back to black (aelya)

Son regard parlait pour ses lèvres, celles qui se pinçaient quand le désir se frayait un chemin dans ses veines, parce qu'il n'y avait jamais de fin à cette faim passionnelle qui meurtrissait délicieusement ses entrailles. Il disséminait l'urgence dans son organisme, elle qui sentait son coeur palpiter un peu plus fort dès lors qu'il laissait trainer sa belle voix suave qui savait satisfaire les flammes de sa fougue. Ils se comprenaient sans un mot, et c'était peut-être l'une des raisons pour lesquelles ça marchait aussi bien entre eux, parce qu'ils n'avaient jamais besoin de grand chose pour se construire un fort là où toutes les portes les barricadaient du monde entier pour qu'ils puissent s'aimer sans entrave, sans risque de se voir blessés. Soulagée par ce dernier baiser qui éteignit l'inquiétude palpable dans la pièce, elle s'élança sur la piste, dansant comme si c'était lui qui se tenait devant elle, son regard l'attrapant dans ses filets, incapable de ne pas l'admirer alors qu'il servait les clients sous les lumières tamisées du bar. Elle n'avait jamais eu envie d'aller plus loin que tout ce qu'elle faisait déjà, parce qu'elle savait à quel point Niels était déjà profondément atteint par la situation, par le simple fait de lui retirer son droit d'être mariée, de lui appartenir. Et pourtant, elle s'était vue dépassée par ses principes lorsque son patron l'invita à faire un pas en avant dans son boulot. Fatiguée de devoir valser entre ses envies et ses devoirs, elle rassura au mieux son amour avant de finalement céder, conduisant son client derrière les rideaux dans l'espoir d'obtenir plus d'argent, ce remontant superficiel qui pouvait au moins la motiver à quitter plus rapidement cet endroit. Mais elle ne s'était pas attendue à ce qu'il se joue des barrières pourtant imposées, lui qui posa sa main sur sa poitrine, ce geste amenant Niels à sortir de ses gonds tandis que sa raison n'eut pas le temps, elle, de s'imposer à cet acte sauvage qui n'avait jamais été demandé. Le coeur battant à tout rompre, elle s'empressa de le rattraper, de maitriser au mieux la chute de ce qui était finalement entrain de tomber en morceaux.

- J'suis pas prête à aller jusqu'à te manquer de respect ! Et le fait que tu puisses en douter est quand même grave putain ! Lâcha-t-elle, blessée, le regard brillant de tous ces bouts de verres qui s'agitaient dans sa cage thoracique. Je t'ai jamais dit de pas lui en coller une à ce que je sache ! J'en ai rien à foutre que tu le fasses, c'est toi, ce que tu penses de moi qui m'importe là ! Répondit-elle, altérée par leur conversation, son coeur se brisant un peu plus lorsqu'il lâcha sa main pour déposer ses clefs en son creux, le froid du métal sur sa peau rompant avec la chaleur qu'il ne lui offrait plus. Comme d'hab finalement ? On en revient toujours au même point. C'est fou ça. Bref, ajouta-t-elle, déçue, n'étant plus capable de tenir la conversation avec lui tant elle avait mal.

Elle rompit le contact, lui tournant le dos pour se réfugier dans les vestiaires, délaissant le poids de ses émotions le long de ses joues rougies avant qu'une de ses collègues ne rentrent pour lui apprendre qu'ils étaient tous les deux virés et qu'il valait mieux qu'elle parte maintenant pour ne pas croiser son patron qui se soignait dans son bureau. Sans un mot, elle prit ses affaires avant de rejoindre la voiture, conduisant jusqu'à leur maison dans cette tension qui continuait de la faire souffrir. Poussant la porte d'entrée, elle traina des pieds jusqu'à leur chambre, s'effondrant dans le lit avant que Hank ne vienne se réfugier contre elle. Son regard noyé de larmes s'intéressa à son annulaire gauche, dénué de son alliance que Niels avait gardé, comprenant silencieusement qu'elle devrait surement se faire à l'idée de ne plus la posséder.

Il aurait dû prévoir que ce scénario leur apporterait des ennuis, Niels qui se connaissait assez bien pour savoir qu’il était bien trop incapable de gérer sa jalousie, lui qui détestait voir l’amour de sa vie se donner en spectacle à ces hommes qui n’auraient jamais aucune idée de l’intensité des sentiments qu’ils partageaient. Et même si c’était leur seul moyen de subvenir à leurs besoins, Niels était tout bonnement incapable de supporter cette tension qui tiraillait ses entrailles à chaque fois qu’ils entraient dans le club. Il n’avait suffi que d’une étincelle pour embraser son regard déjà assombri de haine alors qu’il laissa Aelya et son client derrière lui, perdant ses moyens alors que sa jalousie le dévorait, lui qui avait l’impression d’avoir été trahi, l’absence de réaction d’Aelya remettant soudainement tout en question. Il perdait pieds, sentant la terre s’effondrer sous ses pieds, lui qui peinait à entendre les mots de son amour qui cherchait à le ramener à elle, comme elle le faisait toujours. Il serra la mâchoire, conscient que cette conversation pourrait les mener jusqu’à un point de non retour, Niels qui sentait son coeur s’écorcher à chaque mot que lui balançait Aelya. « T’façon, t’as raison. On est là pour ça, nan ? C’est ça le jeu, y’a des hommes qui crèvent d’envie de toi, et moi, j’dois fermer ma gueule. » Lâcha-t-il, regrettant d’avoir accepté ce job qui ne les mènerait qu’à leur perte, aspirant le peu d’espoir qu’il leur restait pour les anéantir. « Fais pas comme si t’avais pas douté de moi quand c’est arrivé. » Ajouta-t-il, se ressassant cette scène qui avait tourné au drame, Niels sentant qu’ils approchaient de leurs limites, conscient que s’il ne s’éloignait pas, les dégâts seraient encore plus considérables. Il lui laissa les clés dans le creux de sa paume. « J’suis pas à la hauteur. T’aurais pas dû miser sur moi. » Finit-il, brisé par les mots et le regard que lui tendait Aelya, sa déception ne faisant qu’appuyer sur ses plaies à vif. Il la laissa partir, ne se sentant pas capable de la rattraper alors que son coeur s’était barricadé dans un bloc de glace, refroidissant tout son être. Il avait erré sans savoir où aller, ni quel chemin suivre, lui qui se rendait compte combien il n’était qu’un corps sans vie sans elle, ne retrouvant plus ses repères. Il termina sa course sur la falaise, tentant de se rappeler de tous les moments qu’ils avaient passé ici, son regard terne et vidé d’espoir s’arrêtant sur sa bague qu’il portait à son doigt, se rappelant que celle d’Aelya était dans sa poche. Et ce constat lui fit comprendre qu’il était sans doute trop tard, qu’il avait été trop loin dans ses mots, dans son jugement pour pouvoir la rattraper. Il avait attendu le lever du jour pour reprendre la route et se diriger vers leur maison, sa carcasse sans vie se traînant jusque dans ce cocon qui avait toujours réussi à les réunir avant la soirée qu’ils venaient de passer. Il avait découvert Aelya endormie sur leur lit à travers la porte entrouverte, décidant de ne pas la réveiller, conscient qu’elle n’aurait rien à lui dire après cette dispute.

Il n'y avait plus rien qui pouvait arrêter l'hémorragie de s'écouler, ce trou qui s'était formé dans sa poitrine décharnée, comme si de la lave en fusion perçait peu à peu le rêve qui tombait dans les limbes d'un vide qu'elle n'était pas prête à assumer. Sans lui, elle se perdait, sans lui, elle crevait, c'était aussi simple que ça, et pourtant, ils en arrivaient toujours au même point, à laisser leur jalousie les consumer jusqu'à la moelle, permettant à au chaos d'agir en rompant ce lien qu'ils avaient construits. Dépassée par ce souffle qui venait à lui manquer, parce que c'était Niels qui lui permettait de respirer, Aelya, elle avait l'impression de s'écrouler sur elle-même, dans le bruit sourd de son coeur qui s'acharnait à l'inciter à son contact, parce que tout se mourait autour d'elle. Mais dans ses yeux, elle ne voyait plus que de la colère, de la déception, de la tristesse, et si elle avait pu encore espérer contenir tous ses démons pour laisser éclater sa lumière dans son regard, elle comprenait en cet instant, face à lui, que tout était déjà perdu d'avance. Elle avait perdu la bataille, et c'était surement ça qui faisait le plus mal, elle qui s'était promis avec Niels de maintenir leur relation à flot, même si elle-même sombrait dans leur maux.

- Est-ce que j'ai déjà dit que t'avais pas ton mot à dire ? Est-ce qu'on a pas tout fait pour éviter le pire ? Qu'est-ce que tu veux que j'te dise ? T'étais d'accord pour prendre ce risque. Comme moi, ajouta-t-elle, eux qui avaient eu conscience dès le départ que ce monde obscur pouvait leur nuire, attirant leur passion dans ses retranchements les plus extrêmes. J'me souviens pas de t'avoir dit que t'avais délibérément dépassé les limites de toi-même, et je t'ai pas fait comprendre que tu serais prêt à tout, surtout au pire il me semble, se défendit-elle, tentant de lui faire comprendre la nuance entre leurs deux situations et réactions, sa main venant sentir le poids de ses clefs qui remplaça la douceur de sa peau. Tu sais quoi ? J'en ai marre de nous pousser vers le haut quand toi, tu crois à rien. J'ai tout fait pour te faire prendre conscience de ton potentiel. De notre potentiel. Maintenant c'est bon, j'ai compris, lâcha-t-elle dans la rancune, ressassant tous ces moments où elle avait dû être optimiste pour deux, notamment pour leur projet professionnel qui avait pris l'eau.

Elle lui accorda un dernier regard balayé par la peine avant de lui tourner le dos, comprenant que la discussion était dans tous les cas rompue pour cette journée. Elle ne pouvait s'empêcher de regretter, de penser à ces baisers et à ces étreintes manqués, tout ça à cause de ce type qui n'avait pas su ranger ses mains là où il fallait. Arrivant chez elle après avoir embarqué ses affaires, elle n'était même plus capable de réfléchir à une solution de secours puisque toutes ses pensées fatiguées allaient vers Niels, les larmes continuant de rouler sur son visage alors que Hank avait grimpé sur le lit, calant sa truffe contre sa tête. Elle s'endormit finalement comme ça, lessivée par toute cette tristesse qui l'avait rongé, elle qui avait davantage pleuré en se remémorant leurs souvenirs heureux. C'est le départ de Hank qui vint la tirer de son sommeil, lui qui semblait avoir senti une présence au-delà de la porte. Elle ouvrit difficilement les yeux, se levant du lit pour ouvrir la porte, tombant nez-à-nez devant Niels.

- T'es pas rentré, lâcha-t-elle d'une voix neutre, vidée par la veille.

Lentement, il voyait son corps s’approcher du vide, frôlant ce néant qui n’attendait qu’à l’aspirer, lui et son âme meurtrie par toutes ces désillusions, par les déceptions qui ne faisaient que d’enterrer leurs rêves, les enfouissant plus bas que terre. Sans savoir la contrôler, Niels savait que sa jalousie le mènerait un jour à sa perte, à leur perte, parce-qu’elle ne faisait que révéler les failles qui le constituaient, lui qui avait peur d’être oublié, abandonné par la seule personne qu’il aimait viscéralement. Derrière la colère qui animait son regard, Niels était en réalité en train de tomber en morceaux, ne devenant plus que l’ombre de lui-même, ayant soudainement peur de comprendre que même Aelya ne serait plus capable de le sauver. Il était vidé, à la recherche de repères qu’il ne trouvait plus, même pas dans les yeux de la femme qu’il aimait. « Dis rien. T’as raison, sur toute la ligne. J’ai voulu être fort pour nous, j’ai foiré. » Lâcha-t-il, regrettant de ne pas savoir se maintenir à flots pour elle, pour leur relation qui venait de prendre un nouveau coup, parce-qu’il n’avait pas été capable de gérer ses émotions explosives. Il avait mal, se sentant crever sous leurs mots destructeurs, leurs yeux qui n’exprimaient plus que de la déception, des remords, du dépit en voyant se briser ce qu’ils avaient construit depuis toutes ces années. « Je voulais pas te retarder. J’veux pas être celui qui fait toujours tout foirer, mais j’crois que j’suis abonné à ce rôle. T’y arriverais mieux sans moi. » Souffla-t-il, comprenant à travers ses mots qu’elle était épuisée de l’aider dans le vide, lui qui n’avait finalement jamais cru en lui, en ce qu’il était capable de faire. Il aurait voulu être à la hauteur de ses espérances, d’être celui qu’elle avait imaginé et qui serait capable de tenir la distance. Mais la vérité, c’était qu’il en était tout bonnement incapable, lui qui s’écroulerait à chaque fois que sa jalousie viendrait s’enflammer, parce-que Niels ne faisait jamais dans la demi-mesure, encore moins lorsqu’il était question de la femme qu’il avait épousé. Il avait tenté d’oublier en s’éloignant d’elle, pensant que ça lui permettrait d’y voir plus clair, n’imaginant pas qu’il s’enfoncerait davantage dans les ténèbres en gardant ses distances avec l’amour de sa vie. Il avait erré comme ça toute la nuit, sans trouver de réelles solutions, finissant par retrouver leur maison, le coeur encore martyrisé par les évènements de la veille. Il l’avait observé pendant quelques secondes, incapable de ne rien ressentir pour elle, décidant de la laisser dormir, parce-qu’elle était certainement aussi épuisée que lui. Il avait à peine eu le temps de refermer la porte que celle-ci s’ouvrit devant lui, Aelya apparaissant derrière l’encadrement de la porte, confrontant son regard las. « J’avais besoin d’être seul. J’pense que toi aussi. » Dit-il, sur le même ton qu’elle, peinant à savoir où ils en étaient, Niels se décalant pour rejoindre la cuisine, préparant du café pour pouvoir tenir la journée. « J’te sers une tasse ? » Demanda-t-il en sentant sa présence dans son dos.

Le coeur brisé, elle avait l'impression de sombrer dans l'obscurité de ce moment qui les privait de leur présence mutuelle. Parce qu'elle avait cette douloureuse impression qu'il s'éloignait, comme s'il devenait hors de portée dans le brouillard de cette peine qu'ils n'arrivaient pas à traverser. Pourtant, ils avaient toujours réussi à se porter vers la lumière, main dans la main, eux qui s'enlisaient dans la fusion de leur amour indestructible. Mais là, Aelya n'y arrivait plus, parce qu'elle n'était plus capable de le rattraper alors qu'il disséminait des épines dans le creux de son coeur par le biais de ses mots. Et elle, comme une rose qui se fanait sous le temps pluvieux de ses yeux, elle perdit ses pétales, celles qui vinrent s'écraser le long de ses joues lorsqu'ils se quittèrent. Elle n'avait jamais cru à un avenir sans Niels, et elle n'avait jamais douté de sa capacité à la rendre heureuse. Il y avait juste à le confirmer par l'absence d'éclat sur son visage blanchit par ses larmes acides. Elle aurait voulu lui dire plus que tout ce qu'elle avait pu lui dire, elle qui l'aimait à la folie, plus que tout, plus que la vie. C'était sur ses regrets qu'elle s'endormit, appuyée par la douce présence de leur chien qui vint la rassurer dans le lit, celui qui était soudainement beaucoup trop grand pour accueillir sa frêle carcasse, le parfum de Niels valsant tout autour d'elle, lui rappelant à quel point il lui manquait. Elle se réveilla quelques heures plus tard, les yeux rougis par toute cette tristesse qui l'avait achevé, finissant par croiser le regard de son mari lorsqu'elle ouvrit la porte, détaillant son visage comme pour y deviner où il avait passé la soirée.

- J'ai jamais besoin d'être seule, non, mais tant mieux si ça t'as fait du bien, le corrigea-t-elle, lui faisant comprendre qu'elle aurait surement été mieux dans ses bras, à se couver de son amour, son regard le suivant lorsqu'il se dirigea vers la cuisine. Oui merci, répondit-elle de manière lasse. Tu te doutes qu'on a plus de boulot, nan ? Lança-t-elle, roulant des yeux. J'suis épuisée de combattre, Niels. J'suis épuisée qu'on en revienne toujours au même point parce qu'on est pas foutu d'apprendre de nos erreurs... Soupira-t-elle. J'ai l'impression que nous deux en équipe, ça marche pas. Et tu sais, ça me tue parce que c'est tout ce que j'veux pas admettre. Mais voilà... On a été viré de l'hôpital, du club, on a même pas pu monter notre entreprise... Peut-être qu'on a besoin de se révéler chacun de notre côté... Admit-elle tristement, les larmes aux yeux.

C’était dans ces moments où il se sentait devenir aussi fragile que du verre que Niels se braquait, lui qui avait peur d’exploser au grand jour, de vriller complètement au point de ne plus contrôler ses mots. Et c’était tout ce qu’il voulait éviter avec Aelya, parce-qu’il tenait plus à elle qu’à sa propre vie, détestant l’idée qu’ils pourraient se briser sur un malentendu. Alors il s’était dérobé, préférant s’éloigner avant qu’il ne soit trop tard, lui qui était persuadé qu’une nuit de réflexion leur serrait bénéfique. Et pourtant, dieu savait à quel point il crevait d’envie de la rejoindre, de se blottir contre sa peau qu’il voulait réchauffer, regrettant de l’avoir écorché avec ses mots trop durs, trop violents alors qu’elle avait raison depuis le début. Tout ça, il l’avait gardé pour lui, disparaissant de sa vision avec des regrets, lui qui aurait aimé que la soirée se finisse autrement, dans ses bras, contre son corps qu’il aurait voulu serrer contre le sien pour l’étouffer d’amour. A la place de ça, il avait erré toute la nuit, son corps épuisé ne trouvant pas le sommeil, lui qui était de toute façon incapable de dormir sans l’amour de sa vie à ses côtés. Il avait fini par rejoindre leur maison au lever du jour, les cernes sous ses yeux témoignant de la nuit mouvementée que son esprit avait passé. Pensant être discret, il avait compris que Hank l’avait aperçu, lui qui ne pouvait pas s’empêcher de venir à lui, réveillant Aelya au passage qui apparut derrière l’encadrement de la porte. Sa remarque lui fit comprendre que la tension n’était toujours pas redescendue, Niels qui comprenait aisément que sa femme lui en voulait. « C’était mieux comme ça. Surtout après tout ce que je t’ai dit. » Souffla-t-il, sa voix teintée de remords, Niels se déplaçant jusqu’à la cuisine pour leur préparer du café, servant une tasse à Aelya en silence, conscient qu’elle aurait des explications à lui demander. Il soupira à sa remarque, ses yeux rivés sur les tasses qu’il finissait de servir pour ne pas se concentrer sur la douleur qui le frappait à l’entente des mots de son amour. « Evidemment que je le sais, j’ai pété deux nez hier soir. » Lâcha-t-il avant de lui tendre sa tasse, ressentant encore de la haine pour ces deux hommes qui avaient voulu leur nuire. « Ça veut dire quoi…? Tu veux plus qu’on travaille ensemble ? » Demanda-t-il, souhaitant être fixé, soutenant son regard marqué par cette tristesse qui le foudroyait davantage, comprenant qu’elle était prête à scinder leur équipe pour leur propre bien. « C’est vraiment ce que tu veux…? » Souffla-t-il, prenant conscience de tout ce que ça impliquait, notamment du manque qui reviendrait teinter leurs journées.

Elle avait froid à l'intérieur, comme si un courant d'air s'infiltrait entre les fissures de son coeur, elle qui perdait de sa splendeur, son sourire se cassant comme de la porcelaine, s'arrachant dans sa propre peine. Elle s'était laissée envahir par la déception qu'il lui renvoyait, ne sachant plus retrouver la terre ferme alors que son espoir se noyait dans cette mer de tristesse qui remplissait ses prunelles. Elle avait besoin de lui, d'eux, sauf qu'elle n'arrivait plus à contraindre la boussole de ses espérances à pointer vers leur horizon pluvieux. Alors elle s'était laissée aller à ses émotions négatives, coupant le contact avec la seule chaleur qui pouvait réchauffer son être refroidi. Dévastée par le manque, par le regret, elle aurait voulu maintes et maintes fois avoir la force de le rappeler afin de l'amener vers elle, là où était sa place, mais les épines inscrites dans son âme empoisonnait sa volonté, la conduisant tout bonnement à s'effondrer dans les draps contre lesquels elle se butait à son absence. Elle ouvrit les yeux quelques heures plus tard, trouvant le regard de celui qu'elle aimait par dessus tout, incapable de soutenir son regard trop longtemps tant les souvenirs de la veille lui revenait en masse, irritant ce calme entre eux qui n'était qu'apparent. Parce qu'elle bouillonnait à l'intérieur, sans savoir où cela allait finalement l'amener. Elle resta silencieuse à ses mots, peinant à trouver les siens alors qu'il prépara du café, le dos tourné à elle. Aelya le remercia du regard pour sa tasse qu'elle accapara entre ses mains comme pour s'accrocher à quelque chose de stable alors que son esprit errait dans le vide, elle qui aurait préféré s'accrocher à Niels.

- Ouais, ça s'est passé trop vite pour que je le vois réellement. Comme d'habitude, ajouta-t-elle, consciente qu'ils n'arrivaient jamais vraiment à prévenir leurs déboires, elle qui peinait à remettre en place les morceaux de ces images qui avaient défilé beaucoup trop vite pour elle. Est-ce qu'on a vraiment le choix ? Répondit-elle, confrontant son regard dans un voile de tristesse. Tu penses vraiment qu'on peut encore douter du fait qu'on attire les problèmes à deux ? Ajouta-t-elle en soupirant. J'pense qu'on a besoin d'espace, t'as raison, admit-elle en réfléchissant. J'arrive plus à savoir ce qu'on doit faire, parce que dès qu'on donne de l'énergie pour quelque chose, on le bousille en trop peu de temps, et j'sais plus quoi faire pour qu'on se retourne là, avoua-t-elle. J'ai trop donné pour le moment. J'suis vidée.

Il n’était que l’ombre de lui-même, divaguant entre deux mondes dans lesquels il ne se retrouvait pas, tout ça parce-que l’amour de sa vie était à des kilomètres de lui. Rien n’était viable sans elle, son existence y compris. Niels, il n’avait aucunement envie de remettre en doute leur relation, le seul aspect de sa vie dont il était fier, sa plus belle réussite. Il avait honte en réalité, réfléchissant à une manière de pouvoir récupérer son amour, parce-qu’il prenait conscience qu’il avait été trop loin, qu’à cause de lui, il venait encore de perdre la stabilité qu’ils venaient à peine de retrouver. Ce n’était pas eux qu’ils remettaient en question, mais bien lui et sa manière d’agir, lui qui ne contrôlait jamais ses émotions explosives, son tempérament de feu l’amenant toujours à réagir sans prendre le temps de réfléchir à ses actes. Et c’était souvent ce qui les amenait à leur perte, Niels entraînant Aelya dans sa chute. Il avait fini par trouver refuge chez eux après avoir passé la nuit à errer, ses pensées tourmentées et le manque incisif d’Aelya l’empêchant de trouver le sommeil. En croisant son regard, il avait immédiatement compris que les plaies de la veille n’étaient pas encore cicatrisées, qu’elles étaient même encore à vif, et qu’il en était l’unique responsable. Il s’occupa de faire du café, lui qui avançait sur un terrain encore inconnu, incapable de savoir où est-ce qu’ils en étaient, ni même ce qu’Aelya retenait de cette soirée désastreuse. Il lui tendit sa tasse, trouvant son regard un bref instant, se concentrant sur les mots qu’elle lui lâcha. « On m’a cherché. C’est normal que je réagisse. » Se justifia-t-il, elle qui n’avait pas eu vent des remarques que lui avait balancé leur patron. Il but une gorgée de café, s’arrêtant net sur la décision d’Aelya, elle qui lui faisait comprendre qu’ils n’étaient plus compatibles dans le domaine professionnel. « On a toujours le choix… » Souffla-t-il, lui qui avait toujours pensé que leur équipe passerait avant tout, même si c’était parfois pour le pire. « L’origine de nos problèmes vient du fait que je t’aime trop et que j’aime pas qu’on se permette de jouer avec notre relation. On savait qu’on prenait un risque en travaillant ensemble, c’était ce qu’on avait convenu. » Ajouta-t-il, se sentant faiblir aux mots qu’elle ajouta, elle qui semblait décidée à ne plus le laisser gâcher leurs opportunités professionnelles. Il la laissa continuer, peinant à maintenir son regard tant il avait mal de la voir aussi épuisée par sa faute, son coeur se délitant à chaque mot qu’elle semblait expier pour exprimer sa douleur. « Tu mérites pas ça… » Finit-il par dire, après avoir laissé quelques secondes de silence s’écouler. « Qu’est-ce que ça veut dire alors…? T’as besoin d’espace, concrètement, qu’est-ce que je dois faire ? Tu veux… que je m’éloigne ? » Souffla-t-il, tentant de contrôler sa voix qui pourrait vaciller à tout moment tant cette idée lui paraissait irréelle.

Elle aurait voulu être plus forte afin de les porter aussi haut que possible, au-dessus  des nuages qui crachaient des éclairs sur leurs âmes noircies par la peine. Elle aurait préféré s'endormir dans ses bras plutôt qu'entre les draps froids, consciente que si elle avait décidé de refuser la danse privée pour ce type, elle n'en serait pas là, à laisser ses larmes crier sa douleur silencieuse mais plus que palpable. Elle ne savait plus quoi penser, elle qui se perdait dans le tombeau de ses maux, ceux qui la bouffaient à l'intérieur, comme si les flammes de ses regrets brûlaient peu à peu ses sens pour la faire finalement sombrer dans l'oubli. Elle revint à elle-même lorsque les rayons du soleil percèrent la fenêtre, sa peau frémissant au manque de son âme-soeur lorsqu'il se présenta à elle, le visage tiré par la fatigue.

- Je t'ai jamais reproché de réagir, répondit-elle, elle qui ne lui reprochait rien d'autre finalement que son manque de confiance en elle, parce qu'elle n'avait jamais cherché à lui faire du mal. Pas tant qu'on arrive pas à rester docile, ajouta-t-elle, peinant à croire qu'ils pouvaient un jour devenir plus tempérés en travaillant ensemble, eux qu'un rien pouvait faire exploser parce que l'amour qu'ils se donnaient était beaucoup trop invasif. On avait pas prévu de se faire virer de partout. Et c'est parce que notre relation passe avant tout qu'il faut qu'on réfléchisse. Parce qu'on est toujours proches du point de rupture quand on nous pousse dans nos retranchements... Soupira-t-elle, sachant pertinemment qu'ils étaient autant plus solides que vulnérables lorsqu'ils étaient tous les deux, leurs agissements parlant d'eux-mêmes. Toi non plus... Tu sais très bien que tout ce que j'veux, c'est que tu sois heureux. Et à chaque fois que je suis dans l'équation, tu exploses beaucoup plus vite... Fit-elle remarquer, son regard triste détaillant le sien, Aelya qui ne pouvait lutter contre sa volonté de toujours le protéger, même s'il fallait se séparer de lui, parce qu'il passait avant tout, avant sa propre vie même. J'pense que ça nous changera de s'éloigner... Un peu... Murmura-t-elle, le regard embué de larmes. J'veux pas te quitter. J'veux juste essayer de m'y retrouver, parce que j'suis perdue, ajouta-t-elle, n'ayant pas envie qu'il pense que c'était une rupture. Mes sentiments pour toi ne changeront jamais. Ca n'a rien à voir. C'est juste que là, on est encore dans une impasse. Et qu'on doit essayer de s'en sortir. On a essayé de le faire à deux mais ça n'a pas marché... Lâcha-t-elle, justifiant le fait qu'il fallait qu'ils se concentrent chacun sur eux-mêmes pour mieux se retrouver. Bébé, c'est parce que je t'aime que j'veux ça pour nous...

Il aurait aimé avoir la capacité de gérer ses émotions, de ne pas être la bombe à retardement qu’il était et qui faisait toujours plus de dégâts sur sa vie professionnelle et sentimentale. Parce-qu’il voyait bien qu’Aelya commençait à être épuisée de ce cercle vicieux dans lequel ils étaient emprisonnés, tiraillés entre leur envie de travailler ensemble pour éviter de subir le manque et l’idée que ce mode de fonctionnement était sûrement malsain pour eux. Parce-qu’au final, ils cherchaient leur équilibre tout en provoquant sa destruction, sans même le savoir. Il avait mal de comprendre que leur dévotion les poussait à se remettre en question, eux qui savaient pourtant qu’ils vivaient un amour unique, d’une puissance incomparable, Niels qui était fier d’aimer Aelya de cette manière bien que cela les poussait parfois vers les précipices. « J’aurais pas pu faire autrement de toute façon. » Répondit-il, persuadé que le client et le patron avaient eu ce qu’ils méritaient, Niels qui ne ressentait aucune compassion pour eux à ce niveau-là. « C’est les autres qui nous poussent à ne pas l’être. On avait des efforts. » Reprit-il, lui qui ne désirait pas mettre tout le blâme uniquement sur eux, parce-qu’il restait persuadé qu’il avait agi pour une raison, lui qui ne s’emportait jamais pour rien. « J’pouvais pas savoir que partout où on postulerait, il y aurait des cons finis. » Lâcha-t-il, amer, repensant aux raisons qui les avaient poussé vers la sortie, Niels qui était à l’origine de tous les débordements qu’ils avaient rencontré. Il releva les yeux vers elle à ses mots, ses sourcils froncés témoignant de son incompréhension, son regard cherchant désespérément le sien comme s’il souhaitait la rattraper. « Mais j’suis heureux bébé… C’est quand j’suis avec toi que j’le suis. C’est ma seule condition. » Souffla-t-il dans la précipitation, presque pour la couper dans son élan alors qu’elle semblait à bout de force, prête à prendre ses distances avec lui. Il resta figé à sa réponse qui confirmait ses craintes, son regard devenant livide, comme si on venait de lui ouvrir la poitrine pour lui arracher le coeur. « S’il-te-plaît Aelya… Me demande pas ça… » Murmura-t-il, ses mots suivants le transperçant davantage, Niels se retournant pour s’accouder sur le plan de travail, nichant son visage entre ses mains. « J’veux pas partir… J’veux pas vivre sans toi. Bébé, j’suis désolé, j’recommencerai plus, on va trouver une solution. Tout mais pas ça… » Implora-t-il, se redressant pour la regarder, ses yeux embués par l’émotion, lui qui tentait de rattraper ce qui semblait déjà tomber en morceaux.

Elle détestait les voir se pousser dans leur retranchement, comme si finalement, ils dansaient constamment au bord du vide, à la merci de la prochaine tempête qui les ferait chuter, leurs mains rompant le contact, ce lien indestructible qui faisait qu'ils se relevaient toujours. Elle avait mal de les regarder s'éloigner alors que tout ce qu'elle voulait le plus au monde, était de l'avoir contre elle.

- Je sais bébé. J'aurais pas fait mieux... Avoua-t-elle, n'ayant aucune envie de reprocher son comportement à Niels qui avait seulement répondu à la menace que représentait ce client qui avait dépassé les bornes. Nos efforts seront jamais assez vis-à-vis des actes des autres, et le problème, c'est qu'on subit notre propre comportement aussi en perdant notre travail, répondit-elle, consciente que de toute façon, c'était à eux de se prouver pour obtenir et garder un travail, quand bien même les conditions idéales n'étaient pas réunies pour leur relation fusionnelle. Ouais c'est tous des cons j'suis d'accord. Sauf qu'on fait comment maintenant ? Lança-t-elle, démunie face à ces solutions qui tombaient à l'eau, remettant en doute le moindre de leurs efforts, jusqu'à ce qu'elle n'inclut la possibilité de les voir se séparer pour le bien de leur avenir professionnel, son regard triste terminant de déchirer son cœur en milles morceaux. Mais moi aussi bébé... Je suis heureuse avec toi. C'est pas ça le problème. Mais où on va en travaillant ensemble à part essuyer des échecs ? Demanda-t-elle, au bout du mur qui semblait figé ses espérances, la perdant dans ses tourments qui ne trouvaient aucun répit, ses songes se vidant de confiance. Bébé... S'il te plaît... Lâcha-t-elle en murmurant, la voix brisée par ses larmes. On sait très bien toi et moi qu'on recommencera. Parce que c'est nous, c'est comme ça, soupira-t-elle, altérée par leur conversation. Je t'aime, je suis à toi, je veux personne d'autre que toi. Je veux juste qu'on puisse réfléchir chacun de notre côté pour mieux rebondir. C'est pas comme si on coupait les ponts bébé...

Il avait l’impression de nager à contre courant, que les vagues le poussaient vers le large, l’empêchant de rejoindre l’amour de sa vie qui l’attendait de l’autre côté. Pourtant, il savait qu’il trouverait toujours un moyen de la retrouver, eux qui n’étaient pas faits pour être éloignés l’un de l’autre, lui qui préférait encore crever que d’avoir à subir toute une vie sans elle. Pour l’instant, Niels avait cette sensation de faire du sur-place, incapables d’outrepasser cette barrière invisible et pourtant palpable qui les tenait à distance l’un de l’autre. « On te touche pas impunément. Personne a ce droit. » Souffla-t-il encore sous le coup de la colère alors qu’il se remémorait cette scène qui l’avait retourné, lui qui n’avait pas su se contenir face à ce client qui s’était permis l’impardonnable. « Qu’est-ce qu’on doit faire alors ? Fermer notre gueule quand il nous arrive ce genre de choses ? » Lâcha-t-il, incapable de s’imaginer neutre face à des actes comme ceux qu’ils avaient subi la veille. « J'en sais rien bébé, j’ai pas de solution pour l’instant. Mais j’continue à penser qu’on est pas ceux qu’on devrait blâmer. » Ajouta-t-il, tentant de chercher une solution miracle pour eux, conscients qu’Aelya disait vrai, parce-que même si ça n’était qu’une tentative de se protéger, ils restaient ceux qui en payaient durement les conséquences. Il avait senti le vent tourner en sa défaveur, observant un voile noir assombrir leur ciel, Niels qui comprenait à travers les mots de sa femme qu’elle était prête à envisager une séparation pour qu’ils puissent réfléchir à l’avenir. « Mais bébé, on vaut plus que ça… On arrive toujours à se débrouiller… » Souffla-t-il, le coeur au bord des lèvres, son visage niché entre ses mains pour ne pas s’écrouler, lui qui avait l’impression de vivre un véritable cauchemar, se demandant déjà comment il survivrait sans elle. « Pourquoi… Pourquoi tu veux qu’on s’éloigne… » Répéta-t-il, son coeur se brisant à l’entente de ses larmes, se redressant pour accrocher son regard, comme dans une dernière tentative désespérée pour la ramener à la raison. « On coupe pas les ponts mais tu penses quand même que ça sera plus simple pour toi sans moi… Je sais pas quoi penser… » Lâcha-t-il, entre la peine et la déception, comprenant que sa décision était prise, Niels essuyant une larme qui s’était échappée avant de quitter la cuisine pour retrouver leur chambre, ouvrant un sac vide pour y mettre quelques affaires. « Ça n’a aucun sens… » Souffla-t-il, la douleur ne faisant qu’empirer alors que le sac se remplissait, lui faisant prendre conscience de la situation. « J’ai pas envie d’être sans toi… »

Elle aurait voulu s'enfuir, le prendre par la main pour aller plus loin, là où leur liberté ne serait jamais mise à prix. Pare qu'elle savait, à force de les voir se rendre malade, que leur amour était inadapté devant les exigences que leur demandait la société, parce qu'ils peinaient à tenir en place sous la coupe de ces chaines qui martyrisaient leurs âmes, celles qui ne pouvaient se complaire dans le manque ou bien dans le partage. Jamais elle ne serait apte à accepter de laisser tomber sa possessivité si Niels était dans les parages, et c'était sans doute cette évidence qu'ils nourrissaient tous les deux qui les amenait constamment à perdre leur travail.

- J'voulais pas qu'il me touche, j'te jure... Lâcha-t-elle, regrettant de ne pas avoir su réagir aussi rapidement que Niels avait remarqué cet acte. On aura plus à l'ouvrir si on travaille plus ensemble justement. Tu comprends pas que c'est ça le problème ? Qu'on est trop à vifs quand on bosse tous les deux ? Sinon, comment t'expliques que ça se passait mieux quand on était séparés ? Moi j'suis malheureuse sans toi, mais on a besoin d'argent aussi... Soupira-t-elle, dépitée, ne trouvant aucune solution qui convenait sur tous les points. Même si on est pas à blâmer, tout ce que je sais là, c'est qu'on va finir à la rue si on fait rien, ajouta-t-elle, stressée, incapable de voir plus haut que tous ces nuages qui étouffaient son espoir, la conduisant à décider de prendre de la distance avec la seule personne qui la faisait vivre. Pas cette fois à priori, lança-t-elle, déçue de cette situation sans issue qui ne faisait que de les mettre au pied du mur, elle qui tentait de ravaler ses larmes alors qu'elle se confrontait à son refus, celui qu'elle mourrait d'envie de suivre. Parce que je sais pas faire autrement pour réfléchir à tout ça, répondit-elle, tiraillée par ses sentiments qui se déployaient sur ses joues. Bébé... T'es quand même conscient que ça m'a fait du mal ce que t'as pensé de moi ? Demanda-t-elle tristement, son regard le suivant jusqu'à la chambre, Aelya gardant ses bras autour de son corps comme pour se protéger, mais surtout, comme pour s'empêcher de le retenir. Moi non plus j'ai pas envie. J'ai jamais eu envie mais... Ça va nous poser... Admit-elle, préférant se convaincre que la distance pouvait les aider alors qu'elle sentait déjà son âme se déliter. Dans tous les cas, c'est allé trop loin et j'ai besoin de faire le point. On se retrouve bientôt. C'est chez toi aussi. Je veux qu'on se retrouve quand je serai moins perdue...

Evidemment que le fond du problème venait de leur tendance à toujours vouloir se protéger l’un et l’autre, à éloigner ceux qui tentaient de mettre à mal leur relation en s’y immisçant vicieusement. L’idée de mettre un terme à un travail commun était alors sans doute le seul moyen pour eux de garder la tête hors de l’eau, de ne plus subir les frasques de leur propre possessivité qui se voyait maltraitée par les actes des autres. « J’le sais ça… T’as toujours imposé tes limites. » Ajouta-t-il, lui faisant savoir qu’il la croyait, que ce n’était pas son comportement qu’il fallait remettre en question, parce-qu’elle avait toujours été claire sur ses intentions. « Si bien sûr que si que j’le sais… Mais j’essaye de trouver une alternative à ça. Parce-que j’ai pas envie de passer mes journées sans toi Aelya, j’ai plus envie que t’aies à me manquer à longueur de temps. » Lâcha-t-il, soupirant devant cette situation qui n’avait pas d’issue, Niels prenant conscience que pour l’instant, ils n’avaient plus le choix, leur avenir et sa stabilité dépendant des choix qu’ils feraient. Il souffla à ses mots, peiné de devoir constater qu’elle avait raison, que s’ils ne prenaient pas les choses en main, ils finiraient dos au mur, sans aucune possibilité de retour en arrière. Elle lui asséna un dernier coup fatal en lui faisant comprendre qu’elle désirait qu’ils prennent leur distance pour le moment, Aelya manifestant son besoin de se retrouver pour réfléchir à la suite, loin de lui, loin d’eux. « Depuis quand on a besoin de se séparer pour trouver des solutions ? A quel moment ça a marché bébé ?! » Lâcha-t-il, paniqué à l’idée de la laisser seule, de ne pas pouvoir s’assurer de sa sécurité, lui qui avait soudainement peur qu’elle finisse par l’oublier. « Bébé… J’me suis excusé, je t’ai dit que ça arriverait plus. J’ai pété un câble… M’en veux pas mon amour, me laisse pas partir… » Souffla-t-il, d’un ton implorant, lui qui perdait pieds face à sa demande avant de finalement comprendre qu’elle ne changerait pas d’avis, Niels rejoignant alors leur chambre pour préparer son sac d’affaires. « Si tu le dis… » Soupira-t-il, peinant à croire que la distance les aiderait, lui qui crevait déjà de son manque, l’idée de se savoir loin d’elle le tétanisant sur place. « Comme tu veux… J’vois que j’peux pas te faire changer d’avis de toute façon. J’vais essayer de voir si j’peux passer quelques nuits chez Milo et Az. Sinon, j’me démerderais autrement. » Ajouta-t-il, finissant son sac avant de relever les yeux vers Aelya, fouillant dans la poche avant de son jean où il sentit son alliance. « Tu la veux ? » Demanda-t-il, son coeur se serrant dans sa poitrine alors qu’il redoutait sa réponse, ses yeux suspendus à ses lèvres.

Il lui manquait déjà, et c'était de pire en pire à mesure qu'elle concédait dans son esprit le choix qu'ils puissent ne plus travailler ensemble. Elle n'était pas habituée à son absence, et c'était quelque chose qui avait tendance à lui faire plus de mal que de bien, parce qu'au bout du compte, même si elle savait qu'ils se tiendraient plus à carreaux s'ils s'éloigneraient sur le plan professionnel, ce serait une douleur vive qui viendrait emplir le creux de leurs âmes. Elle hocha la tête à sa remarque, peinant à se remettre des doutes qu'il avait eu à son égard lorsqu'il avait explosé devant son client.

- Moi non plus j'ai plus envie. Mais c'est pas comme si on pouvait tout allier. Ca fait trop d'échec pour qu'on évite encore de se remettre en question, admit-elle, Aelya qui aurait préféré ne jamais se poser de questions sur le fonctionnement de leur relation, parce qu'elle les aimait comme ça, dans la passion, incapable de concevoir une potentielle stabilité dans leur personnalité, même sur le plan professionnel parce qu'ils n'avaient jamais appris à rester dociles. D'accord, donc selon toi, il faut juste passer à autre chose, agir comme on a toujours l'habitude, nous prendre encore une fois un mur et recommencer ? En sachant qu'à force de gâcher nos chances parce qu'on se prend la tête avec les autres, et ensemble, on met en péril notre relation ? Si j'ai le choix entre bosser avec toi et prendre le risque qu'à la fin on finisse par rompre, je préfère clairement qu'on travaille plus ensemble, avoua-t-elle, consciente qu'ils accumulaient des tensions et du stress à force d'essuyer des échecs, à force de laisser exploser leur jalousie qui les écorchaient au passage. Je t'en veux pas bébé. Mais j'ai besoin de temps pour rebondir. Et si on reste ensemble je sais que j'aurais pas envie de réfléchir à tout ça, soupira-t-elle, le coeur brisé en le regardant emballer ses affaires, sa résignation lui faisant du mal. Bébé... J'te connais, et je nous connais. Je sais qu'on est doués pour faire abstraction de nos responsabilités quand elles se présentent et j'veux juste qu'on puisse encore éviter de tomber, se justifia-t-elle dans l'encadrement de la porte, se retenant de lui sauter dessus pour l'embrasser, pour revenir sur sa décision. Le but c'est pas que tu finisses à la rue. J'laisserai jamais ça arriver. Passe du temps avec eux, et profite, ça nous fera redescendre tous les deux, lança-t-elle, soudainement jalouse que ses amis puissent avoir le droit à sa présence quand elle, elle se l'interdisait pour satisfaire sa raison. Évidemment bébé... Tu crois pas que j'vais t'oublier quand même ? Avança-t-elle doucement en captant son regard lorsqu'il lui tendit son alliance qu'elle récupéra dans sa paume. J'veux juste qu'on se retrouve et qu'on soit moins négatifs. J'ai jamais dit que j'voulais plus de toi... Je crève sans toi, lâcha-t-elle, les yeux larmoyants, ses doigts venant enfiler son alliance autour de son annulaire. Prends soin de toi mon bébé, ok ? J'veux juste te rendre heureux et en ce moment, là tout de suite, j'en suis pas capable.