you've been in a mood, you've been givin' hella attitude (esras)

Depuis un moment maintenant, t’avais apprivoisé la course avec Esras. Ouais, une étape à la fois. Il ralentissait parfois pour t’attendre, mais règle générale : t’arrivais à le suivre. Puis, ça donnait une excuse à Henry, le chien d’Esras pour y aller un peu plus mollo… Bon ok, l’excuse était davantage pour Hugo que le canin, mais l’idée y était. Ce matin-là, vous aviez décidé de vous rejoindre sur la plage pour courir à deux – ok trois en incluant le chien. Après t’avoir semé sur un bon kilomètre, tu le rejoignais, les jambes en compote et essoufflé comme un bon à la table à pique-nique où vous aviez l’habitude de prendre une pause. Tu te laissais tomber sur la banquette. « Mec… » T’arrives pas à reprendre ta respiration normale. Il t’avait achevé. Et tu le voyais prêt à repartir. « WOH! Tu m’attends. » Que tu lui ordonnais avec ta voix de docteur fâché. Tu attrapais la bouteille d’eau que tu buvais d’un trait et tu retrouvais une respiration plus normale. « Tu peux m’dire c’qui se passe pour que t’ailles l’air d’une gazelle en furie alors que j’suis un escargot derrière? Même Henry est épuisé! » Tu pointes le chien qui s’était allongé sur le sol haletant. Tu fais glisser de l’eau de ta bouteille pour que le chien s’abreuve.

Il était frustré Esras et énervé. Ce genre de sentiment n’était pas bon pour l’irlandais qui avait tendance à être en colère. Il ne comprendrait donc rien à April. Oui il avait abusé il y a quelques années, mais maintenant qu’il était prêt, c’était elle qui voulait une autre sorte de relation. Alors il courait, avec Hugo. Enfin Hugo était bien loin derrière et pour une fois Esras ne fit pas à attention à son rythme. Même Henry ne lui suivait pas mais ça lui faisait du bien au brun de courir sans s’arrêter. Ce n’était qu’en arrivant à la table de pique-nique qu’il se rendait compte qu’il n’avait fait aucune pause. Attendant son ami, il sautillait. Il souriait en voyant la mine essoufflée d’Hugo. Maintenant qu’il était là, ils pouvaient repartir. Mais son élan fut coupé par la voix fâché du blond. Esras le regardait en haussant des sourcils. « Bah oui je t’attends sinon je ne me serais pas arrêté. » Répondait-il avec logique. Il piétinait d’impatience, Esras voulait juste oublier la merde de sa vie. Son sourire disparu à la remarque d’Hugo et même Henry avait l’air épuisé. « Mon pauvre chien ! » Disait-il avec pitié en caressant l’animal. « J’me suis engueulé avec April. » Au moins Hugo savait ce qui tourmentait Esras, ainsi ils pourraient repartir illico presto.

Tu savais qu’il avait un truc, Esras. Parce que tu courrais derrière lui et t’en pouvais plus. T’étais sur le point de ramper avec la langue par terre. Il sautillait sur place en t’attendant, le brun. Pendant ce temps, tu crevais toi. L’homme répondait avec une logique implacable et tu levais les yeux au ciel en tentant de reprendre ta respiration. Il perdait le sourire alors que toi, tu tentais d’être humoristique. Tu tentes toujours de faire de l’humour lorsque t’es mal à l’aise, mais là… C’était tout autre. « Pas que ton pauvre chien, ton pauvre pote aussi! » Que tu disais en riant, tu lui donnais un coup de coude.

Il caressait l’animal et toi tu touchais tes cheveux humides aux extrémités. Il s’était engueulé avec April, voilà qui faisait du sens. « Qu’est-ce qui s’est passé? » que tu lui demandes, attentif. En tant que médecin, tu réalisais que souvent, les gens avaient plus besoin d’écoute que de médication ou quoi que ce soit d’autre. Toi, t’avais besoin d’une pause dans le contexte actuel. Esras avait besoin d’être écouté, simple comme ça. Puis le pauvre Henry aussi avait besoin d’une pause… C’était une pierre deux coups dans le contexte.

Courir lui permettait d’oublier. Il n’avait qu’à se concentrer sur son corps et sa respiration. C’était le meilleur moyen pour ne pas penser à cette blonde infernale, sauf que ça lui fit également oublier son ami, Hugo. Il était essoufflé et la scène fit presque rire Esras. Son pote avait vraiment besoin de gagner en endurance, surtout qu’il était médecin, il le fallait en forme. Bon, il était loin de ne pas l’être, mais Esras aimait bien motiver les troupes. Mais là il avait un pue abusé, même Henry était épuisé, s’allongeant au sol. Esras eu un mal de cœur pour son chien. Il le caressait en relavant la tête amusé. « Tu veux aussi que je te caresse la tête ? » Demandait-il en riant. Il le ferait si Hugo avait aussi besoin de réconfort. Il le connaissait bien et un peu bougon, Esras lui avouait les raisons de cette course. Il s’asseyait à côté de lui. « Elle veut une relation libre … et moi non. » Habituellement ça ne l’aurait pas gêné, mais il s’agissait d’April. « Elle m’a dit que j’étais con et elle avait raison. J’étais con de croire qu’elle me pardonnerait ! » Il était soulée Esras d’avoir cru ça, d’avoir eu l’espoir. Les lèvres de la blonde lui manquait déjà. Il ne voulait plus y penser.

T’avais une bonne forme physique, Hugo. La course n’était simplement pas ton fort. Tu faisais de la boxe, tu faisais du sport de chambre aussi et courir dans un hôpital ce n’est pas toujours tout simple. Esras te demandait si tu voulais aussi qu’il te caresse la tête. « Warf Warf! » Disais-tu en mettant tes deux mains devant toi pour en faire des pattes de chien. T’avais le fou rire face à cette imitation pathétique. Tu fronçais les sourcils en l’écoutant. « C’est pas du tout envisageable pour toi? » que tu lui demandes, patient. T’étais pas certain qu’une relation ouverte te convenait, t’aurais été le premier à comprendre. T’avais un certain je-ne-sais-quoi possessif… Et t’étais pas particulièrement jaloux. T’étais pas celui qui se méfiait, Hugo. « Pourquoi elle a dit que t’étais con, parce que tu ne voulais pas de relation ouverte? » Tu fronces les sourcils, il te manque une information pour faire un lien entre elles. Tu mets ta main dans le dos de ton pote. « Allez, ça va aller. Elle va te pardonner, donne-lui du temps. Et toi, donne-toi un peu de tolérance. » que tu lui disais. Tough love, mais il en avait bien besoin, le grand gaillard.

Esras avait toujours fait attention à sa forme physique. Il essayait de compenser sa consommation d’alcool et de frites avec le sport. Puis ça lui permettait de penser à autre chose. Avec April rien n’allait. Lui qui pensait qu’enfin les choses allaient s’arranger, c’était la douche froide. Hugo râlait parce qu’Esras courait trop vite et que même Henry était crevé. Il riait Esras après une imitation parfaite de chien de son pote. « T’es con ! » Il riait à sa connerie. Il lui expliquait enfin ce qu’il n’allait pas. « Je n’y ai pas réfléchi en vrai. » Ce n’était pas la non exclusivité qui le faisait chier mais qu’il attende comme un con depuis des semaines. « Non parce que j’ai réagi excessivement. Tu me connais. » Il pouffait un peu de rire avant de soupirer. Oui Esras pouvait être un vrai con quand il le voulait. « J’en ai marre de devoir toujours me faire pardonner surtout que pour une fois je n’ai rien fait. » Il savait reconnaitre ses torts Esras, mais là il n’avait pas fait grand-chose de mal. Il s’asseyait à côté d’Hugo qui reprenait sa respiration.

T’essayais de garder un équilibre, t’en avais besoin mentalement. Le sport, les amis, la famille, la copine, la vie de jeunesse, les études, le travail… T’avais besoin de tout ça pour que tout se passe bien. Esras te disait que t’étais con suite à l’imitation parfaite du canin épuisé. L’homme n’y avait pas réfléchi. « Alors, qu’est-ce que tu attends? T’attends qu’Henry et moi on crève? Sur nos tombes, il va être écrit : Henry et Hugo, Amis même dans l’haut-delà. Morts à cause qu’Esras réfléchit plus. » Tu levais les yeux au ciel. Bon, c’était peut-être un peu harsh, mais bon, dans le contexte, ça le porterait à la réflexion. Il avait frôlé l’excès et tu hochais la tête. « Et si tu cherchais plutôt un équilibre? » que tu lui demandais patiemment. Tu mettais ton bras autour d’Esras. « Ça, c’est juste être un mec. Tu fais une bêtise, tu t’excuses, tu te fais pardonner, t’essayes d’avoir du sexe et on recommence la roue. » Tu buvais un peu d’eau et t’en redonnais au chien. « Plus sérieusement, t’as pensé à comment elle, elle peut penser ? » Après, tu lui disais ça mais t’étais même pas foutu de le mettre en application avec Sara.

Il n’avait pas pensé sur le coup qu’il était suivi par Hugo et Henry. Il allait regretter demain cette course effrénée mais c’était sa façon de fonctionner. Et Hugo il aimait en rajouter. « Tu en rajoutes pas un peu trop ? Puis ça ne te fais pas de mal de courir un peu plus vite, t’as tendance à te traîner. Par contre Henry il a l’air bien crevé. » Il regardait Hugo, il savait que son ami allait prendre un air choqué. « Un équilibre entre April et les autres ? » Il se connaissait Esras, ce n’était pas le mec le plus fidèle et puis surtout il ne savait pas s’il en avait envie. « Sauf que je n’ai pas à me faire pardonner ! » Enfin un peu quand même, des propos méchants qu’il avait dit à April. « Elle aussi est en tort et je trouve qu’elle profite du fait qu’il y a quelques années je l’ai largué. » Ce n’était pas faux. Il avait enduré ses insultes et les menaces. Au bout d’un moment ce n’était pas un con Esras. « Non. » Il se sentait con. Alors il se leva. « Allez on vase baigner, t’as besoin d’eau je crois. » Hugo avait la tête toute rouge à cause de l’effort surhumain qu’il avait fait.

« Tu en rajoutes pas un peu trop? » « À peiiiine! » que tu t’exclamais en riant. « Tendance à traîner, moi? » Là, t’étais presque offusqué, Hugo. Tu riais vivement face à tout ça. Tu prenais pas la mouche facilement. « Nooon, j’parlais d’un équilibre dans tes réactions. » Que tu lui précises alors. L’homme te rappelait qu’il n’avait rien à se faire pardonner et t’étais d’accord. Enfin, probablement. Mais les femmes étaient plus susceptibles que les hommes. Tu soupirais doucement à l’entendre, c’était dommage tout ça. Tu sais plus trop si t’as envie de t’en mêler ou non… C’était tellement nébuleux. « J’ai l’air d’un poisson qui suffoque? » Que tu lui demandes avant de te mettre à courir vers la plage en retirant ton t-shirt pour te lancer dans l’eau quelques instants plus tard. « Sérieux, je l’admets : j’comprends rien à la gente féminine. » que tu admets à Esras.

Il riait Esras. Hugo était une bouffée d’air frais, toujours là pour avoir le mot drôle, celui qui faisait rire. Un drama boy qui aimait se faire plaindre. « On va devoir plus s’entraîner pour le marathon de Melbourne. » Il plaisantait évidemment, mais il avait hâte de voir la réaction de son ami. En attendant, il se confessait un peu sur son humeur. April en était la principale cause. « Mes réactions sont très équilibrées. » Il n’aimait pas qu’on lui dise quoi faire. Il acceptait quand même qu’il avait abusé et il courrait déjà vers l’océan pour prendre une belle bouffée d’eau froide. « Pas du tout ! Mais tu verras ça nous fera du bien. » Et voilà que les Esgo couraient comme des enfants suivis d’Henry. « Tu sais quoi ? On est deux. » il riait avant de mettre la tête dans l’eau.

« Le marathon de Melbourne? » Tu le regardes avec les yeux ronds. « Mais j’ai pas signé pour ça! » Que tu t’exclames vivement en tombant dans le panneau de ton pote. L’homme avec qui tu étais te confiait que ses réactions étaient très équilibrées. Tu levais les yeux au ciel. Ça et argumenter contre un âne c’était pareil. T’étais dans l’eau froide de Bowen et t’étais bien, foutrement bien. Henry se jetait à l’eau à vos côtés. Puis, tu admettais ne rien comprendre de la gente féminine et Esras allait dans ton sens et tu te mettais à rire. « Sinon, la vie, le boulot, ça se passe comment? » Que tu lui demandes gentiment. Pas obligé de toujours se tordre les tripes.

Il avait une tête sérieuse Esras. Il voulait vraiment faire croire à Hugo qu’ils allaient s’inscrire au marathon de Melbourne. De toute façon, il fallait bien qu’il soit en forme, les médecins étaient toujours debout. Enfin c’était toujours ce qu’avait imaginé l’irlandais. En voyant la tête dépité d’Hugo, il ne put s’empêcher de rire Esras. « Mais non, c’était une blague ! » Il aurait pu rajouter un petit « t’es con » mais il voulait être gentil. Mais ce n’était pas une si mauvaise idée. En tout cas, Esras allait peut-être s’inscrire, ça lui ferait du bien un peu de compétition. Mais en attendant, les deux hommes sautèrent dans l’eau suivi d’Henry. « Comme d’habitude. Mais j’ai l’impression d’être un peu plus gentil. » Et ce n’était pas quelque chose d’inné chez Esras. « Et toi ? Comment va ta douce ? » Sara, il l’adorait Esras. Il trouvait que les deux allaient très bien ensemble.

« Mais non, c’était une blague. » Tu soupires de soulagement. C’était Hugo qui le lui disait. « T’es con, tu m’as fait peur! » T’avais pas le temps pour un marathon, t’avais pas la motivation… C’était fou tout ça. « T’as l’impression d’être un peu plus gentil au boulot? Mais pourquoi? » Que tu lui demandes en retenant tes grands chevaux. Les enseignants se devaient d’être gentils, sinon que diable faisaient-ils dans la relation d’aide? Il te demande comment va Sara. « Occupée pas mal. Elle a eu un contrat intéressant et depuis, elle passe toutes ses soirées ou presque à l’atelier… » Tu hausses les épaules, après Esras diras que tu passes tout ton temps à l’hôpital, mais c’était plus complexe que ça. T’avais ta résidence à finir un jour… Tu projetais le tout pour décembre ou janvier, tout au plus.

Il pouffait de rire Esras. C’était simple de se moquer d’Hugo, surtout après l’avoir obligé à courir au point de dépasser ses limites. « C’était le but, puis t’es hyper naïf j’adore ! » Hugo c’était un coup de cœur amical, même s’il n’avait pas hésité à le draguer au début. Les deux hommes pouvaient parler de tout et n’importe quoi. « J’en sais rien pourquoi, mais mes élèves ont moins peur. » Disait-il presque outré. Ils en voyaient certains parler pendant son cours alors qu’auparavant ils avaient tous trop peur qu’il les interroge. Cette eau était fraîche ça faisait du bien à la circulation après cette course et Henry s’éclatait sous l’œil attentif de son maître. « Oh tu ne la vois pas beaucoup en ce moment ? En même temps vous avez toujours des planning de fou vous deux. » Disait-il en riant. Entre lui médecin et elle artiste, ils étaient toujours à droite et à gauche.

« J’suis pas naïf. » Que tu grognes. T’étais un peu soupe au lait à tes heures. Tu pouffais de rire à l’entendre parler de ses élèves. « Et c’est mal de ne pas semer la terreur? » Que tu demandes, les yeux ronds comme des billes. Tu avais l’habitude de travailler avec des stagiaires dans ton domaine et dès ce moment, tu les prévenais que ça n’allait pas être facile. Par contre, tu leur promettais d’être gentil. Tu montrais la face gentille du Docteur Gogo. Ce n’était pas parce que c’était un métier difficile que tu refusais une ambiance joviale et agréable. T’avais l’impression de passer plus de temps au boulot que chez toi, mais c’était une toute autre chose. « Pas en ce moment, comme tu dis. On a pas des plannings de fous, on a surtout des projets. » Que tu lui dis avec un sourire en coin. Tu préférais le dire comme ça parce que toi avec ton internat… ça tirerait bientôt à sa fin.