qu'en stage, elle est pour le moment supervisée par l'assistante en titre du producteur et n'en est donc pour le moment qu'au rang de simple "stagiaire". Théia jette un énième coup d'oeil à sa montre et remarque qu'il est déjà neuf heures, l'heure où tous les comédiens sont censés être arrivés. Elle décide d'aller faire un tour sur le plateau histoire de vérifier qu'il ne manque personne, vérifie l'état de chacun histoire qu'aucun d'eux ne soit souffrant d'une gueule de bois, et note de temps en temps quelques idées qui fusent dans son esprit et qui ne serviront certainement jamais dans un petit carnet qu'elle trimbale partout. Alors qu'elle note une énième idée, ne regardant pas où elle marche, Théia fonce tête la première en direction d'un individu qu'elle ne manque pas de percuter. Tout chamboulée, elle se recule d'un pas et lève les yeux vers l'acteur. « Oh, désolée. » Théia n'a pas pour habitude d'être nerveuse, encore moins timide, mais la peur d'être virée dès son premier jour semble prendre le dessus sur tout ce qui fait d'elle la personne qu'elle est d'habitude. « Seamus, c'est ça ? Bon ok c'est ridicule, je sais très bien qui tu... vous êtes. Et maintenant j'ai l'air ridicule. Bien joué Théia, » soupire-t-elle pour elle-même, rangeant son calepin dans la poche arrière de son jeans noir et faisant tourner son bic entre ses doigts. « Il vous faut quelque chose ? Un café, un croissant, un singe domestique ? Et je ne plaisante pas, quelqu'un vient réellement de me demander ça ! » dit-elle en désignant d'un geste de la main l'espace derrière elle.

Depuis l'installation du tournage de la série en Australie, tu as eu plusieurs opportunités de te présenter à des castings de films. Aucun script ne t'avait, jusque là, véritablement tapé dans l’œil. Trop grands, déjà vus, ou rôles que tu te savais incapable de décrocher face à de bien meilleurs -et plus connus- acteurs. Celui-ci t'intéressait car il change de ce que tu as déjà interprété. Au théâtre comme à l'écran. Tu fus suffisamment chanceux que pour décrocher le second rôle principal dans ce drame actuel, et tout ce qu'il y a de plus réaliste. Un vrai changement. A neuf heures, tu es sur le plateau depuis plus d'une demi-heure et as déjà commencé à manger. De toutes manières, tu ne fais quasiment que cela entre les prises, la seule raison pour laquelle tu ne ressembles pas encore à une baleine est que tu fumes depuis des années. De plus, ici, Ruby n'est pas là pour cacher ou jeter ton paquet, et t'arracher ta cigarette aux lèvres. Elle a tellement horreur de cela. Du coup, tu es à l'extérieur, expirant la fumée une dernière fois avant de l'écraser dans le cendrier et de rejoindre le plateau en vitesse. Pressé, bien que tu ne sois pas dans les premières scènes du jour, tu n'as pas le temps de t'arrêter ou d'esquiver lorsque tu tournes dans un couloir et qu'une jeune femme apparaît dans ton champ de vision. Vous entrez en collision, une très légère collision. « Désolé », lâches-tu au moment où elle s'excuse, et tu souris. Sourire qui s'élargit lorsque tu constates qu'elle se trouve toute chamboulée. « Mais non, vous êtes juste un peu nerveuse. Premier jour ? » Tu suis ses gestes du regard et reviens à ses yeux, ton sourire n'a pas quitté tes lèvres. Tu secoues doucement la tête à ses questions, levant les yeux au ciel à la dernière proposition. « J'ai tout ce dont j'ai besoin, merci, c'est très gentil. » Tu te penches doucement vers elle: « Je pense savoir à qui est destiné le singe, une vraie diva. », fais-tu sur le ton de la confidence avant de rire. Tu lui adresses un clin d'oeil en te redressant, jetant un coup d'oeil au plateau. «  C'est pour tout de suite l'animal de compagnie ou t... v... tu restes un peu ? Je vais te tutoyer, si ça ne te dérange pas. Tu peux faire pareil. » Tu serais un peu mal à l'aise si elle poursuivait le vouvoiement, ce n'est pas une chose dont tu as l'habitude, tu t'empresses d'ailleurs de corriger le vous par un tu avec la plupart des gens.

Il n'est pas vraiment difficile de voir que c'est son premier jour. Pendant que tout le monde semble calmement occupé à faire ce qu'il a l'habitude de faire dans son coin, Théia est quant-à elle occupée à courir partout sans même regarder où elle met les pieds. D'où la collision. À la question de Seamus, elle hoche la tête et esquisse un sourire. « C'est si flagrant que ça, » répond-elle en baissant un instant les yeux vers ses chaussures, des petites baskets qu'elle n'a pas eu le coeur de troquer contre une paire plus distinguée. Il lui affirme qu'il n'a besoin de rien et elle opine, s'apprêtant à retourner lécher les bottes de sa maître de stage, sauf que l'acteur lui souffle une phrase qui suffit à la faire doucement rire. Théia lève à nouveau les yeux vers lui au moment où il détourne le regard. « Non j'ai encore du temps devant moi, et puis je ne crois pas être assez payée pour ce genre de tâche. Même si en réalité, je ne suis pas payée du tout. » Elle rit à nouveau avant d'ajouter « Ça me va parfaitement pour le tutoiement, je préfère même. » Préférant tout de même s'assurer qu'elle n'a pas un travail urgent qui l'attend, elle regarde autour d'elle et constate avec soulagement que tout semble parfaitement se dérouler. Le metteur en scène est là, les décors se placent, les acteurs ont tous le scripte. Théia a l'impression d'être en plein dans un rêve. Un sourire étire ses lèvres sans qu'elle ne s'en rende compte avant qu'à nouveau, son attention ne se porte entièrement sur Seamus. « Au fait, je m'appelle Théia. Comme ça au moins tu n'auras pas besoin de me surnommer la-petite-brune-au-carnet quand t'auras besoin d'un truc, comme le fait à peu près tout le monde ici. » N'ayant plus besoin de son fameux carnet, elle le glisse dans la poche arrière de son pantalon.

« Disons que, contrairement à la plupart d'entre nous, vous semblez travailler. Donc oui, c'est flagrant. » Tu lui adresses un sourire amusé. Avec l'habitude, la plupart des gens sur le plateau savent quand faire quoi et ne courent plus dans tous les sens. La jeune femme ici présente est, elle, plus concernée par ce qu'elle fait. Sans oublier l'évident stress qui la trahit. Tes lèvres s'étirent à nouveau d'un sourire alors qu'elle endosse son rôle d'assistante. Tu n'as rien à lui faire aller chercher à l'autre bout de la ville, aucun caprice, du moment qu'il y a de quoi manger sur le plateau et ton paquet de clopes dans ta poche, tu as tout le nécessaire. Tu n'es pas une grande star, même si ton nom a pris pas mal d'ampleur ces derniers temps, et quand bien même ce serait le cas tu espères sincèrement ne jamais être du genre à demander un singe de compagnie. « Je vois, tu fais un stage ? » Tu n'y connais pas grand chose à ce genre de système, sachant que tu as atterri là par chance plus qu'autre chose. Tu ne savais que faire de ta vie, tu as choisi le théâtre, et cela t'a réussi. Du bol, ce n'est pas plus compliqué que ça. « Parfait, après tout je ne suis ni Robert Downey Junior, ni un vieillard. » Tu lui adresses un clin d'oeil, ne pouvant t'empêcher même maintenant d'étaler ta vénération pour RDJ. Tu laisses la jeune femme vérifier qu'elle n'a rien de plus urgent à faire que de discuter avec toi, puis ris doucement à sa remarque. « Très bien, Théia. Comme tu le sais, moi c'est Seamus, ou Sea, mais tu peux m'appeler le-grand-brun-à-la-cigarette si tu veux. » Nouveau sourire, puis tu lui fais signe de te suivre en direction du plateau, marchant à côté d'elle. « Qu'est-ce que tu écris tant, dans ton carnet ? », interroges-tu, curieux et sincèrement intéressé.

omg, vraiment navrée du retard