love is blindness and i couldn’t see you were the best of me ⤅ lys

love is blindness and i couldn’t see you were the best of me

Jamais le trajet jusque l’appartement de Lys ne lui avait paru aussi long, alors qu’il avait probablement parcouru le chemin plus vite que jamais. Il avait demandé à la jeune femme s’il était chez elle. Sans plus d’explications. Parce qu’il devait la voir, maintenant. C’était d’une importance capitale, c’était viscérale. Il n’avait pas pris la peine de lui donner plus d’explications par message, sautant sur son skate dès qu’elle lui avait répondu qu’elle était chez elle et qu’elle ne faisait rien de spécial. Il devait la voir. Il devait lui dire. Il était prêt. Il avait rompu avec Sasha deux jours plus tôt. Ca avait été dur, violent pour leurs deux cœurs, et bien qu’il soit le seul initiateur de cette décision, il en souffrait aussi. Mais il était certain de son choix. Certain, pour la première fois depuis longtemps, de ce qu’il ressentait au fond de ses tripes. Il n’avait jamais été plus sûr de quelque chose qu’aujourd’hui. Il repensait à tous les signes, toute leur relation, dont les fondations solides avaient été construites tant d’années auparavant. Tant de rires, de discussions et de moments intimes avant aujourd’hui. De douleur aussi, quelques mois auparavant. Tout ça, pour en arriver à cette certitude d’aujourd’hui. Il avait ignoré tout ce que son esprit avait tenté de lui faire comprendre, persuadé que Sasha était la seule qu’il voulait, qu’il se satisfaisait très bien de leur relation exclusive. Malgré toutes les personnes lui ayant confié, de façon dissimulée ou au contraire très directe, qu’il y avait ce quelque chose de spécial entre Lys et lui, que rien ne pouvait battre. C’était vrai, il y avait toujours eu un lien particulier entre eux, il n’avait jamais remis cela en question. Mais il n’avait jamais compris l’ampleur de la chose non plus, pas avant que cette petite voix ne s’impose dans sa tête, après un long cheminement, petit à petit, dans son esprit. Désormais, cette voix résonnait en lui comme une évidence. Il avait été aveugle, totalement aveugle. Malgré tout ce que la vie avait placé sur son chemin pour lui faire comprendre. Et puis était venu ce fameux soir au Hendrix, avec Beth, où il avait réalisé. Comme un coup de poing en plein dans le ventre, un déferlement d’émotions impossible à ignorer plus longtemps. Il avait réfléchi, comme il le faisait toujours, avant de parler à Sasha. Se préparant à blesser une personne de plus sur son chemin. Il s’en voulait terriblement pour ça, mais il ne pouvait faire autrement, il ne pouvait ignorer plus longtemps ce que son cœur avait toujours su. Et quand bien même tout s’était aligné dans ses pensées, quand bien même tout s’était mis à sa place, rapidement, clairement, sans le moindre sursaut, il avait tout de même voulu prendre le temps. Il voulait faire les choses bien. Il avait été honnête avec la belle chanteuse, malgré la peine que ça avait provoqué. Il avait pris le temps de rester seul avec lui-même, avec ses pensées, ses choix, il ne s’était pas précipité. Il avait mis un point d’honneur à se laisser le temps. Puis il avait envoyé ce message. Sûr de lui. Et il se retrouvait maintenant devant la porte de Lys, sa meilleure amie de toujours et bien plus que ça, à frapper quelques coups rapides et impatients. Attendant, le cœur battant, le visage plus déterminé que jamais.

Je laissai mes muscles se détendre lentement dans l’eau chaude, profitant d’un bain bien mérité après ma journée de cours au lycée. J’adorais mes élèves, dans la majorité en tout cas, mais je devais admettre qu’ils me pompaient parfois un peu trop mon énergie. Ce bain, donc, était parfait pour me recentrer. J’avais prévu de passé la soirée tranquille, avec un bouquin et un reste de gratin. Quelque chose de calme et reposant. (Lol) Je commençai à me relaxer quand la sonnerie de mon téléphone me fit ouvrir un oeil puis tourner la tête pour voir le nom d’Azriel sur mon écran. « T’es chez toi ? », affichait le sms, sans fioritures, sans smiley, sans rien. J’arquai un sourcils. Que me voulait-il ? C’était assez bizarre. Mon meilleur ami et moi avions retrouvé un équilibre depuis peu, notre relation n’était pas exactement comme avant mais j’arrivais à gérer ma frustration en sa présence et lui faisait tout pour que je me sente à l’aise, puis, la complicité subsistait, quoiqu’il arrive. Ce qui était rassurant d’un côté. J’avais cru briser quelque chose, quelque mois plus tôt, lorsque je lui avais avouer mes sentiments, en lui envoyant à la figure des mots durs, mais les fissures avaient finalement pu être colmater. Ca n’était pas encore aussi solide qu’au début, mais nous tâchions de faire attention l’un à l’autre. De mon côté, j’essayais de me réjouir sincèrement pour le bonheur de l’italien, bien qu’il le trouve dans d’autres bras que les miens. Ca n’était pas facile, mais c’était déjà ça. Après avoir répondu au sms de mon meilleur ami, je me décidai finalement à sortir de l’eau. Ma peau n’était même pas encore fripée, mais je me sentais propre et délassée. J’enfilai une robe légère, dont le tissu fin me permettait de supporter les températures actuelles, et filai à la cuisine pour préparer de quoi grignoter. Je ne savais pas ce qui poussais Azriel à venir me voir, mais je me doutais qu’il n’allait de toute manière pas rester sur le pas de la porte. J’étais en pleine confection de toast quand j’entendis frapper. Léchant une goute de tzatziki sur mon pouce, je me dirigeai vers la porte pour lui ouvrir. Un sourire se colla sur mon visage dès que le sien entra dans mon champ de vision. C’était dingue l’effet qu’il avait sur moi et cette vague de joie qui m’envahissait dès qu’il se trouvait à proximité.
— Faut me le dire, si tu peux plus te passer de moi, Shillinglaw ! plaisantai-je avant d’éclater de rire. Allez, entre…

Quand elle ouvrit la porte, ses traits s’illuminèrent, bien que mêlés d’appréhension. Il avait bien fait d’attendre. Il avait bien fait de trier ses pensées, de laisser la peine d’une relation vouée à l’échec s’estomper doucement, pour laisser place à ce qui pouvait maintenant naître pleinement et sainement. Car quand il vit son visage apparaître dans l’encadrement de la porte, Az ne put s’empêcher de sourire, un sourire authentique et véritable. Et il n’aurait pu le faire en toute bonne conscience s’il n’avait pas passé autant d’heures à faire le ménage dans son esprit. Il était heureux de l’avoir fait. Il était heureux de pouvoir prendre entièrement conscience de tout ce qui se produisait dans ses tripes quand il l’avait en face de lui. Comme maintenant. Comme cette seconde précise, et précieuse. « Je me suis trompé. » la coupa-t-il presque, les mots sortant par automatisme, sans qu’il ne puisse les retenir. Lui, Azriel, qui parvenait si bien à contrôler ce qu’il laissait paraître ou non, ne pouvait empêcher les paroles de franchir ses lèvres. Ne pouvait empêcher ses sentiments de sortir au grand jour, tout droit venus de son cœur, de tout ce qu’il était et désirait être. Un léger sourire en coin s’était installé brièvement sur son visage, devant cette légèreté et cette joie de vivre pleine de positivité dont faisait toujours preuve Lys. Une des nombreuses raisons pour lesquelles, sans qu’elle ne l’ait fait volontairement, il se trouvait sur le pas de sa porte aujourd’hui. « Lys, je me suis trompé. Et tu avais raison. Depuis le début. » assena-t-il, comme une vérité universelle, une loi de physique qu’on ne pouvait invalider. C’était la vérité, et aujourd’hui il la voyait aussi claire que de l’eau de roche. Finalement, après l’avoir observé quelques secondes, laps de temps qui lui paru aussi longue que l’infini, il sourit, un peu plus. « C’est toi. C’est toi depuis le début. » Et sans pouvoir attendre une seconde de plus, sans pouvoir contrôler son pouls qui s’emballait, il franchit l’espace qui séparait leurs deux corps et leurs deux âmes, pour venir entourer sa nuque de ses mains et s’emparer de ses lèvres comme jamais auparavant.

Depuis quelque temps, je ne pensais plus à mes sentiments pour Azriel avait douleur. Je l’aimais, bien sûr, rien n’avait changé à ce niveau là, mais j’arrivais plus facilement à gérer mes émotions qu’au début. Par ailleurs, notre relation était peu à peu revenue à la normal, ou était en bon chemin, en tout cas, et j’aimais tant Azriel que son absence était plus douloureuse que tout le reste au final. Je préférais l’avoir à mes côtés, peu importait qu’il ne partage pas l’amour que je lui portais, peu importait qu’il ait envie d’une relation exclusive avec une autre femme, ça n’était pas bien important tout ça. Tant qu’il faisait partie de ma vie, rien de tout cela importait vraiment. Aussi, quand j’avais reçu son message un peu plus tôt, je n’avais pas hésité à lui dire de passer. J’avais bien senti qu’il se tramait quelque chose, et depuis que nous nous connaissions, nous avions toujours été là l’un pour l’autre, quelle que soit la situation. J’étais à mille lieues, cependant, de me figurer ce qui se passait réellement dans la tête de mon italien préféré. Quand j’ouvris la porte, ce fut l’expression de son visage qui me frappa en premier, une expression que je ne sus appréhender tout de suite, raison pour laquelle j’employai le ressort de l’humour d’abord, ma meilleure arme dans la plupart des situations. Mais elle fut mal employée, cette fois là, car Azriel avait décidé d’être sérieux. Vraiment sérieux. Et pourtant, aucune dureté ne se lisait dans ses traits, bien au contraire. Je lui découvris une joie que je n’avais plus vue chez lui depuis longtemps, un sentiment profond et intense, qui semblait faire écho à ce que je ressentais, moi-même, au plus profond de mon coeur. Je fus tétanisée un instant, non par la peur, mais par la joie, incapable de prononcer le moindre mot tandis qu’Azriel me faisait sa déclaration.  « C’est toi, depuis le début » . Mon coeur se mit à battre à tout rompre dans ma poitrine et un sourire béat se colla sur mes lèvres, lèvres qu’embrassa presque aussitôt Azriel. Je l’accueillis avec allégresse, lui rendant son baiser avec fièvre. Ce baiser n’avait rien à voir avec tout ceux que nous avions pu échangés jusque là. Amis, nous avions pu avoir des baisers pleins de passion ou même de tendresse mais là, ça n’avait rien à voir. Il y avait la passion, il y avait la tendresse aussi, mais il y avait plus. Quelque chose que nous n’avions jamais eu avant, ou plutôt, quelque chose qui sommeillait et dont nous n’avions pas encore eu conscience. La tête me tourna, et l’intensité du baiser me fit reculer d’un pas, entrainant Azriel avec moi, à l’intérieur de mon appartement. Entre deux baisers, je me mis soudain à rire doucement.
— J’suis pas sûre d’avoir tout compris, soufflai-je avec humour.
Riant avec bonheur, je l’embrassai à nouveau, encerclant ses épaules de mes bras.

Le souvenir des lèvres de la belle artiste, bien que lointain, avait visiblement été parfaitement conservé par sa mémoire, nullement terni par le temps qui s’était écoulé. Cette rivière de jours et de semaines n’avait pas altéré cette complicité qui les liait, autant dans leur amitié que leur intimité. Et pourtant, il avait l’impression de redécouvrir la saveur de son corps, d’une façon différente que ce qu’ils avaient eu l’habitude de partager durant des années. Ce baiser avait un goût de retrouvailles, de plénitude et même de soulagement. Comme si c’était ce qui était censé se produire, depuis le début, et qu’ils étaient enfin sur le droit chemin. Il avait pris des détours, il s’était trompé de route, mais ça lui avait permis de comprendre où il devait réellement se rendre. À cet endroit précis, ici, avec elle, dans ses bras. C’était le seul endroit où il était vraiment censé être, le seul endroit où il pouvait être ce qu’il devait être. Alors qu’ils rentraient à l’intérieur, leurs lèvres toujours occupées à danser ensemble, Az referma la porte d’un geste distrait de la main, trop occupé à se laisser envoûter par ce moment libérateur, revenant rapidement faire descendre ses doigts sur les hanches de la brune. Un sourire traversa ses lèvres entre deux baisers, à la voix de Lys qui avouait ne pas réellement comprendre. Il était heureux. Heureux d’entendre son souffle au creux de son oreille, de sentir ses mains dans son dos, et il avait envie de garder son corps contre le sien durant des heures et des nuits entières. « J’ai une explication. Tu la veux maintenant, ou après ? » souffla-t-il en guise de réponse en continuant à avancer, jusqu’à ce que qu’ils soient obligés de s’arrêter contre le plan de travail, barrant leur trajectoire. Ce n’était pas ça qui allait les arrêter, cependant. Déjà, les mains pressantes de l’Italien effleuraient le bas de la robe de la jeune femme, caressant la limite dessinée sur ses cuisses, à l’aube des courbes de ses fesses. « J’voudrais pas ruiner l’apéro que tu préparais, mais j’ai beaucoup plus envie de toi que de tzatziki, là tout de suite… » reprit-il après avoir jeté un coup d’œil aux toasts en pleine préparation qui trônaient à côté, ses lèvres glissant le long du cou de Lys, déposant des papillons de baisers de plus en plus impatients, en extase devant la redécouverte de la texture douce et attirante de sa peau.

Je crois que j’avais toujours su que nous allions nous retrouver de la sorte, c’était sans doute la raison pour laquelle j’avais connu un apaisement ces dernières semaines. Cette certitude qui s’était frayée en moi et avait dessiné une brèche. J’avais toujours su, au fond de moi, qu’Azriel et moi avions une histoire commune à écrire, que la séparation que nous avions vécue n’était qu’un soubresaut, une prise d’élan pour mieux s’engager dans quelque chose de plus beau, de plus fort. Je n’aurais jamais imaginé, pourtant, que l’intensité de nos échanges pouvait redoubler, mais j’étais forcée d’admettre, ce soir, que nous n’avions jamais, jusqu’alors, atteint le paroxysme, contrairement à ce que j’avais cru. Il restait tant à explorer, tant à découvrir. Ainsi, je ne connaissais pas encore Azriel dans son entièreté, je ne connaissais pas encore celui qui m’aimais, ou du moins pas complètement. Cette perspective, de le découvrir un peu plus, me fit sourire contre ses lèvres. Il avait des explications à me donner, disait-il, devait-il me les donner maintenant ? Je secouai la tête.
— Après, soufflai-je en l’embrassant à nouveau.
J’avais hâte qu’il me parle, j’avais hâte de retrouver notre complicité, mais…pas maintenant. Une envie plus vive me saisissait, quelque chose d’incontrôlable et d’assoiffé qui trouvait son echo dans le regard de l’italien. Nous reculâmes ensemble jusqu’à venir buter sur le plan de travail où je m’étais affairée, quelques minutes plus tôt, à préparer des toasts. Les doigts chauds d’Azriel caressaient la peau de mes cuisses, jouant avec les limites comme ils savaient si bien le faire.
— C’est con, il déchire mon tzatziki,plaisantai-je.
En réalité, le tzatziki était bien loin de mes pensées, pensées qu’embrouilla immédiatement Azriel en faisant courir ses lèvres dans mon cou. Je n’y résistais jamais, ses lèvres sur ma peau m’électrisaient à chaque fois et elles connaissaient par coeur le chemin qui me menait à la folie douce. Je fermais les yeux pour savourer l’instant, puis passait une main dans ses cheveux, ma respiration changeant légèrement, se faisant plus profonde. Mon désir pour Azriel n’avait jamais diminué, au contraire même, la séparation avait crée une frustration parfois insoutenable que je sentis, soudain, refaire surface. Instinctivement, je collai mon bassin au sien, attisant le feu. Mes mains passèrent dans son dos pour le garder contre moi, comme si j’avais peur qu’il s’échappe, brusquement, et qu’il me laisse toute pantelante. C’était absurde pourtant, Azriel était là, bien là, avec moi.
— Tu m’as manqué, soufflai-je.

Un simple sourire contre ses lèvres étreignit les traits de l’Italien, quand Lys opta pour remettre les explications détaillées à plus tard. Elle le connaissait suffisamment bien pour savoir que s’il était là, à l’assaut de son corps, c’était en toute bonne conscience. Le pourquoi du comment pouvait attendre, l’important, c’était qu’il voulait, et surtout pouvait, être avec elle. Totalement, entièrement. Les détails viendraient plus tard. Pour l’instant, il était bien trop occupé à approfondir la connaissance de son corps que pour approfondir ses explications. « Certainement pas autant que la façon dont cette robe tombe sur tes fesses. » rit-il à mi-voix alors que ses lèvres reprenaient déjà leur rôle principal, à savoir effleurer chaque centimètre carré de peau de la brune qu’il pouvait atteindre. Enivré rien qu’en sentant les mains délicates de la belle passer dans ses cheveux jusque dans sa nuque, puis dans son dos, rapprochant leurs corps jusqu’à les coller, Az n’y tint plus et bougea du bras les toasts en préparation, pour glisser ensuite ses mains sous les cuisses de la jeune femme et la hisser d’un mouvement vif sur le plan de travail. Ils avaient fait l’amour de bien des manières différentes, au fil des ans, et si souvent ils aimaient se prendre au jeu de l’attente et de l’excitation graduelle, autant aujourd’hui, sa patience était très limitée. Il avait envie d’elle, maintenant, tout de suite, il avait envie de retrouver tout ce qu’il n’avait pas vu, senti, touché durant des mois. Encore une fois, c’était seulement maintenant qu’il réalisait à quel point ça lui avait manqué. D’autres courbes et d’autres âmes l’avaient satisfait avant, lui avaient apporté du bonheur, mais ce n’était pas comparable. Comme il l’avait compris récemment, rien n’avait la même saveur si ces moments avec Lys étaient inexistants dans sa vie. Elle était un point d’ancrage dans son existence, tout ce qu’il partageait avec elle donnait du sens à tout le reste. Bien sûr, il était physiquement capable de vivre sans elle, et réciproquement. Aucun d’eux n’était du style à verser dans le mélodrame romantique qui pointait l’autre comme le centre de sa vie et la réponse à toutes les questions. Ce n’était pas ça qu’il avait réalisé quelques jours plus tôt. Néanmoins, ce dont il avait pris conscience restait un point capital : il aimait Lys, de toutes les façons imaginables. Pour tout ce qu’ils avaient vécu mais surtout pour tout ce qu’elle était. Pas pour ce qu’elle pouvait ou non lui apporter, non, juste pour les couleurs de son âme et la lumière de ses convictions. Il était amoureux d’elle au sens large du terme, sans aucune restriction de définition. « Toi aussi, tu m’as manqué. Bien, bien plus que ce que je pensais. » souffla Azriel, tout proche, en prenant une seconde pour la regarder en face, son regard noisette accrochant le sien. Un mince sourire étirait le coin de ses lèvres, imperméable à tout un monde autour d’eux, parce qu’il était trop heureux pour que quoi que ce soit puisse l’effacer.

Notre connexion si particulière ne s’était jamais dissipée, et c’était pour cette raison que la séparation avait été si douloureuse. Je n’avais pas compris comment il avait pu se passer autant de temps de ce pan de notre relation, là où, de mon côté, j’avais ressenti un vide immense. Ce n’était pas tant le fait qu’il ait éprouvé de l’amour pour une autre femme, je savais mon meilleur ami passionné, sa grande capacité à aimer le rendait d’ailleurs si beau, c’était surtout le fait qu’il m’ait soustraie une partie de notre relation, je ne parlais pas de sexe, mais d’un tout, et qu’il n’en ai jamais exprimé le manque jusqu’à présent. Là où mon monde à moi s’effondrait de l’intérieur. J’avais besoin d’Azriel, dans ma vie, de toute les manières possible, parce que je l’aimais d’un amour inconditionnel et rare. Son âme comblait la mienne et la nourrissait, par son sourire, son esprit, sa bienveillance et tant d’autres choses. J’avais besoin de son corps aussi, pour tout le reste, pour le sentiment de sécurité qu’il m’apportait, pour celui d’être désirée et aimée. J’avais besoin de tout ce qui faisait son être.
Mes lèvres s’étirèrent à la remarque qu’il fit sur ma robe. Cela faisait des mois qu’il n’avait plus exprimer son désir pour moi, à voix haute en tout cas, et cela pouvait paraitre banal, mais c’était ce genre de simplicités qui m’avait manqué. Cette liberté de pouvoir dire et ressentir les choses comme elles venaient.
Les lèvres d’Azriel partirent explorer mon corps, réveillant mon désir instantanément. Je caressai sa nuque, ses cheveux, ne m’interdisant plus rien. J’en avais tant eu envie lors des mois écoulés, je n’avais plus aucune raison de me priver désormais. Il me souleva et me plaça sur le plan de travail et je lui avouai qu’il m’avait manqué. Il s’arrêta alors un moment pour planter son regard dans le mien. Je lui avais manqué aussi, bien plus qu’il ne l’avait imaginer. L’émotion me rendit fébrile. Je lui souris avec tendresse, puis caressai sa mâchoire de mon pouce avant de rapprocher son visage du mien et de l’embrasser à nouveau. Fiévreusement. Je collai mon corps au sien, l’entourant de mes jambes pour maintenir son bassin au plus proche du mien, glissant mes mains dans son dos jusqu’à ses fesses. Un sourire malicieux aux lèvres, je pêchai son portefeuille dans la poche arrière de ses jean’s. Espiègle, je me détachai lentement de lui et allai récupérer un préservatif dissimuler entre sa carte de crédit et sa pièce d’identité. Je lui tendis le sésame en haussant significativement un sourcil, puis, tandis qu’il s’occupait de l’emballage, je soulevai son t-shirt pour effleurer son ventre, chatouillant sa peau du bout des doigts, aux endroits où elle était la plus fine, puis, j’entrepris de déboutonner son pantalon. Je m’amusai à faire sauter les boutons lentement, avant de plonger ma main dans son caleçon. Au moment où ma paume se referma sur son sexe, je retrouvai les iris chocolat d’Azriel, plongeant amoureusement dedans. Je me redressai et m’approchai à nouveau de son visage, caressant son nez du mien. Je fermai les yeux et fis courir mes baisers sur sa mâchoire et dans son cou.
— J’en peux plus d’attendre, soufflai-je à son oreille.

Il n’avait jamais oublié à quel point Lys était belle, lumineuse, désirable, et rayonnante. Il avait simplement relégué ces sentiments dans un coin, sans les enfouir ou les cacher. Plutôt mis de côté, pour laisser la place à d’autres choses, pour laisser l’occasion à d’autres fleurs de s’épanouir. Sur le moment, ça lui avait paru normal. Il n’aurait pu plus se tromper. Il n’avait pas besoin de faire de la place, car la place centrale de la belle brune dans son existence était tout ce dont il avait besoin pour être la meilleure version de lui-même. Et cette place, elle était toute naturelle, et d’ailleurs essentielle. Pour Azriel, choisir, ce n’était pas renoncer. C’était accepter ce qui devait être, se laisser éclore, pour encore mieux donner et recevoir, à tout et tout le monde. Les années qu’il avait passé aux côtés de sa meilleure amie auraient dû le lui apprendre, mais il fallait croire qu’il avait été long à voir l’évidence. C’était chose faite, maintenant, et tout ce que l’Italien désirait, c’était se retrouver dans ce lien unique et profond avec elle. Retrouver et toucher du doigt cette connexion indescriptible qui les liait sur tous les plans, de leurs âmes à leurs corps. Il pouvait la ressentir comme un courant électrique sur sa peau, à chaque endroit que touchaient les doigts de Lys. Il pouvait l’apercevoir quand leurs regards s’accrochaient, dotés d’une lueur qui n’avait plus été là depuis trop longtemps. Quand leurs lèvres jouaient ensemble, il pouvait sentir tout ce qui avait été absent de sa vie, jusque dans chaque fibre de son corps. Il regrettait son erreur, d’avoir coupé net une partie de qui ils étaient à deux, avec une lame tranchante, pourtant c’était sans doute ce qu’il avait fallu pour qu’il prenne conscience de toutes les couleurs de leur relation. Il les voyait à nouveau maintenant, dans cet échange impatient, ces retrouvailles pressées dont le rythme sonnait à la fois juste. Az rit doucement quand la brunette lui piqua son portefeuille, telle une voleuse avertie, le sourire espiègle qu’elle affichait faisant battre un peu plus vite son cœur. Se concentrer sur l’emballage du préservatif demanda un effort conséquent, alors que Lys continuait ses caresses. Un sourire en coin amusé étira ses lèvres alors qu’il se débattait un peu plus longtemps que prévu avec le plastique, ses neurones entièrement submergés par les sensations que lui procurait la douce détermination de l’artiste, ses gestes assurés et mesurés malgré leur impatience palpable, qu’elle finit par formuler à haute voix. « Et je t’ai déjà bien trop fait attendre… » consenti-t-il dans un souffle, croisant son regard en s’efforçant de garder un souffle mesuré face aux caresses que Lys lui offrait, alors qu’il maîtrisait de moins en moins l’énergie sauvage qui courait dans ses muscles. Ils étaient doués au jeu de la patience, à l’art de la torture délectable de l’attente, mais cette fois c’était différent. Il voulait la sentir maintenant et tout de suite, après tant de mois. Comme il l’avait souligné, il ne voulait plus la faire attendre, pas après ce qu’il avait imposé, pas après ce que leurs enveloppes charnelles demandaient en criant. Il déroula la protection sur son membre, son autre main passant des hanches de la jeune femme à son entre-cuisse, découvrant la délicate humidité du bout des doigts, sans quitter la brune du regard. Comme il avait envie d’être avec elle, entièrement, le besoin plus impérieux à chaque seconde. Sans les laisser languir plus longtemps, car ça devenait à peine supportable, il guida son sexe jusqu’à l’intimité de sa partenaire, glissant en elle avec une impression de soulagement et de plénitude quasi instantané.

Il m’avait tellement manqué. Et si je m’étais fait à son absence, à ce vide marqué pendant plusieurs mois, en retrouvant Azriel ce soir, il me revenait en tête, en contraste. Comment avais-je pu y survivre, à ce vide ? Je n’en avais pas la moindre idée. Ce qui était certain, en revanche, c’était qu’il me serait difficile, à présent d’y refaire face. Dès lors que la peau de l’italien avait touché à nouveau la mienne, que son regard m’avait inondé de désir et d’amour, je m’étais sentie portée, enveloppée d’une tendresse dont je ne voulais plus me passer. Une supplique passa mes lèvres, je le voulais, lui, tout de suite. Ce besoin impérieux montait dans mon corps, envahissait mes membres et se manifestait dans ma gorge, dans ce corps aussi, qui cherchait celui de l’autre. J’avais envie de lui, j’avais toujours eu envie de lui. Mais ce soir, je pouvais m’autoriser à exprimer ce désir pour Azriel qui semblait ne jamais pouvoir mourir. Après un petit moment d’ajustement, Azriel reprit le contact visuel avec moi, ses iris chocolat m’étreignant comme ses bras, et il plongea enfin son sexe en moi. Je soupirai d’aise, presque aussitôt, et m’accrochai à ses épaules. Avant le plaisir, ce sentiment doux d’être exactement à ma place, cette paix intérieure qui m’emplissait tout d’un coup. Une émotion vive qui humidifia légèrement mes yeux et un sourire sur mes lèvres, témoin du bonheur intense qui vibrait son mon derme brûlant. Je me laissai peu à peu gagner par l’allégresse, profitant de ce moment hors du temps.
— Je t’aime, soufflai-je alors à la lisière de ses lèvres, sans la moindre peur.
Je ne disais pas ces mots-là à la légère, Azriel le savait. Je lui avais de nombreuse fois confié mes craintes de me retrouver un jour amoureuse, imaginant que ce sentiment, que tous qualifiait de noble, allait m’asservir et me dénaturer. Mais aujourd’hui, la peur s’était envolée. Je l’aimais lui, Azriel et son âme si semblable à la mienne, si libre. Je l’aimais et cela me rendait forte, balayant ainsi mes appréhensions. Le coeur plein à craquer, je ne pouvais m’empêcher de sourire. Ma bouche, malgré tout, embrassa celle d’Azriel, comme si je ne pouvais plus me priver d’elle, comme si j’avais besoin de plus de contact encore. Je cambrai le dos pour rapprocher nos bassins le plus possible et relevai légèrement les cuisses pour donner plus d’aisance à mon partenaire. Ma main, elle, passait derrière la nuque de mon amant pour renforcer notre baiser qui se faisait plus langoureux que jamais.

Depuis des années maintenant, leurs âmes s’appelaient. Leurs corps aussi, mais ce n’était pas que ça, c’était bien plus profond et ils l’avaient toujours su, même s’ils n’avaient jamais mis de mots dessus. C’était une connexion d’esprit à esprit, de regard à regard, de corps à corps et d’infinité à infinité. Avant qu’Az ne vienne y semer le doute et la tristesse, il n’y avait jamais eu la moindre inquiétude sur la qualité et la force de leur relation. Il s’en voulait d’avoir fissuré cela pendant quelques mois. Et pourtant aujourd’hui, il voyait leur lien avec le même regard qu’avant, il le voyait indestructible, parfaitement particulier et totalement naturel. Lys serait toujours au-dessus des autres. Peu importe les relations qu’il connaîtrait dans sa vie. C’était elle avant n’importe qui, avant n’importe quelle situation, il le sentait dans chaque fibre de son corps comme s’il l’avait toujours su. Au fond, oui, il l’avait toujours su. Et alors que leurs chairs se connectaient à nouveau, chacun exprima ce lien invisible et si électrique qui les unissait, ce moment suspendu et parfait de leurs retrouvailles inévitables. C’était un plaisir qui n’avait rien à voir avec quelque chose d’uniquement sexuel, même si ça en faisait partie. C’était bien au-delà de ça. C’était la joie de revoir une évidence, de retrouver un goût exceptionnel, de lire la même compréhension dans le regard de l’autre, la complicité indescriptible et le plaisir d’être connecté à l’autre, tout simplement. Lys amena ce moment et ce sentiment à son apogée en laissant les mots si porteurs de sens franchir ses lèvres, si bien que l’Italien eut cette sensation étrange et incroyablement agréable de tomber dans le vide. Comme si elle avait coupé les cordes qui le retenaient à la vie réelle, pour l’emmener en l’air avec elle. Son muscle cardiaque avait sûrement dû louper un battement ou deux, mais la sensation était délicieuse. « Ti amo, Lyly. » Il n’avait pas besoin de lui traduire. Et quand bien même il lui aurait dit en russe ou en mandarin, l’éclat qui brillait dans son regard noisette suffisait à se faire comprendre. L’artiste et lui n’avaient jamais été conventionnels concernant le couple et leur vision de l’amour, l’un comme l’autre. Mais aujourd’hui il n’y avait aucune crainte dans cet échange de paroles. C’était sincère, c’était dénué de doutes ou de peurs, c’était une certitude qui leur allait bien. Transcendé par ce qu’il se passait, c’était avec une avidité et à la fois une douceur incontrôlable qu’il retrouva les lèvres de la jolie brune, passant une main fougueuse dans ses boucles, caressant sa nuque, agrippant son épaule, et se perdant dans un moment d’intimité plus fort encore que ce qu’ils avaient connu jusque-là. Les sensations se mêlaient les unes aux autres, dans une danse sensuelle et amoureuse, alors que leurs parties intimes se complétaient avec extase et que leurs lèvres et leurs langues se communiquaient cette chaleur incandescente qui animait leurs âmes.

L’entendre me le dire en italien me fit sourire. Il connaissait mon faible pour sa langue natale et l’effet, sur moi, fut immédiat. Je me laissai charmer comme au premier jour et plongeait sur ses lèvres pour un baiser langoureux. Nos corps se répondaient comme s’ils parlaient le même langage, le plaisir se joignant naturellement à la partie. Il y avait le plaisir charnel pur, bien sûr, mais pas uniquement. Ces retrouvailles avaient une saveur toute particulière, comme un parfum oublié qui refaisait subitement surface, des notes sucrées qui ne ressemblaient qu’à nous. Je me laissai envahir par la plénitude du moment, ma peau fusionnant presque à celle d’Azriel, réclamant ce qui lui avait été enlevé des mois durant. Et même quelques minutes après le point culminant de notre étreinte, Azriel et moi étions toujours enlacé, à moitié dénudés au beau milieu de ma cuisine. Je respirai son odeur qui m’avait tant manquée, le visage enfouie dans sa nuque. Mon souffle venait à peine de retrouver un rythme normal quand je relevai les yeux pour rencontrer les siens. Un sourire tendre fendit automatiquement mon visage. J’avais peur de briser le moment et ne savais pas vraiment quoi dire, ce qui était rare, en particulier lorsque je me trouvais en compagnie d’Azriel qui savait toujours révéler mon naturel et me mettre parfaitement à l’aise, mais le moment était particulier.
— Qu’est-ce qui a changé ? demandai-je simplement.

Au bout de leur étreinte enflammée, parvenus dans une dimension parallèle, un moment de silence s'installa. Un silence serein, palpable par le soulagement et le bien-être qui s'en dégageait. Se retrouver, tout simplement. De toutes les façons possibles. Mais juste être l'un avec l'autre, sans frontières ni barrières. C'était un moment unique. Ils en avaient partagé, des instants forts et puissants, mais celui-ci avait une saveur particulière, une signification qui vibrait dans chaque cellule de leur corps. Le souffle délicat de Lys enfoui dans son cou, et les mains de l'Italien caressant cette peau douce et rassurante. Liés dans un moment d'intimité aussi naturel qu'exceptionnel. Quatre yeux se croisèrent ensuite, et Az pouvait lire dans le regard de l'artiste qu'elle était dans le même état que lui. Trouver des mots était soudainement difficile, peut-être parce qu'il n'y avait rien à dire, dans cette réalisation de l'évidence. Elle finit néanmoins par lui poser la question, totalement légitime, à laquelle il s'attendait un peu. Forcément, après ces derniers mois, ce revirement si spontané soulevait des questions, question que l'Italien lui-même avait mis beaucoup de temps à analyser. Il garda le silence quelques instants, rassemblant ses pensées. Comment expliquer ce qui s'était enfin exprimé tout au fond de son âme, criant pour sortir au grand jour ? Comment lui expliquer la complexité et la passion de ce qui se déroulait à l'intérieur de lui ? « Tu me crois si je te dis que... Je ne sais pas vraiment ? » Ce regard qu'il posait aujourd'hui sur elle était à la fois nouveau, et en même temps celui qu'il avait toujours eu. Celui d'un lien invisible qui ne serait jamais remis en question. Qui était toujours là, peu importe ce que la vie agençait autour d'eux. Az savait bien que cette réponse était pourtant loin d'être suffisante. Et puis, il devait bien des explications plus concrètes à la belle brune. « Je pense que ça fait longtemps que je sais, qu'on sait, que ça, là, maintenant, est une évidence. Tu l'as su avant moi, et j'ai fermé les yeux, j'me suis royalement planté. » commença-t-il. Comme toujours avec Azriel, c'était très flou comme paroles, mais ils avaient toujours su se comprendre à travers les lignes, se connecter émotionnellement sans avoir besoin de mille mots pour s'exprimer. « J'ai tellement jamais douté de nous que je croyais que c'était une relation à part du reste, un truc spécial et intangible qui serait toujours là, en orbite. Et j'ai réalisé ce soir - oui je sais, je suis long à la détente - que... C'est pas quelque chose d'à part, en fait. Que t'étais pas en orbite de ma vie, mais au centre. Et que c'était con de vivre en périphérie d'un bonheur qui est au centre de tout depuis le début. » Ses iris ancrés dans les siens, c'était sans doute un des plus longs discours qu'Azriel ait tenu. Lui qui ne parlait jamais beaucoup, qui laissait la place aux autres pour s'exprimer, qui écoutait. Mais il avait besoin, avec elle, d'exprimer les choses incroyablement belles et insaisissables qui se jouaient dans son cœur.

Il y avait toujours eu ces moments hors du temps avec Azriel, emprunts d’une sérénité toute particulière. C’était comme si nous avions toujours su placer un cocon autour de nous et créer un monde qui nous était propre, où il n’y avait que douceur et détente absolue. Les silences étaient rarement durs entre nous, au contraire, ils avaient la duveté délicieuse d’un pull en cachemire, du genre qui réchauffe et qui enveloppe. Malgré tout, le moment était venu de briser un peu la bulle, sans brusquerie toutefois. Azriel et moi avions besoin de parler. Je souris lorsque mon meilleur ami me confia qu’il ne savait pas ce qui avait changé, et je comprenais parfaitement ce qu’il voulait dire. Il parla d’évidence, cette même évidence que je ressentais comme si elle avait toujours été là, sous nos yeux sans qu’on ne lui prête vraiment l’attention qu’elle méritait. Je l’écoutai parler parce que je sentais qu’il avait, lui aussi, besoin de poser les mots bien qu’ils aient mis du temps à sortir comme il le soulignait. Mon sourire s’élargissait à mesure qu’il m’exprimait ses sentiments. Un bonheur intense enroba mon coeur et lorsqu’Azriel termina de parler, je gardai le silence un court instant, avant de venir coller mon front au sien. Je levai le regard vers lui, je me fichai bien que ça me fasse un peu loucher.
— T’es un garçon étonnant, Azriel Shillinglaw, fis-je avant de rire doucement et de venir embrasser doucement ses lèvres. C’est magnifique ce que tu viens de dire.
L’émotion était présente dans ma voix, mais je n’avais pas envie de la cacher, pas même que les petites larmes qui perlaient au coin de mes yeux. J’étais infiniment heureuse et l’amour que je portais à l’italien semblait envahir chacune de mes cellules.
— Je crois que c’est le moment de réveiller une vieille tradition, confiai-je en me dégageant doucement d’Azriel pour sauter du plan de travail.
Je replaçai légèrement ma robe puis avançai jusqu’au frigo pour en sortir une bouteille de champagne. Je me tournai vers mon meilleur ami avec un sourire espiègle accroché aux lèvres. Nous avions, une fois, évoqué l’idée que chaque orgasme vécu ensemble devait s’accompagner d’une coupe de bulle. J’explosai de rire en déposant la bouteille sur le plan de travail.
— Ok…j’admets, c’est un peu bizarre mais je ne vois pas pourquoi on se refuserait ce plaisir après tout…
Je ris de plus belle, et m’empressai d’ouvrir le champagne pour nous en servir deux coupes. Rapidement, nous prîmes place sur mon canapé. Je laissai la douceur du moment me saisir puis captai le regard d’Azriel après avoir avaler quelques petites gorgées.
— Donc…on est…genre…un…couple ?

Il avait cherché ses mots, mais les sentiments qui y étaient reliés étaient présents depuis longtemps dans sa tête. Il avait voulu s'exprimer en disant les choses bien, en disant les choses vraies, celles qui comptent. Même si à l'intérieur de sa tête et de son cœur, tout ce qu'il ressentait pour Lys était bien plus fort que des paroles. « Ne t'attends pas à une déclaration comme ça toutes les semaines, quand même. » Il riait, mais il pensait chaque mot qu'il venait de dire et il n'avait pas besoin de les exprimer à haute voix tous les jours pour qu'ils en soient plus réels. Mais tout ce qu'il venait de confier était une vérité qu'il pouvait sentir dans chaque fibre de son corps. Aujourd'hui et tous ceux à venir. Tous ceux déjà passés aussi, d'ailleurs. Sentir la douceur des lèvres de la belle artiste contre les siennes l'électrisait comme au premier jour. Délicatement, il vint embrasser le coin de ses yeux, lui offrant un léger goût salé au bord des lèvres. C'était rare, ce qu'ils avaient, il en était on ne peut plus conscient. Il y avait sans doute des tonnes de couples qui se disaient être à part, pas comme tous les autres. Mais Azriel était persuadé que dans le cas de Lys et lui, c'était vrai. Ils faisaient les choses différemment, en tout cas hors de la norme. C'était sans doute ça qui permettait à leur si beau lien de perdurer, sans jamais perdre un gramme de bonheur comme de naturel. Et il était confiant qu'il en serait ainsi jusqu'au bout. Encore une fois, comme il l'avait réalisé ce soir, il ne pouvait tout simplement pas imaginer sa vie sans la brune. Il avait déjà eu des relations, mais aucune n'était comparable à ce qui se jouait entre eux depuis qu'ils se connaissaient. L'Italien haussa un sourcil inquisiteur quand Lys parla de reprendre une vieille tradition, et il était assez sûr de savoir à quoi elle pensait. Il la regarda donc se diriger vers le frigo, sa robe suivant ses mouvements et ses courbes - ce qu'elle était belle -. « Faudra que tu m'expliques comment ça se fait que tu as toujours un stock ! » fit-il en joignant ses rires aux siens quand elle posa la bouteille avec conviction sur le plan de travail. Une fois sur le canapé, tous deux aux anges et à la fois dans une configuration parfaitement naturelle - à croire que rien n'avait changé en quelques mois -, ils trinquèrent. Lys reprit la parole, avec une voix un peu hésitante et totalement adorable. Impossible pour Az d'effacer le sourire heureux et authentique sur son visage. Toutefois, elle avait raison de poser la question, parce que ça en soulevait d'autres. Des interrogations qu'Az n'avait que survolé très brièvement ce soir, principalement pris par la révélation qui l'avait percutée sur ses sentiments pour la jeune femme. « Ah, c'est pas à ça qu'on trinquait ? » plaisanta-t-il. Sans doute histoire de rester dans cet état d'esprit léger malgré les détails un peu plus pratiques qui allaient suivre. « À ce sujet... Je... Tu me connais mieux que personne, Lys. Moi et ma vision du couple. » commença-t-il après une pause, le temps de rassembler les bons mots. L'artiste et lui s'étaient toujours compris et respectés dans leur façon de voir l'amour. C'était ça également qui les avait rapprochés, sans doute. Mais même s'il le masquait, il avait une légère appréhension quant à la conversation qui allait suivre.