i'll try to reason with the clouds up above (avery)

Tout de suite après avoir déposé son téléphone portable, une fois la conversation avec Avery terminée, Woody s’était lancé dans un petit ménage rapide. Il voulait au moins que l’étage soit clean, pour qu’ils puissent utiliser la cuisine, la salle à manger, le salon et la toilette sans que le grand frère culpabilise de l’état des lieux. Il faut dire, il n’y avait pas grand-chose à faire, pour une fois Woody n’avait pas laissé les nuages déposer leur filtre noir sur le mode de vie du trentenaire. Dans les dernières semaines, il avait réussi à être plutôt motivé. Il avait repris ses longues marches à tous les matins, il avait recommencé à cuisiner un peu plus des repas à l’avance, il faisait son ménage au fur et à mesure. Tout cela avait peut-être – probablement – quelque chose à voir avec l’annonce de la grossesse de Charlie. S’il allait être père, Woody devait se prouver d’abord à lui-même qu’il était encore capable d’exister. Ça n’avait pas été facile, dans les dernières années, juste d’être. Certains matins avaient été rudes. Il s’était souvent réveillé dans une vie qu’il ne voulait pas comme sienne. Il avait peu à peu remonté la pente, et l’idée de fonder une famille, même si c’était précipité avec Charlie, c’était un mince filet de lumière, d’espoir, qui rentrait dans les craques de sa carapace.

Woody avait ensuite préparé un pichet de Cucumber Elderflower Gimlet, cocktail qui se mariait apparemment bien avec des sushis. Pas de goût trop prononcé qui viendrait gâcher le goût du poisson. Le jeune homme mit le tout au frigo, puis passa à la douche. Bien qu’habillé, il avait encore les cheveux légèrement mouillés quand Avery sonna à la porte. Il redescendit les escaliers d’un pas lent, la montée et la descente étant toujours un peu plus ardue sur ses jambes. Il ouvrit la porte et vit sa sœur portant un grand plateau de sushis variés. « Salut ! Tiens j’te prends ça. » Il regarda tout le choix disponible dans le plateau tout en le prenant dans ses mains. « T’as pas manqué de retenue. » Dit-il en riant, refermant la porte derrière sa sœur. « Ça va ? » Redemanda-t-il plus par formalité, puisqu’ils avaient déjà tassé ces politesses-là un peu plus trop par messagerie.

Avery avait ce besoin au fond d'elle de passer un peu de temps en tête à tête avec son frère Woody, le plus vieux de ses deux frères. Cela faisait un petit moment qu'ils n'avaient pas été seuls tous les deux et cette soirée ensemble ne pourrait leur faire que du bien à tous les deux. Elle avait donc pris les devants en lui envoyant un petit message pour savoir quand ils pouvaient se voir et sans grande surprise Woody l'invita à passer le soir même chez lui. Après discussion, ils avaient opté pour des sushi pour le repas qu'ils allaient partager. Sans plus attendre, Avery part sur son téléphone sur le site de son resto de sushi habituel pour y passer une commande. Ne sachant pas trop ce que Woody voudrait manger, elle a décidé de prendre un peu de toutes sortes comme ça il y en aurait pour tous les goûts. Elle file ensuite sous la douche, s'habille le plus simplement possible et quand il était leur pour elle d'aller récupérer la commande elle embarque dans sa voiture pour se diriger vers le resto. "J'ai peut être un peu abusé" dit elle en riant au serveur du resto qui commençait par bien la connaître tant elle commandait ici. "On est que deux a manger dessus!" Dit-elle en payant avant de récupérer le tout et de partir en direction de chez son frère. Lorsqu'elle fut garer la jeune Rutokowski récupère le plateau et sonne a la porte de son aîné en attendant qu'il ne vienne lui ouvrir. Elle se doutait qu'avec sa maladie il ne pouvait pas se déplacer forcément très rapidement, elle patiente donc sagement devant la porte en attendant. "Saluuut!" Dit-elle un large sourire aux lèvres en présentant le plateau de sushi assez fière d'elle. "Je sais que tu manges beaucoup donc j'ai pris de quoi!" Rit-elle avant de lui tirer la langue et d'entrer chez lui. "Non t'inquiètes je vais aller le poser au frais" Avery garde le plateau en main et se dirige aussitôt vers le frigo pour y déposer les sushi. Ils n'allaient pas manger de suite. "Sinon ça va encore mieux que tout a l'heure puisque je suis avec toi!" Elle retourne auprès de lui et lui colle un gros bisous sur la joue. Avery avec ses frères c'était comme ça, même a 27 ans elle resterait le bébé de la famille, enfin sans savoir qu'elle allait être tata dans quelques mois et qu'un réel bébé allait rejoindre la famille. "Et toi comment tu vas?" Elle espérait dans le fond qu'il n'allait pas lui cacher si il allait mal, même si elle sait très bien qu'il fait énormément pour lui cacher son mal être car malgré son fort caractère, quand ça concerne Woody et sa santé, elle n'est qu'une petite fille.

Un rire sarcastique se fit entendre dès qu’Avery expliqua qu’elle avait pris de quoi satisfaire le fort appétit de son grand frère. « Ah ouais parce qu’évidemment, de nous deux, y’a que moi qui mange beaucoup. » Il lui lança un regard réprobateur et moqueur à la fois. Il tenta de lui prendre le plateau des mains, en bon hôte qu’il tentait d’être, mais sa jeune sœur refusa l’aide et se dirigea vers la cuisine pour aller le mettre au frais. Woody réprima un grognement, se contentant de soupirer lorsque sa sœur fut assez loin. Il n’aimait pas qu’on le pense faible, incapable. Il n’aimait pas qu’on le préserve en faisant tout à sa place. Ça l’atteignait dans sa fierté. Il savait qu’Avery ne voulait pas qu’il se surmène, surtout pas si c’était lors d’une soirée où il la recevait chez lui. Mais Woody avait besoin de faire ces choses encore. Il voulait se prouver et prouver aux autres qu’il était encore capable de vivre normalement. Qu’elle ne lui laisse même pas la chance de porter un plateau de sushis jusqu’à sa propre cuisine avait réveillé en lui une certaine irritation. Toujours dans le hall d’entrée, il ferma les yeux et prit une grande inspiration. Ce ne serait pas un bon début de soirée, de se lancer déjà dans les reproches auprès de sa petite sœur. Il ravala donc sa fierté et rejoignit Avery à la cuisine, qui était déjà en train de revenir vers lui pour lui coller ses lèvres sur la joue. « Ça va. » Lâcha-t-il, un peu plus grognon qu’au début. Mais il se rappela la belle nouvelle qu’il avait à annoncer à Avery. Cette nouvelle qu’il attendait de pouvoir dire en personne à chacun des membres de sa famille. Sa plus jeune sœur était la première qu’il voyait depuis que Charlie lui avait annoncé qu’elle était enceinte. « J’ai quelque chose de gros à te dire mais pour ça ça va nous prendre un petit verre de ce truc que j’ai préparé, avant. C’est un cocktail qui devrait bien aller avec le repas. » Mais qui irait aussi très bien avec la grande annonce en question. Parfait pour trinquer, célébrer, après. Woody sortit deux verres highball d’une des armoires et remplit les verres du cocktail après avoir mis quelques glaçons dedans. Il étirait évidemment le moment pour que la curiosité dévore sa sœur. C’était un petit plaisir à côté.

Avery adorait taquiner ses grands frères et soeurs, après tout être la dernière d'une famille de 4 enfants ça l'a pas mal aider à faire des conneries depuis toute petite. "Bah bien sûr!" Rit-elle en l'entendant répliquait qu'il était seul à manger beaucoup "Tu crois que je la tiens d'où ma ligne?" En vérité elle état hyper gourmande et elle avait pas mal de chance de ne pas trop grossir bien qu'elle mange pas mal. Elle se sent chanceuse quand elle sait que de nombreuses filles à peine elles avalent un bonbon elles prennent 3 kg. Faisant un peu comme chez elle, la jeune femme s'empresse d'aller ranger le plateau de sushi dans le frigo de son grand frère, elle ne voulait pas qu'il soit trop surmené, elle voulait le protéger du mieux qu'elle le pouvait, surtout que la soirée allait être longue donc au mieux il ne s'agite pas trop, au plus tard ils pourront veillés. Quand elle revient vers lui afin de lui coller un bisous sur la joue elle a vu qu'il s'était un peu renfermé par rapport à taleur. "Hum..." dit-elle simplement ne voulant pas envenimer la chose entre eux dès le début de la soirée. Elle avait un sale caractère Avery, mais elle arrivait à se tempérer quand il s'agissait des personnes qu'elle aimait comme c'était le cas pour Woody. "Quelque chose de gros à m'annoncer?" Il lui avait clairement attisé sa curiosité pour le coup. Il avait un petit sourire espiègle au coin des lèvres donc elle se doutait qu'il s'agissait plutôt quelque chose de positif, surtout qu'il voulait prendre un cocktail pour fêter ça, donc ce n'était clairement pas pour annoncer une mauvaise nouvelle. "C'est quoi??" Si il y avait bien quelque chose qu'Avery n'aimait pas, c'est qu'on la laisse en suspens concernant des nouvelles à annoncer, elle était bien trop curieuse pour tenir. C'est pourquoi elle n'aime pas non plus les surprises, ou les cadeaux, elle veut tout savoir de suite sans trop attendre. Le voyant donc prendre son temps pour lui dire, poussait la jeune femme à faire une petite moue "S'il te plaiiiiit Woody, dis le moi vite!!" Tout lui passait par la tête, elle ne se doutait pas un seul instant de ce qu'il allai bien pouvoir lui dire.

Quand Avery se défendit, mentionnant sa ligne bien tenue, Woody leva les yeux au ciel en riant. « D'une très bonne génétique. » Affirma-t-il, en le pensant sérieusement. Les Rutkowski étaient fait sur un assez bon modèle. Autant leur mère que leur père étaient en santé, en forme, grands, minces. Ils n'avaient jamais été dans l'excès dans leur enfance, non plus, ce qui leur avait permis de développer d'assez saines habitudes de vie malgré leur gourmandise bien marquée. Ils avaient tous et chacun fait pas mal de sport durant leur parcours scolaire, ils ne mangeaient pas de dessert à tous les repas, alors alliez à ça de bons gênes et vous avez une recette plutôt gagnante. Avery s'éclipsa vers la cuisine avec le plateau de sushis, laissant un Woody un peu grognon la rejoindre, l'orgueil atteint. Il passa rapidement par-dessus, pour une fois, en retrouvant sa bonne humeur - une certaine bonne humeur, en tout cas, pour Woody. Après tout, il avait une grande nouvelle à annoncer à Avery et il ne voulait pas laisser son égo tout gâcher. Il leur servit donc de ce fameux cocktail préparé avant l'arrivée de sa soeur, mettant la table pour cette confidence. « Ouais, quelque chose qui va changer pas mal de trucs dans ma vie. Dans la tienne aussi, un peu, quand même. » Elle allait être tante, après tout ! Il esquissa un sourire amusé en voyant l'impatience de sa petite soeur. « Mais attends, prends ton verre avant ! » S'exclama-t-il en terminant de verser les cocktails. Il lui tendit son verre en riant intérieurement de l'empressement d'Avery. En vérité, lui aussi avait juste envie de lâcher le morceau. Mais il voulait qu'ils se souviennent de ce moment-là alors il attendait le parfait moment. Ayant chacun leur verre dans leur main, levé entre les deux, Woody lâcha, le coeur lourd et léger tout à la fois : « Je vais être papa. Charlie est enceinte. » Et là, il attendit la réaction de sa soeur, sachant fort bien que ça allait sans doute exploser de confettis. En tout cas, il l'espérait. Il espérait qu'elle ne doute pas de lui autant que lui doutait de lui-même.

Avery était si heureuse à l'idée de passer la soirée avec Woody. C'est vrai qu'ils ont chacun leur vie perso à gérer chacun de leur côté mais dès qu'elle le peut elle aime passer du temps avec ses frères et soeurs. Bien sur elle n'était pas la dernière pour les charrier, son rôle de la petite dernière lui collait bien à la peau même à l'approche de ses 30 ans, elle gardait son rôle de petite chieuse de la famille. Avery faisait donc rapidement comme chez elle en arrivant chez Woody allant ranger les sushis directement dans son frigo se doutant qu'ils ne mangeront pas de suite. Rapidement, Woody l'y rejoint lui faisant part d'une annonce qu'il devait lui annoncer. Bien sûr il jouait de l'impatience de Avery qui voulait à tout prix savoir où ce qu'il avait à lui annoncer. "Mais c'est quoi que tu as à m'annoncer?" Avery tapait presque sur le plan de travail de la cuisine pour savoir, bien sûr elle riait, un peu d'excitation et parce qu'elle savait que plus elle agirait ainsi, plus il prendra son temps pour lui dire. Elle finit donc par attendre tranquillement qui lui serve le verre et le prend en main pour trinquer avec lui. Alors que leur verre s'apprête à s'entrechoquer, Woody lâche alors la merveilleuse nouvelle. Il allait être papa. "Quoi????" Lâche alors hyper surprise Avery ne réalisant pas vraiment ce qu'il venait de lui annoncer. "Oh mon dieu!" Avery repose son verre un peu brusquement qu'elle le renverse également se rendant compte que Woody allait être papa. "Merde..." dit-elle redressant son verre puis regarde Woody avec un large sourire "Mais c'est génial !!!" Elle vient alors le prendre dans ses bras hyper heureuse de cette nouvelle "Je suis si contente pour vous deux!" La jeune Rutkowski regarde Woody alors dans les yeux, toujours ce grand sourire aux lèvres "Tu vas être un père génial tu le sais ça?"

Avery trépignait face à son grand frère et cela redonna le sourire assez vite à son grand frère. Ça, et le fait qu’il allait lui annoncer qu’il allait être papa, aux côtés de Charlie. Ce serait la deuxième fois qu’il l’annonçait à quelqu’un, la première ayant été Iris puisqu’elle vivait chez lui le temps de se trouver un endroit pour se loger. Elle n’était d’ailleurs pas là ce soir, leur cousine, parce qu’elle était partie pour le weekend avec sa fille Olympe. Woody se retrouvait donc dans une maison bien vide et la visite de sa petite soeur tombait à point. Il n’aurait pas pu passer la soirée complète avec cette nouvelle dans sa tête et ne pas l’annoncer à Avery. Il passa donc rapidement à ce sujet, pour que ce soit dit, pour qu’ils puissent célébrer, et que Woody n’ait pas ça dans un coin de son esprit une seule seconde de plus. Il avait également bien hâte de voir la réaction de sa soeur, peut-être que ça lui redonnerait une confiance qu’il n’avait pas en lui-même.

L’annonce tomba finalement, en quelques mots directs. Woody tournait rarement autour du pot, que ce soit une mauvaise ou une bonne nouvelle. Sans même trinquer, trop surprise, Avery reposa le verre - ou plutôt, le cogna contre le comptoir, le renversant du même coup. « Oh, come on, Av’ ! » Grogna Woody même s’il souriait, amusé de sa réaction. Il se précipita quand même vers un linge à vaisselle pour essuyer le dégât de sa soeur. Entre-temps, celle-ci avait redressé son verre et regardait son frère avec un large sourire. « Ouais, ça nous a pris par surprise, mais … on est contents. » Il avait encore du mal à le dire, Woody, que cette nouvelle le réjouissait. Il n’avait plus l’habitude de ressentir un tel bonheur. Avery le prit dans ses bras, puis en se reculant, lui affirma qu’il serait un père génial. « Ah, ça, je sais pas … Mais au moins je sais que sa mère va compenser pour toutes mes conneries. Charlie sera vraiment une maman géniale. » Lui, il n’en était pas si sûr. Il était l’ombre dans le tableau. Il essayait de ne pas trop y penser.

En venant chez son frère, Avery ne s’attendait vraiment pas à avoir la nouvelle qu’il venait de lui donner. Il allait être père, elle allait être tante, Chalie allait être maman. Ce qu’elle pouvait être heureuse pour eux deux et elle le montre à son frère. Elle était un vrai petit boulet et la preuve avec le fait qu’elle renverse son verre en voulant le reposer tellement elle avait envie de venir féliciter son grand frère pas un câlin. « Sorry !!! » lui répondit-elle en riant légèrement. Il lui avoue qu’ils avaient été un peu pris par surprise par cette nouvelle mais qu’ils étaient contents. « Mais tu m’étonne, vous méritez vraiment tout ça ! » Elle aimait beaucoup Charlie, du peu qu’elle avait eu la chance de voir d’elle, donc elle était vraiment heureuse si ils concrétisent leur amour par un petit être. Petit câlin offert à Woody, la jeune Rutkowski s’écarte assez rapidement de lui sachant qu’il n’était pas très fan de ce genre d’attention. Avery lui dit qu’il allait être un père merveilleux, mais il semblerait, que lui en soit moins certains. Petite moue sur le visage, Avery lui attrape la main et plante son regard dans le sien « Tu as su être un grand frère génial, tu seras donc le meilleur père que ce petit bébé pourra avoir ! » Elle pouvait comprendre qu’il soit inquiet vis-à-vis de sa maladie, mais elle avait une grande confiance en lui pour pouvoir s’occuper de ce petit être à venir. Son verre étant vide, Avery attrape la carafe pour s’en resservir un et le porte à sa bouche. « Il faut que tu ais confiance en toi Woody , moi j’ai confiance en toi et en Charlie, pas seulement en elle ! » dit-elle un sourire aux lèvres.

Woody ne saurait dit s’il méritait d’être père. En regardant son passé avec un certain recul, il ne pouvait pas dire qu’il était très fier de ce qu’il avait fait. Même lorsqu’il était au sommet, champion de vélo de montagne, cette popularité-là lui avait monté à la tête et lui avait donné le sentiment que tout lui était dû, qu’il avait tous les droits. Le jeune homme n’avait pas nécessairement fait bon usage de son prestige. Il n’avait jamais bien utilisé sa popularité, en fait, même avant les championnats. Au lycée, il intimidait tout le monde juste pour faire rire ses potes, juste pour se donner ce sentiment de puissance. Et aujourd’hui, maintenant qu’il ne lui restait rien de cette pseudo-puissance, l’homme comprenait enfin qu’il n’avait jamais mis ses priorités à la bonne place. Plutôt que de faire du mal partout autour de lui, il aurait dû profiter de ses instants de bonheur, il aurait dû profiter de la vie et des autres. Maintenant, il avait l’impression qu’il était un peu trop tard. Même s’il allait devenir papa, il savait que dans quelques années, il ne pourrait pas profiter de son enfant comme il l’aurait voulu. « Merci, Av’. » Lâcha quand même Woody, ne voulant pas tourner au drame cette belle nouvelle, avec ses pensées trop sombres. Sa petite sœur le délivra de leur étreinte et attrapa sa main alors qu’il semblait dire que Charlie serait une maman extraordinaire, et qu’on y reviendrait pour lui en tant que papa. « J’ai pas souvenir que tu m’aies souvent dit que j’étais génial, comme frère. » Releva-t-il en riant. C’est surtout Nevaeh, dernièrement, qui lui avait fait comprendre qu’il avait été pas mal égoïste, l’aîné des Rutkowski. Avery ne l’avait jamais culpabilisé pour ses failles, elle encaissait toutes ses conneries. Ce n’était pas mieux. « Ouais, va falloir que je la rebâtisse, ma confiance en moi … les dernières années l’ont pulvérisée. » Admit-il en soupirant. « Pour l’instant je veux pas trop me projeter. J’ai pas envie de prendre peur. Je veux juste … profiter du moment, tu vois ? Profiter du bonheur pendant qu’il dure. » Il savait trop bien que dans son cas, ce n’était qu’éphémère.

La nouvelle tombée, Avery avait sauté de joie en apprenant qu’elle allait être tata. C’était pour elle une excellente nouvelle et elle avait une très grande confiance en Woody pour son futur rôle de papa. Voyant qu’il n’était pas des plus rassurés sur son futur rôle, Avery tentait du mieux qu’elle pouvait de lui montrer qu’il avait tout pour être un père génial. « Bon ok parfois t’as pas été au top, mais tu me connais, je préfère garder que le positif moi » dit-elle en souriant. Et c’est vrai, il a été parfois absent avec ses compétitions de vélos, mais dans le fond Avery savait qu’elle pouvait compter sur Woody si elle avait besoin de parler à cœur ouvert. Elle ne dira pas forcément tout ce qu’elle dit à Sean, mais elle a plus de facilité à se confier à Woody qu’à Neveah par exemple. Ah cette fratrie qui s’aime mais qui pourtant est un peu compliqué quand on creuse un peu plus. Et dans le fond Avery préférait garder les choses pour elle-même concernant ses frères et sœurs. Sa vie sentimentale avait été assez chaotique qu’elle préférait garder et entretenir de bons rapports avec ses frères et sœurs plutôt que de se prendre la tête pour des futilités. La jeune femme gardait alors son sourire sur les lèvres en regardant son frère lui dire qu’il lui faudrait un peu de temps pour réaliser tout ça mais qu’il ne voulait pas se prendre la tête « Je comprends parfaitement, mais sache que avec Charlie si vous avez besoin de repos ou quoi, vous m’appelez je me ferai une joie de garder le bébé » Déjà une tata gaga ? Complètement mais on pouvait pas lui en vouloir, au contraire, elle n’était pas une grande fan des enfants, pas vraiment dans ses plans même à en avoir, mais pour ses frères et sœurs elle ferait bien une exception. « Faudra juste que je m’entraine à changer des couches et ça… » Elle fait des gros yeux pour indiquer son inquiétude face à cette action avant de se remettre à rire. Remplissant alors à nouveau son verre qu’elle avait renversé un peu plus tôt elle fini par le porter à sa bouche. « Sinon, même si je suis ravie pour toi et Charlie, on va pas parler de ça toute la soirée, je pense que ça va te souler au bout d’un moment, quoi de beau à part ça ? »

C’était une qualité qui pouvait rapidement se transformer en défaut, ça, de voir tout le positif même quand il n’y en avait que très peu. Woody avait souvent considéré Avery un peu naïve, pour cette raison, même s’il le pensait avec amour. Son trait de personnalité à lui n’était pas bien mieux. C’était tout le contraire de sa petite sœur : il ne voyait que le négatif, même quand la lumière se débattait pour transpercer sa noirceur. Le plus vieux et la plus jeune de la famille étaient carrément des opposés. C’est peut-être pour cette raison, au fond, qu’il n’y avait que très rarement des flammèches entre eux. Ils se complétaient plutôt bien. Se balançaient. « T’es encore gentille, avec ton parfois. » Commenta Woody avec un sourire. Il ne cherchait pas à la contredire coûte que coûte ou à avoir le dernier mot sur son piètre rôle de frère, mais il ne pouvait s’empêcher de réajuster le tir. De lancer en plein dans le mille la hache de sa culpabilité d’avoir été le pire grand frère qu’on puisse souhaiter avoir. Pourtant, sa plus jeune sœur ne cessait de le surprendre avec sa belle générosité, même envers lui. L’enfant n’était même pas encore né que déjà, Avery proposait d’en être la babysitter. Ça le fit sourire. « Ça ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd. Et je sais déjà que Charlie ne s’inquièterait pas une seule seconde si elle savait le bébé avec toi. Quant à moi … » Il feint de grimacer. « Va falloir que j’mette de côté toutes les bêtises que t’as pu faire plus jeune, et que je me rassure en me disant que t’as grandi, depuis le temps. » Surtout qu’il savait très, très bien à quel point Avery n’était pas la plus à l’aise avec les enfants. Là-dessus, ils se ressemblaient. À chaque fois qu’un bébé arrivait dans la famille élargi, ils jouaient à se le refiler le plus rapidement possible pour l’avoir dans leurs bras le moins longtemps possible. « Ne me parle pas de couches. Laisse-moi vivre dans l’innocence et l’ignorance, encore un peu … » Dit-il en fermant les yeux, appréciant une gorgée de son cocktail. « C’est déjà une assez grosse nouvelle comme ça, tu peux pas t’attendre à ce que je t’en sorte d’autres de mon chapeau. Toi, t’as rien à raconter ? » Lâcha-t-il pour lui relancer la balle. Il avait pris le spotlight déjà un peu trop à son goût.

Tout en étant complétement opposes, Avery adorait son grand frère, elle aime ses frères et sœurs plus que tout. Elle savait que Woody n’a jamais été le grand frère idéal, celui que toutes les petites sœurs rêverait d’avoir, mais dans le fond, Avery ne voulait pas quelqu’un d’autre que lui. Elle rit alors légèrement quand il lui dit qu’elle était encore gentille en disant qu’il avait été parfois difficile Woody, mais dans le fond elle le pensait. « Si tu le dis ! » Elle ne voulait pas insister plus longtemps sur ce sujet, les deux ne seraient pas du tout d’accord de toute façon. Bien qu’étant très peu à l’aise avec les enfants, Avery se proposa déjà pour babysitter cet enfant à venir, elle savait que parfois les vies de couples étaient chamboulé quand des enfants venaient à naître, et la plus jeune de la fratrie Rutkowski voulait apporter son soutien du mieux qu’elle pouvait. Elle rit de plus belle quand son aîné lui dit qu’il faudra qu’il oublie toutes les bêtises qu’elle avait pu faire enfant. « Oh je peux être sérieuse quand il le faut, surtout quand j’ai une vie entre les mains » Même si, de ce côté-là, Woody et Avery étaient assez semblable puisque peu à l’aise avec les enfants dans les bras. Tellement peu à l’aise que changer une couche, Avery n’est pas sûre de savoir gérer ça, alors quand elle le rappelle à son frère, elle ne peut s’empêcher de sourire amusée car il en était de même pour Woody. « Pourtant dans quelques mois tu vas en avoir à changer » En tant que tante, il est clair que Avery en aura bien moins que son frère à changer. Voyant que cette conversation sur cet enfant commençait à devenir long, Avery demande donc à Woody s’il n’a pas quelque chose de nouveau à raconter ce à quoi il rétorque la question s’adressant à la benjamine. « Oh bah.. tu sais moi à part les études et le boulot y a pas grand-chose à dire » Non c’est sûr que sur le point de vue sentimentale, la jeune femme depuis 2 ans, depuis la disparition du jour au lendemain sans aucune raison de son ex-fiancé, elle voulait tout sauf retomber amoureuse. « Enfin c’est ma dernière année d’étude, dans quelques mois tu auras devant toi, Avery Rutkowski vétérinaire et non plus assistante » Dit-elle un grand sourire aux lèvres, tellement heureuse d’avoir su accomplir cette partie de sa vie.

Étant finalement passés à un autre sujet que l’entêtement et l’égoïsme de l’aîné des Rutkowski, Avery et Woody parlèrent un peu plus longuement encore de cette prochaine arrivée dans la famille, dans quelques mois. Le premier bébé de la famille. Woody n’aurait jamais pensé que ce serait lui le premier, pas même en étant le plus âgé. Après tout, Nevaeh avait trente ans, Sean vingt-huit et Avery vingt-sept. Ils étaient tous en âge de devenir parents. C’aurait pu être n’importe qui d’autre que lui. D’ailleurs, s’il avait eu à parier, sans doute aurait-il misé sur Nevaeh depuis qu’elle était avec Juliann, en maison avec lui en plus. Le portrait se dessinait plutôt bien pour eux. On aurait pu en dire autant de Charlie et lui, toutefois, qui étaient en couple depuis plus d’un an maintenant – même si ça n’avait été officialisé que bien plus tard. Les derniers en liste auraient été Avery et lui, puisqu’ils étaient des malaises ambulants lorsque des enfants étaient dans les parages. Pourtant, le voilà qui allait être père et elle, qui se proposait pour être la babysitter du mini-Rutkowski. « Ouais ben comme t’auras non seulement une vie entre les mains, mais un miracle, j’compte sur toi. Parce que ouais, ce sera un miracle que j’aie un enfant, alors faudra en prendre soin. » Il esquissa un sourire. Il tenait cependant à être gardé dans l’insouciance un peu plus longtemps. Il avait environ six mois encore avant d’être plongé dans l’enfer des couches et des nuits blanches, alors il s’accrocherait le plus longtemps possible à cette fausse liberté. Libre, Woody ne l’était plus depuis belle lurette, depuis que sa maladie le bouffait. Mais avec un enfant en plus, se sentirait-il piégé ? À cette pensée sombre, il avala difficilement sa salive, avant de chasser cette idée. « Ouais justement, laisse-moi ces quelques mois de répit … » Répliqua-t-il, avant de vouloir passer à  un autre sujet, réalisant que l’anxiété le gagnait un peu trop depuis qu’il pensa à tout le temps que ça lui prendrait, un gamin. En même temps, il n’aurait pas grand-chose de mieux à faire, puisqu’il avait bâti des murs entre son monde et celui des autres. « C’est vrai, ça approche. T’as des plans, pour le après ? Tu veux continuer de bosser au même endroit ou bien t’aimerais t’ouvrir ta propre clinique ? » Il redressa les épaules. « J’pourrai te conseiller si tu veux te lancer en affaires, j’ai pas mal fait le même processus pour ma clinique. » La paperasse, se bâtir un nom, une réputation, une clientèle, faire parler de soi, tout ça. Les premières années n’étaient pas de tout repos.

Si Avery en arrivant chez son frère avait pensé avoir cette nouvelle qu’il aurait un bébé elle ne l’aurait pas cru. Pour elle c’était Neveah qui aurait eu cet enfant en premier et non pas Woody. Heureuse bien sûr qu’elle l’était pour lui, tellement heureuse qu’elle a même indiqué qu’elle était prête à babysitter le bébé au besoin. Oui c’était étonnant de sa part car elle n’était pas des plus à l’aise avec les bébés, mais si Woody devenait père, alors elle serait une tante exemplaire pour ce bébé. « Promis ! Je m’occuperai de ce bébé comme à la prunelle de mes yeux ! » Dit-elle alors en posant sa main sur la poitrine en signe de promesse concernant le futur de ce bébé. Elle allait y mettre tout son cœur pour pouvoir s’occuper de lui, même s’il s’agit de devoir lui changer ses couches à ce bébé à venir. D’ailleurs elle tient à rappeler que lui aussi aller devoir s’en charger et ça faisait rire la jeune Rutkowski à imaginer son frère devoir changer les couches sales d’un bébé. « Ok ok mais je serai là pour te le rappeler de temps en temps » dit-elle en souriant avant de tenter de changer de sujet voyant bien que l’histoire bébé allait finir par plus le stresser que de se réjouir comme il se doit à propos de la naissance à venir. Woody demande alors les nouveautés concernant Avery et la jeune femme ne peut que se réjouir de la fin de ses études qui arrivent. « Je t’avoue je n’y ai pas trop pensé. Je suis bien au cabinet pour le moment, en plus ma place m’y attend après toutes ces années chez eux » Elle prend une gorgée de son petit cocktail avant de renchainer « Après bien sûr si je viens à changer d’avis et que je veuille mon propre cabinet, je sais vers qui me tourner et vers qui j’aurai les meilleurs conseils »

Woody n’en doutait pas une seule seconde, qu’Avery prendrait bien soin de ce bébé. Toute la famille serait aux petits soins avec, en fait, il n’avait pas peur de ça. Même qu’il croyait fortement que ses sœurs seraient de bien meilleures guides et protectrices pour son enfant qu’il ne le serait lui-même. Ce serait pourtant lui, le père, et elles les tantes. Mais il savait déjà qu’elles seraient bien meilleures que lui dans ce genre de rôle auprès d’un gamin. En ce qui concerne Elias, Woody n’irait pas jusqu’à dire qu’il serait un mauvais père, mais un peu comme lui, il avait un tempérament qu’on n’imagine pas forcément auprès d’un bébé. La testostérone dans le tapis chez les Rutkowski, ça causait bien souvent des explosions dont on ne revenait pas. Les poings s’étaient souvent fait aller, chez les deux frères – pas forcément entre eux cela dit, même si ça avait dû arriver à quelques reprises. « J’en doute pas. » Avait simplement répliqué Woody, avant de balayer le sujet du revers de la main, parce que de s’imaginer avoir à faire toutes ces tâches-là, ça l’angoissait beaucoup. À la place, l’aîné de la famille questionna la benjamine à propos de ses plans de carrière. « Ils te feront peut-être signer une clause de non-concurrence quand tu d’viendras officiellement vétérinaire, cela dit. Faudra que t’y songes quand viendra le temps de négocier ton contrat. » Elle avait de bonnes relations avec les gens du cabinet, Woody n’en doutait pas, mais quand même … business is business, surtout dans une ville de taille moyenne comme Bowen. Il n’y avait pas de demande pour un vétérinaire à tous les coins de rue. « Ouais ça me fera plaisir. » Mais n’attends pas trop longtemps …, aurait-il eu envie de rajouter. Après tout, d’ici dix ans, qui sait dans quel état il serait, Woody. Bordel, pourquoi ses pensées le ramenaient incessamment vers ça ? « Bon … on s’installe pour ces sushis ? » Proposa-t-il, sentant que son malaise et que son mal-être, revenaient au galop.