your angels and demons are testing how low you'll go (conja)

La différence, encore une fois, c'est que Concho n'est pas obligé de faire ce deuil. Il a une autre alternative que toi, tu n'as malheureusement pas. A sa place, la saisirais-tu, cette alternative ? Tu n'en as aucune idée mais cela demande de la réflexion. Tu ne cherches pas à le blesser, tu veux simplement que l'Australien ouvre les yeux et puisse voir toutes ses possibilités. Même celles où tu ne fais pas partie du tableau. C'est justement parce que tu l'aimes que tu le pousses à entrevoir un futur où il pourrait être père à cent pour cent. « Je veux simplement que tu sois sûr de ta décision alors prends un peu de temps pour réfléchir à tout ça, d'accord ? » Tu ne veux pas qu'il se précipite et qu'il regrette par la suite. Alors autant y réfléchir à tête reposée, seul, en pesant le pour et le contre. Tout ce que tu espères, de ton côté, c'est que votre amour soit assez fort pour supporter le poids de cette nouvelle. Mais pour cela, il faut que toi tu sois assez forte pour la supporter et l'encaisser. A présent, tu vas vivre avec la peur que ta tristesse ne s'envole jamais et ne soit qu'un boulet de plus à trainer. Des boulets, tu en as déjà quelques-uns aux chevilles mais rien de comparable à celui qui s'ajoute aujourd'hui. « Peut-être. Mais je ne suis pas encore prête pour tout ça. On pourra peut-être en reparler d'ici quelques temps. » Vous n'avez jamais parlé d'avoir des enfants ensemble, jusqu'ici, mais tu es persuadée que le sujet serait venu sur le tapis si le diagnostic de ta stérilité n'était pas tombé. Blottie contre lui, tu profites encore de ses bras et de son coeur que tu entends battre à toute allure à travers sa poitrine. Puis, tu relèves la tête vers Concho, te hissant légèrement sur la pointe des pieds pour venir l'embrasser. Tu l'embrasses avec tendresse avant de venir enfuir ton visage dans son cou. Vous restez comme ça un moment, pour vous réconforter mutuellement et ça fonctionne au moins un peu, du moins sur toi. « On continue à marcher ou tu préfères rentrer ? » Demandes-tu finalement en t'écartant un tout petit peu de Concho pour le regarder.

Je sentais que Freja avait besoin que je lui dise que je prendrais le temps d’y penser, même si je savais pertinemment que je n’avais pas besoin de ces réflexions supplémentaires. La conclusion serait la même que celle d’aujourd’hui : j’étais amoureux de Freja, au point de voir mon idéal familial disparaître face à moi. De toute façon, ma situation actuelle était juste trop nouvelle, encore difficile à encaisser, à avaler. Je n’avais cependant aucun doute que dans quelques années, je réaliserais que tant que j’avais Maxwell et Lara, peu importe le reste de la situation familiale, ma petite famille serait parfaite. Elle aurait certes au moins un élément manquant, soit un enfant avec Freja, mais je préférais que ce morceau manque plutôt que de savoir que c’était la norvégienne qui manquerait à l’appel. C’était d’elle dont j’avais le plus besoin. Je pouvais m’imaginer ne jamais avoir d’autres enfants, mais je ne pouvais m’imaginer la perdre. « D’accord, j’y penserai … Pour que tu sois sûre que je suis sûr. » Dis-je, pour lui faire comprendre que cette réflexion serait davantage une technicalité. Les vraies réflexions seraient à venir, un jour sans doute, lorsqu’on voudrait reparler d’agrandir notre famille, mais d’une autre manière que biologiquement. « Je comprends. De toute façon, je ne disais ça que parce que … c’était le sujet. Mais … on a bien du temps devant nous encore. » Je souris. Notre relation remontait peut-être à près d’un an mais sa solidité était récente. Et puis, j’avais des enfants en bas âge encore, Lara était toute jeune. Je n’étais probablement pas rendu à faire entrer un autre enfant dans ma vie. Je serrai finalement Freja contre moi, pendant de longues minutes je perdis la notion du temps. Puis, elle s’écarta. « On peut continuer à marcher, si tu veux bien sûr. Ça nous fera du bien … » Je pris sa main dans la mienne, et je repris notre marche sur le sentier bordé d’arbres. Nos pas étaient bien plus lourds qu’à l’arrivée, mais on continuait d’avancer, ensemble.

FIN