You finally found your way back among the stars

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You finally found your way back among the stars
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@jackson lewis-reyes & @lys r. kickett

J’aimais tous les arts, quels qu’ils soient, et j’étais fascinée de voir un artiste s’exprimer. Aussi longtemps que je me souvienne, cela avait toujours fait partie de moi, cette attrait pour le beau. Bien avant même que je ne me mette à la peinture, et j’avais commencé à peindre assez tôt. Je me souvenais de la première fois où mon père m’avait acheté des fournitures artistiques, j’avais environs neuf ans. Il avait pensé, à l’époque, que cela m’aiderait à canaliser cette colère que j’avais eu en moi, enfant. Et il avait eu raison. Depuis lors, c’était devenu mon moyen d’expression, mon défouloir, mon journal intime, le témoin de mes joies et de mes peines. L’art était devenu mon tout. Ce qui me rendait complète et vivante. Pour Jackson, cette expression passait par le corps. Un corps à qui il imposait une sacrée discipline et un entrainement stricte, mais de tout cela découlait une magie pure. Un poème vibrant, sans le moindre mots, ni aucun vers. Une mélodie sans musique et pourtant captivante. Aujourd’hui, Jackson m’avait proposé de l’accompagner à son entrainement, et pour rien au monde je n’aurais louper l’occasion de le regarder voltiger. J’aimais le voir évoluer dans les airs, ses membres s’enroulant avec une grâce infini dans les tissus suspendus au plafond par des crochets solides. Je n’avais, bien sûr, pas manqué, de sortir mon attirail d’artiste et avais griffonner quelques croquis, pris sur le vif. Je me souvenais du mot qu’il avait choisi, quelque mois plus tôt, lorsque je lui avais demandé d’en donner un qui décrivait le rapport qu’il avait avec son corps. Liberté. Aujourd’hui, il incarnait complètement ce mot-là, et le voir de mes propres yeux m’emplissait de joie. Un moment, tandis qu’il exécutait une figure, son regard croisa le mien et je lui souris tendrement. Gardant mes iris ancrés dans les siens, je laissai mon sourire s’élargir et me redressai enfin, abandonnant mon matériel au sol puis m’avançai sur les tatamis qui tapissaient le sol de salle de sport. Je me positionnai sous Jackson et levai le nez vers lui.
— T’as un petit air de Peter Parker, comme ça, tu es au courant ?

Tu te rapprochais de plus en plus non seulement de ton but, mais aussi du retour vers toi-même, vers celui que tu mettais de côté depuis plus d’un an maintenant mais qui hurlait de l’intérieur, pour retrouver ses droits. Lui, c’était l’acrobate. T’avais délaissé les tissus trop longtemps, la dernière fois que t’avais pris de la hauteur grâce à eux, c’était quand t’étais entré par effraction au cabaret Delirium. Nul besoin de préciser que tu ne pouvais pas faire ça à chaque aube. Après ce qui t’avait semblé une éternité d’attente toutefois, Brooke t’avait assuré qu’elle s’approchait de plus en plus de l’accord avec Sacha pour que vous puissiez remonter dans les airs, tous les deux, tel le duo magique que vous aviez toujours été jusqu’à l’année dernière. T’avais pas envie de tomber de trop haut alors t’avais quelques réserves, tu ne te faisais pas trop d’espoir, parce que tu savais qu’entre Brooke et Sacha c’était explosif et qu’une décision pareille pouvait changer du jour au lendemain. Malgré tout, t’avais repris les entraînements, parce qu’avant de pouvoir remonter sur scène devant des spectateurs, t’avais bien du boulot devant toi. Ne voulant pas – et ne pouvant pas – pratiquer au Delirium avant que tout soit officiel, t’avais passé quelques coups de fil dans les gyms du coin et t’en avais finalement trouvé un, dans le quartier plus scolaire de Bowen, qui avait accepté de te louer un local pour pratiquer, pour pas trop cher. Après tout, c’était le complexe sportif de la ville alors ils accommodaient assez facilement les habitants. Sur place, t’avais trouvé ce qu’il fallait pour improviser l’installation de tes tissus. C’était pas comme à Cirkaös, mais c’était assez solide et tu pourrais y faire la base. Ça faisait maintenant deux semaines que t’y venais quotidiennement, et c’est avec plaisir que tu constatas que tu retrouvais assez rapidement ta forme et ta souplesse d’avant. Tu te sentais prêt à avoir quelques yeux rivés sur toi, mais pour le moment t’avais surtout un nom en tête, Lys, que t’avais envie d’inviter. Évidemment, elle avait accepté, et ça devait faire bientôt trente minutes qu’elle te regardait t’exercer quand elle délaissa ses croquis pour s’avancer jusqu’à toi. Tu ris à sa remarque et, pour lui donner parfaitement raison, tu te positionnas exactement comme l’homme-araignée, la tête à l’envers, tes bras allongés et tes mains agrippant le tissu, tes jambes en losange tout en haut, pieds pointés. « Reste plus qu’à trouver ma Mary Jane. » Tu arquas un sourcil, invitant évidemment Lys à tenir ce rôle. « Bon, j’ai pas le masque à relever jusqu’au au-dessous du nez mais … t’es imaginative, j’te fais confiance pour que ce soit tout comme. » Tu ris. C’était toujours drôle de regarder le visage de quelqu’un à l’envers, mais peu importait l’angle, Lys était toujours si belle, si brillante.

Jackson avait ce don, depuis que nous nous étions rencontrés, trois ans plus tôt, de savoir décrypter mes envies, et d’y répondre avec la précision d’un métronome. Que ces désirs soient formulés ou non d’ailleurs, il savait lire mon corps, capter mes regards et les déchiffrer, et surtout, il était toujours partant pour embarquer dans mes délires. Lorsque je le vis se retourner et prendre la position de SpiderMan, je pouffai doucement, coulant sur lui un oeil tendre, emprunt de toute notre complicité. Il me proposa le role de Mary-Jane que j’incarnai aussitôt. Avec un sourire, je caressai sa joue avec délicatesse puis embrassai ses lèvres à l’envers, dans un baiser léger et doux d’abord, l’effleurant à peine. Ma langue, vite un peu jalouse, voulut à son tour prendre part à l’échange et fit quelques discrètes apparitions d’abord, avant que le baiser ne devienne langoureux et ne fasse rougir mes joues. Après un instant qui me fit littéralement tourner la tête et perdre la notion du temps, je rompis doucement le baiser, et terminai en embrassant le menton de Jackson. Je baissai le regard vers lui en souriant.
— Je vais te laisser redescendre avant que tes muscles ne tétanisent, plaisantai-je.
Je laissai échapper un petit rire, tout en m’écartant légèrement de lui.
— Moi, j’ai envie de prendre une douche, je crois, déclarai-je avec une moue innocente.
Un sourire espiègle toujours accroché aux lèvres, je pris, à reculons, la direction des vestiaires et disparus rapidement derrière la porte de la salle. Une seconde plus tard, je passai ma main par l’embrasure, tenant entre mes doigts l’une de mes chaussettes que je laissai tomber au sol avant d’éclater de rire et passer la tête dans l’entr’ouverture.
— Je voulais t’envoyer ma culotte mais…
Je pris une expression faussement désolée, jouant le jeu jusqu’au bout.
—…j’en porte pas, alors…
J’éclatai de rire à nouveau avant de disparaitre à nouveau dans les vestiaires où je partis à la recherche d’une cabine de douche privative. Les vestiaires étaient déserts à cette heure-ci et, on n’allait pas se mentir, cela m’arrangeait plutôt bien. Je trouvais une place et entrepris de me déshabiller complètement, laissant mes vêtements dépasser de la porte battante que je ne verrouillai pas, exprès, pour que Jackson me retrouve facilement. J’allumai le jet d’eau chaude et me glissai en dessous, l’impatience grimpant dans mon ventre.

C’était drôle et triste à la fois, de constater que tes relations les plus précieuses, uniques et intenses, étaient partagées avec des femmes. Toi qui t’imaginais pourtant finir tes vieux jours avec un homme. S’il n’y avait d’abord eu que Brooke avec qui tu avais tissé un lien des plus particuliers, tu savais que dans la dernière année Lys avait de plus en plus pris une place bien spéciale dans ton cœur. Mais pour ces femmes de ta vie, tu n’étais pas l’homme de la leur. Et c’était sans doute mieux comme ça, au fond. T’aurais jamais pu donner plus que ce qu’il y avait là entre vous. T’avais juste peur du jour où elles s’engageraient à cent pour cent avec ces autres hommes et que tu te ramasserais seul, complètement seul. T’avais déjà perdue Brooke de cette façon-là, tu redoutais le moment où Lys te filerait d’entre les doigts à son tour. C’était purement égoïste, mais ces pensées-là ne pouvaient s’empêcher de trouver trop souvent place dans tes égarements éveillés. Sur cette constatation, tu profitas pleinement de la main de Lys glissant sur ta joue, puis de ses lèvres contre ta bouche qui s’ouvrit de plus en plus pour y accueillir sa langue qui s’emmêla à la tienne. Seul le sang affluant jusqu’à ta tête te fit comprendre que le moment s’était étiré. Pour toi, il s’était arrêté. Tu souris à la brunette qui s’était reculée. « C’est pas tant de mes muscles dont je m’inquiète mais de mon sang qui a tout d’un coup bien envie de se précipiter jusqu’au bas de mon corps et qui se bat contre la gravité … » Dis-tu avec un sourire malicieux, lui faisant comprendre que ce baiser langoureux avait su réveiller tes désirs. Visiblement, tu n’étais pas le seul, puisque Lys lâcha qu’elle avait envie de prendre une douche. « Et dire que t’as pas autant forcé que moi, aujourd’hui … Va falloir t’activer sous cette douche pour qu’elle soit méritée. » Répliquas-tu en redescendant les deux pieds sur terre. Tu avais perdu de vue Lys pour ces quelques secondes, et t’eus seulement le temps de poser les yeux sur la porte qui venait de se rouvrir pour laisser la main de l’artiste passer par l’embrasure et lâcher une chaussette au sol. Tu éclatas de rire. « Socks are the new sexy, anyway. » Dis-tu en plongeant ton regard rieur dans le sien, maintenant que sa tête apparaissait. Tu la poursuivis jusqu’au vestiaire en accélérant le pas. Ce ne fut pas difficile de repérer la cabine occupée par Lys, puisque l’eau d’une seule d’entre elle coulait. Tu te déshabillas, laissant tes vêtements traîner sur le banc de bois, et tu t’introduisis auprès de Lys, tes mains retrouvant rapidement leur chemin jusqu’à son corps.

C’était si simple avec Jackson, si évident et si bon. Nous n’avions rien besoin d’expliquer ou ni même de prévoir les choses, tout se passait à l’instinct. Et il y avait une certaine bienveillance dans nos rapports qui nous allait très bien. Jackson faisait parti de mon cercle, il était l’une des personnes qui comptait le plus dans ma vie. Cela s’était fait naturellement. Ni lui ni moi n’engagerions quelque chose d’amoureux, nous étions parfaitement conscients de ça, mais notre relation n’en était pas moins forte pour autant. Cette amitié était authentique et pure, comme on en trouvait peu. Nos corps, en plus de ça, savaient se répondre comme s’ils avaient été fait dans un même moule, se complétant parfaitement. J’aimais Jackson, j’aimais sa manière d’être, sa personnalité, ses rêves, ses attitudes, j’aimais l’être humain qu’il était, mais ce n’était pas de l’amour au sens propre, pas celui avec un grand A, ou du moins pas celui qui rimait avec toujours. C’était quelque chose d’autre. Quelque chose qui fonctionnait et qui nous faisait du bien. L’eau coulait sur moi, en même temps que l’impatience grimpait dans mon ventre mais Jackson ne tarda pas à me rejoindre. Mon sourire s’élargit lorsque j’entendis, derrière moi, la porte s’ouvrir. Très vite, les mains de l’acrobate furent sur moi, retrouvant un chemin qu’elles connaissaient bien. Sentant une douce chaleur s’insérer en moi comme un serpent de volupté, je me cambrais contre le corps de Jackson qui semblait appeler le mien. Je penchai la tête en arrière et la calai sur son épaule. Tournant le visage, je déposai un baiser sur la joue de mon amant, continuant de me coller à lui dans une attitude lascive.

Lys était disparue dans les vestiaires après des éclats de rire lumineux entre vous deux. Tu l’avais suivie, laissant enfin ton corps se remettre à l’endroit en laissant tes pieds retrouver le sol froid de la salle d’entraînement. Une fois dans la salle des douches, tu fus soulagé de constater qu’il n’y avait personne d’autre, pour le moment. Est-ce que cela vous aurait empêchés, Lys et toi ? Probablement pas. Vous auriez même été excités à l’idée de devoir garder le silence, de taire vos gémissements dans le souffle de l’autre, de rythmer vos vas-et-viens à l’eau qui coule. Ou alors vous n’en auriez rien eu à foutre et on aurait pu vous entendre même la tête sous un jet d’eau. Votre sexualité n’avait rien de tabou et cela était bien clair depuis votre toute première rencontre quand encore vous ne saviez pas que vos chemins se recroiseraient un jour à Bowen. Depuis, vous prouviez encore et encore toute la beauté derrière l’acte sexuel. Une fois départi de tous tes vêtements, tu ouvris la porte de la petite cabine et tu rejoignis Lys, dont le sourire s’était étiré jusqu’à ses oreilles en t’entendant enfin la rejoindre. Tes mains glissèrent avec la même sensualité que l’eau sur le corps de Lys, parce que tu jalousais toutes ces gouttes qui parsemaient sa peau dans sa magnifique longueur. Lorsque la brunette pencha la tête vers l’arrière, tes lèvres vinrent se poser sur le cou tendu de ton amie. Lys tourna ensuite le visage, te chassant doucement de sa gorge alors qu’elle venait poser ses lèvres sur ta joue. Son corps se pressait contre le tien et tes mains la rapprochaient encore plus, maintenant posées sur le bas de son dos et ses fesses. Ton sexe se gonflait par pulsions, chaque caresse augmentant un peu plus sa présence jusqu’à ce qu’il soit bien tendu entre Lys et toi, comme une distance obligée qui ne demandait pourtant qu’à être réduite à néant en plongeant en elle.

La peau de Jackson glissait délicieusement sur la mienne, provoquant des frissons partout où il y avait un contact. Ses mains, sa bouche, son sexe qui commençait à se presser fermement contre mes fesses. L’osmose entre nous était évidente. Je ressentais qu’il n’y avait besoin d’aucun mot entre nous, même si nos longues conversations me nourrissait, nos corps savaient communiquer de la plus tendre des façons. Faire l’amour avec Jackson avait ça de particulier, qu’on avait le sentiment de créer ensemble un morceau d’art, en dehors du temps et de l’espace. On se souciait peu, en général, de ce qui nous entourait, seul comptait ce moment de partage intense qui nous était offert. Collant mon dos à son torse, je basculai ma tête en arrière pour la poser sur son épaule. Je fermai les yeux, et levai le bras pour passer ma main dans ses cheveux.
— T’es tellement beau dans les airs, lui dis-je avec tendresse.
Je le regardai à travers mes cils, les yeux légèrement endormi, dans une expression apaisée et douce. Un sourire marqua mes lèvres. L’eau glissait sur moi, sur Jackson et entre nous, ou du moins, dans les recoins où elle pouvait passer, nos deux corps étant collés étroitement l’un à l’autre.
— Caresse-moi, Jackson, demandai-je avec envie.

La tête de Lys bascula vers l’arrière, vers toi, attirée comme un aimant. Constamment, vos corps se cherchaient, s’appelaient. Tu ne pouvais pas imaginer un monde dans lequel tu ne pouvais plus la toucher, la caresser, et pourtant cela arriverait inévitablement, un jour. Tu ne voulais pas penser à ça, à chaque fois que cette pensée te traversait l’esprit, tu la chassais avec tristesse parce que Lys était une partie tellement importante de ta vie. Tu ne voulais pas que ça change. Tu ne voulais pas perdre cette magnifique pièce d’art que vous deveniez lorsque vos corps s’accordaient. Et ils s’accordaient toujours. Ton épaule accueillit sa tête comme si c’était sa seule fonction, et tu tournas légèrement la tête afin que tes lèvres se déposent à nouveau contre sa gorge tendue. La main de la brunette s’égara dans tes cheveux, ses doigts cherchant le chemin à travers tes mèches mouillées par le jet d’eau au-dessus de vos têtes. Tu souris à son compliment. Venant d’elle, ton cœur avait envie d’exploser. « Mais le sol est tellement attrayant quand toi t’as les pieds sur terre … c’est difficile de rester seul là-haut. » Murmuras-tu sans perdre ton sourire, et le ton de ta voix était souriant, lui aussi. Ça te donna l’idée d’emmener Lys avec toi tout en haut, la prochaine fois. De la faire virevolter dans tes bras. Elle te faisait tourner la tête, tu ferais tourner la sienne. Vos regards se perdirent l’un dans l’autre un moment, avant qu’elle ne te demande de la caresser. Son dos toujours pressé contre son torse, tu posas une main contre son ventre pour la presser un peu contre toi, pendant que ton autre main glissait le long de sa hanche, de sa cuisse, de ses fesses, avant de retourner vers l’avant pour caresser le bas de son ventre, son pubis, et puis son clitoris que tes doigts caressèrent d’abord avec une lenteur exquise.

Il y avait cette attraction, ce besoin d’être l’un contre l’autre qui existait depuis le premier jour, comme si nos deux corps étaient fait pour s’emboiter, pour se révéler l’un et l’autre. Jackson était beau dans les airs, à virevolter comme si le magnétisme terrestre n’avait pas d’emprise sur lui, comme s’il était libre, complètement et inconditionnellement libre. Je l’avais toujours vu comme cet être exceptionnel, presque séraphique, léger qu’il était au fond de lui. Il ne lui manquait que les plumes pour voler. Sa réplique, emprunt de désir, me fit sourire tout d’un coup.
— Je veux bien être ton ancre dans ce cas…
Commença alors un jeu plus sérieux. Mon envie de lui débordant, je lui demandai sans détours d’en assouvir une partie. Ses baisers dans mon cou, sa main posée sur mon ventre qui irradia ma peau d’une douce chaleur, puis ses doigts experts qui vinrent me faire chavirer totalement. Mon corps réagit à ses caresses instantanément, c’était comme s’il le connaissait par coeur, comme s’il lui suffisait d’appuyer sur un bouton pour me faire vibrer de part en part. Mes soupirs s’accentuèrent, ma respiration s’accéléra et me me délectai de ce moment si parfait, si pur. L’eau chaude coulait sur nous, mais j’avais la sensation que ma peau brûlait, partout où elle était en contact avec celle de mon amant. Il y avait ce feu intense qui ne pouvait être atténuer et qui nous consumait tous les deux. J’avais envie de m’y perdre, de m’y jeter entière, sans réfléchir au reste. Parce que c’était bon, purement et simplement bon.

Elle était tout le contraire de ton ancre, Lys. Elle ne te ramenait pas les deux pieds sur terre, elle te permettait de continuer à rêver même quand t’avais pas la tête perdue dans les airs. Elle te faisait pousser des ailes pour que tu puisses continuer à voler même quand t’avais pas ton tissu pour te retenir de tomber. Elle ne réalisait pas à quel point elle avait un effet surréel sur ta personne. L’amour que tu lui portais ne s’expliquait même pas. T’avais jamais pensé que tu retrouverais une telle ambiguïté auprès d’une autre femme que Brooke, et même si c’était deux relations complètement différentes, elles étaient toutes les deux indescriptibles. Brooke et Lys avaient été les deux seules à te faire questionner tout ton être, à te faire remettre en question tous tes plans d’avenir. « J’préférerais que tu viennes danser là-haut avec moi. » Lâchas-tu alors avec un sourire. Et si tu ne l’élevais pas physiquement aujourd’hui, tu l’emmènerais quand même avec toi au septième ciel. Tes doigts trouvèrent aisément leur chemin jusqu’à son intimité qui frémit de plaisir. L’eau chaude cessa de couler au-dessus de vos têtes, sans doute que le compteur venait d’atteindre zéro. Ta main, à l’aveuglette, vint appuyer à nouveau sur le l’interrupteur de métal qui fit repartir le jet sur vous. Tu souriais en n’arrêtant pas d’embrasser Lys, en n’arrêtant pas non plus de jouer avec son corps pour le faire exploser de plaisir. Ton érection presque douloureuse d’impatience, tu pressas la brunette contre les carrés de céramique du mur de la douche, et enroula ses jambes l’une après l’autre autour de ton corps. Tes mains la soutinrent sous ses fesses que tu approchas un peu plus de ton membre qui s’enfonça alors en elle. Lentement. Vos regards plongèrent l’un dans l’autre, l’eau ruisselant sur vos fronts, vos joues, les gouttes restant prisonnières de vos cils ou du bout de vos nez. Comme vous y étiez bien, là-haut.

Je me sentais capable de suivre Jackson n’importe où, y compris dans les airs où il souhaitait m’emmener. Je me disais même que le voyage pourrait en valoir le coup, et si je n’avais jamais pratiqué de sport tel que le tissu, si je n’avais pas la moindre idée des muscles qu’il fallait solliciter pour une telle pratique, j’avais entièrement confiance en Jackson et j’étais prête à m’en remettre complètement à lui. Ce que je faisais déjà naturellement durant nos échanges charnels. Ces moments là, je me laissais aller, physiquement et mentalement, je me livrais à lui corps et âme. Parce qu’il avait le don de me faire me sentir vivante et en parfaite harmonie. Jackson ralluma le jet d’eau, et en profitant pour me plaquer doucement contre le carrelage de la douche. Je l’aidais à faire passer mes jambes autour de lui et accueillis son sexe en moi avec un gémissement que je ne parvins à retenir. Je ne savais pas si nous étions seuls ou non dans ses vestiaires, mais je m’en fichais. Le moment que nous vivions était trop beau et le sexe trop bon pour que je ne me brides par soucis de bienséance. Je finis par enfouir mon visage dans son cou, mordillant parfois sa peau, me laissant aller à ses coups de reins exquis.

À deux reprises tu activas à nouveau le jet de la douche, ce qui aurait peut-être dû vous alarmer, tous les deux, et vous faire comprendre que vous étiez en train de faire un beau gaspillage d’eau. En toute honnêteté, t’avais pas la tête à ça, pas la conscience environnementale prédominante, en tout cas pas alors que tu partageais un moment charnel avec Lys. Tes coups de reins se firent de plus en plus forts et profonds au fil de vos ébats, sans toutefois te lasser de ralentir la cadence de temps en temps, pour prendre le temps d’apprécier le regard de Lys qui croisait alors le tien, fiévreux. Tu échangeais des sourires et des baisers avec elle dès que la douceur teintait tes mouvements et tes caresses, avant de reprendre de plus belle. Bientôt, ta respiration devint saccadée et tu peinais à reprendre ton souffle, habité par l’extase. Tes jambes te donnèrent l’impression de lâcher, de complètement t’abandonner, mais tu tins debout, gardant Lys pressée contre ton corps alors que tu jouissais en elle. Un grognement de plaisir mal contenu s’échappa d’entre tes lèvres, on aurait pu t’entendre gronder comme le tonnerre depuis l’extérieur des vestiaires. T’en avais rien à faire, et surtout ton ouïe ne t’entendait pas toi mais bien Lys dont le plaisir ne se taisait pas davantage que le tien. Vos deux voix comblées formaient une sensuelle mélodie qui bercerait le reste de ta journée. Tu enfouis dans ta tête dans le creux de l’épaule de la brunette, en attendant que les tremblements de ton corps cessent.

Il y avait quelque chose de doux dans ces petits moments suspendus entre les salves de coups de reins plus rythmés. Des instants que nous passions en communion parfaite, Jackson et moi, nos regards s’accrochant, nos souffles se mêlant. Nos lèvres prenaient le temps de se chercher, de se gouter. Il y avait de la tendresse et quelques sourires. Il y avait de la pureté dans son état le plus brute. Puis nous reprenions la danse, plus effrénée, plus folle, celle qui menait à l’extase. Assurément. Celle qui faisait trembler les membres et cambrer le dos. Vint le moment où j’eus de la peine à retenir mes cris, où le plaisir me submergea et celui où je le laissai s’exprimer pleinement. Pantelante et comblée, je retombai dans les bras de mon amant, comme un pantin désarticulé. Son front contre mon épaule, son souffle caressant ma clavicule, je le gardai contre moi un instant, avant de passer mes doigts ses cheveux mouillés, enserrant ensuite ses épaules pour garder Jackson tout contre moi. Ma bouche trouva sa peau, le creux de ses tempes, où mes lèvres recueillirent quelques perles d’eau, dans un silence troublé simplement par nos respirations. Je fermai les yeux et savourai ce doux contact qui, je le savais, était éphémère. Je n’avais pas envie d’y penser pourtant, préférant me noyer dans la volupté de cet instant précieux.
— T’étais sérieux quand tu disais que tu voulais m’emmener dans les airs avec toi ? dis-je, après un instant, toujours nichée au creux de lui.

Après l’effort, vos corps épuisés retombèrent, vidés. Tu retenais Lys bien contre toi alors que tu sentais ses jambes trembler, autant par l’après-coup de l’orgasme que par la fatigue. Tu posas ton front contre son épaule, respirant contre sa peau, mêlant ton souffle à la chaleur qui se dégageait d’elle. Le jet d’eau cessa encore une fois de couler mais tu ne le rallumas pas. La vapeur tantôt prisonnière de votre petite bulle d’intimité s’échappa enfin par les ouvertures de la cabine de douche. Les gouttelettes d’eau, elles, restaient bien en place sur la surface de vos corps. Les lèvres de Lys en capturèrent quelques-unes figées sur tes tempes. Tu déposas un baiser sur son front tandis que ses paupières demeuraient closes. T’aurais pu regarder ses traits apaisés pendant des heures. Lys était une œuvre d’art en elle-même, une création mythique qui en créait d’autres de ses mains. La jeune femme se lova à nouveau contre toi et cette exquise étreinte aurait pu s’éterniser si Lys ne t’avait pas demandé si t’étais sérieux, à propos de l’emmener dans les airs avec toi. Tu souris, reculant ta tête pour pouvoir déposer ton regard dans le sien. « Aussi sérieux que possible. » Affirmas-tu. « J’te jure que de là-haut on te confondra avec un ange. » Elle en avait déjà les airs d’ici, tout en bas. « Mais tu mérites mieux que les installations ici … Non, pour te faire voler la première fois, il faudra que ce soit au Cabaret. » Décidas-tu. Tu trouverais le moyen de convaincre Brooke, mieux, de convaincre Sacha. T’avais envie que l’expérience de Lys soit unique, qu’elle goûte à l’euphorie de se trouver là-haut et de tournoyer sur elle-même en ayant l’impression de ne tenir qu’à un fil. Tu voulais qu’elle puisse s’imaginer les spectateurs assis à leurs tables du Delirium, envoûtés par vos corps qui se vouaient une confiance totale. Tu souriais rien qu’à y songer.

Il me semblait n’avoir jamais vu de spectacle plus beau que celui de Jackson exécutant ses acrobaties dans les airs, accroché à son tissu. Il était magnifique, comme dans un état de transe parfaite, tutoyant les étoiles. C’était si beau, en effet, qu’on avait envie de le rejoindre, de partager ce rêve avec lui.
— Un ange ? rigolai-je doucement.
C’était lui qui en avait tous les airs, qui semblait complètement faire parti de ce milieu, à plusieurs mètre du sol. C’était comme s’il était né pour voler. Je le disais souvent, il ne manquait à Jackson que les ailes. Mon doux ami évoqua le Cabaret, où il souhaitait m’emmener, jugeant les installations de la salles d’entrainement en dessous de ses attentes pour moi.
— T’es en train de me foutre la pression. Le Cabaret, Jacks !
Je ne pus m’empêcher de rire. L’idée paraissait folle et…en même temps, avec Jackson prêt de moi, il me semblait que tout était possible.
— J’ai jamais fais ça, tu sais…