you need rest (SAMUEL)

En sueur et à bout de souffle… C’était la façon dont je me réveillais, presque tous les matins, depuis plus ou moins cinq mois… Des cauchemars… Pratiquement toujours les mêmes. L’état dans lequel se trouvait mon frère à l’hôpital occupait mon esprit et me replongeait dans tous mes états. Un peu plus d’un an et demi après la mort de mon conjoint, voilà que mon frère est victime de coups de feu l’atteignant à la poitrine, et tout porte à croire qu’il était la cible de ses balles. Ce jour-là, Samuel et moi s’étions donnés rendez-vous pour luncher. Ce dernier devait s’absenter du poste de police, quelques heures, pour enquêter sur l’un de ses dossiers en cours. Je lui avais promis de l’attendre. De toute façon, j’avais énormément de paperasses à remplir et je ne comptais pas quitter mon bureau de l’avant-midi, à moins d’une urgence. C’est avec un large sourire qu’il m’avait souhaité « bonne chance! » et qu’il avait disparu vers la façade du bâtiment. Un sourire idiot s’était dessiné sur mon visage, avant d’échapper un rire et de secouer la tête.

L’heure du lunch est arrivée, et Sam ne m’avait donné aucune nouvelle. Il devait toujours être occupé. Je n’allais certainement pas lui en vouloir d’avoir quelques minutes de retard. Après tout, j’avais le même job, et rien n’était réellement prévisible. Après une heure, j’ai essayé de l’appeler, mais je suis tombée sur sa boîte vocale. L’inquiétude commençait à m’habiter. Durant l’heure suivante, je recomposais son numéro toutes les quinze minutes. Plus le temps avançait, plus j’avais l’impression que quelque chose n’allait pas. Que quelque chose était arrivé à mon frère. C’est le capitaine du poste, qui m’a fait venir dans son bureau pour m’annoncer que mon jumeau avait été transporté à l’hôpital, après avoir été atteint par des balles, dans un entrepôt miteux, près du port… Mais qu’est-ce qu’il faisait seul là-bas? Ma réaction avait été sobre sur le moment, mais dès qu’il m’a laissé partir, j’ai couru vers ma voiture. Je devais me rendre à l’hôpital. À peine avais-je fermé la portière que je me suis mise à pleurer. Je ne voulais pas nécessairement mes émotions devant mes collègues et faire un grand spectacle. Au bout d’un moment, je suis revenue à moi et j’ai pris la route en direction du centre hospitalier. Lorsque je suis arrivée sur les lieux, les nouvelles n’étaient pas très bonnes, et les médecins ont même cru le perdre à quelques reprises. Mon frère a été dans un coma pendant près de quatre mois, et est réveillé depuis seulement quelques semaines.

Mes visites à l’hôpital faisaient désormais parti de ma routine depuis plusieurs semaines. Le matin, entre le moment où je déposais les enfants à l’école et/ou à la garderie et le moment où je me rendais au boulot, je m’arrêtais voir Sam. Je faisais la même chose le soir, avant de retourner à la maison. Il n’était pas toujours de très bonne humeur, mais que voulez-vous? Il était déjà comme ça avant d’être clouer à ce lit d’hôpital. Aujourd’hui, ne faisait pas exception à la règle. J’avais déposé Nora à l’école, puis Henry à la garderie, avant de prendre la direction de la nouvelle résidence de mon jumeau. J’aimais bien le taquiner avec ça, puisqu’il râlait constamment qu’il voulait sortir de cet endroit merdique. Laissez-moi vous dire que l’envie de lui foutre mon poing au milieu de son joli visage me tentait de plus en plus. Je priais le Seigneur de le faire sortir de là, le plus rapidement possible.

Je venais de passer la porte de sa chambre, lorsque je l’ai aperçu, assied, prêt à se lever. « Mais qu’est-ce que tu fais là toi? » L’interpellais-je, avant même qu’il n’ait remarqué mon arrivée.

« P’tain… Tu peux pas faire plus de bruits ! T’as failli m’faire crever ! » A-t-il grogné, en me regardant.  J’ai arqué le sourcil, ne le lâchant pas du regard. Mais qu’il était têtu celui-là! Pensais-je. Bon, je ne donne pas ma place non plus… Faut croire que c’est de famille.  « J’vais m’prendre une smoke… J’ai besoin de fumer ! » Il continue, tant bien que mal, de se relever. « J’ai pas b’soin de ton approuval, ok… Je vais fucking fumé ma smoke… Point final ! » Il était tellement désagréable. J’espérais qu’il recevrait son congé bientôt, parce que ça devenait de plus en plus insupportable. Je m’étais approché de lui, alors qu’il continuait de chialer. Une chance, car il était, à peine, debout qu’il a posé sa main contre sa blessure, perdant l’équilibre. Je l’ai rattrapé juste à temps. « Je ne pense pas que tu as besoin de moi pour crever… Si tu continues comme ça, tu vas y arriver par toi-même… » Lui dis-je, l’aidant à se reprendre sa place sur le son lit. « Tu veux sortir d’ici, prend ton mal en patience! » J’étais peut-être un peu trop directe, mais j’avais l’impression avec Sam, c’était la seule façon de le résonner en ce moment. Au fond de moi, j’étais vraiment inquiète. Je ne voulais que son bien, et je voulais qu’il sorte de l’hôpital et qu’il reprenne sa vie, comme avant l’accident. Je me suis assise au bout du lit, déposant mon regard sur lui. « As-tu besoin de quoi que ce soit... à l'exception d'une cigarette, bien sûr? Je pourrais te l'apporter ce soir, après le boulot. » Lui demandais-je, tranquillement.